we'll go slow and high tempo | mickeja

Puisque tu es incapable de défaire tes boîtes de déménagement et d'endurer les quelques reproches d'Aino, tu te décides à fuir l'immense maison de votre grand-mère pour retrouver un peu d'air frais. Ce que tu aimes, c'est d'être dépaysé. Ta zone de confort, c'est d'affronter les périples de voyage, les multiples dangers possibles, de dormir à la belle étoile sans savoir ce qui t'attendra le lendemain. À Bowen, tu es assuré, voire obligé de demeurer au même endroit, sans possibilité d'échappatoire. Être en cohabitation te rend la tâche d'adaptation encore plus difficile que tu ne te l'imaginais, en promettant à Maman Eklund que tu veillerais sur son unique fille. On ne comprend généralement pas ton besoin de fuir le quotidien, d'être seul dans ton monde et de découvrir ce que peu ont la chance de voir. On ne comprend généralement pas ta déception, ton dégoût à être forcé de te poser, de demeurer au même endroit pour une durée indéterminée. On ne comprend pas ton besoin de décider de ta vie selon tes humeurs, selon tes goûts, tes envies. Tu es un nomade-né, et même si tu es contraint de mettre ce mode de vie en stand-by pour veiller sur Aino et pour essayer de vivre normalement, comme tout autre homme de ton âge, jamais tu ne changeras tes convictions profondes. La forêt dans laquelle tu t'es engouffré spontanément est calme, silencieuse. Quelques oiseaux fredonnent ici et là et tu prend la peine d'apprécier ce moment, cet espace isolé de la ville et du bruit qui te rappelle ton obligation immédiate. Tu es un sauvage, comme tous ces animaux qui vont où ils veulent, quand ils veulent. Mais maintenant, tu es un humain, un vrai, et tu ne te sens pas à ta place. Une source d'eau coule à quelques pas de toi. Il fait chaud, tu es seul. Ni une ni deux, tu retires ton chandail pour y plonger, goûter à la fraîcheur du lac. Voilà ton nouveau sanctuaire. Cette forêt, c'est le seul truc qui te plaise vraiment à Bowen, jusqu'à maintenant...

L'eau rafraîchit et apaise. À peine embarqué, tu profites de cet élan de fraîcheur qui te fouette le corps tout entier, jusqu'à ce que ta température corporelle s'habitue à celle du lac. Tu t'engouffres derrière une chute d'eau et plonge à quelques reprises dans celle-ci. Heureusement que tu n'as pas apporté ton téléphone portable durant ton excursion improvisée, sinon il ne vaudrait plus rien, toi qui a l'habitude de le laisser dans la poche de ton jean ou de tes pantalons, quels qu'ils soient. Tu t'éloignes de la rive et revient rapidement à grands, mais lents coups de bras. Le lac fait plusieurs mètres de longs, mais peu de large, alors il n'y a pas tant à découvrir. Plongeant une énième fois sous l'eau, tu en remontes en passant tes mains dans tes cheveux trempés, prêt à sortir de l'eau, lorsque tu l'aperçois, au bord de la rive. Freja. Immobile, tout comme toi à l'instant où tu croises son regard, c'est le choc. Toi qui a l'habitude de savoir toujours quoi dire, quoi répondre, là les mots te manquent. Freja? Pourquoi poses-tu la question, si même la réponse est évidente? Tu veux t'assurer, c'est tout. Ça fait tellement longtemps, que vous ne vous êtes plus vus, et pourtant vous avez été si proches. Un peu trop fusionnels, tu as rompu à tes habitudes à l'embrassant ce soir là, avant de disparaître comme tu as l'habitude de le faire. Tu te rapproches de la rive en t'aidant de tes bras pour te remonter à la surface, te retrouvant ainsi sur tes deux jambes, debout devant elle. Tu n'as pas changé d'une miette... Et c'est un compliment. Sans même attendre qu'elle dise quoi que ce soit, tu passes ton bras dans son dos pour l'attirer à toi et la serrer fort contre ton coeur. Tu dois bien faire un peu plus de deux têtes qu'elle, son visage t'arrive au niveau du torse, elle ne pourra pas manquer ton coeur qui manque un battement à l'occasion, à l'idée que vous vous revoyez, comme ça. Mine de rien, elle t'as vraiment manqué, la p'tite.