Je vais tout expliquer !

Je bossais de matin dans le bar. Ce boulot était vraiment une révélation pour moi. Je me passionné pour la cuisine, et surtout j’adorais quand Benjamin me servait de cobaye, même si parfois je doute de son objectivité. Aujourd’hui le bar/restaurant était censé être fermé, mais l’équipe s’était réunie en vu de la prochaine carte que l’on proposerait aux clients. Enfin, j’avais l’impression de ne pas subir l’acharnement de la vie sur moi. Bien sûr si j’avais continué d’être le fils de mes parents jamais je n’aurais été obligé de travailler, mais jamais je ne me serais découvert une telle passion pour la cuisine.
Je regarde la montre et commence à trépigner d’avance. J’allais bientôt partir pour te retrouver. Et j’avais tellement hâte ! Je profitais de notre relation, pour une fois que tu n‘étais pas aussi distant. Et le soleil était au rendez-vous. Tout était réunis pour une des journées les plus parfaite. Je partais légèrement en retard, il faut dire que mon patron a la langue bien pendue. Je t’envoie un rapide SMS pour te dire que je serais légèrement en retard. J’enfile ma veste avant de me faufiler dans les transports en communs.
Je n’avais toujours pas retrouvé de voiture. J’avais vendu la mienne pour subvenir aux fins de mois, terrible après Noël, pourtant je n’avais pas envoyé de cadeaux à ma famille. Mon ignorance était le seul cadeau qu’il méritait. Même si au fond, j’éprouvais quand même pas mal de peine, parce qu’on n’a qu’une seule famille. La mienne était tellement centrée sur l’apparence, que tout le bonheur n’était que fictif. Et au final, j’étais probablement plus heureux sans eux. Et Benjamin me suffisait amplement.
J’étais presque au lieu de rendez-vous, j’entrais dans la rue. Je te cherche du regard. Je finis par te trouver avant de me figer. Tu n’étais pas seul. Tu étais avec une femme. Je ne suis pas vraiment jaloux en temps normal, je savais que les femmes n’étaient pas le danger, normalement. Mais là elle était beaucoup trop proche de toi pour qu’il y ait le moindre doute. Et le coup fatal arriva quelques secondes plus tard. Elle t’embrassait. Le pire dans tout cela, c’est que tu ne la repoussais pas, enfin pas immédiatement. Trahi, je me senti violé, bafoué. Je recule sous la violence du choc. Je devais être blême. Tu croises mon regard, ce fût le déclencheur. Je serre les poings et secoue la tête négativement avant de tourner les talons. Reste avec elle. Moi et mon coeur brisé s’en allons. Je ne veux plus jamais te regarder. Je prends mon téléphone avant de t’envoyer un message. Jamais je n’avais passé de l’amour à la haine si rapidement. « Profite bien d’elle. J’espère que tu t’es bien amusé avec moi. » Je shoote, rageusement, dans un caillou qui va s’échouer contre un mur dans un fracas. J’avais envie de tout détruire sur mon passage.