don't get too close, it's dark inside (aelya)

Niels savait qu'ils étaient condamnés à revivre ce genre de situations encore un bon moment, parce-que tous les deux n'étaient finalement pas prêts pour se ranger, pour vivre une vie plus calme, sans problèmes, qui ne leur ressemblerait certainement pas. Ils s'attiraient toujours dans les pires situations possibles et imaginables, là où ils risquaient d'y laisser leur peau à chaque fois, faisant le plein d'adrénaline avant de finalement comprendre qu'ils avaient une nouvelle fois fait preuve d'une insouciance folle. Cette insouciance, c'était peut-être elle qui allait les sortir d'affaire, pour une fois. Parce-que l'un et l'autre se montraient confiants, forts, même pas un peu impressionnés par ces types qui trainaient dans ce genre de sales trafics à longueur de temps. Tout ce que Niels voulait, c'était récupérer ce foutu fric et s'en aller avec Aelya, pensant à toutes ces choses qu'il ne lui avait pas encore dites et qu'il aimerait qu'elle sache. La vie était trop courte. Il s'en rendait compte de plus en plus, surtout maintenant, sachant qu'un flingue était braqué sur lui, suspendant sa vie qui ne tenait qu'à un fil. Il se perdit un instant dans ses yeux, juste le temps de quelques secondes avant que la situation ne vienne à vriller, trop rapidement. Son doigt avait dérapé sur la détente sans qu'il n'ait le temps de réfléchir aux conséquences de son geste. Ce n'est qu'en voyant le type tomber lourdement au sol, se tortillant de douleur en attrapant son mollet ensanglanté que Niels se mit à réaliser ce qu'il venait de faire. Sans perdre une minute de plus, il reprit la direction de sa voiture en courant, Aelya devant lui, s'y engouffrant dans la panique. Les mains encore tremblantes, il inséra ses clés de voiture comme il le put, allumant le moteur pour démarrer à toute allure, conscient qu'ils ne pouvaient pas rester plus longtemps ici, au risque de leurs vies. « Putain. » Lâcha-t-il, sous le choc, jetant des coups d’œil dans le rétroviseur pour s'assurer qu'aucun phares n'apparaissaient derrière eux. Il accéléra encore, pied au plancher, ne se souciant pas une seule seconde de la vitesse à laquelle il roulait. Il attrapa la main d'Aelya, posée sur sa cuisse, la resserrant contre la sienne, comme si son contact lui permettait de ne pas défaillir, de ne pas décélérer maintenant. C'est après de longues minutes d'angoisse qu'il s'engouffra de nouveau dans la ruelle du point de rencontre, maintenant déserte et encore plus sombre qu'à leur première venue. Niels coupa le contact, laissant sa tête tomber en arrière en soupirant, l'esprit encore embrumé par les évènements. « Comment tu vas ? » Dit-il, plus soucieux de son état à elle qu'au sien. « Aelya... j'aurais pas du. » Souffla-t-il, le regard fuyant, exprimant ses premiers regrets de manière encore timide, ne sachant pas où est-ce qu'il devait commençer. « C'est toi qui avais raison, depuis le début. » Ajouta-t-il, comprenant qu'il aurait du l'écouter depuis le début, parce-qu'il n'aurait pas pu faire ça sans elle. Si elle ne s'était pas interposée ce soir, il aurait sans doute perdu la vie.

Evidemment qu'elle lui en voulait. Et il la comprenait parfaitement. Après tout, il avait été un véritable connard avec elle, lui balançant toutes sortes de saletés à la figure simplement parce-qu'il n'était pas capable de gérer son angoisse. Le pire était que dans la précipitation, il n'avait pas pensé une seule seconde tout ce qu'il avait pu lui dire. Au fond, il s'en voulait aussi, et il savait que les regrets ne tarderaient pas à le ronger de l'intérieur à mesure qu'il se rendrait compte qu'il avait vraiment été trop loin avec Aelya. Il craignait que celle-ci ne soit la fois de trop, que la brèche qu'il avait ouverte soit celle qui puisse pousser sa petite-amie à ne plus vouloir continuer de la sorte avec lui. Il aurait aimé, pourtant, avoir su contrôler ses émotions, sa peur de la perdre et tout ce qui avait contribué à ce qu'il devienne dingue, ravagé par son besoin de la protéger elle coûte que coûte. Et ce soir, il semblerait que ça lui avait coûté, plus qu'il ne l'aurait jamais pensé. Sa main avait beau être là, dans la sienne, Niels ne pouvait pas s'empêcher de penser qu'il s'agissait en vérité d'un réflexe de la part de sa petite-amie, d'un geste d'instinct parce-que leurs émotions avaient été mises à rude épreuve. Ils avaient de nouveau atteint la ruelle de leur point de départ, les pensées encore agitées par tout ce qui leur était arrivé depuis le début de la soirée. Ses yeux restèrent rivés droit devant lui lorsqu'elle lui répondit, se doutant bien qu'elle était aussi choquée que lui. Il avait tenté d'émettre quelques regrets, sans trop de succès, conscient qu'il avait plus que merdé et qu'il n'arriverait certainement pas à arranger les choses avec un "je suis désolé". « Je.. je sais tout ça. » Il hocha la tête à ce qu'elle lui demanda ensuite, se redressant pour remettre le contact et approcher de l'endroit où elle avait garé sa voiture. Il sortit rapidement, la raccompagnant jusque sa portière dans un silence pesant et empreint de toute la peine qu'il ressentait. Il chercha son regard un instant, s'approchant pour déposer un baiser sur sa joue, ne cherchant pas à lui donner des marques d'affection dont elle se passerait sûrement bien ce soir. « Préviens-moi quand t'es rentrée. Et si jamais tu veux me voir dans la semaine, fais-moi signe. » Dit-il, son cœur tambourinant à l'idée qu'elle lui dise qu'elle n'avait plus envie de le voir pour le moment, ce qu'il pourrait comprendre au vue de la situation.

C'était plus difficile qu'il ne l'aurait imaginé. En apparence, ils étaient tous les deux intacts, leurs corps n'ayant pas subi la moindre égratignure, ni la moindre blessure. Mais les apparences semblaient toujours trompeuses parce-que tous les deux étaient loin d'être ressortis parfaitement indemnes de cette soirée. C'était une douleur plus profonde à laquelle Niels était maintenant confronté, un mal invisible et imperceptible d'un point de vue extérieur et qui ne pouvait en aucun cas attirer l'attention. Il avait mal d'avoir tout gâché, mal de ne pas l'avoir écouté depuis le début et surtout mal parce-qu'il était maintenant terrifié à l'idée de la perdre. Il ne pouvait pas la perdre, il ne pourrait jamais le supporter même s'il était pleinement conscient qu'un type comme lui ne la méritait pas. Alors, il acceptait de prendre sur lui, de lui laisser de l'espace pour qu'elle puisse décider ce qu'elle voulait vraiment au fond, si elle le voulait encore. Les cartes étaient entre ses mains, il lui laisserait le temps qu'il faut pour la laisser souffler et se remettre de cette nuit chargée en émotions. Il s'était approché d'elle d'un pas encore hésitant, se faisant violence pour ne pas l'embrasser comme il aurait aimé le faire, se contentant d'un geste plus doux, plus simple, qui ne risquerait pas d’embrumer les pensées d'Aelya. Il hocha la tête silencieusement à ce qu'elle lui répondit, lui faisant comprendre qu'il acceptait l'idée qu'ils soient maintenant une équipe. Son cœur s'emballa lorsqu'il sentit sa main contre sa joue, ne pouvant s'empêcher de la recouvrir de la sienne, s'en emparant finalement pour y déposer un baiser. « Ça ira. Fais attention à toi. » Ajouta-t-il, à son tour, balayant l'attention qui était portée sur lui pour la retourner sur elle. Il baissa les yeux à ses mots, un sourire étirant faiblement ses lèvres avant qu'il ne décide de la regarder à nouveau. « Surtout dangereux. J'aurais pu le tuer pour toi. » Avoua-t-il, se remémorant la scène qui lui vaudrait certainement quelques heures d'insomnie. Il attrapa la portière de ses deux mains lorsqu'elle finit par s'engouffrer dans sa voiture, la refermant derrière elle avant de lui offrir un sourire qui se voulait rassurant mais qui ne traduisait que la tristesse qu'il éprouvait à cet instant. La nuit serait longue pour lui, sans elle, sans la chaleur réconfortante de son corps et sans son affection dont il était en vérité dépendant. Il n'allait pas rentrer maintenant, son esprit étant terrifié à l'idée de dormir et de se repasser cette soirée en boucle. Il avait besoin d'air, de sentir qu'il n'était pas totalement en train de perdre pied, et surtout il voulait essayer de penser à autre chose qu'au fait qu'il était en train de perdre celle qu'il aimait.