it's dark inside (eirik) - hot

hélios ∞ eirik

« Si je ne te connaissais pas, je penserais que tu me dragues. » Les nombreux compliments qu’il faisait, le fait qu’il propose de dormir ensemble, ces regards qu’il lançait, et puis ce deuxième baiser qu’il avait initié de lui-même. Ca ne dérangeait pas spécialement Eirik, à vrai dire Hélios lui plaisait bien. Mais ils jouaient à un jeu dangereux. Il sentait que le garçon pouvait disparaître à tout moment et lui briser le cœur, qu’ils soient amis ou plus qu’amis. Ce n’était pas un mensonge, quand Eirik appréciait quelqu’un, il pouvait s’accrocher pendant des années sans jamais lâcher l’affaire, et continuer à se torturer en repensant au passé. Peut-être qu’il avait peur de l’instabilité de Hélios, oui. Mais son envie de l’aider était plus forte que le reste alors il préféra même ne rien dire de ça. Toutefois, toute blague à part, il tourna un instant la tête vers Hélios, avec un regard bien plus triste qu’à l’accoutumé. « S’il te plait, non… T’as pas intérêt à faire ça. » Il le suppliait presque.
Hélios semblait presque l’idéaliser. Eirik, lui, il se détestait. Ses démons n’étaient peut-être pas autant visibles que ceux de son ami, peut-être qu’il en parlait moins aussi, mais ils régissaient tout autant sa vie. Il s’allongea de tout son long sur le lit et ferma les yeux quelques secondes, soudainement attristé. Comme si l’image de Hélios qui fuyait ne voulait plus s’enlever de sa tête. Fallait-il vraiment s’attacher ? Prendre le risque ? « Moins que t’as l’air de le croire. Mais… c’est gentil. Toi aussi t’en as plein Hélios. »

hélios ∞ eirik

« Ca changerait tout. » avoua très honnêtement Eirik. « Si tu me dragues, alors je vais te draguer aussi et là tu seras obligé de me sauter dessus, tu vois. » Il n’arrivait pas à être totalement sérieux. Il avait peur que, s’il l’était trop, alors les choses ne dérapent. Et il ne voulait pas. Pas tant qu’il avait de la drogue dans le sang. Il rajouta tout de même : « Ca changerait tout parce que ça me donnerait des faux espoirs. Et que je me mettrais à te draguer aussi, pour de vrai. » Peut-être que ça ne serait pas de faux espoirs. Mais c’était trop tôt pour le dire. De toute façon Eirik était un très mauvais dragueur. « Bah moi j’ai envie de creuser. Déjà, t’as plein de chiens chez toi. C’est une grande qualité ! Ca donne envie de venir faire des caresses. Euh… aux chiens, hein. » Acte manqué pour un gars qui venait à peine de parler de drague. « T’es gentil aussi. Pour aimer les animaux, il faut être gentil. Et pour le reste, j’ai hâte de découvrir. » Hélios avait aussi l’air bon dragueur mais pouvait-on vraiment le mettre dans les qualités ?

Hélios sembla remarquer sa tristesse. Eirik fit la moue. Il finit par se redresser pour s’asseoir en tailleur face au garçon. Une moue boudeuse sur le visage. « T’es un garçon à qui je pourrais vraiment m’attacher, Hélios. Et au lieu de promettre que tu ne partiras pas, tu ne fais que dire que tu n’es pas encore parti. J’comprends, et j’en fais sûrement trop pour un gars que je connais à peine. Tu sais quoi ? On ferait mieux de dormir. »

hélios ∞ eirik

« Bonne nuit… » Il se releva pour aller éteindre la lumière et retira ses vêtements au passage. Enfin, rassurez-vous, il gardait son boxer pour dormir. Pas besoin de rendre la situation encore plus gênante. Il alla ensuite se coucher, se glissant sous les draps en soupirant. Ils s’étaient mal compris. Eirik le savait. Et avant de dormir, il voulait clarifier la situation. « J’attends pas qu’on couche ensemble. Quand j’te demandais de pas me fuir c’était… en tant qu’ami. Le reste, j’’men fiche. » Il pouvait aimer les hommes, ne pas les aimer, peu importait. Eirik ne voulait pas forcément le mettre dans son lit – ce qui était concrètement le cas actuellement puisqu’ils dormaient ensemble. « On s’est mal compris. J’veux pas te brusquer à découvrir ta sexualité. J’m’attache très vite en amitié, c’est tout… » Il soupira, se retournant finalement pour lui faire dos et fermer les yeux. Il n’allait sûrement pas réussir à dormir maintenant.

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« Laisse tomber. » Silence pesant. Eirik avait tout gâché. Il en avait trop dit. Il s’était trop projeté. Quand il se réveillerait demain, Hélios ne serait plus là et ils ne se verraient plus jamais. Et ça, c’était l’histoire de sa vie. Des gens qui venaient chambouler sa vie et qui disparaissaient après sans se soucier des conséquences. Une chance qu’ils ne soient pas plus proches, hein ? Au lieu de se morfondre pendant quelques années, ça ne durerait que quelques semaines ou mois. Mieux que rien.
Il n’arriva pas à s’endormir. Il se sentait… déprimé. Bah vous savez, la dépression. La sensation qu’il allait finir absolument seul, et qu’il se sentait très seul aussi. Alors sans faire de bruit il finit par se relever pour aller regarder la télévision dans le salon. Il s’allongea sur le canapé et soupira, mettant une émission au hasard. Il avait un peu peur du lendemain. Finalement, il espérait peut-être que Hélios s’en aille. Plus facile. Eviter les conversations gênantes. Il essayait de savoir où il avait merdé, et sûrement qu’au final il lui avait fait plus peur qu’autre chose.

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Eirik avait beaucoup réfléchi cette nuit-là. Il n’en voulait pas vraiment à Hélios, c’était à lui qu’il en voulait. Il s’était finalement endormi assez tard et avait laissé la télévision s’éteindre toute seule. Pour autant, il fut le premier à se lever le lendemain matin. Se sentant assez mal de la veille, pour à peu près tout d’ailleurs, il était allé dans la cuisine pour préparer un petit-déjeuner. Avant ça il s’était assuré sans bruit que Hélios était toujours dans la chambre et était même plutôt surpris que ce soit le cas. Il avait préparé des tartines, du café, plein de bonnes choses pour mettre Hélios à l’aise et aussi s’excuser. Il ne savait pas trop si c’était nécessaire, ou s’il en faisait trop, mais il ne voulait pas que le garçon quitte cet appartement avec une mauvaise image de lui. Et, si c’était possible, préserver leur amitié naissante. Eirik était sincère, il voulait aider Hélios à se connaître, à se découvrir.
Alors qu’il retournait dans le salon pour se poser devant la télé le temps que l’autre garçon se réveille, il croisa Hélios. Difficile de deviner l’état dans lequel il était, difficile de décrypter son visage. Malgré tout, Eirik lui sourit timidement. « Hey. J’ai… préparé le p’tit dej. Est-ce que t’as faim ? »

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Eirik préférait ne pas mentionner le baiser, ni même la fin de soirée. Il s’était un peu emporté parce qu’il avait imaginé le futur. Lui qui s’attachait à Hélios - même amicalement - et Hélios qui finissait par le laisser sans scrupule, sans mot, sans rien. Juste démuni. A chaque fois c’était la même histoire. Le blond se lançait trop vite dans les histoires et se faisait avoir ensuite. Il avait beau se dire à chaque fois qu’il allait faire plus attention, il ne contrôlait pas. Il avait besoin d’être entouré alors il s’attachait, créait quelque chose d’intense dans sa tête, et l’autre ne suivait pas. Ou alors l’autre suivait, s’attachait aussi, et à la moindre erreur d’Eirik, se barrait. Avec Hélios, il était prévenu. Il ne devait pas s’attacher parce qu’il risquait de partir. Mais c’était déjà trop tard, il l’appréciait beaucoup malgré le fait qu’ils ne se connaissent pas énormément. Pour son histoire, pour ses problèmes, pour son amour des chiens.... Un certain feeling quoi. Qui s’était confirmé hier soir avant que ça ne dégénère, ils avaient passé un bon moment malgré tout.
Contre toute attente, ce fut Hélios qui revint sur le sujet et s’excusa. Ca lui faisait plaisir, parce que le blond était du genre à toujours s’excuser et à ne jamais en recevoir, des excuses. Il sourit doucement. « J’suis désolé aussi. J’ai fait trop de plans sur la comète. Je vis assez mal l’abandon… » Parce qu’il l’avait trop connu. Qu’il en était fatigué. Les seules constantes dans sa vie, c’était ses soeurs. Sauf que ses soeurs, bah elles étaient obligées de l’aimer. D’accord, quand il en venait à penser comme ça, c’était qu’il n’allait pas bien du tout. « Réagir à quoi ? On n’a pas couché ensemble… Faut pas te prendre la tête. C’était juste un baiser. Et si ça peut t’empêcher de fuir, on n’est pas obligés de recommencer. Mais juste… Tu sais, être gay de nos jours, c’est beaucoup moins difficile. J’me suis jamais senti trop jugé ici. Pour ça ou autre chose de toute façon… » Il ne cherchait plus à le convaincre. Il lui livrait simplement son ressenti.
Il posa tout ce qu’il y avait à manger sur la table et s’assit sur une chaise, commençant par manger un pancake. « Qu’est-ce qui te fait peur ? » demanda-t-il par curiosité, entre deux bouchées.

hélios ∞ eirik

« Non, ça veut pas forcément dire que t’es gay… » C’était quand même un plutôt bon indicateur, hein. Mais il fallait le dire avec tact. Tact ? Eirik connaissait pas trop ce mot. « Déjà, tu peux être bi. Ou in love de moi, mais ça, tu vois... C’est vachement tôt ! » qu’il avait dit pour rigoler. Il était loin de se douter que ça finirait par arriver... Mais ils n’en étaient pas encore là. « Simplement, si on reprend les choses dans l’ordre, tu m’as dit ne pas être attiré par les femmes. Tu as déjà couché avec des hommes, et crois-moi, un hétéro, même bourré, il va pas répéter l’expérience plusieurs fois. Pis… Le baiser. T’avais pris de la drogue mais... J’ai envie de penser que ça ne t’a pas dégoûté. Ca, c’est les faits. Après les conclusions… A toi de voir. » Il avait failli lui proposer de l’embrasser encore, juste pour que Hélios confirme tout ça. Mais il n’osa pas. C’était trop tôt. La réponse du garçon à sa question lui fit faire une moue enfantine. C’était à la fois tellement mignon et tellement triste. Sans hésiter, il posa une main sur celle de son ami. « Regarde-moi. Tu crois que ta mère serait heureuse que tu sois avec une femme et malheureux, ou avec un homme et le plus heureux du monde ? Pis les enfants, c’est possible quand même, quand on est gay. J’dis pas qu’elle serait pas surprise. Mais tant que toi t’es bien… qu’est-ce qu’elle s’en fout ? Qu’est-ce qu’on s’en fout, tous ? C’est toi qui compte. Pense à toi pour une fois. »

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J’recommencerais sans hésiter. Son coeur se mit à battre plus vite. Eirik baissa les yeux un instant, hésitant sur la chose à faire. C’était un signe ? Une demande pour qu’ils s’embrassent encore ? Il n’en savait rien. Mais il en avait très envie en tout cas. Alors il releva la tête, s’approcha de lui et l’embrassa pour la deuxième fois. Il n’était plus défoncé. Plus aucune drogue pour régir ses pensées ou ses gestes. Et ce qu’il rendit à Eirik, ça n’était toujours pas du dégoût. Le baiser fut doux, léger, très agréable. Eirik finit par se reculer et se mordit la lèvre, un peu gêné d’être aussi entreprenant. C’était pas vraiment son genre en temps normal. Mais en même temps, ce n’était pas Hélios qui risquait de le faire. « T’es peut-être pas gay. Mais je viens pas non plus d’embrasser un hétéro, là… Alors tu en penses ce que tu veux, mais c’était vachement chouette. » Il haussa les épaules, puis lui fit un petit sourire. Finalement il se leva de sa chaise pour leur servir deux cafés, histoire de se remettre les idées en place.