es una guerra de toma y dame (belmo)

Beaucoup. C'était le nombre de choses qu'ils avaient à rattraper. À commencer par leurs corps qui ne pouvaient plus respirer l'un sans l'autre, corps qui se laissaient guider par cette envie commune, les yeux brillants, les ondulations qui prenaient forme au rythme des rythmes, au même tempo que la batterie qui résonnait dans leurs oreilles. Ils étaient intangibles, imperturbables, dans leurs lascives valses qui tonnaient le ton au reste de leur soirée. À commencer par faire l'amour, oui, par se laisser enivrer par cette envie qui, à présent, était de trop. Mais pas que. Non, pas que. À discuter, sur l'oreiller, tête sur le torse d'Elmo, douces caresses contre leurs peaux, à retrouver cette proximité perdue, à se redécouvrir, intimement et personnellement, l'espace temps d'un weekend, avant de retrouver la réalité. Elle ferait mal. Elle serait brutale. Bella, déjà en miettes, n'en ressortirait peut-être même pas vivante, deuxième blessure au coeur en si peu de temps. Mais, à quoi bon ? Rien ne lui importait plus, à l'instant, que de retrouver la chaleur de ce corps qui lui avait tant manqué. Pas un coeur brisé. Pas une raison. Pas un interdit. S'ils s'y autorisaient, à vivre leur histoire, ne serait-elle pas ennuyeuse ? Y perdrait-il envie ? Parce que l'interdit l'excitait, le consommait, il le lui avoua, Elmo, sourire aux commissures de ses lèvres, Bella qui répondait d'un sourire plus franc, cette fois, l'excitation qui montait en elle également. Elle pourrait tomber pour lui. Complètement. L'aimer à l'infini. Mais, lui, n'était-il pas qu'amoureux de cet interdit ? Parce qu'elle était la seule fille qu'il ne pouvait avoir sur et hors campus ? Et si elle devait accessible, serait-elle moins intéressante, moins excitante ? Au diable les réflexions, Bella fit part à l'italien que son retenu était une bien mauvaise habitude, ce à quoi il répondit à l'affirmative. I like it that way, annonça-t-elle avant d'accepter sans attendre l fuite qu'il lui proposait.
Uber commandé, baisers passionnés, Elmo et Bella n'en avaient rien à faire des autres. Du chauffeur, des voyeurs, de Milo. Non, elle n'y pensait pas une seule seconde, à cet adjuvant qui ralentissait leurs désirs. Pas maintenant. Pas alors que ses lèvres caressaient celles d'Elmo, pas alors que sa langue dansait avec la sienne et que ses mains parcouraient tout ce corps, passant par ses cheveux qu'elle ébouriffait sans scrupule. Pas de baiser d'au revoir, pas d'adieu. Non. Seulement de la passion, de l'envie incontrôlable. La course s'arrêta, Elmo balança quelques billets au chauffeur qui sembla leur pardonner cette route peu bavarde puis s'extirpa du véhicule, laissant quelques instants à la brune pour reprendre sa respiration et replacer les mèches de ses cheveux qui avaient suivi leur échange animal. Doux, il lui ouvrit la portière, Bella lui sourit avant de disparaître dans le hall de l'hôtel, devant cet ascenseur dont l'attente était interminable, impossible de se retenir, encore moins quand l'Italien posa cette main contre les fesses de la belle, attisant le feu qui grandissait déjà et l'excitation qu'elle tentait de contenir jusqu'à sa chambre. Les portes s'ouvrirent devant eux, elle s'y glissant en attirant le brun avec elle, retrouvant ses lèvres, retrouvant ce goût qui lui avait manqué l'instant de quelques secondes. Puis, elle s'attardait à son cou, gloussant, ici et là, mais pas trop longtemps puisque l'ascenseur se stoppa au troisième étage, là où ils devaient descendre. Main dans la main, ils déambulaient dans le couloir, bruyants, riant, insouciants et une fois cette chambre rejointe, une fois l'intimité de la porte refermée, Bella se tourna vers Elmo avec un regard assoiffé, vif de lui. En un geste rapide, sans même lui faire faire le tour de cette chambre qui, au fond, aurait pu être miteuse qu'ils n'en auraient pas eu conscience, elle le poussa sur le grand lit king, enfourchant son amant pour le marteler de baisers, ses mains parcourant son corps, les mains d'Elmo répondant, elles aussi, à ces caresses, tentant de retirer les parcelles de vêtements qui lui bloquait accès à son corps. Et il réussit, d'une part, retirant ce par-dessus en crochet qui lui barrait le chemin, révélant, sous ses yeux, le corps affiné de sa belle dans cette bralette et ce short moulant, les mains de l'homme qui recommencèrent leur course, cette fois sur la peau presque nue de Belle qui respirait vite. Trop vite. Et son coeur qui semblait se serrer. Non. Non, pas maintenant. Pas tout de suite. Et elle arrêta la fougue de leurs échanges. J'peux pas.., murmura-t-elle. J'peux juste pas. Elle secouait la tête, son corps presque nu qui se sentait, maintenant, laid, horrible. Elle ne pouvait pas s'exposer à souffrir à nouveau. On connait l'issue de cette soirée... Et, demain, j'devrai t'oublier. Encore.... Et elle n'en avait plus la force, Bella, de l'oublier. Elle le voulait.

Était-ce effectivement l’interdit qui enflammait autant le corps d’Elmo, à chaque fois que son regard croisait celui de Bella ? À chaque fois que ses yeux déshabillaient la jeune femme au corps qui le faisait rêver, bander ? Était-ce parce qu’elle ne pouvait être sienne qu’il désirait autant la posséder ? Il n’osait croire que tout ce désir s’évanouirait du jour au lendemain, Elmo. Il ne pouvait croire qu’une attirance aussi forte n’était que le produit du danger. Il était téméraire, l’italien, mais pas au point de laisser cette caractéristique de sa personne dicter tout de lui, même ses émotions. Bella, il l’aimait, même s’il n’osait pas se l’avouer à lui-même et donc encore moins à voix haute. Il l’aimait et ce n’était pas l’ennui qui changerait quoi que ce soit à ça. Il avait de toute façon l’impression que l’ennui ne les gagnerait jamais, Bella et lui. Et il avait aussi l’impression que ce ne serait de toute façon pas aussi simple. Qu’ils ne seraient jamais totalement tranquilles. La routine ne s’installerait jamais entre eux parce que l’interdit les guetterait toujours, d’une manière ou d’une autre. Ils étaient des aimants à problèmes, des amants maudits. Malgré tout, aujourd’hui, Bella et Elmo faisaient fi de ces signaux d’alarme qui auraient dû les éloigner, les séparer pour de bon. Au contraire, leurs lèvres s’étaient scellées sur la banquette arrière de ce Uber, et le jeune homme ne comptait pas les délier pour les quarante prochaines heures. Une fois arrivés à l’hôtel, les deux tourtereaux trépignaient sur place, face à ces portes d’ascenseur closes au-dessus desquelles les numéros s’illuminaient les uns après les autres jusqu’à ce que celui du rez-de-chaussée clignote et sonne. Les portes s’ouvrirent et ils s’y engouffrèrent, remerciant la vie d’y être seuls. Bella l’attira contre elle, et lui la poussa vers le mur de métal pour l’embrasser avec toute cette fougue qu’ils n’avaient pas laissée à l’arrière du taxi. Les portes s’ouvrirent sur un couple dans la cinquantaine qui les dévisagèrent au moment où ils reprenaient un peu le contrôle sur eux-mêmes, juste le temps de les saluer d’un hochement de tête amusé. Lorsque le couple pénétra dans l’ascenseur alors qu’eux en sortaient, ils éclatèrent de rire, accélérant le pas dans les couloirs de l’hôtel sans que leurs mains ne se lâchent. Bella passa la carte magnétique dans la fente de la porte de sa chambre et dès la porte refermée, leurs corps se retrouvèrent sur ce grand lit, si grand et pourtant trop petit à la fois pour recevoir leurs ébats. La belle costaricaine l’enfourcha et, maintenant que l’intimité les enveloppait, ils rompirent toute barrière, toute retenue. Les mains d’Elmo parcouraient la peau de sa douce, cherchant à la débarrasser de ce superflu qui l’empêchait de la retrouver pleinement, complètement. Puis, alors que leurs corps presque nus se réclamaient pourtant avec une intensité démesurée, Bella stoppa net. Il fronça les sourcils. « Quoi ? … Pourquoi ? » Il se releva sur ses coudes alors que, toujours sur lui, elle semblait pourtant s’éloigner. Elmo posa ses mains sur les hanches de Bella. Il soupira en entendant la justification de la costaricaine. Et elle avait raison. Mais il en demeurait frustré, Elmo. « Ce qui se passe, là, maintenant, c’est bien la preuve que même si s’y oblige, on ne s’oublie pas, Bella. » Lâcha l’italien en se redressant, la gardant assise sur lui, entourée de ses bras. « Alors peu importe l’issu, peu importe demain, on va pas s’oublier. Tu le sais, je le sais. » Il plongea son regard dans le sien. « I want you, Bella. Don’t do this. » Lui reprochait-il de ne pas vouloir aller plus loin ? C’était ce qu’on pouvait en comprendre. C’était peut-être le cas. Son désir prenait plus de place que sa raison.   

C'était pressant, urgent. Dès que leurs lèvres se retrouvèrent enfin, sans se dire au revoir, sans en dépendre pour la toute dernière fois, mais bien à en renaître, la brûlante passion s'interposant entre eux. Il n'y avait plus de raison, plus de logique, il n'y avait qu'eux. Eux et ces baisers qui ne cessaient de s'enflammer, le vestibule arrière du véhicule s'embaumant presque de leur impatience jusqu'à ce qu'ils cet ascenseur où, encore une fois, attirés par la tentation, ils ne parvinrent pas à se séparer, amants aimants collés l'un à l'autre sans aucune règle de physique pour les éloigner. Les questions du bien et du mal qu'ils avaient effleuré plus tôt n'avaient plus de sens, et bien que les réponses penchaient toujours vers le mal de leurs actions, Elmo et Bella, ils s'en fichaient. Ils en avaient besoin, besoin de se retrouver, besoin de se consommer, besoin de se laisser la chance de se retrouver intimement et bien plus encore. La cloche sonna, avertissant les deux amants pressés que l'ascenseur se posait devant eux, prêt à les recevoir. À peine la porte refermée, à peine leurs lèvres retrouvées dans une course d'à peine quelques étages. Ils n'avaient pu attendre, Bella en manque de son goût tandis que Elmo, lui, la reposait contre le métal pas assez froid de l’appareil contre le dos de la brune pour refroidir ses ardeurs. Jambes molles, coeur qui battait la chamade dans sa cache thoracique, son désir qui montait dans son bas ventre, sensation qui lui chatouillait l'intimité alors qu'il l'embrassait comme personne ne l'avait fait autrefois. Particulier, unique, d'une part par l'interdit, certes, mais il y avait, en effet, bien plus que ça. Bien plus que l'urgence de se trouver dans ces lieux où personne ne les reconnaitrait, où personne ne leur rappellerait qu'ils franchissaient à nouveau les limites du mal, qu'ils étaient, au fond, de bien mauvaises personnes de se laisser tenter par leurs désirs. Bella passa ses mains sous le chandail de l'Italien, caressant de la pulpe de ses doigts la peau du jeune homme qui se hérissait à chaque toucher alors que ses lèvres, elles, tenaient celles de son partenaire en otage, joignant sa langue, sourire collé contre sa bouche, incapable de sentir autre chose que la satisfaction de ce baiser. Nouvelle cloche qui résonna, l'arrivée à leur étage qui s'annonce. Elle l'avait entendu, Bella. Et, pourtant, elle choisissait de l'ignorer, de se concentrer sur ses mains qui caressaient à présent le torse d'Elmo, tout près de la commissure de son pantalon, son corps pressé à celui qui brun sans même remarquer que, derrière eux, un couple très certainement deux ou trois fois leur âge qui prenait place à leurs côtés. Gloussants, ils s'extirpèrent de l'appareil, laissant derrière eux la chaleur de leurs échanges, main dans celle de son amant, guidant leurs pas, riant et se faisant bruyants, pressés, jusqu'à la chambre où leurs lèvres se retrouvèrent à nouveau. Sur le lit, mains baladeuses, vêtements qui volaient avec impatience. Si Elmo s'était permis d'échapper ses envies avec d'autres depuis leur nuit ensemble, Bella, elle, ne s'était abandonnée qu'aux bras d'Axel vers qui elle s'était tournée par pure vengeance. La sensation des doigts bouillants d'Elmo contre sa peau aiguisait ses sens, yeux fermés, respiration haletante. Beaucoup trop haletante. Elle voyait, yeux clos, l'envie, le désir, ce qu'ils s'apprêtaient à faire, le besoin de le sentir en elle pour se sentir vivante. Mais il y avait aussi l'angoisse et la douleur, son coeur qui se serrait à l'idée de partager quarante heures enfermées dans cette chambre avec lui et de devoir s'en séparer sans scrupule, taire ses envies, l'oublier, encore, à nouveau, mettre un énième pansement sur son coeur qui souffrait déjà de l'absence de l'Italien, qui ne s'était jamais réellement remis. Incapable de le regarder dans les yeux, elle baissa le regard alors que toutes ses caresses se stoppèrent et qu'il demandait des explications. Il se redressa, entoura le corps frêle de sa Costaricaine de ses grands bras, elle reposa son front contre le torse de l'homme, yeux fermés alors qu'il tentait de la convaincre. De ses doigts, elle caressait les bras de son amant déchu, le coeur lourd. Je te veux, Elmo..., lâcha-t-elle en écho à ses propres paroles. Damn, I fucking want you. Mais entre le vouloir et le pouvoir, il y avait cette marge qu'elle était, à présent, incapable de passer. Il est bien là, le problème... Bella releva enfin les yeux sur lui, son corps était toujours en manque du sien, elle mordait sa lèvre par envie, parce qu'elle se retenait de succomber à nouveau à la tentation. Qu'est-ce qu'elle l'aimait. On fera comment pour se retenir à Bowen, dis-moi ? Demande-t-elle alors que ses mains passaient des bras de l'Italien à son dos qu'elle effleurait du bout de ses ongles. Elle posa ensuite un baiser contre le cou de l'homme, toute son envie qui transparaissait de cette si simple attention. J'ai envie de toi comme jamais... Mais j'ai pas envie de me contenter que d'ici...

Il aurait préféré ne pas comprendre, Elmo, c’aurait été plus facile de continuer à jouer le con et le borné. Mais il comprenait que trop bien les appréhensions de Bella. S’ils se laissaient à nouveau tomber dans une nuit charnelle et passionnée, ils replongeraient dans ces sentiments. Certes, ils n’en étaient jamais émergés complètement, parce que de cette intimité nouvelle étaient nés des sentiments bien trop grands pour eux. Mais s’ils en venaient à reproduire cette nuit-là, ce soir, alors ils s’enfonçaient complètement dans cet amour qu’ils s’interdisaient pourtant. Elle le savait, et il le savait aussi. Pourtant, alors qu’elle baissait les yeux et s’éloignait légèrement de lui, son corps tout entier cherchait à la retrouver. Ses pensées ne s’accordaient pas avec son cœur criant d’envie. D’envie d’elle. D’elle toute entière. Le haut du corps redressé, bras autour de la jeune femme, Elmo tentait de la convaincre de s’abandonner, sachant fort bien que ce n’était pas la solution la plus sage. Elle posa son front contre son torse et il ferma les yeux alors qu’elle lui murmurait qu’elle le voulait. À quel point elle le voulait. Et lui la voulait aussi, pour cette nuit mais aussi pour toutes les autres auxquelles il n’avait pas le droit. Elle brisa le moment en ajoutant que c’était bien ça le problème. Il plongea son regard dans le sien, les yeux comme un chien à qui on vient de refuser une promenade dehors. À sa question, il haussa les épaules. « On l’a fait une fois … On arrivera sans doute à s’en sortir encore … non ? » Demanda-t-il en ne se croyant pas lui-même, pas une seule seconde. Et sa réponse ne sembla satisfaire Bella, qui répliqua que malgré son envie de lui, elle ne pouvait pas se contenter que d’ici. Elmo soupira, puis hocha la tête. « Je comprends. It kills me, mais je comprends. » Ses mains continuaient à caresser le corps de Bella. Il n’arrivait tout de même pas à s’imaginer quitter cette chambre et retourner à ce festival qui n’avait plus aucun intérêt à ses yeux. Il ne s’imaginait tout simplement plus la quitter. Alors, dans un élan d’impulsivité qui le caractérisait si bien, l’italien releva les yeux vers Bella, une lueur d’espoir fou dans ceux-ci. « Peut-être qu’on n’a pas à se contenter d’ici seulement … » Avança-t-il d’abord. Il se redressa encore un peu dans le lit, replaçant Bella sur lui, avant de continuer ses explications, comme animé d’un nouveau feu. « Je veux dire … rien ne nous empêche de revivre des nuits comme celle-ci, si on sait se faire discrets … » Il serra un peu plus la peau de Bella entre ses mains, comme s’il cherchait à la dissuader de fuir face à cette idée des plus folles. « Penses-y. Ce que les autres ne savent pas ne peut pas leur faire de mal … Faut se rendre à l’évidence que toi et moi, c’est plus fort que nous, plus fort que tout. J’ai pas envie de me passer de toi non plus. J’ai plus envie de me retenir. J’aurai qu’à venir en douce dans ta chambre, et toi dans la mienne, on pourra se retrouver aussi souvent qu’on le veut la nuit … » Mais le truc là-dedans, c’était qu’en plein jour, ils redeviendraient les deux amis, rien de plus. Et un jour, même ça, ça ne suffirait plus. Pour le moment, c’était la seule solution qui venait à l’esprit d’Elmo.  

La réponse était évidente, ils ne parviendraient pas à s'oublier, à se contenter que d'une nuit, d'une seule, alors que ce qui les habitait était bien plus fort, résultait de presque six mois de retenue. Et bien plus que ça, inconsciemment. Ils ne réussiraient pas à se contrôler, s'ils se laissaient aller à la faiblesse de leurs corps qui se touchaient, à leurs lèvres qui se gouttaient davantage, bien plus que ce qu'ils s'étaient autorisé jusqu'à présent. Plus il tentait de la convaincre de s'abandonner à lui, plus le coeur de la Costaricaine se resserrait, souffrait de la douleur qu'elle ressentait de lui dire non. Non, pour la première fois. Non, alors qu'elle ne pensait jamais pouvoir lui dire. Non, alors qu'elle en mourait d'envie. Ces envies qu'elle évoqua, mettant des mots sur ses besoins, des mots crus, des mots qui manquaient de romantisme, qui dénotait son besoin charnel, mais des mots vrais. Elle avait envie de lui. Tellement. Trop. Tout son corps le réclamait. Son intimité la faisait souffrir, chatouillement qui se faisaient maintenant presque poignant alors que leurs corps étaient toujours collés l'un à l'autre. Il comprenait, qu'il assura. Mais ses gestes ne cadraient pas avec ses mots, ses mains qui caressaient toujours le corps de la brune, Elmo qui jouait avec le feu, la passion qui ne pourrait se séparer d'eux si ni l'un ni l'autre n'imposait une distance formelle entre eux, distance nécessaire pour résister. C'était impossible à faire. Et dans toutes les issues possibles, maintenant que Bella avait gouté à nouveau à ce que ce désir provoquait en elle, elle ne s'imaginait pas devoir se séparer de lui. Ni maintenant, ni jamais. Elmo se redressa, suivit d'une réponse qui surprit Bella. La brune le regardait, dubitative, mais aussi curieuse. Qu'est-ce que ça veut dire ?, demanda-t-elle avant même qu'il ait le temps de s'expliquer, interpelée par son idée. Elmo serrait la peau nue de son amante entre ses mains, sourire en coin sur ses lèvres, sourire auquel Bella ne put s'empêcher de répondre, folie que l'on lisait dans leurs yeux. Discrets ? répéta-t-elle comme une question alors qu'elle en connaissait la réponse. L'idée n'était pas folle. En théorie. Mais en pratique, elle signait leur arrêt de mort. Amis le jour, amants la nuit. Si l'idée semblait parfaite pour eux, elle finirait par peser, par devenir insuffisante. Parce que tous les deux, ils voulaient plus. Plus d'eux, toujours. Mais si c'était la seule chance de Bella de pouvoir se sentir près de celui pour qui son coeur s'affolait, la brune était prête à la prendre. C'est pas une mauvaise idée, finit-elle par accepter, caressant à son tour le corps d'Elmo, commençant par ses flancs alors que sa bouche venait retrouver le cou de l'Italien pour y déposer de tendres baisers. Y'a quelque chose d'excitant dans l'idée de devenir des amants secrets. Puis, surtout, il avait visé juste : eux, c'était plus fort que tout. Plus fort que ce que Milo pouvait bien ressentir. Alors, ne nous retenons plus. Pas ici, pas ailleurs. À ces paroles, Bella retira le peu de tissu qui lui servait de haut, qui cachait sa poitrine qu'elle lui offrait à nouveau, ce soir, à redécouvrir comme s'il s'agissait de la première fois et laissa ses lèvres retrouver celles d'Elmo dans un baiser passionné.

C’était une idée des plus folles et surtout, c’était un plan totalement foireux. C’était une mauvaise idée, c’était voué à l’échec et surtout, ça n’arrangeait absolument rien. Pire encore, cela faisait d’eux des traîtres et des menteurs. Lui qui avait assuré à Milo qu’il ne se passait rien entre Bella et lui, que cette nuit-là ne se reproduirait jamais. Lui qui l’avait regardé dans les yeux, lui qui y avait lu la rage, la peine et la déception, voilà qu’il lui tournerait complètement le dos tout en jouant derrière le sien. Elmo allait tout perdre, pour de vrai cette fois, tout ça parce qu’il se laissait encore une fois guider par son égoïsme. Pour Elmo, il n’y avait que lui, et seulement lui, qui comptait vraiment. Et de plus en plus Bella, qu’il laissait entrer dans son cœur insolent. Ils ne seraient plus les amants maudits, ils seraient les amants malhonnêtes, les amants tricheurs. Et pourtant, Elmo s’accrochait à cette idée comme s’il n’y avait aucune autre issue possible pour eux. Comme si la vérité n’avait plus sa place en ce monde. C’est pourquoi, même si tous les signaux d’alarme retentissaient autour d’eux, Elmo n’y porta aucune attention lorsque la costaricaine affirma que ce n’était pas une mauvaise idée. Oh, ils se trompaient sur toute la ligne. Ils n’avaient aucune idée des conséquences de ce pacte déloyal. Ils en paieraient le prix, tôt ou tard, comme à toutes les fois où ils s’égaraient pour mieux se retrouver seuls. Seuls contre le monde. Ça n’avait jamais été aussi vrai. Un large sourire se dessina sur les lèvres de l’italien alors que la brunette soulignait le côté excitant de ce secret. « C’est vrai, hein ? J’m’imagine déjà escalader le mur jusqu’à ta chambre, comme dans les films … » Ces films dans lesquels la vérité finissait toujours par éclater au grand jour, jusqu’à ce que les amoureux se retrouvent à la toute fin, une fois la vérité établie et acceptée. Alors pourquoi ne pas tout de suite passer à cette étape et s’éviter des ennuis ? Ils auraient pourtant dû savoir comment ça se terminerait. « T’aurais pas pu prononcer de plus belles paroles … » Et, sur ce, Bella et Elmo s’abandonnèrent complètement l’un à l’autre, dans une insouciance qui dépassait les bornes. L’italien pressa son torse contre la poitrine nue de Bella, sentant ses seins plaqués contre sa peau, devinant ses mamelons pointés sur lui. Ses lèvres retrouvèrent les siennes dans un baiser langoureux. Son sexe gonflé défiait l’élasticité de son caleçon, réclamant d’être délivré du tissu qui l’empêchait de retrouver le sexe de Bella dont il pouvait déjà sentir l’excitation. Le festival à quelques pas d’ici n’existait déjà plus. Il n’y avait qu’eux.

Elle n'avait rien d'angélique, Bella. Sous ses faux airs célestes, au fond, elle incarnait le diable en personne, se jetant dans cette idée folle, dans cette solution provisoire leur permettant d'assouvir des désirs trop forts, l'instant d'une soirée. Ce n'était plus l'alcool qui parlait pour elle, elle avait eu le temps de se dissiper de son sang, c'était la passion, l'envie et la passion. Incapable de réfléchir avec raison, incapable de résister plus longtemps alors qu'Elmo touchait sa peau, tentant de la convaincre de s'abandonner à lui. Il n'avait qu'à la regarder, qu'à planter son regard dans le sien, qu'à lui sourire comme il savait le faire, pour que son coeur chavire, déjà au bord de la noyade. Elle l'aimait. C'était bien plus que charnel. Elle l'aimait. Silencieusement. Secrètement. Impossible de le dire. Il avait fallu éteindre ses sentiments, cacher de les ressentir parce que les enjeux étaient bien plus grands. Cette idée, elle était mauvaise. Elle était mal. Elle finirait mal. Et si ce n'était pas de la vérité qui éclaterait au grand jour, ce sera par leur coeur brisé qu'elle finirait par se gâcher. Parce qu'elle avait de réels sentiments, Bella. Parce qu'elle savait comment Elmo était, lui. Et qu'elle ne l'avait jamais connu amoureux. Toujours abeille butinant de fleur en fleur. Parce qu'ils ne parlaient pas d'exclusivité. Parce qu'ils ne parlaient pas de sentiments. Ils parlaient de s'offrir l'un à l'autre, quand ils en avaient envie, c'était bien ce qui les avait animés, d'abord, à la soirée qui changea leur histoire. Parce qu'il était encore trop tôt pour avoir cette discussion et qu'ils ne savaient pas ce qu'ils attendaient, l'un de l'autre, en acceptant de signer un pacte avec le diable. Et ce n'était pas le moment d'en parler, pas le moment d'évoquer des règles, la suite des choses. Pas maintenant, pas ce weekend. Ils aviseraient, en temps voulu. Je laisserai la fenêtre de la salle de bain ouverte pendant que je suis sous la douche, plutôt, lança-t-elle en lui accordant un clin d'oeil qui sous-entendait des idées encore plus folles que le fait de la rejoindre dans sa chambre, comme si c'était possible. Elle évitait son parallèle entre les films d'amour qui leur avaient très certainement mis l'idée en tête. La vérité, elle finissait toujours pas être dévoilé dans ces films, c'est vrai. Comme les personnages principaux, eux, finissaient toujours par se retrouver à la fin. Leur vie, elle n'avait rien d'un film. Si la vérité éclatait, leur histoire éclatait aussi. Et il n'y aurait plus de marche arrière possible. Ils le savaient, comment ça se terminerait. Mais ils étaient animés par leurs sentiments. Et c'est ce qui motiva Bella à briser al distance de leur peau, à retirer son haut pour lui offrir son corps dans un baiser qui lui était sans hésitation. Torse pressé contre la poitrine dénudée de la brune, sexe armé, baiser qui s'enflammait. Bella continua la course de ses lèvres dans le cou d'Elmo, toujours assise contre lui, son corps qui ondulait en même temps contre le sien, titillant de près la bosse formée dans son caleçon. Caleçon que la belle agaça, passant ses doigts entre l'élastique la peau de l'italien. Te quiero [je te veux], chuchota-t-elle à son oreille, laissant alors ses mains quitter le caleçon d'Elmo pour retrouver le chemin vers ses propres hanches d'où elle fit glisser son short, dévoilant la dentelle de son string noir, choix audacieux alors qu'elle s'était vêtue tout de blanc.

Amoureux, non. Elmo ne l’avait jamais été. Il avait certes senti son cœur s’emballer à la vue de certaines filles qui donnaient l’impression d’être tombée de trop haut pour elles. Il avait bien sûr déjà dit je t’aime à certaines d’entre elles et peut-être même l’avait-il pensé, sans vraiment en saisir le sens. Mais il n’avait jamais eu les papillons, Elmo, pas de ceux qui sont là pour rester. Pas de ceux qui volent et qui volent en laissant derrière eux des traces de magie. Pas de ceux qui montent du creux du ventre jusqu’à la tête pour venir y semer des idées folles de futur à deux. Elmo n’était un grand romantique qu’en apparences. La vérité était que sous ses belles promesses de charmeur se cachaient bien souvent une pure et vile manipulation pour arriver à ses fins. Bella était la première femme pour laquelle il se battait contre sa propre raison. N’importe quelle autre serait rapidement tombée dans l’oubli des mauvaises idées, celles qui s’entassaient dans les regrets à demi-avoués de l’italien. Mais Bella n’était pas n’importe quelle autre, Bella était Bella ; unique, irremplaçable, indétrônable. « Tâche de ne pas mettre trop d’eau sur le carrelage, alors. J’risquerais de ne pas faire une entrée toute en douceur … » Dit-il, amusé, les yeux rieurs, s’imaginant déjà passer la fenêtre en ninja pour qu’au final ses pieds glissent contre la céramique mouillée une fois à l’intérieur. Ce qui était encore plus drôle, c’était que ces plans ridicules avaient un sous-entendu de vérité. Ils ne pourraient pas se permettre d’éveiller les soupçons en se visitant trop souvent, chez l’un et chez l’autre, en plein jour et à découvert. Ils ne pourraient pas s’attirer les regards des trop curieux en jouant avec le feu sans se dissimuler dans sa fumée. Et ils suffoqueraient, un jour, évidemment, l’air noir emplirait leurs poumons et ils cesseraient de vivre, cesseraient de vivre comme ils vivaient actuellement. Avec le risque, avec l’excitation. Ils se faneraient, voudraient plus, tellement plus. Mais cette nuit, cette nuit Elmo et Bella pensaient naïvement que cette relation secrète suffirait. Il l’embrassait avec une telle ardeur que les draps sous son corps lui semblaient déjà trop chauds. Elle le narguait avec ses doigts glissant entre l’élastique de Calvin Klein et sa peau. Il lui souriait, mordillant doucement sa lèvre inférieure en guise de charnelle punition. Puis, à son oreille, Bella lui murmura dans sa langue natale qu’elle l’aimait. Qu’elle l’aimait. C’était du moins l’interprétation qu’en fit l’italien, qui figea, complètement, quelques longues secondes d’hésitation. Pendant ce temps, Bella continuait de se dévêtir devant lui, lui offrant un spectacle de confusion alors que son sexe réclamait son corps mais que son cœur criait de fuir. Pas parce qu’il ne l’aimait pas en retour. Mais bien parce qu’il était trop dangereux de se l’admettre à haute voix.

Avait-elle déjà prononcé les mots je t'aime ? Bella n'en avait pas le souvenir. Et, le cas échéant ne serait pas une surprise. L'amour, elle y croyait. Elle n'était pas de ceux qui se laissaient croire qu'il s'agissait d'un sentiment interdit, qui n'existait que dans le cinéma romantique pour vendre du rêve à toutes les petites filles. L'amour, le grand, celui avec un grand A, il existait. Elle en était convaincue. Pourtant, elle n'avait, jusqu'à présent, pas su l'expérimenter très souvent. Le seul à qui elle avait été en mesure de le dire, c'était Milo. Son premier vrai amour, le premier garçon avec qui coucher voulait dire bien plus que de simples parties de plaisir à deux. Et il avait choisi de la fuir, de lui redonner sa liberté. S'en était suivi des quêtes de bras et de corps pour consoler ses peines, pour combler ses nuits, pour désennuyer ses weekends jusqu'à ce qu'elle tombe sur Elmo, jusqu'à ce que son regard se pose sur lui d'une tout autre façon. Jusqu'à ce qu'elle se donne le droit de laisser son coeur renaître, battre à nouveau pour quelqu'un d'autre. La vie avait décidé de leur mettre dans bâtons dans les roues, de perturber leur histoire, de la rendre impossible. Mais, il n'en restait pas moins que son coeur, même silencieux, ne cessait de battre pour lui. Ce soir, bien plus que les autres fois qu'ils s'étaient croisés, parce qu'ils se donnaient enfin la permission de se toucher, de laisser leurs corps se caresser, jouer l'un avec l'autre. Ils se créaient des plans, déjà, des idylles des milles et une façon de vivre leur amourette secrète, à commencer par comment se voir sans alarmer les soupçons de leurs proches. Escalader le mur de la chambre de Bella semblait une bonne idée, mais celui de la salle de bain était bien plus excitant. J'peux t'attendre dans le bain, si tu préfères, dit-elle en arquant un sourcil, amusé par la tournure de leur conversation. Comme ça, t'as le meilleur des deux mondes. Tu m'as nue dans le bain, sans le danger des flaques sur le carrelage. Était-ce réellement moins dangereux ? Elle haussa les épaules, comme si elle répondait elle-même à sa question mentale. Puis, l'idée de le faire dans la baignoire, ça m'excite pour tout dire. Et pas que. L'envie de laisser la tension sexuelle gagner aussi, excitait la brune qui, déjà, reprenait d'assaut les lèvres d'Elmo. D'abord ses lèvres, ensuite son cou, alors que ses doigts, eux, cherchaient le chemin vers son intimité. C'est là qu'elle lui partagea ses envies, dans sa langue maternelle qu'elle ne pensait pas être si mal comprise. C'était la fougue, la passion, l'envie qui avait eu raison d'elle, qui l'avait fait lui dire ses désirs profonds, de cette façon qu'elle pensait séductrice. Mais, alors qu'elle continuait à marteler le corps de l'Italien par ses baisers brûlants, elle remarqua bien qu'il n'en faisait pas autant. Il ne répondait plus à ses caresses, il ne partageait plus ses baisers, il regardait à peine le corps nu de la brune, prête à s'offrir enfin à lui après avoir tenté de lui résister, après avoir tenté de donner raison à la raison. Bella ralentit la cadence jusqu'à s'arrêter complètement pour reculer son visage, juste assez loin pour voir celui d'Elmo presque blême. Ça va ?, demanda-t-elle affolée. Son coeur battait fort, il cognait contre sa poitrine, la peur au ventre, elle osa demander : Ça ne te plait pas ? Peut-être que ses fantasmes étaient mieux que la réalité, peut-être qu'une fois moins saoul, moins sous l'emprise de la consommation, Bella était moins bonne, moins attirante, moins délicieuse. Sourcils froncés, elle cherchait à tâtons de quoi couvrir sa poitrine qui, à présent, la gênait.

Cette excitante image en tête, Elmo sourit en pensant qu’il pourrait grimper le mur du futur logement de Bella et la retrouver, comme un doux mirage, allongée dans un bain de mousse, son corps caché par les bulles blanches que lui se ferait un plaisir d’écarter de ses doigts joueurs et impatients. Il sentait son sexe se durcir un peu plus encore, rien qu’à l’évocation de ces mots qui laissaient bien trop de marge de manœuvre à ses fantasmes éveillés. Ses doigts agrippèrent un peu plus encore la peau de Bella, comme si le bout de ceux-ci pensait pouvoir se fondre à elle pour ne plus jamais avoir à la laisser partir. « Je pense que je n’ai pas besoin de te dire que moi aussi, ça m’excite, cette idée … » Il esquissa un sourire, Elmo, pressant le corps de la costaricaine contre son membre brandit sur elle. C’est alors que leurs ardeurs reprirent de plus belle, les mains de Bella trouvant rapidement leur chemin jusqu’à l’élastique du caleçon de l’homme. Pendant qu’elle le faisait cruellement languir, lui embrassait son corps, la ruant de baisers tous plus brûlants les uns que les autres. Jusqu’à ce que Bella lui assène ces mots qui le sonnèrent plus que de raison, le laissant dans une confusion telle qu’il cessa complètement les préliminaires pendant que la jeune femme, elle, reprenait ses baisers. Elle ne se rendit pas tout de suite compte de l’arrêt d’Elmo, des freins sur lesquels il venait d’appuyer comme si sa vie en dépendait. Il la laissa continuer, reposant sa tête sur l’oreille et fixant devant lui avec panique alors qu’il sentait que la situation lui échappait totalement. Le contrôle, Elmo ne l’avait plus. Ni sur cette relation nouvellement secrète, ni sur son cœur qui battait dans tous les sens et sur tous les rythmes. Comment avait-il pu penser deux secondes que Bella et lui pourraient vivre cet idylle-là loin des regards des autres s’ils se volaient la face de cette façon ? Ils avanceraient à l’aveugle, et ils se cogneraient contre les embûches et les mensonges. Bella ralentit finalement la cadence puis s’arrêta, reculant son visage pour poser les yeux sur le fantôme qu’était Elmo, effacé. « Si, si, ça me plaît, c’est pas ça … » Il posa à nouveau ses mains sur les hanches de la jeune femme, mais cette fois pour la faire basculer sur le côté. Elle s’empressa de couvrir son corps nu, comme si tout d’un coup, elle était gênée de se retrouver dans son plus simple appareil face à lui. Il se passa une main dans ses cheveux bouclés, incertain de ce qui allait sortir d’entre ses lèvres. « C’est juste que … que ça va trop vite, Bella. Je pensais qu’on s’entendait sur comment ça allait se passer … On peut pas établir qu’on s’verra en secret et qu’on en reste à ça, pour le bien de tout le monde, et la seconde d’après tu me dis que … tu m’dis que tu m’aimes. » Lâcha-t-il dans la plus grande incompréhension. Parce qu’elle compliquait tout, en lui disant ça. Elle rendait trop réel ce qu’ils tentaient d’étouffer depuis le tout début. Elle mettait des mots sur ce qu’il ne fallait pas dire.

L'ambiance dans la chambre d'hôtel s'embrase, chaleur incendiaire qui contamine le corps des deux amants dangereusement, envie qui se dévoile suite à la convenance de leur relation. À présent amants secrets, s'accordant à présent les douceurs de leurs corps, derrière les portes fermées à clé de leur intimité, à présent leurs envies dites au grand jour, partagées, Elmo et Bella se retrouvent dans une danse lascive de leurs corps l'un contre l'autre et une vision fantasmique de leurs prochaines rencontres qui alimente le feu de leur urgence, qui anime leurs baisers, corps pressés l'un à l'autre, doigts qui s'enfoncent dans la chair de leur peau, membre bien droit qui ne cesse d'appuyer son impatience, bouche qui redécouvre le corps de l'Italien, mains qui caressent du bout des doigts, partage de ses désirs qui, sans que Bella ne s'en rende compte dans l'immédiat, ne fait pas plaisir à son partenaire. Partenaire qui repose la tête contre l'oreiller, accablé par de tels aveux, incapable de poursuivre leur course vers le septième ciel. Immobile, il tente de respirer normalement, le regard fixe sur le mur face à lui, blanc, vide comme sa tête. Bella, loin de se douter que l'arrêt d'Elmo était causé par une incompréhension langagière, se redressa pour faire face au spectacle d'un amant pas si amant que ça, finalement, presque dégouté par la femme se trouvant devant lui. Honteuse, coupable, comme si elle en était la cause, Bella se laisse guider par Elmo qui la fit basculer à ses côtés, l'un en face de l'autre, corps qui ne se touchaient plus, à présent. Abjecte, la Costaricaine attrapa le t-shirt d'Elmo, bien trop grand pour elle, pour se couvrir, couvrir ce corps qu'elle maudit d'avoir des envies aussi fortes quand il est question de lui, de celui qui a tout chaviré dans sa vie. En enfilant le t-shirt, elle passe ses doigts sur sa cicatrice à la poitrine, juste au-dessous de son sein gauche, résultat de sa chirurgie pulmonaire à la naissance et qui la complexait depuis toujours, mais qu'elle choisissait de ne pas laisser paraître. Or, devant lui, tous ces complexes devenaient puissants, comme si les sentiments dépassaient les banalités d'une simple coucherie. Rapidement, son cerveau s'agitait, pensant qu'il était rebuté par son corps imparfait, vu à la lumière de sa presque sobriété, alors qu'il n'avait que parcouru, jadis, son corps dans l'obscurité d'une soirée éméché. Elle osa donc lui demander, presser la vérité, cherchant à savoir ce qui lui déplaisait tant dans ses actions ou sur sa personne. Elmo jurait que ce n'était pas ça, arrachant un soupir insatisfait de la part de son amante. Et le reste de la conversation la scotcha au lit. Ça va trop vite, lança-t-il pour commencer sous le regard inquisiteur de Bella. Trop vite ? Lui fallait-il encore plus de caresses avant de la laisser s'aventurer vers son membre qui, pourtant, lui envoyait des signaux d'envie ? Le reste de son discours la sonna, Bella qui fronçait les sourcils, jusqu'à ce qu'il prononce sa dernière phrase. Tu me dis que tu m'aimes. Pardon !?, demanda-t-elle, totalement confuse. Wo wo wo Elmo, lança-t-elle en se redressant dans le lit. J'ai jamais dit que je t'aimais! À haute voix, du moins, pensa-t-elle, Qu'est-ce qui te fait croire quelque chose comme ça ? Et puis elle réfléchit, repassant leurs préliminaires un à un, alors que pour elle ses paroles étaient d'une évidence même, jusqu'à arriver à une conclusion possible, la seule qui soit. Te quiero ?, demanda-t-elle en souriant. Te quiero comme... comme dans je te veux, Elmo., concluait-elle. Te quiero en mi, quiero tu cuerpo contra el mio, Elmo, ajouta la brune, sourire joueur sur les lèvres. Je te veux en moi, je veux ton corps contre le mien. Pas je t'aime... Ce n'était pas qu'elle ne l'aimait pas, elle n'était simplement pas prête à le lui dire. Certainement pas après une réaction comme celle qu'il avait eue en croyant que le moment était venu. Mais tu as sans doute raison, on va probablement trop vite. Et, peut-être que l'on devrait attendre avant... avant de se retrouver, toi et moi.

Oh, si elle savait à quel point ce n’était pas elle qui le dégoûtait, à quel point c’était lui-même qu’il portait en horreur. Elmo, c’était lorsqu’il se regardait dans le miroir qu’il ressentait toute la honte d’être ce qu’il était. Égoïste, immature, inconscient. Le pire dans tout ça, c’était qu’il ne cherchait même pas à changer. L’italien se confortait dans cette personne qu’il était devenu, parce que c’était ainsi qu’on le connaissait aussi et cela signifiait qu’on ne s’attendrait jamais à rien de mieux de lui. Difficile de décevoir, dans de telles circonstances. Et pourtant, à cet instant, c’était une poignante déception qu’il lisait dans le regard de Bella. Une déception complexe parce qu’elle était mêlée à la honte et à la culpabilité. Elle cherchait à se cacher, alors que lui désirait la voir toute entière, son corps comme son être, il voulait tout apprendre d’elle, tout connaître. Mais cet amour qu’il avait eu l’impression qu’elle venait de lui déclarer, représentait bien trop de complications dans cette relation qui devait être tout le contraire suite à leur entente. Ne voulant plus lui cacher les hésitations de son esprit, Elmo lui confia les raisons de ce vent glacial qui venait de refroidir leurs ardeurs. Au-delà de la déception, Bella semblait désormais confuse, puis choquée, lorsqu’il parla de ces mots qu’elle avait prononcés. « Qu’est-ce qui me fait croire ça ? Ben … Ce que tu viens juste de dire ! » Lança l’italien, encore plus confus à son tour. Il se redressa également, faisant face à la jeune femme au corps aussi tendu que le sien. Puis, Bella sembla voir un éclair de lucidité quand elle comprit la provenance de cet énorme malentendu. Quand elle lui expliqua, sourire amusé aux lèvres, que ce te quiero signifiait qu’elle le voulait en elle, contre elle, et pas qu’elle l’aimait, Elmo plaqua la paume de sa main sur son front, un facepalm des plus mérités et justifiés. « Oh … wow. » Il pencha la tête vers l’arrière en riant. « Je suis vraiment débile. » Il secoua la tête de gauche à droite, n’en revenait pas d’avoir à ce point mal interprété les paroles de Bella. Il cessa de rire et de sourire lorsqu’elle approuva ses dires, qu’ils allaient trop vite. Il soupira distraitement. « Ce n’est pas ce que je voulais dire, ce n’était pas pour ça qu’on allait trop vite … » Ça, c’était le sexe, la réunion de leurs corps, cette sensualité explosive et enivrante. « Mais j’viens tellement de gâcher le moment, de casser l’ambiance, que j’vois pas comment me rattraper pour le coup. » Il eut un léger rire, plus gêné qu’autre chose, avant de délicatement caresser le bras de Bella. « It took me by surprise. Mais j’retire pas ce que j’ai dit plus tôt. J’peux pas t’enlever de ma tête et j’ai besoin de toi, j’ai envie de toi. J’ai pas envie que ça ne dure qu’ici. J’ai pas envie qu’on ne se retrouve que pour un week-end et qu’on reprenne les choses comme elles étaient. Les choses pourront jamais être comme elles étaient. » Déclara-t-il, levant les yeux vers elle.

Elle couvrait sa honte, couvrait aussi son inconfort, son incompréhension, d'un tissu qui mettait une barrière entre eux. Comment une soirée aussi enflammée que la leur pouvait, en un claquement de doigts, devenir aussi froide. Comment pouvait-elle savoir qu'il la désirait, qu'il voulait la voir tout entière, alors que ses gestes ne se faisaient plus mutuels, qu'il avait cessé ses caresses? Comment pouvait-elle se douter, alors que dans sa tête tout était clair, rien n'était incongru ou imprécis. Elle avait envie de lui, elle le lui avait dit, laissant sa langue maternelle prendre trop d'importance, oubliant que les mots pouvaient avoir plusieurs significations. Oubliant que certaines étaient plus fatidiques que d'autres. Fidèle à elle-même, elle se mit à réfléchir trop loin, à imaginer des problèmes où, au fond, il n'y avait eu qu'un souci de communication. Bella s'imaginait déjà que la lumière l'ait gêné, qu'à la lueur de la chambre d'hôtel, une fois que leurs corps étaient à leur vu, et non pas plongés dans la sombre obscurité de sa chambre, un soir de fête, secret, sans un bruit, sans que les autres puissent les trouver, qu'il s'était dégouté de son apparence imparfaite, des marques sur sa peau qui signifiaient sa survie. Elle ne lui en avait jamais réellement parlé, de son opération. Parce que Bella n'en parlait jamais, croyant que ses soucis respiratoires la rendaient faible en comparaison aux autres. Et ils n'avaient pas eu à se dénuder, l'un devant l'autre, depuis cette soirée d'écart. Maintenant qu'ils s'accordaient le droit de se regarder, en était-il déçu ? Du moins, c'était l'effet que la brune ressentait, quand il était question de justifier la démotivation de son partenaire dont lui avait une tout autre explication. Elle le questionna, quand il supposa qu'elle lui avait déclaré sa flamme. Et, finalement, une chance qu'elle ne s'était pas laissée emporté par des mots tendres, parce qu'elle avait en face d'elle la vérité qui l'aurait fracassé qui tel en avait été le cas. Ce que tu viens juste de dire, elle réfléchissait et ça lui prit quelques instants pour comprendre. Et quand, enfin, elle eut comprit, c'est moqueuse qu'elle se montra, face à l'italien paniqué qui se gratifia, une fois son erreur de traduction remarquée, d'un épic facepalm mérité. Il riait, ça aurait pu se terminer aussi simplement que ça. Des rires, des rires et des caresses. Reprendre là où ils l'avaient laissé. Mais le doute plana. Et Bella sauta dedans, à pieds joints. Il cessa de rire, son visage se décomposa alors qu'il justifiait sa réaction. L'ambiance est un peu gâchée, oui, ajouta-t-elle en riant nerveusement elle aussi. La main d'Elmo se leva, dans un geste de tendresse, il l'a tendit vers le bras de son amante qui reposait sur le lit, entre eux. J'ai besoin de toi, j'ai envie de toi. Ce n’était pas une déclaration d'amour, mais c'était suffisant pour apposé sur les lèvres de la brune un sourire sincère. C'est un bon début, déjà, pour rattraper le coup, gloussa-t-elle en s'approchant de lui, trouvant réconfort dans ses bras. J'ai envie aussi de toi. Elle posa ses lèvres contre le torse toujours nu de l'Italien. On repart à zéro, tu veux ?, proposa-t-elle en se reculant pour observer son visage. Hey, Santavenere, feinta-t-elle de crier, à un débit raisonnable comme il se tenait l'un à côté de l'autre, reprenant leur approche alors que le festival battait de plein fouet.

Ce n’était pas une déclaration d’amour, mais c’était certainement la toute première fois qu’Elmo parlait autant avec son cœur. Il ne pouvait pas lui laisser toute la place, tout le contrôle, à ce cœur qui parlerait trop vite et trop fort. Mais il pouvait au moins s’exprimer sur ce qu’il ressentait envers Bella sans pour autant prononcer ces mots qu’il n’était pas prêt à prononcer et, surtout, qu’il ne devait pas prononcer. Que leur idylle renaisse à des kilomètres de Bowen ne changeait rien à la malhonnêteté dont ils faisaient preuve à l’égard de Milo. Si Elmo s’enfonçait encore plus avec cette idée de relation secrète, il ne voulait pas qu’un jour, son meilleur ami apprenne que l’amour avait été impliqué au grand jour. Au moins, en ne prononçant pas ces mots, il pourrait toujours s’en sortir en prétextant que ce n’était que purement physique. Une attraction inégalable de leurs corps. Il était un coward, Elmo, il préférait planifier ses mensonges et ses actions de manière à s’en tirer le mieux possible dans l’éventualité où tout éclaterait. Il ne réalisait même pas à quel point c’était égoïste. Il ne comprenait même pas que si lui en ressortirait peut-être un peu moins brisé, ce serait tous les autres autour de lui qui voleraient en éclats. Bella la première. « J’veux bien, oui. » Déclara-t-il quand la costaricaine proposa de repartir à zéro. Son sourire se transforma rapidement en rire lumineux quand elle imita, à voix un peu plus basse qu’une heure plus tôt, leurs retrouvailles au beau milieu du festival. « Tu serais pas venue ici pour me stalker, par hasard ? » Bon, ce n’était pas exactement ce qu’il s’était dit, mais Elmo avait une si piètre mémoire, on ne pouvait lui en demander davantage ! Ils rirent, ensemble, avant de recommencer doucement à s’embrasser, à raviver les flammes de désir et, entre les rires et les respirations de plus en plus saccadés, ils eurent tôt fait de rallumer la magie.  

TERMINÉ