Descent into hell | Maisy Kavanaugh

La journée d'Adilyn était relativement calme, elle ne faisait que les prises de sang, et bien que dans le passé, le sang était sa hantise, aujourd'hui ça l'est moins. Elle avait un nombre assez conséquent de patient à voir, et n'avait pas le temps de rester papoter avec chacun, donc elle se pressait. Pour l'instant, il n'y avait aucun qui avait rechigné devant les piqûres, une journée sans problème en perspective. Les patients s’enchaînaient dans la matinée, plus qu'une avant d'avoir une pause de midi. Elle regardait ses papiers, voir combien de tubes il fallait remplir ; cinq. Prise de sang complète.

Elle entrait dans la salle où une blonde était assise, sans doute envoyé ici par une femme de l’accueil. Sa tête lui disait quelque chose, mais des têtes pareilles, elle en voyait défiler toute la journée, alors elle n'était sûre de rien. Un grand sourire aux lèvres, elle adressait donc à l'autre blonde. Adilyn posait ses yeux sur son papier le temps de repérer le prénom et le nom, puis elle posait de nouveau ses yeux sur la patiente. « Bonjour, Maisy Kavanaugh, c'est ça ? » Elle posait son dossier sur une table, puis commença à préparer ses outils. « Je suis Adilyn, vous venez pour une prise de sang complète et une analyse d'urine ? » Ça ne lui coûtait rien de demander et elle ne voulait pas se tromper de patiente, non plus. Tout en préparant un coton imbibé de désinfectant elle regardait la blonde. « Alors, quelques questions basiques … Êtes-vous fumeuse ? Avez-vous un risque de grossesse ? » Des questions de routine. « Vous me tendez votre bras, s'il vous plaît. » Elle ne lui laissait pas vraiment le temps de répondre, elle était pressée et n'avait qu'une envie ; avoir sa pause.

Le prénom et le nom de la patiente disaient vaguement quelque chose à Adilyn, mais elle était trop pressée de sa pause pour se concentrer plus. Elle ne faisait pas non plus attention au physique de la jeune femme, elle voulait finir au plus vite ces prises de sang, envoyé ça au laboratoire, et que tout se fasse le plus vite possible pour avoir un résultat et ne pas laisser Maisy attendre plus de deux heures. Elle attendait toujours les réponses, coton dans une main, l'autre tendue pour accueillir le bras. Vous ? Comment ça, vous ? « Pardon ? » L'infirmière fit un rire nerveux, elle ne comprenait pas vraiment ce que Maisy voulait dire par là. Elle regardait le visage de son interlocutrice puis perdit son sourire. Bien sûr qu'elle l'avait déjà vu, il y a un ou deux ans an Angleterre. « Votre bras … je vous prie. » La blague avait assez duré, elle avait envie de terminer son boulot. Elle déglutit, un peu tremblante.

Quand elle vit le bras de la patiente se rabattre contre son buste, elle c'était dit que c'était peine perdue. La jeune femme posait son coton dans une poubelle puis sa seringue sur la table. Elle croisait ensuite les bras. « Vous avez pris rendez-vous pour avoir un examen, il ne me semble pas que ce soit mon rendez-vous. » Elle roulait des yeux, le souvenir qu'un caractère pareil refit surface, elle serait les dents en regardant Maisy. Une illumination venue ; elle stressait peut-être. Adilyn cherchait quelques mots pour rassurer. « Je vois ... Ce n'est qu'une piqûre, les tubes se rempliront vite, et si vous ne voulez pas regarder, vous pouvez ! Il ne faut pas paniquer. » Elle essayait de se dire que oui, l'autre blonde stressait et que c'était pour ça qu'elle commençait à faire un sketch.

Qu'est-ce qu'elle en savait ? Adilyn plissait les yeux en regardant son interlocutrice. Elle ne voyait pas vraiment où elle voulait en venir, et quand elle arrêter sa blague, car ça devenait lourd à la longue. Elle soupirait en se frottant la tête. « Ce n'est pas vraiment un compliment, c'est un fait. » Puis au fond, elle aimerait bien être enceinte, fonder une famille, mais encore faudrait-il trouver un homme fidèle avec qui elle pourrait envisager d'avoir des enfants. Pour l'instant, il y avait Adilyn qui animait la maison et bien que ce n'était pas son enfant, ça lui plaisait d'aller la chercher à l'école et l'aider à faire quelques devoirs quand elle a du mal. Le comportement de Maisy agaçait Adilyn, mais elle devait ne rien dire, après tout, elle travaillait et devait rester polie. Mais dans la rue, elle aurait clairement évité cette humoriste ratée.

« Est-ce que ça vous regarde ? » Petite, le sang, elle ne pouvait pas en voir une goutte sous peine de s'effondrer, aujourd'hui, bien qu'elle se soit améliorer, elle ne peut pas voir son sang, ça lui donne des nausées et des maux de tête. « Sans vouloir vous offenser … J'ai l'impression que vous êtes en train d'échouer là ... » Elle haussait les épaules avant de reprendre. « Je trouve que vous allez un peu trop loin. » Parler d'une telle manière à un médecin qui veut seulement faire son boulot ? C'est impensable pour la trentenaire. Elle regardait l'autre blonde s'agiter, ce qui commençait à l’inquiéter, peut-être qu'entre leurs deux rencontres, celle-ci avait été jugée folle et elle se serait échapper d'un asile ou autre ? Mais des asiles à Bowen, y'en a pas. D'ailleurs, que faisait-elle à Bowen ? En voyant le sachet, Adilyn ouvrit en grand les yeux. « Hé ! » Elle s'approchait de la grande blonde, mais bien trop tard. Elle grommela. « Vous avez conscience que ça va vous restez trois mois dans l'corps ces cochonneries !? » Elle n'osait même pas imaginer la patiente faire ça tous les jours, peut-être que ses cernes venaient de là ? Elle n'en savait rien, à vrai dire, la seule fois qu'Adilyn à toucher à une drogue, c'était pour impressionner son premier coup de cœur. Elle fumait, avant d'arriver en prison, aussi. Elle faisait un tas de choses pas très claires, mais faut dire que la prison, ça calme les esprits. La jeune femme riait de nouveau. « Le vôtre n'a pas l'air très glorieux en tout cas. » Puis, elle redit pour une quatrième ou cinquième fois cette phrase, qui sifflait aux oreilles d'Adilyn. « J'ne vais pas suivre les conseils d'une droguée, désolée. J'ai autre chose à faire. Donc si vous ne voulez pas faire de prise de sang, je vous en prie … Prenez la porte.»

Cette femme était vraiment folle. Du moins, Adilyn le pensait, et ça l'inquiétait de plus en plus. L'infirmière voulait seulement savoir si les résultats des tests allaient varier à cause d'une des deux raisons, elle ne disait pas que c'était mal, ce n'est pas interdit de faire des prises de sang quand l'on est enceinte, loin de là ; son boulot voulait juste qu'elle coche des cases, ou non. La blonde l’agaçait, et Adilyn regrettait d'être au boulot, largement. Elle maudissait aussi le fait que le médecin soit absent pour la matinée, pour s'occuper de son enfant, malade.

Elle soupirait encore, puis se frottait les yeux. « Ne pas faire de test … je ne vois pas où il y a une réussite. » Mais ce n'était que son avis, puis sincèrement, elle ne pensait pas que la blonde puisse réussir quelque chose. Cependant, elle ne disait rien, préférant toujours tout garder pour elle pour éviter de blesser au maximum les autres, même si tout ce qu'elle semble dire passe par-dessus la tête de Maisy. Parce qu'après sa remarque sur la drogue, l'autre blonde n'en fit qu'à sa tête avec sa blague à deux balles. « Non. » Dit-elle du tact au tac. Maisy pouvait toujours rêver, ce n'était pas parce qu'elle c'était déjà vue une fois qu'Adilyn allait faire un pantin, surtout qu'elles ne sont pas amies, et Adilyn tient à garder son travail.

Elle riait, intéressé par la drogue ? Très peu pour elle. Jamais. Elle fuit ça comme la peste et ne comprend pas les gens qui font ça pour “s'évader”. S'amuser, d'accord, se droguer, moyen. La blonde ne disait pas un mot de plus, avant d'avoir le souffle coupé quand Maisy sortit une information que personne n'est censé savoir. Personne. « J'ne vois pas de quoi vous parlez. » Dit-elle, jouant la comédie, depuis son séjour en prison, elle sait mentir correctement, bien qu'elle avait envie de fondre en larmes, elle ne faiblissait pas. Non. Cette fille est complètement folle. Comment elle a fait pour savoir ces informations ? Pourquoi a-t-elle cherché à fouiller le passé d'Adilyn ? Elle esquissait quand même un sourire après que Maisy la menaça de prévenir sa famille. Comme si elle ne le savait pas. Elle avait un train de retard, quand même. Comme quoi, l’intelligence n'est pas donnée à tout le monde. Fouiller dans la vie des autres pour pouvoir s'en servir contre eux, c'est petit. Adilyn se plaça devant la porte, empêchant l'autre de sortir. « Puis merde, vous êtes assez folle pour fouiller dans la vie des gens ? Vous avez rien d'autre à foutre ? » Puis un second souvenir venu à Adilyn. « Votre vie doit être moins palpitante à Bowen, mais ce n'est pas parce que vous n'avez pas d'vie que vous devez gâchez la mienne. »

La patiente répétait toujours le prénom d'Adilyn, ce qui avait tendance à l'énerver. Les gens qui se sentent supérieurs aux autres, ça la toujours fait tiquer. Elle avait envie d'étouffer l'autre femme, mais bien qu'en prison les autres femmes lui ait donner plusieurs méthodes de tortures envers les gens, elle ne voulait pas retourner en prison pour un vrai meurtre. Saleté de blondasse. « Oh mais, putain, vous allez arrêter d'dire mon prénom à chaque fois qu'vous ouvrez votre grande gueule ? J'ai compris que vous le connaissiez ! » Ça lui faisait un bien fou, même si elle s'en voulait quand même d'avoir dit ça au boulot, elle devait être une femme droite et exemplaire envers les patients, montrée qu'elle en a dans la cervelle. Là, elle avait l'impression de se mettre au même niveau que Maisy … très bas.

Abygaël ? Elle n'était arrivée qu'il y a trois jours chez Adilyn, comment elle était au courant de ça ? Elle a vraiment le nez partout, et partout où elle ne devrait pas être. Elle grommelait, encore. Elle ne supportait pas cette femme, et qui le ferrait ? Avait-elle au moins une amie ? Ou peut-être bien que Maisy jouait avec les gens aussi pour s'en faire … Adilyn en était certaine, en tout cas. « Des contacts ? Étonnant. » C'était sorti sans vraiment qu'elle s'en rende compte. Elle levait les yeux au ciel, honteuse de ce qu'elle venait de dire. Elle n'aimait pas être méchante envers les autres, elle rêve d'avoir un monde rempli de peluche et d'ange, pas d'insulte et de peste. « Puis Abygaël n'est pas naïve, vous pourriez tenter tout ce que vous voudrez, elle ne se laissera pas faire. » Mais la grande blonde ne pouvait rien n'y faire, sauf devenir parano à simple idée qu'Abygaël ne rentre pas ou disparaisse deux simples minutes.

Pourquoi elle ? Elle n'avait rien fait de mal. Elle voulait juste reprendre sa vie. Adilyn se retenait de trembler ou d'éclater en sanglots, elle ne s'autorisait pas le droit de faiblir devant l'autre blonde. « J'ai compris, c'est bon. » Elle serrait les dents regardant la patiente droite dans les yeux. « Je ne sais pas si votre esprit est très tranquille. Et j'ai bien trop peur de ce que vous pourriez me raconter. » Adilyn se poussait de la porte, elle ne savait pas combien de bêtises une droguée pouvait raconter.

« Je vous parle comme je veux. » Pas très professionnellement, mais elle avait l'impression d'avoir croisé la personne la plus stupide que le monde avait pu créer. Adilyn savait comment elle s'appelait, et ne supportait pas les gens qui pour faire leur intéressant, le répétait une dizaine de fois par minute, ça en devient presque glauque. En plus elle était contente, l'autre. La gaminerie incarnée.

Adilyn se mise à rire, beaucoup, en entendant les paroles de Maisy envers Abygaël. « Une enfant très intelligente. » Plus que l'autre blonde en tout cas. Adilyn n'aurait pas eu peur, si son secret pouvait être dévoilé au grand monde, sauf qu'elle allait tout perdre si jamais Maisy disait un traître mot. Elle s'approcha de la table, prenant un nouveau coton qu'elle imbiba de produit avant de le passer sur une de ses veines de son bras, elle avait déjà des vertiges. Ses yeux auraient pu se tourner vers le ciel si seulement elle ne devait pas faire elle-même ses prises de sang, sous le regard d'une junkie. « Vous pouvez arrêter de parler ? Votre voix m'est insupportable. » Elle lançait un regard noir à Maisy avant de se concentrer sur ses tubes.

Puis la blonde se remise à parler, de plus belle. Elle parlait beaucoup et pour rien dire, c'est ça qui énervait Adilyn. « Faut dire qu'avec un esprit tordu, avoir des scénarios tordus, c'est simple. » Elle jetait un sourire à la droguée avant de se mettre un pansement où elle avait fait sa prise de sang. En voyant tous les flacons alignés, elle avait presque envie de vomir. La blonde notait le prénom de Maisy sur les tubes avant de se tourner vers elle. « Vous voulez un pansement pour faire plus crédible ? » Elle avait tiqué sur son dernier mot, trop gentille, elle était trop gentille … « Ah oui, et je partirais de la salle en première, histoire de l'être encore plus. » Oui, la crédibilité faisait tout dans son boulot.

Si une enfant n'était qu'une enfin à ses yeux, c'était son problème, Adilyn était convaincu de ce qu'elle affirmait. Ses yeux étaient rivés sur les tubes, elle avait conscience qu'elle pouvait perdre son travail en faisant ça, et c'était vraiment ce qu'elle voulait ? Elle envisageait de le changer, mais le perdre maintenant, c'était trop rapide, elle devait se refaire à sa petite vie à Bowen. Mais avec une femme qui ne fait que regarder sa vie, ça allait être plus compliqué, elle se sentait déjà prisonnière, pour une deuxième fois et cette sensation, elle voulait la fuir. Peut-être que changer de pays ou quitter son métier allait résoudre l'affaire, elle allait chercher une autre marionnette ?

« Un compliment … bien sûr. » Adilyn était blasée, elle n'aimait pas qu'on déforme ses propos mais n'allait pas se battre plus longtemps avec la patiente, partir était son seul objectif, et ce, depuis le début. Elle prit un pansement pour Maisy, puis lorsqu'elle lui tendit son bras, l'installait où il devait être posé. Une bonne chose de faite ! Adilyn se leva, prenant le support des tubes dans ses mains ainsi que les dossiers, puis elle ouvra la porte, sourire aux lèvres avant de lancer un regard à Maisy. « Vous voyez madame Kavanaugh, il ne fallait pas paniquer d'une telle sorte, tout c'est bien passé. » Elle laissait une pause avant de reprendre. « Vous pouvez aller vous installer en salle d’attente pour quelques minutes, une de mes collègues arrivera pour vous donner les résultats. » Elle tournait sa tête vers une collègue avant d'emmener les prises de sang au laboratoire.