we have to unify and watch our flag ascend (tobias)

La tête appuyée contre le mur de sa cellule, Woody soupira. Il tourna la tête vers Tobias, qui était assis tout juste à côté de lui. Comme ils étaient des partners in crime, dans cette affaire, les officiers de police avaient jugé raisonnable de les laisser dans la même cellule. Parce que bon, considérant le taux de crimes à Bowen, toutes les cellules devaient être remplies, hein ? Notez ici le sarcasme. S’ils en venaient à arrêter les gens pour une simple bagarre dans un bar, sérieusement, c’était parce que les policiers n’avaient pas grand-chose à faire de leurs soirées. Surtout qu’ils étaient près de l’âge de trente ans, quoi, ça va, ils savaient prendre soin d’eux. Tobias et Woody ne seraient sans doute pas allés plus loin que ça ne l’avait été. Les policiers étaient juste débarqués au mauvais moment. Je vous résume ? Woody et Tobias étaient sorti dans un bar, un bar style taverne, question de pouvoir parler à des femmes sorties de leur puberté, quoi. Les boîtes de nuit, c’était de moins en moins le style du physiothérapeute. Trop de petits jeunes mineurs avec leurs fausses cartes. Ça le gonflait, à un moment. Bref, ils s’étaient rendus là et, la réputation de Woody étant ce qu’elle est, ça avait vite dégénéré quand il avait eu le malheur d’aborder – et de draguer – une femme qui semblait déjà prise, ou convoitée, peu importe. À partir de là, tout s’était passé trop vite mais la conclusion est que Tobias avait lâché sa conversation, de son côté, pour venir défendre son meilleur ami. C’est que Tobias pouvait s’énerver plutôt vite, parfois, quand une situation ne lui plaisait pas. Et comme il s’était toujours montré protecteur de son entourage, surtout de Woody au vu de toutes les insultes qu’il se prenait en pleine tronche plus les années avançaient, et bien il s’était empressé de prendre sa défense. La bagarre avait éclaté. Woody et Tobias prévoyaient foutre leur camp quand la police était arrivée. Et les voilà qui étaient maintenant au commissariat, essayant encore de comprendre ce qui venait de se passer. « Merde. » Avait dit Woody, pour la énième fois depuis qu’ils avaient été mis là. Après Freja, c’était à son tour de passer la nuit en prison. Et comme il avait déjà pas mal bu, ses idées n’étaient pas toutes claires. « T’as pas les plans de la prison tatoués sur ton torse, toi ? » Demanda-t-il en regardant son pote.

Tu es de ces personnes qui suivent toujours leurs amis, que ce soit dans les meilleurs moments ou dans les pires, comme les bagarres par exemple. C’est ce qui t’es arrivé, une fois de plus, ce soir là. De l’alcool à flots lors d’une sortie avec ton ami Woody, il n’en a pas fallu beaucoup plus pour qu’une bagarre se déclenche. Rien qui ne puisse poser de véritable problèmes, suffisamment importante pour que tu ailles aux côtés de ton ami. Seulement, une inconnue est arrivée dans l’équation, et celle-ci ne t’a pas plu, bien au contraire. La police. Résultat des courses : retour à la case départ, en passant par la prison. Alors tu te retrouves derrière les barreaux, contrarié à l’idée de passer une nuit en prison. Pas que ton lit à l’hôtel soit beaucoup plus confortable, simplement que tu aurais encore préféré avoir ce lit tout ce qu’il y a de plus inconfortable. A la place, tu te retrouves dans une cellule. Au moins, tu n’es pas seul mais plutôt avec Woody. Puisqu’il faut croire qu’ils ont estimé que c’était une bonne idée, que vous vous fassiez chier toute la nuit à deux dans une cellule. « Merde. » Tu fronces le nez et hoches la tête. « Comme tu dis. » Et personne pour venir vous récupérer, évidemment. Il faut crorie que vous allez passer la totalité de la nuit dans la prison. A moins que Woody n’ait une glorieuse idée, vous allez passer la nuit à vous faire chier comme des rats dans une cellule alors que vous n’êtes même pas si bourré que ça, juste assez pour raconter des conneries. « T’as pas les plans de la prison tatoués sur ton torse, toi ? » Tu ris et le regarde, prenant la peine de regarder histoire de vérifier, des fois que tu aies fait un tatouage géant que tu n’aurais pas vu. « Nop, désolé vieux ! Faut croire que j’vais être ta seule compagnie pour ce soir. Ça pourrait être pire. » Tu dis en riant, regardant à travers les barreaux et haussant la voix. « Ils doivent vraiment se faire chier pour en être réduits à arrêter des gens pour une toute petite bagarre de rien. » Tu affirmes en soupirant, t’asseyant contre le mur. « On a deux options : se faire chier ou les faire chier. Je vote pour la deuxième. Toi ? » Tu demandes en regardant ton ami.

Woody n’avait jamais mis les pieds dans cette prison avant que Freja ne l’appelle parce qu’elle avait été arrêtée pour avoir été ivre sur la voie publique ou un truc dans le genre, et maintenant c’était lui qui s’y retrouvait. Décidément, il visitait trop l’endroit à son goût depuis les derniers mois. L’homme demanda alors à Tobias s’il n’avait pas les plans de la prison tatoués sur lui, à la Michael Scofield peut-être. Malheureusement, ce n’était que dans les séries télévisées, ça. « Ha-ha. Ouais, ça pourrait être pire. » Avait acquiescé Woody. « Remarque, s’il commence à faire froid, t’attends pas à ce que je te réchauffe en étant la grosse cuillère, hein. Tu sèches dans ton coin. » Blagua-t-il. Ou pas, parce que ce n’était pas vraiment une blague, au fond. Woody appréciait énormément Tobias, mais de là à faire passer leur amitié à un tout autre niveau de cette façon, non merci. Woody préférait essayer de convaincre la gardienne de sécurité, à la place. Tobias dit finalement à voix haute ce que Woody pensait tout bas : ils n’avaient vraiment rien à foutre pour les arrêter pour une bagarre de sortie de bar. « C’est chiant sérieux. J’arrive pas à croire que j’ai pas d’amis millionnaires pour nous sortir d’ici. » Woody n’avait pas vraiment d’amis, point final. C’était un peu triste, mais c’était la réalité. À part Tobias et une très petite poignée de personnes, plus grand monde n’osait s’approcher de lui, la bête, le monstre. Son ami releva finalement les deux options qui s’offraient à eux, soit se faire chier ou les faire chier eux, les cochons. « C’était vraiment un choix ? La question ne se pose même pas. » Répondit Woody, avec un sourire malicieux. Et, reposant sa tête sur le mur, Woody prit une grande inspiration et, en chantant à pleins poumons, il débuta : « AND SO I WAKE IN THE MORNING, AND I STEP OUTSIDE, AND I TAKE A DEEP BREATH AND I GET REAL HIGH, AND I SCREAM FROM THE TOP OF MY LUNGS, WHAT’S GOING ON ? AND I SAY HEEEEY HEEEY HEEEY YEEEH, I SAID HEY ! WHAT’S GOING ON ? » Ça allait réveiller tout le monde, ça. Surtout avec la voix bien trop aiguë qu’il avait prise.

La prison ? Tu n’y avais jamais foutu les pieds, ou en tout cas pas depuis Los Angeles, puisque tu ne cherchais pas à faire des problèmes dans ta nouvelle vie, ou du moins ta nouvelle fausse vie, celle que tu as voulu avoir pour pouvoir oublier un passé pour le moins difficile avec des parents absents en plus du fait que tu aies perdu ta sœur jumelle. « Ha-ha. Ouais, ça pourrait être pire. Remarque, s’il commence à faire froid, t’attends pas à ce que je te réchauffe en étant la grosse cuillère, hein. Tu sèches dans ton coin. » Tu ris et le regardes. « Comme si j’allais me geler en Australie. » Tu lui affirmes avant de râler : vous êtes coincés ici, tous les deux ; et ce n’est pas comme si tu allais appeler ta future ex femme, sachant que vous n’êtes pas particulièrement en bon termes en ce moment, en plus de cela, puisque la séparation s’est faite dans la colère. « C’est chiant sérieux. J’arrive pas à croire que j’ai pas d’amis millionnaires pour nous sortir d’ici. » Il t’aurait bien eu toi, mais tu es du mauvais côté des barreaux. « Désolé, tu m’as encore embarqué dans tes histoires alors pas d’aide cette fois, nid à problèmes vas. » Tu dis en le bousculant pour le taquiner parce qu’il n’a pas eu besoin de t’embarquer, tu y vas de toi-même. « C’était vraiment un choix ? La question ne se pose même pas. » Tu le regardes en te demandant ce qu’il a en tête, puisque tu ne peux naturellement pas prévoir chacun de ses mouvements. « AND SO I WAKE IN THE MORNING, AND I STEP OUTSIDE, AND I TAKE A DEEP BREATH AND I GET REAL HIGH, AND I SCREAM FROM THE TOP OF MY LUNGS, WHAT’S GOING ON ? AND I SAY HEEEEY HEEEY HEEEY YEEEH, I SAID HEY ! WHAT’S GOING ON ? » Il chante faux. Affreusement faux, tu en grincerais des dents. « Tu m’as pété un tympan, là ! » Tu lui dis en râlant, le regardant. Et tu penses à te venger, parce qu’il est certain que tu ne chantes pas mieux que lui, loin de là. « CARNIVORE! CARNIVORE! WON'T YOU COME DIGEST ME? TAKE AWAY EVERYTHING I AM. BRING IT TO AN END. CARNIVORE! CARNIVORE! COULD YOU COME AND CHANGE ME? TAKE AWAY EVERYTHING I AM. EVERYTHING I AM! » Tu regardes ton ami en espérant lui avoir rendu la monnaie de sa pièce et te renfrognes. « A ton avis, c’est quoi qui motive des gens normaux à gâcher leur vie en devenant des connards pareils ? » Tu demandes avec une vraie curiosité.

Woody haussa les épaules à la remarque de Tobias quant à la température australienne. Lui-même, ayant beaucoup voyagé pour ses compétitions de vélo de montagne, savait à quel point d’autres climats étaient beaucoup plus froids. « Ça peut être frisquet, parfois. Surtout quand ton lit n’a pas de drap. » Releva Woody en regardant entre eux deux, ce banc sur lesquels ils étaient assis, d’un métal froid et peu accueillant. Si les policiers pensaient pouvoir avoir la paix une fois qu’ils se seraient endormis, ils se mettaient un doigt bien profond dans l’œil. Woody serait incapable de fermer l’œil dans cette prison des plus inconfortables. Certes, les cellules servaient à accueillir des gens ayant enfreint la loi, mais quand même, ils devaient bien avoir droit à un minimum de confort, non ? Le droit à la dignité n’était-il pas reconnu dans leur Constitution ? Putain, là, Woody avait l’impression d’être un animal.

Le sportif releva le fait qu’aucun ami millionnaire ne pourrait les sortir du pétrin, car le seul qu’il connaissait se trouver à ses côtés, derrière les barreaux. « Ça se fait pas, de payer soi-même sa propre caution ? » Demanda Woody avec un sourire. C’était stupide, comme concept. Il n’aurait pas refusé que Tobias les sorte de là, maintenant. Quitte à le rembourser dans quelques semaines, selon le montant qui était demandé pour leur liberté. Quel concept stupide, aussi, de devoir payer une caution pour sortir plus rapidement. Comme quoi le monde ne fonctionne vraiment qu’à l’argent. Woody soupira encore en réfléchissant à tout cela, et c’est Tobias qui lui redonna un peu de bonne humeur en proposant de faire chier les policiers ou les gardes de nuit. Il ne se fit pas prier, et commença à chanter bien fort une chanson des plus horribles, et avec sa voix, c’était encore pire. « Ouais, désolé, t’es genre une victime collatérale. » Et c’était au tour de Tobias de se venger, autant de Woody que des policiers. Le jeune homme porta ses deux mains à ses oreilles tout en éclatant de rire. Si ça se trouve, Tobias était bien pire que lui. « Putain, c’est quoi cette chanson pourrie ? » Demanda-t-il, ne reconnaissant même pas l’air de la chanson. Tobias lui demanda alors ce qui poussait les gens normaux à devenir des connards pareils. « Tu parles des mecs du bar, ou des policiers, là ? » Demanda Woody avec un rire. Ou peut-être même que lui-même rentrait dans cette catégorie, parce qu’il faut le dire, Woody était aussi un connard. Le pire, même. Il haussa les épaules. « J’crois pas qu’ils aient été normaux un jour, en fait … C’est inné chez eux d’être cons. » Ou pas, mais il aimait bien dire de la merde.