like brother & sister + Isaiah

Suite à la requête d’Isaiah de se rendre chez sa mère seul, du moins pour cette fois, Ally se montra très compréhensive. Il lui sourit, touché de voir que malgré cette situation des plus embarrassantes, des plus merdiques, elle se montrait quand même tellement bienveillante à son égard. « Oui, enfin je suis pas certain qu’en dehors de l’Australie je puisse envoyer des SMS, mais au pire je t’en enverrai un via le téléphone de ma mère. » Expliqua-t-il. Avec son portable dinosaure, il ne bénéficiait pas de forfaits hors de prix qui lui permettaient d’appeler de n’importe où dans le monde pendant un temps illimité. Il n’avait jamais vu l’intérêt de mettre autant d’argent dans des forfaits du genre, lui qui n’appelait que très rarement et ne textait que lorsque se rendre chez l’autre était trop long ou que c’était urgent. Peu d’autoroute plus tard, Ally se garait devant la maison de sa mère. Il découvrait le tout pour la première fois. Il regarda un moment à l’extérieur, essayant de trouver quoi dire lorsqu’elle ouvrirait la porte, comment la réconforter, ou alors comment se laisser réconforter si elle s’en sortait mieux que lui. Il tourna la tête vers la rousse lorsqu’elle lui dit qu’elle l’adorait, et que tout irait bien. Il la regardait avec un sourire encore une fois touché. « Et moi je t’aime gros comme l’univers. Fixe, sans effacer fixe, infini fixe. » Ce qui lui donnait tous les droits sur son amour infini pour Ally. Elle ne pouvait plus répliquer ; il avait le dernier mot. Ça revenait à revendiquer le shotgun for infinity, ce truc. « Tout ira bien pour toi aussi. Je vais pas traîner trop longtemps, juste passer quelques heures avec ma mère et après, on fera ce qu’on veut. Se foutre en l’air. » Dans tous les sens du terme sauf sexuel puisque bon, maintenant, Ally était quand même dans sa famille, d’une certaine façon. Isaiah sortit donc de la voiture et se rendit jusqu’à l’entrée chez sa mère. À peine avait-il cogné que non seulement sa mère ouvrait la porte, mais Ally démarrait également en trombe. Ses retrouvailles du côté maternel se déroulèrent d’une façon pas mal moins dramatique que de l’autre côté de sa famille. Sa mère vivait seule, elle travaillait encore, faisait du bénévolat pour passer le temps. Elle avait un homme en vue mais elle était toute gênée d’en parler, ça avait fait sourire Isaiah. Ils avaient parlé pendant quelques heures, buvant de la limonade dans la cour de sa mère. Prenant des nouvelles l’un de l’autre, parlant dans le dos du père d’Isaiah – sa mère essayant quand même de prendre sa défense, parce qu’elle avait toujours été trop gentille. Elle avait été agréablement surprise d’apprendre que son fils unique était dans une vraie de vraie relation amoureuse. Elle avait exigé qu’Isaiah amène Ezekielle avec lui la prochaine fois. Et elle avait aussi manifesté son intérêt à rencontrer Ally, peu importe qui elle était selon ses liens familiaux, elle était aussi la meilleure amie de son fils et ça, ça passait avant le reste aux yeux de sa mère. Il avait donc accepté chacune de ses demandes, promettant de venir passer une partie de l’été chez elle, avec Ezekielle. Quand il commença à se faire un peu plus tard, Isaiah décida de passer un coup de fil à Ally, via le téléphone de la maison de sa mère, mais elle ne répondit pas. Il téléphona à l’accueil de l’hôtel après plusieurs essais auprès d’Ally et une quinze de minutes d’attente. On l’informa qu’un taxi lui serait envoyé à l’instant. Il arqua un sourcil mais accepta, et attendit avec sa mère dans l’entrée, avant de lui dire au revoir et de retourner à l’hôtel. En entrant de nouveau dans la chambre, il tomba sur une Ally complètement torchée, étendue presque en étoile dans le lit. Il fit une moue désolée lorsqu’elle affirma avoir eu du mal à tout gérer. Il s’assit à côté d’elle et posa une main sur le côté de sa cuisse, la caressant doucement. « Et tu ne m’en as même pas laissé une goutte … » Il secoua la tête avec une grimace, avant de sourire. « On va s’en sortir, Carmichael. Parce qu’à nous deux, on est plus forts que tout ça. » Il se pencha et déposa un baiser sur le front de sa demi-sœur, avant de se lever, d’attraper le téléphone pour composer le numéro de l’accueil, et demander qu’une seconde bouteille soit montée à la chambre.

« Ouais, ouais, les excuses, les excuses ! » Lança-t-il en secouant la tête. Évidemment, il n’était pas du tout vexé. Il aurait sans doute fait la même chose qu’elle, à sa place. Même qu’il aurait trouvé le moyen de se trouver un joint à fumer. Il était quand même natif de la Nouvelle-Zélande, il connaissait les bons coins où trouver les gens louches. Si le besoin se faisait ressentir, ils n’auraient qu’à aller se promener un peu et ils trouveraient. Mais là, vu l’état d’Ally, ce ne serait sans doute pas nécessaire. « Oui, demain. Ce soir, j'te l'ai dit, let's get drunk. » Pour la rejoindre dans son état un peu plus léger, par contre, Isaiah attrapa le téléphone et commanda une bouteille à l’accueil. En voyant Ally lui faire un signe de deux avec ses doigts, il en ajouta une avant que le préposé ne raccroche. Après avoir reposé l’appareil, Isaiah vint s’allonger à côté de la rousse en attendant que le préposé monte leur porter les bouteilles. Quand ils l’entendirent cogner, Isaiah n’eut même pas le temps de se lever que la jeune femme était debout et se dirigeait vers la porte. Il se releva donc juste un peu, question d’être dans une position confortable pour boire, et Ally s’assit à côté de lui, dans son peignoir. « T’as quoi en-dessous ? » Demanda-t-il en attrapant sa coupe, comme si sa question ne portait pas à confusion ou ne comportait aucun sous-entendu. Il but une gorgée, grosse gorgée. « Y’en a un autre dans la penderie ? » La questionna-t-il en se levant pour aller vérifier par lui-même. Comme il y en avait un second sur un support, il s’en empara et, déposant son verre sur la petite table plus loin, il enleva chandail et pantalon pour enfiler le peignoir. Il revint s’asseoir à côté d’Ally alors que celle-ci lui demanda comment ça s’était passé avec sa mère. « Bien. Vraiment bien en fait. J’ai l’impression qu’elle revit, même. Et puis elle semble avoir fait la paix avec ce que mon père lui a fait. Elle veut même te rencontrer. » Dit-il en la regardant avec un sourire. Puis il cala le reste de son verre, attrapant la bouteille pour se verser encore du champagne jusqu’à ras-bord. « Toi ? T’as visité un peu Paraparaumu ou t’es restée ici tout ce temps ? » Si elle n’avait rien visité, alors ils caleraient les deux bouteilles et il l’emmènerait visiter. Ou alors ils emmèneraient l’alcool avec eux.

Ce n’était pourtant pas vraiment ce qu’Isaiah désirait, de faire culpabiliser sa nouvelle demi-sœur. Isaiah aimait bien plaisanter, se moquer, titiller les autres là où ça les dérangeait un peu, juste pour le plaisir de les voir réagir. Voilà pourquoi il ne fallait pas être trop susceptible ou sur ses gardes quand on se liait d’amitié avec le jeune homme ; il était certes l’être le plus humain et le plus gentil sur cette Terre, mais ses blagues, bien que toujours bien intentionnées, pouvaient froisser ceux qui n’acceptaient pas de se couvrir de ridicule. Il se contenta donc d’ébouriffer les cheveux roux d’Ally pour qu’elle comprenne bien qu’il s’en foutait royalement, au fond, qu’elle ait une bouteille d’avance ou pas sur lui. Il boirait l’autre qui allait bientôt être en route à une vitesse fulgurante pour rejoindre l’état de sa meilleure amie plus vite. Ce n’était pas ce qui faisait peur au jeune homme. Et au pire, voir Ally dans cet état pendant que lui était à jeun – ce qui était rare – était plus que drôle, en fait. Elle avait la voix bien plus aigüe que d’habitude, et plus lente, et son élocution laissait franchement à désirer. Elle était adorable. « Ouais mais on s’en fout. Tu sais encore parler. Ce qui veut dire que t’es encore capable d’en prendre, jeune fille. » Il haussa les sourcils en la regardant, un peu pour la juger et la défier, avant de commander les deux bouteilles. Une fois assis à côté d’elle, Isaiah lui demanda ce qu’elle portait en-dessous, et hocha tout simplement la tête à la réponse d’Ally. On s’en fichait bien qu’elle soit nue, au fond. Lui aussi finirait sans doute la soirée comme ça, parce que maintenant qu’il avait à son tour enfilé le peignoir, il n’avait déjà qu’une envie : retirer ses caleçons. Pendant qu’il se changeait, la rouquine lui avait raconté qu’elle s’était fait masser pendant son absence. Quand elle parla de l’homme dans sa vie, Isaiah pencha la tête sur le côté en portant sa main à son cœur, tout sourire. « Oh, je suis touché Ally, mais tu n’aurais pas dû te retenir pour moi. » Bah oui, il pensait que c’était lui, l’homme dans sa vie. Il n’était pas vraiment au courant qu’Ally se liait sérieusement avec un autre homme. Bref, il revint s’asseoir à côté de sa nouvelle demi-sœur et elle lui demanda s’il était mieux. « Totalement ! Je me sens libre ! » Lança-t-il en levant les bras en l’air, renversant un peu de champagne sur le lit. « Oups. » C’était dans ses habitudes, maintenant, de mettre de l’alcool partout. Il termina son verre d’un trait, comme ça, ça ne se reproduirait plus. Évidemment, Ally s’intéressa à ses retrouvailles avec sa mère, et Isaiah lui résuma très rapidement les heures passées avec elle. « Ben oui, elle veut évidemment rencontrer Ezekielle aussi. T’aurais dû voir sa tête quand je lui ai dit pour elle et moi … » Dit-il, parlant vraiment comme s’ils étaient un couple parce qu’au fond, c’était un peu ça, non ? D’ailleurs, Ally en profita pour le questionner quant aux trois mots prononcés. Isaiah sourit, hochant la tête, se servant un autre verre. « Eh oui … Qui l’aurait cru, hein ? Moi qui criais sur tous les toits que l’être humain n’était pas fait pour n’aimer qu’une seule personne … Je ne me vois pas être avec quelqu’un d’autre qu’Ezekielle, Ally. Je l’aime d’une façon que je ne croyais pas possible pour moi … J’avoue que j’ai un peu la chienne, mais ça devrait aller. » Avoua-t-il en gesticulant, ponctuant sa révélation d’un petit rire. Une fois le sujet Ezekielle clos, Ally le rassura à propos de sa mère, ce à quoi il acquiesça sans ajouter quoi que ce soit. Il tourna la conversation vers elle, lui demandant si elle était restée ici tout ce temps. « T’as vomi sur la plage ? Dude. C’est la plage de mon enfance que t’as souillée. » La réprimanda-t-il en secouant la tête. « Y’a que moi qui a le droit de vomir dessus. » Il rigola. « Ouais, c’est bon, on visitera demain. De toute façon, c’est paumé comme endroit, le soir y’a pas trop de trucs à faire. » Il continua de boire ce merveilleux alcool. C’était bien, quand même, d’avoir une meilleure amie qui semblait chier de l’argent au lieu de la merde. « Je sais pas, on peut passer encore deux ou trois jours … Toi ? Tu peux t’absenter combien de temps encore ? » C’était plutôt elle qui était la contrainte. Lui, à part Ezekielle, rien ne l’attendait vraiment à Bowen.

Fronçant les sourcils, Isaiah dévisagea Ally. Il aurait pu être vexé de ne pas être l’homme dans sa vie, sauf que là, le fait que ce soit quelqu’un d’autre et qu’il ne le sache pas l’intriguait trop pour penser à autre chose. « Attends, t’es en couple ? » Oui parce que pour lui, avoir quelqu’un dans sa vie, c’était bien ça. Sauf qu’il ne comprenait pas pourquoi il ne serait pas au courant de l’état matrimonial de sa meilleure amie. Une fois au courant de tout, Isaiah pu revenir s’asseoir en face de la jeune femme et en profiter pour renverser un peu d’alcool sur le lit pendant qu’il extériorisait son bien-être d’être dans ce peignoir. Tout de suite, elle pensa à son portefeuille. Miss Capitaliste dans la place. « On aura qu’à faire tremper le couvre-lit dans l’eau de javel toute la nuit, comme des ninjas. » C’était sans doute le choc de la journée qui le faisait raisonner d’une façon aussi stupide, parce que même s’il en était à sa troisième coupe de champagne en moins de cinq minutes, Isaiah avait tendance à bien meilleur soutenir l’alcool que ça. Ce genre de conneries, il ne les disait habituellement pas avant trois heures de consommation soutenue.

En parlant de la mère du jeune homme, l’annonce de sa relation officielle avec Ezekielle ne tarda pas à venir aussi. « Ouais, vraiment contente. Je pense qu’elle avait perdu espoir. Et avec raison. Mais bon, la vie est toujours surprenante. » Dit-il, parce que lui aussi s’était surpris à tomber amoureux d’Ezekielle. Enfin, il avait toujours été amoureux d’elle, à quelque part. Il l’avait toujours su. Mais de le verbaliser, de rendre tout ça vrai et réel, c’était autre chose. Pour Isaiah, ce n’était pas à prendre à la légère. Il savait qu’Ezekielle savait ce que ça voulait dire pour lui. Malgré cela, il parla de ses peurs à Ally, tout en déclarant ouvertement son amour pour la belle blonde. « Merci. J’espère que vous vous entendrez bien, quand vous passerez un peu plus de temps ensemble … » Lança Isaiah avec un sourire. Parce qu’Ally et Ezekielle étaient certainement les femmes les plus importantes de sa vie, avec sa mère bien sûr, alors il était primordial pour lui que les deux s’entendent bien. Les trois, pourquoi pas ! Et comme Ally et Ezie ne s’étaient que rapidement croisées de temps en temps, il ne savait pas encore ce que ce serait.

Leurs fins de journée respectives racontées, Ally se concentra sur le reste de la soirée en lui proposant une masseuse sexy. « First, on dit massothérapeute, sinon masseuse c’est à caractère sexuel et j’ai sérieusement pas envie de me faire branler à côté de ma demi-sœur. » Déclara-t-il avec un sérieux imperturbable. Puis, il proposa : « On devrait se faire chacun notre tour un massage. Ça coûtera moins cher et on pourra continuer de parler librement. Ou pas parler. Comme tu veux. En tout cas, continuer à boire sans se faire juger. Même si je me fouterais carrément de ce qu’ils en penseraient. » Déblatéra-t-il sans s’arrêter. Isaiah était épuisant. Ils parlèrent ensuite de leur voyage à long terme, et Ally décida qu’ils ne devaient pas rester trop longtemps, à cause de l’éventuelle ouverture de sa galerie d’art. Le jeune homme hocha la tête, compréhensif. « C’est parfait. Et pis on aura toujours l’occasion de revenir. Avec Ezekielle. Et ton Poncho. » Oui, maintenant qu’il savait, il le ramènerait toujours sur la conversation, lui. Ally lui demanda ce qu’il lui réservait. « J’sais pas trop encore. En tout cas, c’est OBLIGÉ qu’on aille marcher au Queen Elizabeth Park. Même si le nom est à chier, je te jure que la randonnée en vaut la peine. On se fera un pique-nique. » Dit-il. « Là j'ai vraiment envie que tu me masses. Est-ce que c'est un peu weird vu que t'es ma demi-soeur ? »

« C’est quiiiiiii ? » Demanda Isaiah, tel la véritable commère qu’il était. Surtout quand c’était à propos de l’amour, en fait. Autant il n’était pas le grand prince sur son cheval blanc, autant sa perception de l’amour différait de celle des autres, autant il pouvait quand même se montrer extrêmement romantique quand il était question des histoires des autres. Elle lui apprit alors qu’elle vivait quelque chose de magique avec Conchobáhr, cet homme dont Ally lui avait déjà parlé et qui était revenu depuis moins d’un an à Bowen. Il savait qu’ils couchaient ensemble, mais sans plus. Et maintenant, sa meilleure amie lui avouait éprouver des sentiments à son égard ! Il était carrément enjoué par cette nouvelle. Sauf quand elle ajouta qu’ils s’étaient embrouillés et qu’elle avait peur de souffrir, au final. Il fit une moue triste. « Il est sans doute à Bowen en ce moment en train de se demander où t’es encore partie, et il se ronge les ongles jusqu’au sang parce qu’il veut juste te parler pour se faire pardonner, et quand tu vas revenir il va te sauter dessus et te faire l’amour en même temps que de crier son amour pour toi sur tous les toits. Oui parce que vous allez faire l’amour sur tous les toits de la ville. À commencer par le mien ; il était très confortable. » Avait lâché Isaiah. Décidément, il devait être fatigué de son voyage, parce que l’alcool lui rentrait dedans bien plus vite qu’à l’habitude. Ou peut-être que sa mère avait mis des trucs louches dans sa limonade. Peut-être que la pomme n’était pas tombée si loin de l’arbre que cela, finalement. « Le mécano était un bon coup, au moins ? » Releva Isaiah par après.

Après son léger incident d’alcool sur le lit, Ally s’indigna parce qu’elle devait dormir là-dedans. « Ben moi aussi je dois dormir là-dedans, hein. C’est quoi tu pensais me faire dormir dans le bain ? » S’indigna-t-il à son tour, ouvrant la deuxième bouteille de champagne parce que oui, ils en étaient rendus là. Isaiah proposa alors l’idée de l’eau de javel, et sans relever la stupidité de la chose, la rousse lui demanda seulement s’il lui donnerait la grosse couverture. « Je m’en fous, il fait tellement chaud de toute façon, je vais dormir nu et à l’air libre. » Annonça-t-il sans trop de gêne. Et il était difficile de savoir s’il était sérieux ou pas, vu son air. La jeune femme revint finalement sur sa comparaison avec un ninja et affirma ne pas vouloir en être eux, mais vouloir plutôt la queue de Concho. « Faites attention à votre langage, jeune femme ! » La réprimanda-t-il alors que lui-même était bien souvent vulgaire. « Mais appelle-le, Ally. APPELLE-LEEEEE. » La supplia-t-il, parce qu’il était le pire ami du monde. Pas de ceux qui disent tu devrais attendre à demain matin, quand tes idées seront plus claires mais de ceux qui encouragent l’autre dans toutes ses idées les plus stupides.

Isaiah fut touché quand Ally lui déclara qu’il l’épatait jour après jour, et qu’il faisait sortir le meilleur des gens. C’était bien son but de vie, ça, en plus. Alors ça lui faisait plaisir que quelqu’un d’autre le reconnaisse. Il leva les bras dans les airs pour accompagner son amie dans son tour sur elle-même. Quant au masseur, Isaiah finit par secouer vivement la tête en signe de négation : « Mais nooon, ça change rien, en fait. Sérieux, hein, ça change rien ? En plus ils vivent à des kilomètres de nous, alors dès qu’on rentrera à Bowen, tout ça va disparaître. Ça n’existera plus. Et toi et moi on continuera d’être awesome. Peu importe c’qui se passe. » Déclara-t-il avec aplomb. Isaiah proposa tout de même qu’ils se massent mutuellement, question de ne pas briser leur ambiance et de ne pas vider le compte en banque d’Ally, même si ça ne semblait pas être un problème. Même riche, Isaiah aurait économisé, alors ça ne changeait rien. Une fois le planning des prochains jours plus ou moins réglé, Ally céda aux demandes d’Isaiah et lui dit d’enlever son peignoir. Il s’exécuta sans plus attendre, se retrouvant en caleçon sur le lit, et il s’allongea sur le ventre. « Ne t’imagines pas que je suis Poncho, please. Ça va devenir awkward. » Il rigola avant de fermer les yeux et de laisser sa meilleure amie faire.

Une moue coquine s’afficha sur le visage du jeune homme alors qu’Ally lui demanda s’il avait vraiment couché avec quelqu’un sur son toit. « Ben fallait bien que je teste tout l’endroit avant de le louer. » Avoua-t-il avec un rire presque hystérique. Ça remontait à son arrivée à Bowen alors, non, ce n’était même pas Ezekielle. Sa tendre moitié n’était pas encore revenue jusqu’à lui, à cette époque-là. C’était encore dans le temps où il faisait du libertinage un passe-temps. Ah, la belle époque. Mais maintenant qu’il avait Ezekielle, il n’en ressentait plus vraiment le besoin. Plus du tout, même ; soyons francs. Isaiah questionna sa meilleure amie à propos du mécano, parce que si ce n’était même pas un bon coup en plus de lui avoir amené quelques regrets vis-à-vis de son Poncho, alors c’était moyen. Heureusement, ce n’était pas le cas. « Oh. Les sentiments, hein. Foutus sentiments, hein. » Qu’il déclara en riant avant de prendre une gorgée. Bon, de son côté ça allait encore, mais il ne nierait jamais que les sentiments amoureux avaient tendance à tout compliquer. Après tout, sa première dispute avec Ezekielle à la St-Valentin prenait bien source dans les sentiments, justement. Ceux qu’Isaiah n’arrivait pas à exprimer assez bien à la belle blonde.

À cause du dégât du jeune homme dans le lit, Ally mentionna que la prochaine fois, elle réserverait pour deux lits. « Tant que le prix est le même je m’en fous, mais pas question qu’on paie un surplus pour un autre lit. C’est bon, j’suis pas trop dérangeant, la nuit. » C’était faux, complètement faux, et elle se rendrait bien compte de cela quand elle se réveillerait la nuit et que la couverture serait par terre, qu’il prendrait le ¾ du lit sinon plus, et qu’il se collerait à elle au point de presque lui embarquer dessus. Ezekielle ne savait plus quoi faire de lui. Quand il ajouta qu’il dormirait nu, Ally lui rappela que le bain était toujours une option. « T’es cruelle, Carmichael. » Dit-il en secouant la tête, buvant d’autres gorgées. Le Poncho revint dans leur conversation et Isaiah la supplia de lui passer un coup de fil, question qu’ils se réconcilient à distance. Ally refusa, et lui affirma qu’elle faisait la grève mentale Anti-Concho, et qu’il devait l’aider. Bon, d’accord. « Ok alors demain on ira à la plage, on écrira FUCK CONCHO en gros dans le sable, et tu posteras la photo sur ton compte Instantagram. » Ou peu importe comment ça s’appelait vraiment, en fait. Isaiah n’était pas très à jour, là-dessus. Côté technologie, il avait cent-deux ans. « Toi aussi, t’es la meilleure personne de l’univers, Ally. Avec Ezekielle. Et ma mère. GODDAMN. VOUS ÊTES LES POWERPUFF GIRLS. T’es Blossom, Ezekielle c’est Bubbles, et ma mère c’est Buttercup !!! » Les couleurs de cheveux matchaient, bordel. L’image était excellente. Bref, Ally s’éclipsa un moment pendant qu’Isaiah s’étendait sur le lit, prêt à recevoir le massage. Il l’avertit pour ses fantasmes avec Concho pendant qu’elle le massait, les lui interdisant, en fait. « Sale nympho. » Dit-il en riant. Puis elle l’insulta quant à son corps, alors il grogna. « Comment ça, mou ? J’devrais être dur. J’suis un paquet d’os. » Grommela-t-il, alors que sa façon de se voir n’était pas forcément plus gentille. Mou ou maigre, dans les deux cas, ce n’était pas bien. « Mmmm, ça fait du bien … » Lâcha-t-il. Il s’endormirait presque. Il la laissa le masser pendant un moment, perdant un peu la notion du temps, et quand elle eut terminé, il se tourna sur le côté. « T’as des mains magiques. » Il lui sourit en la regardant. « Tu es magique, Ally. » Il avait eu une matinée de merde, et elle aussi, et pourtant les voilà qui arrivaient à retrouver le sourire, l’un avec l’autre. Ils étaient vraiment les meilleurs amis du monde. Ça lui donnait presque envie de chanter du Lorie.

Isaiah fronça les sourcils en constatant la réaction d’Ally. « Ben oui, le louer … tu voulais pas que je l’achète, quand même ? Tu me vois vraiment propriétaire ? » Et devant la confusion naissante dans le visage d’Ally, Isaiah éclata de rire, pensant comprendre pourquoi elle réagissait ainsi. « Putain, Ally. J’ai pas loué le toit. Mais en louant mon appartement, j’ai accès au toit. Duh. » Parfois, il se demandait si sa meilleure amie n’était pas blonde, en fait, sous tous ces cheveux de feu. Il continua à rire, dans sa bulle, s’imaginant réellement louer un toit rien que pour y baiser quand bon lui semblait, rien que pour la bonne histoire que ça ferait. Ça ne faisait aucun sens et, pourtant, Ally y avait cru fermement. C’était ça le plus drôle, en fait. Et la tête qu’elle avait fait, aussi. S’il avait eu un téléphone assez technologique et intelligent pour avoir l’application Snapchat dont tout le monde parlait, Isaiah aurait certainement immortalisé ce moment pour l’envoyer à tous ses amis. Malheureusement, le vieux dinosaure du jeune homme ne ferait pas l’affaire. C’était même un miracle si une photographie en sortait visible, tellement la caméra était de piètre qualité.

Leur éventuelle nuit passée à dormir dans le même lit semblait créer bien de l’émoi chez la jeune femme. Pourtant, aux yeux d’Isaiah, cela n’avait que très peu d’importance. Sauf qu’elle lui remit sous le nez qu’il était la seule personne au monde avec qui elle dormait mal. Il fronça les sourcils. Ezekielle ne se plaignait pas au point de dire qu’elle n’arrivait pas à bien dormir avec lui. Ally était décidément trop une princesse. En tant que meilleurs amis, tout roulait comme sur des roulettes, mais jamais ô grand jamais ne pourraient-ils être plus que ça, sans doute. Ça partirait en vrille, leur histoire. « Ben tu vas vivre avec pour cette nuit, fille. Prochain hôtel tu t’assureras qu’on a chacun notre lit. » Dit-il, presque l’air de la bouder, avant de boire encore quelques gorgées de son verre.

Le planning de la journée de demain plaisait bien à Isaiah, mais Ally ajouta qu’elle voudrait écrire I wanna en haut du Fuck Concho, ce qui exaspéra le jeune artiste. « Dude, tu VIENS JUSTE de me dire que tu faisais la grève mentale Anti-Concho. Make up your mind, girl. J’veux bien t’aider, mais faut que tu t’aides toi-même. » Isaiah ne savait pas trop comment analyser la situation amoureuse d’Ally. Ça lui aurait pris pas mal plus de détails concernant Poncho pour pouvoir réellement savoir si sa meilleure amie avait besoin de passer à autre chose ou de s’accrocher. Bon, en même temps, on parlait bien d’Isaiah, qui avait dit les trois mots magiques pour la première fois de sa vie y’a pas si longtemps. On ne pouvait pas s’attendre à un miracle et penser que le jeune homme deviendrait le gourou de l’amour du jour au lendemain. Lui aussi, c’était un handicapé des sentiments. À sa manière.

Une blague de Powerpuff Girls plus tard, Isaiah était prêt à recevoir son massage. Qu’il soit mou ou non, selon les dires d’Ally. « Ah ouais mais parce que je suis bien. Je relaxe. Je me détends. C’est l’effet Massage-d’Ally. » Dit-il, fermant ses yeux, la tête tournée sur le côté sur son oreiller. Un peu plus et il allait commencer à baver, entre l’éveil et le sommeil. Quand il la complimenta sur ses mains magiques, elle souligna que Poncho lui avait dit la même chose récemment. « Chut. Zone Anti-Concho. » En plus il lui avait bien dit de pas penser à lui en le massant. C’était mal parti. Bref, une fois son massage terminé et les fleurs lancées, Ally serra son meilleur ami dans ses bras avant de s’exclamer que c’était à son tour. Le jeune homme inversa donc les positions alors que la demoiselle retirait son peignoir, dévoilant ses sous-vêtements rouges. « T’inquiètes, je suis pas en train de m’essayer sur toi, mais c’est gênant c’truc. » Lui assure-t-il tout en désagrafant son soutien-gorge. Comme ça, il avait accès à tout son dos. Isaiah commença à la masser, en silence, s’appliquant du mieux qu’il le pouvait. Un moment plus tard, alors qu’Ally était sans doute sur le point de s’endormir, Isaiah se laissa tomber sur le côté, ses mains lui faisant trop mal pour continuer. La bouteille à côté était vide ; lui qui allait s’en servir un autre verre. Il était peut-être temps de dormir. Il tourna la tête vers Ally, qui avait toujours les yeux fermés. Et il ferma les siens aussi.