Le plus beau de Saint-Jean / F&N

En bon observateur et surtout parce qu'il connaissait la jeune Delacroix par cœur, Léo remarquait vite qu'elle n'était pas bien. Lui revint en mémoire le souvenir de la soirée d'anniversaire de mariage de ses pères, celle où elle lui avait dit qu'elle l'aimait toujours, depuis toutes ces années. Il lui avait piétiné le cœur et bien que ce soit pour la bonne cause, ça n'était pas un souvenir des plus heureux. Et même si ce soir son visage s'était illuminé lorsqu'elle le vit, il se demandait bien ce qu'il avait pu se passer juste avant. Elle refusa d'un bloc sa proposition de passer le bracelet à son poignet et Léo fronça donc les sourcils. Qu'est ce qui ne va pas Fleur ? L'avantage avec la jolie française c'est qu'il n'en fallait pas beaucoup pour lui tirer les verres du nez et en effet, elle posa sur lui un regard brillant de larmes qu'elle retenait et Léo pu lire toute la détresse qu'elle éprouvait. Il fronça les sourcils, soudainement inquiet. Lui qui pensait s'amuser ce soir, il oublia sa priorité principale et la pris par le bras doucement. Ils s'installèrent sur un petit banc un peu éloigné. Dis-moi, ça ne doit pas être si horrible. On va tout arranger. Il lui pris ce bracelet qu'elle tenait encore dans les mains et qu'elle triturait de tous les côtés, le déposa dans sa minaudière pour qu'il soit en sûreté, ça n'était pas le moment d’abîmer un beau bijou et sa vue semblait clairement perturber la jeune femme.

Heureusement que Léo vint l’isoler dans un coin plus calme, à l’abri des oreilles curieuses. Fleur se mordait les lèvres, retenant de toutes ses forces de pleurer.  Ce poids sur sa poitrine la pesait. Il fallait qu’elle raconte ce qu’il s’était passé. Son monde s’écroulait et elle avait besoin de se confier. Encore vulnérable, elle allait ouvrir facilement son cœur. Elle prit fermement la main de Léo et essaya tant bien que mal de resituer ce qu’il s’était passé.

- J’ai rencontré un homme tu sais ? Et je l’aime. Oh oui, je l’aime ! Tu sais combien je n’ai pas de chance en amour. Mais lui, il est exceptionnel. J’en suis sûre. Mais, mais là, ce soir, y’a Noah qui est venu me voir… Je ne voulais pas faire de la peine à Noah, je te le jure !  Je n’aime pas blesser les gens ! Alors, je… je lui ai dit que c’était trop tard parce que j’ai quelqu’un, mais… Oh Léo!

Tête baissée, elle fondit en larmes. L’émotion faisait qu’elle ne parvenait pas à détailler certains points essentiels comme le fait que Noah lui offrait une montagne d’attentions au quotidien, qu’il avait avoué aimer sa présence, et qu’il voulait plus qu’une amitié. Tant pis, elle en venait au fait le plus important :

- Il m’a embrassé…! C’est horrible, je suis une personne horrible…! Max ne me le pardonnera jamais !

Ses sanglots devenaient alors plus accentués, elle avait du mal à s’arrêter de pleurer. L’idée de perdre Maxwell lui était insupportable. Elle aurait voulu que Léo la rassure, qu’il lui dise qu’il ne s’agit qu’un simple cauchemar et qu’elle allait se réveiller à tout moment.

Alors que tu observes les personnes présentes à cette inauguration, tu vois enfin le maître de maison : Noah. Lui, par contre, ne semble pas t'avoir vue car son regard est rivé sur une jeune femme discutant avec un autre. Un sourire ironique se dessine au coin de tes lèvres, visiblement, il n'a pas changé. Toujours à virevolter à droite et à gauche malgré son mariage bien engagé. Lorsqu'il se décide à rejoindre cette jeune femme, l'occasion est trop belle et tu te dois de l'interpeller. Pour l'ennuyer un petit peu et surtout parce que tu n'aimes pas que ta présence passe inaperçue. Sans hésiter, tu attrapes son bras d'un geste assuré pour que son regard se pose enfin sur toi. De la surprise semble être ce que tu détectes dans son regard. Ton sourire s'élargit alors qu'il prononce ton prénom car tu as toujours aimé la façon dont il prononce celui-ci. Peut-être à cause de son accent français, qui sait ? « Noah, ça fait un bail. » Dis-tu simplement en ne détachant pas ton regard du sien. « J'espère que je n'interrompt pas quelque chose. » Ajoutes-tu en montrant la jeune brunette de la tête. Tu sais pertinemment que tu interrompais réellement quelque chose mais tu t'en fiches pas mal, là, tout de suite. Tu dis surtout cela pour signifier à Noah que tu as bien compris qu'il se passait quelque chose entre eux deux. Et si toi tu l'as vu, sans doute sa femme aussi.

Léo lui avait dit, il lui avait bien fait comprendre, il n'était pas libre, il ne le serait pas pour Fleur, jamais, parce qu'il pensait qu'elle méritait mieux que lui, qu'il pourrait la briser, elle qui était si fragile. Elle l'avait détesté, elle en avait pleuré, jurant comme si sa vie en dépendait qu'elle l'aimerait toujours, qu'elle l'attendrait, il avait trouvé ça naïf, il n'avait pas bronché. Et pourtant ce soir il la voyait si vulnérable. Et cette confession, soufflée en serrant sa main si fort pour ne pas qu'il la lâche, égratigna la fierté de notre homme, malgré ce qu'il avait pu dire par le passé. Evidemment qu'il voulait qu'elle soit heureuse, qu'elle connaisse d'autres hommes, qu'elle comprenne qu'il n'était pas fait pour elle. Pourtant c'était agréable de se sentir aimé par cette fille, de sentir ce pouvoir qu'il avait sur elle, parce qu'il ne lui était pas indifférent non plus, il ne l'avait jamais été. Et apprendre de sa bouche qu'elle était amoureuse d'un autre c'était blesser son orgueil. Il serra le poing et la mâchoire, son visage se fit plus dur, mais ça pouvait passer pour de la colère face à la situation de Fleur, s'en était aussi d'ailleurs, parce qu'au delà de son amour-propre, il n'aimait pas voir que cette fille avait de la peine. Pour lui elle y allait peut-être trop fort, depuis combien de temps connaissait-elle ce Max pour le voir comme un être si exceptionnel ? Et puis Noah, Noah, sérieusement ? A priori ils avaient un passé et visiblement elle n'était pas indifférente au charme du français, il l'en détesta davantage, ce qui ajouta à sa colère. Pourtant malgré tout ce que Léo pouvait penser il n'en dit rien, il n'avait rien à dire, pas d'avis personnel à donner, pas de critique à faire sur son choix d'homme, il devait ravaler sa fierté et se comporter en ami puisqu'il n'avait que ça à lui offrir de toute façon. Il soupira et serra sa main en fronçant les sourcils. Calme-toi Fleur, ne pleure pas, tu vas faire couler ton mascara et c'est tout ce que Noah ne doit pas voir. Il doit te voir forte et rayonnante. Tu... aimes... Maxwell, donc. Il se racla la gorge. Quel conseil donner à une âme en peine ? Mais Noah t'embrasse... ça ne m'étonne pas remarque. Il ne pouvait s'en empêcher, petite dose de sarcasme. Enfin c'est lui qui t'a embrassé, Fleur, c'est comme... un baiser volé en fait, tu n'y peux rien. Tu n'as pas trompé Max. C'est comme si moi, là, je profitais de ta faiblesse pour t'embrasser aussi... ça lui ferait les pieds, à Noah. Non, oublie, excuse-moi. Quel idiot... Tu n'aurais à te sentir coupable que si tu avais apprécié ce baiser avec Noah et visiblement tu te sens trop mal pour ça. Je me trompe ?

Se calmer relevait d’un effort considérable. De toutes ses forces, Fleur pinçait ses lèvres pour ne laisser échapper plus aucun sanglot. Elle ne voulait pas attirer l’attention de la foule et encore moins celle de Noah. Il serait capable d’essayer de la consoler, et d’empirer malencontreusement la situation actuelle. Léo avait endossé ce rôle. Il utilisait des mots doux, raisonnés. Fleur l’écoutait religieusement. Ses larmes avaient laissé une sensation d’humidité sur ses joues, mais elle ne pleurait plus. Un très léger sourire apparu quand Léo suggéra en exemple qu’il l’embrasse pour « faire les pieds à Noah ». Très mauvaise idée. A l’évidence il ne portait pas Noah dans son cœur.

- Je me sens trop mal, oui. J’irai parler à Max, demain. Je ne veux pas lui cacher ça. Je ne peux pas.

Pour fréquenter Fleur depuis de longues et nombreuses années, Léo ne devait pas être étonné de sa réaction (qu’on pourrait jugée disproportionnée, certainement). Léo la connaissait bien. Si bien, qu’il sait qu’aucune once de méchanceté ne se cachait sous ses cinquante-quatre kilos. Depuis toujours, elle a aimé très fort. D’ailleurs Léo était l’un de ses premiers et grands amour. Elle pensait ne jamais aimer autant un autre homme, à vrai dire, elle lui avait même certifié qu’elle l’attendrait jusqu’au bout. Un engagement idiot, car depuis Maxwell avait chamboulé sa vie amoureuse.

- Oh Léo. Tu dois me trouver bête. Déjà dans les bras d’un autre homme, c’est ce que tu dis hein? Mais lui, c’est le bon ! assura Fleur, avec fermeté.

Il n’y avait qu’à les voir une fois ensemble, ils étaient fous amoureux l’un de l’autre. Personne ne lui avait montré autant d’affection, autant de conviction. Enfin, si, Noah… Mais il le lui avait montré bien trop tard.

Oui, on peut dire que votre relation était, à l'époque, assez exceptionnelle et surtout très charnelle. En réalité, elle n'était basée que sur le jeu du corps et la séduction. Mais à l'époque c'était ce dont tu avais besoin et sans doute encore aujourd'hui, d'ailleurs. Mais ce n'est pas possible pour diverses raisons qui semblent évidentes : le mariage de Noah, tes sentiments pour Woody et les siens, à présent, pour cette jolie brune se trouvant à quelques mètres. Néanmoins, si tu le pouvais, tu ne dirais pas non pour remettre le couvert une dernière fois car Noah a été, sans aucun doute, l'un des meilleurs amants de ta vie. Alors que tu montres la jeune femme de la tête, le jeune Lefebvre fait comme s'il ne voyait pas de quoi tu parlais. Au fond, tu sais pertinemment que tu as raison mais tu ne préfères pas chercher plus loin. S'il nie, c'est sans doute qu'il ne désire pas en parler ou peut-être simplement pas avec toi. Et tu n'es pas quelqu'un qui cherche sans cesse à tirer les verres du nez aux gens car tu préfères largement qu'ils viennent à toi. « J'ai reçu une invitation venant de toi. Sans doute que mes coordonnées sont restées dans la base de données de ton entreprise. » Voilà sans doute l'explication à tout cela. Il faut dire qu'à l'époque où vous étiez "ensemble" avec Noah, tu participais à de nombreuses soirées mondaines en sa compagnie sans jamais pour autant officialiser votre relation. Vous préféreriez flirter avec l'interdit en vous cachant dans les coins sombres ou dans les toilettes, à l'abri des regards. Lorsqu'il te qualifie d'une des plus belles femmes d'Australie, tu ne peux t'empêcher de sourire, flattée. Cela fait toujours plaisir venant d'un bel homme comme Noah. « C'est dommage, j'aurais préféré que l'invitation vienne de toi, personnellement. » Ajoutes-tu en haussant les épaules. Une invitation en souvenir du bon vieux temps... Quelques secondes plus tard, la main du jeune homme se retrouve dans le bas de ton dos et ton corps réagit immédiatement à son contact. Néanmoins, tu ne sais pas si c'est assez flagrant pour que Noah s'en rende compte, lui aussi. Une fois ta coupe servie, tu en profites pour la porter rapidement à tes lèvres, trinquant avec le maître de maison. « Tu es chanceux, je suis venue seule. » Réponds-tu, taquine. Ton regard ne se détache pas du sien, comprenant très bien où Noah désire en venir. S'il est prêt à jouer, alors toi aussi. Comme au bon vieux temps...

Evidemment, la transparence de Fleur ne surprenait pas Léo, elle était si franche, toujours, incapable de mentir, incapable ne serait-ce d’omettre, pour protéger les autres ou se protéger elle-même, elle préférait la vérité et c'était tout à son honneur. Même si Léo, lui, était son exact opposé dans ce genre de situation, il était le roi des détours, un vrai illusionniste, bien qu'il n'en soit pas forcément fier, il aurait peut-être fait une belle carrière en politique, en gros, qu'il le veuille ou non, il avait hérité ça de son père. Et ce soir il aurait bien proposé à Fleur de ne rien dire à ce Max dont elle semblait si éprise, parce qu'après tout, elle n'avait pas demandé à ce que ce gougea de Noah ne l'embrasse... Lui-même n'avait pas parlé à Grace du baisé que Fleur lui avait volé à Paris, parce que finalement, aussi furtif qu'agréable, il n'avait pas compté, pour lui ça n'était rien et il ne servait à rien de mettre en péril une relation quand il n'y avait pas lieu de le faire. Mais il savait que la jolie française ne partagerait pas son point de vue et n'adhérerait pas à ses arguments. Je pense qu'il faut déjà que tu te calmes, que tu dédramatises, d'accord ? Essayes de ne pas y penser, de passer une bonne soirée et demain tu verras que ça n'est pas si terrible. Il sourit à sa réflexion, il ne la trouvait pas bête, il la connaissait par cœur, sa Fleur bleue, en un sens il avait été comme elle à une époque, bien plus jeune, pensant qu'il tombait amoureux d'un seul regard parce qu'une jolie fille lui souriait. Avec le temps il avait appris et elle faisait son propre apprentissage. Il fallait quelques pots cassés avant de comprendre et de tomber sur une personne dont on savait qu'elle compterait vraiment. Tu n'es pas bête ! Tu es... amoureuse. D'ailleurs il faut fêter ça, je vais nous chercher un verre, ça te fera le plus grand bien en plus. Léo se leva et se dirigea vers le bar, attrapant deux flûtes de champagne. En cherchant à retourner vers Fleur, il bouscula quelqu'un sans le vouloir. Se retournant, il reconnu Noah, les deux hommes ne se connaissaient pas vraiment, ils s'étaient croisés quelques fois à Paris ou ailleurs, quand Léo travaillait régulièrement pour la marque, s'étaient serré la main, tout au plus. De toute façon chacun cherchait plus à s'éviter qu'à faire réellement connaissance et avec ce que Léo venait d'apprendre, le français ne montait pas vraiment dans son estime. Noah. Je suis navré, j'espère ne pas t'avoir fait mal. Il déposa un regard sur la brune qui l'accompagnait, une fille superbe, évidemment, il lui sourit puis reporta son attention sur Lefebvre. C'est une très belle soirée. Il sourit en levant son verre, un peu crispé, avant de retourner vers Fleur, espérant presque que Noah les voient ensemble, qu'il comprenne que la jeune fille avait sa garde rapprochée.

Essayer de ne pas y penser relevait de l’impossible. Sa tête répétait Maxwell, Maxwell, Mawell. Son cœur répétait Maxwell, Maxwell. Son âme et son corps, l’imitaient. Si elle s’écouterait, elle quitterait la fête sur le champ pour le rejoindre et lui avouer la terrible vérité. Mais on ne plante pas un ami, surtout quand celui-ci est dévoué à la réconforter. Léo portait cette casquette à la perfection. Fleur en était profondément reconnaissante, car il arrivait à lui arracher quelques sourires même si ils étaient très timides.

- Merci, Léo. De me comprendre, tout ça…

Pas facile d’être gênée, surtout que ces remerciements venaient du cœur. La présence de Léo était un heureux hasard, et malgré son infortune, Fleur avait une bonne étoile. Léo. Léo comprenait sa folie amoureuse, il ne lui jetait pas la pierre ni la sermonnait. Rien que pour ces deux choses, elle le remerciait. Pour lui changer ses idées noires, Léo alla chercher deux coupettes de champagne. Elle le vit tomber nez à nez à Noah, et instinctivement elle baissa ses yeux vers le sol. Ce n’est que lorsque Léo la rejoint qu’elle osa jeter un très bref coup d’œil en sa direction. Noah n’était plus seul. Fleur vit rouge en voyant le mufle fricoter avec une mannequin. Y’a pas à dire, il n’arrivait pas à la cheville de son Maxwell. Elle sortit de ses gonds.

- La blague ! J’étais en train de pleurer pour lui. Je me sentais trop mal de l’avoir blessé ! Franchement est-ce que j’ai une tête de bonne poire ? s’emporta Fleur, en s’adressant à Léo.

Fleur souriait timidement aux quelques remarques de Léo, il mettait les pieds dans le plat mais au moins ça fonctionnait pour qu'elle ne s'enfonce pas totalement, il ne prétendait pas lui remonter le moral, il savait depuis longtemps qu'une fille tourmentée par l'amour était à prendre avec des pincettes. Il lui sourit en ouvrant les bras. Je suis là pour ça ! Léo, bureau des cœurs en détresse ! Et puis franchement, il y a pire comme situation, tu as deux hommes qui se battent pour toi, c'est mieux qu'à une certaine époque. Il faisait évidemment référence à leurs propres histoires et à son rejet, autant tourner ce sujet en dérision, ils savaient rester soudés malgré tout et ce depuis des années. Et pour continuer sur cette belle lancée il alla leur chercher un verre.
C'est à ce moment là qu'il tomba littéralement sur Noah. Celui-ci le gratifia d'un regard tout ce qu'il y avait de plus méprisant, ça commençait bien. Mais Léo était en mauvaise position alors il ne releva pas et s'excusa platement. Après tout, même si les deux homme se détestaient, ce désamour n'était fondé sur rien de solide, des histoires de réputation, peut-être de compétition parce que Léo avait sûrement réussi à séduire quelques mannequins que Noah voulait mettre dans son lit avant lui, c'était de bonne guerre. Il savait que le français le considérait comme un vulgaire photographe et il n'avait jamais cherché à se faire valoir à sa juste valeur. Non, ce cher Lefebvre ignorait que sa fortune équivalait au moins à la sienne et que s'il faisait des photos c'était par pur plaisir et par amour de l'art, plutôt que de prendre part à l'empire paternel qui lui aurait peut-être valu meilleure réputation mais qui l'aurait rendu malheureux comme les pierres. Et finalement, c'était son plaisir coupable, presque jubilatoire de le voir le dédaigner de la sorte sans rien dire alors que dans cette ville, PDG de Hugo Boss ou non, la réputation et la réussite de Noah Lefebvre serait toujours bien en dessous de celle du fils Emerson. Il remarqua le gorille qui semblait se diriger vers lui, comme s'il pouvait être une menace pour la fête, il savait se tenir tout de même, surtout en public, clairement, Noah craignait qu'on gâche sa petite soirée... Il arqua un sourcil et sourit du coin des lèvres. Appelez-moi Léo. Puis il prit congés sans demander davantage.
Tendant sa coupette à Fleur, ils trinquèrent en souriant et Léo déposa un bisou sur sa joue, juste pour faire rager Noah, ne doutant pas qu'il verrait toute la scène. Ne t'énerves pas ma Fleur. Il ne mérite pas autant. Sa question l'amusa. Tu n'es pas une bonne poire, juste un peu naïve. C'est ce qui fait ton charme.

Il est vrai que lorsque vous vous fréquentiez avec Noah, l'inattendu et l'imprévisible étaient souvent de mises. Il n'était pas rare que le jeune homme t'invite du jour au lendemain à faire une petite escapade à l'autre bout de l'Australie et ça te plaisait assez, à l'époque. Puis, avec le temps, sachant que votre relation était vouée à l'échec, vous avez tout arrêté car ça semblait le meilleur choix possible. Aujourd'hui, même si tu sais que vous n'avez aucun avenir de relation tous les deux, tu ne dirais pas non à une nouvelle rencontre sous la couette. Et visiblement, le jeune Lefebvre partage ton avis. Alors que tu t'apprêtes à répondre, vous êtes interrompus par un jeune homme plutôt séduisant mais avec qui Noah semble avoir des différends. Cela ne fait pas de doute lorsqu'on entend leurs paroles faussement polies et qu'on voit leurs airs supérieurs. Toi, ça te fait sourire et ça t'amuse particulièrement. Pourquoi se battent-ils ? Ou plutôt pour qui ? Tu as une petite idée sur la question. Le jeune Emerson (semble-t-il) te sourit et s'éclipse très vite. Tu en fais de même avant de porter à nouveau ta flûte de champagne à tes lèvres. Noah zappe très vite cet épisode ne désirant sans doute pas en parler. Mais toi, tu veux en parler justement alors tu demandes, taquine : « C'était quoi ça ? » Sous-entendu, c'était quoi ce combat de coqs ? Même si c'était très amusant à voir, tu as besoin d'en connaître les détails pour t'en faire une idée fixe. Et connaissant Noah, malheureusement, il ne va sans doute pas te répondre. Finalement, vous en revenez aux invitations et le jeune Lefebvre demande d'en savoir plus sur ta vie actuelle et ça tombe bien car tu comptais en faire de même pour sa propre vie. « Oh tu me connais, je suis plongée dans le boulot et le peu de temps libre que j'ai, je le passe à... profiter. » Réponds-tu, le regard remplit de sous-entendus. Noah comprendra très bien ce que tu fais de ton temps libre parce qu'il te connaît mais également parce qu'il fonctionne de la même façon que toi. « Et toi ? Tu dis avoir été occupé ? » Demandes-tu, curieuse.

Léo avait raison. Il y a une certaine époque, Fleur avait le cœur brisé car elle ne voulait que de Léo. Il était son premier amour et elle n’avait jamais réussi à l’oublier. Aujourd’hui, le vent a tourné. Noah et Maxwell semblaient s’éprendre d’elle et on pourrait presque dire qu’elle avait le choix. La tentation ou la raison. Noah, lui, représentait la tentation, l’homme de pouvoir… mais marié. Et Maxwell, la raison du cœur.

- J’avoue, qu’avec le recul, je n’aurais pas dû m’agripper autant à toi.

Rien que d’y penser, elle en était morte de honte. Je t’attendrais, étaient ses mots. Et en les prononçant, avant, elle y croyait sincèrement. De toutes ses forces, elle s’était accrochée à Léo. Le moindre geste d’affection de sa part lui donnait l’espoir qu’ils puissent reformer de nouveau un couple. En rencontrant Maxwell, elle prit conscience qu’un autre homme pouvait la rendre heureuse et surtout l’aimer en retour.

Zéro rancune. Fleur avait fait table rase du passé amoureux entre elle et Léo. Elle est d’ailleurs bien contente de l’avoir près de lui pour la conforter - amicalement parlant bien sûr. Noah était lui aussi en charmante compagnie, ce qui la mit en colère. Non pas par jalousie, mais par principe. Plus tôt dans la soirée Fleur a pleuré, s’est mise minable, car elle se sentait coupable vis-à-vis de Noah. Elle avait l’impression d’être le dindon de la farce, la bonne poire. Léo tourna joliment la chose en la désignant comme un peu naïve. Il rajouta même que c’était ce qui faisait son charme.

- Touchée, dit-elle d’un air gêné.

Ses joues s’empourprèrent.

- Léo, je t’adore. Tu es mon ami maintenant. Alors dis-moi, tu t’es déjà retrouvé dans une situation comme celle-ci ? Parce que, qu’est-ce que je suis supposée faire ? Je ne pourrais plus jamais être l’amie de Noah ? s’inquiéta t-elle.

Il avait beau se comporter comme un coureur de jupons, l’ingénue Fleur se persuadait qu’elle devait laisser une chance à une plausible amitié.

Alors que tu essaies de grappiller des informations, Noah ne semble pas prêt à te les donner. Tu soupires, t'avouant vaincue. Peut-être t'en parlera-t-il plus tard, ou peut-être pas. Tu as l'habitude, avec Noah, il fait toujours tout ce qu'il désire. « Je vois. » Réponds-tu simplement, clouant de cette manière ce sujet de discussion. Bien vite, tu fais comprendre au jeune homme que ton train de vie n'a pas beaucoup changé et qu'il y est toujours le bienvenu si l'envie lui prend. Au fond, cette manière de fonctionner n'est qu'une façade, une carapace pour éviter toute nouvelle souffrance indésirable. Tu n'es pas prête à souffrir à nouveau de n'importe quelle façon qu'il soit. Et quelle meilleure manière pour ça que d'éviter toute attache et tout sentiment. Noah l'a bien compris, lui aussi. C'est peut-être même pour cela que vous vous entendez si bien. « Une attache ? Tu sais bien que ça ne fait pas partie de mon vocabulaire. Pourquoi se satisfaire que d'une personne quand on peut en avoir plusieurs, hein ? » Réponds-tu, le regard malicieux et l'air taquin. Plus d'une personne serait offusquée en vous entendant mais tu t'en fiches pas mal, toi, tu ne fais que profiter de l'instant. Car profiter fait partie intégrante de ta vie. Par la suite, le jeune homme t'explique qu'il a eu un moment d'égarement mais que tout cela est terminé. Toi, tu vois pertinemment que ce n'est pas le cas mais tu t'en fiches pas mal parce que tu ne comptes pas faire ta vie avec le jeune Lefebvre. « Tu sais bien que j'adore rendre service. Comment puis-je t'aider ? » Demandes-tu en entrant dans son jeu. Tu préfères faire l'impasse sur le côté sérieux de la situation, c'est-à-dire les sentiments de Noah envers cette jeune femme présente à la fête. Là, tu ne penses qu'à une chose, t'amuser à nouveau avec le jeune homme envers et contre tout.