get lucky + annushka

Elle leva ses yeux bruns un peu timidement vers Adrian. Ce qu'il avait dit était plus une affirmation qu'une question, cependant c'était un peu plus compliqué que ça.

-Oui et non disons.

Après tout c'était à cause de son arrêt de travail qu'elle était ici. Mais elle aurait dû seulement confirmé d'un signe de tête, au moins il n'aurait pas posé plus de questions parce qu'elle n'avait absolument pas envie d'en parler en fait.

Adrian semblait assez surprit qu'ils vivent tous sous le même toit. A sa question, Annushka fit non de la tête. Elle ne se souvenait pas qu'il y ait eu des tensions mais en même temps, peut-être qu'on les lui avait caché aussi. Et depuis qu'elle était ballerine, elle avait tout de même passé le plus clair de son temps en dehors de chez elle.

-Non, non jamais, en tout cas rien de grave.

La brunette eut un petit sourire quand il lui dit qu'elle avait raison, cependant elle se met à rougir, baissant le nez vers sa soupe quand il lui demanda si elle était célibataire. C'était un peu indiscret quand même... bien qu'il ne pensait certainement pas à mal.

-Oui.

Elle continua à manger sa soupe assez lentement. Elle n'était pas du genre à tout engloutir à la vitesse de l'éclair. Elle leva de nouveau les yeux vers son invité avec un large sourire à ses mots.

-Oui il paraît. Vous devez donc être quelqu'un de bien.

C'était un dicton avec lequel elle était assez d'accord, disons qu'il rentrait dans ses principes. Elle rêvait de ce genre d'homme, romantiques, gentlemen, doux. Décidément, il était bien curieux sur sa vie. Ca la mettait parfois un peu mal à l'aise mais il avait l'air si gentil après tout...

-Euh oui, toujours, je ne suis pas très aventurière.

Elle lui fit un doux sourire avant de prendre une nouvelle cuillère de soupe.

-Mais pourquoi toutes ces questions ?

Elle n’était que plus ou moins à Bowen pour son travail, ce qui me faisait arquer un sourcil, intrigué. « Oui et non? » répétais-je sans trop comprendre. Je haussais les épaules et je chassais rapidement le sujet de conversation de la nuit puisqu’elle ne semblait pas forcément prête à s’y ouvrir. Elle me parlait de sa vie en Russie en me disant qu’il n’y avait jamais eu de conflits et je souriais simplement. « Il doit y avoir des petites disputes, même dans les meilleures familles. » concluais-je finalement sans plus d’acharnement. Elle me confiait donc être célibataire, je hochais la tête en me disant que ce serait peut-être un élément important lors de ma recherche. Elle me disait également que je devais être quelqu’un de bien et je riais doucement. «  Je ne pense pas non plus être un Saint. » confiais-je à la jolie brunette. Annushka avait toujours vécu en Russie en me disant qu’elle n’était pas très aventurière. « Je ne crois pas que l’aventure se résume à parcourir le monde, mais davantage à faire l’extra dans l’ordinaire du quotidien. » Je mangeais encore un peu plus puisque je semblais être plus sage à la bouche pleine. Puis, à sa question je me montrais un peu surpris, même désarmé. « En fait, ce n’est que curiosité. Je voulais faire la discussion et apprendre à vous connaître. » lui confiais-je alors que je rougissais, visiblement timide. Elle ne semblait pas forcément apprécier le tout. Je rougissais de plus belle en continuant de manger. J’adressais un regard plus loin envers mon chien qui semblait s’être endormi auprès du chat. Il portait bien son nom, ce chien.

Annushka préféra esquiver la question, quand l'attention d'Adrian se porte sur le "oui et non" qu'elle avait prononcé un peu plus tôt. Elle n'avait pas envie d'en parler et il semblait l'avoir comprit puisqu'il n'insista pas. La Russe esquissa un sourire quand elle entendit son invité maintenant qu'il devait tout de même y avoir des disputes. Evidemment, tout n'était pas rose tout le temps, mais la plupart du temps tout de même.

-Oui parfois, mais ce n'est pas bien grave.

Ca n'avait jamais marqué la jeune femme à vrai dire. Mais si elle y réfléchissait, oui parfois certains membres de sa famille se faisaient la tête, mais ça finissait par passer. Elle hocha doucement les épaules lorsqu'il lui avoua ne pas penser être un saint.  Personne n'en était un de toute façon, on faisait tous des erreurs parce qu'on était humain. Et Dieu était là pour pardonner les erreurs et remettre sur le droit chemin.

-Vous n'avez pas besoin d'être un saint pour être quelqu'un de bien.

Annushka s'arrêta quelques secondes sur sa pensée presque philosophique. Elle leva son regard brun vers lui, esquissant un petit sourire.

-Vous avez sûrement raison mais je ne crois pas l'être pour autant.

Sa vie pour l'instant n'était qu'une vaste routine bien qu'elle espérait que ça change un jour. Il sembla vraiment gêné lorsqu'elle lui fit remarquer qu'il posait beaucoup de questions. Ce n'était pas le but juste... Non en fait elle n'aurait pas dû lui dire ça. Rougissant à son tour, elle finit de manger sa soupe avant de se lever pour mettre son assiette dans l'évier.

-Je ne voulais pas vous déstabiliser, je suis désolée.

Elle se rapprocha de lui, tendant les bras avec un doux sourire pour récupérer son assiette.

-Vous voulez quelque chose ? Vous brossez les dents ? Je dois en avoir des neuves ou je ne sais pas, regarder la télé ?

Elle confirmait mes dires, que je pouvais moi-même appuyer de mes propres exemples. Je les tairais néanmoins dans ce contexte. J’allais taire tout ce qui était du monde de Brody et non pas celui d’Adrian. À ma remarque, elle me disait que je n’avais pas besoin d’être un saint pour être quelqu’un de bien et je hochais la tête. Elle n’avait pas tord. Annushka me disait qu’elle ne croyait pas être extraordinaire et je secouais la tête négativement. « Vous venez de rendre ma vie extraordinaire, croyez-moi sur paroles. » Je devenais plus silencieux suite à sa question alors qu’elle rougissait aussi. Elle avait remarqué que j’étais déstabilisé? Eh bien, voilà un piètre acteur! Annushka reprenait mon assiette en me demandant si je voulais quelque chose. « Vous aider avec la vaisselle? » demandais-je poliment. Les options qu’elle m’offrait me faisaient rire. Je n’avais pas regardé la télé depuis quelques mois maintenant. L’offre de la brosse à dents était alléchante, par contre. « Je crois que tout est bon de mon côté. Je vous remercie beaucoup pour votre hospitalité. Mais je ne veux pas non plus en abuser. Après la vaisselle, je partirai. » lui confiais-je avec un sourire, heureux d’avoir pu manger et surtout partager une bonne soupe.

Annushka eut un sourire touché lorsqu'Adrian lui avoua qu'elle avait rendu sa vie extraordinaire. Elle se contenta de secouer doucement la tête. Il était adorable mais pourtant elle n'avait rien fait de particulier. Elle avait seulement été humaine, bien que ce soit une valeur qui semblait se perdre au fil du temps.

-Je ne pense pas avoir changé quelque chose à votre vie, à votre soirée tout au plus.

Elle lui sourit de nouveau, un peu plus tristement. Comme elle lui avait dit plus tôt, elle aurait aimé faire tellement plus.
Elle acquiesça d'un signe de tête quand il lui proposa de faire la vaisselle. Elle n'allait pas refuser, ça risquait de le contrarier et puis ça l'arrangeait un peu tout de même.

-Bon d'accord, ça ne devrait pas être très long.

Il suffisait de laver les couverts, le couteau qui lui avait servi pour les légumes, leurs assiettes et puis la casserole. Rien de si extraordinaire. Elle commença à disposer tout ça dans l'évier quand ses paroles l'interpellèrent. Elle leva vers lui un regard contrarié avant d'attraper sa main dans les siennes comme pour le retenir.

-Non, vous pouvez rester dormir, ma tante n'est pas là alors je peux vous faire son lit.

Son regard brun très expressif était presque suppliant. Peut-être qu'au fond ce n'était pas que pour lui qu'elle faisait, peut-être que c'était un peu pour elle, pour faire une bonne action et avoir de la compagnie.

« Je crois que oui, moi. » lui confiais-je avec un clin d’œil. Je repensais à mon étude et elle y serait sans doute mentionné comme étant une personne très généreuse. Annushka acceptait mon aide pour la vaisselle et on se mettrait à l’œuvre très rapidement puisqu’elle semblait davantage aimer laver que d’essuyer et ça me convenait. J’allais attraper un linge sur le coin d’une armoire, mais sa main m’en empêchait plutôt rapidement en attrapant la mienne. Je regardais sa main sur la mienne, puis je déglutissais et je relevais le regard vers elle qui semblait contrariée, sans que je ne sache trop pourquoi. Elle m’invitait à dormir et je rebaissais les yeux vers le sol. Dormir dans un lit, ça faisait maintenant si longtemps... Je me mordillais l’intérieur des joues, un peu perplexe. « Ce ne serait pas un peu trop... étrange, pour vous, je veux dire? » Elle me regardait presque suppliante. Et je hochais la tête finalement pour accepter. « D’accord. » concluais-je légèrement mal à l’aise en me frottant la derrière de la tête. « Mais laissez-moi vous repayez d’une quelconque façon... Vous devez avoir un peu d’entretien à faire, des lampes à changer? Des trucs trop lourds, des réparations? » lui demandais-je à mon tour avec un regard implorant. « Et vous êtes certaine que votre tante ne rentrera pas cette nuit? » lui demandais-je encore plus inquiet.

Annushka eut un doux sourire à sa réponse. Elle était heureuse d'avoir pu égayer sa soirée, et sa vie puisqu'il semblait insister sur ce point. Elle avait toujours su qu'on était récompensé des bonnes actions que l'on faisait, mais elle en avait à présent la certitude, rien que voir le sourire des gens, c'était quelque chose d'infiniment gratifiant.
Cependant, il ne semblait pas vouloir rester, ce qui la contrariait vraiment. A sa question, elle secoua la tête de droite à gauche avant de lever les yeux vers lui.

-Non, je ne vois pas pourquoi ça le serait.

Elle lui fit un sourire se voulant rassurant. Après tout, ce n'était pas comme s'ils allaient dormir dans le même lit, alors non, elle ne trouvait pas cela étrange.

Il finit par accepter, même s'il avait l'air un peu mal à l'aise. Annushka comprit rapidement que sa demande était sérieuse. Elle se mit alors à réfléchir à ce qu'elle pourrait bien lui demander de faire. Elle ne voulait pas qu'il se sente mal.

-Eh bien, c'est vrai qu'une des ampoules du lustre ne fonctionne plus...

Et elle était bien trop petite, même en grimpant sur une chaise pour la changer elle-même. Elle eut un autre sourire, amusé cette fois, quand il s'inquiéta pour sa tante. De nouveau, elle hocha négativement la tête pour lui répondre.

-Non ne vous inquiétez pas, elle ne rentrera pas. Et même si c'était le cas, je dirais que vous êtes un ami, c'est tout.

« Non, je ne vois pas pourquoi ça le serait. » « Très bien alors. » concluais-je en hochant la tête positivement. Je ne voulais pas créer de débat, surtout après cette merveilleuse soupe. Et si je ne dormais pas, je pourrais toujours faire du ménage dans la maison, n’est-ce-pas? C’était ce que Sienna faisait lorsqu’elle ne dormait pas, elle pouvait au moins se vanter d’être productive! À sa réflexion et puis son aveu, mon sourire s’agrandissait. « Je sais changer des ampoules! Je sais même faire du ménage, quelques constructions de meubles bien simples, je suis capable de réparer certains ordinateurs aussi. » offrais-je en réfléchissant à quoi d’autres je pouvais bien lui offrir. J’aurais pu lui offrir mon corps, mais ce serait vulgaire et de mauvais goût. Je bougeais sans cesse comme si je devais absolument le faire à l’instant. Je regardais Annushka comme un chien dans l’attente d’une récompense – ou d’un globe en l’occurrence. « Vous avez une ampoule? » lui demandais-je alors. Elle me disait que sa tante ne rentrerait pas tout de suite et je hochais la tête. Pourquoi pas... « D’accord. » dis-je finalement, un peu pris au dépourvu. « Je l’apprécie, Annushka, sachez le. » Je la fixais avec mes grands yeux de chiens attachant.

Annushka eut un sourire tendre alors qu'Adrian énonçait tout ce dont il était capable. Elle le trouvait réellement adorable de vouloir à ce point se rendre utile.

-Je crois que pour l'instant je n'ai pas besoin de toute ça, mais promis, quand j'aurais un meuble à monter je viendrais vous chercher.

L'attitude d'Adrian ne faisait qu'étendre le sourire et le bonheur de la jeune femme. Il avait l'air heureux et c'était vraiment ce qui comptait. Quand il lui demanda si elle avait une ampoule, elle acquiesça d'un signe de tête.

-Je vais vous chercher ça tout de suite.

Elle se rendit alors jusqu'à un tiroir d'où elle tira quelques ampoules neuves avant de se rapprocher de son invité, lui pointant du doigt le lustre fautif.

-C'est là où certaines ne fonctionnent plus.

Elle finit par lui confirmer que sa tante ne reviendrait pas et que de toute façon ce n'était pas grave. Son regard la toucha et, sans réfléchir, elle passa ses bras autour de lui pour l'enlacer. D'ordinaire, elle n'était absolument pas tactile avec les hommes, elle avait toujours peur des convenances, de ce qui était indécent, ce qui n'était pas le cas avec les femmes. Elle ne savait pas trop ce qui lui avait prit, là, d'un coup. Elle s'était vraisemblablement senti un peu trop à l'aise.

Elle ne tardait pas à freiner mon envie d’aider en me disant qu’elle viendrait gentiment me chercher dans le besoin. Je hochais la tête en tentant de moins bouger, mais je retenais tout de même les ampoules en question. Annushka allait chercher l’ampoule en question et me revenait avec le tout en me pointant le lustre. Je fronçais les sourcils quelques instants, ça ne serait pas bien sorcier et en m’étirant un peu j’allais facilement pouvoir tout changer. Je fermais le lustre après avoir pris en note mentalement les globes qui ne fonctionnaient plus pour les changer sans plus de cérémonie en m’étirant. La routine. Je rallumais la lumière avec un grand sourire, satisfait. « Voilà. » Puis par la suite, elle ne tardait pas à m’enlacer et je lui rendais cette étreinte sans même comprendre comment elle était arrivée. Je me sentais un peu coupable, en fait. Parce que je ne croyais pas toute cette humanité possible, toute cette compassion chez des humains. J’avais un peu le cœur tourmenté à l’envers. Je lui frottais le dos comme j’avais l’habitude de le faire à Sienna quelques mois plus tôt lorsqu’elle avait un gros chagrin ou des inquiétudes. Je lui donnais un baiser sur la tête par instinct en la serrant un peu plus fort, comme si j’avais l’impression qu’elle en bénéficiait autant que moi. J’avais envie de lui dire toute la vérité comme à l’inverse, j’avais envie de tout ravaler. « Ça ira? » demandais-je à elle comme je me le demandais à moi en me doutant que quelque chose clochait.

Annushka le regarda sagement changer les ampoules. Il semblait très habile dans cette tâche. Sûrement qu'avant d'être à la rue il avait dû réaliser cette opération un bon nombre de fois.

-Merci beaucoup.

Dans un geste impulsif, elle enlaça son invité. Elle n'était pas sûre que ce soit une bonne idée, mais elle n'avait pas réfléchit. Elle sourit quand il la lui rendit.
Elle se sentit incroyablement bien quand il passa sa main dans son dos. Elle n'avait jamais ressenti ça auparavant. Elle ne savait pas comment le décrire, elle était juste bien. Cependant, lorsqu'il l'embrassa sur la tête, Annushka se sentit rougir en une seconde. Elle s'écarta un peu de lui, levant son visage écarlate vers lui.

-Ah... euh... oui. Je suis désolée je ne sais pas ce qui m'a prit.

Elle secoua la tête, espérant que ses joues reprendraient une teinte normale. Elle n'avait jamais eu ce genre de geste de tendresse auparavant.

-Je vais vous montrer votre chambre.

Elle tenta de sourire comme si de rien n'était.

Elle me remerciait et je la gratifiais d’un grand sourire. « Tout le plaisir est pour moi, gente dame. » lui avais-je avoué en trahissant sans doute mes origines relativement aisées. La politesse était pour moi une base dans tout dans la vie. Suite à l’étreinte qui m’avait relativement surpris, elle se décollait doucement en cherchant un peu plus loin. D’un côté, j’avais eu une envie folle de l’embrasser, d’une autre, la raison me retenait davantage et c’était ce self-control qui avait eu raison de moi. Elle s’était également refrogné de son côté, ce qui me rendait un peu mal à l’aise. « Le besoin de tendresse est humain. » dis-je comme par réflexe. C’était humain et tout à fait normal. Elle me proposait de me montrer la chambre et je hochais la tête en la suivant dans la demeure. Puis, j’ouvrais la lumière de la pièce derrière elle. Je regardais autour de moi et il me faisait si longtemps que je n’avais pas dormi dans un endroit comme celui-là, un vrai lit. Avec des couvertures. Je me retournais vers Annushka. « Merci beaucoup, c’est très gentil. » lui dis-je. Puis je fronçais les sourcils. « Retournez-vous. » lui soufflais-je doucement alors qu’elle semblait s’exécuter docilement. J’aurais pu la prévenir que j’allais la toucher, mais je ne le fis pas. Mes mains expertes se dirigeaient vers ses épaules et lentement, je commençais à la masser doucement. « Détendez-vous. » lui dis-je d’une voix calme et lente. Je massais ses épaules, son cou, ses omoplates. Un réflexe que j’avais avec Sienna et que maintenant Annushka pouvait bénéficier le temps de quelques instants. « Vous êtes tendue. » lui fis-je remarquer en me doutant que ma présence ne devait pas trop la rendre à l’aise, voir même au contraire, elle devait provoquer un certain inconfort. « Je suis désolé, je ne veux pas vous effrayer. » poursuivais-je doucement, presque mal à l’aise.

Annushka eut un sourire tendre quand il lui dit que tout le plaisir était pour lui. C’était une formule relativement banale mais elle trouvait toujours cela extrêmement gentil. Elle était un peu naïve la jeune Russe. C’était ce qui faisait son charme, parfois.
Néanmoins, quand il tenta de justifier l’action de la brunette en lui disant que le besoin de tendresse était humain, elle eut un petit sourire gêné. Il avait certainement raison. Mais elle n’était tout de même pas obligée de se jeter sur lui sans trop de raison. Enfin, heureusement il ne s’était pas senti agressé.

-Sûrement mais… j’aurais pu vous contrarier.

Elle eut un autre petit sourire désolé avant de lui montrer la chambre. Elle le laissa allumer la lumière. Il semblait heureux et ça lui faisait réellement plaisir. A chaque minute de plus passé avec lui, elle sentait un peu plus l’accomplissement de sa bonne action.

-C’est normal je…

Puis le voyant froncer les sourcils, elle s’arrêta dans sa phrase, ne comprenant pas cet air soudain. Cependant elle obtempéra quand il lui demanda de se retourner. Elle était plutôt du genre docile et sa demande n’avait rien d’agressif. Son massage la fit tout de même esquisser un sourire. Il était vraiment adorable. Elle n’osait pas trop lui poser de question sur son passé, après tout peut-être que c’était difficile pour lui maintenant qu’il était… à la rue, mais il avait dû être rudement bien élevé et avec beaucoup d’amour.

-C’est vrai j’ai tendance à être un peu stressée.

Elle avait dit cela avec une petite voix toute gênée. Surtout que la présence d’un homme aussi proche d’elle était vraiment extraordinaire. Quand il s’excusa elle secoua la tête de droite à gauche pour lui signifier qu’il ne la dérangeait pas ou quoique ce soit s’en rapprochant.

-Non, ne vous inquiétez pas, vous êtes gentils.

On avait déjà dû lui dire cela un nombre considérable de fois.

« Sûrement, mais... J’aurais pu vous contrarier. » Je répétais ses derniers mots dans l’incompréhension. « Me contrarier? Il en faut beaucoup plus. » lui avouais-je un fin sourire aux lèvres, j’étais bien loin d’être susceptible. En fait, j’étais soupe au lait sur quelques sujets, mais il fallait bien me connaître et savoir sur quels points peser, ce qui ne serait pas le cas d’une inconnue, surtout si c’était involontaire. Alors que la jeune russe allait me parler, j’avais commencé à la détendre comme je le pouvais. « C’est vrai, j’ai tendance à être un peu stressée. » « Votre cou ainsi que le haut de votre dos approuvent cette affirmation. Consultez-vous des spécialistes, parfois? » lui demandais-je en ayant remarqué des muscles sur son dos. Sienna n’était pas aussi musclée et c’était loin d’être une sportive, ma femme. « Avez-vous fait du sport récemment? Je crains que ce soit le cas de votre corps entier. » lui confiais-je, légèrement mal à l’aise alors que j’étais celui qui prenait soin de ma femme, il y a de cela plusieurs mois maintenant. Devant mes excuses, elle me disait que j’étais gentil ce qui me faisait rire un peu. « Admettez que vous ne vous attendiez pas à ça d’un SDF... » Les préjugés étaient nombreux et j’étais le premier à tous les étudier. Je regardais autour de nous et soudainement Einstein venait entrer dans la chambre pour se coucher sur le lit, réflexe qu’il avait avant de m’accompagner dans mes folies. Je le faisais descendre rapidement en rougissant. « Je suis désolé, il avait cette habitude avant... » lui confiais-je en me frottant la tête un peu mal à l’aise. .

Annushka se mordit l’intérieur de la joue avant de se forcer à esquisser un petit sourire quand il lui avoua qu’il en fallait beaucoup plus pour la contrarier. Sûrement que dans la rue il avait vécu des choses plus dures que de se faire câliner néanmoins, elle ne pensait pas que ce soit une raison pour faire ce genre de chose sans demander un quelconque accord.
Elle eut un léger sourire quand il lui dit que son cou et le haut de son dos approuvaient son stresse. Est-ce que ses muscles étaient si tendus que cela ?

-J’ai un physiothérapeute pour ma jambe.

Et il pouvait arriver que lors de quelques séances, Woody masse plus que sa jambe quand il trouvait cela nécessaire. La brunette se mit à rire quand il lui demanda si elle avait fait du sport récemment. Ce n’était pourtant pas son genre de rire de sa situation, mais là c’était plus nerveux qu’autre chose. Ca faisait des mois qu’elle n’avait plus dansé pour de vrai, et qu’elle ne le pourrait plus totalement, enfin. Cependant avec ses séances, on pouvait dire qu’elle avait fait un semblant de sport.

-Oui et non. Je suis en rééducation.

A sa réflexion, Annushka le regarda assez surprise pendant quelques instants, avant de pencher doucement la tête sur le côté. Ne pas s’attendre à ça ? Qu’il soit gentil il voulait dire ? Elle ne pouvait pas nier qu’elle avait certains préjugés sur les SDF, mais il lui avait tout de suite proposé un sandwich alors elle ne s’attendait pas réellement à ce qu’il l’agresse, surtout qu’il ne semblait pas ivre.

-Je ne pense pas que les SDF soient méchants. Mais c’est vrai que je ne soupçonnais pas votre talent pour les massages.

En voyant le chien venir s’installer sur le lit, la brunette eut un petit sourire. C’était mignon, bien que certainement sale parce qu’il risquait d’avoir des puces à force de vivre dehors mais tant pis, elle ferait un grand nettoyage demain au pire.

-Ce n’est rien, si vous voulez il peut dormir avec vous, je changerais les draps demain.

S’il avait cette habitude, Annushka se voyait mal la lui en priver.