d is for dangerous -r.

Depuis que tu avais appris la nouvelle, qui poiuvait changer ta vie, tu reprenais un peu tes vieilles hbaitudes, à savoir, te cacher. Et fuir. Tu étais bon pour ça, mais tu ne pouvais pas fuir éternellement. Plus maintenant. Tu devais assumer les responsabilités qui étaient tiennes. Mais pas ce soir, non, ce soir, tu allais aller au cinéma. Regarder un bon film bien sanglant, pour te changer les idées. Et ça tombait bien, ils repassaient les Freddy. Les Griffes de la Nuit. Après avoir acheté un peu de popcorn, parce que tu faisais partie de ceux qui aimaient manger en regardant un film, même si ça peut déranger les autres. Tu t'en foutais un peu. Tu entrais dans la salle, cherchant où te mettre. Très rapidement, au milieu de la salle, tu remarquais une jeune femme seule. Tu t'y dirigeais rapidement. « Ça vous dérange si je me mets à côté de vous ? » La salle était immense, et désertique. Mais tu n'aimais pas être seul dans un coin. Et puis il fallait être honnête, tu devais éclaircir un point avec elle avant qu'elle te jette comme un malpropre. Ce qui était son droit au fond. « Pour être honnête, ce genre de film m'effraie un peu, mais j'aime bien les regarder. Du coup, votre présence à côté de moi, me rassurerait un peu.. » Tu lui offrais un sourire, elle allait te prendre pour un fou. Mais bon, qu'avais-tu à perdre ? Elle se rendrait bien compte pendant le film que tu ne mentais pas.

Elle n'avait jamais regardé un film d'horreur, ce genre de films étant rempli de démon à ses yeux, la violence et la peur n'était pas bon. Grace voulait se réfugier dans le péché, mais ce soir, ce n'en était pas un. Grace n'a jamais connu plus grande peur dans un film qu'une mort naturelle ou mal préparé, alors elle voulait voir ce que les gens appelaient de “peur de leur vie”. Est-ce que ça faisait si peur ? L'horreur est-il la naissance du Diable présenter aux yeux de tous ? Elle voulait avoir une certitude. Armée d'une petite balle relaxante et de son courage, elle était rentrée dans cette pièce sombre pour aller voir Les Griffes de la Nuit . Grace n'a pas cru bien faire en regardant une bande-annonce, elle s'était jetée directement dans la gueule du loup.

Il n'y avait pas grand monde dans la salle, mais ça rassurait Grace qui, si elle avait trop peur, allait pouvoir partir en tout quiétude, sans se soucier de déranger les autres personnes qui regardent aussi le film. L'ex-sœur essayait de se faire une image du film en s'aidant du titre, elle n'avait vraiment aucune idée de ce pouvait être ce classique de l'horreur. Ses recherches furent interrompues par un charmant homme, Grace ne se posait pas vraiment de question sur les places qu'il y avait dans la salle. Alors qu'elle allait prendre la parole, l'homme jugeait bon de se justifier.  « Bien sûr, elle ne m'est pas réservée et j'ai suffisamment avec un siège. »  Disait-elle avec un sourire angélique. Puis si le film était si effrayant que ça, elle avait quelqu'un à qui s'accrocher.  « Votre présence à mes côtés ne peut m'apporter que du bon. »  Elle avait peur de lui parler comme quand elle parlait à ceux qui confiaient leur péchés.  « En échange de cette place, j'aurais le droit de vous voler des pop-corn, j'espère. »  Concluait-elle, amusée. S'il acceptait, elle allait mettre un autre péché capital en jeu : la gourmandise puisqu'elle avait déjà mangé avant d'arriver au cinéma.

Elle ne te quittait pas des yeux, et toi non plus. L'écran était gris, les publicités n'avaient pas encore commencé. Tu avais repéré un homme plus en haut et à gauche d'elle. Une cinquantaine, peut-être plus. Tu ne voyais pas très bien de loin, l'âge peut-être, ou une maladie des yeux, qui t'obligerait à porter des lunettes ? Tu n'espérais pas ça. Tu trouvais que ça ne t'allait et en plus tu aurais l'air d'un vieux pépé. Tu n'avais que 34 ans, tu ne voulais pas paraître plus vieux que tu ne l'étais. « On ne sait jamais, vous auriez pu être de ceux qui n'aiment pas qu'on les colle alors que la salle est déserte. » Elle aurait pu effectivement, mais elle te semblait bien trop gentille ou polie pour être une aussi grosse conne. Au fond, quel mal y avait-il à vouloir être plus proche d'une personne ? Certes, ça pouvait passer comme une intrusion dans la sphère de bien être de certaines personnes. D'autres pouvaient penser que c'était pour mieux se faire aborder ou draguer lourdement. Ce n'était pas ton cas. Tu voulais juste une présence réconfortante, et son sourire, tu suffisait amplement. Et puis, tu aurais peut-être l'occasion de la connaître un peu plus avant que le film commence, et toi qui aime jouer le séducteur, c'était un plus. Heureusement, tu savais être subtile. Enfin, c'est comme ça que tu t'imaginais, tu n'insistais pas si on ne voulait pas de toi. « Dans ce cas, mon popcorn est vôtre ! » Tu t'installais donc à sa droite, posant ton sachet dans le petit truc en plastique qui servait à le poser, entre ton siège et le sien pour qu'elle puisse en profiter comme promis. Tu n'avais qu'une parole et tu t'y tenais toujours. Tu lui offrais un sourire poli, comme pour la remercier d'avoir accepté. Comme si elle venait de changer ta vie. « Et si vous aussi vous avez peur, n'hésitez pas à attraper ma main et la serrer fort ! » C'est ce que tu faisais tout seul, d'habitude, pour donner l'impression que tout ça n'était pas réel, que ce n'était que des images défilant sur un écran, où tout est truqué.

Les lumières étaient toujours allumées dans la salle, ce qui laissait le temps à la blonde d'analyser le visage de celui qui voulait s'installer à côté d'elle puis à son intervention, elle se mise à regarder autour d'eux, c'est vrai qu'il y en avait des places dans cette salle. « Vous êtes un homme chanceux, on m'a appris à partager. » Disait-elle en se remettant droite sur son siège, elle se serait mal vu refuser la présence de quelqu'un. La méchanceté n'était pas un de ses défauts, elle était bien trop gentille et c'est ça qu'elle voulait changer principalement, même si ça allait se réveiller difficile. Quand par la moitié de la ville vous êtes plus connu sous le nom de Sœur Grace ou vous êtes même vu comme la gentillesse incarnée, c'est difficile de se créer une autre identité. Aucun autre religieux ne penserait ça, mais le but de Grace est de devenir un ange déchu. « Parfait. » Elle regardait en face d'elle de peur qu'il remarque qu'elle le regarde, alors que d'un point de vue, il était la seule chose intéressante à regarder. Quand elle osait poser un regard dans le sien, elle le vit sourire. Automatiquement sa tête partie dans le sens inverse, comme si regarder une autre personne était interdite. « Je crois que je vais vous tenir la main toute la soirée dans ce cas. » Grace sortit sa petite balle anti-stress de la poche de son manteau avant de commencer à jouer avec. Dire des choses pareilles n'étaient pas dans ses habitudes, elle avait presque l'impression de draguer l'autre personne, alors ce de toute évidence, ce n'était pas ça. Du moins, elle espérait. « J'espère que vous ne tenez pas vraiment à l'état de vos mains. Mes ongles ressemblent plus à des griffes ces temps-ci. » Sortait-elle en rigolant.

Sa remarque t'amusait, tu pouvais le dire ainsi, et tu ne te fis pas prier en fait. « Je suis un homme chanceux alors ! » Tu esquissais un léger sourire. Elle était amusante, elle fuyait ton regard, comme si elle avait peur de toi, comme si elle était intimidée. A y penser, tu trouvais qu'elle avait un visage assez jeune, peut-être avait-elle tout juste la majorité, peut-être était-ce la première fois qu'elle se faisait draguer par un homme de ta catégorie. Tu faisais clairement plus vieux à côté d'elle. Et elle allait te faire rougir presque, très vite tu te prenais au jeu. Tu la regardais du coin de l’œil, en détournant rapidement le regard lorsque tu voyais qu'elle s'apprêtais à poser le sien sur toi. Vous alliez pouvoir jouer à ce jeu très longtemps. « Ne vous en privez pas. » Tu posais ta main, paume vers le plafond pour qu'elle puisse la saisir si jamais. Même si tu avais vu la petite balle qu'elle tenait dans la main. C'était pas bête comme idée, toi aussi tu aurais du en prendre une. Peut-être la prochaine fois, si l'idée ne s'envolait pas de ton esprit. « Mes mains sont un peu mon gagne pain, mais je saurais m'en accommoder. J'espère que vous tenez pas trop à vos oreilles parce que je risque de monter dans les aigus.. » Au moment de finir ta phrase, tu fis un léger sursaut, en voyant l'image apparaître sur l'écran. Les publicités commençaient, la lumière n'allait pas tarder à s'éteindre, et le film à démarrer. Il n'était pas encore trop tard pour faire demi-tour et prendre tes jambes à ton cou.

Un homme chanceux, c'était ça. De plus, Grace était plutôt discrète au cinéma, dans sa vie tout court, faire des commentaires pendant un film et déranger les autres étaient deux choses qu'elle évitait de faire depuis des années. Pour son voisin et pour les autres dans la pièce qui seraient susceptibles d'entendre. « Très. » La discrétion, c'est bien. Elle n'attire pas l'attention sur elle, il y a fort longtemps, on appelait ça un péché de vaine gloire, mais Grace ne l'a jamais considéré. Elle posait son regard sur la main de son compagnon de salle, puis elle sentait ses joues prendre des couleurs, elle ne voulait pas le laisser plus longtemps dans cette position, alors elle entremêlait ses doigts à ceux du charmant brun tout en continuant à jouer avec sa petite balle de l'autre main. Elle lui lançait un regard timide, un léger sourire s’étirait sur ses lèvres, comment de toute sa vie pouvait-elle s'être passée de tenir la main d'un homme ? C'était un geste plutôt rassurant à ses yeux. « Êtes-vous masseur ? Masser avec des mains détériorées, ça peut n'être agréable pour personne … Alors promis, je tente de ne rien faire d'autres que vous tenir la main. » Elle laissait une légère pause. « Dommage pour mes oreilles, elles ne pourront plus entendre le doux son de votre voix. » Une lueur brillait dans ses yeux pendant qu'elle le regardait. Puis elle ne pût s'empêcher de rire quand il avait sursauté. « Ne me faites pas peur comme ça ! » Son regard se posait sur l'écran, puis d'un coup, une boule serrait son ventre, l'angoisse était déjà présente avant même que le film commence. Elle penchait sa tête vers son partenaire pour lui murmurer à l'oreille. « Est-ce que c'est un film qui fait vraiment peur ? C'est la première fois que je vais en voir un au cinéma et je vous avoue que j'aurais aimé par un film pas trop effrayant. » Elle faisait déjà des hallucinations depuis qu'elle avait arrêté d'aller à l’Église et qu'elle avait commencé à péché sans aller de se confesser par la suite, alors elle ne voulait pas se réveiller en pleine nuit en ayant peur d'aller dans son salon.

Tu avais tendu la main, et tu ne t'attendais pas à ce qu'elle l'attrape aussi vite alors que le film n'avait pas commencé. Mais tu n'allais pas la repousser non. Ca faisait tellement longtemps qu'une main n'avait pas tenu la tienne, tu avais presque oublié la sensation que ça te donnait, les sentiments que ça te procurait. Sa peau est si douce, avec ton pouce, tu ne peux t'empêcher de lui caresser doucement la main. L'habitude sûrement, en espérant que cela n'allait pas la mettre mal à l'aise. Tu eus un sourire amusé en l'entendant te demander ce que tu pouvais bien faire comme métier. Tu aurais pu être masseur, au fond, ça aurait été un beau métier, mais ce n'était pas celui qui te faisait vibrer. « Non, je suis couturier, enfin tailleur, mais je fais un peu tout comme vêtement, alors si un jour vous avez besoin d'une robe de princesse, je serais votre homme sans problème ! » Tu lui faisais ta pub, ce n'était pas trop ton genre de te vanter, mais tu aimais bien créer des robes. Tu adorais ça, tu ne vivais que pour ça, surtout pour les faire porter par des femmes. Ce qui était plus pratique qu'un homme, tu devais le reconnaître. Tu ne savais pas où te mettre lorsqu'elle te complimentait sur ta voix. Parce que ce ne pouvait pas être vrai, c'était un mensonge, ou alors, on t'avait toujours menti. Tu avais un doute sur savoir qui croire. « Pourtant on m'a déjà dit que j'avais une voix désagréable.. » Tu ouvris les lèvres pour lui montrer toutes tes dents et lui faire un sourire désolé, tu ne voulais pas lui faire peur. Surtout, que si tu commençais comme ça, tu allais la rendre folle de panique pendant la séance. « Alors je pense que vous n'auriez pas du rentrer dans cette salle.. Ce film est assez effrayant, mais c'est ce qui me plait à moi. » Tu devais sacrément être frappée pour t'infliger ça. Mais on ne contrôle pas toujours ses peurs, ni ses envies. C'était bien pour ça que tu te retrouvais dans cette salle de cinéma déserte, prêt à regarder un film qui allait te faire avoir des cauchemars.

Ça lui faisait bizarre de tenir la main d'un homme, elle se sentait gênée mais apaisée, rien ne faisait peur pour le moment, mais ça lui était venu tout seul ; il fallait qu'elle tienne la main de cet homme. Quand il commençait à lui caresser la main avec son pouce, elle ne put s'empêcher de lâcher sa balle pour mettre sa main libre devant sa bouche pour camoufler un léger sourire. Grace n'enlevait sa main que lorsqu'il parla de son métier. « J'ai toujours rêvé d'une robe de princesse, mais je n'en ai pas spécialement le besoin. » Et les moyens, elle ne travaillait plus, mais faisait toujours quelques passages dans les quelques associations où elle était bénévole avant de partir sans prévenir. « C'est quand même un très beau métier … Avez-vous déjà réalisé des robes pour des défilés ? » Il semblait gêné par le compliment de l'ex-sœur, avait-elle dit quelque chose de travers. Elle fit un petit regard désolé envers son voisin de siège. Puis son regard triste fut vite remplacer par un regard plein de surprises. « Vous ? Une voix désagréable ? Moi je l'aime bien votre voix, puis elle ne prêche que des bonnes paroles. Ça vous donne un charme supplémentaire à mes yeux. » Elle avait dit un mauvais mot dans sa phrase. Jetant son regard dans tous les recoins de la salle. Grace ne voulait pas qu'il sache pour son ancienne occupation, elle avait souvent été victime de moqueries à cause de son métier et maintenant qu'elle l'avait arrêté, elle ne voulait pas que ça lui porte encore préjudice. « Étrange ... » Elle fit un rire angélique tout en le regardant, espérant croiser son regard. « Je devrais sans doute partir alors … Mais être seule, ce n'est pas amusant. » Elle se redressait sur son siège, réfléchissant encore un peu à son destin ; rester ou partir ?

Tu l'avais écouté avec la pus grande des attentions, un sourire se dessinait sur ses lèvres, et tu posais ton regard dans le sien, avant de lui souffler doucement. « Je serais ravi de vous en confectionner une, même si c'est pour faire le ménage chez vous. » Bon bien sur, ce n'était pas le genre d'utilisation que tu souhaitais à une robe. Après, tu ne pouvais pas non plus faire en sorte qu'elle assiste à un grand événement qui nécessiterait une jolie robe de soirée. « Non pas encore, je ne suis assez connu pour ça, j'ai une réputation, mais pas suffisante on va dire. » Un rêve, peut-être qu'un jour, tu réaliserais la robe de mariée d'un grand défile, peut-être que tu aurait ta propre collection. Mais pour le moment ce n'était pas à l'ordre du jour. « Eh bien, je vous en remercie. » Son compliment te faisait chaud au coeur. Tu n'avais même pas réalisé le mot religieux qu'elle avait glissé dans sa phrase, puisque tu t'étais arrêté au fait qu'elle trouvait que tu avais une belle voix. Tes deux ex-femmes seraient sciés d'entendre ça. Mais ce n'était pas ce qui était important. « Si vous ne pensez pas le supporter, alors sortir pourrait être une bonne idée ! » Bien sûr, tu ne voulais pas qu'elle parte, tu te sentais apaisé et perdre le contact de sa main, mais tu ne l'obligerais pas à regarder le film juste pour la garder auprès de toi, ça aurait été égoïste et ce n'était pas toi. Tu relâchais donc la pression que tu avais sur sa main, pour lui montrer que si elle voulait partir, elle était libre de le faire.

Il lui était sympathique bien qu'un peu orgueilleux sur l'instant, il lui vendait un peu trop son produit, pourtant le sourire de la jeune femme ne la quittait pas un seul instant. « Je n'oserais pas déshonorer votre talent pour les robes en passant la serpillière chez moi. » Elle finissait par rire, elle ne s'était jamais habillé avec une tenue de tailleur il faut dire, pour elle, un travail doit être reconnu et non souillé, si elle devait faire appel à un tailleur ce ne serait que pour son mariage ; si elle se marie. « Ce n'est pas moi qu'il faut remercier. » Elle n'avait fait que le constat, rien de plus. Elle s'était promis d'arrêter de penser à celui d'en haut mais c'était bien lui qu'il fallait remercier pour l'avoir créé de la sorte. Maintenant, elle se sentait mal de le laisser, ce n'était pas dans ses habitudes d'abandonner des gens. Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire, mais elle sentait qu'elle se rapprochait un peu trop de l'homme qui se trouvait à côté d'elle. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Lui tenir la main, lui fait des compliments et lui promettre qu'elle va aller le voir pour une de ses robes, alors que de toute évidence, elle ne le ferra pas avant un moment, ce n'était pas elle. La main de l'homme qui se desserrait, voulait presque tout dire à ses yeux. Mais s'il angoissait tout seul, elle ne pouvait pas le lâcher. La jeune femme se sentait soudainement tiraillée entre deux idées. « Je vous ai promis de rester à vos côtés le temps d'un film … » Elle lui lançait un énième regard. « Je dois vous avouer que j'ai un peu trop peur. » Peut-être que son premier film d'horreur devait être regardé chez elle, au moins, si sa peur était trop forte, elle pourrait arrêter le film. Elle enlevait sa main de la sienne, abordant un sourire moins éclatant. « Je serais toujours avec vous dans la pensée, n'est-ce pas ? » Disait-elle en riant. « Bon film, cher inconnu. » Elle se levait avant de repartir dans le plus grand silence, n'osant pas vraiment regarder l'inconnu.

Sa réponse t'amusait. C'est vrai que faire les ménages en tenue de soirée, ce n'était pas ce qu'il y avait de plus confortable, tu ne pouvais non plus dire que c'était un rêve. Mais au moins, tu avais eu une vision divine en l'imaginant passer le balai dans la dernière petite robe que tu avais confectionnée. Bien qu'elle appartenait à Tallulah, tu la voyais bien aussi aller sur ta partenaire de cinéma. « Je suppose que je dois remercier mes parents, une question de gênes sûrement. » Évidement, elle venait de faire une nouvelle allusion au grand être supérieur, mais tu n'étais pas assez aguerri pour comprendre ce genre d'allusion. Alors tu avais pensé au plus simple, à tes parents. Une question de génétique, ou un quelconque truc dans ce domaine. « Je comprends.. » Tu jetais un coup d'oeil sur elle. Elle semblait vraiment triste de te laisser tomber, mais tu tentais de lui offrir un beau sourire pour la rassurer et lui faire comprendre que ce n'était pas grave. Tu la soutenais dans son choix, et toi-même tu aurais pu prendre la fuite, si tu ne l'avais pas vu, tu aurais sûrement pris la poudre d'escampette. Tu la regardais s'en aller. Une fois qu'elle avait disparu de la pièce. Tu regardais les pubs, un message s'affichait pour dire d'éteindre le téléphone puisque le film allait commencer. Et tu t'étais levé pour sortir d'ici. Il fallait que tu la rattrapes au plus vite. Par chance, elle n'était pas allée très loin, tu n'eus pas de grande difficultés à la rejoindre. « Vous seriez libre pour aller manger un morceau ? » demandais-tu en souriant avant de déclarer plus doucement. « Je n'étais pas sûr de pouvoir le supporter sans vous ! » Tu fis un grand sourire.

Oui, il devait remercier ses parents, mais pas que. La trentenaire se contentait de sourire pour ne pas en dévoiler plus sur elle ; personne ne devait savoir qu'elle était une ancienne sœur qui priait pour le bon de tout le monde. Non. Ceux qui ne la connaissent pas allaient connaître la nouvelle Grace. Celle qui a tout abandonnée pour vivre une nouvelle vie même si elle ne sait pas si ce serait pour le meilleur, mais elle voulait profiter. Elle quittait la salle en le laissant seul, en se sentant mal, en se sentant cruelle envers lui. Grace ne voulait pas se retourner, mais une fois sortie de cette salle ses pieds ne voulaient plus faire marche avant. Elle s'en voulait terriblement d'avoir fait une promesse et de la rompre ainsi en laissant cet homme qui s'est montré gentil et charmant envers elle, seul contre ce film. Un soupire puis elle repartait sans faire attention à ce qu'il y avait autour d'elle et en déculpabilisant au plus. Tête baisser contre tous les obstacles et les regards, main dans les poches, Grace avait une tête assez triste. Mais son visage fût comme illuminé quand elle entendit cette voix familière, celle de l'homme. Précipitamment, elle se retournait toute sourire. « Eum … euh … Oui. »    C'était la première fois qu'elle était invitée par un homme, ça la mettait presque dans tous ses états. Ses phrases étaient trop adorables pour être vraies, elle se sentait presque dans un film ou un rêve. Comment avait-elle pu passer à côté de ça pendant toutes ses années ?  « Je suis désolée, mais même si j'avais confiance en vous pour me protéger du mal de ce film … j'avais bien trop peur. »  Passant sa main dans son cou, elle se mise à rire. « Mais nous voici de nouveau réuni. »  Elle sortait ses mains de ses poches pour faire moins malpolie. « Où voulez-vous allez ? »  Oubliant complètement qu'elle avait déjà un peu mangé avant d'arriver au cinéma. Mais comment refuser son invitation ? Comment refuser tout court à un homme aussi attrayant ?

Elle s'était retournée sur le son de ta voix. Tu te trouvais chanceux, en plus elle souriait. Elle ne te fuyait pas mais la salle, parce qu'il est vrai que pendant un instant, tu avais eu un doute à savoir ce qu'elle fuyait. D'ailleurs, à peine tu fus prêt d'elle qu'elle s'excusait encore. Tu la trouvais amusante, personne ne s'était autant excusé devant toi, et tu sentais bien qu'elle devait le faire, comme si elle devait justifier chacun de ses choix. Un peu comme pour expier et expliquer une faute. Tu eus un rire amusé en l'entendant parler ainsi, avant de reprendre la parole sur un ton léger et enjoué. « Ne vous en faites pas, je comprends tout à fait. » Tu te pinçais les lèvres avant d'ajouter. « La preuve, je suis là devant vous au lieu de regarder un film qui pourrait me faire pisser dans mon pantalon. » Après avoir dit ça à voix haute, tu réalisais que ce n'était pas trop une chose à dire. D'autant plus quand on se trouvait en présence d'une dame. Parce que oui, ce n'était pas une simple jeune femme, elle dégageait quelque chose qui te poussait à être un peu plus respectueux. « Une boule de glace vous tenterait ? A moins que vous ayez une grosse faim ? » En ce qui te concernait, tu mangeais tout le temps, et tu n'étais pas de ceux qui ne prenaient pas un gramme, au contraire. Mais tu faisais aussi ce qui était nécessaire pour perdre tout le poids pris.

Il devait comprendre ses excuses, ce n'était pas sympathique de sa part de rompre une promesse, elle s'en voulait toujours un peu, mais le voir en face d'elle la rassurait ; elle avait promis de rester à ses côtés et, elle était encore à ses côtés, même si ce n'était pas à l'endroit voulu. Pisser dans son pantalon ? La femme fronçait les sourcils avant de se mettre à rire. « Il y a une certaine délicatesse dans vos paroles. » Plaisantait-elle. Faut dire que ses paroles ne la choquaient pas vraiment, mais une petite voix lui disait que c'était une parole de mauvais goût ; elle préférait laisser cette voix de côté et profité un peu, bien que ses paroles à elle allait rester toujours dans le même respect. Peut-être même qu'elle parlait comme une personne âgée, mais on lui a toujours inculqué les bonnes paroles, alors elle ne se sentait pas capable de dire d'insultes ou parler familièrement. Si elle le pouvait, elle serait même capable de vouvoyer ses amis ; Dieu merci ce n'est pas le cas pensait-elle avant de sortir de ses pensées. « Non, non ! De la glace, ça me va. » Toujours ce même sourire qui restait définitivement planter sur son visage, elle s'en fichait un peu de ce qu'elle allait pouvoir manger en la compagnie de cet homme. Grace n'était pas une grosse mangeuse, la gourmandise étant un péché quand elle était dans la religion, elle ne grignotait jamais pour caler sa faim avant les repas. « Il va falloir que vous me guidiez par contre, je ne sais pas du tout où il y a un stand de crème glacée. » Elle passait une main devant sa bouche pour montrer sa culpabilité.  

Une certaine délicatesse ? Tu n'y croyais que moyennement, pour toi tu avais eu des propos un peu déplacé, enfin surtout en compagnie d'une étrangère. Ce n'était pas le genre de détail qu'on donnait à une inconnue. « Vous êtes tellement aimable. » Tu avais souri doucement. En l'écoutant depuis la première fois que tu lui avais adressé la parole, elle n'avait eu des mots doux et touchants. C'était presque trop adorable, trop surréaliste, comme si c'était imaginaire. Comme si elle sortait tout droit d'un film ou d'un livre, avec son air si innocent. « Ne vous en faites pas, j'ai l'adresse qu'il faut. » Tu avais eu un sourire amusé en la voyant mettre une main devant sa bouche. Elle était rigolote et ce n'était pas le genre de réaction que tu avais l'habitude de voir. Bon te priver de sortir était un peu handicapant, mais de toutes les femmes que tu avais connu, il y en avait pas deux comme elle. Tu avais fait un pas en avant, puis te retournais vers elle pour voir si elle te suivais. « On y va ? » Tu avais tendu ta main en sa direction, pour qu'elle l'attrape de nouveau et que vous filez à toutes vitesses comme des gamins insouciants. Ou pour l'accompagner dans la nuit, la garder près de toi, comme un homme égoïste, ne voulant pas partager.