Lounox♦Let's stay up all night discussing how the stars aligned in just the right ways to bring us together, to this moment.

Lui en voulait-il d’être arrivée ce jour-là ? Lennox s’était lui-même posé la question à maintes reprises, ne sachant pas lui-même ce qu’il aurait préféré. Maintenant qu’il se retrouvait dans une situation des plus délicates et douloureuses avec Lou, la réponse se faisait plus facile à trouver. Avant qu’il n’apprenne son infidélité, Lennox hésitait parce que d’un côté il savait qu’il n’était pas délivré de sa souffrance, encore une fois, mais d’un autre côté, son appel à l’aide avait été entendu par Lou et ce geste désespéré avait permis de les rapprocher. C’était peut-être égoïste comme méthode de ramener les gens vers soi, et ça n’avait certainement pas été le but conscient de Lennox, mais l’effet avait été le même. Il était donc soulagé qu’elle l’ait trouvé seulement parce que cela leur avait permis de mieux se retrouver. Enfin, mieux se retrouver, c’était la formulation à laquelle Lennox songeait une semaine auparavant. Maintenant, c’était davantage : cela leur avait permis de se retrouver pour mieux se quitter. Lennox toujours prisonnier de sa vie, de son horreur. La petite voix de Lou avait toutefois convaincu l’homme de ne plus se montrer aussi cruel. Ce serait pire que tout d’avouer à Lou qu’il ne lui en voulait pas au départ, mais que c’était le cas maintenant qu’il savait que sa souffrance ne cesserait pas, même dans ses bras. Il n’était protégé de rien, pas même de celle qu’il aimait. « Non, je ne t’en veux pas, Lou. » Avait-il répondu, tentant du mieux qu’il le pouvait de paraître sincère et solide dans sa réponse. Il ignorait si Lou serait dupée, lui qui n’avait jamais vraiment su mentir. Heureusement pour lui, c’était habituellement son regard qui révélait tout, et pas le timbre de sa voix. Peut-être que pour une fois, le handicap de Lou jouerait un rôle avantageux pour lui. Finalement, après un moment, Lennox avoua à la jeune femme qu’il ne lui demandait pas l’éternité d’attente, juste quelques jours, quelques semaines ou quelques mois, il l’ignorait et préférait ne pas déterminer de durée. Il ne voulait pas qu’elle compte les jours et attende la date d’expiration de sa réflexion. Lennox ignorait combien de temps il aurait besoin pour tourner la page, pour passer l’éponge et aller de l’avant. Lou lui affirma qu’elle attendrait, aussi longtemps qu’il le fallait. « Ce sera peut-être plus longtemps que la durée d’un séjour en désintox, tu sais. » Avait dit Lennox d’une voix douce, cette fois sans reproche. Certes, sa phrase sous-entendait que si elle voulait l’attendre, vraiment l’attendre, elle devrait se montrer plus forte et plus patiente que la dernière fois. Chasser les traces toxiques d’alcool dans le système était déjà un bien long processus, mais annihiler les douleurs d’un amour trompé était un chemin encore plus ardu et semé d’embûches. Dans un soupir, Lou s’excusa de nouveau, mais cette fois pour avoir laissé ses doigts retrouver le visage tendu de Lennox et sa chevelure négligée. Pourtant, il s’était laissé faire, mais elle avait sans doute ressenti ses muscles se contracter. Son corps se reculer. Son esprit s’embrouiller. « Je vais monter préparer le lit, et je vais redescendre avec quelques couvertures et oreillers pour le divan. Tu montes quand tu veux. » Délicatement, il posa tout de même ses lèvres sur le front de Lou, car il avait beau avoir le cœur meurtri, ce dernier ne battait que pour elle malgré tout. Il s’éclipsa dans leur chambre à coucher, le temps de rassembler ce dont il avait besoin pour passer la nuit au salon, et prépara le côté de lit de Lou.  

• Si avant son accident Lou pouvait repérer n'importe quel mensonge d'un regard perçant, elle n'avait pas réellement perdu la main en perdant la vue. La jeune femme connaissait maintenant les différentes tonalités de la voix qui pouvaient cacher un mensonge. C'était d'autant plus facile lorsque le mensonge venait d'une personne qu'elle aimait. La voix de ses amis et de son homme - pouvait elle encore l'appeler comme ça ?- étaient enregistrés dans un coin de son esprit. Lennox avait utilisé une voix de notaire pour lui répondre. Il lui mentait, mais elle ne pouvait pas lui en vouloir. La québécoise avait été la première à jouer à ce jeu. L'homme avait totalement le droit de lui reprocher son pseudo sauvetage surtout après toutes les conneries qu'elle avait faites. Pourtant, Lou ne regrettait que peu son narcissisme, malgré le noeud qu'elle avait dans l'estomac. Son Renard était là avec elle. Ils avaient encore une chance d'être vieux et heureux. La pianiste avait été tirée de sa rêverie par un Lennox qui lui demandait du temps. Lou avait répondu par réflexe, mais lui avait gentiment rappelé qu'il pouvait demander longtemps. Sa remarque était totalement légitime. " J'attendrais le temps qu'il faut même si ça prend des années." Ce n'était pas une promesse pour une fois, mais une affirmation. Les dernières semaines lui avaient laissées un goût trop amer en bouche pour faire la moindre bêtise qui pourrait mettre son l'état fragile de son couple encore plus en danger. Lou s'était imaginée plusieurs fois cette discussion, mais elle ne pouvait pas dire si celle-ci s'était bien passée ou pas.
  
  Elle aurait presque préféré la crise, les larmes et la vaisselle cassée. Au moins, de cette façon, la québécoise n'aurait pas eu peur pour son homme. Elle ne voulait pas assister à une rechute. La pianiste avait hoché doucement de la tête devant les paroles de Nox. Évidemment, même après la pire des tortures qu'une femme pouvait infliger à un homme, Lennox prenait soin d'elle et gardait leurs petites habitudes. Lou était restée sagement assise au piano pour écouter les déplacements de l'homme dans le condo. Rapidement, la jeune femme avait effacé les derniers vestiges de larme qui pouvaient subsister sous ses yeux et avait fait une toque avec le bazar qu'était sa crinière. Elle avait l'impression d'avoir pris cinq ans en une seule soirée. À pas de souris, la brune avait monté les escaliers pour arriver devant la porte de la chambre des maîtres. Les yeux au sol et les mains entortillées, elle devait ressembler à une enfant au réveille d'un cauchemar. " J'aimerais pouvoir te demander de rester avec moi ce soir, mais je ne peux pas. Ça serait égoïste de ma part." avouait elle en chuchotant toujours dans le cadre de porte.

Il aurait tellement aimé la croire, la croire de tout son cœur, avec toute sa tête, sans qu’une petite voix en arrière ne le mette sur ses gardes. Mais quand Lou lui disait qu’elle l’attendrait, il ne savait pas s’il pouvait réellement se fier à ces mots. Il ne savait pas s’il pouvait complètement faire confiance aux envies actuelles de Lou. Sans doute était-elle plus impulsive qu’il ne le pensait. Sans doute répondait-elle de ses émotions, aussi contradictoires pouvaient-elles être, en suivant les montagnes russes dans lesquelles son cœur l’embarquait. Lennox était plus réfléchi. Lennox n’agissait que très rarement sur un coup de tête. Tout était calculé, même sa mort. Sans répondre à l’affirmation de sa douce, par manque de mots, par confort du silence, il la regarda un moment avant de déclarer qu’il allait lui préparer son lit, et le sien ici en bas. Lou ne le suivit pas tout de suite dans les escaliers, ce qui l’arrangeait un peu. Il prit un peu de temps pour lui, seul dans leur chambre. Lou s’était glissée dans la chambre comme une souris et fit légèrement sursauter Lennox, perdu dans ses pensées, quand elle déclara qu’elle aurait aimé pouvoir lui demander de rester avec elle cette nuit. Mais que c’était égoïste. Il la regarda un moment, avant de baisser les yeux sur l’oreiller qu’il tenait dans ses mains. « Je ne peux pas, Lou … Je suis désolé. Je ne veux pas. Pas cette nuit, pas si tôt. » Il attrapa les couvertures qu’il redescendrait avec lui au salon, et se dirigea vers la sortie de la chambre, s’arrêtant aux côtés de la jeune femme. « Je t’ai préparé le côté droit du lit. Dors bien, Lou. » Il déposa un baiser sur la tempe de la jeune femme et ferma la lumière, la laissant dans la pénombre. Pour elle, aucune différence. Pour lui, c’était comme de l’abandonner à la noirceur, de l’abandonner au néant. Il regarda sa silhouette qu’il distinguait maintenant à peine, debout, avant de descendre l’escalier, la gorge nouée, le cœur serré. Il alla s’étendre sur le canapé, où il ne trouva pas le sommeil avant les petites heures du matin.

• Évidement qu'il ne pouvait pas. Lou se sentait égoïste d'avoir laisser échapper l'idée. Elle n'avait pas le droit de le mettre dans cette position alors qu'elle venait de détruire son cœur. Littéralement. La jeune femme avait même prit bien soin de le haché pour que les morceaux soient bien difficile à recoller. « Je comprend. Je n'aurais même pas dû demander. » conclu Lou d'une petite voix fautive. Elle pouvait deviner les mouvements de son homme aux sons. La pianiste se concentrait sur chacun des petits mouvements jusqu'au moment fatidique ou l'homme s'était approché. Inconsciemment, Lou avait relever le nez avec un peu d'espoir. « Merci. » Dit elle en appréciant le baisé qui résonnait en elle comme un adieu en même temps que le cliquetis de la lumière. Si l'effet de la pénombre n'avait aucun impact sur l'aveugle, le bruit de l’interrupteur avait eu la porté d'un coup. C'était comme si Lennox l’abandonnait avec ses démons dans la chambre. Elle n'était qu'une harpie que l'on laissait dans la nuit ou une succube que l'on fuit pour sauver sa chair. Lou était restée immobile jusqu'à entendre le grincement du divan puis s'était enfoncée dans la pénombre invisible de la pièce. Elle n'avait pas espoir de dormir ,car la pianiste allait écrire des partitions toute la nuit.