don't get too close, it's dark inside (aelya)

Jour J. Il avait le cœur qui battait de plus en plus vite au fur et à mesure que son GPS lui indiquait qu'il s'approchait les lieux du rendez-vous. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti autant de pression d'un coup, venant presque à en oublier l'adrénaline qui en découlait. Et pourtant, il ne pouvait pas s'empêcher de se revoir, presque dix ans en arrière, exalté par le risque qu'il prenait sans penser aux conséquences qui pourraient lui tomber dessus si jamais il se faisait prendre. En y repensant, avec un certain recul et une maturité un peu plus avancée, Niels aurait pu s'en sortir s'il avait fait preuve d'un peu plus de jugeote et surtout d'un peu moins de témérité mal dosée. Parce-qu'il s'était jeté dans la gueule du loup sans la moindre réflexion, se tirant presque une balle dans le pied. Et tout ça parce-qu'il avait ressenti ce besoin viscéral de prouver qu'il valait quelque chose lui aussi, qu'il n'était pas seulement le gamin arrivé par accident, né avec une cuillère en argent dans la bouche. Quel petit merdeux... pensa-t-il, en se revoyant agir comme il l'avait fait, comme un p'tit con écervelé. Quoiqu'il n'était pas vraiment dans une meilleure posture pour se juger quand on savait où est-ce qu'il se rendait et pourquoi il le faisait. Juste après être parti, il avait pris soin d'envoyer un message se voulant rassurant à Aelya, usant de sous-entendus quant à la façon dont ils se retrouveraient ce soir, nourrissant l'espoir que ça la détendrait un peu. Niels s'était vite préparé, filant rapidement pour ne pas avoir à répondre à trop de questions, ne souhaitant donner aucun indice à Aelya sur le lieu où il se rendait. Il la connaissait, elle et ses intentions de vouloir le protéger, alors il était préférable qu'il reste le plus discret possible pour repousser toute tentative qu'elle puisse s'impliquer avec lui dans ses missions. Il l'avait embrassé, furtivement, juste pour lui montrer qu'il prenait les choses à la légère et que dans tous les cas, il reviendrait à elle ce soir, après leurs deux boulots respectifs accomplis. Il finit par se garer, dans une ruelle sombre et à l'ambiance presque glauque, attendant quelques instants avant de voir une autre voiture approcher lentement, en toute discrétion. Il prit une grande inspiration pour se donner du courage, puis sortit de sa voiture pour aller à la rencontre de trois hommes qui attendaient sa venue. « C'est toi l'nouvel employé ? » Niels hocha la tête, scrutant le visage de ces types avec une certaine méfiance avant que l'un d'entre eux ne sorte de la voiture, sortant un sac du coffre qui contenait la marchandise. « On t'envoie l'adresse du lieu où tu dois livrer, t'as une demi heure. » Niels attrapa le sac d'une main ferme, montrant sa volonté de venir à bout de la mission. « Ah et j'ai oublié... » Il vit un flingue se pointer sur lui, son visage devenant tout à coup très pâle, ce qui provoqua l'amusement du type en question. « Ça va, calme-toi c'est pour toi. Vaut mieux prévenir que guérir. » Puis il retourna le flingue pour qu'il puisse en attraper le manche, la main de Niels venant s'en emparer.

Il avait étonnament réussi à partir facilement, lui qui avait pensé qu'elle aurait été capable de l'attacher et de le bâillonner au lit juste pour ne pas qu'il parte seul, il s'était pour le coup grandement trompé. Au contraire, elle avait été plutôt compréhensive, arborant un calme apparent qui satisfaisait Niels. L'inquiétude était là, dans les deux camps, il n'y avait pas de doute et il était inutile de se voiler la face mais au moins, ils prenaient tous les deux sur eux pour ne pas rendre les choses encore plus délicates et quelque part, ça le touchait Niels. Parce-qu'il avait l'impression qu'Aelya faisait des efforts pour lui, acceptant de le laisser partir pour leur propre bien à tous les deux. Dans son esprit, c'était de cette façon qu'ils ne pouvaient faire que bonne équipe, même si l'un d'entre eux prenait plus de risque que l'autre. C'est avec un air serein qu'il quitta l'appartement, s'engouffrant dans sa voiture pour arriver une vingtaine de minutes plus tard sur les lieux du rendez-vous. C'était maintenant qu'il avait le sac de drogues dans une main, et un flingue dans l'autre, qu'il se rendait compte dans quoi il s'était vraiment embarqué. Il fit néanmoins mine de ne rien laisser transparaître devant les types qui attendaient de lui une rigueur exemplaire. « T'as pas l'air hyper à l'aise, gamin. T'es sûr que c'est vraiment toi Chapman ? Hey les mecs, on s'est pas trompé sur la marchandise par hasard ? » Les hommes se mirent à rire, comprenant que Niels avait bien changé depuis ses dernières frasques. Le regard noir, il fit glisser son doigt sur le chien du flingue déjà chargé, voulant leur montrer qu'il ne fallait pas le sous-estimer. « C'est moi, avec un nom différent. » Affirma-t-il d'un ton franc, prêt à partir avant qu'une voix qu'il ne connaissait que trop bien ne vienne l'interrompre. Il se retourna, sentant son sang se glacer et la panique prendre part en lui à la minute où il découvrit Aelya. Putain de merde. Il essaya de se contenir, pour ne pas montrer à ces types à quel point elle lui importait, conscient qu'il pourrait se servir de ce fait pour l'atteindre. « Hey c'est qui elle ? » Niels les regarda, se sentant bouillonner de l'intérieur tandis qu'Aelya prit les devants en leur affirmant qu'ils faisaient équipe. Il n'en revenait pas. « Putain, t'as du cran chérie. » L'un des hommes s'approcha lentement d'elle, avec cet air de chien affamé, ce qui donnait à Niels l'envie de vider son chargeur sur lui. Il se força au calme, le cœur battant à mille à l'heure. « Tu sais que si le boss apprenait que t'as ramené quelqu'un sans sa permission, il te ferait tuer ? » Ajouta l'homme, en s'adressant à Niels alors qu'il scrutait Aelya de tout son long. « Vous êtes pas obligés d'accepter ce qu'elle demande. » Répondit-il, espérant les persuader de ne pas impliquer sa petite-amie. L'homme rigola, de manière presque forcée, se retournant vers Niels avec un sourire mal intentionné. « Je serais obligé de la buter si c'était le cas. » Le cœur de Niels loupa un battement, sentant qu'il commençait déjà à défaillir. « Mais elle m'a convaincu. Tiens poupée, fais gaffe quand même, ça serait dommage de t'abîmer. » Dit-il en lui tendant une arme. Niels souffla discrètement, essayant de reprendre le contrôle des évènements et de ses émotions déjà rudement mises à l'épreuve.

Ses poings se serrèrent à la seconde où il l'aperçut, sentant un déferlement de panique mélangée à de la colère envahir tout son être, lui donnant l'impression qu'il venait de perdre le contrôle qu'il avait alors établi jusque-là. Il aurait aimé lui hurler dessus pour lui dire de se barrer tout de suite, parce-que c'était un trop grand risque qu'elle puisse se montrer à visage découvert, leur dévoilant son identité trop facilement. Le mal était fait et la seule chose qu'il pouvait encore faire pour tenter de la protéger, c'était de garder ce calme apparent et de faire semblant qu'ils n'étaient pas ensemble. Le type lui rendait la tâche plus que difficile en approchant Aelya de la sorte, la regardant comme s'il avait l'intention de la dévorer ce qui lui donnait littéralement des haut-le-cœur. Calme-toi Niels, c'est pas le moment de tout foutre en l'air, se répéta-t-il de manière incessante et machinale pour faire preuve de sang-froid. L'homme sourit aux paroles qu'ajouta la jolie brune, se mordant la lèvre devant elle afin de lui montrer qu'elle n'avait pas trop de mal à l'exciter. « Je vois ça, tu me montreras l'intégralité de tes atouts dans un autre contexte. » Il lui adressa un clin d’œil tandis que Niels sentait qu'il se décomposait, l'arme dans sa main n'arrangeant rien à ses envies d'exploser la tête de ce type. « Bon les gars, c'est pas tout mais on a un colis à livrer, vous vous payerez la chambre d'hôtel un autre soir. » Ajouta-t-il, faisant semblant d'être pressé simplement pour voir l'homme s'éloigner de sa copine. Sans doute un peu frustré par ses mots, le type s'avança d'un pas menaçant vers Niels, son regard noir confrontant le sien. « Hey joue pas au malin avec moi Chapman, c'est encore moi qui donne les ordres je te signale. » Il fit mine de l'attraper par le col, exerçant une légère pression avant de le relâcher, lui adressant un sourire forcé puis leur indiquant qu'il était temps pour eux de déguerpir. Il suivit alors Aelya, le sac en main, déverrouillant sa voiture pour le cacher dans le coffre puis prendre place du côté conducteur. Il s'assura que la voiture des trois hommes soit partie avant de reporter son attention sur elle. « Et je t'avais dit de rester en dehors de tout ça bordel ! » Il donna un coup sur son volant sous l'énervement qu'il ressentait, insérant les clés pour mettre le contact avant de démarrer en trombe. « Tu nous fous dans la merde avec tes conneries ! » Ajouta-t-il, hors de lui, commençant à prendre la direction de la destination que lui indiquait son GPS. « J'aurais du me douter que c'était trop facile. J'peux vraiment pas te faire confiance. » Lâcha-t-il alors d'une voix empreinte de déception, sans se soucier que ses mots pourraient la blesser, ne pensant qu'au fait qu'elle avait mis sa sécurité en péril juste pour ne pas le laisser seul, ce qu'il trouvait inconcevable.

Fallait toujours que ses plans viennent à foirer, comme si c'était dans la logique des choses que rien ne se passe comme il l'avait initialement prévu. Bon, même si pour le coup, c'était lui qui avait fait preuve d'un peu trop de naïveté parce-que ce n'était pas si étonnant et imprévisible que ça de voir Aelya s'infiltrer de force dans cette histoire. Elle l'avait pourtant prévenu la dernière fois, à de multiples reprises et lui, il avait pensé qu'il avait réussi à faire pencher la balance de son côté. Raté. Et c'était peu de le dire. Maintenant, et à son plus grand désarroi, ils étaient tous les deux impliqués dans le réseau et il allait falloir qu'ils fassent preuve d'un peu plus d'intelligence et de moins d'impulsivité pour essayer de s'en sortir sans égratignures. Ou ne serait-ce que vivants, c'était bien aussi. Spectateur du manège qui se tramait devant ses yeux, Niels voyait rouge, ne supportant pas que sa petite-amie use de ses charmes devant lui, même si c'était pour son propre bien. Si Aelya pensait bien faire, elle se trompait. Parce-qu'à présent, il avait juste des envies de meurtre et il se faisait violence pour penser à autre chose qu'au mal qu'il pouvait infliger à ce type là tout de suite. Sans pouvoir s'en empêcher, il se fit remarquer, peut-être un peu trop, attisant volontairement la colère de l'homme qui au moins, reporta son attention sur lui et s'éloigna d'Aelya. Son cœur battait à une allure à peine concevable, jusqu'au moment où ils eurent la permission de commencer ce qu'ils avaient à faire, laissant à Niels la possibilité de respirer à nouveau. Il s'avança silencieusement vers sa voiture, d'un pas précipité, se concentrant pour ne pas balancer tout de suite la tonne de reproches qui lui brûlaient les lèvres. Sa réponse le fit soupirer, n'arrangeant en rien la colère qu'il ressentait à cet instant. « Arrête un peu Aelya, tu m'as baladé toute la journée en me faisant croire que t'étais ok à l'idée de me laisser partir seul. T'as bien joué, félicitations. » Lâcha-t-il, de manière sarcastique en ne daignant pas poser ses yeux sur elle. Il hocha la tête de droite à gauche à ce qu'elle ajouta, tentant de rester concentré sur la route pour ne pas exploser même si l'envie ne lui manquait pas. « Je m'en tape complètement d'être hypocrite, tu comprends pas non plus que je fais ça pour toi et que la dernière chose que je voulais, c'était que tu trempes dans ce genre d'histoires ? » Il souffla pour maîtriser son ton, accélérant un peu plus l'allure de sa conduite comme si ça pouvait le calmer. « T'avais assez de problèmes comme ça pour en rajouter. » Finit-il par dire, ne comprenant pas comment elle pouvait prendre autant de risques sachant ce qui lui était arrivé dernièrement. « Finalement si t'arrives à me manipuler comme tu l'as fait, c'est que j'dois pas te connaître aussi bien que je le pensais. » Il savait qu'il parlait sans réfléchir, qu'il utilisait des mots forts simplement pour la toucher là où ça faisait mal, comme pour lui montrer à quel point ça le touchait lui.

Autant improviser n'était pas quelque chose qui lui était totalement inconnu dans la vie de tous les jours, autant il aurait préféré ne jamais avoir à le faire dans cette situation précise. Parce-que quand ça touchait à Aelya, Niels avait la capacité de perdre tous ses moyens, devenant soudainement plus vulnérable, plus sensible aussi. Il avait l'impression d'être à découvert et que le moindre geste qui pouvait nuire à sa petite-amie pouvait lui aussi l'anéantir. C'était pour cela qu'il aurait préféré qu'elle reste en dehors de tout ça. Mais évidemment, elle ne l'avait pas écouté, et clairement, ça aurait été trop beau si ça avait été le cas. Quoiqu'il en soit, il devrait faire avec maintenant et même s'il ne doutait absolument pas de ses capacités pour tenir son rôle, il ne pouvait pas s'empêcher d'être énervé face à son comportement, parce-que quelque part, il avait l'impression d'avoir été trahi. Il préféra ne rien répondre à sa remarque dont le ton faisait écho au sien, ne lui laissant qu'un simple goût amer en bouche. Il attrapa une cigarette dans le paquet qui traînait dans sa portière, l'allumant pour se donner contenance et espérer que ça le calmerait un peu. « Ça sert à rien qu'on continue de débattre sur ça. Je t'ai fait confiance, j'aurais pas du. Ça s'arrête là. » Lâcha-t-il, préférant couper court à cette conversation qui lui donnait des bouffées de chaleur causées par l'agacement qu'il ressentait. « Même mes paroles te suffisent plus ? Je t'ai dit que ça irait, y'a aucune raison pour que ça tourne mal. » Se justifia-t-il, quand bien même tout le monde savait que dans le milieu de la drogue, il y avait toujours une bonne raison pour éliminer quelqu'un si les choses commençaient à être tendues. Il vit son cœur piétiner lorsqu'Aelya reprit la parole, décidant de ne lui laisser visiblement aucun répit, ni aucune possibilité pour qu'il essaye de penser à autre chose qu'à la douleur qui le tiraillait. « Bah tu sais quoi, t'as qu'à les reprendre tes belles paroles si tu regrettes autant ! Je ferais sans, j'peux très bien fonctionner sans affection. » Dit-il, à la fois blessé et énervé, conscient qu'une nouvelle fois, ils se retrouvaient sur une marche bancale, prête à s'écrouler sous le poids de leurs rancœurs. Il mentait, pour ne pas lui montrer qu'elle le heurtait en plein cœur, parce-qu'évidemment il avait besoin d'elle et de son affection. Il avait besoin de son amour en vérité. Mais là, il n'y avait rien qui parvenait à le raisonner pour calmer le jeu. Il était blessé, il voulait se protéger. Plus rapidement que prévu, ils arrivèrent sur les lieux, Niels prenant soin d'éteindre ses feux une fois garé, vérifiant une nouvelle fois que le lieu indiqué était bien le bon.

C'était trop lourd pour lui, son cœur ne parvenait plus à gérer toutes ces émotions contradictoires auxquelles il devait faire face ces derniers temps. Il avait l'impression que ça ne faisait que tourner en rond entre Aelya et lui, que le déchirement était inévitablement ce qui suivait leurs moments de chaleur et d'abandon et que quoiqu'il puisse arriver, ça ne changerait jamais. Pourtant, dieu sait qu'il aurait aimé être capable de changer le cours des choses. Il avait essayé, en lui avouant finalement ce qu'il éprouvait pour elle, à quel point elle le rendait dingue. Tout ça en espérant qu'ils arrêteraient de se prendre la tête parce-que maintenant, ils devaient fonctionner avec l'idée que leur relation n'était pas qu'une petite amourette de vacances entre gamins de quatorze ans. Ce soir, Niels avait l'impression que tous leurs efforts venaient de tomber en ruines, encore une fois, ne dérogeant pas à la règle. A ses mots, il ne put s'empêcher de penser au fait qu'elle avait raison au fond, et que ce n'était pas à elle qu'il apprendrait les dangers du métier. Il soupira, les yeux restant rivés sur la route, puis aspira une nouvelle bouffée de nicotine avant de laisser la fumée s'échapper de ses lèvres. « De toute façon, s'ils veulent ma peau, ils l'auront. Que tu sois là ou non, ça changera rien. C'est pour ça que je voulais pas que tu viennes, j'voulais pas leur laisser la possibilité de nous avoir tous les deux. » Finit-il par dire d'une voix étonnamment plus calme, après quelques secondes de silence, ne cherchant plus à essayer de la rassurer parce-qu'il savait très bien comment ça marchait dans le milieu. Il l'avait su, dés qu'il avait accepté de serrer la main de ce type, qu'il venait de leur laisser la possibilité de jouer avec son destin. Sauf que c'était plus facile de nier ce fait que de se l'avouer. Il avait tenté de chercher son regard aux paroles qu'elle ajouta ensuite, sentant le poignard s'enfoncer encore un peu plus profondément dans sa cage thoracique, empirant le saignement. Sa gorge était nouée et tout ce qu'il parvenait encore à faire, c'était de se répéter ses derniers mots en boucle dans sa tête, encore et encore, comme s'il n'arrivait pas à en comprendre le sens après tout ce qu'ils s'étaient crachés à la figure. Pourtant, il n'arrivait pas à gérer les battements dysfonctionnels de son cœur, qui lui criait de lui avouer à quel point il l'aimait aussi, à quel point il donnerait sa vie juste pour la voir sourire. Mais rien de tout cela ne sortit de ses lèvres. Il restait planté là, le regard vide de toute expression. « Faisons ce qu'on a à faire. » Et avant qu'il ne puisse bouger, Aelya prit les devants, et Niels sentait bien qu'elle laissait parler son impulsivité et sa colère. « Aelya attends ! » Elle lui claqua la porte au nez, et dans la panique, il sortit également de la voiture, venant la rejoindre à l'arrière, posant sa main sur son bras pour l'empêcher d'avancer. « C'est moi qui y vais, couvre-moi. » Il dit, la regardant droit dans les yeux. Et pendant ce temps, Niels remarqua des silhouettes s'agiter dans l'ombre, doutant qu'ils devaient se grouiller pour éviter les problèmes. « S'il-te-plaît... » Souffla-t-il, comme s'il la suppliait de ne pas y aller, de le laisser faire. C'était plus fort que tout, il ne pouvait pas s'empêcher d'imaginer le pire et si ça venait à atteindre Aelya, il ne s'en remettrait jamais.

Il avait beau ne plus rien ressentir, mis à part le vide qui avait pris la place de son cœur, il était tout de même décidé à mener à bien cette mission. Il s'était déjà trop laissé happer par ses pensées, sa rancœur et ses sentiments, et même s'il souffrait à en crever d'en arriver là avec Aelya, il ne pouvait pas baisser les bras maintenant. Pas après tout ça. Le sac de marchandises était dans leur coffre, il n'y avait plus de retour en arrière possible maintenant, parce-que s'ils abandonnaient à ce stade, ils pourraient d'ores-et-déjà creuser leur tombe. Ça pouvait être terrifiant à imaginer comme ça, mais là tout de suite, la douleur primait sur la peur. Il ignorait ce que cette conversation avec la brune signifiait, ce qu'elle impliquerait sur leur relation. Dans tous les cas, ils n'étaient déjà plus indemnes. Il resta silencieux à sa réponse, un silence qui traduisait peut-être le fait qu'il lui donnait raison. Elle avait gagné, il capitulait, n'ayant plus assez de forces après cet échange qui l'avait vidé de l'intérieur, balayant tout sur son passage, même le plus solide des sentiments. Peut-être qu'ils ressortiraient sans le moindre hématome ce soir, sans la moindre goutte de sang s'échappant de leur peau, mais à vrai dire, Niels paraissait déjà anéanti, sans même la moindre trace physique. Il soupira de soulagement quand elle accepta de lui laisser le sac, sac dont il se saisit sans plus attendre, s'avançant d'un pas décidé vers les hommes. Une fois postés devant eux, Niels exécuta les ordres, sous la pression d'un flingue pointé sur lui, ce qui était plutôt normal vu la situation. « Dépêchez-vous, on n'a pas que ça à foutre, ça craint ici. » Lança Niels, d'un air parfaitement arrogant, ordonnant aux types de vérifier rapidement le sac pour qu'ils puissent partir. « T'as oublié qu'on pouvait te faire exploser la cervelle en deux secondes ou quoi ? » Lâcha l'un d'entre eux, agacé par le ton employé par Niels qui ne se laissa pas impressionné, continuant d'affronter son regard. « Le fric. » Demanda le brun, une fois que les types avaient terminé d'inspecter l'intérieur du sac. « Du calme, on va te le filer... Non, en fait, c'est ta jolie équipière qui va se charger de le prendre. » Niels serra les dents, sentant son pouls s'emballer soudainement, se retournant pour regarder Aelya, lui demandant silencieusement de faire attention à elle.

C'était en se rendant compte du mal qu'il pouvait ressentir à ce moment qu'il comprenait ce que tout ça signifiait. Il était atteint, et il pouvait faire tous les efforts du monde pour continuer à paraître fort et serein, il savait pertinemment ce qu'il en était à l'intérieur. Aelya était passée par là et avait tout ravagé sur son passage, ne laissant que des miettes. Et il savait sûrement que lui aussi n'avait pas été tendre avec elle, parce-qu'il lui avait clairement dit qu'il n'aurait pas du lui faire confiance. Il avait parlé sans doute trop vite, comme à son habitude, ne pensant qu'à s'armer face à celle qui pouvait l'abattre en un regard. Dans un silence de mort, Niels se repassait les paroles qu'ils s'étaient échangés, essayant de trouver le moment où ça avait explosé, là où ça s'était brisé en mille morceaux. Il voulait rembobiner la cassette, remonter dans le temps s'il le pouvait pour arranger ses erreurs, effacer les mots qu'il avait prononcés, aussi tranchants que des lames de rasoir. Malheureusement, c'était trop tard et rien qu'à sentir la distance qui semblait les séparer, il ne le savait que trop bien. Pour l'instant, le moment était trop fatidique pour ne pas rester concentré sur l'action, sachant aussi bien l'un que l'autre que ce n'était pas le moment de merder. Ils allaient certainement passer l'étape la plus délicate de la mission, celle qui mettrait le plus en péril leurs vies alors autant rester sur ses gardes. Ses yeux avaient cherché ceux d'Aelya quand l'homme l'avait pointé du doigt, son regard toujours empreint de la douleur dont il ne parvenait plus à se défaire. Il répondit à son hochement de tête, essayant de lui faire comprendre qu'elle avait sa confiance et qu'en réalité, elle l'avait toujours eu. Il ne la quitta pas des yeux, jetant de temps à autre des coup d’œil à l'autre homme qui se tenait en arrière-plan. Sa respiration se heurta lorsque le type passa sa main sur la hanche d'Aelya, et à peine eut-il cherché à réagir que la brune avait déjà sorti son arme, la braquant sur son interlocuteur. Paniqué, il s'avança à son tour, pointant son flingue sur l'autre homme qui menaçait Aelya, la mâchoire serrée. « Elle baissera son flingue si tu baisses le tien. » Lança-t-il, d'une voix ferme et blanche, le doigt placé sur la gâchette. « Fais un mauvais geste et je te jure que t'es un homme mort. » Ajouta-t-il, laissant clairement paraître ses intentions. Il écouta ensuite Aelya, s'approchant lentement du sac sans baisser sa garde, les yeux encore rivés sur l'autre homme. D'une main, il se saisit de l'argent, jeta un rapide coup d'oeil pour s'assurer que tout était là et en bonne et due forme. « Y'a tout, on peut se barrer. » Lança-t-il à la jolie brune, d'un ton plus pressé. « Tu vois chérie, y'a pas de raison de s'emporter. » Balança l'homme qu'Aelya tenait en otage, sa main venant une nouvelle fois se balader sur sa hanche, dérapant jusque ses fesses. Niels arrêta de réfléchir et dans un geste rapide, il pressa la détente, visant le mollet du type qui s'écroula instantanément de douleur. « On se tire. » Cria-t-il à Aelya tandis que l'autre homme avait lâché son arme pour se précipiter vers son collègue, n'en revenant pas que Niels avait pu lui tirer dessus.