➳ Bal de Miss & Mister Bowen

Évidemment, Alfie ne se voyait pas voter pour lui-même. Il l'a fait pour Perry, son plus fidèle concurrent qui méritait probablement autant que lui ce titre qu'il a fini par gagner. À la loyale. Pour ce qui est de Lily, il lui a probablement dit un jour après leurs pseudos retrouvailles, même si en remontant à si loin sa mémoire commence à lui faire légèrement défaut. Au compliment de Lily-A., il se penche légèrement en avant comme pour lui faire une révérence avant de se redresser. « Merci merci, ça me va droit au coeur. » Il sourit un peu innocemment, un peu joueur. « Maintenant, va falloir que tu me donnes des conseils sur comment agir quand on est une miss au masculin, parce que j'ai clairement pas réfléchi à la question avant. » C'était surtout pour rire qu'il avait fait ça, pour s'amuser sans penser que les gens pourraient réellement voter pour lui. Alors que son attention se porte sur Perry, il sent sa couronne devenir soudainement plus légère et réalise trop tard qu'il ne l'a en réalité même plus sur la tête. En se tournant, il a le temps de voir Woody s'en emparer comme un gamin avant de se diriger vers une fille, petite brune qu'il avait vue en compagnie du frère de Nevaeh quelques jours plus tôt dans son bar. « J'ai rien compris de ce qu'il vient de se passer, mais je suppose que se faire piquer sa couronne fait partie des désavantages d'être roi. » Il rit, absolument pas en colère. Au contraire, ça lui fait un truc en moins à porter comme ça.

Il a ce faux air vexé censé lui faire de la peine et pourtant, Théia continue de sourire jusqu'à en avoir mal aux joues. Elle a beau se mordre la lèvre pour empêcher à cet air niais de se faire trop omniprésent, elle n'arrive pas à cacher son amusement face à la plainte de Woody. « Non, je l'aimerai et la chérirai jusqu'à ce que tu m'en offre une version plus officielle. » Comme si il allait lui offrir une véritable couronne. Le regard de Théia s'illumine d'une lueur enfantine pendant que sa tête se penche légèrement sur le coté, faisant retomber ses cheveux ondulés en cascade sur son épaule. Après avoir lancé son défi, Woody ne se fait pas prier pour ajouter une réflexion bien à lui qui fait s'ouvrir en grand la bouche de Théia. Prétendant être choquée, elle rit de manière un peu biatch en haussant les sourcils, son regard jugeant Woody de bas en haut. « Je vois, je vois. Prépare-toi à assister au meilleur onewoman show de tous les temps, » ajoute-t-elle avant de le quitter. Mais une fois sur la scène, elle est hésitante. Elle a envie de s'en aller, elle ne supporte pas de sentir un à un les regards se poser sur elle. Heureusement qu'il est là, Woody. Là pour rire à son début de blague, et à la fin. Ça suffit à la faire sourire, à nouer son ventre alors qu'elle descend de la scène pour aller le retrouver afin de lui donner son second défi. Oui, elle a du culot Théia. Elle ose, elle agit sans réfléchir quitte à en ramasser plus tard les conséquences. Mais ça semble lui plaire, alors elle n'arrêtera pas. « T'en fais pas, j'ai eu le temps d'y réfléchir pendant que je me créais une réputation là-haut. » Elle plisse légèrement les paupières, un sourire rieur accroché aux lèvres. « T'as déjà vu dirty dancing ? En fait non, t'as même pas besoin d'avoir vu le film, je suppose que tu connais au moins le fameux porté ? » Elle pose ses mains sur ses hanches et le regarde, impatiente d'assister à sa réaction.

Elle continuait de rire, de se moquer de lui ouvertement, sans relâche, malgré l’air vexé de Woody. Il n’était probablement pas assez bon comédien. Malgré tout, elle tenta de rattraper le coup, de le rassurer. « Je vais commencer à amasser mon argent maintenant, alors. » Parce que si elle s’attendait à une version un peu plus officielle pour une couronne, alors Woody allait devoir mettre un peu plus d’effort qu’en prenant le premier verre de plastique venu. De toute façon, Théia méritait bien mieux que ça, même pour une simple blague. Suite au défi proposé par Woody, la jeune femme s’improvisa humoriste le temps d’une plaisanterie, avant de revenir vers un Woody encore hilare de ce flop total. À son arrivée, elle lui dit avoir eu le temps de réfléchir à son prochain défi à lui, pendant qu’elle se trouvait là-haut. « Ah ouais ? Ça expliquerait le choix de la blague, t’avais l’esprit occupé ailleurs … Ou alors tu te trouves des excuses. Bon allez, shoot. » Et c’est là qu’elle lui parla de Dirty Dancing, ce film de danse que non, Woody n’avait jamais vu. Par contre, le porté dont elle parlait, ça, oui. « J’ai vu cet extrait, ouais. Tant que j’dois pas faire le reste de la chorégraphie, normalement ça devrait aller. » Dit-il avec un rire, secouant la tête. « Tu m’feras vraiment faire n’importe quoi, toi, hein. » Parce qu’il la suivrait partout, dans toutes ses bêtises. Aveuglément. Le jeune homme attrapa la main de Théia juste pour la conduire à un endroit où il y avait déjà un peu moins de monde, question qu’ils puissent présenter leur petit spectacle inattendu. Woody s’éloigna d’elle, dans une ligne droite imaginaire, espérant que personne ne se mettrait entre les deux. À quelques mètres de lui, Théia le regardait, droite, souriante. Magnifique. Woody sourit. « Je suis prêt, lance-toi. » Et pour se lancer, elle se lancerait. Théia se mit à courir vers lui, et quand elle s’élança, Woody referma ses mains autour de ses hanches puis la souleva au-dessus de lui. Bien franchement, la suite ne se déroula pas comme dans le film. Déjà, la jeune femme n’avait pas le même tonus et la même posture que l’actrice et, après, Woody n’avait pas eu le même équilibre que l’acteur. Résultat : un débalancement total qui fit en sorte que Woody bascula vers l’arrière, tombant carrément sur le dos en emportant Théia avec lui dans sa chute. Rien de mal, heureusement. Il éclata même de rire, se souciant bien peu des rires et de regards interloqués autour d’eux. La brunette était complètement allongée sur lui, ses longs cheveux couvrant le visage de Woody, qui riait malgré tout à gorge déployée.

Et bien vite, toute trace de moquerie s'envole pour laisser place à un sourire sincère. Elle le regarde un moment, trop longtemps à son goût même, si bien qu'elle finit par baisser les yeux et fait mine de s'intéresser à cette première couronne dont l'existence aura été trop courte. « Ne t'en fais pas, je suis prête à l'attendre. » Pas trop longtemps par contre, pas plus de vingt ans. Mais ça, elle se retient de le lui dire. Elle ne voudrait pas gâcher cette journée, tout comme elle n'a jamais voulu gâcher ses moments passés avec lui en mentionnant ses nombreux problèmes de santé. Elle finit même par les oublier, et cette sensation d'être une personne des plus normales qu'il arrive à créer en elle est agréable, trop même que pour ne pas avoir envie de s'y raccrocher indéfiniment. Ce commentaire qu'il fait sur sa blague lui fait croiser les bras contre sa poitrine. « C'est ça, et c'est qui qui était plié en deux grâce à mon talent ? Et oui, on voit tout de la haut, monsieur "je-fais-genre-tout-me-passe-au-dessus-de-la-tête". » Elle n'est pas vexée, il est même facile de le deviner en voyant ses yeux s'illuminer à nouveau lorsqu'il est temps de lui offrir son second défi. L'idée lui paraissait drôle sur le moment, bien qu'elle risque d'être au final bien plus difficile à réaliser que ce qu'elle s'était imaginé. Théia rit à son tour à sa réflexion avant de hausser les épaules, un sourire innocent accroché à ses lèvres. « T'as dit que je pouvais aller loin, et comme ça on aura un final pour notre danse de l'autre soir. » Probablement une des plus belles soirées qu'elle aura passées ici, à Bowen. Un souvenir qui restera encré dans sa mémoire, gravé dans son subconscient. Il se place, elle aussi. Elle marche à reculons sans arriver à savoir où elle est censée se mettre pour avoir l'élan parfait. Impatiente, elle piétine le sol en attendant le signal. Une fois donné, Théia commence à courir et, la première question qui lui traverse l'esprit, c'est de savoir comment la fille arrive à ne pas faire un frontal avec l'homme. À bonne distance, elle appuie ses mains sur les épaules de Woody et se retrouve pendant de courtes secondes en hauteur, au-dessus du monde entier. Le moment aurait pu être beau si ils ne s'étaient pas soudainement écroulés au sol, lui avec les cheveux de Théia dans le visage et elle à moitié couchée sur Woody. Elle ne tarde pas à joindre son rire au sien avant de dégager ses cheveux, glissant une longue mèche derrière son oreille. Lentement, Théia arrive à retrouver son sérieux. Elle continue de sourire à cause de la situation, une de ses mains appuyée sur le sol à coté du visage de Woody et l'autre retenant sa masse de cheveux. « C'est ton tour, » dit-elle dans un souffle avant d'ajouter « Mais peut-être que je devrais me relever d'abord, on risque de se faire encore une fois remarquer. » Même si c'est probablement déjà trop tard.

Un mince sourire s’installa sur les lèvres de Woody. L’attendre. La couronne, bien sûr. Il ne faudrait quand même pas qu’il tarde trop. Qui sait si ses mains seraient toujours capables de lui fabriquer cette couronne, digne de ce nom, digne de Théia, dans quelques années. Qui sait s’il allait être en état de parcourir la ville à la recherche des éléments parfaits pour la compléter, pour la magnifier. Lui aussi, avait un décompte au-dessus de la tête. Mais, tout comme Théia, le lui révéler briserait ce moment, cette magie, celle qui envoyait des confettis imaginaires autour d’eux à chaque fois que leurs regards se croisaient, à chaque fois qu’un rire s’échappait d’entre leurs lèvres. Alors il se contenta d’hocher la tête à sa remarque, de prétendre avoir toutes les années devant lui pour attendre. C’était plus facile de nier, c’était plus facile d’éviter, et de lâcher à la place une énième insulte qu’il ne pensait pas. Se moquer d’elle faisait moins mal que de s’ouvrir à elle sur ce qui le rendait aussi vulnérable, encore plus face à elle. Puis, comme elle le faisait aussi, personne ne se rendait compte du stratagème. C’était leur relation, leur manière de s’apprécier, point. Et pourtant, cela cachait tellement plus. « Grâce à ton talent ? Si tu le dis ! » Il détourna le regard en faisant mine de siffler, avant de rire à nouveau. Théia lui proposa alors sa prochaine idée de défi, qui impliquait la reproduction d’un mouvement de danse un peu trop poussé pour eux. Malgré tout, malgré ses doutes, Woody accepta de relever le challenge. Il était fort, ça ne devait pas être bien compliqué de soulever un poids plume comme Théia au bout de ses bras. Et comme ça, il en ferait réellement une reine, la portant en haut du monde, de tout le monde, jouant son envol avant de la ramener les deux pieds sur terre. « Allons-y, alors. Non seulement tu vas loin, mais maintenant t’iras haut. » Il lui sourit et attrapa sa main pour la conduire en retrait des autres, là où ils pourraient se laisser aller à leur fantaisie sans qu’on vienne les interrompre. Après quelques secondes de préparation mentale, à se regarder, à attendre, elle s’élança vers lui et posa ses mains sur ses épaules pour se maintenir tout là-haut. Toutefois, l’équilibre défaillant du jeune homme les conduit tous les deux au sol, couchés l’un sur l’autre, riant à gorges déployées. La brunette retrouva finalement son sérieux au moment où elle replaçait une mèche de cheveux derrière son oreille, maintenant les autres en place, permettant à Woody de la voir un peu mieux. Ignorant complètement le commentaire de Théia sur le fait qu’elle devrait se relever avant qu’il lui envoie son prochain défi, Woody déclara sans attendre : « Embrasse-moi. » Il plongea son regard dans le sien, portant sa main à l’épaule dénudée de Théia pour laisser doucement ses doigts glisser sur sa peau. « Pour ton défi, bien sûr. » Ajouta-t-il, un sourire se dessinant sur ses lèvres.

Il siffle, rabaisse son talent à rien pendant qu'elle, elle fait semblant d'être vexée. De loin, on dirait deux enfants. De près aussi d'ailleurs. Le jeu est innocent, les piques sont puériles, et pourtant elles arrivent à les amuser. Sans répondre, Théia garde ses bras croisés tout en plissant légèrement les paupières, comme une gamine prête à bouder. Son attitude enfantine ne dure cependant pas longtemps, elle ne peut attendre de s'essayer pour la première fois au porté de dirty dancing même si elle se sait désavantagée à cause de sa robe qui ne lui permet pas tous les mouvements possibles. Si seulement elle pouvait l'enlever, l'échanger contre un pantalon et troquer en même temps ses talons pour une paire de baskets. Sa remarque la fait rire sur le sol mais, une fois dans les airs, elle réalise qu'il avait raison. Elle est haute, comme lorsqu'ils étaient sur le toit. Elle peut voir les autres qui sont à plusieurs mètres d'eux, a l'impression de pouvoir les observer alors qu'eux ne la voient pas. Cette impression de grandeur dure aussi peu de temps que son attitude de râleuse quelques minutes plus tôt, elle s'évapore lorsque Woody et Théia finissent par se retrouver au sol. Elle rit jusqu'à en avoir mal au ventre, d'un éclat de rire sincère qu'elle n'a plus eu depuis déjà de trop longs mois. Sa main rejoint ses cheveux, l'autre soutient son poids, et son regard se plante dans celui de l'homme qui se trouve sous elle. Probablement que Théia devrait se relever pour lui permettre d'en faire de même, bien qu'il pourrait très probablement la dégager d'un simple mouvement de bras si il le voulait. Pourtant, elle reste immobile. Elle attend qu'il s'exprime, soit pour lui demander de dégager ou pour lui donner son défi suivant. Et lorsque celui-ci est lancé, elle ne sait plus si c'est encore pour jouer où si, pour une fois, Woody est sérieux. Elle sent sa main se poser sur son épaule mais n'y fait pas attention, trop surprise par ces deux mots qu'il vient de prononcer. Mais au lieu de perdre son temps avec des réflexions sans but, au lieu de lui demander la raison de cette demande, Théia se penche en avant et dépose ses lèvres contre les siennes. Elle relâche ses cheveux dont quelques mèches rebelles viennent glisser contre sa peau afin de pouvoir poser ses doigts sur la joue de Woody. Un geste impulsif, imprévisible, peut-être déplacé vu la situation dans laquelle ils se trouvent. Et pourtant, elle l'embrasse jusqu'à être à bout de souffle. Lentement, Théia recule son visage de celui de Woody et sent ses lèvres s'étirer en un sourire sans qu'elle n'arrive à les contrôler. « Juste pour le défi, » précise-t-elle en laissant sa main s'attarder encore un peu sur sa joue avant d'enfin se redresser.

Woody et Théia étaient au sol, eux qui avaient pourtant eu l’impression d’aller si haut. Ils s’étaient écroulés sur le sable, non sans attirer l’attention des quelques personnes autour d’eux. Pourtant, ils semblaient n’en avoir rien à faire, de ces regards tournés vers leur échec total. Ils riaient. Puis, Woody proposa le prochain défi, sans vraiment laisser le temps à Théia de se relever, sans non plus la préparer mentalement à ce qu’il allait lui demander de faire. C’était sorti de nulle part, et pourtant pas vraiment. C’était peut-être inattendu, mais au fond Woody y pensait depuis longtemps, à ce baiser. Sans doute était-ce lâche, trop facile, de mettre ça sur le compte d’un défi plutôt que de prendre son courage à deux mains et d’embrasser Théia. C’était aussi plus sécurisant. Après, peu importe ce qui se produisait, il pouvait se défiler, prétendre que ce n’était réellement qu’un challenge parmi tant d’autres. Ce n’était toutefois pas le cas, et quand Théia posa ses lèvres sur celles de Woody après l’avoir regardé un moment, il ne voulut aucunement se défiler. Ses longs cheveux châtains retombèrent de nouveau sur la peau de Woody, chatouillant ses joues, en même temps que les doigts fins de la jeune femme qui s’y posèrent. Les doigts de Woody, eux, étaient toujours posés sur l’épaule de Théia, sa main se refermant un peu plus autour. Pendant tout ce temps, leurs lèvres ne s’étaient pas détachées l’une de l’autre, comme sous l’emprise de cette vague qui déferlait sur eux. Il ne savait pas si Théia avait ressenti la même chaleur électrisante que lui. Il ne savait pas si son cœur s’était arrêté, si elle avait tout d’un coup oublié de respirer, comme lui. De son côté, le temps s’était arrêté, les mouvements des gens autour devenant lents, si lents, presque imperceptibles. Il n’entendait plus rien que la musique, les voix, elles, s’étaient dissipées dans l’air. Jusqu’à ce que Théia recule son visage et que, tout d’un coup, tout revienne jusqu’à ses oreilles, jusqu’à son attention. L’horloge venait de reprendre le contrôle sur elle-même. Woody, lui, n’avait toujours pas retrouvé le sien. Il regarda Théia, un sourire aux lèvres rien qu’à la vue du sien, qui ne s’effaça que tout légèrement quand elle précisa que ce n’était que pour le défi. « Évidemment. » Déclara-t-il à contre-cœur, inspirant et expirant profondément alors que la brunette se redressait et se relevait complètement, sur ses deux pieds, bien rapidement suivie de Woody. Il se passa les mains sur les fesses et le dos, pour enlever la terre qui s’y trouvait en raison de sa chute. « Si j’avais su que tu te donnerais à fond à ce point-là dans tes défis, j’aurais poussé plus loin le truc. » Il lui sourit, amusé. Façon de lui dire que ce baiser était des plus réussis, qu’elle avait réussi haut la main. À le rendre complètement dingue.

L'autre soir, il a déclenché un décompte. Un sablier aux grains qui s'écoulent lentement, un à un, semblables aux secondes qui passent et qui la poussent à s'attacher un peu plus à lui. Elle se l'est interdite pourtant, elle a toujours pensé qu'avec Woody, rien n'irait jamais plus loin qu'un simple jeu sans but. Elle ne l'a pas remarqué tout de suite, il a fallu que le son de sa voix résonne au creux de son oreille dès son arrivée à cette cérémonie avant qu'elle ne comprenne qu'elle était en train de sombrer. Elle sombre vers le haut Théia, douce métaphore qui donne des ailes à une personne aux pieds collés sur Terre. Et même si elle ne le prévoyait pas, même si elle ne le voulait pas, elle a laissé Woody s'immiscer dans sa vie jusqu'à y occuper une place trop importante que pour être capable de le laisser partir. Elle ne lui dira pas, elle ne comptais de toute façon même pas se l'avouer à elle-même. Du moins, jusqu'à ce qu'il lui demande de l'embrasser. Jusqu'à ce que ses lèvres rencontrent les siennes pour la première fois, que toutes traces du passé et du futur s'effacent pour ne laisser place qu'à une image figée dans le temps. Théia ne saurait dire si le moment lui a paru durer une éternité hors du temps ou si, au contraire, elle pourrait le comparer à une seconde trop brève, lui empêchant d'avoir pu entièrement en profiter. Elle a pourtant été capable de sentir son coeur se soulever pendant cette seconde, elle a même pu entendre les murmures autour d'eux se mettre sur muet comme pour leur offrir cet instant qui n'est rien qu'à eux. Mais lorsqu'elle rompt tout contact, après qu'il ne lui ait confirmé qu'évidemment ce n'était que pour un défi, Théia tente une nouvelle fois de se convaincre qu'il a raison. C'est un jeu, ça ne sera jamais que ça pour lui. Elle aurait aimé que ça puisse l'être pour elle aussi. De nouveau debout, elle en profite pour recoiffer ses cheveux en bataille en passant simplement ses doigts dedans. Elle a encore le goût du baiser sur ses lèvres, un goût qui fait légèrement rosir ses joues et qui empêche à son coeur de retrouver tout de suite un rythme normal. À la remarque lancée par Woody, son sourire réapparaît soudainement et son regard croise une nouvelle fois le sien. « Plus loin ? » répète-t-elle en faisant un pas dans sa direction. « Mais vas-y, je suis prête à te donner ma place de donneuse de gages pour connaître le tien. » Un second pas, puis un troisième. « Mais je ne pense pas être capable de repousser certaines limites. Du moins, pas pour un simple jeu, » ajoute-t-elle avant de faire glisser ses doigts dans la nuque de Woody pour réajuster machinalement son col.

Ce moment n’avait été qu’éphémère, un tourbillon de magie qui les avait emportés tous les deux plus haut que le sol, plus haut que la plage et que tout le monde qui s’y trouvait. Une bulle dans laquelle ils s’étaient laissés flotter, insouciants, répondant enfin à cette flamme qui brûlait entre eux, qui ne demandait qu’à s’embraser, qu’à être transformée en un feu ardent. Puis, elle fut soufflée. Rétablissant le temps. Refroidissant leurs corps. Ramenant leurs esprits sur Terre, là où la raison primait sur le cœur. Là où la tête les empêchait de se crier que c’était dans ce qu’ils venaient de vivre que résidait la vérité. Que c’était ce que leurs lèvres s’étaient murmurées l’une à l’autre qui aurait dû dicter leurs prochaines paroles, leurs prochains mouvements. Malheureusement, ils étaient deux êtres trop fiers, trop prudents. Ils avaient préféré rompre tout contact, se relever, et reprendre le jeu là où ils l’avaient laissé. Prétextant qu’il ne s’était jamais arrêté. Au fond, Woody le savait, ça n’était plus un jeu et ce depuis bien longtemps déjà. Théia recoiffait ses cheveux alors que lui nettoyait ses pantalons, reprenant chacun leur contenance, leur contrôle. Il lâcha alors un commentaire un peu humoristique, comme à son habitude, pour ne rien laisser paraître de son trouble causé par le baiser qu’ils venaient d’échanger, sans savoir qu’il déclencherait une telle explosion. La jeune femme affirma être prête à lui offrir son prochain gage pour connaître celui qui la ferait repousser ses limites. Il esquissa un sourire, cette fois différent des autres. Ce n’était pas un sourire amusé ou moqueur. Un sourire simple, alors qu’il la dévisageait. « Tu sais quoi ? » Commença-t-il, alors qu’elle replaçait le col de la chemise de Woody. « Je pense que je préfère apprendre à connaître ces limites que tu ne saurais repousser à travers notre quotidien, plutôt qu’à travers de tels défis. Je préfère les repousser avec toi avec le temps, pas en une seule soirée. » Le jeu en était-il terminé pour autant ? Woody l’ignorait. Il ignorait carrément tout de ce qui se passerait, à présent, entre Théia et lui. Il n'avait plus le contrôle, et ça le déboussolait. « Mais, si on en veut un tout dernier ... J'te mets au défi de planter-là la fête, et qu'on parte ensemble, après avoir volé une bouteille au bar, bien entendu. » Proposa-t-il en retrouvant son sourire espiègle.

Ça aurait été presque beau. Un moment de bonheur pur, intense, une flamme qui anime son corps et qui prend le pas sur sa conscience. Son ventre qui s'est noué, sa tête qui s'est mise à tourner, comparable à ce que peuvent ressentir les consommateurs lorsque la drogue fait son effet. Un pic de plaisir qui semble monter sans plafond, une fichue sensation de bien être qui trahit les mots qui n'ont jamais été dis, jamais été pensés. Puis vient la descente. Le retour sur Terre, retour du bruit trop omniprésent et de la présence des autres qui se fait si soudainement étouffante. Quand la drogue ne fait plus effet, et que la retombée est plus brutale qu'espérée. À ce moment, Théia comprend qu'elle doit se retirer du jeu. Elle ne peut pas risquer de miser trop gros, elle ne peut pas s'accrocher encore une fois à la mauvaise personne au risque de perdre une nouvelle fois le contrôle de son propre corps. Et pourtant, bien qu'effrayée par cette idée, elle continue de se voiler la face. Elle l'écoute tout en passant ses doigts sur le col de sa chemise qui s'est relevé pendant leur chute, omet de porter attention à cette voix dans sa tête qui lui hurle de reculer. Elle a toujours cette flamme en elle. Celle qui s'est embrasée pendant leur baiser, celle qu'il pourrait éteindre mais qu'il ne fait que rendre plus imposante, presque dangereuse. Woody la rend vivante, Théia. Intriguée par sa question qui n'en est pas une, elle récupère sa main et hausse un sourcil curieux, impatiente de savoir ce qu'elle ne sait pas encore. Avec le temps. Trois mots qui attisent sa curiosité, mais qu'elle ne relèvent pas. À la place, Théia se contente d'un simple hochement de tête, bien qu'incertaine de la réelle signification de ses paroles. « Je pense que c'est un bon plan, » répond-elle sans le quitter des yeux, à présent sans aucun contact physique pour les lier. Ce dernier défi qu'il lui lance fait renaître sur ses lèvres un sourire plus amusé que joueur, à la limite de l'enfantin. « Tu parles à une professionnelle là. Je ne suis peut-être pas douée pour faire des blagues mais au moins, je sais me faufiler partout sans me faire chopper. » Et avant de lui laisser le temps de réagir, Théia disparaît en direction du bar, s'empare d'une bouteille de vin -la première qu'elle a retrouvée- puis revient vers Woody en brandissant fièrement son butin comme un trophée. « Let's get out of here ! » s'exclame-t-elle d'une voix chantonante.

Il n’en voulait plus, de ces défis, Woody. Parce qu’à présent que ce baiser s’était échangé entre eux, au titre d’un défi justement, il avait l’impression qu’il continuait à lui envoyer de ces challenges sordides ou poussés, alors ce baiser perdrait tout son sens. Il avait envie de s’accrocher à l’idée que peut-être, oui peut-être, ça n’avait pas été seulement fait pour son honneur, à Théia. Qu’elle en avait eu envie au-delà de son besoin de se prouver à lui, de remporter cette manche. Il prétexta donc avoir envie de continuer à apprendre avec elle à repousser ses limites au quotidien, à travers le temps, un long temps, et pas seulement pour quelques heures qu’ils ne pourraient que revivre à travers leurs souvenirs. Théia acquiesça à ce plan, et Woody hocha la tête avec un sourire, avant de proposer l’ultime défi. Juste pour bien terminer la soirée, juste pour partir en beauté. La brunette ne lui laissa même pas le temps de réagir, elle était déjà bien loin vers le bar. Il la regarda, entre les têtes des gens autour, et un sourire illumina son visage alors qu’elle la voyait disparaître derrière le bar, revenant bien vite vers lui avec une bouteille de vin rouge. « Une vraie ninja. » Déclara-t-il alors qu’elle revenait vers lui. Théia s’exclama qu’ils pouvaient maintenant décamper, et c’est ce qu’ils firent ensemble, heureux et légers. Mais, avant, par respect pour Alfie, Woody ramassa la couronne qui était tombée au sol pendant le porté, et alla la reposer sur la tête du grand gagnant. Il lui donna une tape sur l’épaule, avant de rejoindre Théia de nouveau, glissant sa main dans la sienne et quittant la plage.

Spoiler:

Si Lily-A ne s’estime pas avoir une bonne miss, Perry ne sait pas quoi penser de lui, on ne peut pas dire qu’il ait été un exemple pour la communauté. Il n’a rien fait non plus de positif durant son « règne ». Il a gagné il était content puis deux jours plus tard il était passé à autre chose. Non clairement il n’a pas l’étoffe d’une miss univers au sourire ultra-blanc. La jeune femme lui raconte ensuite qu’elle sera bientôt maman, chose qu’il a deviné malgré le fait qu’il n’ait pas un œil de lynx. Si lui connaît l’après avec les pleurs, les câlins, la joie d’être papa, il n’a encore jamais connu l’avant. Le moment où on lui annonce qu’il sera papa, l’attente avant l’accouchement, la joie d’être auprès d’une personne qu’il aime. Il ne pense pas vivre ça un jour. Pourtant il se rend compte qu’il adore être père et s’occuper de ses deux filles mais il lui semble bien compliqué de trouver une personne pour partager sa vie. Tout d’abord parce qu’il ne la cherche pas et également parce qu’il semble imperméable à toute forme de sentiments amoureux. « Tu vas devenir un zombie ! » dit-il en riant ce qui ne va peut-être pas la rassurer. Mais c’est ça d’être parent, surtout que lui était assez seul lorsqu’il s’agissait de se lever la nuit. Après leur petite discussion sur les joies d’être parent, Alfie arriva sa couronne de mister Bowen sur la tête. Lily Le félicita, ce à quoi il répondit par une espèce de révérence avant de lui dire qu’il aura sans doute besoin de conseils. « Mec, te prends pas la tête. » dit simplement Perry en riant. Un type arriva ensuite pour piquer la couronne d’Alfie ce qui ne semblait pas énerver ce dernier. Perry se contenta de rire en cœur avec son ami.

Ils continuèrent à parler de la pièce de théâtre, Sunny lui expliquant avoir aimé mais que la pièce doit encore être plus drôle dans sa langue originale. « Oui c’est souvent le cas avec les pièces de théâtre ou même les romans. » Il y a tout un tas de subtilités, de jeux de mots qui peuvent être bien difficile à retranscrire dans une autre langue. Il y a également toute la culture du pays qui rentre en ligne de compte. C’est pour ça qu’Emrys essaie de lire un maximum d’œuvres dans leur langue originale afin de ne pas perdre le sens des mots malgré tout parfois il ne comprend pas toutes les subtilités car même s’il est très cultivé et connaît beaucoup de choses sur les cultures étrangères, il est loin de tout connaître. Il aime sans cesse en apprendre davantage donc cela ne lui pose pas de problèmes. La jeune femme lui demanda par la suite ce qu’il souhaitait boire, il lui répondit un verre de jus de fruits alors qu’auparavant il était davantage habitué aux verres de vin. A présent c’est terminé. Parfois il aimerait bien boire juste un seul verre pour accompagner un bon repas mais il s’en prive sachant qu’il pourrait très bien retomber dans une spirale infernale. Peut-être qu’un jour il pourra de nouveau boire sans retomber dans ses travers. Sunny lui demanda s’il était sobre, le jeune homme se sentit un peu gêné qu’elle puisse le voir comme un alcoolique. Elle demandait peut-être cela sans avoir cette idée mais il en doutait. « Oui...j’ai eu certains moment de faiblesse. » lui révéla-t-il doucement. Elle prenait la même chose que lui alors il lui demanda à son tour « Et vous ? » Lorsqu’ils s’étaient rencontré, elle avait pris le même vin que lui donc il se demandait si elle avait traversé les mêmes difficultés que lui.