Lounox♦Let's stay up all night discussing how the stars aligned in just the right ways to bring us together, to this moment.

La tête dans ses dossiers, Lennox se réfugiait depuis quelques jours dans les demandes de ses clients. En même temps, il avait bien du temps à rattraper. Il avait dû remettre entre les mains de ses collègues les dossiers de ses clients actuels lors de sa cure de désintoxication, comme il ne pouvait plus traiter leurs demandes. Il avait également pris une bonne semaine de repos et d’ajustement à son retour chez lui, pour s’habituer aux effets de ses médicaments et s’habituer aussi à son nouveau mode de vie. Se replonger complètement dans le travail lui avait été déconseillé. Cependant, comme sa relation avec Lou était tendue depuis que les rédacteurs de ce stupide blog avaient sorti des histoires sur l’un et l’autre, Lennox voyait son travail comme une échappatoire. Il aimait Lou. De tout son cœur. Du plus profond de son âme. Mais il avait l’impression que sa demande en mariage l’avait fait fuir, et pire, que ça l’avait fait fuir dans les bras d’un autre. Cette rumeur le hantait. Loin de lui l’intention de lui mettre de la pression concernant leur vie future. Lennox voulait simplement lui témoigner tout l’amour qu’il lui portait, et pour lui, le mariage était une belle façon de s’unir. Il avait sans doute été trop pressé, et Lou avait pris peur. Ce n’était quand même pas une raison de le tromper dès qu’il s’était retrouvé dans une autre ville, en cure, déconnecté de tout monde social. Il était dégoûté rien qu’à l’idée d’y penser. Mais ce n’était pas la Lou qu’il connaissait. La douce Lou ne lui aurait jamais fait une telle chose, surtout pas dans un tel contexte. Alors il s’obstinait à se convaincre que ce n’était pas vrai. Qu’elle avait dansé avec un autre homme pour le plaisir mais sans plus. Le sortant de ses pensées, Lou appuya sur plusieurs notes du piano en même temps, elle qui jouait depuis un moment déjà, le berçant dans ses pensées. Il se leva d’un bond, se demandant ce qui se passait, et marcha jusqu’au salon où il trouvait Lou, assis dos au piano, regardant dans sa direction. « Dis Lennox, tu m’aimes ? » Avait-elle demandé, les mains posées sur ses cuisses, tête baissée. Le trentenaire soupira discrètement, s’avançant vers elle et posant un genou au sol pour être à sa hauteur. Il posa le côté de sa main sous le menton de sa belle, relevant sa tête, les sourcils froncés. « Bien sûr que je t’aime, Lou. Tu en doutes ? » Malgré tous les tourments qui l’habitaient, Lennox aimait Lou. C’était du contraire que lui doutait.

Les doutes de Lou étaient bien justifiés. Elle avait bien raison. Ils étaient dans cette zone grise depuis le festival. Ils ne savaient jamais totalement sur quel pied danser. Ils ne savaient jamais ce qui se passait réellement dans la tête de l’autre. Dès leur première rencontre, leurs sentiments avaient semblé aussi clairs que le ciel de ce soir-là. Sans nuage pour en effacer les étoiles. Malheureusement, un brouillard s’était installé et voilait son regard. Lennox n’arrivait plus à déceler les constellations dans le ciel, et sans son étoile du Nord, il se sentait un peu perdu dans cette immense forêt. Si seulement il avait pu, encore une fois, tomber sur la silhouette de Lou. Si seulement ils pouvaient se retrouver de nouveau et marcher le même chemin, même si c’était hors des sentiers battus. Tant qu’ils étaient l’un et l’autre. Comme la toute première fois. Quand Lou parla de sa maladie, Lennox releva les yeux vers elle et secoua la tête. Il ne voulait pas qu’elle voit son trouble mental comme une maladie, comme un boulet attaché à leurs pieds, et qu’ils allaient difficilement traîner pour le restant de leurs jours. Il ne voulait pas être réduit à celle-ci. « Mes sentiments sont les miens, Lou. Ce qui se passe dans ma tête n’affectera jamais ce qui se passe dans mon cœur. Je l’ai laissé bien longtemps envahir mes pensées, envahir mes nuits, mais jamais je ne l’ai laissé avoir le contrôle sur mes sentiments pour toi. » Dit-il, donnant une propre vie à son trouble mental, comme s’il s’agissait d’une marionnettiste qui avait pendant trop longtemps agité aléatoirement ses mains, tirant sur les fils et semant le chaos dans la tête de Lennox. « Mais … » Bien sûr, il y aurait un mais. Parce que s’il n’y en avait pas eu, ils n’auraient pas eu l’impression de marcher sur des œufs l’un avec l’autre depuis des jours. Lennox se fit une place sur le banc de piano, à côté de sa douce. Il se tourna vers elle, posant sa main sur celle de Lou, sur sa cuisse. « J’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de mal … » Il hésita un moment, avant d’ajouter : « Et les rumeurs que j’ai pu lire ou entendre confirment mes doutes … parce que … parce que si … si t’as réellement ressenti le besoin d’être … d’aller … dans les bras d’un autre … c’est sans doute parce que j’ai fait quelque chose. » Lennox releva un regard triste vers Lou, cherchant son regard qu’il ne trouva pas. « Est-ce que c’est vrai, Lou ? » Et il espérait que cette fois, il n’y aurait plus de mensonges entre eux. Ils s’étaient trop cachés l’un de l’autre. Il était temps de se dévoiler, complètement.

• Son estomac était tordue. Pour une rare fois, la jeune femme avait été contente de n'avoir rien mangé de la journée et ce, malgré le soleil qui devait sûrement décliner. De toute façon, elle n'avait pas faim.  Elle n'avait plus faim depuis que son esprit balançait sur le questionnement de sa relation. Son imagination évoquait toujours le pire  des scénario; celui où Nox ne voulait plus rien savoir de son amour. Cette pensée était douloureuse. Qui aurait cru que la québécoise s'attache autant à quelqu'un. Son esprit lui affichait l'image de son Jupiter. Ça ne comptait pas. Son ami avait toujours été là pour elle. Il était le rêve de princesse de la jeune femme. Le rêve dans lequel on se marie avec son ami d'enfance. Si elle l'avait un jour voulu, Lou avait fait le ménage dans son esprit. Le seul qu'elle voulait s'était son renard. Elle était seulement déstabilisée de la connerie qu'elle avait eu à faire pour s'en rendre compte. Définitivement, sa vie était un mauvais roman à l'eau de rose. Il lui restait à espérer que sa terminerait pas en drame. «  Croit-tu qu'un jour on va vivre comme un couple normal sans tout le drame qui semble nous entourez?. » L'aveugle se sentait fatigué, mais rassurer par le parole de Lennox. « Je t'aime mon Renard. » Soupirait-elle en profitant de la chaleur de son homme à ses côtés. Pourtant, Lennox n'avait pas terminé avec tous ça. Son mot unique poignardait le cœur de Lou alors qu'elle devinait ce qui allait venir. Elle était statufier en attendant son procès. « Lennox... » commençait la pianiste mollement avant que le notaire parle des rumeurs. « Et cette Sacha? » dit-elle vivement soudainement brûlée par les mots. Son absence d'argumentation la trahissait, si ce n'est que le long silence qui s'en était suivit. «  C'est pas toi Lennox, c'est moi. » Cette phrase sonnait comme un rupture et Lou n'aimait vraiment pas ça. La jeune femme s'accrochait à la main de son homme avant de recommencer sa phrase. «  Je n'étais pas bien. Je me sentais seule et j'ai voulu me changer les idées et c'est arrivée tellement vite, Je voulais pas, ce n'était pas moi. Je voulais juste...m'oublier. Redevenir la jeune moi qui se fou de tout. » La jeune femme reprit son souffle après avoir tout déballer d'un coup. «  Revenir avant, je voyais. » Elle souffla pour trouver du courage. « Avant que je sois une maman. »  Tant qu'à être dans les grandes discussion. Lou avait l'impression qu'elle allait vomir tant elle ne se sentait pas bien.

Las, Lennox haussa les épaules à la question de Lou. Elle avait peut-être entendu le bruissement de sa chemise quand il avait levé les épaules, lui faisant comprendre son geste fatigué, ou pas. Peut-être attendait-elle une réponse, silencieusement, tout comme Lennox essayait dans sa tête de trouver quoi que ce soit à répondre alors qu’il nageait lui-même dans le doute et la peur. « J’y croyais. J’y croyais si fort. » Pendant qu’il était là-bas, en cure de désintoxication, et qu’on lui avait diagnostiqué ce trouble mental, lui donnant finalement les réponses sur lui-même qu’il attendait depuis toute sa vie, Lennox se disait que c’était peut-être sa chance de se construire une vie heureuse avec Lou, sa belle Lou. Il se disait que la vie lui souriait peut-être enfin, lui donnant tous les outils nécessaires pour qu’il se construise un petit bonheur. Leur petit bonheur. Malheureusement, il avait l’impression que dès la première brique mise, Lou avait abandonné le projet. D’ailleurs, dès qu’il la questionna à propos de cet homme sur qui couraient tant de rumeurs à propos de Lou et de lui, elle se mit sur la défensive, le questionnant à son tour sur Sacha. Lennox fronça les sourcils. « Sacha est une amie. Rien que ça. Je ne l’ai jamais embrassée, alors encore moins je l’aurais amenée jusqu’à mon lit. Notre lit. » Avait déclaré Lennox. Sacha et lui étaient des confidents, des amis qui se comprenaient, qui se sentaient tellement à l’aise et qui ne se mettaient aucune pression. Ils avaient trop eu d’ennuis avec les autres pour s’en faire entre eux. C’était une relation douce, paisible, une dont Lennox avait tellement eu besoin pendant que Lou n’était plus là. Sentant sans doute que Lennox lui en voulait encore plus maintenant qu’elle tentait de revirer la situation contre lui, elle se reprit sans plus tarder, avouant que c’était elle, et pas lui. Et elle avoua enfin, confirma les doutes de Lennox, et lui lança la dure vérité. Lou l’avait trompé. Il n’arriva même pas à placer quoi que ce soit à la suite que la jeune femme lui parlait d’avant, avant qu’elle ne perde la vue, et surtout avant qu’elle ne soit maman. Encore une fois, la confusion s’empara de Lennox. « Quoi ? » Demanda-t-il alors, déboussolé. « De quoi tu parles ? » Ça ne sonnait pas correctement dans ses oreilles. Il n’arrivait pas à s’agripper à la réalité de la situation. Il avait l’impression de rêver, ou plutôt, de baigner dans un cauchemar. Les paroles de Lou ne faisaient aucun sens. Elles ne devaient pas faire de sens.

• Il y a des moments dans la vie où on souhaiterait pouvoir revenir en arrière pour tout régler et d'autre où  où on aimerait simplement se réveiller. Pour Lou s'était un de ces moments-là. Entendre Lennox lui parler au passé réduisait son cœur en poussière. Il y croyait si fort. Elle avait l'impression de l'entendre dire qu'il n'y croyait plus maintenant. Que c'était trop tard et que la pianiste ne pourrait plus jamais ce racheter. En plus, le renard avait balayé la seule véritable réfutation qu'elle avait. Une amie. Lui et cette Sacha n'avait jamais rien fait. «  J'aurais été incapable de le ramener ici. » clarifiait-elle d'une tout petite voix comme si ça rendait la chose moins pire, mais encore une fois ça n'excusait rien. Lou agrippait à la main de son homme. Tant qu'il y avait un contacte, cela voulait dire qu'il ne partait pas et qu'il l'aimait encore ne serait ce un petit peu.  Si Lennox croyait qu'elle s'était perdue dans les bras d'un autre, Lou avait l'impression qu'elle s'était perdue tout court. Elle n'avait n'y les mots pour lui expliquer, ni les mots pour se faire pardonner. Tout ce qui sortait de sa bouche les rendaient encore plus confus comme si l'esprit de la brune se lançait dans une bataille contre les secrets de son cœur. Lou ne souhaitait qu'une chose être normale, mais ce n'était pas un mot qu'on pouvait mettre dans la même phrase que son nom. Pourquoi ramenait-elle son histoire avec CJ alors qu'elle parlait de Woody? Les événements se mélangeaient dans sa pauvre tête. « Il y a 7 ans, j'ai eu un enfant avec mon meilleur ami. Et je l'ai abandonné dans les bras d'une autre femme. J'ai toujours cru que ça allait être ma plus grande trahison. » Elle avait toujours eu l'impression d'avoir trahis son petit Alioth en ne l'élevant pas. La jeune femme avait littéralement abandonner son opportunité d'être une maman. «  Mais, maintenant je sais que c'est ce que j'ai fait avec Woody, je n'aurais pas du rester là. » La pianiste secouait de la tête perdue dans son monde. « Mais il me disait des belles paroles et je voulais y croire. » Sa voix était brisée tout comme son cœur. Sa tête tournait comme ses pensées. Son cœur se serrait comme elle serrait la main de Lennox. Elle voulait simplement avoir tellement mal que se soit assez pour repentir ses pêchés.

Quand Lou lui affirma qu’elle aurait été incapable de ramener cet homme ici, Lennox soupira. « Tant mieux. Je ne l’aurais pas supporté. » Déjà qu’il ne supportait pas l’idée qu’elle ait pu être dans les bras d’un autre que lui, alors qu’ils s’étaient fait tellement de belles promesses, qu’ils s’étaient autant projetés dans le futur. Lui, comme un imbécile, était arrêté dans la première bijouterie sur le chemin du retour de son centre de désintoxication, achetant la plus belle bague qui soit pour la plus belle femme qui soit. Il s’était imaginé toutes les façons possibles de la demander en mariage dans la plus douce intimité, préparant son discours, préparant sa déclaration d’amour, se critiquant comme jamais il ne s’était critiqué tellement il voulait que ce soit parfait. Jusqu’à ce qu’il tombe sur ce stupide article de ce stupide blog, et que cette bague et son boîtier termine sa courte vie entre les chaussettes et les caleçons de Lennox. Et toute cette histoire qui aurait pu être si merveilleuse lui semblait encore plus loin, encore plus inatteignable, maintenant que Lou lui révélait toute la vérité sur son infidélité, mais aussi sur sa vie passée. Vie de laquelle Lennox ne faisait pas parti malgré l’importance de celle-ci, et dont il ne ferait jamais parti. En sachant maintenant tout cela, le trentenaire ne se voilait plus le visage : il n’y avait pas de place pour lui dans le monde déjà bien trop entamé de Lou. « Tout comme j’ai voulu croire à tes belles paroles. » Avait déclaré Lennox en se relevant, impassible. Il réalisait qu’après toutes ces confidences, il n’était plus en mesure de consoler la jeune femme. C’était lui qui avait besoin d’être consolé, malheureusement les paroles de sa douce ne faisaient qu’ouvrir de plus en plus grand la plaie béante dans son cœur. Seules leurs mains étaient encore en contact alors que Lennox s’était redressé. « J’ai besoin d’un peu de temps pour digérer tout ça, Lou. Tu peux rester ici, ne t’inquiètes pas pour ça. Je dormirai sur le canapé. Je … j’ai juste besoin de prendre le temps de faire le ménage dans ma tête. De savoir ce que je veux. » Parce que trop longtemps il avait nié ce que son cœur et sa tête lui criaient. Trop longtemps Lennox avait joué aux sourds face aux signaux que lui envoyait son corps. Aujourd’hui, il avait appris que pour ne pas sombrer, il devait prendre un peu mieux soin de lui. À commencer par délaisser Lou pour peut-être mieux la retrouver. Peut-être.

• Chacun des mots que Lennox déclarait  était un couteau tranchant dans l'espoir à laquel l'aveugle s'accrochait. Ils avaient trop de chose à se dire, mais pas la force pour l'entendre. Lou aurait préféré que l'homme explose dans sa haine et qu'il lui cri les premières insultes de son imagination. Suite à ça, la jeune femme aurait su à quoi s'en tenir. L'amour et la haine était tellement proche qu'elle ne pouvait douter qu'après s'être vidé le cœur Lennox l'aimerait aussi fort qu'avant se grand bordel. Le notaire lui laissait entre un mélange d'acceptation et de lassitude qui était pire que tout les mots de la terre. Elle avait beau l'aimer, en ce moment ça ne suffisait pas. La brune était tombée amoureuse comme l'on tombe endormi.  D’abord doucement en espérant que le sommeil soit doux, puis soudainement sans comprendre. Maintenant que réveil avait été brutal pour sa conscience, Lou n'avait plus droit au sommeil. Bien qu'elle était indifférente à Morphée, Lennox avait tout son importance. La vie est une longue perte de tout ce qu'on aime. La première fois que la brune avait lu ses paroles dans un livre de Victor Hugo, elle l'avait trouvé cruellement défaitiste. Pourtant, alors qu'elle se tenait aux côtés Nox les paroles du poète résonnait impitoyablement dans sa tête. Lou avait détruit son couple de la plus cruelle des façon. Comment Lennox pouvait y faire abstraction alors qu'elle même était incapable de se pardonner? « Je refuse que tu dormes sur le divan. » C'était bien la première chose dont elle était certaine, Nox devait dormir dans son lit. C'était elle l'infidèle donc à elle de dormir sur le tapis du chien. « De toute façon, je dormais sur le divan la majorité des nuits où tu n'étais pas là. Le lit est trop grand sans toi. » murmurait-elle d'une tout petite voix. Une voix dans la tête de Lou lui hurlait de ne pas laisser cette conversation comme telle. Cette amour qu'ils avaient vécus méritait qu'on se batte pour elle. C'était si fort et si beau. Impossible qu'il y ai une fin. « J'attendrais. » Promis la brune. «  Je trouverais le moyen de te faire retombé amoureux si il le faut. » Intérieurement, Lou se promettait de ne plus jamais lui mentir, mais il lui restait un petit secret à livrer avant tout. « Le feu à l'appartement... C'est moi qui l'ai déclenché sans le vouloir. Le pompier à menti pour me protéger. » Déclarait-elle de but en blanc.

Malgré tout le mal qu’elle pouvait lui infliger à cet instant précis, malgré toute la peine qui déferlait sur lui comme un orage violent, malgré que Lou l’ait profondément trahi alors qu’ils s’étaient promis tellement de belles paroles, il ne pourrait jamais déverser sa haine sur elle. Il ne pourrait jamais lui crier des insultes, il ne pourrait jamais exploser comme un volcan, même si intérieurement il bouillonnait, ce n’était pas de la rage, c’était de la souffrance. Il en voulait à Lou, certes, mais il s’en voulait tellement plus à lui. Ça étouffait tout le reste. Ça anéantissait tout ce qu’il pouvait penser de mal de Lou, en ce moment. Elle refusa qu’il dorme sur le divan. Elle refusa qu’il soit l’intrus dans sa propre maison. Elle refusa qu’il soit celui qui paye pour les erreurs qu’elle avait commises, injustement, égoïstement. Lennox baissa les yeux vers le sol alors qu’elle lui expliquait que le lit était trop grand sans lui, qu’elle avait déjà adopté le divan pendant ses nuits de solitude. « Il a fallu que tu combles le vide d’une certaine façon, j’imagine. » Avait-il lâché impulsivement. Lennox avait tellement l’esprit dans le brouillard qu’il ne contrôlait même plus ses réactions. Ça n’avait même pas été prononcé sur un ton méchant. Juste une affirmation, une triste vérité, soufflée comme s’il poussait son dernier soupir. Mais ce dernier soupir, Lennox avait tenté de le laisser aller bien trop de fois déjà, mais il était encore là. Et Lou était encore là. Ils étaient là, tous les deux, mais si loin l’un de l’autre. Lennox lui avait alors dit qu’il avait besoin de temps pour digérer tout ce qui s’était passé dans les derniers jours, toutes ces révélations qui s’étaient faites ce soir, d’un seul sens. Lou lui promis alors de l’attendre, de trouver le moyen de le faire retomber amoureux. « Ce n’est pas le moyen de me faire retomber amoureux, que tu dois trouver, Lou. J’serai toujours amoureux de toi, que je le veuille ou non, tu seras toujours celle que j’aimerai. Mais c’est le moyen de me faire avoir confiance en toi de nouveau que tu dois trouver … » Sa confiance en elle, il la perdait, peu à peu, plus les minutes de cette soirée avançait. Puis, Lou lui avoua alors que le feu à l’appartement, c’était elle qui l’avait déclenché sans le vouloir, et que le pompier avait menti pour la protéger. Lennox inspira profondément, serra la mâchoire tout en expirant en essayant de se contrôler. « Combien de mensonges, Lou ? Combien de mensonges depuis qu’on s’est rencontrés ? Pendant qu’on est dans les confidences, avoue-le moi, hein ? Y a-t-il une seule chose que tu m’as dite qui était vraie, depuis tout ce temps ? » Demanda-t-il avec toute la tristesse du monde dans sa voix tremblante.

Le projet des fiançailles dormait peut-être présentement entre des paires de bas et de caleçon, mais dans la tête de Lennox, cet avenir qu’il s’était si souvent imaginé pendant son séjour loin de Lou ne s’estomperait jamais. Il avait beau fermer les yeux pour ne plus y voir Lou, pour ne plus y voir la réalité, sa mémoire et son imagination la dessinait avec exactitude derrière ses paupières. La jeune femme n’avait eu besoin que de quelques verres pour oublier, pour l’oublier. Lui ne pourrait jamais oublier Lou. Même en s’intoxiquant comme jamais il ne l’avait fait, Lennox ne pourrait jamais cesser de penser à Lou. Elle hantait ses rêves, elle hantait ses cauchemars, elle hantait le seul futur qu’il osait s’imaginer. Il ne s’imaginait pas vivre sans elle. Lennox ne s’était jamais même seulement imaginé vivre par lui-même avant de la rencontrer, alors s’il la perdait, il perdait tout. Quand il l’écouta, avec douleur, lui raconter ce qui s’était produit pour qu’elle lui soit ainsi infidèle, le cœur de l’homme se serra, et il resta avec un goût amer dans la bouche après ses dernières paroles, parce qu’il voyait bien à quel point Lou le regrettait. À quel point elle ne l’avait même jamais vraiment désiré, cet homme. Il fronça les sourcils. « Je ne veux pas que tu me racontes. Je ne veux pas savoir, je ne veux rien savoir. Ça me fait déjà assez de mal comme ça, je n’ai pas besoin d’avoir les images. » Avait-il dit, sèchement, alors que ce qu’il aurait voulu lui dire était tout autre. Il aurait voulu lui demander si cet homme lui avait fait du mal, si cet homme avait abusé d’elle, s’il avait profité d’elle. Si ce qu’il entendait était bel et bien la réalité, si sa compréhension de l’événement était telle quelle. Mais Lennox n’aurait pas été capable de réconforter Lou alors que lui-même ne savait plus où il en était. Pas ce soir, pas cette fois. Lennox n’arrivait pas à voir Lou autrement qu’une infidèle, même s’il réalisait que peut-être, peut-être oui, que ce n’était pas tout à fait ce qui s’était passé.

Il lui demanda donc du temps, du temps pour digérer cette trahison, mais du temps aussi pour démêler les paroles de Lou et comprendre la nature de cette infidélité. Malheureusement, elle toucha encore à une corde sensible en lui révélant la vérité sur l’incendie à son appartement. Lennox en avait trop eu pour ce soir, là, c’était la goutte qui faisait déborder le vase, et il explosa. Il repensait à toutes leurs paroles échangées, et Lennox se demandait s’ils avaient un jour été vrais, tous les deux. Ses paroles tentaient de le réconforter, et le notaire aurait tellement voulu y croire, mais pour ce soir, ça lui semblait impossible de mettre sa confiance en quoi que ce soit. Il avait été aveugle, plus aveugle que Lou dans un sens ; il s’était jeté dans cet amour trop vague pour lui avant même de comprendre toute la souffrance qui pouvait en résulter. Lennox avança tout de même sa main vers celle de Lou, et leurs doigts s’effleurèrent d’abord, avant que ceux de l’homme ne trouvent leur chemin entre ceux de Lou, et qu’il emprisonne finalement la main de la jeune femme dans la sienne. « Je ne pense pas pouvoir encaisser d’autres dures vérités, Lou. Je ne pense pas non plus pouvoir tenir le coup si tu continues à me mentir. Je ne veux plus qu’il y ait de secrets entre nous. » S’il y avait encore un nous à sauver.

• Lou avait reçu la réponse de son homme comme un électrochoc qui lui avait coupé les cordes vocales. Il n'avait jamais été aussi sec avec elle. Son ténor était habituellement emballé dans le satin. La jeune femme murmurait un petit désolé faible, mais il y avait trop de chose pour lesquels Lou était désolée pour que cela soit suffisant. Après un moment, l'aveugle se lançait dans un monologue. Sa voix était faible. « Depuis qu'on est ensemble, nous avons jamais regarder le passé. Nous nous sommes jamais posé de véritable question sur se qui était arrivé avant notre rencontre. Tu m'as trouvé dans la forêt dans une profonde nostalgie qui faisait écho à la tienne. Ce soir-là, on a fait un pacte silencieux. » Lou respirait dans l'espoir de contrôler ses émotions qui tempêtaient dans son esprit. «  Je trouvais une main à tenir pour m'empêcher de tomber à chacun de mes pas et toi... » Elle posait un regard doux sur l'homme qu'elle aurait tellement aimer voir. «  J'essayais de t'apporter tout l'amour qui devrait te revenir et qui t'as manqué. » Et elle avait affreusement échouer. La pianiste pourrait écrire les plus grand opéra sur la simple douleur de cette pensée. «  On a marché ensemble sans regarder le passé parce que pour nous deux.. il était trop douloureux. Nous avions les grandes lignes et c'était suffisant si je pouvais sentir tes lèvres sur les miennes le matin. Je t'aurais tout conté si tu me l'avais demandé. Je te conterais chacun des mes souvenirs si tu les trouve importants parce que plus jamais, je veux qu'il y ai des non dits entre nous. De mes pires moments à mes meilleurs, je veux que tu sois là à mes côtés.. Si possible. »  Les doigts de Lennox se mélangeaient aux siennes. Lou s'y agrippait dans l'espoir qu'ils ne se séparent plus jamais. Elle avait besoin de son renard. Maintenant qu'il était dans sa vie, elle ne voyait la possibilité d'être avec un autre...parce qu'il était Lennox et Lou. Ils allaient ensembles. C'est tout. « Je suis désolée d'avoir été incapable de te protéger si ce n'est que de moi-même. Je vais me détestée à tout les jours pour ça, mais s'il te plait... Donne moi juste la chance de t'aimer. Peut-être pas aujourd'hui, je comprend, mais ne m'écarte pas de ta vie.» Le seul contacte qu'ils avaient à cette instant lui suffisait.
  

Pour tout ce qu’elle disait sur le passé, Lou avait raison. Tellement raison. Ils n’avaient jamais cherché à regarder vers l’arrière, jamais cherché à s’expliquer pourquoi ils étaient qui ils étaient selon ce qu’ils avaient vécu. Ils connaissaient les grandes lignes de la vie de l’un et de l’autre, et ça leur suffisait. Au fond, même si avoir un enfant était tout de même une très grande ligne de la vie de Lou, Lennox ne lui en voulait pas tant que cela de le lui avoir caché. D’avoir passé sous silence cet instant de sa vie. C’était seulement plus facile de lui en vouloir pour une montagne de raisons. La seule vraie déception qui occupait les pensées du notaire était son infidélité. Cette envie qu’elle avait eu de l’oublier, le temps d’une soirée. Peu importe comment ça s’était passé exactement, Lou avait eu besoin de s’abandonner à un autre. Elle l’avait voulu, à un moment ou à un autre. C’était ça qui lui faisait du mal, c’était ça qui lui tiraillait l’intérieur. « Je sais, Lou. Je me souviens de cette soirée. Je me souviens de nous. Comment oublier. Mais ta main a lâché la mienne, t’es tombée sans trop t’en rendre compte, et t’as perdu de vue la personne à qui tu devais apporter ton amour. Je ne dis pas que c’est entièrement ta faute. On s’est éloignés. Mais ce qui me fait mal c’est que moi, jamais, mais jamais je n’ai pensé combler le vide avec une autre. » Avoua-t-il. Elle avait beau lui reprocher de s’être lié d’amitié avec Sacha, ou n’importe quelle autre femme, Lennox avait trouvé en elles du réconfort, de belles paroles pour l’encourager, mais pas de l’amour. De l’amour, Lennox n’en avait que pour Lou, et il avait été assez naïf pour croire qu’elle le vivait de la même façon que lui. C’était ça, la plus grosse chute d’entre toutes. Malgré tout, leurs doigts se mêlèrent ensemble, et tous les deux s’accrochaient à la main de l’autre comme à une bouée en plein milieu de l’océan. On ne les avait jamais préparés à nager aussi longtemps en sur-place, ignorant où le courant les mènerait. Sans savoir s’ils retrouveraient un jour la terre ferme. Lennox releva de nouveau les yeux vers la jeune femme quand elle s’excusa de nouveau, de ne pas avoir su le protéger. Elle lui demandait de ne pas l’écarter de sa vie. Le pouce de Lennox caressait doucement la peau de Lou. « T’es la seule raison pour laquelle je suis en vie, Lou. » Et c’était vrai, dans tous les sens du terme. Si Lou n’avait pas été là, il aurait été retrouvé mort, allongé devant son bureau. « Je te demande du temps, oui. Mais je ne demande pas l’éternité. Parce que je sais que peu importe ce qui se passera, je reviendrai toujours à toi. J’peux pas faire autrement. » Il marqua une pause, se perdant dans son regard azur. « Sauras-tu m’attendre cette fois ? » Demanda-t-il avec souffrance dans la voix.

Elle savait. Lou savait que peu importe les excuses, les déclarations et les larmes qu'elle pouvait déverser à ce moment, le temps était le véritable la seule antidote. Dur à accepter lorsque son couple se jouait sur quelques paroles sous ses yeux. La jeune femme voulait avoir les bons mots pour se faire pardonner, pour expliquer à l'homme de sa vie que plus jamais elle ne ferait d'écart, qu'elle allait marcher droite, fière et surtout à son bras. Lou aurait tellement espéré pouvoir prendre chacun des sentiments qui l'habitait pour pouvoir lui étaler sur un drap blanc. La peur, la répulsion d'elle même, le trouble, la résignation, cette petite pointe d'espoir qui voulait subsister et tellement d'amour. La jeune femme avait voulu lui communiquer, mais elle n'était pas poète, ni même talentueuse avec les mots. Elle n'était qu'une pianiste. Le seul jargon que la brune maîtrisait était composé de Solfège. Lennox devait le connaître aussi puisque ses mots sonnaient comme Concerto. Premier mouvement la sonate, Vif comme un souvenir ; il savait, se souvenait de la soirée, de eux. C'était une promesse aux oreilles de l'aveugle qui s'accrochait à l'espoir de créé de nouveau des bons moments pour leur couple.. Deuxième mouvement, lent ; Lennox développait sur un thème varié de la culpabilité de son amante. Lou ne pouvait que se blâmer. Le notaire ne pouvait qu'approuver la déposition. La québécoise était coupable de ses actes. Troisième mouvement, rapide comme un reproche, mais le Renard était en connaissance de cause. Il avait raison de lui jeter ses mots au visage. La chute. La fin du concerto émotionnel.  Peut-être pas pour toujours, mais pour le moment.  Lou n'avait jamais cru qu'un simple toucher pouvait la réconforter, mais sentir le pouce de son homme caresser sa main l’apaisait. Ils n'avaient que ça pour s'accrocher. Les mots du notaire continuait de lui torde l'estomac. Ils n'étaient pas revenus sur le sujet de la tentative de suicide depuis que l’événement avait eu lieu.  « Es ce que tu m'en veux d'être arrivée ce jour-là ? » Demandait-elle d'une petite voix alors que dans sa tête le mot égoïste remplaçait arrivée comme un rappel à la stricte vérité.  Ses envies narcissiques avaient empêché Nox d'atteindre l’apaisement qu'il espérait tant. De plus, elle lui retirait la deuxième option en batifolant avec un homme si froid qu'il pourrait coulé le Titanic une deuxième fois entraînant un nouveau couple dans sa chute. Lou avait chassé ses idées pour se concentrer sur son homme. Il ne lui demandait pas l'éternité. Un fugace sourire en coin avait danser sur les lèvres de la pianiste. C'était bien la première chose qu'elle voulait lui offrir, l'éternité. Elle allait attendre que l'orage soit chassée, mais Lou savait bien qu'un jour elle allait lui donner. Dans un sens, l'éternité commençait ce jour-là sur le banc d'un piano hors prix malgré l’absence de robe blanche et de bague. « Je vais attendre mon Renard. Aussi longtemps qu'il le faut. » Avait décrété la jeune femme avec tout l'aplomb qu'elle possédait. L'aveugle glissait sa main libre contre le bras de son homme afin d'atteindre son visage. Retrouver les traits de Nox étaient réconfortants après un si long moment sans pouvoir les toucher. Elle retrouvait les boucles folles, la ligne de sa mâchoire et la sévérité des traits qui le caractérisait, malgré que le dernier semblait s'être accentuer avec l'écart de la brune. « Je suis désolée. » Soupirait-elle en réalisant à quel point sa caresse pouvait être déplacée, mais aussi pour les marques qu'elle avait rajouté à son visage.