warm up my empty heart (cj)

Elle niait. Tu la regardais une nouvelle fois et tu savais que tu avais raison. Elle avait beau dire le contraire, tu savais ce que tu avais vu. Et tu n'allais pas la laisser avoir le dernier mot. Malheureusement pour elle, tu semblais être aussi têtu. En temps normal, tu aurais pu passer dessus et lui donner raison, mais ce soir, tu avais envie d'avoir cette petite victoire. « Si tu me provoques, je serais prêt à tout pour te prouver le contraire ! » Un grand sourire sur le visage, tu avais déjà une petite idée en tête. La dernière fois, ça avait plutôt bien marché alors pourquoi ça ne serait pas le cas ce soir ? Sauf si elle laissait tomber la première. Pour le moment, tu étais un peu occupé à chercher quelque chose dans ton frigo. Lui jetant un regard alors qu'elle te parlait de poutine. « Tu en as tu déjà mangé ? » Tu n'en avais pas mangé depuis des années. C'était un plat qui te manquait parce qu'il était presque impossible à réaliser en dehors du Canada. Tu n'avais pas accès au cheddar sous la même forme ici. Pour la première fois depuis que tu étais à Bowen, tu avais envie de prendre un avion pour rentrer chez toi et en savourer plusieurs jusqu'à te faire péter le bide. « C'est du poulet, avec des poivrons, une sauce à la tomate et aux poivrons et accompagné de riz. C'est un plat français.  » ajoutais-tu pour elle. C'était bien beau de lui annoncer le nom du plat, mais si on n'a pas voyagé, on ne devine pas ce que c'est rien qu'à l'intitulé. « Mais si tu veux quelque chose en particulier, je serais ravi d'enfiler mon tablier et de te le cuisiner avec amour ! » Tu serais prêt à faire beaucoup de choses ce soir pour lui faire retrouver le moral. Elle avait peut-être un sourire sur le visage mais tu ne chasserais pas de ton esprit le fait qu'il y a cinq minutes, elle était en larmes dans tes bras.

Ses mots la font hausser les sourcils. Elle qui a toujours été si curieuse, déterminée à voir ce qu'on ne lui dit pas, elle ne peut s'empêcher d'avoir envie de savoir ce qu'il pourrait faire pour la contredire. Sans le quitter des yeux, Théia sent son sourire grandir progressivement jusqu'à ce qu'elle en ait mal aux joues. « Je voudrais bien voir ça. Je suis même très intéressée par une petite démo de ta part, mon cher CJ. » Elle continue de le suivre comme son ombre avant de rejoindre la cuisine où elle pose son derrière sur un meuble afin d'être en hauteur. Tout en secouant négativement la tête, elle pousse un léger soupir. « Jamais, mais j'ai déjà lu un article qui disait que c'était limite le premier truc à faire si tu vas au Canada. Manger de la poutine. C'est comme ça que je ne connais, j'ai aucun mérite à part celui d'avoir Internet. » Elle hausse ensuite les épaules et le regarde s'affairer dans le frigo, curieuse de ce qu'il s'apprête à lui proposer. Quand il décrit le plat dont il vient de citer le nom, Théia se concentre et essaie d'imaginer quel goût ça peut bien avoir, un poulet basquaise. Elle qui n'a jamais vécu qu'en Amérique ou en Australie, elle n'a jamais goûté le moindre plat français et serait bien curieuse d'apprendre comment ils mangent, là-bas. Cependant, la deuxième suggestion la fait bondir hors du plan de travail. « Mais oui, pourquoi pas ! Je pourrais t'aider aussi, ça peut être sympa. » Elle repère un tablier suspendu en hauteur près de la porte, s'en empare en se dressant sur la pointe des pieds, puis s'avance vers CJ afin de le lui glisser autour du cou. « Ce serait un honneur pour moi d'être ta co-chef, » dit-elle avant de se reculer d'un pas pour le regarder avec son tablier mal mis, pas attaché, un immense sourire aux lèvres. Elle se sent bien, si bien qu'elle en oublie ces dernières minutes passées à pleurer pour des problèmes auxquels elle ne veut déjà plus penser.

Elle était curieuse, elle voulait savoir ce que tu avais dans ta manche pour la faire rougir. Tu avais déjà une idée en tête, tu laissais un large sourire se dessiner sur tes lèvres. « Très bien ! » Mais tu ne ferais rien maintenant, tu voulais jouer sur la surprise, jouer sur le suspense. Lui laisser un peu de temps pour oublier et lui tomber dessus au moment propice. Rien que cette idée t'amusait beaucoup, tu avais vraiment hâte de voir si tu avais raison ou si tu te trompais. Tu espérais avoir raison mais si tu venais à avoir tort, tu l'accepterais aussi. Elle te rejoignait en cuisine, te parlant de l'article qu'elle avait lu mais elle n'en avait jamais goûté. Tu hochais la tête avec beaucoup de vivacité. Elle avait raison, c'était une chose incontournable si on visitait le Québec. Un incontournable de la gastronomie, comme les escargots en France ou les pizzas en Italie. D'ailleurs en parlant de France, elle ne semblait pas si emballée par le poulet basquaise au final, elle avait attrapé un tablier qu'elle avait enfilé avec rapidité. Tu esquissais un grand sourire, ravi de cette initiative. Tu étais prêt à cuisiner n'importe quoi à condition bien sur de l'avoir dans ton frigo parce que faire des huîtres sans huîtres par exemple, ça allait être compliqué. « Qu'aimerais-tu qu'on cuisine ? » Ta voix se faisait douce, tu t'étais approché d'elle en posant doucement tes mains sur ses hanches, la plaquant contre le plan de travail. Elle ne pouvait pas s'échapper. Tu approchais ton visage doucement du sien, retenant ton souffle, tes lèvres frôlaient les siennes mais il y avait encore quelques millimètres qui vous séparaient d'un contact. Tu sentais son souffle chaud s'écraser dessus, un léger sourire en coin, tu gardais la position jusqu'à ce qu'elle rougisse. Même si tu ne me voyais pas, ton regard étant fixé dans le sien, tu avais comme l'impression que le temps s'était arrêté, que plus rien autour de vous n'existait.

Même si elle a envie de savoir ce qui lui passe par la tête là, maintenant, Théia se force à ne rien répliquer et se contente d'un simple hochement de tête. Elle peut patienter, de toute façon elle sait qu'il préférera attendre le moment où elle s'y attendra le moins, bien qu'elle soit aussi consciente qu'il ne fera certainement rien de très poussé. Après tout, CJ est en couple et il n'a jamais considérée Théia comme plus qu'une simple amie. Ils parlent nourriture, d'abord d'un plat canadien puis d'un autre français, deux spécialités qu'elle n'a jamais eu la chance de goûter. Au final, Théia trouve l'idée de cuisiner ensemble bien plus intéressante sauf qu'à sa question, elle ne sait pas trop quoi répondre. Elle n'est pas particulièrement douée en cuisine et se contente bien souvent de petits plats faciles, rien de très fancy. Elle s'apprête à répliquer avec un haussement d'épaules mais, avant qu'elle n'en ait le temps, elle sent les mains de CJ se poser sur ses hanches. Intriguée par ce geste, elle lève les yeux vers son visage et alors que son dos entre en contact avec le plan de travail, son ventre se noue soudainement. Elle n'arrive à rien dire, garde les lèvres entre-ouvertes un moment pendant les battements de son coeur s'accélèrent. Elle n'est pas certaine de si c'est CJ qui lui fait cette effet ou la surprise qu'elle a ressentie, certainement un mélange des deux. Et alors qu'elle s'attend à le voir s'éloigner, il s'approche au contraire un peu plus jusqu'à ce que leurs lèvres s'effleurent presque, seulement séparées par une barrière invisible. Théia se sent rougir. Merde, pense-t-elle d'abord. Tant pis, se résonne-t-elle ensuite. « Je ne sais pas, » souffle-t-elle sans réellement faire attention aux mots qu'elle murmure, totalement envoûtée par ce regard si intense qui est plongé dans le sien. Pendant un court instant, Théia oublie tout. Nevaeh, Oliver, la population de Bowen et même du monde entier. Elle oublie le temps qui passe, elle a l'impression d'être figée sur place et qu'il n'y a que son coeur qui bouge si vite, trop vite même. Elle place une main sur une des siennes par-dessus sa hanche, resserre un peu plus fort la pression de ses doigts contre ceux de CJ, puis esquisse un sourire amusé. « C'est bon, t'as gagné, » lâche-t-elle en baissant les yeux sans s'arrêter de sourire.

Ton regard était dans le sien. Pétillant. Elle avait les joues rouges, tu le voyais. Elle était si mignonne, tu avais l'impression qu'elle était apeurée, qu'elle avait le souffle coupée. Pendant un instant, le monde n'existait plus. Il y avait elle, toi, tes mains contre ses hanches, vos lèvres à quelques millimètres, le contact de vos deux nez et vos souffles qui se mélangeaient. Quelque chose se passait, comme une alchimie et tu semblais ne plus savoir ce que tu faisais. Comme si tu avais perdu le contrôle de ton corps ou peut-être que c'était l'inverse, peut-être que tu savais trop bien ce que tu faisais et que tu n'en avais rien à faire. Comme si il ne pouvait y avoir aucune retombée, comme si ce n'était pas quelque chose de mal. C'était troublant. Elle te troublait. Et lorsqu'elle posait une de ses mains sur la tienne, tu sentais ton cœur s'emballer. Ce contact te donnait des frissons. Tu avais gagné, elle venait de concéder. Elle baissait le regard mais son sourire ne s'effaçait pas. Lentement, le tien disparaissait. Les secondes s'écoulaient, ton frisson lui ne se dissipait toujours pas. Le souffle court, le cœur qui s'affole, tu romps la distance. Posant tes lèvres sur les siennes. Tu rates un battement. Puis un autre. Et encore un. Le contact avec sa peau est léger, tu te sentais léger. Tu enfonçais doucement tes mains sur ses hanches, comme si tu ne voulais pas la perdre, comme si tu ne voulais pas rompre le contact. C'était le cas, tu ne voulais pas que cela se termine. Peut-être que le vin avait un peu d'effet mais tu devais arrêter de te voiler la face. Tu étais en train de commettre l'irréparable. Et le pire dans tout ça, c'est que tu savourais ce moment. Que le contact avec ses lèvres était apaisant, réconfortant. Tu avais le sentiment d'être dans un rêve, de flotter sur un petit nuage. Réellement, tu te sentais bien, très bien. 

Plus les secondes s'écoulent, et plus le temps ralenti. Il ne recule pas, il ne pousse pas un cri de victoire pour la laisser là, plantée contre ce meuble de cuisine en essayant de calmer la chaleur de ses joues. À la place, CJ lui offre ce moment sur lequel elle a si souvent fantasmé dans son inconscient, trop honnête que pour oser en rêver de manière consciente. Et même si elle sait qu'il ne devrait pas, qu'elle non plus, Théia se laisse embarquer dans cet ouragan d'émotions. Elle sent sa poitrine se soulever au rythme de sa respiration coupée et, après avoir fermé les yeux, elle glisse ses mains jusqu'à sa nuque et s'y accroche comme à une bouée de sauvetage. Elle ne veut pas qu'il parte car au fond, elle que cela équivaudrait à un retour brutal à la réalité. Alors elle prolonge ce baiser, elle appuie ses doigts contre sa nuque et attire son corps contre le sien pour pouvoir se prouver que tout ça est réel, qu'elle n'est pas en train de bêtement rêver. Elle savoure chaque instant, chaque seconde de cet instant qui n'aurait pas dû dépasser la barrière du simple désir refoulé. Au bout de plusieurs secondes, Théia recule légèrement son visage de celui de CJ et se mord la lèvre. Elle ne le regarde pas tout de suite, craignant le moment où il la repoussera et lui demandera de partir. « On ne devrait pas, » murmure-t-elle à contre-cœur sans pour autant se décoller de lui. Elle sait qu'elle devrait s'éloigner, mais elle veut qu'il l'en empêche. Elle aimerait sentir le contact de sa peau perdurer contre la sienne, que ses lèvres emprisonnent encore les siennes jusqu'à ce qu'elle n'arrive plus à respirer. Lentement, elle lève les yeux vers son visage et croise son regard en attente d'une quelconque réaction.

Pas un seul instant tu n'avais pensé qu'elle aurait pu te repousser, peut-être aurait-elle dû. Dès le moment où elle venait écraser ses doigts sur ta nuque, tu sentais ton cœur s'emballer une fois de plus. C'était un baiser désiré des deux côtés, un baiser si tendre, comme le début d'ûe belle idylle mais il n'y avait pas d'idylle. Elle avait reculé son visage sans oser te regarder. Tu ne bougeais pas d'un cil, comme paralysé, elle prononce les mots. Ceux qui nous font penser que c'est une erreur, ce qui sont censés faire culpabiliser et réfléchir. Pourtant tu ne réfléchis pas, tu restes dans le silence jusqu'à ce qu'elle ose enfin te regarder. « C'est moi qui ne devrait pas Théia, parce que je ne peux te faire aucune promesse. » Elle était venue te trouver ce soir parce qu'elle avait de la peine et qu'elle voulait pouvoir te parler en toute franchise d'Oliver. Tu lui avais annoncé tes fiançailles et pourtant, tu te retrouvais là, contre elle, à la désirer avec ardeur. C'était égoïste et dans toute cette histoire, c'est sûrement elle qui en souffrirait le plus. Mais tu es incapable de penser à autre chose que votre proximité, de penser aux conséquences. « Mais j'en meurs d'envie.. » Tu aurais pu la repousser, l'éloigner et lui demander de partir parce que c'était une erreur, seulement tu ne le voyais pas de cet œil, tu étais perdu, tu étais confus. Tu ne savais pas ce que tu ressentais exactement à cet instant précis si ce n'est une envie irrépressible de l'embrasser une nouvelle fois. De sentir le contact de ses lèvres, d'être sur un petit nuage et de te laisser porter par la vie.

Au fond, elle sait très bien qu'elle n'est pas venue le trouver lui en premier à cause de ses problèmes. Elle aurait très bien pu aller voir Candy, Nate, n'importe qui qui aurait réussi à lui faire penser à autre chose par elle ne sait trop quel moyen. Pourtant, c'est lui qu'elle a appelé. Elle s'est souvenue de son étreinte au gala, de cette douceur dans ses gestes même si Théia savait bien qu'il n'était pas totalement sobre. Elle s'était sentie bien, loin de toute réalité. Elle planait ce jour-là, mais sans avoir eu à consommer. Oliver, sa santé, tout ça n'était qu'une sorte d'excuse qu'elle se donnait pour pouvoir franchir le seuil de sa maison. Les mots qui franchissent le seuil des de CJ lèvres lui font froncer les sourcils et pourtant, ses doigts continue de jouer distraitement dans ses cheveux pendant que ses paroles évoquent ce qu'elle sait déjà. Elle n'a pas besoin de promesse, elle n'en veut d'ailleurs même pas. Elle ne sait pas ce qu'il se passe dans sa propre tête, ce qui la pousse à agir comme ça avec lui. À la seconde phrase qu'il prononce et laisse en suspend, elle sent son coeur cogner contre sa poitrine. « Alors on verra, » souffle-t-elle pendant que son regard jongle entre son regard à lui et ses lèvres. « J'ai plus envie de me prendre la tête, et je sais que toi non plus. » Son attention s'arrête sur son regard et une de ses mains quitte sa nuque pour venir glisser sur son torse. Sentir les courbes de son corps la fait frissonner, mais elle tente tant bien que mal de garder son sérieux. Chaque cellule de son être lui crie de continuer et, lassée de trop réfléchir, elle décide de mettre ses pensées rationnelles en sourdine. Ses doigts serrent le tissu de son t-shirt et elle redresse le menton pour atteindre son visage et pour que ses lèvres puissent retrouver celles de CJ.

Elle ne semblait pas attendre grand chose de toi, ce qui était un soulagement. Tu ne voulais pas lui faire de mal, tu n'avais jamais voulu la blesser et c'était une possibilité pourtant elle te soutenait que vous verriez. Elle ne voulait pas de prendre la tête et toi non plus mais tu savais qu'une fois que tout ça serait fini, le cœur viendrait vous tourmenter. Mais tu t'en fous. Elle glissait ses mains sur ton torse, agrippant ton t-shirt. Un sourire naissait à la jointure de tes lèvres et se dissipait alors qu'elle t'embrassait à nouveau. Tu ratais un nouveau battement, le monde aux alentours n'existait plus. Tu relâchais la pression sur ses hanches, une main glissait dans le bas de son dos, et l'autre sur sa nuque. Tu fermais les yeux, dans un geste léger et vif, tu retirais le tablier qu'elle avait mis quelques instants auparavant. Tes lèvres glissaient le long de sa joue avant de venir s'écraser dans sa nuque. Ta main exerçait une légère pression dans le bas de son dos, l'agripant, tu venais la déposer sur le plan de travail. Elle venait poser ses jambes autour de ta taille. Ta main dans sa nuque venait parcourir sa joue, tu plantais son regard dans le tien. Tu avais des étoiles dans les yeux, des papillons dans le creux du ventre, ton pouce effleurait sa lèvre supérieure. Tu ne voulais rien faire qu'elle ne voudrait pas, mais son regard en disant long, presque autant que le tien. Tu l'attirais à toi, prenant le chemin de ta chambre à coucher. Tu n'y dormais pas beaucoup ces derniers mois, prenant plus tôt le lit de la chambre d'amis. Ce qui se passait avec Théia derrière la porte était indescriptible. Un moment tendre, passionné et avec beaucoup de douceur. Le souffle coupé, tu te tournais vers elle, son corps à moitié caché par un drap. « Est-ce que tu as toujours envie de manger quelque chose ? » Un léger sourire se dessinait sur ton visage tandis que tes lèvres venaient s'écraser sur sa tempe. Tu vivais à présent dans une petite bulle et tu savais qu'elle allait bientôt voler en éclats, malgré tout ça, tu ne voulais pas que ça s'arrête.

Elle ne sait pas ce qu'elle fait, elle n'arrive même plus à penser correctement et à réfléchir à si ses gestes sont bons ou mauvais. Théia se laisse aller, elle se livre entièrement à CJ et frissonne au contact de ses doigts contre sa peau, ou de ses lèvres contre sa nuque. Elle enroule ses jambes autour de ses hanches pour le garder le plus proche d'elle possible alors qu'une soudaine vague de chaleur s'empare soudainement de son corps entier. Il la guide jusqu'à une chambre, sûrement la sienne, et elle se laisse faire jusqu'à ce que son dos entre en contact avec des couvertures. Le moment est parfait, agréable, un échange entre deux corps qu'elle n'a plus connu depuis un moment déjà, et qui lui paraît encore plus intense en sachant que c'est avec CJ qu'elle le partage. Couchée sur le matelas aux cotés de ce si bel homme au corps seulement recouvert par la même couverture qui cache une partie du sien, Théia sourit. Elle a l'impression que tout ça n'est pas réel, qu'elle finira par se réveiller d'une minute à l'autre avec une sensation de manque. Pourtant il est là, il embrasse sa tempe et lui propose de reprendre là où ils s'étaient à arrêtés. Juste, le repas. « Laisse-moi encore quelques minutes, » lui répond-elle avant de se coucher sur le ventre pour pouvoir le regarder. Théia approche sa main de son visage et caresse distraitement sa joue sans réussir à s'arrêter de sourire. « Je veux profiter de ce moment avant de retourner à la réalité. » Elle glisse une mèche de cheveux derrière son oreille avant de venir se blottir contre lui tout en douceur. La chaleur de son corps lui fait du bien, physiquement comme émotionnellement. Elle aimerait pouvoir rester là pendant des heures et pourtant, elle sait que rapidement elle se verra obligée de partir. Tout ça, tout ce bonheur et cette bulle qu'il se sont créée, tout n'est qu'éphémère.

Tu reprenais doucement ton souffle. La regardant, le coeur palpitant. Elle était belle sous la lumière du soir, dans ton lit, recouverte d'un drap. Tu en avais le souffle coupé. Elle voulait attendre, elle voulait profiter. Et tu le voulais toi aussi. Ce serait un retour cruel et brutal à la réalité, surtout sans savoir ce qui se passerait ensuite. Pourriez-vous seulement rester amis ? Tu n'étais sûr de rien. Mais tu ne voulais pas te miner le moral maintenant. Tu le ferais demain, lorsqu'elle quitterait la maison. Lorsque tu prendrais le temps de réfléchir à ce que tu allais faire, à comment tu allais le faire. « Je crois que pour ce soir, la réalité n'existe plus. » Tu esquissais un léger sourire, la regardant toujours, alors qu'elle changeait de position. Tu te rapprochais d'elle, laissant ton doigt se balader le long de son dos. Tu t'arrêtais à un moment, faisant toujours le même geste avec ton doigt. Tu venais de sentir quelque chose. Quelque chose qui attirait ton regard et qui te donnait envie d'en savoir plus. Tu approchais ton visage de l'endroit où se tenait ton doigt sur son dos, dessinant une nouvelle fois la forme. « Tu as des grains de beauté dans le dos, ils forment une constellation. » C'était une belle constellation. Pas la tienne parce que tu étais verseau et elle aussi. Elle était née deux jours avant toi, ce qui t'amusait beaucoup, au moins tu étais sûr de ne pas l'oublier. Mais c'était la constellation du Bélier. Comme Alioth. Cette pensée te donnait presque les larmes aux yeux. Ton fils que tu n'avais jamais eu la chance de voir. Ton fils, dont tu ne lui avais jamais parlé. Ton fils, dont tu étais le seul parent vivant, puisque Lou avait quitté cette vie. D'ailleurs, si elle était encore là, elle t'aurait sûrement remis les idées en place pour ce qui venait de se passer. Te traitant de plus gros idiot au monde. Et elle aurait sûrement eu raison. Mais elle n'était plus là. Et son souvenir n'était pas assez puissant pour que tu ressentes une once de culpabilité.