get lucky + annushka

« Ne soyez pas mal à l’aise. » commentais-je alors qu’elle semblait vouloir s’enfoncer dix pieds sous terre. Je lui faisais un sourire sincère puis elle commentait qu’elle avait un physiothérapeute. Je hochais la tête positivement comme pour en prendre note mentalement. Une blessure, plusieurs peut-être même. À ma question, elle m’expliquait qu’elle était en rééducation. « Et ça se passe bien? » questionnais-je, allant toujours un peu plus loin dans son intimité. Elle me fait part de son avis et j’aurais bien voulu avoir un magnétophone pour pouvoir l’enregistrer. À son deuxième commentaire, je pouffais de rire. « Mademoiselle Annushka, sachez qu’avant ces évènements, j’ai eu une vie. J’ai même déjà été plus jeune et j’ai eu de la compagnie féminine. » Et masculine aussi, mais je ne pensais pas que c’était nécessaire de le mentionner. « Je connais des femmes moins musclées, plus menues. Limite avec un problème d’alimentation... » commentais-je songeur en repensant à ma femme. Je me disais bien que c’était dangereux de la laisser seule aussi longtemps... J’avais fait promettre à ma sœur de veiller sur elle avec le même œil que je le faisais. Après tout, Audrina n’était pas piètre pâtissière, j’avais confiance en elle. En regardant mon chien sur le lit, j’étais attendri de le voir s’endormir aussi rapidement. Il ne bougeait plus d’un pouce. Au commentaire d’Annushka, je lui faisais un sourire. « Je vous rembourserai le coût des draps, promis. » lui dis-je alors en me disant que j’allais devoir trouver quelque chose pour lui faire passer le tout. Quoi qu’en même temps, Annushka allait être une partie intéressante de ce sujet d’études. « Sinon, vous pouvez dormir avec lui. Il est très bon chien de garde. » commentais-je en hochant la tête. J’avais envie de la retenir près de moi d’un côté et de l’autre de la supplier de partir, de prendre soin d’elle. J’étais partagé. Et propre aussi. Propre, mais partagé. « Merci beaucoup, encore une fois. » Je lui faisais un petit sourire reconnaissant. Un lit chaud avec mon chien, je ne pouvais pas rêver de mieux.

Sa question était un peu surprenante, enfin disons qu’Annushka ne s’y attendait pas vraiment. Néanmoins elle hocha doucement la tête avec un petit sourire. Oui ça se passait bien, Woody était réellement adorable avec elle et elle avait l’impression de progresser un peu plus chaque jour grâce à lui.

-Oui, très bien. Je crois que je ne suis plus très loin du but.

Et heureusement parce qu’après plusieurs mois dans le plâtre, elle n’en pouvait plus. Elle voulait enfin pouvoir marcher, courir, danser même.
La Russe se mit à rougir à son commentaire sur les femmes qu’il avait connu. Elle ne doutait pas qu’il avait déjà eu ce genre d’expérience, enfin, elle n’était pas sûre de vouloir le savoir surtout. C’était le genre de choses qu’elle appréciait très bien de ne pas connaître dans la vie des gens, et ce même si elle les appréciait beaucoup.

-Oui oui…

Elle était à présent toute gênée mais elle ne fit pas plus de remarques que cela. A ses commentaires sur sa physiologie, elle lui fit un sourire rassurant. Par rapport aux femmes qu’il citait, elle était tout de même en bonne forme. Il n’avait pas à s’inquiéter pour ça.

-Mon alimentation va très bien et en ce qui concerne mes muscles… J’ai été ballerine professionnelle jusqu’à récemment. Mais je n’ai pas particulièrement envie d’en parler.

Elle préférait que ce soit clair, elle n’avait pas envie de se mettre en boule dans son lit et de pleurer ce soir. Tout ça était encore bien trop douloureux, vraiment, et même si elle appréciait Adrian elle n’avait pas envie d’affronter ses souvenirs.
Alors que le chien était venu s’endormir sur les draps et qu’elle disait qu’elle les changerait, il proposa de les lui repayer, ce à quoi elle hocha vigoureusement la tête de droite à gauche.

-Il n’en ai pas question. J’aurais juste à les laver.

Il n’allait pas payer quoique ce soit alors que déjà il était à la rue… Annushka trouvait ça aberrant qu’il ne puisse ne serait-ce qu’y penser. Elle eut un petit rire amusé quand il lui dit qu’elle pouvait dormir avec lui. Elle ne doutait pas de ses capacités de chien de garde, bien loin de là. Elle ne pensait même pas que ce serait désagréable de dormir avec lui.

-Tous les trois dans un lit, on risque d’être un peu serré.

Elle lui offrit un sourire franc, bien loin d’avoir des arrières pensés impures. Elle secoua de nouveau la tête quand il la remercia encore une fois, il en faisait vraiment trop.

-Je suis vraiment heureuse que vous voyez là, alors arrêter de me remercier.

A ses mots elle se mit sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue avec un sourire tendre. Un peu comme un baiser de bonne nuit, oui, peut-être que c’était ça.

Elle m’admettait ne plus être très loin du but, ce qui me faisait hocher la tête avec un sourire, heureux pour elle. Annushka semblait également mal à l’aise de toutes mes aventures passées et je ne les ressasserais pas. De toute façon, j’étais avec Sienna désormais et c’était très bien comme ça. À mes questionnements sur son alimentation, elle me disait que tout allait bien. Merveilleux, je hochais donc la tête. Elle n’avait pas non plus envie d’en parler du fait qu’elle était ballerine. « Une simple question, vous avez réellement le devant des orteils plats? » lui demandais-je réellement sincère en arquant un sourcil. « Parce que vous savez les pointes, c’est demandant, non? Ma sœur en a déjà fait en étant enfant et elle passait son temps à se plaindre de la douleur des orteils. » dis-je en étant un peu plus confus au fil que les mots sortaient de ma bouche. J’aurais voulu les retenir, mais ils coulaient comme l’eau d’une cascade. Elle refusait que je lui paye les draps, elle disait qu’elle pouvait les laver. « Je pourrai le faire dès demain! Dès l’aube! » M’empressais-je d’ajouter vivement. De toute façon, je devais être le premier debout dès le lever du soleil. « Tous les trois dans un lit, on risque d’être un peu serrés. » « Il se couchera assurément sur mes pieds, pas sur les vôtre, si cela peut vous rassurer. » commentais-je de plus belle en connaissant bien mon compagnon. Elle me confiait être heureuse que je sois là et que je devais cesser de la remercier. Je m’empourprais à mon tour avant de bafouiller quelques onomatopées pour garder le silence juste à la suite. Et j’allais continuer de bafouiller alors qu’elle allait me donner un baiser sur la joue alors que je me tournais vers elle pour lui poser une autre question, ses lèvres se posaient sur les miennes quelques instants. Je n’aurais pas su compter le nombre de temps. Je profitais quelques secondes de ce baiser mal placé, me remémorant ainsi mon épouse qui commençait à me manquer. « Je... Suis désolé. » confiais-je. Ce n’était pas un remerciement et je regardais autour de la chambre, un peu confus. Cherchant quoi dire ou quoi faire. Je fuyais son regard et je m'empourprais de plus belle. Devais-je même le noter dans le cadre de mon doctorat? Je voyais un cadre sur le mur et je saisissais donc l’opportunité. « C’est une réplique de Da Vinci? » demandais-je en pointant un cadre qui devait peut-être provenir d’une boutique ou d’une brocante.

Annushka fut d'abord surprise, puis esquissa un petit sourire à sa question. Ca ne l'étonnait pas tant que ça en fait. Woody aussi était assez curieux de son état à cause de tout ce qui circulait sur les ballerines. Et malheureusement ce n'était pas toujours que des rumeurs.

-Voulez-vous admirer mes pieds ?

Elle disait cela sur le ton de la plaisanterie. Elle finit par hausser doucement les épaules, gardant son sourire. Si sa sœur en avait fait, alors il devait être bien placé pour en connaître les souffrances et les risques.

-Disons qu'il faut faire attention. J'ai été suivie par des médecins dans ma troupe alors mes pieds s'en sont plutôt bien sortis mais ce n'est pas le cas de tout le monde.

Il fallait au moins être honnête.
La brunette secoua doucement la tête quand il dit pouvoir le faire demandé dés l'aube. Elle releva doucement le visage vers lui avec un petit sourire.

-Vous êtes si plein d'énergie.

A sa remarque sur la place de son chien dans le lit, la Russe eut un petit rire. Elle ne pensait pas vraiment à cette justification.

-Ca me rassure beaucoup.

Le voyant commencer à rougir et à bafouiller, Annushka voulu détendre l'atmosphère en l'embrassant sur la joue, une façon de lui souhaiter bonne nuit. Néanmoins, il eut la mauvaise idée de tourner la tête au même moment et, par conséquent, leurs lèvres s'effleurèrent. Se rendant compte de la situation, la jeune femme se mit à rougir instantanément, reculant même de quelques pas, ne sachant plus où se mettre. Elle ne réussit même pas à articuler quelques mots que déjà il lui parlait du tableau. Levant les yeux vers lui, déstabilisée, elle hocha seulement la tête.

-Oui, c'est ma tante qui l'a acheté.

Même si elle comprenait qu'il essayait de changer de sujet, d'oublier ce qui venait de se produire par accident, Annushka était trop mal à l'aise et trop chamboulée pour que ça fonctionne. Elle n'avait jamais embrassé d'homme, et même si c'était un accident, ça lui faisait tout drôle.

-Je... Je vais vous laisser, il faut que je dorme.

« Voulez-vous admirer mes pieds?» m’avait elle dit. Je n’avais pas détecté le sarcasme au départ. « Je peux? » demandais-je les yeux brillants à l’idée d’enfin voir les pieds de ballerine, ceux qu’on cachait de toute cette histoire. Audrina avait toujours refusé de me montrer ses pieds... Puis, je remarquais son air consterné et je baissais la tête vers le sol. Annushka me disait donc qu’il fallait faire attention. Je hochais la tête alors qu’elle me racontait une toute petite partie de son histoire que j’écoutais attentivement. Puis, à sa remarque je souriais en haussant gentiment les épaules. « Ça m’arrive. » Et mes explications sur mon canin semblaient la satisfaire, ou tout du moins la rassurer.

Un baiser maladroit. Un tableau acheté par une tante. Je hochais la tête. Elle me disait qu’elle devait dormir. « Oui, moi aussi. Bonne nuit. » lui confiais-je en résistant à l’envie de lui demander si elle voulait que je dorme dehors. S’en suivrait d’un débat relativement évitable. Je gagnais le lit avec Einstein qui se rapprochait. Je fermais la lumière de chevet et je m’endormais sans même me compliquer la vie. Je me sentais un peu coupable vis-à-vis Annushka, mais je devais la laisser seule. Je serrais la grosse bête poilue pour mieux m’endormir et s’en suivait d’une nuit paisible, confortable. Le genre de nuit que je n’avais pas passé depuis quelques temps maintenant. Au matin, les premiers rayons du soleil me chatouillaient. J’aurais voulu y rester des heures et des heures. Visiblement, Einstein aussi. Je voulais me lever pour concocter un petit déjeuner, mais ce serait grossier. Ce n’était pas chez moi. Je restais donc allongé dans le lit, les yeux grands ouverts en fixant le plafond. J’étais à la recherche d’un prétexte pour sortir de la chambre ou même sortir de la maison sans paraitre effronté voir même impoli et rien ne me venait en tête.

Adrian ne semblait pas avoir comprit qu'elle plaisantait en lui proposant de regarder ses pieds. Elle eut donc une mine surprise et peut-être, il est vrai, un peu consterné à sa remarque. Néanmoins elle put s'empêcher de rire légèrement en le voyant baisser la tête. Il était adorable, néanmoins, elle ne se sentait pas tellement de lui montrer ses pieds, elle trouvait ça presque... intime ? Elle était sûrement un peu trop pudique, bien plus que la moyenne mais elle ne pouvait s'empêcher d'être mal à l'aise avec une partie de son corps découverte.

-Peut être un autre jour.

Après ce baiser maladroit, Annushka était on ne peut plus mal à l'aise. Adrian ne le réalisait certainement pas, mais elle n'avait jamais embrassé d'homme dans sa vie. Elle ne pouvait pas lui en vouloir parce qu'il ne l'avait pas fait exprès et qu'il semblait lui-même très confus mais... Elle avait besoin d'être un peu seule pour se sentir moins déstabilisée. Ils se souhaitèrent donc bonne nuit et la Russe retourna dans sa chambre. Elle se coucha, et elle se tourna plusieurs fois dans son lit, toujours un peu perturbée avant de finalement réussir à retrouver le sommeil.

Elle se réveilla, il était assez tôt. Elle sortit alors son livre de chevet, reprenant sa lecture là où elle l'avait laissé. Un grand classique de la littérature russe. Après quelques temps, elle finit par se lever. Elle hésitait à ouvrir la porte de la chambre d'Adrian. Peut-être était-il parti ? Peut-être dormait-il encore ? Doucement, elle toqua à la porte, attendant une réponse, ou pas de réponse d'ailleurs.

-Vous êtes là ?

« Peut-être un autre jour. » m’avait-elle dit alors que je redevenais un homme plein d’espoir... Jusqu’à ce que ce baiser nous mette mal à l’aise tous les deux. Alors que je me demandais que faire, j’entendais un bruit discret au niveau de la porte. « Vous êtes là? » « Oui, oui! » m’exclamais-je en me levant vivement pour lui ouvrir la porte. J’avais eu le temps de défaire les draps et de les mettre sur le coin du lit. « Je peux aller les laver à la plage ce soir. » suggérais-je alors maladroitement en me doutant qu’elle refuserait sans doute cette suggestion. « Je... Vous préféreriez que je parte? » suggérais-je de plus belle, ça ne m’affecterait pas après tout. « Sentez-vous bien à l’aise, Annushka. » lui rappelais-je alors qu’elle était elle-même chez elle. « Je peux laver les draps et vous les rapporter demain, si vous préférez. » Je ne savais aucunement ce qu’elle préférait. « Et rappelez-moi votre plat préféré? » Elle ne pouvait pas me le rappeler, je l’ignorais! Elle ne me l’avait pas dit et cette question légèrement indiscrète, mais amusante allait m’ouvrir une nouvelle porte.

Annushka le regarda un peu surprise alors qu'il proposait de laver les draps puis secoua doucement la tête. Il était vraiment adorable, et le voir nettoyer quelque chose à la plage devait être assez drôle d'ailleurs, un peu bucolique.

-Ce n'est pas la peine, j'ai une machine à laver.

A sa question, cette fois, elle fronça les sourcils. Pourquoi voudrait-elle qu'il parte ? Il ne lui avait rien fait.

-Non, bien sûr que non, prenez au moins un petit déjeuner avant.

Elle ne voulait pas qu'il parte le ventre vide alors qu'il ne mangerait sûrement rien ou pas grand chose pendant une durée encore indéterminée. De nouveau elle hocha la tête.

-Non je vous dis que ce n'est pas la peine.

Et puis elle était à l'aise. Enfin peut être pas totalement parce que la situation était étrange mais ça allait le faire. Heureusement qu'il était gentil.

-Mon plat préféré ?

La brunette était surprise.

-Euh et bien là comme ça je ne sais pas vous dire... Pourquoi ?

« Ce n’est pas la peine, j’ai une machine à laver. » « Oh... » dis-je simplement, un peu déçu de ne pas pouvoir aider davantage. « À moins que je les lave dans votre machine à laver? » suggérais-je avec un grand sourire, comme si je venais de trouver l’idée du siècle. Annushka m’ordonnait presque de prendre un petit déjeuner, mais je hochais positivement la tête. J’étais docile, mais je convenais que je n’avais pas eu de petit déjeuner convenable depuis des mois. Mon estomac manifestait donc sa joie par un bourdonnement étrange. « Bien-sûr! Merci. Vous voulez que je cuisine? » demandais-je donc en me disant que je devrais m’en sortir dans une autre cuisine. Ça et dans le pire des cas, les céréales n’étaient pas de refus! J’imaginais bien Annushka manger des céréales avec des grains entiers, des fibres et tout ce qu’il y avait de plus sain... Alors que j’avais envie de Lucky Charms! Ces céréales avec de la guimauve. Plus j’y pensais, plus je salivais. « Lorsque j’aurai un logis, je vous inviterai à manger votre plat préféré, alors vous devrez en trouver un! » Sans quoi, elle aurait une recette surprise des Palladino et en soi, ce n’était pas mauvais non plus. « Mais, je vous surprendrai avec le dessert, si vous me le permettez. » Je lui faisais un sourire charmeur que j'aurais dû ravaler.