#23 - true friends stab you in the front (grace)

Il y eut une longue période de sa vie où elle écoutait les plaintes des gens, les confessions, les angoisses et elle n'avait jamais bronché, elle était une bonne oreille et même si parfois elle n'avait pas les mots, elle était bien la dernière personne au monde à être blasée lorsque quelqu'un avait un problème et qu'il ressentait le besoin de s'exprimer. Maintenant, les gens ne lui faisaient plus autant confiance, elle avait tourné le dos à l'Église, elle avait en quelque sorte trahie son Dieu de cette manière, au fur et à mesure où le bruit courait parmi les croyants, les pratiquants, les personnes ne s'arrêtaient plus pour lui parler, détournant juste le regard quand ils les croisaient dans la rue. La solitude avait fait partie de sa vie trop longtemps pour qu'elle soit affectée que plus personne veuille lui adresser un mot, ce qui la brisait le plus était le regard des gens. Comme si elle avait fait quelque chose de mal, comme s'ils empêchaient la blonde de se retirer les poids qu'elle traînait derrière elle. « Tu ne m'embêtes pas, tu sais bien ! » La blonde se savait curieuse, elle ne voulait cependant pas que ses amis se forcent à dire des choses, elle n'était pas torturée non plus par les secrets, elle en avait bien un énorme qui pouvait faire chavirer les relations s'il venait à être découvert par certaines personnes. Ciàran était un des seuls de son entourage à être au courant de cette affaire et de toute manière, il l'avait toujours connu ainsi. « Je pense aussi que ça doit être la meilleure des manières. » Même s'ils avaient toujours vécu dans des logements séparés avec Léo, elle passait clairement plus de temps chez-lui qu'à son appartement lorsqu'ils étaient ensemble. Puis comme ils faisaient, la mère et l'italien c'était sûrement la meilleure chose à faire pour eux aussi, pour ne pas qu'un soit plus jaloux que l'autre, qu'ils finissent par se battre pour avoir l'enfant. Grace ne voulait pas réfléchir à comment elle aurait fait si l'enfant était venu au monde, elle ne pouvait pas répondre à cette question et n'était pas certaine de vouloir le savoir. Aujourd'hui, elle n'était même plus certaine de vouloir un enfant un jour, il n'avait même déjà prévu au plan, cet enfant-là. « Je me doute bien que tu sais te défendre.» Lançait-elle avec un large sourire confiant scotché au visage. En réalité, elle ne pensait pas à plus loin qu'une agression physique, elle ne voulait pas savoir ce qu'il était capable de faire pour ce défendre, elle avait déjà vue des choses qu'elle ne devait pas voir — pas de lui, mais de personne qui voulait défendre d'autres ou la défendre elle et ça finissait toujours mal. « C'est ça et tu détesterais devoir me consoler. » Elle riait imaginant difficilement pire que son humeur, elle se sentait dévoré par la tristesse, mais elle n'avait pas perdue d'amis, des gens restaient l'entourer. « Mh, je n'ai plus trop envie de sortir en ce moment. » Grace n'avait plus rien à perdre, mais elle restait avoir peur que cet accident n'en était pas un, qu'il était prémédité et elle n'avait pas envie de le revivre. Probablement la paranoïa des premiers jours, mais elle ne se sentait plus à l'aise de se balader. « Mais je l'aurais quand même fait, pour pas te vexer. » Bien qu'il ne se vexerait sûrement pas pour ce genre de chose et la blonde ne l'aurait jamais annoncé comme ça, elle aurait jouée la comédie en disant que ça la faisait plaisir. La blonde venait piocher dans les plats qu'il avait ramenés, sans trop en faire, elle n'avait pas un grand appétit, il devait s'en douter, mais elle ne voulait pas gâcher ce qu'il avait ramené pour eux-deux.

« J’espère que tu ne dis pas ça pour me faire plaisir. » Réponds-tu lorsque Grace répond que tu ne l’ennuies pas. Tu sais à quel point elle est gentille et généreuse, même si tu l’ennuyais, tu n’es pas certain qu’elle te le dirait. Mais tu peux te tromper, la blonde a toujours eu le don de t’étonner et de t’épater en toutes circonstances. Tu hoches finalement la tête lorsqu’elle conclut que vivre avec Lou dans la même maison pour élever Gabriel est la meilleure des solutions. C’est ce que tu penses aussi et c’est surtout le meilleur moyen de le rendre heureux. Au fond, même si ton rôle de père est récent, c’est tout ce que tu désires : que ton fils ne manque de rien. Lorsque Grace fait mine de s’inquiéter pour toi et pour tes proches, tu ne peux trouver ça que particulièrement touchant. C’est sans doute une des premières fois dans ta vie qu’on s’inquiète de cette façon pour toi. Personne ne s’est jamais vraiment soucié de ce qui pourrait t’arriver et tu as toujours eu la certitude de finir tes jours seul, sans personne pour t’accompagner dans la mort. Mais aujourd’hui, depuis ton installation à Bowen, les choses semblent différentes. Tu ris à ton tour quand tu entends le rire de la blonde plutôt contagieux. « Vu que c’est toi, je ferai un effort et je te laisserai inonder mon tee-shirt de tes larmes. » Rétorques-tu sur un ton plus léger. Tu n’as pas envie d’avoir à consoler Grace parce que tu n’es pas doué pour ça mais si ça doit se présenter, alors, tu seras là. Elle pourra toujours compter sur toi parce que c’est une des seules personnes au monde à te voir tel que tu es. Avec tes qualités et tes défauts. Le fait qu’elle sache quasiment tout de ta vie aide beaucoup, évidemment, mais à tes yeux, Grace est une amie différente des autres. Et tu sais qu’en retour, toi aussi tu pourras toujours compter sur elle. « Il en faut beaucoup pour me vexer tu sais. Je préfère que tu me dises ce que tu veux vraiment, à l’avenir, d’accord ? » Demandes-tu avec un léger sourire et en continuant à picorer un peu partout dans les plats chinois. Tu veux rendre cette soirée plus douce, pour Grace, qu’elle lui change les idées et lui fasse oublier le temps de quelques instants sa tristesse.

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