standing in the light of your halo (andy&lennox)

Lennox esquissa un sourire quand Andreas parla de Roxy. Dans les derniers mois, elle était bien celle à les avoir tenus ensemble, comme une super glue poilue. Quand ils étaient auprès d’elle, impossible qu’ils se disputent, parce qu’elle les faisait rire avec ses comportements et ses grands yeux. « Il serait peut-être temps qu’on lui trouve un ami avec qui passer le temps quand on est absents. » Proposa le notaire. Ils n’étaient plus un jeune couple, parler d’adopter un nouveau chien même deux secondes après une réconciliation n’était pas quelque chose de risqué. Lennox n’avait jamais songé à se séparer d’Andreas, alors pour lui, qu’ils enchaînent les engagements même en temps aussi délicats et difficiles, ce n’était pas anormal. Après tout, ils étaient encore fiancés. Le trentenaire attrapa la main du norvégien quand il la lui tendit, et il passa ses doigts entre les siens, un parfait emboitement qu’ils ne s’étaient pas autorisés à compléter depuis trop longtemps. Ils marchaient avec un peu plus de légèreté, à présent, même s’il y avait encore bien des discussions à avoir. C’était juste un peu moins lourd de savoir qu’à présent, ils avaient une certaine ouverture l’un envers l’autre. Une fois rentrés à la maison, les deux hommes cajolèrent Roxy comme à leur habitude, avant de se diriger vers le salon. Au final, ni l’un ni l’autre n’avait avalé quoi que ce soit au restaurant, mais Lennox avait comme l’impression qu’ils devaient se vider une bonne fois pour tout le cœur avant de pouvoir avaler quoi que ce soit d’autre que leurs mots. L’homme s’assit en premier, et Andreas le rejoignit en se positionnant tout contre lui, son dos contre le torse de Lennox. Il semblait jouer nerveusement avec ses doigts et sa bague, mais sa voix était bien moins tendue qu’à tous les autres essais. Ils étaient sur la bonne voie. Sauf qu’à la question d’Andreas, c’est le notaire qui se tendit légèrement. Le norvégien avait beau dire qu’il ne se vexerait pas, ce n’était pas des révélations faciles d’avoir à confier à son amoureux ce qui l’avait tellement changé ces derniers temps. « C’est des détails, par-ci, par-là, je ne sais pas si je pourrais mettre le doigt exactement sur les moments … » Commença Lennox, la voix un peu tremblante. Il n’était jamais vraiment à l’aise dans ces conversations trop sérieuses, trop anxiogènes. « D’habitude, tu m’envoies un sms dès que tu termines le boulot et dix minutes après, t’es ici. Mais depuis quelques temps les délais sont plus longs, et j’sais pas t’es où exactement. Puis … quand on essaie de se parler, tu croises les bras, tu te fermes, avant même d’avoir entendu ce que j’ai à dire … Et je veux pas que tu prennes ça pour des reproches, j’veux pas te le remettre en plein visage, mais t’as demandé à savoir … Tu sais, maintenant. Parfois je ne te reconnais pas, parce que tu n’as jamais été du genre à te fermer complètement à moi. Pourtant je t’ai senti plus distant que jamais, comme … ailleurs. Je pense que c’est pour ça que j’ai pu avoir des doutes, que j’ai pu penser que t’avais commencé à … à boire, ou j’sais pas. Parce que t’étais plus vraiment là. » Il soupira doucement. Il espérait que ça ne jetterait pas de l’huile sur le feu.   

Il avait proposé ça comme ça, Lennox, bien sûr qu’il le pensait mais il ne s’était pas attendu à ce qu’Andreas soit autant réceptif, aussi rapidement. Ils n’avaient jamais vraiment discuté, entre eux, d’adopter un second chien dans un avenir rapproché. Ça avait toujours été un petit rêve à long terme, mais il fallait l’admettre, le temps passait, et ce futur qu’ils s’imaginaient pour eux deux étaient à leurs portes. « Oui, d’accord. » Accepta Lennox avec un mince sourire, avant de jeter un rapide regard à Andreas, un coup d’œil presque fuyant, parce que même si leurs mains s’enlaçaient, même si leurs cœurs s’ouvraient à nouveau, il fallait avouer que ça avait aussi quelque chose d’un peu intimidant de le retrouver de cette manière. Ils n’avaient pas été aussi proches depuis si longtemps, il avait comme peur qu’en un seul regard, tout s’écroule, tout retombe. Pourtant, ce n’était sans doute pas un échange de regards qu’il devait craindre, Lennox, mais bien les mots qu’ils se diraient en toute franchise maintenant qu’ils étaient installés sur le canapé, prêts à mettre toutes leurs cartes sur table. Et même si la question d’Andreas avait effrayé le notaire, aux premiers abords, ce dernier se décida à se montrer des plus honnêtes. Ça ne servait à rien de mentir et de revenir sur ses propos en lâchant que finalement, le norvégien n’avait pas vraiment changé. Il le lui avait dit au restaurant. À présent, il fallait le justifier. C’était juste logique, et Andy avait le droit d’avoir une vraie réponse. C’est donc ce qu’il fit, en n’énumérant tout de même pas une liste interminable d’exemples. Quelques comportements suffiraient à faire comprendre à l’ambulancier que c’était un peu de tout, et un peu de rien, à la fois. Andreas se redressa alors pour se tourner vers le trentenaire, yeux dans les yeux. Ça avait quelque chose d’intimidant, là encore. Il arriva tout de même à soutenir son regard. Il n’avait pas à avoir peur, après tout, il se trouvait avec la personne en qui il avait le plus confiance en ce monde, malgré les apparences des derniers jours. « Tu sais … Ça ne me dérange pas qu’on ne fasse rien, comme ça, ensemble. Si t’as envie qu’on s’allonge sur le lit, qu’on écoute ce vieux disque ensemble, je serai là, à tes côtés. Pas besoin de parler, pas besoin de faire quoi que ce soit d’autre. Mais si ce sont des moments seuls dont t’as besoin, je comprends aussi. Juste … avertis-moi. Pour pas que je m’imagine un tas de scénarios comme j’ai pu le faire, et qui me conduisent à tout remettre en question … » Avoua-t-il. Et puis, quand Andreas parla de faire des efforts, puisqu’il se faisait plus de mal que de bien, Lennox osa aborder un autre sujet un peu délicat. « Parler à quelqu’un d’autre que moi, ça te ferait du bien ? J’parle évidemment de … de quelqu’un qui s’y connaît là-dedans. Un psy, peut-être … Je pensais jamais proposer ça à qui que ce soit un jour, parce que moi-même j’ai souvent rien voulu entendre de ça, mais … au final, ça peut aider, tu sais. » Lennox était peut-être trop proche d’Andreas, trop impliqué dans sa vie, pour pouvoir être une réelle oreille pour ses problèmes. Parfois, quelqu’un de plus en retrait, quelqu’un de l’extérieur, sans biais, pouvait faire toute la différence.

Lennox eut un mince sourire mais réellement ravi lorsqu’Andreas affirma que son idée lui plaisait, qu’il adorerait faire ça avec lui. Juste s’allonger, collés, la musique comme seule ambiance tout autour d’eux. Ne rien dire. Mieux encore, ne rien penser. Se vider l’esprit, complètement, se laisser transporter, et peut-être, bientôt : guérir. Ça lui semblait déjà plus sain de le faire à deux plutôt que dans la voiture, à fixer le vide. Dans le pire des cas, si Andreas craquait, alors Lennox serait au moins là. Juste à côté de lui, à le soutenir. Cette situation l’apaisait bien plus que de le savoir complètement seul, dans sa tête et dans son environnement. Malgré ce compromis qui ne ferait pas tout de suite des miracles, Lennox pensa aussi à l’option de consulter un psychologue. Lui-même n’avait jamais accepté de le faire, jamais volontairement en tout cas. On l’avait forcé, après chacune de ses tentatives de mettre fin à ses jours. Si au départ il avait gardé le silence pendant les soixante minutes de chaque séance, au fil du temps, il avait appris à s’ouvrir. Sa voix tremblante à l’idée de parler de lui-même était devenue plus fluide, plus assurée. Lennox n’aimerait sans doute jamais parler de ses émotions, mais il avait appris à ne plus refuser catégoriquement de le faire. La thérapie lui aurait au moins apporté cela, et c’était déjà un bien grand pas pour lui. Alors si Andreas pouvait lui aussi voir ne serait-ce que la plus petite différence, le plus petit pas vers l’avant, c’était ça de gagné. « Ils sont en général plutôt doués pour te faire parler. » Il esquissa un sourire. Ça dépendait sûrement des professionnels. Pour le moment toutefois, Andy ne semblait pas être prêt et Lennox ne pouvait que respecter cette volonté. Il en avait voulu à tous ceux qui avaient essayé de le contraindre, alors il ne ferait certainement pas le coup à son homme. Chaque chose en son temps. Le norvégien se replaça un peu plus confortablement dans ses bras, son dos retrouvant son torse. Lennox le serra contre lui quand Andy lui avoua avoir besoin de lui, d’eux, présentement. Il souriait bêtement quand l’ambulancier parlait de ce qui était à venir pour eux. « J’ai hâte à tout ça. Et non, non, je pense que de mon côté je suis prêt à ce qu’on laisse ça derrière nous et qu’on aille enfin de l’avant avec tout ce qu’on a laissé en suspens. » Il caressa doucement l’avant-bras de l’homme. « Mais toi ? Y a-t-il autre chose ? Je sais que j’ai fait des erreurs, moi aussi … » Lennox n’avait jamais prétendu être parfait – bien au contraire.

En proposant à Andreas d’aller consulter un psy, Lennox ne se serait pas attendu à ce que l’homme lui demande de l’accompagner. Ça le prit un peu au dépourvu, mais le temps que le norvégien justifie sa demande, celle-ci avait fait son bout de chemin dans l’esprit du notaire qui arriva ainsi à cacher sa surprise, et, il faut le dire, sa légère panique intérieure. Après tout, si lui-même peinait à s’ouvrir en face à face avec un professionnel qui lui était inconnu, comment réagirait-il en compagnie de son petit ami ? Certes, ce serait surtout orienté vers Andreas, mais s’il en venait à être impliqué, il ne savait pas vraiment comment il s’en sortirait. Mais, après avoir traversé ces derniers mois avec l’ambulancier, il était prêt à tout pour l’aider à s’en sortir. Il n’en avait pas assez fait jusqu’ici. « Bien sûr. Si tu penses que ça peut t’aider, t’encourager à y aller, alors oui. Bien sûr que j’irai avec toi. » Affirma-t-il avec un sourire, caressant la main d’Andreas de son pouce. Maintenant que le sujet « Andreas » était clos, Lennox tenta d’ouvrir son propre dossier, s’il y avait encore quelques trucs à régler à propos de ses réactions, ses agissements, ou quoi que ce soit. Il redressa un regard inquiet vers son amoureux lorsque ce dernier affirma qu’il y avait bien autre chose, mais son corps tout entier se détendit bien assez vite lorsque l’homme vint s’asseoir à califourchon sur lui. Un sourire illumina enfin le visage du trentenaire, depuis bien trop longtemps crispé. Ça faisait du bien de se sentir léger à nouveau, avec rien que le poids du corps de son petit ami pour prouver le contraire. « J’t’aime si fort que je ne manquerai jamais, jamais, d’énergie pour te le montrer. » Il releva le visage d’Andreas vers lui, posant sa main sous son menton, le forçant à le regarder afin qu’il puisse coller ses lèvres contre les siennes. S’il aurait pu se montrer encore un peu distant et attristé, Lennox, en raison de cette journée éprouvante, c’était tout le contraire qui s’opérait en lui alors que ces retrouvailles tellement attendues se présentaient enfin à lui. Il lui avait manqué, Andy, bien plus que de raison.