Callie & Kyle : Devines qui vient s'installer ?

Callie & Kyle

Hey ! Devines qui vient s'installer en Australie ? Son Itouch sur la playlist «voyage», le volume au maximum, Callie avait supporté les deux correspondances, une nuit dans un hôtel et les douze heures de vols. En tout et pour tout, son périple avait duré plus d’une journée, vingt-sept heures et cinquante-six minutes pour être exacte. En même temps, vu la précipitation avec laquelle la jeune femme s’était enfuie, jamais elle n’aurait put trouver mieux. Lorsque enfin, la métisse avait pénétré dans l’énorme bâtisse de sa grand-mère Clara, elle avait juste pris le temps de déposer valises et sac dans l’entrée et s’était directement plongée dans un bon bain chaud où elle s’était endormie. Son ventre l’avait réveillée presque deux heures plus tard, l’obligeant à s’emmitoufler dans un peignoir rouge, bien moelleux que sa Mamie préférée avait dû acheter ou faire acheter, la dernière option étant la plus probable. Ses cheveux relevés en une queue de cheval bien haute, Callie avait donc pris la direction de l’immense cuisine américaine rouge et argenté. Là encore, elle put admirer à quel point Clara avait le bras long puisque l’énorme frigidaire était remplis, voir même débordant. Danseuse, Callie avait souvent fait attention à la moindre chose préparée, privilégiant les bonnes salades au Mac do. Pourtant, en cette fin de matinée, elle prit un malin plaisir à se préparer une bonne assiette de pâtes à la carbonara recouvert d’une énorme couche de fromage râpée comme pour mettre un peu plus de distance entre la Callie danseuse et parisienne et la Callie d’ici. Elle alla même jusqu’à se préparer un merveilleux banana split qu’elle dégusta devant Grease, son film préféré. Les jours qui suivirent furent identiques au premier à peu de chose près. Selon les médecins, il fallait qu’elle se repose et bien, c’est ce qu’elle faisait. Une sorte de litanie c’était installée : télé, repas, bain, télé, repas, bain avec un coup de fil par ci par là à ses parents ou des copines danseuses qui, mine de rien, devaient se réjouir qu’elle ait été éjectée de la course à l’étoile. Finalement, le quatrième jour, Callie se saisit de son Blackberry afin de composer un tout autre numéro, celui de Kyle. De deux ans son ainé, Kyle était un architecte qu'elle avait rencontré lors d'une de ses nombreuses tournées. Bien sûr à l'époque, la jeune fille avait préféré faire abstraction de son rythme cardiaque beaucoup trop rapide à son gout, lorsqu'il était là. Seul la danse comptait et tant pis si elle passait à côté des choses merveilleuses de la vie. Aujourd'hui encore, Callie avait du mal à savoir ce qu'elle voulait réellement et surtout ce qu'elle ressentait. De toute façon, elle n'avait jamais eu le temps de se poser là dessus et ce n'était pas maintenant qu'elle allait commencer. Kyle avait tendance à vivre au jour le jour et ce n'était pas pour lui déplaire, ça rentrait dans son mode de fonctionnement. Bien que chacun dans un coin du globe, les deux jeunes gens avaient sympathisé et gardé le contact via facebook et portable, se voyant dès que cela était possible. La métisse ne savait pas exactement pourquoi elle avait attendu si longtemps pour dire à son ami qu'elle était ici mais lorsqu’elle reçue la réponse affirmative du garçon quant à des retrouvailles dans l'un des bars de la ville, elle ne put s’empêcher de se dire que c’était la chose à faire. Le lendemain de cet appel donc, soit quatre jours après son arrivée, Callie avait ouvert son dressing et pour la première fois depuis son arrivée, elle c’était préparée pour sortir. Un slim beige, un débardeur «american flag» beige et blanc et des boots en cuir marron clair, constituait sa tenue. A cela, la métisse avait rajouté un foulard dans les mêmes tons avec des motifs noirs et un sac Longchamps assorti. Fin prête, elle avait pris les clés de sa mini-cooper, direction le Folly’s Coffee. Elle se gara juste la devanture et pénétra à l’intérieur du café où elle demanda un box pour deux, dans le coin opposé à la porte d'entrée.

Lorsque Kyle arriva enfin, Callie ne put s’empêcher de le détailler. Son ami l’embrassa sur la joue puis l’enlaça, lui permettant ainsi de se retrouver dans ses bras. Elle lui avait manqué. Cette simple phrase suffit à la métisse pour s’imaginer tout un tas de scénarios avant de redescendre sur terre. Ils étaient amis, bien sûr qu’elle lui avait manqué, c’était normale. Elle garda néanmoins contenance et se réinstalla sur sa banquette, en face du jeune homme. Comme toujours lorsqu’ils se retrouvaient, la danseuse éprouvait une sorte de malaise, de gêne. Depuis qu’ils se connaissaient c’était comme ça. Callie apprenait ses dates de tournée, appelait Kyle, ils restaient des heures au téléphone, malgré le coût de l’appel et le décalage horaire et lorsque enfin, elle s’échappait de l’hôtel où elle se trouvait pour le retrouver, elle devenait le prototype même de l’adolescente boutonneuse amoureuse du sportif le plus populaire de l’école. Pourtant, une petite voix en elle ne cessait de lui dire qu’elle devait forcément lui plaire un minimum. Après tout, ils avaient déjà dérapé. La première fois, ils n’avaient échangé qu’un baiser. Du moins, elle l’avait embrassée, juste avant de passer le point de contrôle de l’aéroport. Pendant des mois, ni l’un ni l’autre n’en avait reparlé. En même temps, si Callie avait eut ce geste fou, c’était uniquement parce que Maë l’avait mise au défit de «rouler une galoche» au bel étudiant qui venait de la déposer à l’aéroport juste à temps pour qu’elle puisse rentrer sur Paris. C’était nul, petit, gamin mais Callie détestait perdre un défit. Bref, pourquoi parler d’un fait qui ne relevait que d’un stupide jeu entre deux gamines de dix-sept ans ? Deux mois plus tard, la danseuse, tout juste majeure, était une fois de plus, celle qui avait franchi. A l’époque, elle venait d’être choisit pour assister à la master-classe d’un chorégraphe australien. Par le pouvoir de son ancêtre préféré, Clara, la métisse avait réussi à passer du temps en compagnie de Kyle. Cette fois, ils étaient allée beaucoup plus loin que les barrières que la jeune fille s’était fixée. L’excuse qu’elle avait trouvé ? L’alcool. Ils étaient sortie en boîte et au lieu de retourner à l’hôtel comme la bonne petite danseuse qu’elle était à Paris, Callie s’était retrouvée chez et sur son ami. Le lendemain matin, au lieu d’agir comme une personne normale, Callie s’était éclipsée. La dernière fois remontait à un peu moins d’un an. Réunis pour l’anniversaire de Clara, toute la famille Ventura s’était retrouvé autours d’un bon dîner dans un restaurant. Lorsque sa mère lui avait fait le reproche justifié qu’elle ne profitait pas de la vie, le ton était très vite monté. Vexée, Callie était partie rejoindre son ami. Ces trois moments représentaient les seuls fois où ils avait sauté le pas. Le reste du temps, ils agissaient comme des amis normaux sans jamais reparler de ces nuits à deux. Il existait comme un accord tacite entre eux qui la laissait perplexe mais jusqu’à maintenant, Callie avait toujours eu la danse pour plonger et oublier. -Toi aussi tu m’as manqué, répondit-elle tout en s’installant. Comme à chaque fois qu’elle était gênée, son premier réflexe fut de vouloir passer sa main dans ses cheveux avant de se rappeler qu’elle les avait attaché. Elle détourna alors le regard, à la recherche d’un serveur. Une fois la commande passée, elle demanda des nouvelles. -Comment ça va ?

A la réponse de son ami, Callie fronça les sourcils. Elle ne le connassait que trop bien pour savoir qu’il lui cachait quelque chose mais comme à son habitude, elle préféra passer outre. Kyle n’était pas du genre à se plaindre quand quelque chose n’allait pas alors que la vie n’avait pas été tendre avec lui. C’était sans doute l’une de leur grande différence. Callie avait eut une vie des plus heureuses alors que Kyle en avait vu des vertes et des pas mûres et à chaque fois, elle n’avait envie que d’une chose, être dans ses bras et ne plus le laisser partir. Le serveur vint interrompre leur discussion déposant devant eux des tasses fumantes. Comme à son habitude, la jeune femme avait commandé un chocolat viennois et comme à son habitude, elle poussa la boisson devant Kyle afin que ce dernier mange toute la chantilly qui s’y trouvait au dessus. Cette habitude un peu folle datait du moment où; en voyage en Italie, Callie avait gouté un viennois exquis. Lorsqu’elle était revenue en Australie, un peu comme une enfant de cinq ans, elle avait décrété ne plus aimer la chantilly des chocolats viennois. Elle attendit patiemment que Kyle est tout enlevé avant de récupérer sa tasse et de boire une gorgée. La question de Kyle ne cessait de raisonner dans sa tête. Il ignorait pour l’accident. Callie avait préféré le tenir à l’écart sans trop savoir pourquoi. A chaque fois qu’elle l’avait eut au téléphone, Callie avait passé sous silence les quelques jours dans le coma, la rééducation et enfin maintenant, son avenir incertain dans la danse. Bien sûr qu’elle savait que le jeune homme aurait aimé être au courant mais ils vivaient tellement loin de l’autre qu’à ce moment là, elle ne voyait pas ce qu’il aurait pu lui apporter. Si aujourd’hui elle le regrettait, la danseuse ne pouvait plus rien faire. Kyle risquait d’être vexé ou énervée, elle ne savait pas trop mais ce fut ses deux probabilités qui la poussèrent à continuer son mensonge. -Ça va, merci. En fait, si je suis ici, c’est parce que j’ai décidé de faire un break avec l’Opéra et tout ça et je me suis dis que je pourrais passer mon temps libre en ta compagnie, t’en penses quoi ? Ce n’était pas vraiment un mensonge. Après tout, elle aurait très bien pu rester dans son appartement à Paris ou retourner chez ses parents à New- York mais non. C’est lui qu’elle avait choisi. Il était la seule bonne raison de sa présence ici et même si elle n'osait pas encore se l'avouer, cette pause forcée lui permettait de passer du temps avec lui ce qui n'était pas pour lui déplaire. -T'as de la chantilly dans le coin de tes lèvres... Joignant le geste à la parole, elle avança son index, récupérant la chantilly puis le tendit à Kyle. Horrifiée, elle arrêta sa main. Callie venait de prendre conscience que pour des millions de couples, ce qu'elle s'apprêtait à faire, n'avait rien d'anodin. Elle resta donc ainsi, la main en l'air, incapable de choisir ce qu'elle devait faire.

• Bien que nous étions devenus proches l'un de l'autre et que nous nous confions un tas de choses il était évident que nous conservions tout de même une part d'ombre afin d'entretenir nos jardins secrets respectifs et je me doutais qu'elle ne me racontait pas tout ce qui pouvait lui arriver, après tout j'étais le genre à me faire du soucis pour un rien, vous pouvez être assuré qu'avoir su ce qui lui était arrivé j'aurais sauté dans le premier avion pour aller la rejoindre, bien que ce stress aurait pu m'être nocif mais lorsque Callie était concernée je ne reculais devant rien. Bien évidemment le fait d'apprendre qu'elle avait eu un accident sans avoir pu me précipiter à son chevet pourrait s'avérer des plus vexant et c'est une bonne chose que je ne le sache pas, après tout il est bien connu que ce nous ne savons pas ne peut point nous faire de mal, mais plus que tout j'adore ma belle brune et il me serait impossible de lui en vouloir indéfiniment … je suis très conciliant avec elle.
  
  J'étais heureux de la revoir, bien sur je regrettais pas moment de ne pas avoir été la rejoindre à Paris mais je crois que j'étais paralysé par la peur d'être déçu, j'avais peur d'arriver et de la voir avec un autre mec … je ne crois pas que j'aurais pu le supporter bien que je suis parfaitement conscient que la belle ne me doive rien, après tout nous ne sommes pas un couple mais je me dois d'admettre qu'elle a fini par faire naître en moi des sentiments qui m'étaient jusqu'à maintenant inconnus et dont je n'avais pas encore trouver la force en moi afin de les lui exprimer. La jeune femme m'avait demandé comment j'allais, évidemment je préférai ne pas trop m'étendre sur mon sort et je lui répondis que je me portais bien avant de lui retourner la question, la jeune femme en profita afin de me dire qu'elle avait décidée de s'offrir un moment de répit et qu'elle avait envie de le passer en ma compagnie...rien au monde ne pouvait me faire davantage plaisir.
  
  Rien au monde ne me ferait davantage plaisir que de me retrouver en ta charmante compagnie pour un moment de longue durée, tu ne pouvais pas trouver un moyen pouvant me faire davantage plaisir.
  
  Et puis je souris à sa remarque, relativement à la présence de crème Chantilly sur le coin de mes lèvres, je dois avouer que ce genre de situation se produisait régulièrement lorsque nous nous adonnions à ce petit rituel qui pouvait porter les curieux à penser que nous étions ensemble bien que cela n'était pas le cas. Je fixai son index, avec lequel elle avait retirée la crème, pendant un instant et puis je décidai de le lécher afin de déguster la crème qui s'y trouvait, j'étais joueur après tout.
  
  J'adore les doigts sucrés, surtout les tiens.
  

Ce moment représentait exactement tout ce qui la mettait mal à l’aise lorsqu’elle était avec lui. A ses yeux, entrer dans le jeu de Kyle représentait presque une déclaration en bon et dû forme. Le contraire, suffisait au contraire à calmer leurs ardeurs à tout les deux pendant au moins un mois. Et le pire dans tout ça, c’est qu’elle était celle qui avait fait le premier geste. Elle et sa spontanéité débile ! Silencieuse, elle posa sa main sur la table tout en regardant Kyle. La question qu’elle évitait de se poser depuis son arrivée en Australie s’imposa à elle brutalement. Avait-elle un avenir, ici avec Kyle ? Et si on lui disait demain qu’elle pouvait continuer la danse, que ferait-elle ? -Ecoutes Kyle, hum...C’est temporaire...Il ne faut pas que... La danse. Voilà la réponse. C’était sans doute la chose la plus ridicule du monde mais depuis petite, son chemin était tracé. Elle ne pouvait pas dévier de ce parcours et encore moins faire espérer quelque chose à une personne aussi importante que Kyle. -T'imagines si je dois repartir sur Paris...Je veux dire, quand je devrai repartir sur Paris... La métisse termina sa phrase là. D'une part parce qu'elle avait franchi la barrière du non dit en parlant de leur "relation" et d'autre part parce qu'elle avait utilisé un petit mot qui risquait de l'entraîner dans une conversation qu'elle n'était pas prête à tenir.