Thèses et hypothèses |ft Pr. Emrys

C’est la dernière ligne droite, l’écriture des derniers mots avant une longue relecture. La fin d’un projet qui dure depuis plusieurs années maintenant : l’écriture d’une thèse. Emrys a lu un nombre incalculable de livres, a rencontré des témoins, est allé sur les lieux. Tel un enquêteur il a voulu fournir la meilleure analyse sur son sujet : la guerre des Malouines dans les relations internationales. De plus, même s’il ne peut pas en parler, son travail dans les services secrets l’a beaucoup aidé pour écrire sa thèse. En effet, il était habitué à traiter de diplomatie et de relations avec d’autres états. Il n’est pas en retard, il suit plutôt bien le planning qu’il a tenté d’établir. Il est assez ordonné, surtout lorsqu’il s’agit de son travail et même s’il travaille beaucoup à jours du rendu, il est dans ses temps. Cela fait plusieurs semaines qu’il reste à la bibliothèque jusqu’à la fermeture afin de pouvoir travailler plus longtemps et être plus concentré. Chez lui il a l’impression d’être moins efficace et il aime l’ambiance studieuse des bibliothèques. Ça le ramène des années en arrière lorsqu’il était étudiant à l’université de Londres, l’une des mieux classées dans son domaine. Observant parfois les alentours, il a remarqué quelques personnes qui, tout comme lui, restaient tard pour travailler. A en juger par leur âge, il estimait qu’il s’agissait d’étudiants révisant pour leurs examens finaux, les mêmes qu’il devait préparer pour ses élèves en parallèle de sa thèse. Heureusement pour lui, l’écriture d’un sujet d’histoire lui prend moins de temps que la correction, qui elle arrivera après son rendu de thèse. Il n’aura pas le temps de souffler mais ce n’est pas grave, il aime son travail et l’histoire a toujours été sa passion. Il releva la tête lorsqu’une jeune femme lui proposa un café qu’elle posa à côté de lui. « Je n’en bois pas mais je peux faire un exception. » Il ne voulait pas être méchant avec elle, il pouvait bien boire un café une fois, elle l’avait payé pour lui, il n’allait pas le jeter. Emrys est un anglais un peu cliché sur certains aspects puisqu’il boit du thé et que pour lui c’est tout aussi efficace que du café. La jeune inconnue lui conseilla de faire des pauses avant de demander à en savoir plus sur son travail. Il pouvait bien s’accorder quelques minutes de pause pour discuter, même si parler à des inconnus n’est pas vraiment dans ses habitudes, loin de là. « Je finis d’écrire ma thèse….en histoire. » dit-il simplement. Ce n’est pas un homme bien bavard. « Si vous voyez mes neurones prendre feu de votre place c’est que vous n’êtes pas assez attentive à votre travail pour votre part. »

Elle ne semblait pas s’attendre à ce que quelqu’un ne puisse pas aimer le café puisque la jeune femme fit une tête très étonnée. Et oui, si la plupart des gens en boivent, ce n’est pas le cas du professeur qui préfère davantage le thé, en bon anglais qu’il est. Il trouve le café trop fort, il n’aime pas son goût. L’avantage avec le thé en plus c’est qu’il existe des mélanges qui permettent de découvrir de nouvelles saveurs tout le temps. Il trouve ça plus compliqué avec le café, pour lui c’est un peu toujours la même chose. Chez lui, Emrys a tout un tiroir où les paquets, sachets et boîtes de thé sont rangées. Enfin rangé, il n’y a plus trop de place à présent pour tout mettre alors tout est un peu empilé pour que le tiroir puisse se refermer. Il n’a été très précis sur son travail et elle lui fait comprendre en lui disant que l’histoire est un sujet bien vague. C’est certain qu’il ne peut pas dire le contraire, étudier l’antiquité n’a rien à voir avec le moyen-âge lui aussi bien différent de l’époque moderne. Il apprécie particulièrement cette dernière ainsi que certaines autres périodes assez précises. Il aime par exemple l’étude de la chasse aux sorcières aux États-Unis, des tactiques militaires de Jules César ou encore l’histoire de la construction monarchique du Royaume-Uni. « Dans ce cas, si vous voulez plus de précisions, mon sujet de thèse est : l’impact de la guerre des Malouines dans les relations internationales de 1982 à nos jours. » Il ne peut pas faire mieux puisqu’il s’agit de son sujet exact de thèse. Il lui a tout de même épargné le sous-titre afin de ne pas trop en rajouter. Alors qu’il lui dit que si elle remarque son attitude c’est qu’elle ne doit pas être très attentive à ses révisions, elle se défend en disant qu’elle connaît déjà les formules par cœur et qu’elle peut s’autoriser un peu de distractions. « Vous n’avez pas à vous justifier. » Il ne compte pas aller la dénoncer à ses professeurs. Elle lui explique ensuite le regarder depuis qu’il vient travailler à la bibliothèque. Il se sent tout d’un coup mal à l’aise que quelqu’un ait pu le remarquer et le regarder pendant tout ce temps. « Oh...je vois. Vos cours doivent être vraiment ennuyeux dans ce cas. Je ne dois pas être la personne la plus intéressante à regarder. » Il passe son temps à écrire sur des feuilles, à prendre des notes sur d’énormes livres, à faire des recherches sur son ordinateur. Autant dire que ce n’est pas très passionnant pour un œil extérieur.