smile (carter)

« Tu as vu la tête qu’il a faite ? » J’approuve d’un hochement, tandis que ma petite sœur continue de me raconter ce que nous venons de partager. Si cela lui fait plaisir de résumer notre visite, alors je ne vais pas l’en empêcher. Je préfère avoir une petite sœur qui n’arrête pas de causer et qui s’esclaffe d’un rien, plutôt qu’une petite fille qui réclame continuellement sa maman et qui n’arrive pas à s’épanouir. Anna a fait son deuil, elle était si petite quand maman est décédée. Je ne suis même pas certaine qu’elle se souvienne de son visage, sauf via toutes les photographies qui inondent la maison. Elle n’avait que deux ans, après tout. Aujourd’hui, celle qui fait plus office de maman pour elle, c’est moi. Et Collin est comme son papa, puisque le nôtre a disparu. « On a pas acheté les glaces ! » finit-elle par scander, une fois que je retire mes chaussures et me laisse choir dans le canapé. Mes mirettes rencontrent les siennes, prêtes pour un affrontement où je dois terminer gagnante. Mais comment résister aux pupilles humides d’Anna – la vile – qui profite d’une faiblesse pour glisser sur mes genoux et utiliser la carte câline. Traitresse ! « J’aimerai beaucoup des cônes vanille fraise, s.t.p. » J’embrasse son front, me levant avant de crier le prénom de mes deux autres sœurs pour savoir si elles veulent des glaces aussi. J’entends des bâtonnets chocolat d’un côté et des magnums chocolat blanc de l’autre. Elles ne peuvent pas avoir toutes les mêmes goûts ?! Je retourne dans le couloir pour remettre mes chaussures, enfiler la bandoulière de mon sac en toile puis direction le supermarché. Je passe par Muller Lagoon, autant joindre l’utile à l’agréable, ne serait-ce que pour profiter de ce petit coin que j’aime beaucoup, bien plus que les plages. Je longe un petit sentier, respirant les bonnes odeurs de la végétation avec un soupir d’aise. À quelques pas devant moi apparaît la silhouette d’un chien qui s’approche de moi. Je me baisse pour l’accueillir et pouvoir le caresser avec un sourire. J’adore les animaux ! Et un jour ou l’autre, j’arriverai à convaincre Collin pour qu’on adopte un cochon nain. « T’es beau toi… Oh oui, t’es beau ! » avouais-je en caressant le crâne de cet animal. Son maître finit par apparaître et je me redresse avec un sourire, continuant à caresser son chien. « Il est vraiment beau votre chien… » Je croise son regard, gardant mon sourire aux lèvres. « J’aimerai beaucoup en avoir un, mais mon frère… Bref, comment il s’appelle ?! »

by beraberel