Whenever you need me, I'll be there to protect you (Donovan)

Il y a quelques années de ça, Donovan apportait une grande importance à ce que les autres pouvaient penser de sa personne. Puis, il y a eu la perte de sa femme, et l'allemand est devenu une toute autre personne, se fichait éperdument de leur avis et de tout ce qui l'entourait. Il n'avait plus qu'une mission en tête : venger sa femme. Il aurait pu y parvenir aujourd'hui, mais alors qu'il avait à portée de main sa vengeance, ses plans avaient été ruinés par ces mêmes types qu'il traquait depuis tant d'années. Tout avait volé en éclats, comme sa vie aurait pu l'être si Tahlia n'avait pas été à ses côtés. Ça n'avait pas grande importance à ses yeux, la vie ou la mort, c'était du pareil au même. Pourtant, sa vie était en jeu et c'est en urgences qu'on l'avait conduit à l'hôpital.

Il s'était réveillé quelques heures plus tard, le corps engourdi, l'esprit embrumé par ce qui coulait dans ses veines. Mais avant même qu'il essaye de comprendre ce qu'il pouvait faire là, il rentra dans une colère noire. D'une part parce qu'il en voulait à Tahlia d'avoir appelé les pompiers, d'autre part parce qu'il commençait à sentir l'alcool quitter son corps. Le manque se ressentait et il n'avait jamais tenu sans alcool plus que quelques heures. Ça faisait déjà trop longtemps qu'il n'avait pas bu une goutte. Trop longtemps.

C'est au même moment, pendant qu'il se débattait et arrachait les câbles des perfusions ancrées dans sa peau que Tahlia débarqua dans sa chambre. Alertée par les cris de son supérieur, elle était arrivée, le regarde apeurée soit par le visage de Donovan soit par peur de l'affronter après l'avoir trahi. Quoiqu'il en soit, il était presque sorti de son lit lorsqu'elle s'approcha de lui. Elle semblait épuisée. Vidée. Le visage pâle. Elle était là pour lui. Elle était restée pour lui, pourtant, il venait de lui envoyer une sale remarqué à la figure et la demoiselle ne se laissa pas faire. Laissant ressortir sa colère avec un mélange de fatigue. Sans broncher, le flic l'écouta, sentant un poignard s'enfoncer un peu plus à chacun des mots qui sortait de sa bouche. Chacun de ses mots, il les méritait et il le savait. Pourtant, il n'eut pas vraiment le temps de répliquer parce que ses cris avaient ameuté du personnel en blouse blanche. Seringue à la main, ils se mirent à plusieurs pour le maîtriser et lui injecter le calmant. Il eut juste le temps de planter ses yeux dans ceux de sa collègue avant de basculer dans l'autre monde. On dit parfois qu'un regard vaut milles mots, et bien c'était le cas. Son regard était aussi désolé qu'il pouvait l'être, mais il ne pouvait pas remonter la pente sans l'aide de Tahlia. Si elle le plantait là, il restera à jamais cet homme aigri et insupportable qu'il est devenu. Un ours mal léché comme ses collègues le disait souvent.

HRP:

Sa colère avait explosé. Sa fatigue avait parlé pour elle. Face à Donovan, face à sa mauvaise foi, elle n'avait pas eu d'autres choix que de lui balancer ses quatre vérités à la figure. Au commissariat, il y en avait peu qui osait dire ce qu'ils pensaient réellement de Donovan. Tahlia, elle, avait toujours été sincère avec lui. Elle avait parfois arrondi les angles, elle avait parfois cherché ses mots pour ne pas le brusquer. Et quelquefois, elle avait été plus rude. Mais de telles paroles, elle ne les avait jamais eu auprès de lui. Jamais elle ne l'avait traité d'égoïste, jamais elle n'avait montré qu'elle était là, elle aussi, et qu'elle souffrait de le voir se détruire. Il la mettait dans le rang des personnes qui n'en avaient rien à faire de lui, mais il se trompait sur toute la ligne. Tahlia avait toujours été présente. Elle avait été là pour lui remettre sa gourde alors qu'il avait été violent envers elle, elle avait été là pour le couvrir, pour ne pas que ses soucis d'alcool soient divulgués auprès des supérieurs. Et aujourd'hui, elle avait été là pour lui sauver la mise, pour ne pas que la mort l'emporte bien trop tôt. Et il osait dire qu'elle avait tout gagné dans l'histoire. C'était trop pour notre brunette, qui lâcha son laïus, avec un regard noir. Etrangement, Donovan ne rétorqua rien. Il la regardait, en encaissant chacun de ses mots. Et d'ailleurs, on ne lui donna pas l'opportunité de répondre. Face aux cris de Chamberlain, l'équipe médicale s'était rendue en courant dans la chambre. Ils administrèrent un calmant à Donovan, qui l'envoya rapidement dans les bras de Morphée. Mais elle avait eu le temps de voir ce regard, ce regard qu'il ne dédiait qu'à elle dans cette pièce. Un regard désolé, bien plus parlant que n'importe quel discours. Ils ne savaient pas communiquer avec les mots ces deux-là, mais leurs gestes, quant à eux, valaient bien plus que des phrases toutes faites. Mais c'était trop tard. Alors que Donovan tombait dans un profond sommeil, Tahlia, elle, tourna les talons, frottant ses yeux humides avec la paume de sa main et quitta l'hôpital, vidée et dépitée. Attristée.


Les jours suivants, au commissariat, ne furent pas des plus joyeux. Bellanger avait eu vent de l'absence de Donovan, de sa virée à l'hôpital. Il avait tenté d'en savoir plus auprès de Tahlia parce qu'il savait qu'elle était celle avec qui Donovan avait le plus d'atomes crochus, mais la brune rétorqua, en bougonnant : « Il faudra voir avec lui. » Bellanger n'insista pas, sachant que Wates était d'humeur exécrable ces derniers jours. Mais au cours de la journée, son supérieur finit par lâcher une information capitale à son binôme. Donovan sortait aujourd'hui de l'hôpital. Une information que Tahlia aurait dû mettre de côté, mais chassez le naturel, il revient au galop. Comment allait-il ? S'était-il bien remis de ses soins ? Comment allait-il rentrer chez lui ? Tant de questions qui l'amenèrent à prendre le volant de sa voiture, à la fin de son service et à se rendre à l'hôpital. Peut-être avait-il tout prévu. Peut-être avait-il appelé un taxi, prévu des habits pour sortir à l'extérieur. Mais connaissant Donovan, elle se doutait que c'était le contraire. Dans leur binôme, c'était Tahlia qui pensait aux petits détails. Alors, quand elle sortit de son véhicule, garé devant l'hôpital, la jeune femme sortit ce sac contenant quelques affaires qu'elle avait pris dans la caravane de son collègue. Non, ce n'était pas une effraction. Elle était retournée à la caravane, le lendemain de l'hospitalisation du policier, afin de nettoyer les dégâts faits, prendre quelques affaires et fermer la caravane à clé. Elle savait qu'il n'y avait pas grand chose à prendre, mais elle ne voulait pas que des gamins s'amusent à mettre le lieu de vie de Donovan sens dessus-dessous. La voilà donc avec ce sac, à se rendre dans ce service où elle avait fait nuit blanche la dernière fois, se présentant à l'infirmière qu'elle avait déjà croisé. Elle lui informa que Donovan était avec un médecin, pour la dernière visite avant la sortie et qu'elle devait patienter un peu. Ses yeux verts rivés sur la porte de la chambre de Donovan, Tahlia guetta la sortie du médecin, l'estomac noué. Ce ne fut qu'en voyant le signe de tête de l'infirmière que la jeune femme s'avança jusqu'à la chambre. Restant à l'encadrement de la porte, Tahlia lança doucement : « Salut Donovan. » Avant même qu'il ne réplique ou qu'il ne la foudroie du regard, elle enchaîna, en s'avançant dans la pièce et en posant le sac près de lui : « J'ai appris que tu sortais aujourd'hui. Je me suis dit que tu allais sûrement avoir besoin de quelques affaires. Et d'un chauffeur aussi, éventuellement... »

Pour les personnes connaissant Donovan, ils avaient à peu près tous le même avis concernant le bonhomme. Peu l'appréciaient au commissariat, et hormis Tahlia, il devait bien avouer qu'il n'avait pas vraiment d'équipier à qui il pouvait faire confiance pour sécuriser ses arrières, que ce soit sur le terrain ou même pour la partie un peu moins professionnelle. 


Sous l'effet de la peur, des évènements et de l'avenir incertain qui se dessinait devant lui, le brun était devenu fou. Littéralement fou. Il avait prononcé des mots qu'il avait regretté à son réveil, bien que c'était un peu le flou dans son esprit, mais surtout, des mots qu'il ne pensait pas et qu'il savait totalement faux. Tahlia était loin d'avoir tout gagné dans cette histoire, elle avait perdu une soirée à rester auprès de lui, elle s'était sans doute fait un sang d'encre pour lui, et elle devait assurer son service en tâchant, une nouvelle fois de le couvrir auprès de leur supérieur. Alors oui, elle était loin d'être gagnante dans cette affaire.


Après être devenu incontrôlable, le flic avait simplement senti une piqûre puis plus rien. Seul le visage de Tahlia avant qu'elle ne parte était gravé dans son esprit. Il s'était réveillé dans une pièce inconnue, seul et attaché à son lit. Une fois qu'il s'était calmé, il avait regagné l'hôpital au sein duquel il avait dû rester cloîtrer plusieurs jours. Aujourd'hui était le dernier. En effet, les médecins avaient jugé son état suffisant stable pour une sortie, mais pas encore assez pour reprendre immédiatement le travail. Une semaine d'arrêt supplémentaire à l'issue de laquelle il devra revenir ici afin de constater s'il est apte ou non à retourner sur le terrain.


Donovan avait donc passé une matinée plutôt calme malgré les derniers examens pour sa sortie, et tandis que le médecin lui donnait les derniers conseils avant qu'il ne soit amené à quitter pour de bon cette chambre, Tahlia entra à son tour. Le regard interrogatif, il tenta de sonder la brune pour savoir ce qu'elle faisait là. Mais avant même qu'il n'ai pu dire le moindre mot, comme si elle lisait dans ses pensées, elle s'expliqua sur sa venue. Elle avait apporté des vêtements pour qu'il puisse se changer, chose à laquelle il n'avait pas songé, comme par exemple au moyen qu'il allait utiliser pour rentrer. C'est fou comme à quel point elle le connaissait par coeur, et c'est sans doute pour ça qu'ils finissaient toujours par retourner l'un vers l'autre.


" - Je.. Euh.. Ouais.. Ça pourrait m'être utile en effet.. J'pensais pas que tu viendrais ici après la dernière fois.."

Il ignorait comment, mais la brune arrivait toujours à lui pardonner tout ses écarts, il devait absolument se ressaissir, parce qu'un jour il allait la perdre définitivement à force de jouer autant avec ses nerfs.

Cela lui avait coûté, mais Tahlia n'avait pas rendu visite à Donovan, ni même chercher à avoir de ses nouvelles. Elle savait juste qu'il était hospitalisé pendant quelques jours et qu'il allait sûrement hériter d'un arrêt de travail prolongé. Ça jasait au commissariat, mais Tahlia évitait les ragots. Elle s'était juste énervée quand l'un des collègues avait évoqué, de manière mesquine, qu'il s'était sûrement loupé alors qu'il jouait avec son flingue, évoquant subtilement les tendances suicidaires de Chamberlain. Là, Tahlia avait vu rouge et avait pourri cet homme, sous le regard médusé des autres collègues. Personne ne comprenait pourquoi elle agissait comme cela à cause d'un homme qui s'était mis tout le commissariat à dos. Justement, parce qu'elle était la seule que Donovan ne s'était pas mise à dos. Elle était la seule à voir son caractère de merde comme un vrai mal-être. Elle était la seule dans ce fichu commissariat à ne pas vouloir le voir dans un cercueil. Mais ce qu'il lui avait dit, ce soir-là, c'était la goutte de trop. Cela l'avait blessée, profondément. De toute manière, tout ce qui concernait Donovan la blessait. Elle tenait à lui, s'évertuait à le dire, à le montrer, mais il continuait de la voir comme une ennemie. Et cela faisait mal. Et pourtant, malgré tout, elle était là ce jour-là, devant cette porte qui menait à la chambre de son supérieur. Devant ce collègue qu'elle avait sûrement sauvé – même s'il ne l'avait pas voulu – avec ce sac de vêtements afin qu'il puisse sortir de cet enfer hospitalier. Le regard de Donovan était surpris. Il ne s'attendait sûrement pas à ce qu'elle soit là. Elle aussi avait hésité à venir, à vrai dire. Elle hocha la tête quand il accepta qu'elle le ramène, se rapprochant de lui pour lui tendre le sac d'affaires, dans un geste hésitant. Elle était bien loin la Tahlia qui était toujours sûre d'elle face à lui. Le visage cerné, marqué, c'était surtout un regard attristé qu'elle avait. Elle haussa les épaules en entendant sa dernière phrase, lâchant aussitôt : « Je ne vais pas te mentir, moi non plus, je ne pensais pas venir ici. Mais tu es mon binôme. Et je ne lâche pas mon binôme. » C'était aussi simple que cela. Il était dans la galère ? Elle aussi ! « Mais je ne vais pas te cacher que je t'en veux, Donovan. » Il devait s'en douter. Mais le dire à haute voix, c'était une façon de montrer qu'il n'était pas le seul à être impacté de ses actes. Etrangement, Tahlia n'avait pas dit ces mots avec colère, ou dans le but de l'agresser, de le provoquer. Clairement, elle montrait qu'elle était mal, elle aussi. Et c'était peut-être la première fois qu'elle se dévoilait autant face à lui... et ce, sans avoir de l'alcool dans le sang. Elle ne s'attendait pas à avoir des excuses. Elle voulait juste qu'il comprenne son point de vue.

A force d'agir comme il le faisait, Donovan était conscient qu'il se mettait tout le monde à dos, mais au fond de lui, il s'en fichait pas mal. Personne ne l'avait jamais apprécié, même avant qu'il ne montre son caractère de cochon. Il faut dire que même d'apparence, il ne payait pas de mine. Pourtant, il était aussi conscient que Tahlia avait toujours répondu présente quand il en avait besoin. Et c'est il y a quelques jours, ce soir là, que tout avait basculé.

Durant toute la durée de son hospitalisation, personne n'était venu le voir. Enfin si, Dina avait réussi à obtenir des informations, et elle était venue à son chevet. Mais Tahlia n'avait jamais mis les pieds dans sa chambre à partir du moment où elle l'avait quitté. Ça faisait mal au flic, même s'il ne s'attendait pas vraiment à autre chose après les mots qu'il avait eu à l'égard de son binôme.

" - Pourtant ce n'est pas les occasions qui ont manqué.."

Ce petit séjour à l'hôpital tout comme le fait qu'il est frôlé la mort semblait lui avoir mis du plomb dans la tête. Il semblait avoir pris conscience de ses actes, même si Donovan n'avait pas encore fourni d'excuses.

" - Je sais, et tu as toutes les raisons du monde de m'en vouloir, je ne te le reproche pas." fit-il tandis qu'il fuyait le regard de la brune.

Le quadra s'empara du sac que Tahlia avait préparé pour lui avant de reprendre son discours.

" - Je t'aurai bien dit que j'étais désolé, mais ce n'est pas comme ça que ça répara le mal que j'ai pu te faire avec ces mots qui ont dépassé mes pensées. J'ai toujours voulu en finir, pourtant me retrouver si proche du gouffre, je crois que ça m'a effrayé, mais j'en ai pris conscience que lorsque tu m'as laissé ici.."

En effet, les occasions ne manquaient pas. Tahlia pourrait évoquer les nombreuses fois où elle aurait pu lâcher Donovan. Toutes ces fois où il l'avait envoyé paître au commissariat. La fois où elle avait pris sa gourde et qu'il avait été violent envers elle. La fois où il lui avait lâché des mots durs alors qu'elle revenait à peine au boulot, après son agression. Et ce fameux soir où il estimait qu'elle n'attendait qu'une chose : le voir dans cet hôpital. Mais à côté de cela, il y avait cette soirée au bar où ils s'étaient vus sous un nouveau jour, où ils s'étaient faits comprendre qu'ils étaient là l'un pour l'autre. Il y avait ces fois où ils se montraient sur la même longueur d'onde alors qu'ils étaient sur le terrain. Et il y avait ce soir-là où Donovan l'avait appelé, elle, alors qu'il se vidait de son sang. Tahlia haussa les épaules en rétorquant simplement : « Il faut croire que je suis coriace. Ou déterminée. Ou complètement timbrée.» Avec Chamberlain, il fallait être très coriace, même. Quoiqu'il en soit, le séjour à l'hôpital semblait avoir métamorphosé le policier. Il semblait se rendre compte de ce qu'il avait fait, de ce qu'il avait dit. Alors que Tahlia lui avouait qu'elle lui en voulait, il lui donnait pleinement raison, le regard fuyant. Les sourcils de la jeune femme se froncèrent, surprise par une telle attitude. Elle s'était attendue à ce qu'il lui dise qu'il s'en fichait. Elle s'était attendue à ce qu'il soit provocateur, en restant campé sur ses positions. Mais il n'y avait rien de tout cela. Alors qu'il prit le sac qu'elle lui tendait, Donovan reprit la parole. Les yeux verts de Tahlia se reposèrent sur lui, le sondant, l'observant avec attention alors qu'il continuait ses aveux. Cet homme, en face d'elle, n'avait plus rien de l'homme qu'elle avait laissé quelques jours plus tôt dans cet hôpital. Cet homme colérique, qui lui en voulait de l'avoir amené. Elle se trouvait désormais face à un homme qui se rendait compte de la portée de ses actes. La tête brûlée qu'il était avait eu peur. Peur d'être passé si près du gouffre. Tahlia sentit son cœur se pincer alors qu'il avoua qu'il s'en était rendu compte quand elle l'avait laissé. « Je n'avais pas le choix. » répondit-elle, plus doucement. « Je te l'ai déjà dit, Donovan, tu as encore des tas de choses à faire sur cette Terre. Dommage qu'il ait fallu en arriver là pour que tu te rendes compte. » Mais elle était soulagée. Soulagée de voir qu'il avait pris du recul sur sa situation. « Tu es prêt à avancer, maintenant ? » demanda-t-elle en plongeant son regard dans le sien. Elle avait besoin de l'entendre. De voir s'il était prêt à tourner enfin la page, à vivre sa vie comme il devrait la vivre. Tourné vers l'avenir et non plus vers le passé.

Malgré sa mauvaise foi et son caractère qui laissait sincèrement à désirer, Donovan était conscient qu'il n'avait pas toujours été tendre envers sa coéquipière. Il réfléchissait même à un moment où il l'avait été. Hormis le fameux soir où tous les deux avaient partagés plusieurs verres dans le même bar et que le flic avait tenté de l'embrasser ou même de faire un quelconque rapprochement physique, qui avait lamentablement échoué d'ailleurs. En somme, le quadragénaire avait donné une multitude d'occasions pour que la jeune femme lui mette une gifle ou même, le laisse pour ce qu'il était. Mais elle n'était jamais partie, elle avait toujours fait front à ses côtés, comme si quelque chose la liait à lui d'une manière parfois un peu malsaine. Mais hormis ça, c'était sans doute le meilleur duo de la brigade, ils avaient beau être fois tous les deux, ils obtenaient quand même les meilleurs résultats malgré les méthodes parfois peu orthodoxes. Tahlia avait toujours suivi Donovan dans ses combines, elle l'avait toujours protégé pour ne pas qu'il se fasse lyncher par ses supérieurs, et il l'avait rendu de manière assez peu flatteuse, voire même, totalement stupide. Pourtant, elle était ici. Encore une fois. Il était temps qu'il ouvre les yeux et qu'il ouvre également son coeur à la jeune femme. Et cette fois, sans alcool dans les veines. D'ailleurs, il était surpris de ne pas encore être en manque de ce liquide ambré qu'il descendait quotidiennement en temps normal.

Donovan avait jugé le moment opportun pour se confier à elle. Pour lui dire ce qu'il avait gardé chaque jour depuis qu'elle l'avait laissé dans cet hôpital. Il avait l'impression d'y avoir passé la moitié de sa vie, d'avoir loupé tout un tas de choses, pourtant il tenait à s'excuser de son comportement en lui expliquant que tout ce qui avait parlé à ce moment là, c'était la peur. La peur de mourir. Lui qui pourtant jouait avec la faucheuse à chaque minute de chaque jour qui passait. Mais cette fois-ci, il avait eu peur d'y plonger pleinement. Lui qui avait toujours souhaité la provoquer, il avait failli payer le prix fort. Il avait dû passer par là pour comprendre que ce n'est pas pleinement ce qu'il souhaitait au fin fond de lui. Mais il avait fallu ce déclic pour qu'il en prenne conscience.

" - Je ne sais pas si je suis vraiment prêt, mais je crois que je vais devoir avancer quand même.. J'ai rencontré une femme Tahlia."

Ce n'était sans doute ni le lieu, ni le moment de lui annoncer une telle chose, mais il avait besoin de lui en faire part. De lui dire que c'était grâce à elle qu'il commençait à envisager autre chose que sa vengeance et là mort qui le guettait en permanence. Pour Dina, il avait envie de devenir un homme meilleur, mais les cicatrices qui sont encore ouvertes, l'empêchent parfois d'agir de manière logique et cohérente. Mais il s'est fait la promesse intérieure de se battre pour cette femme, même s'il sait qu'il ne l'a mérite pas. Et qu'elle aurait été mieux avec un homme plus équilibré que lui, mais c'est comme ça, il refuse de la laisser à un autre.

Si vous demandiez à Tahlia pour quelles raisons elle s'accrochait tant à ce lien avec Donovan, il était presque certain qu'elle serait incapable de vous donner une réponse claire. Elle ne savait pas pourquoi elle tenait bon, alors qu'il l'avait rabaissée à de nombreuses reprises. Elle ne pouvait pas expliquer ce qu'il se passait en elle quand elle était à ses côtés. Elle savait juste qu'elle tenait à lui et que cela était suffisant pour encaisser tout le reste. Peut-être qu'elle reconnaissait sa douleur en la sienne aussi, même si cela n'arrangeait pas le cas de la brune et la poussait doucement vers une spirale sans fin, de laquelle elle allait avoir du mal à s'en sortir. Elle n'était pas forte, Tahlia. Elle montrait à tous qu'elle avait les épaules pour encaisser, pour relever certaines personnes, mais ce n'était qu'une apparence. Au fond, elle était brisée. Brisée en mille morceaux. Comme Donovan. A ce jour, c'était lui qui jouait avec le feu. Mais demain, ce sera peut-être elle. Et elle espérait avoir une personne sur qui elle pourrait compter, comme elle avait pu être cette personne auprès de Donovan, même s'il ne s'en rendait pas compte, même s'il la voyait souvent comme une ennemie, une personne de plus qui ne le comprenait pas. Alors qu'elle était sûrement l'une des personnes qui le comprenaient le plus. Quoique...sur ce dernier point, le séjour à l'hôpital semblait avoir changé Donovan. Il semblait avoir pris conscience qu'il était allé loin, trop loin. Et qu'il aurait pu ne jamais avoir de seconde chance. Dommage qu'il ait fallu aller jusqu'à cette limite pour se rendre compte qu'en réalité, il tenait encore à la vie. Il y avait une raison à cela et Donovan lui avoua cela rapidement. Il y avait une femme. Tahlia posa son regard sur lui, le sourcil arqué. Lui qui lui disait quelques jours auparavant qu'il n'était pas prêt à entamer une nouvelle relation semblait avoir pris conscience qu'il avait encore un cœur qui pouvait battre pour une autre femme que Miranda. La brune resta muette, un instant, l'observant avec attention. C'était bête, mais elle n'avait pas envie d'entendre cela maintenant. Pas alors qu'elle était face à lui, complètement brisée. C'était égoïste, certes, mais Tahlia prenait peut-être conscience qu'il fallait qu'elle se protège dans cette histoire. Maintenant qu'il allait de l'avant, maintenant qu'il ouvrait son cœur, Tahlia savait qu'elle allait devoir s'éclipser. Elle avait vécu cette épisode-là bien trop de fois. On savait comment trouver Tahlia quand on avait besoin, mais quand cela allait mieux dans sa propre vie, on laissait vite la brune de côté, avec ses problèmes et ses appels au secours silencieux. Et elle ne voulait pas connaître un abandon de plus. Cela serait trop dur. « J'espère que tu vas aller loin, alors. » répondit-elle, en faisant référence à ce besoin d'avancer. « Je suis contente pour toi. Et pour elle. Parce que même si tu ne me crois pas quand je dis ça, tu es un homme merveilleux, Danno. » ajouta-t-elle, cependant, en posant brièvement son regard sur lui. Puis elle fit demi-tour, avançant jusqu'à la porte d'entrée. « Je te laisse te préparer. Je t'attends en bas. »

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