To drink can fast become dangerous (pv Noah Rutkowski) [!!HOT!!]

Je souris doucement lorsque Haley s'excusa de se montrer critique envers ma culture australienne. Ça ne me dérangeait pas qu'elle soit sceptique vis-à-vis d'un jeu télévisé, surtout celui-ci. J'aimais le regarder simplement car cela pouvait offrir une bonne distraction, mais c'était certain qu'il pouvait générer beaucoup de questions. Difficile de croire que les candidats ne sont pas aidés de temps à autres ou que certaines victoires ne sont pas attribuées directement aux favoris. Et puis, il fallait l'avouer, les joueurs n'étaient jamais des personnes très instruites, celles-ci préférant travailler pour gagner leur gain plutôt que de perdre leur temps dans ce genre de jeu. « Je te pardonne » répondis-je avec humour, avant d'ajouter sur le même ton qu'il ne fallait pas qu'elle sous-estime ma force. Je ris lorsqu'elle approuva et lui offrais la télécommande ainsi que la dure tâche de trouver un programme intéressant. Je l'observais zapper pendant quelques instants, avant de l'attirer vers moi dans une étreinte. Ma main caressait doucement ses cheveux tandis que je la questionnais sur son passé en Angleterre. Haley venait de me dire ne pas être sportive de base et elle m'avait révélé plusieurs de ses passions. Toutefois, je me demandais s'il y avait des activités spéciales qu'elle avait pratiqué dans son internat. Elle me contait alors que son tempérament solitaire faisait en sorte que ses principales occupations étaient les cours et la lecture. Ce qui n'avait rien de très choquant en soi, je trouvais cette image plutôt fidèle à l'actuelle pour être honnête. Puis, elle me montra ses uniformes et je souris, les lèvres contre sa tempe, alors qu'elle les qualifia de sexy. « Très sexy, en effet » taquinais-je, mes lèvres toujours contre sa peau. « Est-ce que tu l'as brûlé à la fin de ton secondaire ? » C'était plutôt une tradition ici. Les adolescents en avaient tellement marre de porter le même uniforme durant des années qu'ils le brûlaient comme pour s'en délivrer et marquer la finalité de cette période. Souvent, ils organisaient même un grand feu de joie rien que pour l'occasion. La jeune femme orienta la conversation sur mes années universitaires. Je réfléchis un peu, avant de prendre la parole : « Mes meilleures années. » Je lui souris, me distançant un peu pour lui offrir une réponse plus développée : « Je suis parti à dix-huit ans d'ici. J'en avais marre de Bowen, des gens, de vivre avec ma famille et toutes les responsabilités que j'y avais. Je recherchais de l'indépendance. Et à Sydney j'ai eu tout ça, personne ne me connaissait, j'avais l'impression de pouvoir me refaire une vie. Les premières années j'étais plutôt sage, et puis après j'ai saisi toutes les opportunités qui pouvaient se présenter en entrant dans le groupe de musique et en fréquentant de plus en plus les bars. » Je marquais une pause, un fin sourire étirant mes lippes. « Je crois que beaucoup de mes meilleurs souvenirs viennent de là-bas, et même si la fin était horrible, c'est toujours une ville que j'aime beaucoup. » D'ailleurs, maintenant que j'allais de mieux en mieux, j'hésitais parfois à y retourner. Ou déménager dans une plus grande ville. Je craignais qu'à Bowen, je ne réussisse rien de très bon. Cependant, il fallait l'avouer, le fait que j'ai mon travail et mon appartement me confortait dans l'idée de rester ici aussi. « Et toi, tu étais contente quand même quand tu es partie dans ton internat ? »

Je souris tendrement lorsque Haley me dit avoir conservé ses uniformes, jusqu'à les emmener à Bowen, bien qu'elle ignorait ce à quoi ils pourraient bien lui servir, ici. « Soirée costumée, » proposais-je, amusé d'imaginer Haley en uniforme de secondaire dans ce contexte. Puis, mes doigts caressant doucement ses cheveux bruns, je lui racontais promptement mes années universitaires en les qualifiant de mes meilleures années. Je ris doucement lorsqu'elle s'étonna du fait que je ne sois pas si sage que je puisse le paraître. « Ne t'a-t-on jamais appris à te méfier des apparences ? » plaisantais-je en l'embrassant sur la joue. Il était vrai que je ne faisais pas des activités vraiment recommandées et j'avais connu plusieurs écarts dans ma vie. Toutefois, je n'avais jamais eu de graves problèmes. Je n'avais jamais atterri dans un commissariat de police, ou mis une fille enceinte, ou même bagarré dans un bar. Je souris lorsque Haley me dit qu'elle devrait peut-être prendre exemple sur moi, tout en demeurant prudente bien entendu. « Non, » lui avouais-je quand elle me dit avoir compris que je n'avais pas été très heureux d'apprendre qu'elle soit sortie seule et avais bu. « Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Bowen est une petite ville, mais il y a des ordures partout. » Je jetais un coup d’œil au documentaire sur lequel Haley s'était arrêtée, puis lui demandais si elle avait apprécié son départ pour l'Angleterre. J'écoutais attentivement sa réponse, comme quoi pour elle ce voyage n'avait pas été son choix et de par ce fait, elle l'avait plutôt mal vécu. Elle avait dû changer de communauté, et cela avait eu des répercussions qui possédaient des échos même jusque dans le présent. Elle m'avoua le débat et les craintes qu'elle avait par rapport au futur qu'elle choisirait pour sa vie et la pression que pouvait exercer les gens qu'elle aime de sa communauté. Cela avait l'air vraiment difficile comme situation. La seule proche de la sienne que j'avais connu c'était devoir quitter ma plus jeune sœur à mes dix-huit ans alors qu'elle m'avait supplié de rester. Ça m'avait déchiré le cœur et encore aujourd'hui, j'étais persuadé qu'elle me voyait comme un égoïste qui l'avait cruellement abandonnée. Elle m'en tiendrait sans doute toujours rancune, en particulier si elle était aussi rancunière que moi. « Il faut que tu fasses ce que toi tu veux faire pour être heureuse » lui conseillais-je, après avoir bien écouté sa tirade. « Les gens peuvent attendre beaucoup de toi, vouloir beaucoup de toi, sans doute parce qu'ils t'aiment, mais ton bonheur n'est pas forcément le leur. Il y a que toi qui sait ce qui te rend heureuse et comment l'être. Et parfois, le bonheur se trouve dans de drôles d'endroits et situations. » Je lui souris, avant de lui demander : « Ta mère, elle n'a pas demandé à ton père de la rejoindre ? » J'avais toujours un peu de mal à m'imaginer comment vivait sa famille proche au sein de sa tribu. « C'est vraiment que le pôle histoire de Bowen qui t'a attirée ici, ou aussi la rancune de ta tribu vis-à-vis du fait que tu sois partie ? »

Je prolongeais délicatement le baiser qu'elle m'offrait avant qu'elle ne se distance à nouveau, m'annonçant que je la rendais heureuse. Je plongeais mon regard dans le sien, ignorant un peu bêtement quoi répondre à ce genre d'aveu. Cependant, Haley reprit la parole, m'expliquant la situation et le choix de ses parents. J'avais peu de mal à assimiler le fait que ce ne soit pas facile tous les jours pour eux, surtout qu'ils venaient de deux environnements prodigieusement différents, voire même divergents. Ils devaient sans doute beaucoup s'aimer pour vivre de cette manière malgré leurs différences et les difficultés qu'un tel couple puisse engendrer. De plus, c'était une union qui durait. « Ils doivent beaucoup s'aimer » supposais-je, avant de demander à Haley s'il n'y avait eu véritablement que le pôle histoire de l'université de Bowen qui l'avait attirée ici. Je la sentais reprendre sa place blottie contre moi avant de me répondre que c'était majoritairement grâce à l'université d'ici et aussi au site de Kuku Yalanji. Je l'embrassais doucement lorsqu'elle me dit que malgré le fait que ce ne soit pas facile tous les jours, sa famille lui manquant, elle ne pouvait pas dire être triste ici non plus. J'espérais sincèrement qu'elle devienne de plus en plus heureuse à mesure des semaines qu'elle vivait à Bowen. « J'ai quelque chose pour toi, » finis-je par lui annoncer, brisant le silence de quelques minutes qui s'était installé entre nous durant lequel nos attentions s'étaient orientées vers la télévision. Je me redressais, déposant Rosie sur un autre canapé, et allais vers ma chambre récupérer le petit cadeau que j'avais acheté pour Haley. Une fois de retour dans le salon, je m'assis sur le canapé et lui tendis la boîte. « Ça fait quelques jours que je l'ai, maintenant. C'était pour... » Je souris doucement, réfléchissant aux meilleurs mots. Je redoutais la réaction de la jeune femme. « Ce que tu as fait à l'hôpital et tout. » Je fuyais son regard. Une partie de moi avait tenu à marquer avec reconnaissance tout ce que l'étudiante avait pu faire pour moi. Une autre craignait qu'elle interprète mal ce cadeau ou qu'elle ne l'aime pas. Après, elle pourrait toujours l'échanger ou le donner à quelqu'un d'autre ou le jeter, mais je tenais un peu trop à lui faire plaisir pour accepter que le présent lui déplaise. J'observais ses doigts ouvrir l'emballage cadeau. Dans quelques instants, elle découvrirait le petit bracelet qu'avec ma sœur nous avions déniché. On avait essayé de trouver quelque chose de plutôt personnel, j'avais usé de mes connaissances sur Haley pour trouver des éléments qui puissent la faire apprécier davantage le bracelet, faire comme si il n'y avait vraiment qu'elle qui pouvait en avoir un comme ça. La chaîne en elle-même était plutôt simple, argentée, et dessus était ainsi accrochés des petits éléments de la même couleur. Un faucon, un livre, une plume, une bobine de film, une petite pelle pour représenter l'archéologie. Ella s'était bien amusée à dénicher ces petits accessoires pour s'accorder aux faits que je lui dévoilais sur Haley. Et finalement, ma sœur avait dit que c'était impossible que ça déplaise à la voisine. Mais après, Ella n'était pas objective, et elle avait toujours eu un parler bien trop franc.

Attendant impatiemment le verdict quant au cadeau que je venais d'offrir à Haley, j'observais cette dernière découvrir le bijou entre ses doigts. J'ignorais totalement ce qu'elle pouvait penser à ce moment-là, elle semblait davantage surprise et concentrée que heureuse ou malheureuse. Puis, un sourire se dessina enfin sur ses lèvres, avant qu'elle libère la sentence. Devant sa confusion, ses compliments et ses remerciements, je ne pus m'empêcher d'afficher un large sourire. J'étais satisfait de mon coup. J'avais souhaité que celui lui plaise et apparemment, c'était mission réussie. De plus, Ella risquait d'être heureuse aussi, bien qu'elle me rétorquerait sans doute que c'était évident que ça allait plaire à Haley. Je suivais du regard l'étudiante en histoire enfiler le bracelet et l'analyser autour de son fin poignet. Je tournais la tête, un sourire toujours aux lèvres pour regarder la télévision et sentis ses doigts sur ma joue afin que je lui fasse face. Elle m'embrassait avant de m'annoncer qu'elle n'était pas une héroïne et qu'elle l'adorait. « Je suis content que ça te plaise ! » répondis-je, avant d'ajouter : « J'ai toujours fonctionné sous l'adage que toute peine mérite salaire, ou qu'il faut savoir être reconnaissant quant à ce que les gens font de bien pour toi. » Ça rendait peut-être la société conditionnée à n'agir en bien que pour obtenir des récompenses, un peu comme si nous étions des chiens et que nous nous dressions entre nous. Mais j'avais agi par instinct, par conscience, par désir. J'avais envie de donner quelque chose à Haley pour lui dire merci, et c'était chose faite. En plus, elle me disait adorer son bijou, alors, que demander de plus, vraiment ? Je souris doucement lorsqu'elle dit que j'étais incroyable. J'y croyais pas, mais je pouvais bien la laisser le dire, et surtout, retourner le compliment : « Mais toi aussi, chère voisine. » Je l'embrassais dans le cou avant de reprendre place de manière plus confortable sur le sofa. Je sentais les médicaments me donner de plus en plus sommeil, mais je ne souhaitais pas forcément m'endormir et laisser Haley toute seule. Je lui avais fait assez le coup à l'hôpital comme ça.

Je m'étais de nouveau installé confortablement sur le sofa tandis que Haley jouait avec les éléments pendus au bijou que je venais de lui offrir. J'étais sincèrement heureux et satisfait qu'il semble lui plaire. Cela aurait été plutôt décevant de lui faire don de quelque chose qui serait contraire à sa personne ou qu'elle détesterait. Je sentis la jeune femme se poser sur mes genoux pour prendre place dans mes bras, sa tête proche de la mienne, ses bras autour de mon cou. Je plongeais mon regard dans le sien lorsqu'elle me dit qu'elle devrait me rendre la pareille, étant donné que je faisais beaucoup pour elle. Je ne partageais pas vraiment ce sentiment. Je ne percevais pas ce que j'avais fait de très important pour elle. Après tout, je ne lui avais pas sauvé la vie ou quelque chose du genre. Je m'étais simplement montré présent. Ou en tout cas, c'est comme ça que je considérais les choses. Je caressais doucement ses cheveux, avant de répondre : « Ne te sens pas obligée tu sais. Ta présence est suffisante. » Je glissais mon bras dans son dos, et l'entendis m'annoncer de ne pas hésiter à me reposer, surtout qu'elle pourrait bien trouver de quoi s'occuper. « Je sais, mais je ne veux pas non plus te laisser seule, » avouais-je. Je n'allais pas démentir le fait que j'étais fatigué, mais ma volonté de ne pas abandonner Haley était assez puissante pour repousser Morphée. « Tu ferais quoi ? » l'interrogeais-je toutefois, curieux de savoir comment Haley occupait ses journées ces derniers temps et surtout si elle avait des choses à faire aujourd'hui. Après tout, elle était étudiante, elle devait sans doute ne pas se tourner les pouces durant son temps libre.

Ma main calée contre son dos, je l'écoutais m'annoncer ce qu'elle ferait si je venais à m'endormir. Manifestement, elle avait de quoi s'occuper, entre lectures et devoirs. Je souris doucement alors qu'elle passait ses doigts dans mes cheveux, puis effleurait ma barbe. Je contemplais de plus en plus le fait de dormir un peu grâce à ses arguments, bien que ça me donnait toujours mauvaise conscience. Haley ajouta qu'elle pourrait aussi dormir un peu, surtout qu'elle avait un peu mal à la tête après sa consommation d'alcool. Je plongeais mon regard dans le sien, proposant : « Tu veux un truc contre le mal de tête ? » Je me doutais un peu déjà de sa réponse, l'étudiante n'était pas vraiment pour la médecine moderne. Et sans doute avait-elle de quoi traiter sa migraine chez elle de plus naturel. Mais au moins, j'avais proposé. Je me concentrais sur le documentaire à la télévision et le regardais silencieusement avec Haley, cette dernière toujours dans mes bras. Puis, après un certain temps, je décrochais pour m'endormir toujours aussi silencieusement.

Ce fut une sonnerie de téléphone qui m'extirpa des bras de Morphée, me faisant sursauter légèrement. Je cherchais des yeux le téléphone que je reconnaissais comme le mien vu la sonnerie et finissais par décrocher, la voix un peu enrouée. « Oui ? » Je ne m'étais même pas pris la peine de regarder qui tentait de me contacter avant de décrocher. Bien vite, je reconnus la voix de ma mère et je me redressais dans le sofa. « Non, non, » murmurais-je à son interrogation si je venais de me réveiller. Je préférais lui mentir plutôt que d'avouer quelque chose comme ça. Je me relevais et cherchais Haley du regard, que je retrouvais à la table de la cuisine. Je passais une main dans mes cheveux, écoutant ce que me racontait ma génitrice, jusqu'à me figer dans mon mouvement. « Euh. Je sais pas. » Je baissais les yeux, me réinstallant dans le canapé. « Oui, je sais. Mais je sais pas. » Je soupirais doucement. « Je vais lui demander et je te dirais, okay ? » La conversation téléphonique dura quelques minutes de plus, jusqu'à ce que je puisse raccrocher. Je m'enfonçais un peu dans le canapé, mes mains croisées derrière ma tête. J'attirais mon regard sur la silhouette de Haley et lui demanda : « Est-ce que ça t'intéresse de découvrir davantage ma famille ? Tu peux très bien dire non. »

Si la situation ne me déplaisait pas autant, sans doute aurais-je légèrement ri devant la réaction interloquée de Haley. Il y avait de quoi, je lui demandais plutôt directement si elle avait envie de rencontrer ma famille. Il y avait de quoi avoir l'impression de marcher sur des œufs. Je me relevais pour m'approcher d'elle, prenant place sur la chaise à sa droite. J'acquiesçais lorsqu'elle me demandait si c'était pour la remercier de son acte héroïque. « Entre autres, » prononçais-je mystérieusement, lisant la tranche des livres empilés sur la table. « Ma mère veut également te rencontrer dans de meilleures circonstances, surtout que ma sœur t'as déjà vue aussi. La curiosité est très présente chez les membres de ma famille, en particulier quand ça me concerne. » Ce qui ne me faisait pas forcément plaisir. Mes sœurs et ma mère voulaient tellement en savoir sur moi, qui je fréquentais et ce que je faisais de ma vie, que ça m'agaçait. En fait, plus elles essayaient de découvrir des choses sur mon existence, plus je les repoussais. Elles me donnaient l'impression d'être une bête de foire dont elles essayaient d'élucider le comportement. Je relevais enfin le regard vers mon interlocutrice lorsqu'elle me demanda si cela me rendrait heureux de lui présenter ma famille. Je réfléchis quelques secondes. Il n'y avait pas vraiment de bonnes façons d'énoncer cette vérité. « Pas cette partie de ma famille. Pas vraiment. » Je baissais à nouveau les yeux. Je savais que c'était mal vu de mal parler de sa famille, mais je ne pouvais pas non plus lui mentir. « Ce n'est pas que je ne veux pas que tu les rencontres, c'est juste que je sais qu'elles me taperont sur les nerfs. Et en règle générale je ne présente jamais personne comme ça à mes parents, ou à mes sœurs. » Je soupirais doucement, jouant nerveusement avec un crayon. « Mais je sais que ça leur ferait plaisir et ils ne sont pas méchants non plus. » Je relevais les yeux sur Haley. « Ça te ferait plaisir, toi ? » C'est surtout ce qui trancherait la question, à mes yeux. J'étais bien capable de laisser mon amertume et mes mauvais sentiments de côté pour faire plaisir à ma famille et à Haley. Mais si elle le percevrait comme une corvée également, autant repousser gentiment l'invitation à jamais.

J'écoutais attentivement les arguments de Haley qui l'incitait à accepter cette invitation. Elle désirait connaître ma mère dans des circonstances plus légères que celles du milieu hospitalier, tout comme ma génitrice, ce qui pouvait aisément se comprendre. Et puis, elle souhaitait aussi redorer la vision que ma sœur avait d'elle, ce que je pensais honnêtement dérisoire, mais je pouvais également accepter ça. Elle avait un sale caractère, c'était connu de tous, mais elle était aussi très protectrice envers sa fratrie. Sans doute que les amis de mes sœurs me voyaient comme ça aussi, quand j'étais plus jeune. Je ne tardais jamais à remettre leurs amis en place ou être désagréable avec eux quand je craignais pour le bonheur de mes cadets. « Je comprends... » répliquais-je toutefois, avant que Haley me dise qu'elle ne voyait pas non plus pourquoi elle obtiendrait ce "traitement de faveur" quand j'avais toujours refusé de présenter mes amis et même petites amies à ma famille. Ils avaient fini par les connaître, bien entendu, mais c'était plus par chance que par invitation. J'eus un léger rictus lorsque la jeune femme se qualifia de simple voisine. Ça me paraissait quand même bien peu, pour la femme à qui j'avais fait l'amour deux fois. Mais je ne devais pas me monter la tête non plus. Surtout que les propos de la veille de Haley me revenait déjà en mémoire, tel un boomerang. Elle était attirée par son patron. Il ne fallait pas l'oublier. Je doutais que j'étais celui qui ferait changer ça. C'était plutôt désastreux, en fait. Je finirais par me briser le cœur sur ma "voisine". Je lançais un coup d’œil furtif lorsqu'elle me demanda comment je la considérais, maintenant. J'avais l'impression de marcher sur de la glace très fine, en ce moment-même. Je conservais le silence quelques instants, mes doigts triturant les tranches de livres. J'avais le sentiment qu'il n'y avait aucune bonne réponse. Elle était plus qu'une simple voisine à mes yeux. Je ne faisais pas l'amour avec n'importe qui. Je pouvais avoir des relations sexuelles avec des filles d'un soir. Mais ce que j'avais eu avec Haley, ce n'était pas qu'une simple baise. Il y avait de la grande affection dans tout ça. De l'amour, peut-être même. Mais ça, est-ce que ça valait vraiment le coup de le dire ? Après tout, à ses yeux, qu'étais-je ? Je n'était pas le garçon par lequel elle était attirée. Elle m'avait bien précisé hier être attirée par un homme, ce dernier étant son patron. « Est-ce qu'on a vraiment besoin d'un qualificatif ? » questionnais-je, sur le même ton d'un enfant qui ne veut pas avouer ses torts. Je sortais mon téléphone portable de ma poche. « Je vais lui dire que c'est d'accord. » consentais-je, en parlant de l'invitation de ma mère.