Les blessures, une plaie quotidienne ! - Adilyn

Adilyn râlait toujours en venant au travail ; pas parce qu'elle n'aimait pas son métier, mais parce qu'elle avait peur de voir une tête blonde arriver pour faire des tests, parce qu'elle avait peur de retrouver une personne morte là-bas et qu'on l'accuse de nouveau. Depuis février, le mois où elle est sortie de cellule, elle était devenue un peu parano, changeant son caractère du tout au tout, devenu plus sage, moins folle, trop sensible et craintive. Détestant la nouvelle Adilyn depuis ce temps-ci, son reflet dans le miroir la dégouttait toujours. Mais aujourd'hui encore, elle enfilait sa blouse blanche, arrivée au travail, les cheveux tirés en arrière pour une question d'hygiène et elle soignait les patients comme toujours, ce qui la faisait oublier un peu son passé et qui lui rappelait ses voyages. Vivre dans le passé n'est pas correct, mais c'est le seul moment où Adilyn était heureuse de faire quelque chose, même si à ce jour, elle profite du jour comme si c'était le dernier, ce n'est pas la fête.  

Pendant qu'elle caressait l'espoir de prendre une pause, on lui annonçait un patient qui avait le bras quelque peu tailladé. Toute sourire, comme toujours, elle arrivait dans la zone d'attente, avec un bloc dans la main pour avoir quelques informations sur lui. « Monsieur Brennan ? Par ici, je vous prie. »  Elle lui tenait la porte, puis se déplaçait de nouveau pour aller dans la dite salle de soin. En regardant le torchon imbibé de sang, elle grimaçait, après tout c'était son boulot, mais elle gardait quand même une part d'enfant d'elle que s'il y avait beaucoup trop de sang, il fallait s'évanouir. Quelle idée de devenir infirmière avec une phobie de sang. Une fois la porte de la salle fermée, elle tendait le bras pour l'invité à s'asseoir puis elle regardait de nouveau la blessure avant de le regarder dans les yeux. « Je suis Adilyn Hansen, je vais m'occuper de vous au mieux. »  Ce n'est pas comme ça qu'elle se serait présentée mais, c'est comme ça qu'on lui imposait ici. Avec ce slogan, elle aurait pris la fuite rapidement. « Vous pouvez m'expliquer ce qu'il s'est passé dans les détails ? »  Elle s'approchait de lui, du moins, de son bras. « Et retirez le bout de tissu, s'il vous plaît ? »  L'infirmière espérait que celui-ci n'était pas sale quand il l'a posé dessus, elle ne voulait pas d'infections.  

Le temps semblait être long pour la jeune femme, elle faisait pratiquement toujours les mêmes gestes et quitte à ne pas changer d'emploi, elle aurait aimée être promue autre chose qu'infirmière. Peut-être bien que sa vie était dans l'avion, ce n'était pas plus mal. Et son passage en prison l'avait un peu dégoûter de son emploi mais, ne voyant que faire d'autres, la blonde persistait, se disant que la passion allait revenir un jour, qu'elle se réveillerait encore le matin avec son envie de mettre sa blouse et aider les autres. Pour l'heure, c'était un homme blessé au bras qui se présentait devant la femme et, elle devait bien avouer que le sang qu'il perdait l'effrayait, ses yeux tournaient presque. En se présentant, l'homme eut une réaction qui la surprenait presque, il ne disait plus rien et était limite choqué ; avait-il un problème avec son prénom ? Ce n'était pas elle qui l'avait choisi et, elle aurait préférée un passe-partout plus qu'un prénom super-féminin, bien que ça la représentait plutôt bien.  

Pour en savoir un peu plus sur la raison de cette affreuse blessure, l'infirmière posait une question des plus banales, pour son travail, pour identifier un peu le mal. « Ne vous évanouissez pas, monsieur. »  Un léger sourire de sa part. Il ne répondit pas pendant une minute, pendant ces quelques secondes, elle s'était inquiétait d'une perte de conscience, il perdait quand même beaucoup de sang. D'ailleurs en voyant la blessure, elle cru que son cœur arrêtait de battre pendant une seconde, elle avait prise le tabouret derrière elle, pour s'y asseoir, mais inspectait quand même la blessure pour rester le plus profesionnel possible. Elle avait vu pire, mais ce n'était pas vraiment son jour aujourd'hui. « Non, rien n'a été touché, rassurez-vous définitivement. »  Disait-elle en riant. « Il va falloir faire un point de suture sous anesthésie locale, c'est assez profond. »  Un petit moment de gêne venant d'elle, c'était sous anesthésie et, pendant le temps que ça se prépare, elle allait devoir rester avec le patient. « Je vais vous mettre une compresse pour l'hémorragie et, prévenir pour que l'on vienne s'occuper de vous le plus rapidement possible. »  Elle pourrait s'occuper d'autres personnes, mais c'était sa pause et, elle pourrait surveiller la plaie pendant ce temps. Pendant qu'elle s'exécutait, la femme gardait le silence pour ne pas vraiment se déconcentrer et lui faire plus mal. Sans dire un mot de plus, elle partait de la salle pendant deux minutes avant de revenir, large sourire. « Ils vont arriver dans quelques minutes, je resterais avec vous pendant ce temps. »   

Elle avait quitté la pièce, normalement, sans le faire trop attendre, prenant un dossier au passage d'un autre patient qui était en salle d'attente pour un sujet moins grave, bien que s'ils se retrouvent entre les mains d'Adilyn, c'est qu'il y a quelque chose de grave. Danny était étrange, du moins son comportement l'était pour la blonde qui ne savait que dire et que faire, puisqu'il ne semblait pas faire de malaise malgré la quantité de sang qu'il avait perdu. En y repensant, son pas se pressait revenant le plus vite possible dans la pièce où se trouvait l'homme, la femme soupirait en voyant que tout allait bien. Après lui avoir annoncé qu'elle allait rester dans cette pièce le temps de quelques instants, pour surveiller qu'il ne fasse pas de mauvaises réactions, qu'il ne s'évanouisse pas. Elle s'en voudrait, de peur que quelqu'un la dénonce comme meurtrière, même si le jeune homme était loin de mourir.

Le silence commençait à être pesant pour la jeune femme, des silences pareils lui rappelaient des moments gênants de sa vie. Mais, elle continuait de ne rien dire, parce qu'elle était au travail et que si un patient ne disait rien, c'est qu'il ne voulait pas que les médecins ou les infirmières en sachent trop sur sa vie, ce qu'elle pouvait comprendre. Elle n'a jamais demandé aux juges de s'intéresser à sa vie quand ils l'ont jugé coupable et non coupable, mais ils en savent trop sur elle et, elle ne voulait pas. Alors elle ne peut rien dire quand un patient ne dit rien. « J'ai commencée en … février ! J'ai travaillée à Brisbane quelques mois, mais Bowen est ma ville natale, je préférais revenir. »  Disait-elle en riant, peut-être qu'elle passerait pour l'infirmière qui racontait le plus sa vie, mais il fallait faire de la conversation pour ne pas s'endormir. « Vous êtes natif de Bowen ? »  C'était une petite ville et, à vue de nez il devait sans doute, ne pas être loin de la trentaine alors, elle trouvait ça bizarre de ne pas le connaître. Bowen n'est pas la ville la plus populaire du Monde, généralement les habitants y sont depuis la naissance ou alors pour des raisons familiales. Ce n'est pas comme New-York ou Tokyo, il n'y a pas plus de gens ici que là-bas.

Adilyn commençait à raconter un eu sa vie, comme si elle parlait à un de ses amis, ce qui n'était pas le cas, il n'était qu'un patient à ses yeux, mais elle devait le rassurer et puis si le fait qu'elle lui parle pouvait le faire oublier sa douleur quelques instants, alors elle voulait bien le faire. Des anecdotes sur sa vie, il y en avait pleins, rien que son début de journée était chargé ; une heure dans sa salle de bain pour se rendre potable aux yeux des patients et qu'ils ne remarquent pas sa fatigue. Peut-être qu'elle devrait prendre quelques jours, le temps de se remettre en question. Mais elle préférait attendre le passage de l'autre blonde, voir si ce n'était que des paroles en l'air, ou non. Elle ne voudrait pas s'attirer les problèmes et que tout le monde sache du jour au lendemain parce qu'elle était en pseudo-vacance qu'elle ait été en prison. Elle tournait la question vers lui, parce qu'il fallait bien qu'il parle pour qu'elle ne passe pas pour une égoïste ou narcissique. « C'est vrai que ça à l'air vraiment stressant comme travail. »  Elle acquiesçait de la tête, ce n'était pas tous les jours facile, rien que lui avait été une épreuve, le sang, elle ne supportait pas et, lui semblait en perdre beaucoup trop. Puis le silence revenait, ce que l'infirmière redoutait. Mais, sur le coup, elle ne savait que dire à ce pauvre inconnu qui ne voulait pas sans doute savoir ce qu'elle faisait le soir après le boulot ou ses journées de libre. Alors, elle jetait un coup d'œil au dossier qui lui était sous la main et jetait son regard sur l'horloge. Heureusement, il se remit à parler, le sourire de la blonde était toujours présent en l'écoutant. « Oh, c'est bien ! »  Peut-être qu'il avait une sœur qui vivait dans le coin, et elle ne pensait pas si bien dire, en écoutant le reste de ses paroles. Son sourire se décrochait, puis elle restait le regarder pendant bien une minute sans rien dire, sans cligner des yeux, comme morte. « Qu-... »  Quoi ?  « Vous devez faire erreur. »  Elle déglutissait, repensant à ses quelques années sans père, avant que son nouveau l'adopte. Elle avait eu à faire à un lâche qui avait refusé de l'avoir. « Je n'ai que 31 ans et … d'après votre dossier, vous n'avez qu'un an de différence. »  Mais une grossesse faisait neuf mois, alors son histoire tenait la route et, ça lui donnait presque envie de vomir, levant les yeux au ciel, elle essayait de se reprendre. « Vous avez des preuves ou vous lancez ça aux femmes pour réussir à se rapprocher d'elles ? »  C'était une question stupide, mais c'était la seule réponse qu'elle trouvait. Jamais elle voulait entendre parler de son géniteur. Maintenant, elle était une Hansen, rien d'autre. « Ou alors, c'est une blague ? Très mauvais goût. »   

Adilyn essayait de se dire que c'était un mensonge, de toute façon, elle ne pouvait pas croire le premier venu. Et si c'était la perte de son sang qui lui faisait perdre la tête ? C'était la première proposition qui lui venait en tête, c'était la seule qu'elle voulait croire. Parce qu'elle était bien installée dans sa famille, même si elle n'avait pas totalement le même sang que ses frères et sœurs, elle se sentait plus Hansen qu'autre chose. Si bien même que la conversation d’une Adilyn adoptée n’est jamais venue s’installer, sans doute qu’ils pensent qu’elle fait réellement entièrement partie de la famille. Et même si son père n'est qu'adoptif, elle le considérait comme son père biologique, celui qui l'avait éduqué, qui avait été là pendant ses plus beaux moments. Sortant deux ou trois arguments pour le défaire de son idée, qu'il aille voir d'autres femmes qui rentraient aussi dans les critères. « Il y a un tas de femmes en ville, de mon âge, même taille et … le reste. »  Un rire nerveux, sachant qu'il y avait peu de chance de croiser une autre Adilyn. Finalement, elle le laissait parlé, pour son plus grand malheur. Regrettant de ne pas être resté dans son voyage plus longtemps pour éviter cette conversation, mais de toute façon, elle ne pensait pas l'avoir un jour, ça lui avait déjà traversé l'esprit, mais bien des années auparavant, quand elle était en colère avec sa famille et qu'elle se disait que vivre avec une autre, ça ne pourrait qu'être mieux. « Et, il avait une raison d'annoncer ça ? Ça fait longtemps ? »  Elle ne savait pas quoi rajouter, que dire, elle ne s'était jamais créée une conversation pour ce sujet et, aurait préféré que ce soit dans un autre endroit que l'hôpital, puisque dans quelques minutes, ils allaient venir pour son bras.   « Quelque part … Mais pas inscrit Bowen, n’est-ce pas ? Alors il pourrait y en avoir plusieurs. » Toujours en défense, ne voulant pas affronter la réalité, que celle-ci la rattrape, bien que ça faisait maintenant remuer bien des idées dans son esprit. Ça lui faisait presque mal de se dire qu’elle avait un demi-frère et que celui-ci, s’il l’était vraiment, ne serait même pas venue la voir. Mais, c’est vrai que la situation est plus que délicate. « Et comment ça, il a fait des recherches sur sa famille … Votre père. Pourquoi s’intéresser à des gens qu’il a abandonné ? » Parce qu’il n’assumait pas une grossesse, mais que quelques mois après, il a jugé bon de garder un enfant, puisque Danny se trouvait devant elle. « Vous voulez me faire croire que vous êtes venus à Bowen et que c’était au hasard ? » Bizarrement, son ton avait changé, devenant un peu plus sec.

C'est vrai qu'il ne devait pas avoir deux Adilyn comme elle dans ce pays, mais sur l'instant elle aurait plutôt préféré que ce soir le cas, jamais elle n'aurait appris qu'elle avait un demi-frère et même s'il le disait sur l'instant, elle ne le croyait pas encore sur parole, sans preuve, du moins. Elle maintenant l'idée que vu le coup qu'il avait eu dans le bras et le sang qui s'était écoulé, ça avait dû jouer sur ses pensées, qu'après son anesthésie, tout irait mieux pour lui, il aurait les idées en place et oublierait complètement qui elle était. Et, si jamais son histoire était vraie, elle se verrait mal aller vers sa mère pour lui dire que l'homme qui l'avait abandonné quand elle était enceinte avait un fils qui avait quasiment le même âge. Ce serait juste un secret de plus à garder parmi tant d'autres, bien que sa famille soit au courant pour la prison. Bien que cet homme, elle ne le portait pas dans son cœur, loin de là, ça lui faisait un petit pincement au cœur, c'était comme ça quand l'on lui annonçait chaque mort, depuis son séjour entre les cellules, pas parce qu'elle se sentait responsable, mais parce que mourir n'est jamais très marrant. « Je … suis désolée pour vous. »  Perdre son père ça ne doit pas être facile et bien que ce soit son père biologique, pour son esprit, ça la torturait pas plus que ça, parce qu'elle ne le connaissait pas, parce qu'il avait abandonné sa mère alors qu'elle était enceinte et que ça, elle n'arrivait toujours pas à le digérer. Surtout qu'il avait fait un enfant ou plusieurs, après. « Surprenant, c'est le mot, oui. »  En fait, il n'y avait pas de mot pour décrire ses pensées, elle avait éteint son cerveau quelques temps pour digérer un peu l'annonce. Adilyn eut un rire nerveux en l'entendant dire que Ailbert n'était pas un lâche. « Vous dites ça parce que vous êtes son enfant, il vous aurait abandonné aussi, vous penserez le contraire. »  Dans tous les cas, cet homme n'aurait pas pu savoir l'étape honteuse de la vie de l'infirmière s'il est mort il y a trois ans, il suffit juste d'espérer que Danny n'ait pas fait de recherche à son tour, mais il semblait plutôt bien renseigner. « Ce dossier ? Vous devez partir impérativement ? Vous êtes quoi ? Un meurtrier ? »  Beaucoup trop de questions dans la même phrase et, il n'aurait sans doute pas le temps de répondre à tous, vu le temps qu'ils mettaient à parler, bientôt les autres médecins allaient arriver et la conversation allait s'arrêter. Peut-être que lui aussi avait des problèmes comme la jeune femme, et que ça devait être de famille.