it's not like the movies.

« Depuis combien de temps, je ne suis plus allé au cinéma, moi ? » Telle est la question que ne cessait de se poser Swann McAllister. Le jeune homme, qui pourtant se rend régulièrement voir des films à l’affiche, a du mal à se souvenir du dernier film qu’il était allé voir. De sûr, il ne s’agit pas du dernier Batman ou bien encore de Avengers, car il n’a vu aucun de ces deux films. Il pense plutôt au film de Katy Perry. Après avoir acheté sa place, il en fut d’ailleurs pleinement convaincu. Sauf que ça remonte au mois de Juillet et qu’aujourd’hui, nous sommes … en Octobre. On peut donc dire que ça fait longtemps. Il a cependant l’intention de se rattraper, d’une façon ou d’une autre. Un passage au cinéma n’est pas digne de ce nom, sans faire le plein de nourriture. Pour un total de 7 dollars, Swann eut un cornet de pop-corn, un soda, un paquet de bonbons colorés et un autre de chips. Se sentant assez armé, il se dirigea vers la file, peu importante, afin d’aller voir le dernier film de Tim Burton. Nous étions samedi, en fin d’après-midi. Swann avait terminé sa garde et voulait être tranquille jusqu’à lundi. Sauf qu’il ne pensait pas que son week-end allait être un petit peu particulier. Il suffit de voir cette silhouette, cette couleur de cheveux et cet air involontairement séducteur pour le comprendre. « Tiens, si je m’attendais à te voir ici. »

J'ai bien beau adoré la lecture, la culture, la psychologie et l'apprentissage, mais rien n'empêche que quelques fois, je ressens l'immense besoin de changer d'air, de voir ailleurs... Ce n'est pas à passer ses journées la tête dans les bouquins qu'on apprendra le plus. Je suis de ceux qui croient que la vraie vie, elle s'apprend d'une succession d'expériences et non pas dans les livres et dans la théorie. J'avais donc décidé, en ce samedi après-midi, de prendre du temps pour moi et d'aller voir un bon film au cinéma. À quand remonte la dernière fois ? Je ne le sais plus... Sans doute une fois où j'y suis allée avec des potes de l'université et encore là, je n'en suis pas si sûr. Ayant prévu le coup d'avance, j'avais fait mon entrée au cinéma local au moins une demie heure avant la représentation du film que je comptais aller voir : le dernier de Tim Burton. J'étais passé par le kiosque de friandise et je m'étais pris un grand sachet de popcorn et des gummy bears. Ça fait presque adolescent, mais quelques fois, ça fait du bien. J'en oubli que j'ai presque la trentaine. Une fois en file pour entrer dans la salle, j'entendis une voix derrière moi. Ce n'était pas une voix inconnue, loin de là. Et même s'il y a quelque temps j'aurais voulu nier la connaître, maintenant je ne pouvais juste plus passer à côté. Je me retourna, fit face à Swann et lui offrit mon plus beau sourire. « Hey. Je ne m'attendais pas du tout à te voir là. » Évidemment que je ne m'attendais pas à le voir ici... Depuis près de six mois que nous ne nous étions pas croisés...

Après s’être équipé en confiserie et autres gourmandises, qui s’imposent lors d’une séance de cinéma, Swann McAllister se rendit dans la file d’attente. Elle était plutôt courte et le jeune homme espère qu’elle ne grandira pas trop. Il n’avait pas spécialement envie que la salle soit bondée. Mais, au bout de quelques secondes, ce point ne fut pas le plus important aux yeux de Swann. Il y avait une personne en particulier qui attirait toute son attention, dans la file d’attente. Une personne qu’il connait que trop bien et qu’il ne peut pas, non plus, oublier. En même temps, comment oublier ses cheveux presque blonds ? Son regard perçant et son sourire craquant. Cette attitude si distingué qu’elle fait fondre Swann en quelques secondes. Sans oublier bien sûr cette paire de fesses, qui ferait damner presque n’importe qui. « Hey. Je ne m'attendais pas du tout à te voir là. » Ce qui est normal en même temps. Le pompier n’avait plus adressé la parole et n’avait plus eut de nouvelles de son ancien petit-ami depuis six mois maintenant, quand ils se sont croisés à une fête en début d’année. Non pas qu’ils se détestent ou autre, c’est juste que les circonstances et leurs vies ont fait qu’ils n’ont plus eu l’occasion de se voir. Jusqu’à aujourd’hui. « Tu vas bien ? » demanda Swann. « Je vois aussi, qu’on va voir le même film. » Non, non, Alexus était juste pour faire une partie de flipper avec des flamants roses. Mais, c’est alors que sans s’en rendre compte, McAllister proposa : « On peut le voir ensembles, si ça te dit. Sauf si tu es avec quelqu’un, bien sûr. »

Ça me faisait étrange de me retrouver près de Swann. Ça devait faire quelques mois que nous étions passés en silence radio. C'était arrivé comme ça, sans crier garde. C'est pas comme si nous nous étions dit « là on arrête de se parler. » Ça c'est plus fait de façon imprévu et bien que je n'ai jamais souhaité le perdre de vue, c'est malheureusement ce qui c'est produit. Là, nous étions réuni par la force du hasard et j'en étais assez heureux, bien que ce soit un peu awkward. « Tu vas bien ? » me demanda-t-il, un peu par politesse. Je lui fis un sourire qui voulait tout dire. Le fait que nous soyons dans la même file d'attente voulait bel et bien dire que nous allions voir le même film, mais il tenu quand même à le dire pour que nous en soyons encore plus conscient tous les deux. « On peut le voir ensembles, si ça te dit. Sauf si tu es avec quelqu’un, bien sûr. » finit-il par demander. De quoi aurais-je l'air si je le repoussais ? Après tout, je ne lui en veux pas. Et je n'ai aucune raison de lui en vouloir. « Mais bien certainement. Ça me ferait plaisir, même. » dis-je, toujours en souriant. Ça me faisait plaisir d'être là en même temps que lui et ce qui me fait encore plus drôle c'est que si je n'étais pas sorti de mes bouquins cette journée-là, peut-être que je ne l'aurais recroisé que dans un an... Ou même plus. « Sinon... Quoi de neuf ? » demandais-je par curiosité....

Swann ne se rendait pas compte de la situation dans laquelle il se trouvait actuellement. Il ne se rendait pas compte qu’il était, en gros, en train de renouer des contacts avec son ancien petit-ami. Pourtant, la logique même des relations amoureuses veut qu’on évite, autant que possible, de passer du temps avec ses anciennes histoires d’amour. Même si on n’a pas forcément rien contre la personne, c’est juste que ce genre de choses peut devenir dangereuses. Mais, Swann n’en avait absolument pas conscience pour différentes raisons. La première, et la plus importante, c’est qu’il est avec Alexus, son Alexus. Ce n’est pas n’importe qui pour lui, et il ne sera jamais n’importe qui pour lui. Si McAllister devait citer un homme qu’il a aimé sincèrement, ça serait lui. La seconde raison qui pousse l’australien a agir de la sorte, c’est que c’est plus fort que lui. En étant à côté de ce beau blond, il perd tous ses moyens et c’est tout juste s’il ne se transforme pas en une adolescente de quatorze ans, aux sentiments à fleurs de peau. « Mais bien certainement. Ça me ferait plaisir, même. » accepta alors Alexus, pour aller voir le film ensembles. Le pompier eut un sourire, plus grand qu’il l’aurait fallu. Il vient alors se mettre à côté de son compagnon de cinéma, montrant ainsi à lui-même et aux autres qu’Alexus est à lui et qu’ils n’ont pas intérêt d’être dérangés. La file commença à avancer progressivement. « Sinon... Quoi de neuf ? » Forbes s’était montré un peu hésitant, dans le sens où il cherchait à combler la conversation. Mais, en même temps, c’est une réaction, une attitude normale. Les deux hommes, après avoir eu leurs tickets poinçonnés par un employé du cinéma, entrèrent dans la salle. « Pas grand-chose. » répondit Swann. « Je viens de terminer une garde et je profite de ne pas être en service. Et toi ? Tes cours se passent bien ? » Swann résista à l’envie de demander « tu as finalement eut envie de te mêler au monde des vivants », se souvenant à quel point les études de son ex sont importantes pour lui (à juste titre, d’ailleurs). Ils finirent par prendre place, au fond de la salle, et Alexus laissa passer Swann. Toujours aussi galant.

On pénétra finalement dans la salle, prenant place tout en haut de celle-ci. J'ai horreur d'être assis directement devant la toile. Ça donne des crampes dans la nuque à la fin de la représentation ! Je pris une grande inspiration en prenant place sur mon siège, Swann juste à côté de moi. Je me sentais étrangement mal qu'il soit à mes côtés, là. Ça fait quand même quelques mois que nous étions en silence radio alors je ne sais pas exactement comment me comporter avec une personne « nouvellement retrouvée ». Finalement, il répondit à ma précédente question, l'air de rien. « Je viens de terminer une garde et je profite de ne pas être en service. Et toi ? Tes cours se passent bien ? » Je haussa les épaules, ne sachant pas trop s'il voulait que je réponde franchement ou s'il se contenterait d'un simple « oui, ça va. » Après un moment de réflexion, je me décida à enfin lui dire. « Ça va plutôt bien. Pas comme je le souhaiterais, mais ça va. Ça ne peut pas être parfait… Sinon, j'aurais plus de vie ! » ajoutais-je, en souriant. Les études sont la chose qui gobe le plus de mon temps et c'était même le cas quand Swann et moi avons commencé à être ensemble. À croire que je ne change pas, même après un long moment. « T'es toujours seul ? » finis-je par demander, par simple curiosité. Je n'avais pas peur de dire les vrais choses et plutôt que de tourner autour du pot en se demandant qui ferait le move en premier, je pris sur moi et je fonça. J'avais entendu dire entre les branches qu'il était seul, mais entre ce qu'on dit et la vérité, c'est deux choses...

Alexus et Swann prirent place au fond de la salle, en hauteur. Tous les deux aimaient être à ce niveau de place. Ils ne chopent pas un mal de cou en regardant l’écran, ils peuvent observer la salle à leur guise et ils sont quasiment sûrs de n’être vu par personne, s’ils ont envie de s’embrasser ou bien encore de se faire des câlins. Sauf que cette dernière option n’est plus possible, étant donné qu’ils ne sont plus ensembles actuellement. « Ça va plutôt bien. Pas comme je le souhaiterais, mais ça va. Ça ne peut pas être parfait… Sinon, j'aurais plus de vie ! » répondit alors le beau blond, quand son voisin de fauteuil lui demanda comment se passent ses cours. Alexus est étudiant en sexologie et est quelqu’un de très appliqué dans ses études. Voir même trop appliqué. Dans un sens, c’est ce qui a eu raison de leur relation : le fait que Swann travaille alors que Alexus soit encore étudiant, alors que le pompier est plus jeune que l’étudiant, qu’il soit souvent prit par ses révisions examens etc. Swann demanda : « Tu en as, encore, pour combien de temps pour tes études ? » Si Swann ne dit pas de bêtises, on peut étudier pendant 7 à 8 ans après avoir obtenu ses diplômés à la fin du lycée. Lui a fait quatre ans d’études universitaires, d’ailleurs. C’est alors qu’Alexus posa une question. Qu’il posa LA question. « T'es toujours seul ? » Celle-là, Swann ne s’y attendait pas. Il haussa les sourcils, surpris et regarda son interlocuteur. « Euh … Oui … » Il était hésitant, comme s’il ne savait plus s’il était célibataire ou pas. Il se reprit et dit ensuite, en étant plus assuré. « Je suis seul oui. Et toi ? » Autant retourner la question et voir ce qu’il en est pour Alexus.

« Tu en as, encore, pour combien de temps pour tes études ? » me demanda Swann poliment. Je me souvenais du fait que mes études avaient toujours été un sujet plutôt intouchable lorsque le brun et moi étions ensemble. Il commençait sa vie professionnelle alors que moi j'étais dans les bouquins. Il rapportait plus d'argent alors que moi j'étais encore un misérable serveur dans un café du coin. À l'époque, j'en était au début de mes études. Je venais tout juste de poser mes valises à Bowen. New York m'avait ouvert tant de chemin, mais j'avais décidé de prendre possession du chalet que mon père m'avait légué, ici même, à Bowen. Je passa la main sur mon menton, tic nerveux sans nul doute, avant de répondre. « J'en suis à ma quatrième année. Je commence mon doctorat. Normalement, j'aurai fini quand ma thèse sera terminée. J'y travaille jour et nuit… Je fais des recherches, des analyses, des tests et… Bon. Je ne sais pas quand j'aurai réellement terminé. » finis-je par dire, voulant couper court à la conversation. Je ne souhaitais pas remettre ce malaise entre nous. Alors que les publicités débutaient à peine, Swann répondit franchement à ma question. Il était encore seul… D'une part ça m'étonnait et de l'autre, ça me rassurait. Ça me faisait un peu plaisir de ne pas être le seul à être encore sur le banc de touche. Je fis un petit sourire, quand même ravis de sa réponse. « Oui, seul aussi… Après tout, c'est pas un étudiant assidu comme moi qui fera tomber l'homme parfait… » affirmais-je en blaguant. « Mais ça m'étonne un peu pour toi… » avouais-je.