es una guerra de toma y dame (belmo)

Il était loin, Elmo, très loin. Et pas que loin de Bowen mais loin de la réalité aussi, alors qu’avec des amis, avant l’une des représentations du grand spectacle de la journée, il avait pris de l’ecstasy pour laisser les sons, les lumières et les corps se confondre. C’était le mot d’ordre passé sous silence, au festival BIGSOUND de Brisbane. Dans le regard des autres on y lisait l’abandon et le bonheur à l’état pur. C’était ce que le sourire d’Elmo laissait entrevoir, lui aussi, alors qu’il avait les bras levés dans les airs, son corps bougeant au rythme de la musique, dansant à travers toutes ces autres âmes libérées. Il était face à la scène principale au beau milieu de la vallée dans laquelle se déroulait l’événement, il avait la sécheresse à la bouche comme pour imiter son environnement. Le soleil était sur le point de se coucher, ce qui rendait l’expérience encore plus fascinante. Les peaux dorées semblaient donner une lueur de magnificence à tous les festivaliers. Mais les effets de la drogue s’estompaient de plus en plus, parce que les heures défilaient sans prévenir. Elmo ne cessait pour autant de s’extasier face à tout ce qui l’entourait. Comme si son corps, même sans les effets des pilules magiques, s’était habitué au magnétisme du monde. Il ne connaissait aucune des chansons jouées sur scène, mais il s’époumonait quand même en inventant des paroles sans doute. Puis, ses jambes cessèrent de le transporter d’un côté à l’autre, ses bras retombèrent le long de son corps, mais son sourire resta bien en place, comme figé dans le temps, figé sur elle. À travers la foule, il avait reconnu d’abord sa silhouette, puis avait eu confirmation de son visage à travers ses mèches qui volaient devant son visage à chaque mouvement de danse. Elmo contempla Bella, immobile parmi le mouvement trop rapide du reste du monde. À 1140 km de Bowen, elle était là, elle aussi, et lui aussi. Ils étaient là. À quelques mètres l’un de l’autre sur le site de festival qui comptait plusieurs scènes. Il en vint même jusqu’à se demander si elle n’était pas une hallucination, Bella. Un effet secondaire tardif de ce qu’il avait ingéré il y avait plusieurs heures de cela maintenant. Si elle était un mirage, alors elle était le plus beau des mirages. Et quand son regard se posa sur le sien à son tour, et qu’il sentit son corps s’électrifier tout d’un coup, comme une deuxième dose d’ecstasy, Elmo eut la confirmation que ce n’était pas que son esprit qui lui jouait des tours. C’était son cœur.

​Brisbane, 12 heures de route de Bowen, tout ça pour un festival de musique auquel Bella assistait finalement seule, ses amies ayant toutes lâchées, les unes après les autres, la brune pour des raisons propres à elles. Bella ne se laissa pas arrêter par la solitude, ayant envie de profiter du BigSound, elle qui y pensait depuis le début de l'été. Elle troqua sa voiture pour le train, 12 heures sans arrêt, seule, c'était un peu plus que sa limite lui permettait de conduire, sac à dos en guise de valise, livre en main - qu'elle ne prit pas la peine d'ouvrir finalement, bien trop absorbée par le paysage qui défilait sous ses yeux. Ce weekend serait toute une expérience.
À peine arrivée à la chambre d'hôtel, elle est repartie où l'action se passe vraiment, le site où la musique retentit lourdement, les différentes scènes qui font tourner la tête quand on ne sait pas choisir. C'est pas Coachella, mais presque, c'est le même vibe. Y'a du monde, c'est foule, Bella la sociable s'est trouvé un groupe avec qui se greffer, des solos qui se sont tous trouvés ici, comme elle. La musique était bonne, elle se laissa enivrer par le son, par les danses, son pardessus en crochet qui collait à sa peau et qui cache la petite tenue qui s'y agençait. Un short blanc, une bralette noire, digne d'un festival, le chapeau qui complétait le look. Et elle se retourna, après avoir tournoyé plus d'une fois, le sourire accroché sur ses lèvres comme incapable de faire autrement ici, un peu trop d'alcool dans le sang, elle se retourna sur le seul tourment de ses pensées, le seul à faire accélérer son coeur. Et elle arrêta de danser, figée dans la foule, à le fixer, lui qui la fixait aussi, Elmo, là, à des kilomètres de Bowen. « Bella, ça va ? », lui demandait le garçon qu'elle venait de rencontrer. Mais elle ne le regarda pas. Elle fixait Elmo. Hey, Satavenere, cria-t-elle, me suivrais-tu, par hasard ? Elle riait, légère, sans une once de reproche. Non, au contraire, cette surprise lui était agréable, elle qui avait peur de ne pas le revoir avant qu'il ait finalement pris une décision.

Deux âmes perdues au beau milieu d’une foule, qui avaient pensé avoir retrouvé un sens à cette vie de fou l’espace de quelques heures, la tête dans les nuages électrisants du festival. Deux corps complètement immobiles, le temps en suspens mais pour eux deux seulement, le reste du monde continuant à tourner tout autour, à virevolter, les bras dans les airs et les sourires tournés vers le ciel. Elle avait posé son regard sur lui et lui n’avait pas flanché, il n’avait pas pris la fuite. Son sourire s’agrandit, et même il éclata de rire, Elmo, en réalisant à quel point le destin faisait parfois drôlement les choses. Il porta ses mains à sa bouche, comme en prière, pour continuer de rire en secouant doucement la tête. C’est Bella qui l’interpella le premier, lui demandant en hurlant à travers le son et la lumière, s’il la suivait. Le corps de l’italien reprit vie tout d’un coup alors que ses pieds allaient un devant l’autre pour le porter jusqu’à elle. À quelques mètres encore, il répondit, en un cri : « De nous deux, c’est pourtant toi la meilleure stalkeuse ! » Façon de lui relancer la balle, de lui mettre l’accusation dessus. Que c’était elle qui le suivait et non pas le contraire. Au fond, ni l’un ni l’autre n’avait cherché cette rencontre aujourd’hui, ni un ni l’un n’avait forcé le bras à la vie. C’était juste une coïncidence, une douce coïncidence qui ouvrit les yeux d’Elmo. Fuir ne servait plus à rien. Bella était toujours remise sur son chemin, par le plus grand des hasards qui n’en avait pas terminé avec eux. Après s’être fait poussé et accroché à quelques reprises en tentant de réduire cette distance entre eux, Elmo arriva enfin à la hauteur de la costaricaine, qu’il put admirer plus facilement maintenant que rien ne se mettait entre eux – du moins, pas physiquement. Et ce qui était invisible, aujourd’hui, ne lui importait que très peu. Son regard descendit sur elle pour contempler son outfit of the day digne de la festivalière la plus branchée. Il sourit et passa une main dans sa barbe négligée dans les derniers jours, les sensations de picotement dans sa main lui rappelant que les effets de la drogue étaient encore présents dans son système. Ça expliquait encore cette légèreté. « Je t’avais bien dit qu’on se reverrait. » Lâcha-t-il avec un sourire au coin des lèvres. « Peu importe où c’est. » Qu’il soit en Italie ou en Australie, Elmo, il aurait toujours Bella près d’elle, au moins dans son cœur.  

Mille-cent-quatre-vingt-cinq kilomètres, sept-cent-trente-six milles qui séparaient Bowen de Brisbane. Douze heures. Sept-cent-vingt minutes. Quarante-trois-mille-deux-cents secondes. Qui aurait pu croire qu'ils s'y retrouveraient, devant la même scène, dans une foule de gens ? Le hasard avait bien fait les choses, les poussant, tous les deux, sur leur chemin, là, l'un devant l'autre, à se fixer alors que les autres continuaient à danser autour d'eux. La musique bourdonnait, mais elle résonnait en écho dans les oreilles de la brune, absorbée par le seul qui pouvait captiver son attention, même si elle se trouvait au festival le plus prisé d'Australie. La terre pouvait exploser, le ciel pouvait s'effondrer, tant qu'elle le voyait, là, son sourire qui se transformait en rire, ses fossettes qui s'emparaient de son visage, toute sa vie allait mieux. Elle éleva la voix, de peur qu'il ne l'entende pas au travers de la musique, pour lui indiquer sa présence, parce qu'ils ne rêvaient pas, Elmo et Bella, ils s'étaient réellement retrouvés, sans l'avoir planifié, au même endroit, au même moment. C'était toute une histoire de timing. Il répondit à sa question, reposant les accusations sur elle. J'passe pas mon temps à regarder désespérément tes localisations, dit-elle, un sourire moqueur aux lèvres, les épaules haussées. C'était à demi-faux. Elle ne passait pas son temps à espionner les faits et gestes d'Elmo, non, mais elle regardait ses réseaux, ça oui. Et assez quotidiennement. Elle savait ce à quoi ressemblait sa vie, ces derniers temps, du moins celle qu'il voulait bien partager avec les internets. Les fêtes, les soirées arrosées, les sorties, elle les avait vues passées. Mais Brisbane, Big Sound, ce weekend, elle n'en avait réellement aucune idée. Et cette surprise lui faisait bien plaisir, à la brune. Ils s'avançaient les deux en direction l'un de l'autre, attirés comme des aimants, encore et toujours, alors qu'ils tenaient de se mettre à nouveau des barrières. Mais, ici, l'attraction était différente. Plus intense. Plus profonde. Il était beau, dans son short, ses cheveux en bataille, ses boucles un peu décoiffés par la chaleur, les danses et les mains passées au travers. Il était beau, oui. Bella craquait. Enfin près de leurs corps, proximité nécessaire pour discuter, dans le creux de leurs oreilles sans s'écorcher la voix, Elmo reluqua la brune, de la tête au pied, posant son regard sur le choix vestimentaire de la belle. Elle sourit en gloussant quand il la scrutait, main dans la barbe, sans dire un mot. Tu me reluques, Santavenere ?, dit-elle dans un élan de confiance. L'alcool, très certainement. C'était tout ce qu'elle avait bu depuis son arrivée sur le site. Pas de coca ou de boissons fraîches. De la bière en fût et un peu de forts, directement de la flasque d'un nouvel ami. Ami qui s'impatientait, au loin, sa nouvelle partenaire de spectacle indisponible depuis trop longtemps. Tu m'avais dit ça, oui, précisa-t-elle, la lèvre inférieure mordillée prise d'une envie de retrouver la chaleur de ses lèvres, clin d'oeil à leur dernier échange, mais aussi très malaisée de la situation. Ils s’étaient quittés sur ce baiser qu’elle avait décrit de pré goobye kiss, mais qui, au fond, n’était qu’un prétexte pour retrouver le goût de ses lèvres. Et qu’est-ce qu’elle goûtait bon, ces lèvres. T'as une passe pour tout le weekend ?, demanda-t-elle en se levant sur la pointe des pieds, non pas pour l'embrasser, cette fois, mais pour lui poser la question dans le creux de son oreille, sans crier. Derrière eux, l'homme à la flasque apparut. « Bella, c'est qui ce mec ? Il t'embête, faut que je le fasse dégager ?», demanda celui dont elle avait déjà oublié le nom. Non. Non, Elmo, il m'embête jamais. Confession qu'elle lui livrait avec un sourire. Sourire qui se crispa quand elle remarqua l'attitude de son interlocuteur. T'es déjà bourré ? Mais ça n'avait pas l'air de ça. T'as pris quoi, t'as l'air d'avoir pas mal plus de plaisir que moi. annonça-t-elle, un sourire en coin. « Si tu veux plus fort, j'ai ce qu'il te faut », lança l'homme qui n'était toujours pas parti.

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Répondant d’abord par un sourire, Bella se défendit en lui criant qu’elle ne passait pas son temps à regarder ses localisations, dans un désespoir sans fin. Elmo rit à cette remarque, sans cesser d’avancer vers elle, attiré comme un aimant. « Encore heureux ! » Lui lança-t-il avec humour. Ils se savaient tous les deux complètement obsédés l’un par l’autre, si ce n’était pas le cas, leur histoire n’aurait pas fait autant de vagues. Ils en ressentaient encore les répercussions, parfois, alors qu’ils avaient tout fait pour ramener le calme autour d’eux. Leurs efforts seraient à jamais vains, tant qu’ils ne taisaient pas leurs cœurs plutôt que le monde extérieur. Même à travers les rythmes endiablés provenant de la scène, le son décuplé par le nombre de haut-parleurs positionnés stratégiquement un peu partout sur le site, Elmo aurait pu jurer que c’était son cœur qui offrait la meilleure basse. Il arriva enfin à la hauteur de la costaricaine et oui, sans aucun doute, sans aucune hésitation, il la reluqua. Il ne s’en cachait même pas. « It’s ‘cause you’re like … really hot. » Répondit-il avec peu de classe, peu de romantisme. Il rougit légèrement, en riant, redressant un peu les épaules pour avoir l’air un peu plus droit. « Enfin, je veux dire … tu es très belle là-dedans. » Et pas que là-dedans. S’il le lui retirait, elle n’en serait que plus belle encore. Mais lorsque les pensées d’Elmo se dirigeait vers de telles images, il avait cette impression de perdre le contrôle, et il ne lui en restait déjà que si peu lorsqu’il était face à Bella. Cette dernière lui demanda par la suite s’il avait une passe pour tout le week-end. « Ouais, après tout ce temps de route, aussi bien vivre l’expérience entière. Toi aussi, j’imagine ? » Sans doute pour les mêmes raisons que lui. Douze heures de route, pour trois jours de festivités, c’était énorme. Mais ils étaient toujours prêts à tout, Bella et Elmo, pour s’abandonner à la musique, à l’alcool, à la légèreté des êtres. Ce serait encore mieux s’ils s’abandonnaient à deux. Alors que Bella retrouvait sa position initiale après lui avoir posé la question, un homme de leur âge, un peu plus vieux peut-être, interpella la costaricaine en menaçant Elmo. Ce dernier haussa les sourcils, sur la défensive, mais le regard que lui offrit Bella et sa réponse suffirent à le calmer. Il sourit, bêtement, en la regardant. « Bourré ? Non j’suis pas bourré ! » Répliqua le barista, avant de rire à ce qu’elle ajouta. « J’ai peut-être pris quelques p’tites pilules magiques. » Lui avoua-t-il, avant de lever la tête vers l’homme qui ne partait pas. « Non, on n’a rien besoin de plus maintenant, merci. » Dit-il sèchement, un peu pour lui faire comprendre qu’il était de trop. La jalousie prenait si vite le dessus. « Non mais c’est qui lui ? » Demanda Elmo à Bella, agacé. Et si son état multipliait le bonheur, il accentuait aussi la colère. 

Encore heureux, qu'il lui avait presque beuglé, encore bien trop loin pour lui murmurer à l'oreille les prochains mots, alors que Bella avait précisé qu'elle ne suivait pas tous ses faits et gestes à la minute près. La réalité cachée, c'est qu'elle était complètement folle de lui. C'est qu'elle avait activé les notifications sur son compte instagram pour être certaine de ne pas manquer une publication de sa part. Parce que dans les dernières semaines, c'était bien la seule façon qu'elle s'était trouvée pour regarder son joli visage sans laisser transparaitre tous ses sentiments qui commençaient à se faire difficiles à camoufler. Elle ne commentait pas toujours, plus souvent qu'autrement elle se contentait d'observer silencieuse, d'être une spectatrice anonyme de la vie qu'il choisissait de partager avec tout le reste du monde, se disant que peut-être bien qu'un jour, à elle, il lui partagerait plus. Les jours suivant leur dernière rencontre, elle s'était imaginé un tas de scénarios, notamment quelques-uns qui impliquaient son retour dans la capitale de la mode, où il lui envoyait en privé des photos de sa petite vie, de sa famille, de sa maison, de sa ville, juste pour elle, entre eux deux, pour qu'ils pussent partager quelque chose d'unique ensemble. Malgré la foule qui les séparait, les deux anciens amants réussirent à se frayer un chemin et à se retrouver, face l'un à l'autre, toujours incapables de se lâcher du regard. Seuls les yeux d'Elmo divaguèrent de la cime du chapeau de la Costaricaine jusqu'au bout de ses orteils nus dans ses sandales, ne manquant pas d'épouse ses formes du regard, de s'arrêter sur son nombril visible au travers du crochet et de se délecter de la dorure de sa peau qui ressortait par le contraste clair de ses vêtements. Bella ne manqua pas l'occasion de l'exposer, à la blague, l'accusant de la reluquer. Ce qu'il ne nie pas d'un compliment macho et peu galant qui allèrent dans le même ordre d'idée que le commentaire qu'il eut la dernière fois qu'ils s'étaient vus, quand il avait sous-entendu le corps des femmes. Mais cette fois, Bella ne sembla pas vexée. Au contraire, ses joues rougissaient, secrètement satisfaite qu'il la trouve aussi sexy. L'alcool l'aidait à accepter ce compliment, mais il lui faisait surtout oublier que chaque fois qu'il avait été attiré par elle, Elmo, c'était sous l'effet d'une substance quelconque. Et cet après-midi n'échappait pas à la règle. Il se reprit, la catégorisant de belle plutôt que chaude ce qui décrocha un sourire timide à la brune. Elle aurait pu répondre un simple merci, mais c'était trop simple, trop facile, et entre eux, rien ne l'était. Alors j'suis belle que là-dedans ?, demanda-t-elle faussement sérieuse, le sourire bien trop large sur ses lèvres, créant sur son visage un creux, fossettes qui n'apparaissaient que lorsqu'elle souriait trop avant d'ajouter un : merci, sur le même ton afin qu'il l'entende au travers des gens qui hurlaient les paroles d'une chanson qu'elle n'écoutait même pas, tournoyant sur elle-même pour qu'il l'admire dans toute sa splendeur. Elmo, il était tout son monde à présent. Rien ne pouvait l'en détacher. Rien ni personne. J'ai réussi à m'en trouver une à la dernière minute, précisa l'étudiant quand il lui retourna la question. Au départ, elles n'avaient pris qu'un billet d'une journée. Douze heures de route, roadtrip entre filles, une journée au festival, une autre à visiter Brisbane puis une dernière à se faire chouchouter dans un spa nordique au beau milieu d'un continent où il faisait bien trop chaud, nouvelle expérience de bain tenu à une température extrêmement froide et de bains de vapeur que les filles étaient excitées de tenter. Mais ce weekend idyllique, cette escapade de rêve, elle leur coûtait cher. Et rapidement, ses amies commencèrent à tomber comme des mouches, à laisser tomber la belle pour x ou y raison. Bella n'allait quand même pas visiter Brisbane toute seule. Prise d'un élan d'audace, elle s'était pris une passe pour le weekend, sans réfléchir, sans être accompagnée. Et la voilà, au beau milieu de la foule, accompagnée de la meilleure des façons. Elle allait poursuivre la discussion, lui demander s'il était venu seul ou s'il partageait l'expérience avec des amis, si le trajet s'était bien fait ou même s'il dormait dans le même hôtel qu'elle, mais on vient l'interrompre, supposant qu'Elmo se faisait lourd. Bella confirma à l'homme qui s'était interposé entre eux qu'il n'y avait rien à régler, sans pour autant détacher son regard de celui qui possédait tout son corps, son âme et son coeur. Et la conversation pris une tout autre forme, oubliant les questions qu'elle avait en tête, se concentrant sur la façon dont il avait de se comporter qui était bien loin du Elmo des dernières semaines, à jeun, responsable de ses actions. Il n'était pas bourré, il était drogué. Bella hocha la tête, cachant son irritation. La drogue, elle ne la supportait plus. Plus depuis qu'elle l'avait subie au travers de sa relation avec Milo, elle et toutes ses conséquences sur le comportement et les actions de son ex. Ici, dans ce genre de festival, c'était courant de consommer de l'ecstasy, ou tout autre dérivé. Mais jamais elle n’aurait cru que son Elmo en ait besoin pour se sentir vivant. Je vois, dit-elle à distance, pendant simplement qu'elle, elle s'en passerait. L'homme qui lui avait passé une flasque au début de l'évènement, lui, ne partait pas. Et proposait de leur apporter bien plus fort que l'alcool qu'il lui avait fait goûté. Elmo prit la parole, répondant à la place de la future avocate, aussi froidement qu'il le pouvait. Bella fronça les sourcils. Était-il jaloux ? Non, ça va aller. Dis, je te rejoins plus tard, d'acc ?, lui lança-t-elle alors que c'était tout à fait faux, maintenant qu'elle était tombée sur une tête connue, Bella n'avait plus besoin de son ancien groupe de compagnons. L'homme lança un regard noir à Elmo avant de poser de doux yeux sur la Costaricaine. « Vendu. S'il t'embête, tu me fais signe, ok ? Je veille sur toi, de là-bas », il pointait l'endroit où ils avaient dansé, avant qu'elle ne voit le mirage de sa journée. Elle attendit de le voir partir pour reposer son attention sur Elmo qui laissait la colère parler pour lui. Pourquoi, t'es jaloux ?, demanda-t-elle amusé. J'sais plus. J'suis venue toute seule, j'avais pas d'amis, j'ai rencontré un groupe de gens assez cools, il en faisait partie. Il avait un peu d'alcool, on a partagé, mais il est tellement ennuyant que j'ai oublié son nom. Elle se mit à rire au ridicule de son explication, une main se logea sur le torse d'Elmo pour apaiser sa colère. T'es venu avec qui ? Ce qui lui brûlait surtout les lèvres s'était de savoir qui lui avait refilé de la MDMA.

Elle était joueuse, Bella, bien plus joueuse qu’à l’habitude, et Elmo en comprenait qu’elle non plus ne s’était pas montrée totalement sage depuis son arrivée au festival de Brisbane. Il commençait à la connaître, Bella. Même si les derniers mois avaient pu sembler creuser une distance entre eux, le besoin d’être l’un avec l’autre, les échanges cachés, les déceptions sans fin, avaient su montrer les vraies couleurs de l’un et de l’autre. Et il savait que ces comportements qu’ils adoptaient présentement, ne se réveillaient que lorsque leurs esprits se montraient tout aussi insouciants que leurs cœurs, s’accordant pour un bonheur et une légèreté éphémères. Lui avait avalé une Molly, elle avait bu de l’alcool sous ce chaud soleil tapant. C’était le cocktail parfait pour le danger, ce doux danger qui les guettait depuis le moment où ils avaient cessé de danser à travers cette foule. Pour se regarder. Pour se désirer. « Pas que là-dedans, non. » Affirma Elmo avec un sourire aux lèvres, amusé par le sourire qui fendait le visage de Bella. « T’es belle partout, tout le temps. » Ajouta-t-il, avant qu’elle ne souffle un merci sous le regard enflammé d’Elmo alors qu’elle tournoyait sur elle-même, sa robe blanche transparente suivant le mouvement. Ils discutèrent alors du festival, de leur présence ici et de la durée de leur passage, aussi. « Alors t’as décidé de venir ici sur un coup de tête ? » Devina Elmo. Bella qui calculait toujours tout, c’était assez étonnant de savoir qu’elle avait pris la route à la dernière minute pour se rendre à un festival de musique à l’autre bout de la province. C’était plutôt le genre d’Elmo, de se montrer à ce point impulsif. Mais ça lui allait bien, à Bella. Elle respirait la liberté ; du moins jusqu’à ce l’autre mec se ramène et se montre un peu trop présent entre eux deux. Tout de suite, on sentit la jalousie s’installer, l’animosité et la rivalité entre les deux hommes montant d’un cran. Il marquait un territoire qui ne lui appartenait pas, cet inconnu, et Elmo ne le supportait pas. Il haussa d’ailleurs les sourcils quand la costaricaine lui dit qu’elle le rejoindrait plus tard. La réplique de l’autre mec lui fit lever les yeux au ciel. « C’est bon, t’es pas obligé de veiller sur elle. On se connaît. Sans doute plus que tu la connais, alors c’est bon, merci. » Elmo lui fit un signe de main qui lui signifiait de passer son chemin, de foutre le camp, avant de reposer son regard sur Bella pour lui demander qui était cet imbécile. « Jaloux de ce mec faudrait être désespéré. » Se défendit Elmo dans un rire arrogant. « Et ben maintenant t’es plus toute seule et j’te lâche pas, alors t’auras pas besoin de retourner auprès de ces gens ennuyants. » Il esquissa un sourire, avant d’hausser les épaules à sa question, balayant du regard la foule comme s’il avait vraiment une chance d’y voir ses potes. « Avec les gars du café mais on a tous décidé d’aller à des scènes différentes. » Ils s’étaient plutôt tous perdus, s’abandonnant dans un monde qui n’avait rien de réel, ou plutôt dont le réel était amplifié au point de ne plus sembler l’être.

La légèreté leur allait bien. Mais, tristement, ils ne savaient que l'adopter un peu éméchés. Ils s'en interdisaient les frontières, de cette légèreté, parce qu'autant elle était belle, autant elle leur allait comme un gant, elle se montrait aussi dangereuse. Bien trop dangereuse. Bella se jouait des compliments d'Elmo, se délectant des rougeurs qui s'étaient emparées du visage de l'amant de ses rêves, souriant à pleine bouche, incapable de faire autrement. Dans cette simplicité, il la rendait heureuse, Bella. Bella, belle partout et tout le temps, qui tournoyait devant les yeux braisés de l'Italien, dansant au rythme de la musique qu'elle n'écoutait pas pour le plaisir de son homme, le rire facile, l'étincelle dans ses yeux. Il leur avait fallu mille-cent-quatre-vingt-cinq kilomètres pou la trouver. Ça et un peu de substances qui affectaient leur jugement. Mille-cent-quatre-vingt-cinq kilomètres, un festival et des plans foireux, aussi. Parce que ce show, cette scène, elle n'était pas sur sa liste, au départ, les amies de Bella souhaitant plutôt voir Khalid se produire dans un espace plus éloigné, et grinder sur les garçons au rythme de better. Sa malchance, ou sa chance, tout dépendait comme on l'interprétait, l'avait conduite à Elmo. Elmo qui supposait donc qu'elle avait fait un coup de tête, qu'elle s'était laissé tenter sans l'avoir organisé. Il avait à demi-raison. À demi-tort aussi. Bella, bien trop emprise du contrôle, elle avait d'abord tout organisé, passant de leur itinéraire de la journée jusqu'à celui de leur weekend complet à Brisbane. Et face aux changements de plans soudains, elle s'était fait à l'idée d'accepter un peu d'improviste dans sa vie, de la laisser se bercer par les peut-être et les on verra bien. Et ce n’était pas si mal, finalement, de laisser place à l'incertitude et au feeling. On peut dire ça comme ça, lance-t-elle, un peu évasive, en haussant les sourcils, son sourire coquin qui ne se cache pas sur son visage, ses yeux qui ne peuvent le lâcher. Ciel qu'il est beau. Bordel qu'il est beau. Son ventre s'affole, parce qu'elle sais qu'il pense la même chose, à son égard. Il le lui a dit. Belle et pas que dans ça. Bella, partout et tout le temps. Et ça lui fait du bien de l'entendre. Ça lui fait du bien de savoir, qu'au fond, il la trouve encore attirante. Sa tête et son esprit ne sont pas assez à jeun pour comprendre que c'est l'état dans lequel il est qui lui fait dire de telles choses. Parce qu'en temps normal, il se serait peut-être plus censuré de peur de lui faire des espoirs, d'entretenir des chances truquées de voir naître en eux bien plus qu'une amitié. C'est ce mec un peu trop collant qui vient briser leur bulle de simplicité, attirés l'un à l'autre comme des aimants, les sourires bien trop vibrants. Gentiment, Bella lui demanda de les laisser, qu'il n'y avait rien à craindre. Elmo ne lui voudrait pas de mal. Elle lui mentit, lui faisant croire qu'elle le retrouverait plus tard. Autant dire que dans cette foule, il était impossible de se retrouver, si on se perdait. À moins de s'appeler Elmo et Bella. Dans ce cas, ils finissaient toujours par se retrouver. Elmo sourcilla avant de regarder le châtain et d'ajouter un commentaire pour le faire déguerpir définitivement, bougeant ses mains comme s'il le chassait. Bella ne put s'empêcher de glousser, une main sur sa bouche pour cacher son amusement, une autre qui attrapait celle d'Elmo qui balayait l'air autour d'eux, tentant de balayer l'inconnu au passage. Elle emprisonna la main du brun, puis captiva son attention du regard, ses doigts dansants avec ceux d'Elmo alors qu'elle lui demandait s'il était jaloux. Alors quoi ?, dit-elle, quand il décréta ne pas l'être. Si ce n'était pas de la jalousie, elle se demandait bien ce qui venait de se passer, entre eux trois. Il semblait défendre son territoire, l'Italien, contre cet homme qui voulait envahir Bella. Sa main qui caressait les doigts de son amant s'était posée contre son torse pour apaiser sa colère, et elle aimait bien croire que ça avait eu l'effet escompté, parce qu'il enchaîna un peu plus calme, toujours une pointe de jalousie dans son discours. Il était là, maintenant. Et il ne la lâchait pas. La brune hocha la tête. Je suis à toi toute la journée. Et tout le weekend, s'il le voulait. Ou s'il le pouvait. Après tout, elle ne savait pas avec qui il s'était rendu ici. Il tenta de chercher ses amis du regard, Bella gloussa. Tu veux qu'on les retrouve ?, demanda-t-elle, maintenant bien trop désintéressée de la scène et des artistes qui s'y produisaient. Ils n'y parviendraient sûrement pas, mais c'était bien de proposer, au moins. Il pourrait toujours les revoir quand ils regagneraient tous leur chambre d'hôtel, le soir venu. C'est cool que tu vives cette expérience avec eux, même si là tu les as un peu perdu. Un nouveau rire. Vous avez au moins pu partager une chambre. Le seul avantage d'être seule dans la mienne, c'est de pas avoir à partager la salle de bain avec trois autres filles le matin. Sous-entendu qu'elle avait une grande chambre à elle seule et qu'Elmo, lui, partageait sûrement la sienne avec une bande de mecs machos, rotant et pétant, qui rentreraient tous très saouls. Voir même plus.

Gâchant ce moment de profonde symbiose, venant rompre l’harmonie soudaine et inespérée entre les deux amants, cet homme était sorti de nulle part, pénétrant une bulle dans laquelle il n’était pas le bienvenu, détruisant un tout petit peu de la magie entre Bella et Elmo. Pour ça, l’italien le fusilla du regard, un regard noir, désapprobateur, qui lui criait de partir, de déguerpir pour ne plus revenir. Loin du monde, loin de Bowen, Elmo avait eu ce sentiment que pour une fois, Bella et lui étaient en paix, une sainte paix, et pourtant cette âme trouble se mêlait de ce qui ne la regardait pas. Lorsque les échanges s’évanouirent, lorsque l’homme eut dit tout ce qu’il avait à dire ou plutôt tout ce que les deux amis lui avaient laissé dire, Elmo le chassa d’une main qui balayait tout sur son passage, tout sauf Bella, parce qu’elle, elle il voulait la garder auprès de lui. Comme si elle était choquée de ce mouvement d’irrespect envers un parfait étranger, Bella s’empara de la main impolie d’Elmo pour en cacher l’outrage. Il laissa sa main suivre le rythme de celui de la costaricaine, leurs mouvements ressemblant à une danse, une légère danse sans but et sans fil. « Alors rien, j’le connais pas et j’avais pas envie de traîner avec lui, c’est tout. » La main de Bella vint se poser sur le torse de l’italien, décharge de sérotonine qui traversa son corps. « C’est avec toi et juste toi que j’ai envie de traîner, là, tu vois ? » Et sur ce, Elmo lui indiqua qu’il était là, avec elle, qu’il ne partirait pas et qu’il ne la laisserait pas partir non plus, en quelque sorte. À moins qu’elle ne veuille réellement s’en aller, ce dont il doutait fortement. Ça se voyait dans leurs yeux, ça se voyait dans leurs sourires et leurs gestes, ça se ressentait jusque dans leurs tripes. Aujourd’hui, tout changeait. Bella demanda à l’homme s’il désirait retrouver ses amis. Il secoua la tête. « Nan. C’est peine perdue. J’préfère profiter pour le moment. » Son corps continuait de danser comme une vague, bercé par le vent, bercé par le rythme. Il replongea son regard dans celui de Bella, qui parlait de cette expérience qu’il pouvait vivre avec ses amis, de la chambre qu’ils partageraient, de celle qu’elle avait pour elle seule. Dans son ventre, vers le bas, tout s’affola. « J’sais pas s’ils prévoient vraiment y dormir de toute façon, ou bien si ça deviendra un lieu d’after-party qui ne se termine jamais vraiment. » Il esquissa un sourire. « J’prévoyais pas vraiment dormir non plus ce week-end. » Leurs mains, toujours enlacées pour deux d’entre elles, cessèrent de bouger le temps qu’Elmo s’approche un peu plus de Bella. « Encore moins maintenant. » Il posa sa main libre sur la hanche de la costaricaine et, dans un doux rappel de cette première nuit d’égarement, il commença à danser avec elle, sous la pluie de confettis qui venaient d’être lancés d’un coup suivant un beat qu’il n’avait même plus suivi.

Bulle brisée, c'était vrai. Magie interrompue. Si ce n'avait pas été de ce garçon qui semblait avoir un oeil sur la brune, Elmo et Bella ne se seraient pas quittés du regard, se mangeant des yeux silencieusement alors que leurs sourires, eux, étaient bien trop grands pour une joie normale. Il n'était pas habituel, leur bonheur. Il résultait de la distance. Parce qu'ici, ils étaient inconnus des autres, les yeux ne se posaient pas sur eux. Ils pouvaient discuter, l'étincelle dans les yeux, sans se soucier qu'on les voit, qu'on les découvre, qu'on dévoile leurs retrouvailles alors, qu'à cet instant, ils ne faisaient rien de mal. Pas vrai ? Ils ne faisaient que discuter. Désir dans les yeux, oui, mais ils n'avaient pas franchi les limites qu'ils s'étaient données. Sauf peut-être lorsqu'elle osa le toucher, attrapant sa main alors qu'il la faisait vaguer dans le vide pour tenter de chasser l'intrus. Là, à cet instant, elle avait dépassé leurs limites, sa main qui s'entrelaçait dans celle d'Elmo, son sourire moqueur qui ne s'échappait pas de ses lèvres. Si elle avait été encore moins consciente de ses gestes et de leurs répercussions, elle l'aurait embrassé. Là, maintenant, même devant cet homme qui venait de partir et de les laisser retrouver leur paix. Parce qu'à ses yeux, même dans cette foulée de gens, il n'y avait que lui. Elle l'avait trouvé parmi tous. Et, maintenant, elle s'y accrochait. La main de la belle migra vers le torse d'Elmo alors qu'il lui disait que c'est d'elle qu'il avait envie sur le ton d'un questionnement qui décrocha un hochement de tête, les yeux plantés dans les siens, son éternel sourire, la lèvre du bas légèrement mordillée. Oui, elle voyait. Ou du moins, elle pensait qu'elle voyait. Et elle, ce n'était que lui qui lui faisait envie. Et plus les scènes de ce festival qui leur avait coûté beaucoup trop cher pour se cacher dans une chambre d'hôtel tout le weekend et profiter l'un l'autre. Profiter de moi ?, demanda la brune à la blague quand il disait vouloir profiter du moment. Ils dansaient, chacun l'un devant l'autre, seuls leurs doigts osaient se toucher. Pour le moment, ça va, tu profites bien ?, renchérit-elle. Puis ils parlèrent de l'expérience et de sa chambre d'hôtel qu'elle ne partageait pas, elle, et sans vraiment s'en rendre compte, elle lui avait lancé une semi-invitation, ou ouvert une porte, bien trop hypnotisé par le contact de sa peau qui faiblissait ses jambes et qui faisait papillonner son ventre. J'imagine bien la scène, ajouta-t-elle quand il se mit à supposer ce à quoi leur chambre d'hôtel pourrait ressembler tout au long du weekend. Y'a toujours la mienne, si jamais tu veux dormir, ajouta-t-elle en lui souriant, mais il ajouta qu'il n'avait pas prévu dormir du weekend. La drogue, parfois, ça avait cet effet. Bella en reconnaissait les effets. Elle hocha la tête. L'invitation est tout de même lancée. Et Elmo s'avança, brisant encore plus la distance entre eux, bien qu'elle était déjà, de prime à bord, réduite. Encore moins maintenant. Sourire sur les lèvres de la Costaricaine, elle sentait tout son corps en osmose frémir à cette simple phrase et à la main de l'Italien qui s'était logée contre sa hanche, lui ramenant des souvenirs de leur seule nuit à deux, commencée exactement de la même façon. Le corps de la brune se colla à celui du barista, sa main à elle rejoignait sa hanche à lui, suivant leurs ondulations, les confettis qui envahissaient l'endroit. Ça aurait été le moment parfait, en fait, pour faire mon goodbye kiss, gloussa-t-elle dans ses oreilles, ses lèvres qui frôlaient la peau de sa joue en voulant remettre ses pieds à plat sur le sol.

Il n’avait pas envie de retrouver ses potes, Elmo. Pas envie de retrouver ce contact avec une réalité bien trop proche de Bowen. Parce que ce faisant, il se souviendrait de toutes les raisons qui les empêchaient d’être ensemble, Bella et lui. Et il n’avait pas envie, pas ce soir, qu’on les lui rappelle. Il préférait laisser ses doutes sombrer dans l’oubli, il préférait que les peurs s’envolent, même si ce n’était que pour quelques heures, même si ce n’était que pour ce week-end en retrait de tout. Il avait tellement eu besoin d’elle, envie d’elle, ces derniers mois, que n’importe quel moment de répit, aussi court était-il, Elmo s’y accrocherait. « De toi. De la musique. Des lumières. De tout ça. Mais surtout de toi. » L’italien sourit, continuant à danser une main toujours prisonnière de celle de Bella. Ils dessinaient de grands cercles avec leurs bras. Des lignes floues, aussi floues que cette relation qui les animait. « J’crois qu’on pourrait profiter un peu mieux encore ! Et toi ? » Lui demanda-t-il quand même. Peut-être qu’elle était au summum de l’exaltation, Bella. Peut-être ne pouvait-elle pas atteindre de plus hauts sommets de contentement. Elmo, lui, avait besoin de la sentir près de lui, contre lui, pour se sentir complet, comblé. Et alors qu’ils parlaient de leur chambre d’hôtel, l’Italien s’autorisa à penser, dans un égarement des plus interdits, qu’il aurait préféré rejoindre la costaricaine dans sa chambre plutôt que de rentrer dormir avec quatre autres hommes. Comme si elle avait lu dans ses pensées, comme si elle avait le même plan que lui, la jeune femme lui proposa sa chambre à elle, l’invitant à y dormir. Dormir. Il ne comptait pas le faire, Elmo, pas plus si c’était aux côtés de la belle. « Et si je n’avais pas envie de dormir, mais que j’avais envie que tu ne dormes pas non plus, avec moi ? » En d’autres mots, il voulait rendre cette nuit des plus blanches mais auprès d’elle, dans ses bras, comptant les heures qu’il leur resterait avant que tout cela ne se termine. Que ce rêve ne prenne fin. Et ces heures, il voudrait les figer dans le temps, Elmo. Pour que plus jamais il n’ait à éteindre ces étoiles qui brillaient dans ses yeux à chaque fois qu’il la voyait. Ces étoiles qui illuminaient présentement son regard. L’italien se rapprocha alors de la brunette et posa une main sur sa hanche, l’autre toujours en train de danser avec les doigts de Bella. Elle en fit de même, rapprochant son bassin du sien, posant sa main sur sa hanche, laissant son corps onduler selon les mêmes vagues que celui d’Elmo. « There won’t be any goodbye kiss. » Déclara l’italien à l’oreille de Bella, penché vers elle, contre elle. Et par là il ne savait même pas ce qu’il voulait dire, parce que son futur était toujours parsemé d’incertitudes, mais il savait une chose : il ne dirait jamais adieu à Bella. « J’ai l’impression que parce qu’on est loin, que parce qu’on est qu’toi et moi, les règles ne s’appliquent plus … Est-ce que c’est mal ? Dis-moi que ça l’est parce que sinon … J’en ai assez d’me retenir. » Lâcha-t-il, sa voix toujours plus haute pour pallier à la musique.

Entre ses lèvres s'échappa le questionnement de retrouver, ou pas, les gens avec qui il était apparu ici. Non pas que la brune le souhaitait réellement. Mais elle, elle vivait l'expérience seule. Elle n'avait personne qui la cherchait, personne qui rentrait avec elle, dans 72h, à Bowen, libre de vaquer comme bon lui semblait, avec qui lui plaisait. En croisant son regard, en attirant le corps d'Elmo vers le sien, peut-être l'avait-elle arraché des bras d'une autre, peut-être l'avait-elle privé de ses amis. Mais il lui confirma que non. Qu'il voulait profiter du moment, là, maintenant, tout de suite. Profiter de la musique, des lumières et d'elle. Surtout d'elle. Cette phrase, cette toute petite phrase, fit vibrer la Costaricaine, son visage qui prenait chaud, se réchauffant par les couleurs de ses sentiments dans les mouvements toujours lents de leurs corps qui dansaient en symbiose, miroir l'un de l'autre, seule leur main qui se touchait. Dans leurs danses, il se risquait à penser qu'ils pouvaient profiter encore mieux, demandant son avis à la brune. Doutait-il de ses envies ? Parce qu'elle en avait toujours rêvé, de ce moment, depuis qu'ils s'étaient goûtés la première fois, elle n'avait cessé de quémander ses lèvres et son corps près d'elle, encore, bien trop vide quand il en était loin. Mais ils s'étaient refusé cet accès, ils s'étaient mis des barrières, interdis leurs ressentiments. Si, seulement, ils se donnaient le droit de les vivre. Les sensations dans son bas ventre se faisaient de plus en plus fortes, suppliant la brune de les assouvir, de contrôler ses pulsions en s'abandonnant à L'italien qui lui faisait tant envie. Mais elle devait quand même faire preuve d'un peu de retenue, Bella. Parce qu'à s'écouter, là, minatenant, elle lui aurait répondu avoir envie de lui. J'crois qu'on ne profite pas assez, effectivement, et qu'il faut résoudre ce problème. Et ils introduisirent leurs chambres d'hôtel, la spéciosité de celle de la brune qui, s'il décidait de ne pas l'accompagner, finirait seule sous ses draps, épuisée d'avoir trop fêté, d'avoir dansé et chanté de trop longues heures, ébréchée par l'alcool qui coulait dans son sang. Mais, Elmo, lui, il n'avait pas prévu ce genre de finalité. Avec ou sans elle, il ne comptait pas dormir. Ses envies, à lui, étaient plus appelantes, plus charnelles, presque animales, la tension sexuelle se faisait déjà ressentir alors qu'ils ne s'étaient même pas touchés. Elmo appuya à nouveau sur son désir de rester éveillé, mais cette fois, il ajouta Bella à l'équation. Lui, elle, sans dormir, dans une chambre d'hôtel juste à eux, il n'y avait pas d'autres finalités, ils ne pouvaient que se perdre l'un à l'autre. Et ça ne lui déplaisait pas, à la brune. Comme si je te laisserais vraiment dormir, de toute façon, conclut-elle, aussi joueuse que lui, alors qu'il attrapait la peau de l'étudiante, la peau de ses mains qui effleurait celle du corps de Bella, au travers de son crochet. Et, instinctivement, leurs corps se scellèrent, comme faits pour se retrouver de cette façon, dans une danse qui leur était propre à eux. Elle était bien, Bella, là, avec lui, dans ses bras qui semblaient la protéger de tout le reste du monde, qui la tenait au chaud et, en même temps, lui donnait chaud. Elle aurait voulu fermer les yeux, arrêter le temps, profiter de cette peau de laquelle elle était accro et ne plus jamais en oublier la sensation, son corps qui s'ondulait contre celui de l'Italien laissant deviner le fond de ses désirs. Il se pencha à son tour vers son oreille, pour répondre à sa dernière affirmation, son corps encore plus collé à celui de la belle. Que voulait-il insinuer, Elmo ? La question ne se posait pas, Bella répondit par un sourire, ses yeux allaient des lèvres de l'homme à ses yeux, avant qu'il ne lui pose la question fatidique. Était-ce mal, ce qu'ils faisaient ? Oui, ce l'était. Mais, incapable de répondre avec raison, Bella secoua la tête lentement, bien plus lentement que le rythme de la musique leur imposait. Non, c'est pas mal. C'était pire que ça. C'était de tomber dans la dépendance, à nouveau, de regoûter à l'envie et de ne plus arriver à s'en départir. Déjà, le baiser qu'elle lui avait volé, la dernière fois qu'ils s'étaient vus, avait été difficile à oublier, que serait-il de cette nuit, s'ils se donnaient le droit de franchir le pas ? Pourquoi tu te retiens ? Elle lui donnait la permission, elle s'offrait à lui, non pas lucide de ce qui se passait, mais avide de sa peau nue contre la sienne. Bella s'arrêta de danser pour mieux le regarder. Mais juste au cas où la lucidité nous reprendrait, commença-t-elle en attrapant fermement la main de son amant pour le weekend, ici, y'a pas de règles.

En profiter davantage, pour Elmo, ce n’était pas de concentrer ses pas sur le rythme de la musique électro, ce n’était pas de tendre l’oreille pour entendre le beat drop, ce n’était pas de s’abandonner un peu plus encore à l’ambiance. C’était de s’abandonner à elle. À Bella. Celle qui avait fait chavirer son monde, celle qui l’avait changé, que ça lui plaise ou non, à Elmo. À cause d’elle, ou grâce à elle, peu importe, l’italien n’était plus le même depuis quelques mois. Ses pensées se dirigeaient constamment sur elle lorsqu’elle n’était pas là et lorsqu’elle y était, son corps tout entier s’enflammait. Et s’il s’était longtemps interdit de jeter de l’huile sur ce feu, parce qu’il risquait trop, parce qu’il avait trop à perdre, aujourd’hui Elmo n’en avait rien à faire des règles. L’insouciance du moment le conduisait à repousser les limites, les barrières, que lui-même avait pourtant imposé à leur passion. Le jeune homme arqua un sourcil lorsque la costaricaine mentionna qu’elle ne le laisserait de toute façon pas dormir. Il était tout aussi joueur qu’elle. « Ah ? Et comment me tiendrais-tu éveillé pendant toutes ces heures, alors ? » Il avait envie de l’entendre lui murmurer tout ce qu’elle lui ferait, tout ce qu’elle voudrait qu’il lui fasse. Il avait envie qu’elle mette des mots sur ses propres désirs et fantasmes, pour ne plus être le seul à laisser ces images l’enivrer. Et surtout, surtout, il avait envie que ces scènes imaginées prennent vie. Qu’elles ne soient plus que de doux mais lointain mirages. Qu’elles fassent partie de leur réalité interdite, le temps de quelques jours de naïveté et d’ivresse. Leurs corps laissaient déjà présager une danse bien plus charnelle alors que la main d’Elmo se posait sur la hanche de Bella, le bout de ses doigts touchant sa peau à travers le vêtement peu couvrant. Leurs courbes s’épousaient comme un casse-tête parfaitement découpé sur le même canevas. Face à cette dynamique à la fois vieille et nouvelle pour eux, Elmo se pencha à l’oreille de Bella pour confirmer leur rébellion des cœurs. « Alors pourquoi j’ai l’impression que ça l’est ? » Tout en n’ayant aucune envie d’arrêter pour autant. Bella lui demanda pourquoi il se retenait. Il haussa les épaules. « C’en est devenu une habitude. » Dès qu’il se retrouvait en présence de Bella, Elmo faisait preuve d’un self-control inégalable, parce que tout son corps se mettait en alerte. Mais les pilules avalées un peu plus tôt avaient bien trop détendu le système de l’homme et il n’avait plus aucune envie de garder le contrôle sur quoi que ce soit. Encore moins sur ce qu’il ressentait. Et ce qu’il ressentait, c’était fort. Bien trop fort pour qu’il puisse y tenir tête. L’italien baissa les yeux vers leurs mains maintenant entrelacées et esquissa un sourire. « Do you want to get out of here ? » Il n’en pouvait plus d’attendre. Ils avaient déjà bien trop attendu.

Comment le tiendrait-elle éveillé, telle était la question qu'Elmo avait lancé à Bella un ton presque sulfureux dans la voix, presque comme un souffle contre la peau de la brune avide de son amant d'un soir, le sourcil arqué comme pour prouver qu'il réfléchissait bien à ce qu'elle allait pouvoir lui dire, un sourire narquois sur ses lèvres d'anges. Il était beau, Elmo, les boucles brunes de ses cheveux en bataille, à semi-décoiffé par les danses et la chaleur qui s'amplifiait alors qu'il était penché au dessus de la Costaricaine, perché pour entendre de quelle douce façon le teindrait-elle les deux yeux ouverts toute une nuit, seuls dans cette chambre d'hôtel qu'elle logeait en solitaire. On a beaucoup de choses à rattraper, tu ne crois pas ?, dit-elle, le même sourire joueur sur ses lèvres. Et à cette phrase, on pouvait y interpréter ce dont on voulait. Au sens propre, elle exprimait les discussions laissées en suspend et celles qu'ils n'avaient pas encore abordées, seuls pour s'y prêter, sans oreilles attentives pour épier leurs opinions. Au sens figuré, on pour entendre tout le désir qu'elle avait pour lui, teinté d'une certaine retenue à son égard, toujours un peu dans ces interdictions qu'ils s'étaient mis dans les pattes. Elle avait envie de lui, c'était incontestable. Elle avait envie de lui. De l'embrasser, au beau milieu de ce par-terre de danse, sans se soucier des autres qui pourraient les voir, de le laisser la hisser sur ses hanches, les mains habiles de l'italien sous les fesses de Bella pour la guider jusqu'à cette chambre où, une fois la porte refermée, plus rien n'importait. Aucune règle, aucune interdiction. Eux. Eux et leurs corps assoiffés qui prenaient d'assaut leur raison. C'était comme ça, qu'elle voulait le tenir éveillé. Cette nuit et bien d'autres nuits. Mais à défaut de lui dire, elle le lui montrait par la danse lascive qu'ils avaient entamé, hanches contre hanches, bassin contre bassin, noués l'un à l'autre comme un aimant et un morceau de fer. Il se pencha vers elle, doutant des derniers aveux de la brune. Parce que l'interdit fait toujours un peu peur ? Elle a une toute petite voix, Bella. Pas parce que elle timide, mais parce qu'elle a osé enfin dire tout haut ce qu'elle pensait tout pas, que ce qu'ils avait fait et ce qu'ils faisaient, là, ce n'était pas mal. Que c'était mal seulement si on l'interdisait. Et, au fond, de vivre leur attraction, était-ce si mal que ça ? Peut-être, parce qu'il y avait Milo dans l'équation. Alors, allaient-ils repousser ces désirs éternellement ? Parce qu'on leur avait dit qu'ils s'oublieraient, qu'ils finiraient par passer à autre chose, mais voilà bien près de quatre mois qu'ils avaient succombé l'un à l'autre pour la toute première fois et depuis, malgré ses tentatives pour l'oublier, Bella avait échoué. C'est une très mauvaise habitude, décréta la brune en précision à la réponse d'Elmo presque penaude. Il ne le pensait pas, lui qui avait toujours été le réfracteur de leurs ébats, lui qui les ramenait à l'ordre. Bella avait attrapé sa main, il baissa les yeux vêts leurs doigts qui dansaient ensemble, incapables d'arrêter de se toucher. Et quand il lui demanda s'il était le temps de partir, même si derrière eux le concert battait son plein, Bella hocha la tête, sa lèvre inférieure qui se mordillait alors qu'elle l'attirait déjà vers la sortie du site. Et quand ils furent enfin assis dans le Uber qui les conduirait jusqu'à leur lieu d'échappatoire, après l'avoir regardé avec une fièvre au travers les yeux, Bella succomba enfin à retrouver le chemin vers les lèvres du brun. Rien ne ressemblait à leur dernier baiser, doux et discret, celui-ci étaient enflammé, sans retenue. Et si elle s'écoutait, elle se ficherait de ce chauffeur qui assistait déjà à tout un spectacle et elle se hisserait à califourchon sur l'homme pour profiter encore plus de ses lèvres. Mais pour l'instant, Bella décoiffait cette chevelure déjà défaite par ses mains qui s'apprêtaient à faire de même avec le reste de son corps.

Il y avait mille et une façons auxquelles Elmo pouvait songer pour ne pas dormir, cette nuit, s’il se retrouvait aux côtés de Bella après des mois à attendre la réconciliation de leurs corps. À l’attendre aussi bien qu’à la repousser. Ce soir, il n’en pouvait plus, de jouer à ce jeu qui ne les menait nulle part, de prétendre être autre chose que ce qu’ils étaient réellement l’un pour l’autre. Ils se voilaient le visage en pensant pouvoir tourner la page aussi facilement. Même dans le silence le plus total, même sans nouvelles pendant des semaines, ils s’appartenaient. Ses pensées convergeaient inévitablement vers Bella et elle avait son cœur entre ses mains. Ça ne servait plus à quoi que ce soit de se mentir, encore moins à des centaines de kilomètres de cette ville qui était devenue sa prison de par son monde trop petit, de par ses liens tissés trop serrés. Ici, ils étaient libres, et Elmo comptait bien s’envoler avec Bella dans l’espoir de ne plus jamais avoir à redescendre sur terre. « Oui, beaucoup … Je ne saurais même pas par où commencer … » Murmura-t-il. Oh, il avait bien sa petite idée. Ses lèvres retrouveraient d’abord celles de la brune avant de redécouvrir chaque parcelle de sa peau. Sa bouche rejoindrait les jambes de l’universitaire qu’il écarterait pour révéler son plaisir, son désir. Mais pas que. Elmo avait aussi envie de rattraper les mots perdus, toutes ces conversations qu’ils auraient pu avoir mais qui avaient plutôt laissé place aux querelles et aux larmes. La nuit s’annonçait longue mais elle serait pourtant si courte pour eux qui auraient tout donné pour l’éterniser. Déjà, l’envie les berçait dans leurs mouvements qui n’avaient plus rien d’innocents. Il pressait le corps de Bella contre le sien, il avait chaud mais la peau enflammée de la costaricaine ne l’incommodait pas, au contraire, il avait l’impression d’être un incendie ravageur qui cherchait à puiser encore plus de forces, de flammes. « L’interdit fait peur mais il m’excite tellement à la fois … » Avoua-t-il, sourire au coin des lèvres, face à la timidité de Bella. Leur relation n’était-elle passionnelle que pour ce goût de l’interdit, justement ? Non, Elmo n’osait pas y croire. Cette affection ne leur appartenait qu’à eux deux et personne d’autre. Ils n’étaient pas que des variables dans une équation, ils étaient l’équation. Ils trouveraient, cette nuit, le moyen de ne plus donner un résultat aussi négatif. Cette nuit, ils changeraient la donne. Alors que Bella lui parla de son habitude à se retenir face à elle, Elmo haussa les épaules avec un rire. Il hocha doucement la tête. « I know. I’m working on it. » Et la preuve, l’italien enleva totalement son pied du frein en invitant Bella à partir, tout de suite. Elle n’hésita pas, elle non plus, et leurs deux corps embrasés trouvèrent leur chemin jusqu’à la sortie du site du festival alors que dans le sens contraire, les gens affluaient encore. La costaricaine donna son adresse au chauffeur de leur Uber, avant que son regard ne se dirige vers celui d’Elmo. Une fraction de seconde. Aucune parole. Une simple lueur de désir qui donna le feu vert à leurs visages qui se rencontrèrent. Rien à faire du regard surpris et irrité du conducteur dans le rétroviseur. Rien à faire de l’inconfort de la banquette arrière de la voiture. Rien à faire de Milo, même si cette pensée serait forcément regrettée plus tard. La voiture s’arrêta devant l’hôtel de Bella, et Elmo paya la course sans trop songer au montant de pourboire qu’il venait de laisser, et il alla ouvrir la portière à la costaricaine de l’autre côté, en parfait gentleman qu’il n’avait jamais pu être pour elle. Il la suivit à l’intérieur sans plus jamais lâcher son corps, sa main glissant même jusqu’à ses fesses alors qu’ils attendaient l’ascenseur.