we're family (tiana)

Il fallait bien que ça arrive. Tu disais ce que tu pensais sur le coup alors forcément ça éclatait. Tu avais été blessé suite au séisme, et tu avais un peu nié inconsciemment les problématiques qui se posaient face à vous, sauf qu'elle finissait peut-être par grossir un peu. « Déforme pas mes propos, je te dis que tu as fait le choix de vivre avec. Je te reproche pas ton histoire avec, ni même d'avoir vécu sous le même toit que lui. Mais c'est nullement de ma faute. » Oui qu'on parle à ta place, ça te rendais fou, surtout quand c'était pour envenimer les choses. Elle comparait ton appartement à cette maison et ça te rendait fou. C'était deux choses différentes pour toi. Tu as toujours vécu seule, ou avec ta mère qui y avait vécu les dernières années de sa vie. Ton appartement c'était le tien, c'était la seule chose qui te restait de ta mère. Voilà pourquoi tu ne pouvais pas vendre, mais tu envisageais de le louer. En attendant Tiana avait vécu une histoire d'amour ici, elle avait débuter la grossesse de ton fils avec lui, ici. C'était trop pour toi. « Eh ben faisons ça alors ! » Tu t'es appuyé sans faire exprès sur ta jambe blessée. Ta mâchoire se contracta sévèrement et tu remarquais qu'elle quittait la pièce. « Tu me tournes le dos au premier désaccord ? Tu crois qu'on va aller loin comme ça ? »

« T'es sorti avec lui parce que je voulais pas de toi ! Mais j'ai rien à voir avec votre installation ensemble. » Tu détestais qu'elle joue sur les mots. Elle est sorti avec l'autre parce que tu n'as voulu d'elle mais elle s'était surement installé avec lui parce que ça se passait bien entre eux, voilà tout. Tu t'insupportais du fait qu'elle puisse que c'était de ta faute ou que tu pouvais t'en prendre qu'à toi même. D'ailleurs tu ne lui en voulait même pas d'avoir été avec ce mec, ni même d'avoir vécu avec. Elle te courrait sur le haricot. Tu lui avais certes dit que ton appartement était une option en attendant, si vraiment on voulait parler d'installation, mais sinon ce sera le temps de trouver quelque chose qui vous convienne à tous les deux. Elle t'avait vite expédié en osant suggérer que chaque vive dans son coin. Forcément tu ne le voulais pas. Tu le refusais même catégoriquement même si tu avais répondu à sa remarque par la positive. « C'était pas la sienne, mais ça a été la votre un temps. Je veux pas élever mon fils ici c'est tout. Je veux quelque chose rien qu'à nous, pas un truc où tu collectionnes les souvenirs avec un autre que tu as aimé, et qui a vécu ta grossesse. » Alors que tu étais le père. Oui c'était pas évident pour toi. Tu voulais un coin rien qu'à vous, où chaque pièce ne lui rappellera que vos moments ensemble et pas ceux qu'elle a pu vivre avec un autre. « Tu renonces à ce qu'on s'installe ensemble, et y'a rien à dire ? » Tu ne voyais pas votre relation comme ça, tu craignais les désillusions il fallait l'avouer, pourtant tu étais fou d'elle.

Bien sur que c'était ce que tu voulais entendre. Juste ça. Qu'elle reconnaisse que tu n'y étais pour rien là-dedans. Tu étais celui qui avait laissé passer sa chance mais tu n'avais pas poussé Tiana à s'installer avec un mec. Elle l'avait fait et elle avait ses raisons. « Oui, merci ! » As-tu dit un peu comme si tu avais lutté trente ans à lui faire entendre raison, et comme si c'était si compliqué à dire pour elle. « Le temps que je passe ici suffit à ce que tu me rappelles à quel point ça t'embête, ces séparations à répétitions. Je voulais pas t'emmerder avec tout ça, c'est tout. » C'était ça ton problème Cliff'. Tu n'avais pas voulu gâcher votre temps ensemble à parler de tout ça, et à lui dire que tu étais pas à ton aise ici. « Mais puisque tu veux l'entendre ! Oui ça m'emmerde de dormir avec toi quand je sais qu'il t'aimait dans ce même lit, qu'il partageait ta douche, ton canapé. Je veux pas d'un lieu qui mêlera nos souvenirs et les vôtres dans ta tête. » C'était affreusement romantique ce que tu disais, et au fond c'était bien parce que tu ne voulais qu'elle. Tu étais ce genre-là. Quand tu aimais comme ça tu donnais et tu voulais tout. « Je t'ai proposé de passer du temps à l'appart' et t'as refusé. Je m'en doutais mais je pensais que ton seul argument serait qu'il était peut-être trop petit comparé à ta baraque. J'ai fait un pas vers toi Titia en te disant qu'on aurait qu'à trouver un truc à nous et toi tout ce que tu trouves à dire c'est qu'on devrait vivre chacun de notre côté. Je suis pas sur d'être celui qui renonce. »

Mélange pas tout. Bien sur que je te fais confiance ! Je te vois venir, je sais que tu tenais à ce qu'on parle de ce qui a pu se passer au moment de l'accident mais je veux pas nous plomber. J'ai besoin de toi et profiter des bons moments pour l'instant. C'est ça qui me relève, laisse moi le temps. Mes proches ne sont même pas au courant. Mon centre du monde c'est toi et Kenzo, comment tu peux penser que je ne te fais pas confiance ?. Tu savais qu'elle voulait que tu te confies à elle. Tu voulais que ça vienne de toi. Tu voulais avoir eu le temps de faire le tri dans ta tête. Tu étais très cérébral, tu pensais beaucoup. En attendant sans elle tu aurais surement pris un maivais tournant pendant un temps. Ta soeur ne savait même pas que tu avais été touché. Elle vivait aux USA, difficile de ne pas la faire paniquer. Non, c'est pas ce que je crois, j'y ai même jamais pensé. Ça tu n'y avais jamais pensé et l'idée te déplaisait beaucoup pour le coup. Je les ramène pas chez moi, en général et aucune femme n'y a vécu avec moi Tiana. T'es la seule avec qui je passe ce cap, alors non y'a pas de chacun chez soit. Je veux qu'on soit une famille, pas autre chose.

« C'est qu'une impression. T'as pas à douter de la confiance que je te porte, vraiment. » Tu la regardais et tu refusais qu'elle reste sur cette idée mais il était vrai que tu n'étais pas des plus bavards en ce moment. C'était un tout, le fait que vous soyez ici chez elle, le fait que vous passiez peu de temps ensemble, le temps que vous passiez avec Kenzo. Ce n'était pas forcément propice. En attendant tu ne doutais aucunement de votre histoire, et du fait que son ex était hors de sa vie sentimentale. Tu ne t'en sentais aucunement menacé. En attendant le fait qu'elle compare une conquête potentielle avec son histoire avec cet ex te dépassait complètement mais tu ne voulais pas en faire une guerre. « C'est ce que je disais Tiana, je fais l'effort, mais tu le ferai pas pour autant, on dirait. » Elle avait dormi avec son ex ici, et t'en foutais pas mal en vrai. Ce qui te dérangeait c'était que chaque pièce de cette maison soit éprise de souvenirs. Tu voulais commencer à zéro avec elle mais elle semblait pas le comprendre. « Ah oui ? et de quelle décision on parle ? » Oui tu venais de lui dire que chacun chez soit c'était hors de question pourtant à l'entendre ce n'était pas tant ce qu'elle voulait dire.

Elle avait raison d'espérer et de ne pas désespérer là-dessus. D'ailleurs sa confidence poussait vite à la discussion. Tu pourrais lui parler des nuits entières mais tu avais cette impression que rien était stable et propice. Le sujet qu'elle soulevait était trop épineux, et tu avais cette impression que c'était peut-être pas le bon moment. Tu craignais que Kenzo s'éveille, tu n'étais pas venu pour ça. Tu avais voulu célébrer cette bonne nouvelle, au final le nom officialisé n'était plus qu'un détail. Mais il fallait bien que tu la rassures, que tu lui prouves que tu lui faisais confiance, que tu lui dises la vérité. Tu as tendu la main vers elle pour lui faire signe de te rejoindre et briser cette distance entre vous. « Je ne t'ai pas repoussé pour être avec d'autres Tia'. Je t'ai repoussé parce que c'était peut-être trop tôt pour moi. Y'avait rien de sérieux au moment où on se fréquentait, et pourtant je voyais que toi à ce moment-là. Le seul vrai truc sérieux que j'ai eu c'est assez mal terminé, et je me suis dégonflé, c'est tout. » Forcément c'était difficile à reconnaître. Tu avais eu du mal à le reconnaître. Mais t'as vite senti que Tiana c'était spécial. Tu as vécu les choses comme elles venaient niant que ça pourrait être sérieux et donc te faire souffrir. Pour le coup le seul moment où tu as souffert c'était en la voyant te glisser entre les doigts. « On a plus qu'à chercher. Peu importe le temps que ça prendra. » Oui c'était compliqué de trouver le lieu parfait, de quitter vos logements respectifs même si pour le coup quitter ton appartement n'allait pas être des plus simples.

Le pic de crise était passé. Vous auriez pu aller tellement plus loin, mais tu étais soulagé de voir que vous aviez su retrouver votre chemin l'un vers l'autre si rapidement après ce début de dispute. Tu aurais pu claquer la porte et partir Cliff'. Tu en étais tellement capable. Tu ne l'as pas fait et tu en étais bien heureux. Gardant sa main dans la tienne tu as fait une place entre tes jambes, refermant tes jambes autour de ses chevilles et glissant tes mains à ses hanches. « Ça m'a obsédé pendant plusieurs jours mais jamais je me serais lancé avec toi ou une autre si ce n'était pas ce que je voulais vraiment ou si je ne m'en sentais pas capable. J'étais sure de te faire souffrir, et j'avais peur de me casser la tronche une fois de plus. » Pendant longtemps parler de ta relation avec Roxane avait été compliqué pour toi, comme une plaie non traitée. Aujourd'hui tu avais tourné la page, et tu en parlais parce qu'elle te le demandais sans plus. « C'était compliqué. On a tout fait très vite. Ça a duré quinze mois. Son père ne pouvait pas m'encadrer. C'était moi ou sa famille. Passer mon temps à culpabiliser de l'éloigner des siens, ça m'intéressais pas. Elle a fait son choix et j'avais aucun soucis avec ça, mais j'ai perdu trop de temps et d'énergie là-dedans. » Tu t'étais même pensé capable de tout plaquer pour te faire la malle avec elle et partir. Elle a rompu et quand elle a essayé de refaire un pas vers toi tu l'as repoussé. « Oui. J'aurais préféré que ce soit plus simple mais les concessions faut les faire dès maintenant. Je te mentirais si je te disais qu'on pourrait essayer de vivre ici un temps. C'est pas ce que veux. Pour ce qui est de l'appartement en location ou j'en ferai un studio photo. » Autant dire que la deuxième option t’enchantait bien plus que la première.