Let the devil possess you | Chase E. Fawkes

Elle me disait qu’elle ne faisait pas de danse professionnellement, mais que c’était un loisir, ce à quoi je hochais la tête. Pourquoi aurait-elle honte de se faire voir? « Et pourquoi tant de timidité, Grace? Je suis persuadé que vous êtes talentueuse. » Je lui faisait un petit sourire comme pour l’encourager à sortir de son cocon. Quelque chose en moi me disait que Grace était peut-être un peu trop timide, dans son monde, dans sa bulle... Elle me disait qu’elle ne cachait rien, ce que je doutais très fortement. « Trinquons plutôt pour autre chose, si vous le voulez bien. » Elle semblait bien sérieuse soudainement et je gardais un sourire en coin. « Très bien. À quoi souhaitez-vous boire, Grace? » lui demandais-je, attentif à ce qu’elle pourrait me dire. Elle repartait en me disant que ce n’était pas qu’elle ne connaissait pas la provenance, mais bien qu’elle n’en voyait pas l’utilité. Je décidais de ne pas pousser plus loin ces questionnements, j’étais plus intrigué par la blonde que ce qu’elle ne pouvait croire. « Trinquons plutôt à votre bêtise. » Surpris, je m’étais mis à rire doucement. Je n'avais pas trop d'orgueil. « À ma bêtise, ça me va. » Je lui adressais un clin d’œil, amusé. « Ou vos croyances, plutôt. » « Qui vous a dit que j’étais croyant? » m’exclamais-je un peu choqué par ce qu’elle croyait, par la présence du verset récité? Vous voulez quoi? Que j’vous dise que j’ai une mémoire eidétique? Comptez pas là dessus, Grace, surtout si vous continuez de me mentir ainsi. « Pourquoi ne pas simplement trinquer à notre rencontre, gente dame? » Ça me semblait plutôt soft et gentil même... Pas de quoi choquer une religieuse, ni l’effrayer ou la faire fuir... Mais alerte au verset et au Sex on the Beach, c’était plutôt... alarmant si puis-je dire. J’aurais pu dire qu’on trinquerait à nos secrets, mais c’était là un monde plutôt inconnu dans lequel je ne souhaitais pas tomber avec une femme que je connaissais si peu.

Cet homme était sûr de beaucoup de choses dans les pensées de Grace, elle ne savait pas si elle avait la grâce et la beauté d'une danseuse étoile. Elle fait de la danse par plus plaisir et, n'était pas sûre de l'association travail et plaisir ; ça pouvait très bien la dégoûté de la danse tout comme, elle pourrait adorer. C'est un choix à double-tranchant, pour le moment être sans emploi et avoir du temps libre lui allait, ses journées passées sur le canapé à regarder la télévision, le fait de pouvoir faire les magasins quand elle le voulait, puis passer dans quelques associations encore pour ne pas parraître lâche, lui allait très bien, même si ses journées étaient bien moins remplies. Ils finissèrent par avoir leurs verres en mains, la blonde cherchait à trinquer d'une manière autre que le mensonge, elle n'avait rien dit de mal, ce n'était pas dans ses habitudes de mentir et c'était bien la première fois qu'elle sortait depuis son détournement vers l'Église, mentir n'était pas dans ses projets, elle en avait peur, même. Son rire angélique surgissait de nouveau. « Vous n'êtes pas obligé de croire en un Dieu, avoir de l'ambition c'est avoir de l'espoir. »  Sur l'instant, elle ne faisait pas référence à ce qu'il avait dans la tête, elle ne voulait pas imaginer deux minutes qu'il voulait faire des actes malsains en la compagnie de la sainte. « À notre rencontre. » Trinquait-elle, avant de regarder son compagnon ne sachant pas vraiment quoi faire. Elle zieutait son verre, comme si le liquide allait lui sauter à la gorge, il était encore temps de partir, de poser ce verre et s’enfuir, pourtant elle restait en face de son partenaire, un léger qui ressemblait plus à une grimace, puis elle trempait ses lèvres dans la boisson, sans pour autant boire, juste faire semblant. Fallait-il boire le verre au plus vite pour espérer sortir de cet endroit et se balader comme il l’avait dit ? La blonde était perdue, ses pensées fusaient et elle se trouvait toujours un moyen de fuir. La femme détournait des yeux, ne sachant pas quoi dire à l’homme, si elle buvait devant lui, ça allait se voir que c’était la première fois qu’une goutte d’alcool lui coulait dans la gorge.

Grace n’avait rien fait de mal, elle avait sans doute fait ce que tous ont fait à une époque ou l’autre de leur vie... Par contre, je continuais à croire qu’elle cachait quelque chose. Qu’elle me mentait ou pire, qu’elle se mentait à elle-même. Alors que les diverses possibilités traversaient mon esprit, je ne savais pas exactement ce vers quoi miser. Elle me disait que je n’étais pas obligé de croire en Dieu, qu’avoir de l’ambition c’est avoir de l’espoir... Bien philosophique, certes, mais beaucoup trop sage.... et beaucoup trop sainte. « Vous croyez que l’ambition est l’équivalence de l’espoir? » lui demandais-je bien curieux de suivre son chemin de pensées qui me semblait un peu décousu. Puis, nous trinquions à notre rencontre. Elle regardait son verre d’une drôle de façon, comme si j’avais mis quoi que ce soit à l’intérieur. Elle ne buvait pas ou pratiquement pas, alors que de mon côté, l’alcool me brûlait la bouche, puis la gorge. Son langage verbal m’en disait alors beaucoup plus qu’elle ne le laissait transparaitre. « Vous n’aimez pas? » concluais-je donc en fronçant les sourcils, il aurait pu être normal de ne pas aimer le sexe sur la plage avec du sable entre les fesses, dans le cadre d’un verre aussi fruité et sucré, ça m’étonnait encore pas mal. Je la regardais alors qu’elle semblait fuir mon regard... De la gêne, de la honte, visiblement. Un secret, une vérité détournée. Je me retenais de lui demander la vérité, ça serait être impoli, je me contentais de croire qu’elle n’était pas honnête, ni envers elle, ni envers moi. « Et en dehors de la danse, que faites-vous dans la vie? » Pour lui donner espoir d’échapper à cet interrogatoire qu’elle semblait ne pas apprécier outre mesure.

Grace ne voulait pas se lancer dans un débat ce soir et, elle ne pensait pas que ses paroles allaient en mener à un. « Que l'ambition mène vers l'espoir. Oui. Si vous avez l'ambition d'avoir quelque chose, vous avez l'espoir de réussir. »  Sur ces bonnes paroles, elle ne souhaitait pas vraiment plus parler, déjà qu'elle avait l'impression de dire que des bêtises dans ce lieu parce qu'elle se sentait mal à l'aise et stressée, sûrement que demain, elle allait regretter quelques paroles ; pas méchante, mais juste sa manière de dire et de penser sur l'instant. Après avoir longuement cherché sur quoi ces deux-ci allaient trinquer leur soirée, ils avaient fini par le faire à leur rencontre. Était-elle bonne ou mauvaise, la jeune femme ne pourrait s'en faire un jugement qu'en fin de soirée, ou après une autre rencontre si ça allait être le cas. Trempant ses lèvres dans le verre et fit semblant de boire, peur de faire une grimace devant l'homme et d'avoir honte par la suite. C'était la première fois que de l'alcool allait lui couler dans la gorge et, elle se donnait quelques secondes pour réfléchir à si elle sautait vraiment le pas d'abandonner ce qu'on lui avait appris pendant des années, ce qu'on lui avait conseillé. « Je … euh … Si, bien sûr. »  Grace aurait préférée qu'on lui dise à quoi elle devait s'attendre en buvant cette boisson-ci, si l'alcool allait être fort ou non, bien qu'elle se doutait que oui puisque cela allait être la première fois qu'elle allait en boire. Son regard planté entre les gens qui se déhanchaient de trop sur la piste, la blonde essayait de se vider la tête, de se mettre dans les mêmes conditions qu'eux, bien que ça semblait impossible, parce qu'avec l'effort. Ce sont les paroles du blond qui sortirent une nouvelle fois la blonde de son esprit. « J'offre mon aide à des associations. »  Offrir, en quelque sorte, ce n'est pas comme si elle était une personne importante, elle était juste Grace, la sainte. Son sourire semblait s'agrandir une nouvelle fois, heureuse de ce qu'elle faisait, parce que bien évidemment, ce n'était plus le cas. Elle ne faisait plus rien. « Et vous ? Vous ne me parlez pas de vous. »  Intriguée d'en savoir plus sur celui qui semblait vouloir partager quelques minutes de sa vie avec elle.

« Que l’ambition mène vers l’espoir. Oui. Si vous avez l’ambition d’avoir quelque chose, vous avez l’espoir de réussir. » J’arquais un sourcil, un peu intrigué parce que l’espoir et l’ambition sont différents selon moi. Enfin, peut-être sont-ils semblables dans le contexte de Grace mais au delà de tout ça, l’ambition c’est de faire en sorte que quelque chose arrive, de forcer le destin en quelques sortes et non pas d’attendre et de vivre d’espoir. Je hochais néanmoins la tête poliment en réfléchissant toujours. Elle était la première à m’inculquer cette notion et sans me dire qu’elle me déplaisait, je n’arrivais pas trop à bien la saisir. Alors que je lui demande comment elle trouve sa boisson, elle semble acquiescer maladroitement. Ce cocktail est celui qui goûte le plus le mélange de jus, ce qui m’intrigue de plus belle. À moins qu’elle veuille quelque chose de plus corsé, je le lui offrais. « Auriez-vous préféré quelque chose de plus corser, Grace? » Attentif à sa réaction, elle n’avait pas vraiment bu. De mon côté, je buvais encore un peu de whisky menaçant ma gorge de s’enflammer. Je ne croyais pas très bon d’en partir un débat, elle semblait suffisamment mal à l’aise avec mes questions. « J’offre mon aide à des associations. » « En lien directement avec la danse? Ou de tous types? » lui demandais-je sachant que je la croiserais probablement à l’avenir, un peu curieux tout de même. « Et vous? Vous ne me parlez pas de vous. » Je riais doucement. « Je suis tout simplement inintéressant, Grace. Vous perdriez votre temps. » Je buvais un peu plus du liquide brun comme pour chercher mes mots, comment lui dire la vérité bien que je n’ai rien à cacher. « Je suis pompier depuis quelques années maintenant. » lui confiais-je finalement. Des victimes des flammes, j’en avais vu, j’ai connu un bon nombre de pyromanes, mais je m’abstenais d’en faire mention. Ce n’était pas comme si ça avait quoi que ce soit de louable, si?
 

Assez rapidement, elle faisait un mouvement négatif de la tête, ne sachant même pas ce que plus corsé signifiait. Débutante dans la matière et n’y connaissant strictement rien, une belle femme innocente jusqu’au bout à qui on devait apprendre la vie, la vraie. C’était plutôt gênant de l’avouer, alors elle préférait ne dire mot et lui laisser qu’un bref sourire pour se faire pardonner de ne rien dire. La conversation tournait autour des occupations de Grace, ce n’était pas la première à aimer parler d’elle, n’ayant pas l’habitude d’en dire autant ; sauf à ses quelques amis, qui étaient peu nombreux, mais quand même présents. « Non, non. Des associations pour des handicaps, les orphelins, pour ceux qui manquent de besoins et toutes ces choses. » Pour aider les gens, le Monde, elle avait déjà fait un voyage humanitaire et, même s’il s’est mal terminé à cause d’un homme, elle en gardait un bon souvenirs avec les autres personnes. Ne voulant pas répondre à trop de questions sur sa vie, parce que bien qu’elle pensait que du bien de Chase, sa nature de peureuse lui disait qu’il pouvait toujours être un pervers et dire trop pourrait lui porter préjudice dans le futur. « Une personne n’est jamais inintéressante. » Perdre son temps en écoutant des personnes qui se plaignent, des colères et des joies, c’est ce qu’elle faisait de mieux, c’est ce qu’elle a toujours fait. « Vous devez en sauver des vies ! » Disait-elle dans un rire, c’est sûr qu’à côté d’elle, il faisait plus de choses qu’elle, qui n’écoutait juste. Mais parfois l’écoute aide quelqu’un à se sentir mieux. « J’ai beaucoup de respect pour les pompiers. » Ils risquent leurs vies pour en sauver d’autres, il n’y a rien de plus beau pour elle. « Et vous avez des passions ? »

Elle avait refusé rapidement mon invitation à un verre un peu plus corsé, j’avais un léger sourire en coin. Bien évidemment qu’elle ne le voulait pas puisqu’elle s’offusquait qu’avec le nom des verres. Elle m’avouait qu’elle aidait tous types d’associations ce qui me faisait hocher la tête avec un sourire aux lèvres. Là, je reconnaissais bien une bonne personne qui entrait dans mes valeurs. Elle prenait en charge des handicapés, des orphelins, pour des gens sans besoins et d’autres types dévalorisés. Je le regardais droit dans les yeux et constatait la pureté de son âme. « Une personne n’est jamais inintéressante. » « Peut-être avez-vous raison. Par contre, je suis loin d’être intéressant. » Et je le pensais sincèrement. Par la suite, Grace mentionnait que je devais sauver des vies et je hochais la tête positivement. Je ne pouvais pas faire autrement qu’approuver. Il ne suffisait qu’à penser à Lou, la pianiste aveugle que j’avais récemment sauvé des flammes. Mais au fond, le métier de pompier c’était plus que sauver quelqu’un des flammes, c’était de mettre un baume sur son âme, sur ses blessures et de le ramener à la réalité, aussi triste et fâchante qu’elle pouvait être. « Oui, ça arrive. Mais on ne fait pas que sauver des vies, on éteint des feux certes, mais on s’occupe aussi du nettoyage, des paperasses post accidents... » Un être plein de modestie que j’étais. Je savais que je pourrais monter dans les postes administratifs, mais ça ne m’intéressait pas réellement. Elle me confiait avoir beaucoup de respect envers les pompiers. « Je ne peux pas en dire autant de mes compères, mais j’ai beaucoup de respect également envers les aidants. Ceux qui donnent de leur temps pour apaiser les blessures des autres. » Peut-être n’était-ce pas l’endroit pour avoir la conversation à ce niveau, mais je gardais un fin sourire en buvant une nouvelle gorgée. « Et vous avez des passions? » Question légitime, je savais pour la danse. « Vous allez croire que je suis cinglé si je vous dis. » que je ris doucement. Un pompier qui fait des sports extrêmes, qui aime mettre sa vie en danger, ressentir la douce folie de l’adrénaline. N’est-ce pas la contradiction même? Ou une complémentarité?  

C’est pour ça que Grace n’aimait pas les opinions personnelles, toujours dégradante envers leur propre-personne, mais c’est vrai qu’en partant de ce qu’elle avait accompli dans sa vie, ce n’était pas bien intéressant. Elle n’a voyagé qu’une fois pour faire de l’humanitaire, mais est partie avant même la vraie fin de son voyage et elle n’a fait qu’écouter dans sa vie, prier pour les autres et prêché les bonnes paroles en tentant de ne pas péché ; ce qu’elle arrivait plutôt bien, comme un petit modèle de Lui là-haut, il pouvait en être fier. Tout comme il pouvait être fier que cet homme sauvait des vies tout en sacrifiant de moitié la sienne, parfois, Grace priait pour eux, surtout depuis qu’une femme était venue lui dire que son mari était dans le coma, il y a quelques années de ça. Mais, il la ramenait en dehors de ses rêves, laissant imaginer qu’ils n’étaient pas tous des sauveurs, qu’ils faisaient des papiers administratifs derrière, mais elle s’en doutait, il ne pouvait pas y avoir que des pompiers sur le terrain, il y en avait aussi en caserne. « Il faut bien du monde partout, n’est-ce pas. » Disait elle en riant, ce qui était bien vrai. Chacun à sa place et le boulot allait bien, ça tournait bien et ça ne créait pas de malaise. « C’est normal d’aider les autres, ça devrait être dans la nature de tous. » Pourtant ce n’était pas le cas pour tout le monde et des esprits étaient parfois plus farfelus qu’elle n’y pensait. Mais la conversation n’allait pas que tourner autour de ça, c’était même plutôt bizarre pour la blonde de parler comme ça, dans ces lieux. Elle qui pensait qu’elle parlerait d’autres choses ; ou bien pas du tout, d’ailleurs. Alors, elle s’intéressait de nouveau à Chase, lui demandant d’autres de ses passions, pensant qu’ils devaient bien avoir quelque chose en commun mit à part le respect pour le prochain. Cinglé ? Elle fût prise d’un petit rire. « Je promet de ne pas vous prendre pour un cinglé. » Un léger sourire aux lèvres, Grace tenait toujours ses promesses, alors, tant qu’il ne disait pas qu’il torturait des animaux ou d’autres choses cruelles, sa promesse tenait. « Mais j’insiste, ça ne doit pas être si horrible. »

Elle me disait qu’il fallait des gens partout et j’avais opiné avec un fin sourire. Elle n’avait pas tord. Grace poursuivait en me disant que c’était normal d’aider les gens et que c’était dans la nature humaine, ce que je désapprouvais. J’affichais une mine songeuse. « Il y a tout de même des gens fondamentalement méchants, mais surtout égoïste. » La générosité n’était pas innée à la naissance, c’était une valeur acquise, un trait que l’on pouvait apprendre ou au contraire, ne pas l’avoir. « Je promets de ne pas vous prendre pour un cinglé. » Je gardais le mystère pour moi quelques instants alors qu’elle me disait que ça ne devait pas être si horrible. « Je suis un adepte des sports extrêmes. Mon dernier saut en parachute remonte à la semaine dernière. » J’aurais pu lui dire aussi que j’appréciais parler quelques langues différentes en compagnie d’une blonde, mais je m’abstiendrais de commentaires à ce propos. Je collectionnais également les demoiselles, mais je doutais bien qu’elle ne voudrait pas en savoir davantage à ce propos. Elle avait l’air si réservée et pourtant... « Vous avez un homme dans votre vie? » lui demandais-je presque sagement, non pas sans arrières idées, je l’admets.  

Spoiler:

C’est vrai que certains étaient égoïstes pour ne pas aider les autres, c’est quelque chose que même la nouvelle Grace ne lâcherait pas, aider son prochain a toujours été quelque chose d’inné chez elle. Pour avoir une conversation moins sérieuses et ne pas paraître étrange aux yeux des autres, la conversation changeait, les passions de Chase, Grace se demandait ce qu’il pouvait bien faire en dehors de son métier et, surtout ce qui pouvait faire qu’il devrait être un cinglé. Mais, elle ne voyait pas qu’est-ce qu’il pouvait faire pour être considéré de la sorte, peut-être qu’il ne faisait rien en rapport avec le sport, mais rien ne lui vraiment réellement en tête. Alors, elle fut plus choquée par la réponse de l’homme parce qu’elle ne s’imaginait pas à ce qu’il réponde quelque chose qu’on pouvait s’attendre. Dans un sens, c’était assez particulier aussi, la femme n’osait pas faire des choses dans ce genre, de peur de mourir de crise. « Je vois, mais je ne vous prends pas pour un cinglé. » Disait-elle en rigolant avant de reprendre son sérieux. « J’aimerais bien faire des sports extrêmes, mais je ne sais pas si je vivrais longtemps encore. » Pas que trente-trois ans soit long, mais si elle voulait profiter de ce qui s’ouvrait sous ses pieds, il fallait bien rester en vie quelques temps. La question de Chase faisait rougir la jeune femme qui esquissait un léger sourire timide. « Hem … Non. » Si dire, qu’elle n’avait jamais embrassée un homme, qu’elle ne voulait pas le faire pour le moment. En fait, elle n’a jamais été en contact direct avec un homme, alors ça pouvait qu’être difficile d’être en couple. « Pourquoi cette question ? » La blonde se mise à siroter son verre, sans se rendre compte d’abord qu’il y avait de l’alcool dans celui-ci. Elle se retenait de grimacer comme elle pouvait, passant une main devant sa bouche. « Et vous, une femme accompagne vos nuits ? » Pas celle-ci, en l’occurrence, mais plus globalement. Quitte à s’intéresser à la vie de Grace, autant lui rendre la pareille.

Grace me disait qu’elle ne me prenait pas pour un cinglé, ce qui me créait un sourire aux coins des lèvres. Elle me disait également qu’elle aimerait en faire, mais qu’elle ne saurait pas si elle vivrait bien longtemps encore. « C’est pour l’adrénaline. C’est le moment où on se met en danger et qu’on ne contrôle que très peu... Je vous emmènerai faire du parachute avec moi ou du bungee, si vous voulez. J’ai perdu mon partenaire récemment. » Je lui faisais un sourire triste puis je réalisais que ça pouvait impliquer la mort de la façon dont je l’avais dit. « Enfin, il est parti volontairement à Sydney. Il n’est pas mort, rassurez-vous. » lui dis-je en me justifiant, prenant par le fait même une teinte rosées sur les pommettes. Elle me révélait par la suite qu’elle ne partageait pas sa vie avec un homme dans l’actuel et j’opinais sagement avec un sourire aux lèvres. « Oh, simple curiosité. » Mais au fond, c’était bien facile à ce niveau, elle n’avait pas d’alliance ou quoi que ce soit au doigt. Je remarquais ses grimaces, mais je me disais qu’elle en parlerait si le verre ne lui convenait pas. Grace ne tardait pas à me poser la question à l’inverse. « Non, mais je ne vous cacherai pas que je serais flatté que vous accompagniez les miennes. » Je lui adressais un clin d’œil qui la rendrait sans doute mal à l’aise. Je regardais son verre qui était toujours plein, on ne pourrait pas partir tant que son verre serait à sa main. Je terminais le mien cul-sec et je le remettais sur le comptoir. Je regardais autour de nous... « Lorsque vous terminerez votre verre, je pourrais vous raccompagner, si vous désirez. » Effectivement, il commençait à se faire tard. Le temps passait rapidement avec Grace et je ne souhaitais pas qu’elle reparte seule dans la pénombre. Peut-être un côté surprotecteur de la gente féminine que j’avais. Je le faisais toujours avec Alana à l’époque, quitte à laisser mes conquêtes d’un soir dans le bar. N’importe quoi pour ma frangine.

Elle l'écoutait parler de l'adrénaline et ça lui donnait presque envie de faire des activités dans le genre, mais elle tenait bien trop à sa santé pour se lancer, elle ne voulait pas que son cœur de trentenaire lâche avant qu'elle ait pu se réconcilier avec Dieu. Un frisson de peur lui parcourait le corps quand elle écoutait la fin de la phrase de Chase. Elle déglutit en s'imaginant un homme mort en faisant du saut en parachute. « Je … j-je … je vais attendre pour vous faire … vous suivre. »  La blonde déstabilisée ne trouvait plus ses mots, elle ne comptait pas suivre un inconnu dans tous les cas ; mais après tout, elle ne pouvait pas complètement se fermer aux rencontres sous le fait qu'elle est dans une boite. Elle ne voulait pas le mettre dans une case réservée aux pervers. « Oh je vois ! Heureusement, j'ai eu peur. »  La femme posait une main sur son cœur pour montrer qu'elle était soulagée. Mais ça ne la faisait pas changer d'avis pour autant. La curiosité de l'homme lui étirait un sourire bien que gênée par la question de savoir si elle avait un homme dans sa vie. Elle n'espérait pas en avoir, en fait, elle préférait attendre que ça lui tombe dessus plutôt que de chercher, pendant des années elle n'a pas ressentie le besoin d'avoir quelqu'un à ses côtés, alors ce n'est pas en sortant de l'Église qu'elle allait vouloir avoir un ami. Elle se contentait de cligner des yeux après la réplique de Chase, se disant que Dieu merci, elle n'était pas en train de boire, parce qu'elle aurait sûrement tout recraché. « C’est-à-dire … ? » Elle ne savait pas pourquoi elle posait cette question, parce que la réponse ne l’intéressait pas, c’était une technique de drague foireuse dans l’espoir de la ramener dans son lit sans doute, mais elle ne se laisserait pas avoir. « Sans vouloir vous offensez ... Je crois que je préférerais rentrer seule, au vu de vos avances. » Grace continuait de boire, elle se sentait méchante et ça lui faisait de la peine. « Il ne va rien se passer entre nous. » Préférant être claire, comme ça, s’il voulait vraiment finir dans le lit d’une femme, il savait qu’il pouvait passer chemin et se chercher une autre conquête. La blonde finissait son verre difficilement pour ne pas jeter l’argent par les fenêtres puis elle agrippait de nouveau son sac à main.  

Alors qu’elle s’imaginait le pire, elle me confiait qu’elle allait attendre et je ne tardais pas à remettre les pendules à l’heure. Je voyais sa main sur son cœur, elle ressemblait à un ange cette fille ne serait-ce que par son physique, ses réactions et son aura. Peut-être était-ce le cas? En tout cas, elle avait clairement refusé mes avances et je n’osais pas en faire davantage. Alors que je désirais la connaître et qu’elle se méfiait, je haussais simplement les épaules sans plus de commentaires. Ce n’était pas dans ma nature de me justifier, je n’allais pas commencer à le faire pour une blonde, une blonde sexy certes, mais quand même. Elle me disait qu’elle préférait rentrer seule alors je me mettais à rire doucement. Puis, elle concluait en disant que rien ne se passerait entre nous ce qui me rendait perplexe. « Ne vous en faites pas, j’avais déjà l’impression de tout ça. » Je riais doucement sans trop d’orgueil ou d’égo mal placé. Je sauverais les meubles de ma réputation un autre soir et de toute façon, c’était pas comme si elle était à refaire. « Laissez-moi vous raccompagner, la nuit les quartiers sont moins surs. » Je sortais mon porte-feuille lui montrant ma carte d’employé en tant que pompier. « Si vous voulez, conservez-la tout au long du trajet. L’idée de vous savoir seule dans ces quartiers sachant qu’il y a un pyromane à deux rues ne m’enchante guère, Grace. » C’était mon rôle de protéger les gens, non?

Peut-être qu’elle jugeait tout simplement trop vite, peut-être qu’elle prenait tout mal. Mais c’était dans sa nature d’être une pauvre personne qui se méfiait de tout le monde, c’était la première fois qu’elle sortait seule, alors forcément, elle voyait le mal partout, où il n’y avait pas forcément de danger. Mais, elle savait également qu’elle faisait confiance trop vite aux gens et, bien que Chase soit un homme galant et charmant, elle ne voulait pas se faire avoir. Bien que les arguments qu’il donnait étaient convaincant, ça l’effrayait un peu plus, même. Elle posait son verre sur le comptoir puis passait une main dans ses cheveux pour exprimer son malaise. Grace qui refusait de croire que le mal existant dans cette ville devait se faire à la réalité, il y avait des harceleurs, des violeurs et d’autres personnes bizarres qui pouvaient roder, rien qu’en y pensant elle frissonnait. Jamais elle arriverait à se défendre seule, elle déteste la violente, physique ou verbal, ça la répugne, ça ne sert à rien. Tout se règle avec des mots et dans le calme, sans hausser la voix. « Je … euh ... » Son regard se tournait vers la carte qu’il lui présentait. « Merci. » Soufflait-elle, ses joues devenaient encore une fois pourpre, à croire que l’homme ne la verrait jamais avec un visage correct. « Nous y allons ? » C’était honteux de revenir sur ses paroles, pour elle, surtout. Inspirant, elle prise la route vers la sortie, ne sachant pas combien de minutes elle avait passé dans ce bâtiment, elle ressentait quand même le besoin de prendre une grande bouffer d’air. Une fois à l’extérieur, son regard se posait tendrement sur Chase, cherchant les excuses. « Désolée de vous avoir jugée, je n’ai juste … pas l’habitude. »

Je la voyais être déstabilisée et je la suivais en opinant. Nous ressortions du bar où le bourdonnement se calmait de mes oreilles. Grace s’expliquait ensuite sur le jugement et je haussais simplement les épaules. « Vous avez raison d’être vigilante, j’imagine. » En étant un homme, ça m’arrivait rarement de devoir faire confiance aux inconnus. Je ne tardais pas à la suivre à pieds en évitant les quartiers moins sûrs. « Quel était votre but en sortant ce soir, Grace? » Lui demandais-je sérieusement. Non mais, ce n’était pas de boire, ni de se faire payer des verres, ni de se ramener quelqu’un... Visiblement se dévergonder un peu, peut-être malgré tout ce qu’elle pouvait en dire. J’avançais toujours près d’elle tout en conservant une distance raisonnable pour ne pas l’effrayer. Elle ne semblait pas être chaste et croyante, mais bon, qu’est-ce que j’en savais après tout. Grace devait sans doute me prendre pour le pire des cons, mais relativement protecteur. « Et où habitez-vous exactement? » lui demandais-je afin de prendre le chemin le plus court possible pour lui épargner des pas à talons hauts.