[hot] Territoire des insurgés - On the fury road ▬ Ellie/Connor

Ellie se réveilla à l’aube, comme d’habitude. Elle se leva de son lit, retira sa nuisette en la jetant parterre, et sauta directement sous la douche. L’eau était fraiche, mais c’était ce dont elle avait besoin pour bien se réveiller.
Après une bonne vingtaine de minutes sous l’eau, elle sortit et se sécha rapidement avant d’enfiler ses sous-vêtements, un jean gris retroussé au-dessus des chevilles et un débardeur Led Zeppelin.
Elle passa alors au salon et se posa dans le canapé en allumant la télé.

Elle passa quelques minutes à zapper les chaînes, toutes aussi nulles les unes que les autres, lorsque son téléphone sonna côté d’elle. Elle décrocha sans rien dire, et lâcha seulement quelques « mmh » à intervalles presque réguliers. Puis elle raccrocha.
C’était pour le gros coup qu’elle préparait depuis une semaine déjà. La date avait été avancée, et c’était cet après-midi même qu’il fallait agir.
Elle enfila ses chaussures de moto et passa sa veste de motard sur ses épaules, attrapa son sac à dos dans le coin de la porte et sortit de l’appartement en claquant la porte.
Elle descendit dans son garage et enfourcha sa cylindrée, avant de démarrer en faisant un boucan pas possible. Elle activa la porte de sortie et accéléra sur le bitume pour partir. Direction le centre-ville.

Une fois sur place, Ellie devait repérer et prendre en filature un chef d’entreprise, qui était soupçonné par ses concurrents d’être mouillé dans des affaires pas nettes avec l’Alliance, chose qui aurait pu leur servir d’argument pour faire couleur leur ennemi. C’était comme ça dans le business. Une bande de requins près tout pour grimper au sommet et surtout y rester.
Les ordres étaient juste de le suivre, donc c’est ce qu’elle allait faire. Elle préférait les boulots un peu plus risqués, ça rapportait plus et surtout, ça lui donnait sa dose d’adrénaline pour un moment.

Après une heure à arpenter les rues avec ses écouteurs dans les oreilles, Ellie repéra enfin sa cible. Elle le suivit pendant une partie de la journée, toujours dans la plus grande discrétion.
La fin d’après-midi approchait. L’homme qui était assis à une terrasse depuis un moment se leva, pris ses affaires, et s’en alla vers l’ouest. Ellie se leva aussi de deux terrasses plus loin, et le suivit pendant bien 1 kilomètre.
L’homme, s’approchant du quartier ouest, serpentait dans les ruelles mal famées du coin, comme s’il essayait de semer quelqu’un. Est-ce qu’il l’avait repérée ? Ellie osait espérer que non. S’il avait été réellement impliqué dans des affaires dangereuses avec l’Alliance, qui sait à quel point, et jusqu’où ce genre de personne était capable d’aller.

Absorbée par ses pensées, la jeune femme ne remarqua pas que l’homme avait ralenti le pas, et la distance qu’elle avait conservée entre elle et lui avait considérablement réduit. Ils étaient maintenant dans la même ruelle.
Elle se stoppa net.
L’homme se retourna et la fixa du regard.

« Qui t’envoie ?! » dit-il.

Ellie ne répondit pas. Elle tenta de faire demi-tour en baissant la tête, mais l’homme se rapprocha d’elle d’un pas rapide, et lui saisit le bras alors qu’elle commençait à s’en aller.
Il la tira d’un coup sec et la retourna vers lui. Il sortit un canif de sa poche et lui pointa sur le ventre, en la rapprochant un peu plus de lui, l’air menaçant.

Essayant avec difficulté de garder son calme, Ellie glissa sa deuxième main libre vers sa ceinture, et agrippa sa grande lame aiguisée le matin-même. Elle l’extirpa de là, et le dirigea vers son agresseur. Il recula d’un pas à la vue de l’arme, réfléchit quelques secondes, et s’élança vers elle en hurlant : « SI ils croient que je vais me laisser impressionner par leur petit oiseau envoyé pour me faire peur, ils se fourrent le doigt dans l’œil jusqu’au coude !! ».
Prise de panique, Ellie réagit avec son instinct de survie, et dans le feu de l’action, elle planta entièrement sa lame dans le thorax de l’assaillant. Celui-ci tomba au sol et se mit à tousser du sang en serrant son poing contre sa plaie.

Sachant qu’elle avait dérapé, elle lâcha sa lame qui tomba au sol à côté de l’homme agonisant, et réfléchit le plus vite possible.

D’une part, ses commanditaires risqueraient d’être soupçonnés de l’avoir envoyée, et essayeraient par tous les moyens de la faire tuer avant que d’autres personnes la trouvent et lui fassent avouer pour qui elle bossait. Et d’autre part, si l’homme en question était effectivement des gars de l’Alliance, ceux-ci essayeraient aussi de la trouver pour l’exécuter.

Sans plus attendre, elle prit ses jambes à son cou et couru jusqu’au centre-ville où elle avait garé sa moto plus tôt dans la journée, grimpa dessus et mis le contact, et partit à tout vitesse vers la sortie de la ville.

Elle s’arrêta seulement quelques minutes dans une épicerie, où elle acheta plusieurs bouteilles d’eau et divers choses à bouffer, assez pour remplir à craquer son sac à dos qu’elle était heureuse d’avoir pris avant de partir.

Elle reprit ensuite sa moto et quitta la ville, sans vraiment savoir où elle pourrait bien aller.

Ellie voyagea pendant une semaine à travers l’Amérique, en direction de Vegas, ou plutôt ce qu’il en restait. Elle réussit à éviter les villages et camps de survivants, en prenant le moins de risques possibles. Plusieurs stations de carburant fonctionnaient encore malgré la destruction globale des terres, et elle put continuer à avancer avec sa moto, sa chère amie.

Ayant besoin de repos après plusieurs jours de voyage presque ininterrompus, elle posa son camp dans une petite ville où une épicerie semblait ne pas avoir été totalement dévalisée, et y resta quelques jours, fouillant dans les restes d’habitations autour, et prenant tout ce qu’elle était capable de transporter avec elle.

C’était très tôt le matin, alors qu’Ellie dormait encore, qu’elle fut réveillée par un bruit de moteur dont elle connaissait le doux son. Une moto.
Un homme au regard sombre la conduisait, un foulard noué sur la bouche et le nez pour éviter la poussière environnante. Il arriva vers elle et stoppa sa moto. Il en descendit, et se tint devant elle.

Arrivant à peine à reprendre ses esprits après le coup violent que l’homme lui avait asséné, Ellie se tenait encore assise lorsque les bruits des motos retentirent à l’extérieur du bâtiment.
A en voir la mine agacée de son geôlier, elle devina que ça n’était pas au programme. Elle essaya alors de se redresser sur ses coudes et s’assit sur le sol, soupirant de douleur en touchant sa tempe endolorie.
L’homme se leva et lui ordonna d’en faire de même, certainement pour sortir affronter ces connards de la Pleine Lune qu’elle avait réussi à éviter durant tout son trajet. Mais ça ne devait pas être son cas à lui, et ils avaient dû le suivre jusqu’ici.
Pas vraiment décidée à suivre les ordres d’un tas de muscle sans cervelle, Ellie ne se leva pas, ce qui irrita l’homme, qui se rapprocha d’elle et l’attrapa violemment par le bras pour la lever et l’attirer vers la porte avec lui.

Une fois à l’extérieur, le soleil lui agressa la vision et d’autant plus du côté où elle avait reçu le coup de crosse. Quelques secondes après, elle put enfin apercevoir l’origine des bruits de moteurs,  et l’allure des conducteurs confirma ses pensées. Leur peau blanche, crâne rasé, torse nu et jean treillis étaient caractéristique des gars de la Pleine Lune.
Et au vue de leurs expressions, ils avaient l’air de s’être levés du mauvais pied.

Ellie regarda rapidement autour d’elle, et aperçu le Desert Eagle accroché à la ceinture de l’homme à côté d’elle. Face aux assaillants se rapprochant, armes à la main, elle n’hésita pas plus longtemps et attrapa le pistolet à sa taille. Celui-ci était plus lourd que ceux qu’elle avait déjà eu l’occasion de manier, et elle le pointa donc en direction des ennemis en le tenant fermement entre ses deux mains, visa rapidement, et tira.
La balle heurta la clavicule d’un des gars, qui tomba en arrière sous le choc.
Le faible mouvement de recul dû au poids de l’arme lui permit d’enchaîner, et elle tira une deuxième fois, et réussit cette fois-ci à la mettre en pleins visage de sa cible, qui s’écroula.

Les deux ennemis restants pointèrent leurs armes vers Ellie et l’homme, et s’apprêtaient à riposter.
Celui-ci réagit immédiatement et l’attrapa par le bras, la tirant brusquement au sol derrière la moto garée juste à côté d’eux.
Les balles heurtèrent le sol. C’était moins une.

L’homme ouvrit la sacoche accrochée à sa moto et en sortit un Winchester M12 qu’il pointa sur les attaquants, les coudes calés sur le siège de sa moto, et tira. La cartouche vide tomba au sol en même temps que la cible. Une deuxième, dans le mile aussi.

Il soupira, et se rassit à côté d’Ellie, dos à sa moto, et se tourna vers elle.
Elle tenait encore le pistolet entre ses deux mains au sol, et le fixait dans le vide, tête baissée, sans bouger.
C’était la première fois qu’elle avait paniqué.

Il lui lança une paire de lunettes de motard après lui avoir noué un foulard autour de la bouche et du nez. La poussière qui pesait dans l’air était un véritable cauchemar, et on était bien que sous ces protections, qui garantissaient la survie dans le milieu. Elle les enfila alors.

L’homme enfourcha sa moto et alluma le contact. Il lui fit signe de s’installer derrière lui. Ça aurait pu être pire, il aurait aussi bien pu lui lier les mains et les chevilles et l’attacher à l’arrière de sa moto, elle allait au moins pouvoir être libre de tendre ses jambes.
Malgré ça, elle hésita un instant. Si elle essayait de fuir maintenant, il l’aurait surement rattrapée en quelque secondes, et vu le caractère bien trempé que son geôlier avait l’air d’avoir, elle ne se serait pas risquée à jouer avec ses nerfs. Une balle bien placée dans la tempe et s’en aurait été fini d’elle.

Le bruit des moteurs retentit au loin, et elle se tourna vers la ligne de l’horizon. C’était d’autres mecs de la Pleine Lune. Ils devaient se barrer, et vite fait. Au moins, elle arrêta d’hésiter, car si ce n’était pas l’homme qui la tuait si elle essayait de fuir, elle finirait entre les mains de ces tarés, et ce serait encore bien pire que la mort.

Elle se dirigea alors vers sa moto et l’enjamba, posant ses deux mains sur l’arrière de la bécane pour se tenir. Il tourna alors l’accélérateur de tout son poignet, et le pot d’échappement gronda en faisant voler la poussière sur le sol autour d’eux. Il leva son pied du sol et la moto démarra en trombe.
Au bout de plusieurs kilomètres, sa position en arrière lui faisait un mal de dos horrible, et elle se résigna à prendre une posture normale, et posa ses mains sur les flancs du conducteur en grimaçant.

Plusieurs heures étaient déjà passées, et le soleil se couchait.
Le compteur d’essence indiquait qu’ils allaient bientôt devoir faire une pause. Ils croisèrent une station essence déserte, assez loin de toute ville et village. Avec un peu de chance, il y avait encore du carburant.
Il stoppa sa moto près de la pompe à essence, et ordonna à Ellie de rester où elle était. A vrai dire, elle était trop fatiguée pour bouger. Ça avait été une journée éprouvante. Et puis, elle aurait bougé pour aller où ? Mourir assoiffée dans le désert ? Cette option ne la ravissait pas énormément, alors elle resta en place.
Enfin de la chance. Après avoir actionné trois ou quatre fois le pistolet de la pompe, l’essence se mit à couler lentement dans le réservoir.

La nuit commençant à se lever, l’homme avait apparemment décidé qu’ils passeraient la nuit ici. Ils ne risquaient pas grand-chose dans le coin, et il préférait conduire éveillé et en pleine possession de ses capacités qu’usé par la fatigue.

L’air ici était légèrement plus frais que celui de Boston. La reconstruction avait entrainé une poussée de pollution énorme, et les températures excédaient souvent la limite du supportable. Ici, elle frissonnait quasiment.
L’homme grogna en montrant de la tête l’habitat de la station où devait se reposer et passer la journée l’employé qui travaillait là il y a longtemps.

Après avoir montré la station-service à Ellie, l’homme s’y dirigea pour y jeter un coup d’œil. Pendant ce temps, elle s’adossa à la pompe à essence et sortit son paquet de cigarette de la poche de sa veste de moto. Elle en sortit une cigarette qu’elle porta à ses lèvres et l’alluma avec le briquet coincé entre les quelques cigarettes restantes. Elle inspira une grande bouffée qu’elle garda quelques secondes dans les poumons, avant de recracher en une épaisse fumée. Ça devait bien faire deux jours qu’elle n’avait pas fumé, et ça commençait à sérieusement lui manquer. L’alcool et la cigarette faisaient partie de ses petits vices, et elle était toujours trop facilement sujette aux addictions dont elle peinait à se détacher.

Quelques minutes après, elle jeta son mégot sur le sol, qu’elle écrasa sous sa botte. Elle se dirigea vers le petit bâtiment où le tueur à gage se trouvait encore et passa la porte. Une forte odeur de pourriture se dégageait de l’endroit, et elle se boucha immédiatement les narines pour ne pas vomir.
Un cadavre en décomposition se trouvait derrière le comptoir, et il était surement là depuis un bon moment.

Elle entendit alors le bruit de l’eau venir de la pièce à côté. Il devait certainement y avoir une douche dans le local, et l’homme avait surement décidé d’enfin se décrasser après la longue route. Elle se dit alors qu’elle aurait elle aussi bien besoin d’une douche. La chaleur environnante et le sable l’avaient fait transpirer dans ses vêtements, et elle n’avait pas eu l’occasion d’en changer depuis deux jours. Elle comptait le faire une fois qu’il serait sorti de la douche. Malgré l’action de la journée, elle avait toujours gardé son sac accroché à son dos, et il lui restait un teeshirt qu’elle avait lavé dans une maison avec un puit extérieur quelques jours auparavant.

Elle inspecta le lieu du regard, et tomba sur une arme posée à côté de la caisse sur le comptoir, non loin du cadavre. Elle devait lui appartenir. Pleins d’idées parcoururent tête d’Ellie à cet instant. Et si elle arrivait à se débarrasser de son geôlier maintenant ? Elle pourrait toujours prendre les clés de sa moto dans ses affaires, et partir avec. Elle savait très bien que le but du tueur à gage était de la ramener à Boston où elle serait exécutée, voir même pire. Elle se devait d’essayer.
Elle attrapa alors doucement le pistolet qu’elle prit dans ses deux mains, et se dirigea silencieusement vers la salle de bain.

Une fois devant la porte enfoncée de la pièce, elle se posta à l’entrée, le flingue toujours pointé vers le sol, et s’arrêta. Elle se sentit monter le rouge aux joues devant l’homme de dos sous la douche. Son corps était plutôt agréable à regarder, et elle se doutait de la quantité d’exercices physiques qu’il devait faire pour pouvoir exercer efficacement son métier. Cependant, il devait s’être blessé récemment, car il portait une marque dans le dos qui semblait être encore à vif et qui coulait avec l’eau ruisselante.

Elle s’approcha de quelques centimètres de lui et commença à lever l’arme dans sa direction. A ce moment, l’homme l’ayant entendue se retourna instantanément vers elle et la fixa. Il semblait garder absolument tout son sang-froid, et il s’approcha d’un pas, où il agrippa l’arme d’une main avant de la jeter parterre, tout en gardant son regard dans le sien, et sans changer d’expression.

Ellie aurait pu actionner le pistolet lorsque celui-ci était à bout portant, mais elle était trop troublée par la réaction de l’homme, et elle ne fit rien pour l’empêcher de balancer l’arme au sol en la fixant, l’eau coulant toujours dans son dos.

Le tueur à gage avait saisi Ellie par l’épaule en serrant si fort qu’elle sentit presque sa frêle épaule se briser sous ses doigts. Il la tira et la plaqua contre le mur de la douche sans ménagement et se rapprocha d’elle.
Ellie le regardait dans les yeux en se demandant jusqu’où il allait la blesser à cet instant. Mais au lieu de la frapper comme elle s’y attendait, il approcha son visage de son cou en s’appuyant contre le carrelage froid, et lui chuchota des menaces cinglantes pendant que ses doigts parcouraient son corps.
Elle se crispa sous le contact de sa peau, et détourna la tête lorsque celui-ci se colla encore plus contre elle, pressant le haut de sa cuisse entre les siennes. Elle pouvait sentir l’excitation de l’homme entre eux, et elle essaya de penser à la gravité de la situation pour ne pas rougir.

Elle ne savait plus s’il allait la frapper, la violer, ou même la tuer. Quoiqu’elle fasse, quoiqu’elle tente, elle finissait toujours par en revenir au même point. Elle se résignait à sa situation. Peut-être que finalement c’était mieux de rentrer à Boston. Qu’est-ce qu’elle aurait pu faire dans le désert, à errer indéfiniment. Au moins l'exécution, c’était rapide.

Des bruits de pas se firent entendre à l’extérieur, ils essayaient probablement de rester discrets, mais une fenêtre était placée juste à côté de la douche, et bien que les volets soient fermés, la vitre était ouverte. L’homme tourna la tête en direction de la porte et posa sa main sur la bouche d’Ellie pour lui imposer le silence. Puis il sortit précipitamment de la cabine et enfila son jean en prenant son flingue, laissant l’arme blanche dans l’évier.
Il ne laissait jamais rien au hasard, et c’était surement pour qu’elle ait l’occasion de s’en service. Ayant eu un avant-gout de ce que lui réservait son geôlier si elle recommençait à le menacer, elle préféra coopérer, du moins pour l’instant. Elle mit également les pieds dehors et glissa dans son jean et son tee-shirt avant de prendre le couteau rétractable et de le dissimuler à moitié à l’intérieur de sa manche.

Elle entendit un coup de feu venant de l’entrée du local, et se précipita vers la porte. Le tueur venait de descendre un mec, alors elle s’approcha calmement derrière lui pensant le danger écarté, mais alors qu’il se retournait brusquement en lui pointant son Desert Eagle sur le visage, elle sursauta d’autant plus de sentir un deuxième canon pointé sur elle, mais cette fois-ci à l’arrière de sa tête.
Un troisième se plaça dans l’encolure de la porte, mettant l’homme en joue. Elle le fixa du regard en attendant que celui-ci lui fasse un signe, n’importe quoi, et il ne tarda pas à sortir une phrase débile pour lui faire comprendre son intention, chose qu’elle fit immédiatement en lâchant un sourire en coin.
Elle laissa glisser le couteau qui était dans sa manche et l’agrippa dans sa main, puis se retourna vers son agresseur et lui planta la lame jusqu’à la garde dans l’œil. Celle-ci étant longue, et elle avait dû atteindre l’intérieur du crâne, car l’homme s’écroula au sol au même moment que son compagnon qui venait de se prendre une balle en pleine tête par le tueur à gage.

Ellie sortit le couteau de la chair du cadavre et l’essuya sur son teeshirt, puis se retourna vers le tueur, à qui elle tendit la lame en le regardant :

- Tu vois, j’ai pas essayé de te transpercer. Pour une fois.

L’homme attrapa l’arme blanche en grognant. Il n’avait pas l’air très sensible à son ironie.
Les gars qui venaient de se faire buter avaient l’air d’être venus seuls, et la nuit commençant à se lever, ils ne risquaient plus vraiment de se faire agresser avant le lendemain matin.
Elle fit le tour des lieux, et enjamba le cadavre pourrissant pour ouvrir une petite porte derrière le comptoir, donnant sur une pièce qui semblait être une salle de repos. Souvent, les employés tournaient à deux la nuit, et pendant que l’un se reposait, l’autre gardait la caisse au comptoir, pour assurer un service 7/7 24/24. Il y avait un vieux divan tâché en face d’un poste de télévision qui ne devait plus fonctionner depuis bien longtemps, et un lit en fer avec un matelas de pas plus de 5 centimètres d’épaisseur. C’était toujours mieux que de dormir contre le sol.

Elle attrapa la conserve et la bouteille d’eau que le tueur lui avaient lancées, et s’affala sur le sofa en posant ses pieds sur la table basse devant elle. Elle ouvrit sa boite et commença à manger en faisant directement glisser la nourriture dans sa bouche. Elle mâchait encore les haricots de son cassoulet quand elle lâcha :

- J’ai cru comprendre que t’étais bien renseigné sur moi. Et il a un nom aussi le tas de muscle ?

Le tueur débarqua dans la petite pièce, sa boite de haricots et sa bouteille à la main. Il s’assit sur le lit et en renifla le matelas en affichant une expression de dégout. Monsieur se la jouait dur à cuir, mais une simple odeur de renfermé réussissait à le dégouter, ce qui donna à Ellie un sourire en coin.
Il mangeait ses haricots en plongeant ses doigts dans la boite. Ce n’était pas très distingué, mais ça ne la surprit pas vraiment.
Lorsqu’elle lui demanda son nom, le tueur la moucha d’un : « En quoi ça t’intéresse ? Qu’est-ce que t’en as à foutre, hein ? ».
Elle ne répondit pas pendant quelques minutes, pendant lesquelles l’homme se leva du lit et alla trafiquer le poste de télévision, qui sembla fonctionner quelques secondes avant de s’éteindre dans un grésillement. Elle se rallumerait probablement plus jamais. Exaspéré, il retourna s’asseoir en grognant.

Ellie reprit alors :

- Ben j’aimerais au moins savoir le nom de celui qui va m’amener à la mort, surtout si c’est le dernier que je dois entendre.

Le tueur à gage fit mine de ne pas l’entendre et continua de s’empiffrer de ces haricots immondes jusqu’à finir la boite, qu’il jeta dans le coin de la pièce.
Ellie l’observait en finissant sa propre conserve.
Il se leva encore une fois et regarda par la fenêtre si personne ne s’était encore ramené pour les égorger pendant leur sommeil, et ne voyant personne à l’horizon, il tira le rideau crasseux par-dessus la vitre. Il quitta ses bottes qu’il posa vers l’entrée de la pièce, et étala sa lourde veste en cuir sur le sol, où il s’allongea, posant son Desert Eagle à quelques centimètres de sa main. Il voulait sans doute l’avoir à portée au cas où.

Ellie posa sa boite vide sur la table et retira ses jambes de celle-ci, puis délaça ses bottes au pied du sofa. Elle quitta son blouson, et s’allongea sur le canapé en se couvrant de celui-ci pour pallier à la température de la pièce qui descendait encore.

Une partie de la nuit s’était écoulée, quand Ellie fut réveillée par le froid mordant. Elle grelottait, et sa veste cuir ne remplaçait pas une couverture. Elle se leva, et se résigna à se rapprocher de l’homme endormi pour profiter de sa chaleur corporelle et ne pas succomber. Elle s’assit alors juste à côté de lui, et après quelques minutes à hésiter, elle s’allongea en collant son dos contre le sien. Celui-ci ne semblait pas bouger.

Ellie espérait ne pas avoir réveillé le tueur en s’allongeant dos à lui. Il n’avait pas bougé et elle pensa qu’il allait continuer à dormir jusqu’au matin, où elle se serait dégagée avant qu’il ne se réveille. Alors qu’elle commençait à fermer les yeux pour chercher à nouveau le sommeil, elle sentit du mouvement derrière elle, et l’homme passa ses bras musclés autour d’elle en se rapprochant. Son souffle chaud glissait sur sa nuque et elle frissonna.  

- Je m’appelle Connor, dit-il.

Ellie souri en gardant les yeux fermés. Peut-être qu’il avait commencé à la considérer un tout petit peu plus que de la bidoche qu’on emmène à l’abattoir, et auquel on préfère ne pas s’attacher. Ou bien il se résignait à lui donner cette information, puisque de toute façon elle ne l’emporterait pas plus loin que dans sa tombe à l’arrivée.

Il commença à effleurer la peau de son bras du bout des doigts, et avança lentement vers son ventre, pour remonter ensuite vers sa poitrine dressée au contact de ceux-ci. Sa respiration commençait à s’accélérer, mais elle restait cependant immobile, partagée entre la  surprise et l’envie. Ça faisait longtemps que personne ne l’avait approchée de la sorte, et la situation peu commune ajoutait une certaine dose d’adrénaline qui lui faisait apprécier le moment, malgré tout.

Connor retira son bras et sembla chercher quelque chose dans la poche de son blouson. Il en sortit le foulard noir qu’il utilisait pour pallier à la poussière du désert pendant la conduite, et le glissa par-dessus les yeux de la jeune femme. Ellie réagit immédiatement et le stoppa en attrapant son avant-bras dans sa main.

- Tu ne me fais pas confiance, Ellie ?

Elle réfléchit un instant. Quelle question ! Le tueur l’avait frappée deux fois dans la journée, avec la crosse de son arme et contre le carrelage de la douche. Mais il l’avait également sauvée autant de fois. Elle pensait qu’il était juste une machine à tuer surement formatée par l’Alliance, et qu’il ne possédait pas vraiment la notion du bien et du mal. Il devait agir en suivant ses instincts, dans le but unique d’exécuter les contrats qu’on lui donnait, ni plus, ni moins. Ce qu’il s’était passé dans la douche était dû au fait qu’elle l’avait menacée avec le flingue, qui au final n’était même pas chargée. Elle n’était pourtant pas stupide, et savait se servir d’une arme, elle aurait dû sentir le poids trop léger de l’arme, et maintenant elle n’était plus vraiment convaincue de ce qu’elle avait essayé de faire.

Elle relâcha ses doigts, et le laissa nouer le bout de tissu derrière sa tête. Elle était maintenant réduite à ressentir ses émotions sans même pouvoir appréhender les mouvements de Connor.  
Celui-ci s’appuya sur son genou pour se redresser, et il attrapa son épaule encore endolorie par la pression avec laquelle il l’avait agrippée dans la salle de bain, puis l’allongea sur le dos à côté de lui. Il se mit devant elle, et posa ses deux mains sur ses hanches sous son teeshirt. Il le souleva jusqu’à ses épaules, où elle leva instinctivement les bras pour qu’il puisse le retirer, ce qu’il fit. Il reposa une main sur son flanc, et approcha ses lèvres de son ventre. Son souffle sur sa peau fit frissonner Ellie, qui se crispa légèrement sous la bouche de l’homme. Il remonta lentement en embrassant progressivement son ventre, puis entre ses seins nus. Ayant une poitrine de petite taille, elle ne voyait pas d’utilité à porter un soutien-gorge, et n’en mettait donc jamais. Il finit par monter sur sa clavicule, puis dans son cou, où il aspira légèrement sa peau entre ses lèvres.  

Il se recula et regarda la brune haletante, avec son bandeau sur les yeux. Il remonta sa main de sa hanche jusque ses côtes, et descendit prendre le bout de son sein gauche dans sa bouche, le mordillant très légèrement. Elle se cambra quelque peu, et passa sa main dans les cheveux de Connor, appliqué à la faire frémir entre ses dents.

Après lui avoir retiré le reste de ses vêtements, Connor plaça sa main sur la hanche d’Ellie et la tourna avec négligence. Ses 45 kilos devaient représenter une misère à manipuler pour la carrure du tueur. Avec le choc du mouvement sur sa cage thoracique, elle voulut appuyer ses mains sur le sol pour se relever et tousser la poussière qu’elle venait d’ingurgiter, mais il lui attrapa les mains et les lui bloqua derrière la tête d’une main, et prit sa hanche dans l’autre, avant d’entrer violemment en elle. Elle sursauta du manque de délicatesse de son partenaire, qui l’aurait fait tomber en avant s’il ne la maintenait pas fermement en même temps.

Elle ne pouvait pas bouger, pendant qu’il s’attelait à multiplier les va et vient avec acharnement, lui pressant toujours plus la peau sous ses grands doigts. Il était juste entrain de l’utiliser comme un vide-couille, ce qui l’énerva, et elle serra ses petites mains coincées dans son étreinte. Alors qu’il semblait accélérer son mouvement en grognant un peu plus à chaque coup, il se pencha pour passer sa main sous son torse, et il la redressa dos contre lui sans arrêter ses reins. Il lui mordit la nuque à portée de bouche un peu trop fort, et pressa sa main contre son ventre pour la rapprocher, alors qu’il se pencha en arrière pour se déverser en elle dans un grognement de plaisir.

Après quelques secondes à reprendre son souffle, il la lâcha toujours sans considération, la laissant retomber sur ses mains. Quel con. Elle se leva sans rien dire, et fila sous la douche. Elle alluma le robinet, et frissonna alors que l’eau fraiche coulait sur elle. Après quelques minutes, elle sortit de la cabine et se sécha avec son teeshirt posé sur le lavabo, et enfila un sous vêtement, son jean et un autre teeshirt sec. Lorsqu’elle revint dans la pièce, Connor était posé, les bras croisés derrière sa tête et les jambes également croisées, un sourire de vainqueur aux lèvres. Elle soupira en fronçant les sourcils, et passa à côté sans dire un mot, puis retira le drap housse poisseux du lit non utilisé, et retourna s’allonger dans le sofa, se couvrant avec le tissu. En silence, elle lui tourna le dos et s’assoupi. Elle n’avait pas la moindre envie de lui dire quoi que ce soit, et il avait l’air de bien l’avoir compris.

Le soleil qui passait à travers le rideau troué arrivait sur le visage d’Ellie, et elle se réveilla. Elle se frotta les yeux et s’assit sur le bord du canapé. Connor était déjà dehors, entrain de dépoussiérer sa moto du revers de la main, prêt à partir. Il avait récupérer ses affaires, et avait ajouté le flingue trouvé la veille dans la sacoche où se trouvait son M12, avec les boites de munitions rangées dans le tiroir du comptoir. Elle sortit le bout de tissu qu’elle avait utilisé la veille pour mettre sur son nez lors des trajets, et le noua autour de sa tête. Elle se dirigea ensuite vers la bécane, et s’assit sur l’arrière du siège. Pas plus loquace qu’à son habitude, le tueur remonta également son foulard d’autour du cou sur son nez, et pris place devant elle, et démarra. Rien à l’horizon, rien d’autre que le goudron sillonnant à travers le désert. Ils se mirent en route, et continuèrent durant plusieurs heures sans poser le pied.

Ils arrivèrent dans une grande ville dévastée, autrefois Denver. Ils passèrent devant un grand hôpital, et s’y arrêtèrent. Dans les grands établissements comme celui-ci, les cafétérias étaient toujours bien fournies en conserves de grandes quantités, tout le monde connait la qualité de la nourriture là-bas, il ne devait pas y avoir grand-chose de frais. Ils entrèrent dans le hall, les portes vitrées avaient dû être cassées lors des explosions de la Guerre.