Terrence + Kill first, die last.

Terrence s'était déjà remis de ses émotions, et son visage avait repris cette expression froide, impassible, alors que l'autre continue à tenter de lui faire peur, ça ne fonctionnait pas. Il soupira lourdement, preuve qu'il était plus agacé que déstabilisé. Il avait hâte qu'il trouve son bonheur et qu'il quitte les lieux, au moins il serait débarrassé. Le garçon sembla fasciné par le mécanisme de Terry pour ouvrir sa cachette, évidement il était impossible pour ses clients de voir où exactement il avait appuyé pour déverrouiller ce coffre, ce serait bien trop dangereux, l'un d'eux pourrait très bien venir dévaliser son arrière boutique une nuit et il perdrait gros, tout en perdant également la confiance de ceux, là-haut, qui lui confiait les armes à revendre. Il semblait encore plus hypnotisé par l'arme qu'il avait à présent entre les mains, visiblement ça le faisait vibrer, ils devaient être un peu tous pareil, sentir ce sentiment de puissance, de force lorsqu'ils avaient en leur possession de quoi asservir les autres, de quoi les faire trembler ou même carrément les tuer. Terrence pouvait le comprendre, à son échelle, il avait lui-même déjà menacé quelqu'un avec un flingue, il avait retiré la vie à des hommes, mais jamais il ne s'était sentit à l'aise avec cette idée. et même si le fait d'avoir un pistolet entre les mains était synonyme de force et de crainte, il n'en avait jamais abusé. Quant aux hommes qu'il avait laissé gisants derrière lui, ceux-là il aimerait avoir la chance de les oublier, pour pouvoir avoir le sommeil et la conscience plus tranquille, mais on ne pouvait pas changer le passer. Il observa l'asiatique se diriger vers des armes plus grosses, évidement, toujours plus. Il plaça son bras en signe de barrage, personne ne se servait ici, soit Kelly donnait les armes en main, soit on regardait, rien d'autre. Le jeune homme sembla se ressaisir à ce moment là et il manqua de s'écrouler sur une pile de cartons, Terry haussa un sourcil. Ca va ? Il ne voulait définitivement pas savoir ce qu'il se passait dans sa tête. Si c'est un couteau que vous cherchez il y a un boucher quelques rues plus haut. Ici vous ne trouverez que ça. Cette arme est parfaite, niveau qualité, efficacité, discrétion... et budget. Il avait bien compris que l'autre ne roulait pas sur l'or alors il espérait que ce dernier argument soit le bon. Il y aune cible derrière, je peux le charger et vous essayerez, c'est le meilleur moyen pour juger de l’engin.

Plus le blond passait de temps dans sa boutique, plus celle-ci était fermée longtemps, en pleine journée et donc plus Terrence entretenait les rumeurs de commerce illégale. Il savait qu'il devait aller vite dans ses transactions, il savait qu'il était surveillé par divers cowboys qui aimeraient bien le prendre la main dans le sac, faute d'avoir un mandat de perquisition. Il était pleinement conscient de tout ça et c'est pourquoi, en général il ne traînait pas. De toute façon, ses clients spécifiques savaient ce qu'ils recherchaient, la plupart du temps, soit ils étaient déjà armés et donc connaissaient un peu le milieu, soit, magie d'internet, ils s'étaient renseignés. Mais ce gars là, dont il ignorait l'identité et il ne comptait pas la lui demander, il avait l'air de faire son marché, il prenait son temps, il jouait avec le vendeur et ses nerfs. C'était agaçant. Même sur le point de conclure la vente, il papotait encore. Qu'est-ce qu'il cherchait en venant ici, Terrence se le demandait sérieusement, simplement juste mettre sa patience à l'épreuve ou quelques informations qui pourraient lui être utiles ? Il n'était toujours pas totalement serein face à lui. Le surfeur attrapa une boite de balles et s'occupa de charger le canon alors que l'asiatique le questionnait toujours, il avait visiblement bien repris contact avec la réalité après son absence étrange. Mon client type ? Il laissa sa question en suspens quelque secondes le temps de terminer. Puis il posa un regard froid sur son client. C'est celui qui ne pose pas de questions. Sa réponse était lourde de sous entendus, clairement, Terrence ne dirait rien, il n'allait pas lâcher d'information à ce gars sans savoir ce qu'il pourrait en faire. Qu'il oublie leur conversation juste après avoir quitté la boutique ou qu'il la garde dans un coin de sa tête, ce serait prendre un risque que de trop en dire. Et sur le sujet de son trafic, Kelly savait être très silencieux. Il lui rendit finalement l'arme pour qu'il puisse enfin la tester et puis partir avec.

Un rire jaune s’éleva dans la pièce. Ce garçon se pensait-il réellement si spécial aux yeux de Terrence ? En effet il était farfelu, oui il le mettait mal à l’aise, mais ce sentiment il l’avait déjà ressenti, de bien des façons, face aux différents meurtriers probables qu’il avait vu passé dans sa boutique. Il était connu dans le milieu, comme un vendeur honnête et discret. Et puis les personnes qui lui fournissaient ses armes lui avaient aussi fourni une bonne partie de sa clientèle, croyez bien qu’ils n’étaient pas du genre enfants de coeur. Il avait vu passer pas mal de gueules cassées, des psychopathes, de vrais assassins que vous n’auriez pas envie de croiser la nuit. Mais il ne s’en formalisait pas, il tentait d’oublier ses clients une fois qu’ils avaient quitté son magasin, ces rencontres ne l’empêchaient pas de dormir. Et jusqu’à présent il n’avait eu aucun soucis, aucun n’avait eu à se plaindre de son acquisition,c’était très bien comme ça. J’oublie vite un visage, c’est pratique dans ce métier. C’était un mensonge, il se souvenait longtemps des gens, c’était d’ailleurs l’une de ses qualités en tant que commerçant honnête, il se souvenait de ses clients, il les reconnaissait facilement dans la rue et était capable de les saluer et de tailler un brin de causette avec eux sans problème. Mais pour ce qui était de ses clients spéciaux, il s’en moquait simplement, préférant oublier qu’il vendait des armes et que celles-ci servaient à tuer, des innocents parfois, il mettait sa culpabilité de côté et avançait dans sa vie, presque sans remords. Une fois que l’asiatique eut l’arme dans ses mains, Terrence douta un instant qu’il sache s’en servir, la façon dont il la regardait, comme si c’était la première fois qu’il en possédait une entre les mains, mais cette sensation ne dura que quelques secondes, avant qu’il ne l’arme, avec des gestes froids et précis et qu’il tire. Trois coups, secs, rapides, dans le mile. Kelly observa la cible puis le gamin, un silence glaçant se fit dans l’arrière boutique. Ok, il s’en souviendrait peut-être un peu, de cet énergumène aussi bizarre que dérangeant. Bien, il semble que vous soyez fait l’un pour l’autre. Je vous fait un prix, 900 au lieu de 1200, imbattable. Décidez-vous, je n’ai pas toute la journée, j’ai un commerce à faire tourner. Et il voulait s’en débarrasser le plus vite possible, la comédie avait assez duré.

Le gamin semblait enfin prêt à aligner l’argent et à quitter les lieux avec sa toute neuve acquisition, tant mieux, cette entrevue avait assez duré au goût de Terrence qui commençait sérieusement à perdre patience. Il était bien trop bizarre, il posait bien trop de questions et cette façon d’agir, si froide, si détachée, digne du pire des psychopathes, il ne voulait pas de ça chez lui, il avait affaire à suffisamment de tarés pour ne pas s’arrêter à celui-ci de plus, néanmoins il serait clairement soulagé lorsqu’il aura quitté sa boutique. Le commerçant remarqua la carte de la C.I.A, un frisson le parcouru, comme un doute, un soupçon, et si ce garçon, sous ses airs de malade notoire, était finalement sous couverture pour mieux le faire tomber. Si son commerce avait enfin été découvert et qu’il se trouvait coincé, dès ce soir sous les barreaux, encore. Et s’il n’avait plus la possibilité de revoir Violet avant d’avoir mis fin à son activité secrète, sans avoir aucune chance de vivre quoi que ce soit avec elle. Toutes ces idées lui passèrent par la tête même s’il n’en montrait rien, mis à part sa main qui se crispa légèrement, imperceptiblement.La C.I.A ça n’était même pas australien, aucune chance que les Etats-Unis se soucient d’un simple petit trafiquant d’arme à l’autre bout du monde, c’était stupide. Qui que soit cet homme, quoi qu’il fasse dans la vie, il n’avait aucune raison d’impressionner Terry, cette carte ne voulait rien dire, pas ici en tout cas. Il se ressaisit rapidement en le fixant avec condescendance. Je peux même vous faire un emballage spécial dans une jolie boite si vous voulez. Le client est roi. Il avisa les quelques billets, pas besoin de recompter, la somme était bonne il n’en doutait pas. Puis il lui lança un regard froid. Bien, content qu’on ait fait affaire. Il va de soi que nous ne nous sommes jamais vu, je ne connais pas votre nom et vous allez oublier le mien. Soyez discret, je n’aime pas lire de sales affaire dans mon journal du dimanche. Il l’invita à passer devant lui puis ensemble ils se dirigèrent vers la sortie. Passez une bonne journée. Terrence ouvrit la porte de sa boutique en grand, laissant la brise marine s’engouffrer à nouveau à l’intérieur, enfin il respirait à nouveau. Retournant la pancarte qui indiquait que son magasin était à nouveau ouvert, comme signe que leur rencontre prenait fin à ce moment là, il offrit un sourire froid à l'asiatique. Il espérait bien ne plus jamais voir cet homme de sa vie.