live like tomorrow doesn't exist (achille)

En ce moment la vie de Perry prend une tournure vraiment inattendue. Non seulement son ex-copine vient d'avoir un enfant mais en plus c'est le sien. Il est le père biologique d'un bébé pour la première fois et on ne peut pas dire que ça ait vraiment été prévu. En général il vit plutôt au jour le jour mais là il doit un peu plus planifier. Il doit s'occuper à la fois de Penny, la fille de sa sœur qu'il a adopté et de Siobhan, son bébé d'à peine quelques mois. Jamais il n'a eu à s'occuper d'un bébé et il ne pensait pas que ce serait si compliqué.
Du coup, dernièrement, il n'a pas pu vraiment sortir faire la fête comme il en avait l'habitude avant. Malgré tout ce soir il a décidé de prendre une soirée pour lui et de s'amuser. Il a laissé Siobhan et Penny à la baby-sitter. C'est la première fois qu'il laisse son bébé et il était un peu anxieux mais cette anxiété est partie rapidement, la baby-sitter sait ce qu'elle fait, enfin il imagine.
Perry commande un mojito au bar avant de se retourner vers la salle et chercher une éventuelle personne à qui parler. Après tout il est venu seul mais il ne compte pas passer la soirée dans son coin à s'enfiler des verres. Finalement il s'approche d'un jeune homme d'à peu près son âgeet lui lance un « hey ! » il y a plus original comme introduction mais il aime faire simple.

Oui, en ce moment, ce n'était pas la joie. Tout se mélange et j'ai du mal à faire face. La solution de noyer mon chagrin dans le travail n'était pas une solution. Ni même dans l'alcool d'ailleurs, ma rencontre éméchée avec la jolie rousse m'avait largement suffit. Je songe à aller un psychologue tellement je sens que je n'arrive pas à face au.. à la tragédie qui a si soudainement frappé en plein vol. En attendant, mon retour au pays ne s'était pas si mal passé que ça, malgré le fait que je me retrouve subitement directeur d'agence. C'est à la fois un très grand bien et un grand mal. J'ai pris la place de mon père, bien avant l'heure.

Ce soir, j'avais prévu une petite sortie avec un ami de longue date dans un bar. Juré, je ne ferai pas d'abus sur la bouteille. Je m'assis alors au comptoir en enlevant mon manteau en laine, dévoilant une chemise noire cintrée. Je commande un whisky avant de jeter un oeil à ma montre, j'ai pas mal d'avance. J'entendis quelqu'un m'interpeller à côté de moi. Je lève mes yeux bruns vers la personne.  L'homme a un regard d'un bleu perçant, d'apparence du même âge que moi. Un petit sourire se dessine sur mon visage. Je ne suis pas associable, loin de là. « Bonsoir. » dis-je, poliment. Mon verre arrive et je le prends entre mes doigts. Je lève rapidement mon verre vers lui, avant de le porter à mes lèvres. « Cheers. » dis-je en reposant le verre. Je remarque qu'il boit un mojito. Bien un cocktail de jeune, tiens.. Je fronce les sourcils quand je remarque que je pense comme un vieux. Pourtant, je n'ai que vingt-sept ans. Misère.

Le jeune homme qu’il vient d’aborder n’est clairement pas le même genre que lui : classe buvant un whisky, après une dure journée de travail sans doute. Perry a l’impression d’être à des années lumières de lui dans son t-shirt et son jean classique, son verre de mojito dans les mains. C’est comme ci l’homme qu’il avait en face de lui était une version de lui même s’il avait grandit comme une personne normale. Bien sûr depuis qu’il est arrivé à Bowen il a changé et n’est plus aussi immature cependant au fond de lui il est toujours le même enfant qui aime regarder les dessins animés et manger des céréales.
Il s’attaque à un genre qu’il connaît beaucoup moins car d’habitude il drague des types qui lui ressemblent et qui ne mettent pas longtemps à craquer mais là il a l’impression que ça ne sera pas aussi simple. L’homme le salue avant de trinquer. Ils boivent tous les deux une gorgée de leur alcool ou cocktail respectif. « Tu viens souvent ici ? » demande-t-il avec un sourire ne sachant pas trop quel type d’approche envisager.

En attendant mon ami de longue date, j'avais commandé l'éternel liquide ambré qui me tellement tourné la tête ces temps ci. Je préfèrerai plutôt que ce soit de la bonne compagnie qui me fasse cet effet mais on ne peut pas tout avoir, pas vrai ? Mon tête à tête avec la boisson fut de courte durée puisqu'un jeune homme, plutôt charmant sans être mon style habituel m'accoste.

Nos verres se rencontrent avec fracas avant que nous buvions nos verres, bien différents. Puis il me tutoie directement. J'hausse les épaules intérieurement, pourquoi pas, cela me change d'être vouvoyer toute la journée. Je me sens un peu plus une personne normale, moins un directeur d'agence, vous voyez ? Il me demande donc si je viens souvent ici. J'hoche la tête furtivement avec un petit sourire en coin. « Cela m'arrive et toi ? » dis-je en tournant mes hanches vers lui, plus ouvert à la conversation. Je plonge mon regard dans le sien. Damn, quel bleu. « Tu as un nom ? » dis-je, soutenant le regard. Je ne sais quel espèce de combat s'installe entre nous mais je veux en savoir plus. Là, je suis intrigué.

Le début d’une conversation avec un inconnu est à la fois le moment le plus crucial, celui qui détermine si le courant va bien passer, celui où il faut faire bonne impression mais c’est également le plus compliqué. La meilleure technique (ou la plus simple) consiste sans doute à parler de la musique qui passe dans le bar à ce moment là ou bien de la boisson que boit la personne à aborder. On ne peut pas dire que la phrase d’accroche soit le point fort de Perry. D’ailleurs s’il arrive à charmer du monde ce n’est pas vraiment grâce à sa technique de drague. Il n’en a pas vraiment d’ailleurs, il est plutôt lui même tout en usant de sourire charmeur. Après une entrée en matière en demi-teinte, le jeune abordé lui répondit. Il vient de temps en temps mais il n’a pas l’air d’être un alcoolique présent tous les soirs. « Mmm..parfois oui. » répond-il même si en ce moment il est rare qu’il se retrouve dans un bar. Mais il ne compte pas lui raconter sa vie, surtout s’il a des chances pour conclure. Parce que si le numéro du père célibataires ça peut fonctionner parfois, Perry sait qu’en général avec les hommes, c’est plutôt foutu. Ils se regardent longuement, le jeune homme lui demande son prénom sans détourner les yeux. Perry posa son coude sur le comptoir tout en le regardant. « Prend celui que tu préfères. » dit-il. Ce soir il n’a pas envie de se prendre la tête et il veut surtout oublier toutes les choses sérieuses de sa vie.