Regarde où tu vas !!

olivia & jake

Une bien drôle d'idée qu'a eue Olivia, d'accepter cette invitation à la fin de son service. Un pot de départ, d'une collègue pourtant pas très estimée. Et elle s'en est pris plein la tête toute la fin d'après-midi, la blondinette. "Alors, la dépression ?", "Tu m'étonnes que son mari l'a quittée, t'as vu la tête qu'elle tire alors qu'on fête le départ de Margot...", "Pas trop dur la reprise ? Après un tel congé tu dois être bien remise !". Olivia en a vu des vertes et des pas mûres, toujours sur le ton ironique dont les infirmières qui l'entourent au quotidien -pour la plupart- sont capables de faire preuve. Le médecin qui connaissait bien la femme qui avait démissionné ne savait plus où se mettre, entre toutes ces trentenaires toutes plus venimeuses les unes que les autres. Et Olivia, qui buvait, coupe sur coupe, ignorant royalement les remarques négatives. Vraiment pas un chouette moment. Elle ne s'est pas éternisée, son seuil de tolérance a beau être haut, elle n'en est pas pour autant un robot. Et même avec ses médicaments, sa sensibilité est un tantinet exacerbée, malheureusement. Elle a rapidement dit au revoir à la collègue qui l'avait traînée là, la seule qui l'a défendue dès qu'elle entendait une remarque sur son amie, et a quitté l'hôpital à pieds.

La fin de la journée est très douce. L'été est agréable en Décembre à Bowen, pendant que le reste du monde, dans l'hémisphère Nord, grelotte avec la neige et le froid. Olivia met un pied devant l'autre, elle est un peu éméchée et quelque peu déprimée. Elle a hâte d'être dans son appartement, et surtout dans sa baignoire. Elle a besoin d'un bon bain chaud, et pourquoi pas, encore d'un verre de vin... Au coin d'une rue, quelqu'un lui rentre dedans. Un hoquet de surprise s'échappe de la bouche de la blonde alors que son sac glisse de son épaule le long de son bras recouvert de la manche d'un gilet fin en laine qu'elle a bien pensé à récupérer dans son casier avant de partir de l'hôpital pour la maison. Elle se fait engueuler comme du poisson pourri par un mec -qu'elle trouve à son goût !- qui ramasse le téléphone qu'il avait fait tomber.

- Mais c'est vous qui m'êtes rentré dedans ! tente-t-elle d'articuler.

C'est dur, sous l'effet de l'alcool ! Elle est complètement pompette, la grande Olivia. En tout cas, elle ne sait pas si c'est son ton qui a fait changer l'homme d'expression, mais après avoir ramassé son téléphone il se met à s'excuser platement auprès d'Olivia, qui se met à sourire d'une façon très niaise sans presque s'en rendre compte, quand il lève le visage vers lui.

- Ca ne fait rien, il n'y a pas de casse... répond-elle doucement en désignant le téléphone d'un signe du menton.

(c) junne.

olivia & jake

Olivia a presque envie de rire avec l'homme qui vient de lui rentrer dedans, quand il a un rire nerveux en lui disant qu'ils auraient pu se mettre un coup de boule. Cette idée donne finalement à Olivia un léger rire, beaucoup moins nerveux que celui de l'homme.

- Non ça va. Par contre, si vous m'aviez donné un coup de boule, là, il y aurait eu de la casse ! fait-elle en remettant son sac correctement sur son épaule.

Elle titube un peu. Elle ne s'est pas rendue compte qu'elle avait autant forcé sur le champagne... Si toutes les autres ne l'avaient pas embêtée aussi ! L'homme tente de s'excuser, de se justifier de sa marche hasardeuse qui l'a fait rentrer dans la blonde, qui a justement des yeux de merlan frit en le regardant parler. Dans la lumière du soir, oui, cet homme est vraiment à son goût. Goût peut-être faussé par le pouvoir de l'alcool, mais quand même. Puis, un mot étonnant pour Olivia. L'homme lui demande si elle ne travaillerait pas à l'hôpital. Elle réprime un hoquet et hausse les sourcils, surprise qu'il la remette dans son contexte de boulot, et surtout qu'il la reconnaisse. A moins qu'il ne confonde.

- Mais si, je travaille bien à l'hôpital ! articule-t-elle en regardant la main de l'homme se tendre vers elle alors qu'il se présente. Elle tend sa main à son tour, la lui serre aussi vigoureusement qu'elle le peut, et répond en riant un peu bêtement : "Olivia, je n'apporte pas de gâteaux, je me contente de les manger !"

(c) junne.

olivia & jake

Olivia, dans son euphorie, est très contente que l'homme la reconnaisse alors qu'il n'a dû la croiser qu'une fois ou deux lors de ses visites à l'hôpital. Surtout qu'elle n'est pas affectée constamment au service de pédiatrie. Du côté de la blonde en revanche, c'est le néant intégral. Cet inconnu qui se présente sous le nom de Jake ne lui dit rien du tout ! Peut-être l'a-t-elle déjà vu, mais en tout cas elle ne se souvient absolument pas de lui. Ils se serrent la main, et le rire d'Olivia ne la quitte pas quand le brun lui demande si elle laisse quand même des miettes de gâteaux pour les petits.

- Oui ne vous inquiétez pas, je suis infirmière après tout, je dois prendre soin des autres !

La blonde est obligée de réfléchir quand Jake lâche sa main et lui demande des nouvelles de la petite Mary. Ce nom d'enfant ne dit rien à Olivia. Ca fait des semaines qu'elle n'a pas été travailler en pédiatrie, par conséquent elle n'est absolument pas au courant de ce qui se passe dans le service et des patients qui y ont été admis depuis la dernière fois où elle s'y est rendue. Elle fait une moue triste tout en regardant Jake.

- Je suis désolée, cette petite patiente ne me dit rien... J'étais en gériatrie ces derniers temps... fait-elle d'une voix douce.

Tout en parlant, elle se balance sur ses pieds, d'avant en arrière. C'est toujours comme ça, quand elle boit trop, elle contrôle moins ses mouvements et surtout elle s'agite sans même s'en rendre compte. Et comme elle a moins d'équilibre, Olivia se penche un peu trop en avant en parlant et l'un de ses pieds la trahit, si bien qu'elle tombe tête la première contre Jake, qui dans un réflexe met ses deux bras devant lui pour la rattraper.

- Ouuuuuups ! s'exclame Olivia dans un nouveau rire. "Je suis désolée, je ne tiens plus sur mes pieds !"

(c) junne.

olivia & jake

Jake plaisante avec Olivia, qui n'a de cesse de glousser. D'ordinaire, elle se serait mieux tenue, mais l'alcool n'aidant en rien, elle n'a absolument pas honte de son comportement ni de son rire facile. C'est si rare pour elle de s'amuser un tant soit peu depuis sa dépression. Elle a vécu un véritable enfer ces deux dernières années, et même si la journée d'aujourd'hui a, elle aussi, eu des allures d'enfer, elle est en train de prendre une tournure qu'Olivia apprécie beaucoup, en compagnie d'un beau jeune homme qui l'a bousculée dans les rues de Bowen alors qu'elle rentrait chez elle pompette mais néanmoins mortifiée.

La blonde n'entend pas quand Jake lui répond qu'il ne connaît pas de petits vieux qui seraient à l'hôpital, puisqu'un manque d'équilibre la propulse en avant droit dans ses bras. Il l'accompagne dans son rire après l'avoir rattrapée et remise sur ses pieds.

- Oui ça va aller, je suis juste... euphorique ! fait joyeusement Olivia, en haussant les épaules sans cesser de sourire.

Les mots "J'ai trop bu" meurent sur le bord de ses lèvres. Même si elle a le rire facile, elle n'a pas envie de passer pour une alcoolique notoire aux yeux de cet individu fort joli qu'elle ne connaît ni d'Eve ni d'Adam. Et surtout pas en pleine rue, où quelqu'un qu'elle connaît pourrait la voir et lui faire une mauvaise réputation ! Cela ne l'étonnerait même pas si l'une des collègues qu'elle déteste lui faisait un coup pareil...

- Oui, j'étais en train de rentrer chez moi, jusqu'à ce que vous me... bousculiez ! fait-elle dans un nouveau gloussement, en rougissant un peu.

(c) junne.

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Olivia ne perd pas une teinte de son furieux rougissement quand elle entend le dénommé Jake lui demander si elle souhaite qu'il la raccompagne chez elle. Immédiatement, elle acquiesce, curieuse de savoir ce que cache cette proposition. Et peut-être pourra-t-elle lui offrir un verre chez elle, et en apprendre plus sur lui ! Elle sait déjà qu'il est très attentionné auprès des enfants et qu'il se soucie d'eux. Il s'agit là de quelque chose de rare chez les hommes, Olivia en sait quelque chose. Son ex-mari était loin d'être comme ça. Très très loin. Elle glousse à nouveau et lui répond.

- J'habite à quelques pâtés de maisons, ce n'est pas très loin ! Faites quelques pas avec moi, si vous voulez ? demande-t-elle en souriant chaleureusement.

Elle a recommencé à se balancer d'avant en arrière, dans toute la gêne possible qu'elle peut ressentir. Elle n'a presque pas tenté de séduire qui que ce soit depuis son divorce, et surtout depuis qu'elle est à peu près sortie de sa dépression et qu'elle a pu reprendre le travail. Sauf que là, ce jeune homme lui plaît vraiment beaucoup, l'alcool y aidant certainement !

(c) junne.

olivia & jake

Olivia se met en marche, suivie de près par le dénommé Jake. Elle guide tout naturellement le cortège de deux personnes, se mettant un peu en avant. C'est chez elle qu'il la raccompagne, alors qu'il ne la connaît pas du tout, la blondinette se doit donc d'être polie et de ne pas laisser place à l'hésitation quant à la direction à prendre. Quelques secondes de silence passent, durant lesquelles Olivia n'a de cesse de sourire bêtement. Elle n'a pas besoin qu'il y ait une discussion constante, elle est juste ravie qu'une simple bousculade la conduise à un moment bien plus charmant. Et cela fait des années que personne ne l'a raccompagnée jusque chez elle, pas même des ami-e-s ! Jake finit par briser le silence en demandant à Olivia si elle est à Bowen depuis longtemps. Elle ne sait pas s'il la regarde - et à vrai dire elle s'en moque - et hoche la tête avant de répondre :

- Depuis six ou sept ans je crois... enfin, je ne suis pas nouvelle ici ! Et vous ? s'enquiert-elle.

Toujours la politesse. D'autant plus qu'elle ne dit pas non sur le fait d'en apprendre un peu plus sur ce beau jeune homme qui s'est dévoué pour la ramener chez elle saine et sauve ! On n'en croise pas tous les jours, de tels chevaliers. Jake demande également à Olivia si elle est plutôt écolo, ce à quoi elle éclate de rire, manquant de peu de se prendre une poubelle.

- Oups ! Euh non... Rappelez-vous où je travaille ! fait-elle malicieusement pour signifier qu'elle n'habite vraiment pas loin de son lieu de travail et qu'il est donc inutile qu'elle s'y rende en voiture.

(c) junne.

olivia & jake

Olivia est plutôt satisfaite d'apprendre que le dénommé Jake n'est pas nouveau à Bowen. Ca veut dire qu'il a trouvé ici de quoi apaiser ses recherches existentielles. Une femme peut-être, se laisse penser Olivia, en faisant une moue discrète, en direction du trottoir. Les effets de l'alcool ne sont toujours pas passés, et elle sent à peine son visage.

- Oui, on y est vraiment bien, déclare-t-elle en croisant son regard après quelques secondes pour clore le sujet de la ville, sans pour autant quitter son air un peu boudeur.

Olivia a dû se répéter la phrase du brun dans sa tête avant de lui répondre, parce qu'elle a d'abord cru qu'il s'adressait directement à elle en disant le mot "charmante". Elle aurait fait une sacrée boulette et se serait grillée directement auprès de lui. Enfin, s'il est venu habiter ici pour une femme comme elle se l'imagine maintenant, elle n'a strictement aucune chance. Olivia sent que cette pensée ne va pas la quitter de toute la soirée. Elle va se demander, à chaque nouvelle rencontre, si la chance va enfin tourner et se mettre de son côté.

La poubelle et la chute qui aurait été de pair évitées, Jake se permet de faire une blague sur le moyen de transport préféré d'Olivia, qui retrouve sa vitalité en éclatant à nouveau de rire, chassant sa mauvaise pensée. Jake ajoute qu'elle a de la volonté d'y aller à pieds, et lui demande si elle n'a pas peur quand elle fait des horaires inhabituels. Olivia secoue la tête en lui répondant.

- Non, ça va, quand il est trop tard ou trop tôt je prends la voiture, mais là il y avait le pot de départ de ma collègue et... enfin on s'en fiche ! conclut-elle en haussant les épaules. Nous arrivons chez moi, regardez j'habite l'immeuble là-bas ! fait-elle en s'approchant de Jake jusqu'à ce que leurs épaules se touchent.

Olivia lève en même temps l'un de ses bras puis allonge le doigt pour pointer son immeuble de l'autre côté de la route, un peu plus loin dans la rue qu'ils viennent d'emprunter.

(c) junne.