work hard, dream big (tahlia)

Après quelques messages échangés avec Athéna, les deux cousines décidèrent de se retrouver au Hendrix. La jolie rousse avait, apparemment, tout un tas de choses à lui raconter,mais Tahlia dut attendre la fin de son service pour en savoir davantage. Un rapide tour à l'appartement pour se changer et voilà que la brune se dirigeait jusqu'au bar où Athéna devait sûrement l'attendre. Arrivée sur place, ses yeux verts balayèrent la salle jusqu'à s'arrêter sur sa cousine, vers qui elle s'avança, tout sourire. « Salut ! » lança-t-elle joyeusement. Elle lui fit la bise, avant de s'installer à ses côtés, tirant l'une des lourdes chaises pour s'y asseoir. « Je vais très bien et toi ? » Cela faisait un petit moment que les deux cousines ne s'étaient pas retrouvées, chacune ayant un emploi du temps bien chargé, mais il était temps de remédier à cela. Tahlia posa son regard sur la jeune femme et lui adressa un sourire complice : « Alors, comme ça, tu as plein de choses à me raconter... »

Tahlia arqua un sourcil, le regard interrogateur quand Athena lui affirma qu'elle était mitigée concernant son humeur actuelle. Qui plus est, elle lui avait dit, dans ses messages, qu'elle avait plein de choses à lui dire, ce qui suffisait pour que Tahlia se demande ce qu'il se passait dans la vie de sa cousine. Mais Athena n'instaura pas un grand moment de suspense. Elle lui avoua avoir revu Isaac. « Ah le petit con... » lâcha-t-elle avec légèreté et un sourire pour ne pas que sa cousine prenne mal son appellation. Tahlia ne se mêlait pas des affaires de sa cousine, mais elle l'avait vu attristée à cause du comportement d'Isaac. Il n'en fallait pas plus pour que la brune le voit comme un homme à fuir au plus vite. Mais ce fut la fin de sa phrase qui l'interpella davantage. Concho ? La policière s'apprêtait à répliquer mais une serveuse vint les interrompre. Quand Athena lui demanda ce qu'elle voulait boire, la jeune femme regarda la serveuse et répondit : « Je prendrais une bière aussi, s'il vous plaît. » La serveuse s'éloigna après leur avoir dit qu'elle préparait la commande de suite. Tahlia reporta ses yeux verts sur sa cousine et lui demanda : « Concho ? Qu'est-ce que Concho fait dans l'histoire ? »

Athéna prit bien l'appellation que Tahlia avait donné à Isaac. Peut-être parce que, sur le fond, Tahlia n'avait pas tord. Isaac avait agi comme un petit con avec sa cousine. Et le revoir dans la vie de la jolie rousse n'était pas des plus satisfaisant pour la brune. Mais Athéna savait ce qu'elle faisait, Tahlia n'avait pas son mot à dire, elle avait juste à accepter les décisions de sa cousine. Sa dispute avec Harmonie affectait suffisamment Tahlia, inutile de se mettre aussi Athéna à dos. Alors quand elle lui avoua qu'elle avait compris le pourquoi du comment avec Isaac, Tahlia se permit de questionner : « Ah oui ? Il t'a dit quoi ? » Mais la serveuse arriva à ce moment-là pour les interrompre. Tahlia ne perdait pas l'idée de lui parler de Concho. Concho qui arrivait étrangement dans toute cette histoire et qui semblait complétement bouleversé sa cousine. Elle écouta attentivement Athena, un léger sourire aux lèvres, haussant les sourcils en apprenant que son colocataire et sa cousine s'étaient embrassés. Eh ben, il ne perdait pas de temps le cochon ! Tahlia se doutait que son histoire avec Zelda s'essoufflait. Voilà qu'une jolie rousse arrivait et le tour était joué. Il ne perdait décidément pas la main. « Tu ne peux pas, mais tu ne peux pas t'empêcher de parler de lui quand même... » se permit-elle de dire, un sourire aux lèvres. La serveuse arriva à ce moment-là, en apportant les deux bières. Tahlia la remercia et prit une gorgée de sa boisson. « Je ne suis pas la mieux placée pour te dire quoique ce soit, mais on sait tous que quand il y a plusieurs hommes dans l'histoire, ça peut vite tourner au vinaigre. »Et elle ne voulait pas que sa cousine se prenne un mur dans cette histoire. « Tu crois que ça vaut toujours le coup de ne parler que d'Isaac ? Concho est un homme bien, tu sais. » Inutile de dire que l'on savait pour qui Tahlia penchait dans la balance.

Athéna semblait avoir changer son discours vis-à-vis d'Isaac. Tahlia craignait qu'il n'ait eu que des belles paroles qui feraient plonger sa cousine. Certains hommes étaient forts à ce jeu-là, malheureusement. Peut-être que Tahlia voyait le mal partout, peut-être qu'elle n'acceptait pas qu'Isaac puisse réellement regretter son geste, mais il fallait dire qu'elle avait vu Athéna au plus bas. C'était par instinct de protection qu'elle faisait cela. Alors, elle resta mesurée quand la jolie rousse lui avoua ce qu'avait dit Isaac. Avoir peur et faire souffrir l'autre, c'était la solution de facilité. « Il a de la chance d'avoir une opportunité de se rattraper. J'espère qu'il s'en rend compte. » souffla-t-elle en haussant les épaules. Et comme si la situation n'était pas compliquée, Athéna avait rajouté Concho dans l'équation. Sa cousine était perdue. Perdue entre ses sentiments pour Isaac et l'attirance inattendue qu'elle éprouvait pour Concho. Elle regrettait d'avoir embrassé Concho. Pire encore, elle faisait la morte pour éviter d'avoir à dire cela. « Si tu veux vraiment un conseil, Athéna. Ne fais pas la morte. Dis-lui clairement  ce que tu me dis là, que tu le regrettes. Certes, ça pourrait lui faire du mal sur le coup mais c'était toujours mieux que l'ignorance. » Au moins ce baiser avait eu le mérite de lui montrer qu'Isaac était toujours là, quelque part dans son cœur. Tahlia, au fond, le savait, mais Athéna en avait eu la preuve aujourd'hui. Dommage que ce soit Concho qui soit à l'origine de cette révélation. Lui qui était un homme si adorable.  Elle regarda sa cousine boire sa boisson, complètement paniquée. Mais ce fut ses paroles qui arrachèrent un sourire à Tahlia. « Tu te demandes vraiment pourquoi Isaac est le seul auquel tu penses ? Tu es amoureuse, Athéna. Elle est là ta réponse. » Elle était là, la belle galère. Et c'était bien là que Tahlia était mauvaise en conseil. Elle était tombée peu de fois amoureuse dans sa vie et les quelques fois, elle était tombée de haut. « Fais juste attention à toi dans cette histoire. Pense à te protéger avant tout. C'est tout ce que je peux te dire. Et si vraiment, tu estimes que Isaac est le bon, alors fonce. Vis ton histoire. » Même si elle ne l'approuvait pas. Pas tant que Tahlia aura dit deux-trois mots à Isaac.

Apparemment, Isaac avait bien compris le fait qu'il ait une deuxième chance. La seule et unique chance d'après Athéna, dont les paroles firent sourire Tahlia. « J'aime bien quand tu dis ça ! » Elle restait lucide malgré ses sentiments. Enfin, Tahlia espérait qu'elle ne disait pas cela dans le seul but de la convaincre. Elle espérait vraiment qu'Athéna ne se laisse pas faire si Isaac venait à fauter une deuxième fois. Mais avant d'envisager une telle issue, il fallait aussi que la jolie rousse fasse table rase dans sa vie. Si elle voulait rester auprès d'Isaac, il ne fallait pas qu'elle joue sur deux tableaux. Surtout quand le deuxième tableau concernait le colocataire de Tahlia. Et on savait que Tahlia tenait à Concho. Alors, même si Athéna était sa cousine, elle n'avait pas envie de prendre parti. Elle lui conseilla de lui dire clairement ce qu'elle avait sur le cœur. Concho était solide, bel homme, intéressant et drôle. Tahlia ne se faisait pas de souci pour l'avenir amoureux de son colocataire. « Plus tu retardes l'échéance, plus tu prends le risque de le faire souffrir, Athéna. » murmura-t-elle avec douceur. Alors quand sa cousine annonça qu'elle enverrait le texto pour qu'ils se voient, Tahlia lui adressa un sourire : « Je pense que c'est le mieux à faire. » Elle but une gorgée de sa bière, retenant un sourire en voyant Athéna qui était prête à vider la sienne, sûrement sous le coup du stress. Elle comprenait l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait et ce n'était pas étonnant qu'elle panique face à cela. Mais il fallait qu'elle se calme et qu'elle prenne le temps de faire le point. Faire le point sur ses sentiments pour Isaac. Si Athéna réagissait comme cela, c'était tout simple parce qu'elle était amoureuse. Tahlia lui jeta un regard attendri en la voyant rougir et être mal-à-l'aise, ce qui donnait raison aux paroles de la brune. Alors quand Athéna lui demanda si elle devait lui dire, Tahlia se mit à rire : « Moi, je te dirais de ne rien dire, de te faire désirer, de le faire un peu ramer. Mais vu que j'ai fait fuir pas mal d'hommes, je ne pense pas que ce soit le meilleur conseil à prendre. » Elle tentait d'alléger l'atmosphère, d'adoucir cette panique qui rongeait Athéna. « Tu seras la seule à avoir la réponse à cette question. Tu sentiras quand ce sera le moment de lui dire clairement, quand tu ne feras plus de sous-entendus. » Et elle ajouta : « Et si il part à ce moment-là, ça voudra vraiment dire que ce n'était pas l'homme qu'il te fallait.... » Il n'y avait pas plus simple que cela. Athéna resta pensive, la tête abaissée. « Tu es sûre que ça va aller ? » Décidément, il n'y avait rien de plus douloureux qu'une abondance de sentiments.

Au moins, Tahlia avait eu le mérite de la faire rire avec ses bêtises. Des bêtises empreintes de vérité, parce que la brune ne mentait pas quand elle disait qu'elle était nulle en conseil amoureux. A chaque fois qu'elle s'était ouverte à un homme, le revers avait été rude. « C'est peut-être mieux, en effet. » répondit-elle, un sourire taquin sur les lèvres. Mais elle hocha la tête quand Athéna dit qu'elle le ferait comme elle le sentait. Peu importe les conseils de son entourage, il n'y avait pas mieux qu'Athéna elle-même pour comprendre ses propres sentiments et les exposer en temps voulu. « Oui, tant pis pour lui. » répéta-t-elle simplement quand elle évoqua un éventuel départ d'Isaac. Athéna était belle, gentille, intelligente. Elle avait tout pour elle. Si ce n'était pas Isaac, ce serait un autre qui la rendrait heureuse. Alors elle espérait que tout allait bien se passer pour elle. « Tu me tiendras au courant. » murmura-t-elle avec douceur. Elle savait où trouver Tahlia si elle avait besoin de se changer les idées. Athéna semblait vouloir changer de sujet de conversation et très vite, elle balança tout un tas de questions pour la brune, ce qui la fit rire. C'était de famille, visiblement. « Avec Carter, ça va. Notre histoire avance à son rythme, et c'est à la fois grisant et... et effrayant. » Grisant, parce que les sentiments entraient en jeu. Et c'était cela qui rendait le tout effrayant. Tahlia avait peur, peur de se donner et d'en payer les pots cassés. Elle avait peur de tout gâcher. Tout gâcher, comme elle l'avait fait sur le plan professionnel. « Par contre, le boulot, c'est un vrai carnage. Je crois que ça sent la fin. » répondit-elle en haussant les épaules.

Tahlia adressa un sourire empreint de douceur à sa cousine, quand cette dernière confirma qu'elle était toujours l'une des premières au courant. Elles avaient un lien particulier, ces deux jeunes femmes. Tahlia avait toujours vu en Athéna la petite sœur qu'elle n'avait jamais eu, alors évidemment qu'elle voulait tout savoir de la vie de la belle jolie rouquine. Et il était normal que la brune fasse quelques confidences, en retour. Il ne fallait pas que ce ne soit qu'Athéna qui ouvre son cœur aujourd'hui. Tahlia aussi devait apprendre à baisser la garde. Parler de Carter pouvait être un bon début. Evidemment, Athéna avait tiqué sur le mot qu'elle avait employé. Effrayant. Oui, c'était effrayant pour Tahlia. Elle se mit cependant à rire quand elle avoua qu'elle n'était pas forcément de bon conseil. Tout comme Tahlia, qui l'avait dit juste avant. « Ce n'est pas moi qui vais te jeter la pierre pour ça. » répondit-elle en riant. Mais elle reprit son sérieux, alors qu'elle répondit à sa question : « C'est effrayant parce que... parce que j'ai peur de m'ouvrir pleinement à lui. J'ai peur de tomber amoureuse... et de me prendre un revers. » Ce n'était même pas Carter le fautif dans l'histoire, c'était elle. C'était elle qui réprimait ses sentiments, par peur de souffrir. Ou de le faire souffrir.  « C'est stupide. Encore plus quand on voit l'homme merveilleux qu'il est. » conclut-elle en soufflant. Stupide, comme ce qu'elle avait fait au boulot. Athéna avait manqué plein de chose, en effet. Mais comme tant d'autres. « T'inquiètes. Tu as ta vie à vivre. » la rassura-t-elle, avant de reprendre. « Je vais sûrement me faire virer. » Elle baissa la voix, comme si elle craignait qu'on ne l'entende. « J'ai fait quelques conneries. Comme... voler quelques preuves. » Elle craignait le regard de sa cousine. Elle craignait qu'on la juge pour ce qu'elle avait fait. Elle, la moralisatrice, la policière qui s'était voulue exemplaire, était finalement aussi pourrie que les personnes qu'elle traquait.