straight for the knive (thiago)

Assise au bar, sa silhouette de dos à lui, le laissant s’imaginer de quoi elle avait l’air nue, quand il se trouvait derrière. Assise au bar, un verre à la main, le regard perdu dans son liquide, elle passait sa main dans ses cheveux longs, blonds, qui tombaient en cascade le long de son corps. Assise au bar, Thiago arrivait encore à le battre à leur petit jeu alors qu’elle ne savait même pas qu’ils étaient en train d’y jouer. Woody n’avait d’yeux que pour elle, pour son corps, ses formes féminines à faire rêver éveillé. À tel point qu’il ne remarqua même pas que son ami venait de rentrer toutes ses boules, puis la noire, dans les trous de la table de billard. Il avait perdu cette partie-là. Il espérait gagner la partie avec Thiago. Parce que la dernière fois, c’était elle qui avait donné le coup de grâce, avant de tourner les talons et de l’abandonner à lui-même, à sa confusion, à ses questions. Woody salua ses amis, qui devineraient bien vite les raisons du départ de l’homme qui s’éloignerait, encore une fois, vers une femme. Mais pas n’importe laquelle. Celle qui savait exactement quoi dire pour le désarçonner. Celle qui savait exactement quel mouvement faire pour qu’il tombe à genoux devant elle. Le physiothérapeute alla à l’autre bout complètement du bar, pour commander deux verres de bière, avant de s’avancer vers Thiago. Il prit place à côté d’elle, déposant une pinte devant elle, l’autre devant lui. Sans aucune formalité inutile, il déclara : « So, about that boyfriend of yours … wanna tell me what’s going on ? » Après tout, elle avait couché avec lui, avec une telle cruauté envers cet autre homme. Elle avait tout donné à Woody, sans scrupule et sans regret – ou, alors, elle les avait très bien cachés, ces regrets. Au plus profond d’elle-même.

J’étais effectivement assise au bar avec cette même robe noire que j’avais l’habitude de porter dans ce genre d’endroits. Je me devais de voyager léger et ces mêmes vêtements se répétaient si souvent. Un cocktail à la main que je sirotais sagement après une journée à faire des photos de base sur la plage de Bowen, comme si c’était un certain catalogue pour m’inspirer. Un shooting ingrat selon bien des mannequins, mais je ne me prenais pas pour une autre et je les réalisais tout de même. J’en faisais pour différentes compagnies. En attendant, mon esprit vagabondait encore sur la plage. Je ne comprenais toujours pas ce qui se passait à l’intérieur. J’avais besoin du soleil, je balançais mes jambes dans le vide, les yeux fermés, emportée un peu plus loin. « So, about that boyfriend of yours... wanna tell me what’s going on? » Je sursautais. Je n’avais pas senti sa présence, ni même remarqué... Je tournais le regard vers lui remarquant donc Woody. Avec un fin sourire, je me permettais de lui répondre « Why you care so much? ». Et c’était vrai: ça changeait quoi pour lui? C’était moi, c’était mes emmerdes : pas les siennes. C’était si difficile de ne pas crier sur tous les toits qu’on a couché avec une fille? Apparemment, pour Woody, ce l’est. Je sirotte encore un peu mon cocktail et j’entâme le deuxième.  

Il avait bien réussi son coup d’arriver en douce, peut-être même un peu trop, vu le sursaut qui anima Thiago le temps de quelques secondes. Un mince sourire amusé se dessina sur les lèvres de l’homme parce que lui ne se sentait pas coupable de ce genre de choses. Finalement, la blonde se tourna vers lui et répondit à sa question par une autre question, comme elle savait si bien jouer au jeu. Le jeune homme avala une gorgée de sa bière avant de la reposer sur le bar et de regarder Thiago dans les yeux. « I don’t. Mais j’ai l’impression que toi, oui, parce que dans le cas contraire tu n’aurais tout simplement rien dit ou, alors, tu l’aurais dit dès le départ. » La blonde termina de siroter son cocktail avant de passer aux choses sérieuses : la bière que Woody avait déposée devant elle. Il n’était pas là que pour la faire chier, la preuve, il lui offrait une consommation alors qu’il n’avait visiblement même pas à sortir son portefeuille pour l’avoir. « Tu sais, j’cherche pas la merde avec les autres gars. J’ai pas du tout envie de me retrouver au beau milieu d’une histoire de ce genre. So please, prochaine fois que t’as envie de l’oublier ou whatever, me mêle pas à tes histoires. » Lâcha le jeune homme en avant encore quelques gorgées de sa bière. C’était tellement hypocrite de sa part, lui qui non seulement avait aussi été infidèle mais qui, en plus, avait déjà volontairement couché avec une fille en couple. Sauf que là, Woody n’avait pas apprécié d’être mis devant le fait accompli après que tout se soit passé. Il avait perdu le contrôle et ça ne lui plaisait pas du tout. Il allait la remettre à sa place, la Thiago.

« I don’t. » J’aimais les mauvais garçons, ce qui me faisait instinctivement sourire. La suite me le faisait légèrement perdre. Il n’avait pas tord. Je haussais les épaules. « Et est-ce que ça a réellement de l’importance? » Je le défiais du regard. Parce qu’au fond, Woody en avait probablement rien à cirer. Et je m’étais sans doute trompé en me disant que Woody devait être du genre à s’en foutre. Et plus ça allait, plus j’en avais peur. Je bois sagement le deuxième cocktail en me doutant que celui-ci n’allait pas m’enivrer correctement. Il me disait qu’il ne cherchait pas la merde. « Alors tu gardes tes lèvres scellées et t’en auras pas de merde. » Je lui faisais un sourire légèrement hypocrite en me recentrant sur son cocktail. Je me retournais sur mon banc vers Woody en croisant les jambes. « Et j’te le conseille, parce qu’après quelques années de prison, j'le sens pas trop docile. » Je lui faisais un grand sourire presque trop joyeux pour la situation. « Cheers. » complétais-je en cognant mon verre contre sa bouteille toujours un sourire aux lèvres en buvant une gorgée.
 

Effectivement, est-ce que ça avait réellement de l’importance ? Woody n’en avait que faire des problèmes des autres, excepté ceux des rares personnes qui comptaient vraiment à ses yeux. Elles se comptaient sur les doigts de ses mains, celles-là. Cette Thiago avait beau avoir des problèmes de cœur pour X ou Y raison, ça ne changeait pas grand-chose à sa vie, pour autant qu’il prenne son pied dans ses moments d’égarement. Un dommage collatéral pas si dommage que ça. Il haussa donc les épaules, nonchalamment. « Pas vraiment, non. Surtout que je ne pense pas avoir les bonnes réponses. Et qu’on se pose souvent les mauvaises questions, de toute façon. » Il avala lui aussi une gorgée de sa bière, soutenant le regard défiant de la blonde. Ils avaient tous les deux le sens de la répartie, ce qui donnait des conversations intéressantes. Thiago lui dit alors que s’il ne disait rien à qui que ce soit, il ne se mettrait pas les pieds dans les plats. Et que ce serait une bonne chose, puisque son mec sortait de prison. Il arqua un sourcil quand elle trinqua avant de boire, tout sourire. « Tu te réjouis de croire que ça me fait peur ? » Il esquissa un sourire. « Ça ne m’impressionne pas. » Après tout, il aurait pu faire de la prison pour pas mal n’importe quelle connerie, ce mec. Pas nécessairement de quoi craindre l’homme. Thiago jouait encore à son jeu, c’était évident.

Je buvais quelques gorgées presque trop sagement. Je frissonnais en repensant à mon ex, mon copain? J’savais plus trop comment catégoriser Neal. Dans tous les cas, Woody ne semblait pas en faire tout un plat, ce qui m’intriguait davantage. Je fronçais les sourcils en buvant de plus belle. Je haussais les épaules à son commentaire avec une question qui me semblait alors évidente. « Alors, pourquoi les poser? » Pourquoi gaspiller de la salive? Du temps? De l’énergie ? Pour quelque chose qui ne servait qu’à satisfaire une curiosité déjà saturée. « Tu te réjouis de croire que ça me fait peur? » Je secouais négativement la tête. « Je ne me réjouis pas. J’crois cependant que ça peut te foutre la trouille. » J’hausse les sourcils et je bois davantage. Ça ne l’impressionnait pas qu’il disait, j’échappais un petit rictus. « Il était mineur lorsqu’ils l’ont foutu en prison. » Ouais, j’avais de bien beaux mots pour mon ex. J’avais l’impression qu’il était toujours ancré au fond de moi malgré tout. Je revoyais le procès quelques secondes, la sentence. Je ressentais ces mêmes émotions de peur, de crainte, mais d’amour. Les frissons me secouaient et je reprenais quelques gorgées. « Mais y’a un truc qui me chicotte.... » que j’avance doucement avec un sourire. « Ça semble pas être la première fois que tu couches avec une femme en couple. » Eh oui, Ezekielle m’avait déjà glissé un mot concernant les Writers et j’avais fait mes recherches sur ce Woody. Il s’était tappé une fille déjà en couple, Lou, selon les infos que j’en avais. Ça et selon une autre rumeur, il avait couché avec une dénommée Maisy alors qu’il était en couple avec Sara... Oh wait... J’avais presque oublié ma colocataire!  

Philosopher de la sorte allait lui donner la migraine, à force. « Bonne question. Mais c’en est encore une. » Une question. Et ça n’était jamais les bonnes, avaient-ils établi. Pourtant, les voilà en train de se renvoyer la balle, en jouant au jeu de qui aurait le dernier mot. Woody en avait fini avec les questions, puisque la blonde semblait visiblement irritée à chaque nouvelle interrogation, et trouvait toujours un meilleur moyen que la fois précédente de contourner ladite question avec une réponse de politicienne. De toute façon, là, le jeu avait évolué jusqu’à un fais-moi peur, qui franchement ne fonctionnait pas du côté du physiothérapeute. « Je croyais que tu ne voulais pas me parler de ton copain, et on avait même conclu que ça ne m’intéressait pas. Pourtant, là, t’as l’air bien encline à tout me révéler de sa vie. » Releva-t-il, sachant fort bien que si Thiago insistait autant sur la passe en prison de son petit ami et du fait qu’il était même mineur lors de son incarcération, c’était pour foutre la trouille à Woody. C’était mal le connaître de croire que ces simples faits le feraient prendre son trou, priant pour que ce copain ne le retrouve jamais. Honnêtement, il n’en avait rien à cirer, et ça l’amusait plus qu’autre chose que Thiago s’entête à lui faire croire le contraire. La jeune femme parla alors de ce qui la chicotait, continuant en parlant apparemment d’une rumeur qu’elle avait sans doute entendue puisqu’elle mentionna que ce n’était vraisemblablement pas la première fois qu’il couchait avec une femme en couple. « Non, c’est pas la première fois. Mais cette fois-là, j’savais d’entrée de jeu ce dont il était question. J’me suis pas tapé tout le boulot pour ensuite apprendre que le pussy était déjà pris. » Lâcha-t-il dans toute sa vulgarité, avant de bien entamer sa bière.

Je gardais un sourire en coin alors qu’il me répétait que c’était une nouvelle migraine. « Je croyais que tu ne voulais pas me parler de ton copain, et on avait même conclu que ça ne m’intéressait pas. Pourtant, là, t’as l’air bien encline à tout me révéler de sa vie. » J’échappais un petit rictus. Il avait eu le point à ce niveau là. « Très bien. » concluais-je donc, sans même une excuse. À ma question concernant la rumeur, il le savait d’entrée de jeu, audacieux pourrais-je le qualifier. « Tout le boulot? Pardonne-moi, il n’y en avait pas tant. » Et son expression me surprenait, je buvais à mon tour pour masquer l'amertume. « Et ça change réellement quelque chose que le pussy soit déjà pris, Woody? » Voilà cette nouvelle question à laquelle il pouvait réellement y avoir une réponse. « Tu restes là, ce soir, parce que t’as envie de recommencer? Parce qu’à ta place, je me serais déjà laissée en plan. » Vrai, une gifle en plus et j’serais partie. Mais Woody ne semblait pas violent, il semblait lassé par toutes ces histoires. « Et pendant que j'y pense, avec Sara, il se passe quoi? »
 

Même si tout ce que Thiago lui révélait sur son copain ne faisait pas peur à Woody, ce dernier fut bien content qu’elle accepte de ne plus en parler. Disons qu’entendre les péripéties de gens qu’il ne connaissait ni d’Adam ni d’Ève ne l’intéressait que très peu. La relation actuelle qu’il entretenait avec la blonde était déjà plus pertinente. Même si cette conversation l’énervait plus que de raison, il prenait quand même un malin plaisir à lui relancer la balle et à attendre ses répliques. Pour une fois qu’il pouvait se montrer un peu plus dur dans ses commentaires sans pour autant que le jeu se termine trop vite. « C’est vrai que tu t’es montrée plutôt facile. » Répondit Woody quand Thiago souligna qu’il n’y avait pas eu tellement de boulot dans leur ébat. Le jeune homme était lui aussi capable d’avoir le sens de la répartie. Une insulte se retournait rapidement contre elle. « Ça change que je me serais peut-être montré plus prudent. En prison, on choppe des tas de trucs à force de se la mettre aux mauvais endroits. » Releva-t-il, s’imaginant que cette réplique avait un peu trop de vérité à son goût. Il allait devoir se faire checker prochainement. Finalement, Thiago releva le fait que s’il était encore là ce soir, malgré la tournure de leur discussion, c’était sans doute parce qu’il avait envie de recommencer. Woody eut un léger rictus. « J’retourne pas deux fois au même endroit. » Il but une gorgée de sa bière, se sentant de plus en plus idiot de se cacher derrière ce rôle qui ne le représentait plus autant qu’avant. Pourtant, c’était tellement plus facile de vivre sous ce masque. La blonde reprit et, cette fois, elle devait vraiment vouloir lui asséner le coup de grâce, parce qu’elle lui parla de Sara. Woody fronça les sourcils, visiblement dérouté par la question. « T’es une Writer ou quoi ? » Demanda-t-il avec sarcasme, préférant jouer cette carte plutôt que de parler d’un sujet bien trop sensible à son goût.

« C’est vrai que tu t’es montrée plutôt facile. » Ma bouche s’entrouvrait. J’étais un peu vexée, sur ce coup là. Mais au fond, n’avait-il pas raison? Et comment on sait que c’est la femme qui est facile et non pas l’homme? Je chassais sa réplique avec un sourire et un haussement d’épaules. « C’est ce que j’suis, une pauvre fille facile. Ça doit être pour ça que tu m’as eu avec autant de facilité. » Ouais, voilà, ce devait être ça, au final. Et que j’sois prise ou non, il me disait qu’on pouvait chopper tout aux mauvais endroits et je grimaçais à cette seule idée. Je devrais faire une vérification bientôt, mais je n’allais pas être la seule, apparemment. « Tu ferais mieux d’en faire autant. » Je levais mon verre pour signaler ce partage accompagné d’un clin d’œil et d’une gorgée. « Ah non, tu ne retournes jamais deux fois au même endroit? » demandais-je avec cette pointe de curiosité dans la voix. Ce devait bien être faux... Je ne connaissais pas toute l’histoire de Sara, mais c’était facile de jouer sur cet aspect. « T’es une Writer ou quoi? » Je riais gentiment et je me levais. « Non, mais j’aime bien lire. » Je lui adressais un clin d’œil. « Et puis après tout, j’suis la colocataire de Sara, alors j’dois bien m’informer. » Et voilà, le coup de grâce avait été donné. Sara n’en savait rien. J’ignorais même si c’était une bonne chose de le lui dire.
 

C’était elle qui l’avait confirmé, pas lui. Une pauvre fille facile. Ça n’était pas drôle d’en venir à ça en parlant de soi-même. Mais Woody n’était pas du genre à s’attarder à ce genre de commentaire, parce qu’il n’avait pas vraiment d’empathie, du moins pas quand il était question de gens qu’il ne connaissait que très peu. Si elle désirait s’apitoyer sur son sort, ce serait sans lui. « Ça doit être pour ça. » Répondit-il donc, ne lui tendant pas d’autre perche à ce sujet. Il se contenta de boire sa bière et de commenter son petit ami, devant qui elle semblait en admiration d’une certaine façon, et souligna le fait qu’en prison il avait peut-être choppé des trucs. Woody leva son verre quand tous deux réalisèrent qu’ils allaient devoir passer des examens pour des infections. « T’es gentille d’avoir pris soin de me laisser quelques souvenirs de nos ébats. » Il rigola. Ce n’était pas qu’animosité entre eux, pas toujours. Et puis, avec un peu de chance, ils n’auraient rien. Quand Thiago se demanda s’il disait la vérité quant au fait qu’il ne repassait pas deux fois au même endroit, ou plutôt sur la même femme, il haussa les épaules. « Pas à moins d’avoir une bonne raison. » Et son amour pour Sara avait été la raison de son année en monogamie, de sa pause de chasse. La blonde connaissait bon nombre d’éléments de la vie de l’homme, ce qui l’amena à se demander si elle n’était pas parmi cette bande de journalistes qui écrivaient des ragots sur les habitants de la ville. Elle nia la chose, mais ajouta qu’elle savait pour Sara parce qu’elle était sa colocataire. Woody s’étouffa avec sa bière, carrément. Il s’essuya les lèvres, reprenant son souffle. « … Tu le savais au moment de coucher avec moi ? Qui j’étais par rapport à Sara ? » Mais quelle colocataire de merde, si c’était le cas. Du côté de Woody, ça ne changeait pas grand-chose. Sara était bien consciente de son mode de vie, après tout c’était ce qui les avait brisés.

« Ça doit être pour ça. » Je haussais simplement les épaules avec un sourire lointain. J'étais offusquée, blessée même. Mais au fond, n'avais-je pas cherché tout ça? Il me faisait néanmoins rire avec les souvenirs des ébats. Je n’avais pas été testée récemment, mais au mieux de ma connaissance, j’allais bien. « Avec plaisir. » commentais-je donc simplement concernant ce partage de fluides. Il n’avait pas de bonnes raisons, intéressant. Je remarquais que Woody s’étouffais avec son liquide et je ne pouvais plus réprimer ce sourire omniprésent sur mes lèvres. « J’aimerais te dire que oui, mais non. » Je fixais mon verre quelques instants puis je retournais le regard vers Woody en lui donnant des explications qu’il n’avait jamais demandé. « J’ai cherché un appart dans les petites annonces et c’est elle et Alex Bennett qui avait affiché. Tu as couché avec elle aussi? » Lui demandais-je, taquine. Oui, il l’avait bien cherché. « Oh et pendant qu’on en parle, si tu t’es tappé une fille qui s’appelle Ezekielle, c’est ma sœur. » Je levais mon verre pour le cogner contre sa bouteille que je buvais doucement. Sa liste de conquêtes semblait être assez longue si je me fiais au charmant site des Writers. Je terminais mon verre cul sec et que je remettais sur le comptoir. « Y’a d’autres points à l’ordre du jour ou j’peux aller faire ma partie de billard? » J’allais me trouver une équipe s’il ne voulait pas jouer. Après tout, ce n’était pas bien sorcier. On fait de beaux yeux et c’est tout.
 

« J’aimerais te dire que oui, mais non. » Woody fronça les sourcils en la regardant, reposant son verre sur le comptoir, dans la flaque laissée par son étonnement. « T’aimerais me dire que oui ? Je prends note, je ne manquerai de faire le message à Sara, elle se fera une joie de savoir que t’aurais aimé coucher avec son ex en toute connaissance de cause. » Et même, ex, c’était un bien petit mot pour décrire ce que Sara et Woody étaient. Il aurait bien voulu lui dire qu’il était l’homme de sa vie, et elle la femme de la sienne, mais Thiago n’aurait pas été bien réceptive à ces paroles et Woody n’avait pas envie de lui donner une autre raison de se moquer. « J’ai cherché un appart dans les petites annonces et c’est elle et Alex Bennett qui avait affiché. Tu as couché avec elle aussi? » Il eut un léger rire. La blonde aimait bien s’en tenir à sa réputation, comme si la personne qu’il était s’arrêtait à ça. Il s’en moquait bien, il trouvait cela drôle plus qu’autre chose. Leur conversation était tellement superficielle, et c’était bien mieux ainsi. Il n’avait pas forcément envie de quoi que ce soit de plus avec elle. Ce serait trop demandant. « Non, je n’ai pas eu cet honneur. Enfin, est-ce qu’elle est belle ? Sinon pas la peine de vivre dans le regret. » Elle lui parla finalement sa sœur, Ezekielle, que Woody ne connaissait pas non plus. « Si jamais je la rencontre, je me ferai un plaisir de lui faire vivre le même plaisir que toi, question d’éviter la dispute entre vous deux … » Il lui adressa un clin d’œil, avant de terminer son verre en quelques gorgées et de l’écouter demander si elle pouvait aller à sa partie de billard. « Oh, mais va, ma chère. Je ne t’ai jamais retenue … » Lui dit-il en détournant le regard.

« T’aimerais me dire que oui? Je prends note, je ne manquerai de faire le message à Sara, elle se fera une joie de savoir que t’aurais aimé coucher avec son ex en toute connaissance de cause. » J’échappe un rictus. « Comme tu viens de le mentionner, t’es son ex, t’es canon. Il est où le problème? À moins que vous soyez autre chose que des ex. » Voilà que je lui disais le tout avec assurance. D’un autre côté, ça me frappait soudainement, un peu comme un éclair. « T’es encore amoureux d’elle. » Concluais-je finalement. Je prenais une gorgée alors qu’il me parle de mon autre colocataire. « J’habite qu’avec des filles magnifiques pour ta gouverne. » Une autre affirmation sincère avec un petit sourire. Puis lorsqu’il parle de ma sœur, je ressens une certaine vague d’agressivité me parcourir. J’avais joué sur un terrain glissant. Je me contente de lever les yeux au ciel. « Bonne chance. » lui dis-je simplement. Elle n’allait pas se sauver d’Isaiah si facilement. À mon commentaire sur le billard, je lève mon verre et je m’éloigne vers une table. « Bonne soirée Woody. »  

Dès que Thiago parla du fait que Woody et Sara étaient peut-être autre chose que des ex, ce qui expliquerait qu’il voit un problème à la relation qu’ils avaient eu le temps d’une courte séance de physiothérapie, le jeune homme demeura un silencieux. Il était en train de trouver quelque chose à répliquer pour se sortir du pétrin quand la blonde perçut assez bien son hésitation pour relever qu’il était encore amoureux d’elle. Une simple conclusion. Woody la dévisagea, un moment, avant de répondre tout simplement : « Oui. C’est pas un secret, d’ailleurs. » Juste pour pas qu’elle pense avoir de quoi le faire chanter, ou un truc du genre. Sara était bien au courant que Woody l’aimait. Mais elle savait aussi qu’il était incapable de le faire correctement. Thiago lui apprit alors qu’elle ne vivait qu’avec des filles magnifiques, ce qui lui décocha un sourire honnête. « Faudra que je passe plus souvent y voir Sara, alors. » Ce qui serait con, parce que s’il venait voir Sara, ce serait pour elle et rien que pour elle, pas pour mater ses colocataires. Elle était la seule pour qui il avait assez de respect pour ne pas repousser à ce point-là les limites. Le sujet de sa sœur fut bien vite balayé, Woody sentait qu’il avait touché dans le mille, mais il n’insista pas. D’autant plus que Thiago se leva pour aller commencer une nouvelle partie de billard, sans lui. « Bonne soirée Thiago. » Répliqua-t-il à son tour, la regardant partir plus loin, vers les tables. Il régla ses comptes avec le barman et s’en alla à son tour, mais vers la sortie cette fois.