Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
and in this world of loneliness i see your face (judas)
Auteur
Message
Invité
Sujet: and in this world of loneliness i see your face (judas) Jeu 8 Aoû 2019 - 17:19
Ces derniers jours, tu as passé la plupart de ton temps à postuler ci et là pour te dégoter un emploi et retrouver un semblant de vie. Plus jeune, tu supportais plutôt bien la vie à la rue parce que tu n'étais pas seule, tu étais entourée. Mais aujourd'hui, tu te sens plus seule que jamais et c'est pire, le soir, quand tu cherches à t'endormir pour quitter, le temps de quelques heures, ce monde impitoyable. Tu as eu un entretien dans un bar mais tu ne sais pas encore si tu es prise ou non. Alors, en attendant, tu marches à travers la ville que tu connais par coeur. Quand ton téléphone vibre dans ta poche, un sourire apparaît sur tes lèvres en voyant son prénom s'afficher sur l'écran. Judas. Tu réponds rapidement et après quelques échanges de sms, vous convenez de vous voir le soir même. Tu décides de faire un crochet chez un ami, le temps de prendre une douche et d'enfiler d'autres fringues. Cette fois, tu ne portes plus de sweat bien trop grand pour toi. Tu manges chez ton ami et un peu avant 20h, comme prévu, tu te rends dans le centre-ville. Une fois sur la place de la ville, tu t'assieds sur ce fameux banc, celui qui vous a accueilli de nombreuses fois par le passé, durant des heures. Des heures que vous passiez à discuter et surtout à rire pour oublier dans quel monde merdique vous viviez. Tu souris en repensant à tous ces souvenirs jusqu'à ce que tu sentes sa présence. Tout ton corps réagit quand il s'approche mais ta tête te dicte d'être prudente. Tu as bien réfléchi après votre dernière discussion et si tu es prête à lui pardonner, tu sais que c'est plus facile à dire qu'à faire. Tu préfères laisser du temps au temps, tout simplement. « Hey. » Dis-tu en souriant et en le regardant s'avancer vers toi pour rejoindre votre banc. « Alors t'as fait tout ce chemin pour un briquet ? » Demandes-tu pour le taquiner, lui tendant l'objet par la même occasion. Son sweat est posé à côté de toi mais tu n'as pas encore décidé si tu veux le garder ou non. T'endormir dedans a été très réconfortant, finalement. Plus que tu ne l'aurais imaginé. Mais garder son sweat, ça veut également dire rouvrir un chapitre de ton passé que tu as longtemps pensé avoir abandonné.
Invité
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Ven 9 Aoû 2019 - 11:15
and in this world of loneliness i see your face
C'est complètement fout. On passe neuf ans de sa vie dans le mensonge, à vivre comme si rien d'autre que le présent n'a d'importance, à faire comme si demain serait un jour meilleur, mais pas une seule seconde on se retourne pour voir ce qu'il y a dans le passé, et tout ce qu'on a jeté à cause des conneries de la jeunesse. Pas un seul instant on se dit qu'on a merdé, parce qu'au fond de soi, on sait déjà qu'on a tout foutu en l'air à cause de l'insouciance de la jeunesse. Mais après neuf, quand un fragment de passé revient soudainement, tout ça, on en prend conscience. A l'aube de la trentaine, on se met à regretter, on se met à rêver d'autre chose. On a envie de replonger dans ce même passé, parce que même s'il était douloureux, on sait qu'on en a pas assez profité. Lui, il en est arrivé à penser comme ça. Quand il se couche, qu'il est allongé seul dans son lit à regarder le plafond, il cale ses bras sous sa tête et il se met à réfléchir, incapable de s'endormir. Qu'est-ce que ça aurait fait, s'il était resté, et s'il avait pas construit cet avenir avec Olivia ? Il aurait pu construire une autre famille. Il aurait pu être vraiment père, au lieu d'élever l'enfant d'un autre. Et en même temps, il avait pas été si malheureux que ça, de vivre comme il l'avait fait pendant neuf ans. Même s'il avait parfois été un peu con, les choses avaient été faciles. Et il est là le problème : on veut pas se faire chier, on veut la facilité, on réfléchit même pas à ce que ça aurait donné si on avait souffert un peu plus pour avoir quelque chose d'encore mieux à l'arrivée. Le déclencheur de toutes ces pensées, c'était clairement Noa. Il lui suffisait de refermer les yeux pour l'imaginer roulée en boule sur cette putain de balancelle, seule face au froid de la nuit, affamée aussi. Tout ça parce qu'il avait pas eu le culot de voir ce que le destin pouvait leur réserver à tous les deux. Et quand il la revoyait, il était rempli de toutes ces putains d'émotions qu'il pensait éteintes depuis trop longtemps, et qui en même temps, lui donnaient envie de se donner une nouvelle chance, et d'arrêter de mentir. Il savait même pas si elle l'avait pardonnée, et pourtant, il était là à forcer le destin, à lui renvoyer un message avec un prétexte à la con pour la revoir. Un briquet. Qu'est-ce qu'il en avait à foutre de ce briquet, il en avait plein dans les poches de ses autres sweat-shirt. Mais il s'en foutait, parce que Noa avait accepté de le voir. Il avait prévenu sa colocataire qu'il allait faire un tour, sans préciser où. Elle s'en foutait du moment qu'il rentrait pas trop tard pour Laël. Alors, après un coup de parfum et avoir enfilé sa veste en jean toute déglinguée sur un sweat jaune, il était déjà en route vers le centre-ville.Dans son sac à dos, il avait fourré deux bières, parce que même s'il était pas du genre à aimer trop l'alcool, la bière, ça passait bien. Et à peine arrivé sur la place, il la voyait sur ce banc, qui même après dix ans n'avait pas bougé. Un pauvre banc qui avait dû en voir défiler des culs durant toute son existence, des beaux et des moins beaux. « Hey sweetie. » lance-t-il lorsqu'il arrive à hauteur de la brune, un sourire sur les lèvres alors qu'il s'assoit à côté d'elle, ayant l'impression pendant quelques secondes d'être le même gars de vingt ans, que rien n'avait changé. « Je tiens à mes briquets comme à la prunelle de mes yeux. Merci. » plaisante-t-il en s'emparant de l'objet, l'allumant dans sa main avant de le ranger dans son sac d'où il sort deux bières, avant d'en tendre une à la jeune femme. Étrangement, même s'ils étaient dehors, il avait l'impression d'être de retour à la maison. « J'suis quand même pas venu que pour le briquet. » commente-t-il, décapsulant sa boisson avec la boucle de sa ceinture. « Alors, t'as passé une bonne journée ? » finit-il par demander pour pas que le silence s'installe. Il aurait pu poser cinquante mille questions mais fallait bien commencer quelque part, et s'assurer que ça va est un plutôt bon début.
Dernière édition par Judas Kirke le Sam 17 Aoû 2019 - 17:03, édité 2 fois
Invité
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Mar 13 Aoû 2019 - 1:00
Cet endroit, c’était un peu comme votre repère, votre endroit à vous, à l’époque. Un endroit où vous passiez le plus clair de votre temps à observer les gens mais surtout à discuter. De tout et de rien. De la vie que vous aviez mais surtout de celle que vous rêviez d’avoir. Tu pourchassais de grands rêves à l’époque, tu rêvais déjà d’art et de réussite. Mais aujourd’hui, il ne reste plus que l’art et finalement, c’est le plus important. Même si ce n’est pas facile tous les jours, tant qu’on ne te retire pas ton art, tu sais que tu tiendras debout. Tu secoues la tête quand Judas attrape son briquet et souligne qu’il y tient beaucoup. Tu ne peux t’empêcher de te demander si c’était un prétexte pour te revoir et dans le fond, peut-être que c’est ce que tu espères. Peut-être que tu as envie que l’australien fasse à nouveau partie de ta vie de manière plus permanente. Comme avant. Tu attrapes la bière qu’il te tend, le remerciant rapidement avant de la porter à tes lèvres. « Pour la beauté du lieu ? » Demandes-tu avec un sourire espiègle aux lèvres. Tu le pousses un peu pour qu’il avoue qu’il est venu te voir toi avant tout parce que tu as besoin de l’entendre. T’as besoin d’entendre qu’après tout ce temps, tu comptes encore pour lui comme lui compte pour toi. Ce que vous avez vécu avec Judas, ça ne s’efface pas si facilement. La preuve, même le temps et la distance n’en ont pas été capables. « Bof, j’ai postulé à différents endroits pour trouver du travail. J’ai eu un entretien dans un bar mais y’a encore rien de fait. » Tu soupires, haussant les épaules. « J’aurais dû terminer mes études, c’est ma faute. » Ajoutes-tu en oubliant presque que Judas n’est pas au courant de cette partie de ta vie. Il ne sait pas que tu as arrêté les études il y a un an alors qu’il ne te restait que quelques mois de cours et pas plus de cinq examens. C’est complètement débile, quand on n’est pas au courant de toute l’histoire mais toi, avec du recul, tu sais que tu n’aurais pas pu faire autrement. De toute façon, c’est grâce à l’art que tu veux gagner ta vie et pour ça, ce n’est pas un diplôme de traduction qui va t’aider. « Et toi ? T’as passé une bonne journée ? » Demandes-tu en tournant la tête vers l’australien, un léger sourire aux lèvres. C’est étrange d’échanger des banalités avec Judas après tout ce temps. Tu as envie de lui dire que tu as réfléchi à tout ce qu’il t’a dit la dernière fois mais tu préfères attendre que ça vienne naturellement dans la conversation parce que tu n’as pas envie de te lancer directement dans des sujets trop sérieux. Là, t’as simplement envie de profiter de sa présence, rien de plus.
Invité
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Dim 18 Aoû 2019 - 10:54
and in this world of loneliness i see your face
Il laisse le silence lui répondre pendant quelques secondes, ne sachant pas trop ce qu'il doit dire. Finalement, ses lippes s'étirent en un petit sourire taquin. Il sait où elle veut en venir, mais il sait aussi qu'il ne doit pas lui donner entière satisfaction, sous peine de raviver en eux cette flamme de l'époque, qui ne ferait sûrement que flamber le duo sans pour autant durer. « En quelque sorte. » répond-t-il donc, laissant tout de même sous-entendre par ces paroles que le briquet et la place de la ville n'y sont pour rien dans sa venue ici, mais qu'elle l'est. Il a toujours eu du mal de toute façon à dire vraiment les choses. Non pas qu'il était pudique, bien au contraire, mais ça le rendait trop vrai, de laisser quelques vérités lui échapper. Quand il faisait ça, il révélait qui il était vraiment, et il n'arrivait plus à le faire depuis trop longtemps. Avec Noa, il avait tendance à n'être ni Jonas ni Judas. Il y avait un peu de Bartosz en lui qui ressortait, dévoilant la vérité sur la pureté de son propre cœur, provoquant en lui une sensation plutôt étrange. « Bon d'accord, peut-être un peu pour toi aussi. » avoue-t-il finalement à mi-mot, ses lèvres venant noyer sa gorge d'un peu de bière alors que son regard fuyait, avant de poser une question banale. Il fronce les sourcils à la réponse de la jeune femme tandis qu'il pose un regard interrogateur sur elle. « Tu as repris tes études ? » demande-t-il, ne comprenant pas comment elle avait pu s'arrêter en cours de route. Faire des études, ça paraissait tellement inespéré à l'époque qu'il ne s'était pas imaginé une seconde qu'elle puisse tout abandonner après y avoir posé un pied. Pourtant, il sait qu'il n'a techniquement pas le droit de lui faire quelconque reproche sur ce comportement. Il n'avait pas été mieux, il n'avait jamais osé reprendre les études où il s'était arrêté, forçant son chemin dans les prémices du travail, pour se retrouver aujourd'hui au chômage. « Bof. La même journée que d'habitude. » Il se lève, prépare Laël à aller à l'école quand Olivia ne le peut pas, puis se plonge dans des recherches de boulot et des puzzle à n'en plus finir. C'est devenu gris, c'est devenu triste. Il se mure dans le silence et fuit dès que c'est possible. « Je cherche du boulot aussi, mais pas d'entretien de prévu. Je croise les doigts pour toi. Qui ne voudrait pas de toi ? » Il pince les lèvres, avec l'impression d'avoir dit une connerie. Pourtant, il le pense vraiment, que Noa a toutes les qualités pour plaire à n'importe qui. Lentement, pour noyer sa gêne, il lève sa main pour venir s'emparer de quelques mèches bruns de la jeune femme, souriant comme un con avant de laisser sa chevelure tranquille. « Ils sont jolis, coupés comme ça. » commente-t-il, la trouvant plus femme que lorsqu'il l'avait quittée, pensée qui lui pinçait le cœur. « Tu m'as manqué. » Il détourne le regard, se remet à boire lentement, incapable de comprendre le fonctionnement de son propre esprit. Il avait envie de la serrer dans ses bras, d'être en contact avec elle pour ressentir les mêmes émotions du passé, mais aussi pour s'assurer que tout cela n'était pas un rêve, qu'il le vivait réellement. Et dans un autre coin de sa tête, la raison tentait de l'emporter, et ce dilemme faisait trembler ses doigts sans qu'il ne puisse rien contrôler.
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Lun 19 Aoû 2019 - 22:42
Tu ne sais pas vraiment ce que tu cherches en poussant Judas dans ses retranchements, en l'obligeant presque à dire qu'il est aussi venu pour te voir et pas seulement pour récupérer ses affaires. Tu as juste envie de l'entendre, tu as besoin qu'il te confirme que tout ce que vous avez construit, à l'époque, n'a pas disparu au fil des années. Parce que pour toi, ce n'est pas le cas. « Bon, je me satisferai de ce "un peu", alors. » Réponds-tu avec un sourire au coin des lèvres, taquine. Tu sais que l'australien est plutôt pudique quand il s'agit de partager ses sentiments et tu le comprends parce que toi aussi tu l'es. Tu n'aimes pas être vulnérable ou encore faible, devant les autres. Pourtant, quand vous vous êtes retrouvés, tu as bien été obligée de montrer ta vulnérabilité à Judas, tu n'as pas eu d'autres choix. Il t'a déjà vu à la rue maintes et maintes fois mais cette fois-ci, c'était différent. Cette fois-ci, tu étais réellement plus bas que terre. Aujourd'hui, tu veux lui montrer la Noa forte et indépendante qui veut faire évoluer les choses dans sa vie mais ce n'est pas si simple quand la vie, elle-même, te tourne le dos. « Ouais. » Dis-tu en haussant les épaules. « J'ai terminé le lycée et j'ai même été à l'université. Mais j'ai arrêté quelques mois avant d'obtenir mon diplôme. » Parler de cette période de ta vie est encore difficile et ça doit s'entendre à ta voix qui tremble un peu. Cette période fait partie des pires moments de ta vie... le moment où tu as perdu ta moitié, ton âme soeur, ton meilleur ami. Ou tu as tout perdu, finalement. Et même si aujourd'hui tu tentes de faire bonne figure, la blessure est encore bien là, à vif. Tu fronces légèrement les sourcils quand Judas t'avoue avoir passé une journée des plus habituelles. Tu ne parviens pas à savoir s'il s'en moque ou s'il est lassé de cette vie bien rangée. Une vie qui ne lui correspond peut-être pas à cent pour cent finalement même si tu sais qu'il endosse certainement merveilleusement bien son rôle de père. L'amour se lit dans ses yeux quand il parle de son fils. « Tu t'ennuies, dans ta routine ? » Demandes-tu en relevant la tête vers lui, le regard sombre. Tu n'es pas certaine d'avoir le droit de poser cette question mais tu le fais quand même, t'as jamais eu pour habitude de respecter les limites. « Plein de gens visiblement. » Réponds-tu avec un rire ironique. Ses paroles te touchent mais tu ne sais pas si tu peux t'engager sur ce terrain-là avec l'australien. Est-ce bien prudent de ressasser cette ambiguïté, ces sentiments, entre vous ? « Ce serait quoi ton boulot de rêve ? » L'interroges-tu, réellement intéressée par la réponse. Tu connais l'ancien Judas mais tu dois encore découvrir le nouveau, celui qui a sûrement changé, grandi, au fil des années. Ton regard suit la main de l'australien quand il l'avance vers ton visage, frôlant tes cheveux bruns. Alors que ta respiration s'accélère un peu, un sourire naît sur tes lèvres sous le coup de son compliment. « Merci... j'aime bien moi aussi. C'est mon meilleur ami, Noah, qui m'a coupé les cheveux durant notre première année à l'université. » Dis-tu, les yeux brillant légèrement. Depuis, Noah est devenu ton coiffeur attitré ou du moins jusqu'à l'année dernière, ce qui explique que tes cheveux sont un peu plus longs que d'habitude mais plus courts, tout de même, qu'à l'époque où tu côtoyais Judas. « Toi aussi. Je ne pensais pas que te revoir soulèverait autant de questions. » Dans ta tête, du moins, parce que tu ne sais pas ce qu'il en est pour lui.
Invité
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Mer 21 Aoû 2019 - 14:51
and in this world of loneliness i see your face
Il fait de son mieux pour pas afficher son air sévère sur son visage alors qu'il se pose mille et une questions. « Pourquoi t'as arrêté avant le diplôme ? » Même si techniquement il n'est plus personne pour lui reprocher quoi que ce soit, cette question lui échappe. Un diplôme, c'est complètement inespéré quand on quitte la rue. C'est la possibilité d'aller de l'avant, de pouvoir avoir son chez soi rapidement et du boulot. Lui, il avait fait la connerie d'arrêter les études à cause de son deuil, qui n'était pas encore fait aujourd'hui, ni pour lui, ni pour ses parents. Enfin si, ses parents semblaient avoir réussi à passer outre puisqu'ils avaient fait un nouvel enfant pour remplacer les deux disparus. « Ouais, j'm'emmerde. » Même si Laël parvenait à surprendre sa routine, dans l'ensemble, tout était plat. C'était pas parce qu'il allait coucher à droite à gauche que ça arrangeait le reste. Il s'épuisait plus qu'autre chose à faire ça, et la clope l'aidait pas non plus. C'était comme s'il essayait de fumer la cigarette par les deux bouts, se précipitant à sa perte. « J'sais pas. » Il a jamais réfléchi au boulot qu'il voulait vraiment faire. Lui, il voulait gagner du fric, mais surtout, pouvoir trouver un petit coin de bonheur sur Terre. « Faire carrière dans le RAP ou le baseball, ça me plairait. » finit-il par dire après avoir pris un peu de temps pour réfléchir. Ce sont le genre de passions qui occupent la plupart de son temps, ça lui permet de pas trop s'ennuyer quand il se retrouve seul à attendre le retour d'Olivia à la maison. Et puis, sans prendre la grosse tête, il estime être assez doué pour tout ça quand même. S'il y mettait un peu plus de cœur, ça pourrait marcher. Seulement, c'était pas au programme. Rêver, c'est bien, mais il veut quand même trouver un job plus stable pour combler les besoins de la famille, même si toutes ses volontés sont chamboulées depuis le retour de Noa dans sa vie. Et ça, il peut pas s'empêcher d'essayer de le lui faire comprendre, par de petits compliments, comme pour ses cheveux par exemple. « Tu me le feras rencontrer, Noah ? » Il sait pas tout ce qu'elle cache. C'est con, de demander ça, peut-être. Personne n'oserait présenter son mec à son meilleur ami, ce serait trop bizarre. Lui, pourtant, il a envie de le connaître, parce qu'il en saurait alors plus sur toutes ces années passées sans elle. « Quel genre de questions ? » demande-t-il, commençant à descendre de plus en plus vite sa bière à cause de sa nervosité naissante. Égoïstement, il veut savoir ce qu'elle pense de tout ça, il veut savoir si y'a une chance de recoller les morceaux. Il pense pas une seule seconde que sa volonté de se rapprocher à nouveau de Noa puisse blesser Olivia. Seulement, il ne lui a pas encore dit, tout ça. Il veut garder cette partie de sa vie pour lui, que personne ne puisse l'empêcher de se rappeler les bons moments passés avec la jeune étudiante, qu'on lui interdise pas de se souvenir de ces tendres baisers d'adolescents. Mais il sait aussi qu'il pourrait s'imaginer tout ça pour rien. Alors, instinctivement, il pose cette question qui lui brûle les lèvres, celle qu'il aurait mieux fait de retenir pour ne pas l'effrayer. « Tu as quelqu'un, dans ta vie ? Parce que chez moi aussi, ça en soulève. » Son regard fuit sur les bâtiments alors que ses doigts s'empressent d'allumer une cigarette, ne sachant pas comment il réagirait à sa réponse. Il voulait qu'elle soit heureuse, et si elle était en couple avec un autre, alors tant mieux. Elle méritait vraiment d'avoir quelqu'un de bien dans sa vie pour la rendre heureuse. D'autre part, ça lui ferait un pincement au cœur de savoir que les bras de quelqu'un d'autre étaient devenus plus confortables que les siens. Et tout de suite, il s'en voulait d'avoir demandé ça, ne voulant pas donner l'impression d'entrer à nouveau dans sa vie comme un intrus.
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Mer 21 Aoû 2019 - 17:10
Pourquoi t'as arrêté avant le diplôme ? La réponse est toute trouvée et pourtant, tu es incapable de la prononcer à voix haute. Alors, tu détournes le regard, tentant de contrôler l'émotion qui menace de te submerger. « C'était une période compliquée de ma vie. » Dis-tu sans avoir le courage de regarder Judas. A la place, tu portes ta bière à tes lèvres pour ravaler cette boule dans ta gorge et te concentrer sur un autre sujet, un sujet plus simple, la vie de l'australien. Une vie qui ne semble pas lui convenir totalement, vu ce qu'il en dit. Tu as envie de lui demander pourquoi il n'en change pas mais tu connais déjà la réponse : son fils. « Evidemment, tu ne choisis pas la facilité. » Rétorques-tu avec un petit sourire. Mais Judas n'a jamais été au plus simple dans sa vie, un peu comme toi. Tu aurais pu avoir une vie toute tracée, bien tranquille, après de ton père mais tu aurais été enfermée dans une vie qui ne te ressemble pas. Être là, sur ce banc avec Judas, ça te ressemble. Tu as l'impression d'être exactement là où tu dois être aux côtés d'une personne qui résonne comme une évidence dans ta vie. « Si on met de côté l'aspect financier, qu'est-ce qui t'empêche de te lancer dans la musique ou le sport ? » Tu as toujours pensé qu'il était important de suivre ses rêves et surtout de les vivre. Toi, tu espères un jour vivre de ton art mais en attendant, tu n'as pas renoncé à celui-ci pour autant. En attendant, l'art fait toujours partie de ta vie et des plus beaux moments de celle-ci, sans aucun doute. Alors au fond, tu n'espères qu'une chose : que Judas puisse poursuivre ses rêves, lui aussi. Sa question te ramène à la réalité et tu dois te pincer les lèvres assez fort pour ne pas pleurer. Prendre conscience que Judas ne pourra jamais rencontrer Noah, ça fait tellement mal. C'est tellement injuste de ne pas pouvoir les avoir, tous les deux, au même moment dans ta vie. « J'peux pas... » Réponds-tu, la voix tremblante. « Noah est mort l'année dernière. » Mort d'une overdose dont tu te sens encore responsable. Tu n'as rien vu venir et pour ça, tu ressentiras de la culpabilité tout au long de ta vie, c'est une certitude. « Parlons d'autre chose, c'est trop difficile. » Avoues-tu, vulnérable. Tu effaces rapidement une larme qui roulait sur ta joue puis portes à nouveau ta bière à tes lèvres, espérant que l'alcool prenne avec lui un tout petit peu de ta douleur. Quand Judas te demande quelles questions soulèvent son retour dans ta vie, tu soupires, un peu perdue face à ce tourbillon d'émotions et de sentiments qui gronde en toi. « J'sais pas... ce que signifie ton retour dans ma vie, ce que je ressens, ce que je veux ou ne veux pas... un tas de trucs. » Dis-tu en haussant les épaules avant de tourner la tête vers lui, interpellée par sa question mais surtout par cette révélation. Vous partagez visiblement les mêmes doutes, les mêmes questions, tous les deux. Pourtant, ni Judas, ni toi, ne semblez avoir de vraies réponses entre les mains. « Qu'est-ce que ça changerait, s'il y avait quelqu'un dans ma vie ? » Est-ce que ça pousserait Judas à prendre à nouveau ses distances ? Voire même à quitter ta vie ? De toute façon, pour lui, vos retrouvailles ne changent pas grand chose. Tu ne le vois pas quitter sa famille pour toi. Et tu ne veux pas priver son fils de son père, alors, peut-être que s'il y avait quelqu'un dans ta vie, ce serait plus simple pour vous deux, finalement.
Invité
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Jeu 22 Aoû 2019 - 19:29
and in this world of loneliness i see your face
C'est un rire amer qui quitte ses lèvres sans qu'il ne puisse le contrôler. S'il avait seulement une seule chance de parcourir le monde pour participer à des compétitions de baseball. Au lieu de ça, il était coincé sur le terrain avec des personnes qui, contrairement à = lui, n'avaient pas des soucis de santé trop importants pour risquer d'aller plus loin. Ensemble, ils étaient bons, mais il était clairement un bras cassé et un poids pour l'équipe. « Mon poumon m'en empêche. » Le sport lui demande trop d'air, et il sait que le poids de la cigarette ne l'aide pas à aller mieux. Sur scène, ce serait pareil. Il aurait tellement de stress, tellement d'adrénaline que son cœur aussi deviendrait dysfonctionnel. Chaque moment de la vie devenait une épreuve qu'il avait de plus en plus de mal à traverser. Mais il se rend vite compte qu'il n'est pas le seul à être tourmenté. A peine eut-il posé sa question qu'il vit le visage de Noa se décomposer. Eh merde. Il reste bouche bée, incapable de savoir quoi dire. « Je suis désolé pour toi, tu mérites pas ça. » lâche-t-il d'un souffle, les poils de son épiderme se dressant soudainement face au malaise et à tous ces souvenirs qui remontent. Il aurait voulu être là pour elle dans cette période difficile, lui témoigner de son soutien et il aurait été prêt à supporter la tempête qui se serait abattu sur lui à cause de son mal-être. Pinçant les lèvres, il repose la bière vide, incapable de boire plus, son esprit se concentrant sur cette étrange confession. Alors, quand elle propose de changer de sujet, il hoche la tête, parce qu'il comprend ce qu'elle traverse, et il n'est pas venu pour la faire pleurer. Il trouve le moyen de détourner la conversation, mais plus ça va, plus il a l'impression qu'il a faux sur toute la ligne. Il se met à réfléchir, la nausée faisant déjà son grand retour, la tête qui lui tourne. « Je voulais juste m'assurer que, si c'était le cas, il était assez bien pour toi... » Là, il est mal à l'aise, il se dit que c'était la question de trop. Et pourtant, dans son esprit, il a l'idée folle de vouloir en parler à Olivia. Peut-être qu'elle pourrait le comprendre, qu'elle lui en voudrait pas si à son âge il avait envie de penser relations amoureuses plutôt que vie de famille. Seulement, il est loin de s'imaginer que sa colocataire le prendrait comme une fuite de sa part. Il ne sait juste plus quoi penser, partagé entre des sentiments inhabituels. Il est tellement habitué à n'en avoir rien à faire, d'habitude de tout ça. Enfin, pas comme ça. Peut-être parce qu'il a développé un amour pour le sexe afin de cacher ce genre d'amour qui lui manque depuis toujours, créant un trou béant dans son cœur. Et en même temps, il se disait que c'était sa malédiction pour avoir osé rester en vie contrairement à Jonas. Rien que d'y repenser, il sent que ses mains tremblent, que la panique s'empare de son cerveau. Soupir aux lèvres, il jette maladroitement la clope au sol, qu'il écrase du bout de sa converse trouée pour l'éteindre. « J'suis pas crédible, hein ? » demande-t-il, riant à nouveau avant de hausser les épaules. Il sait que ça sert à rien de se voiler la face. Ils veulent tous les deux des réponses à leurs questions, et s'enfoncer dans des je ne sais pas fera rien avancer du tout. Et puis, ils étaient devenus adultes et Judas ne supportait plus de gâcher son temps à agir comme un gamin. « C'est juste que, si t'avais un mec, j'voudrais pas te causer d'ennuis. Si y'a bien une chose que je sais, c'est que je veux ton bonheur. Y'a rien de plus beau que ton sourire. » Il baisse la tête vers ses mains, se rendant compte qu'il ne pouvait plus croiser son regard depuis trop longtemps déjà. Parce que les souvenirs affluaient sans qu'il ne puisse les repousser, parce qu'il luttait contre sa propre volonté. « On était sur ce même banc quand je t'ai embrassé la première fois. » Sa gorge se serre, il sait pas pourquoi il tient tant à leur rappeler ce souvenir. Lui qui pensait que ce détail lui était sorti de la tête, maintenant, ça lui revenait comme un boomerang. Son regard osa enfin croiser celui de Noa, tandis qu'il hésitait sérieusement à partir d'ici, maintenant, sans un mot. Parce que même s'il est pas du genre à fuir, avec Noa, il a toujours eu cette fâcheuse manie, convaincu que c'était le seul moyen de leur éviter de trop souffrir. Sauf que ce soir, il était déjà trop tard.
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Dim 25 Aoû 2019 - 22:14
Tu as un pincement au coeur quand Judas parle de son poumon parce que tu connais l'histoire qui y est rattachée. Il a fallu neuf ans pour que tu apprennes l'entière vérité mais, au fond, tu sais que Judas ne partage pas cette facette de lui avec n'importe qui. « J'suis désolée que tu ne puisses pas poursuivre tes rêves... » Murmures-tu en ancrant ton regard au sien. Même si tu n'y peux rien, ça te rend triste de savoir que l'australien ne peut pas vivre la vie dont il rêve. Il s'est déjà tant privé... On peut dire que la vie n'a pas toujours été tendre avec vous et la mort de Noah, ton meilleur ami, en est la preuve. Non, tu ne méritais pas qu'il te quitte si précipitamment mais lui méritait encore moins d'être aspiré par les ténèbres, par la drogue. Alors dans cette histoire, tu n'es pas la plus à plaindre même si la disparition de Noah a remis en cause beaucoup de choses comme ces études que tu n'as jamais terminées. Aujourd'hui, tu t'en mords les doigts et si tu es à la rue, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même. C'est toi qui as baissé les bras, toi qui as abandonné la vie. Mais avec le retour de Judas dans celle-ci, tu retrouves petit à petit cette lumière qui te manquait depuis neuf ans et ça fait vraiment du bien. C'est comme une bouffée d'air frais, comme l'ultime bouffée d'oxygène. Il n'y a que lui qui peut t'apporter un tel sentiment alors quand il te demande s'il y a quelqu'un dans ta vie, la réponse est évidente à tes yeux. Non. Et quelque part, tu ne peux t'empêcher de te dire que tant que Judas fera partie de ta vie, tu seras bien incapable de voir quelqu'un d'autre que lui. Malheureusement, ce n'est pas forcément une bonne chose parce que tu ignores totalement si votre relation peut évoluer ou non. Avec la situation de l'australien, tu ne vois pas vraiment ce que vous pouvez envisager tous les deux, tu as un peu peur de te raccrocher à lui pour la seconde fois et qu'il t'abandonne à nouveau. Parce que face à sa famille, à son fils, tu n'as aucune chance. « Non mais c'est parce que je te connais par coeur. » Dis-tu en riant à ton tour, admettant que Judas est peu crédible quand il joue au mec détaché. Y'a rien de plus beau que ton sourire. Ca te fait bizarre d'entendre ça parce que, ce sourire, est presque inexistant en ce moment, dans ta vie. Tu ne sais pas depuis combien de temps tu n'as pas eu un vrai fou rire, une vraie barre de rire. Bien trop longtemps, sans doute. Mais tu ne perds pas espoir qu'un jour, ton sourire revienne pour de bon. « Tu ne me causeras pas d'ennuis parce qu'il n'y a personne dans ma vie... Côté coeur, c'est le néant. » Réponds-tu en haussant les épaules. Ou du moins, c'était le néant jusqu'à ce que Judas décide de réapparaitre soudainement. « Et moi... je risque de te causer des problèmes ? J'veux pas risquer de briser ta famille, Judas. » Tu soupires, partagée entre l'envie de faire partie du quotidien du jeune Kirke et la peur de mettre en péril sa famille, construite autour de son petit garçon. Tu relèves la tête vers lui quand il mentionne votre premier baiser, plantant ton regard dans le sien, fuyant. Après quelques secondes, il ancre son regard au tien et tu sens toute la puissance de votre échange de regards à travers tout ton corps. Ce qu'il se passe avec Judas, c'est inexplicable, beau et terrifiant à la fois. « Je suis tellement perdue, quand t'es dans les parages. T'as tout chamboulé en réapparaissant dans ma vie mais en même temps, je suis contente que tu l'aies fait... » C'est contradictoire mais ça résume bien le fond de ta pensée. C'est le flou total mais s'il y une chose dont tu es sûre, c'est qu'aux côtés de l'australien, tu te sens vraiment bien. Inconsciemment, tu glisses le long du banc pour t'approcher un peu plus de lui, tes yeux toujours ancrés dans les siens, incapable de te détacher de ce regard hypnotisant qui semble lire en toi comme dans un livre ouvert.
Invité
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Lun 2 Sep 2019 - 11:27
and in this world of loneliness i see your face
Lui aussi, il est désolé de pas aller au bout de ses rêves, et en même temps, c'est le court naturel de sa vie, il faut pouvoir l'accepter. Il y a des rêves que l'on peut réaliser, d'autres moins, et c'est pas grave, c'est pas dramatique. Et y'a un autre de ces rêves, enfoui, presque inconscient, qu'il avoue à demi-mot à travers ses plaisanteries, ses sourires et son regard, sans oublier ce simple compliment, innocent sauf pour celui qui sait lire entre les lignes. Égoïstement, il est soulagé de savoir qu'elle n'a personne avec qui partager sa vie, ça lui laisse une chance. Mais quelle chance, au juste ? De lui pourrir la vie une seconde fois ? En revanche, il n'avait jamais songé qu'elle puisse briser sa famille. Peut-être que dans un sens, Laël serait triste d'apprendre la vérité, mais de là à briser les liens qui les unissent ? Non, il ne pouvait pas penser que cela arrive. Et si jamais tout se brisait dans la vie, il serait l'unique fautif, pour avoir forcé le destin. « Tu me causeras pas de problèmes. Et si j'en ai, ce sera uniquement de ma faute. J'suis grand, j'assume mes conneries. » Assumer est un bien grand mot, disons qu'il préfère nier. Cette fois, il fera exception à la règle et ne s'en prendra qu'à lui-même, d'autant plus lorsqu'il plonge son regard dans celui de son ex, tentant de lui faire comprendre à sa manière qu'il s'en fout, des conséquences de leurs retrouvailles. Alors, il la regarde, ne dit rien quand elle semble se rapprocher, attirée comme un aimant. Ce mouvement, ce rapprochement soudain, il sait déjà comment l'interpréter, comment il veut l'interpréter. Et il sait pas si c'est une bonne idée, ni pour lui, ni pour elle. Même s'il a envie que le bleu de ses yeux se perde encore plus dans le brun des siens, et être proche d'elle comme avant, il ne peut pas. Parce que dans le fond, sa famille occupe ses pensées. Pourtant c'est con, il en a passé, des nuits à faire l'amour à des femmes et des hommes, à les embrasser aussi, alors qu'il n'était même pas saoul. Et en même temps, s'il en avait rien à faire, c'est parce que ces conquêtes ne feraient en aucun mal à son pseudo-couple avec Olivia, puisqu'il ne les reverrait plus. Noa, c'est différent. Même s'il a envie de revivre cette sensation de poser ses lèvres contre les siennes pour se laisser envahir par la douceur d'un baiser, il ne peut pas, pas avant d'avoir fait le point avec lui-même, pas avant d'en avoir parlé à Olivia. Qu'est-ce que son frère devait se foutre de sa gueule, là-haut. Il jurerait lui entendre dire qu'il a fait les mauvais choix dès le début, et que ce pauvre con qu'il est devenu ne fait qu'en payer les conséquences. Sauf qu'il n'était pas son frère, et qu'il ne le serait jamais, qu'il en possède un poumon ou un état d'esprit. C'est comme ça qu'il en est tout chamboulé, lui. Il se rappelle à quel point il était au bout du bout quand il a gagné la rue, qu'il avait plus rien à quoi se raccrocher à part cette putain de guitare aujourd'hui au placard, et à quel point la présence de Noa avait été si réconfortante qu'il s'était dit que finalement, la vie méritait peut-être d'être vécue. « Moi aussi je suis perdu. On doit se donner du temps. » Il a mal de dire ça, c'est comme si quelqu'un d'autre lui avait arraché les mots de la bouche. Nerveusement, il se relève, jette un coup d'oeil à son téléphone portable pour voir l'heure. Il n'est pas là depuis très longtemps, il aurait envie de rester mais c'est dangereux pour tous les deux. Chaque seconde, il hésite à faire la pire connerie possible vis à vis de sa colocataire. Elle serait bouleversée rien qu'en le sachant, mais pourrait-elle l'être plus que lui ? Fourrant les mains dans les poches, il regarde autour d'eux, les passants traçants leur route, les autres prenant le temps de traverser la place, certains en skateboard et d'autres avec leurs chiens. Chacun était en train de vivre sa vie et tout le monde se moquait bien des deux gens sur leur banc. Judas passe une main dans ses cheveux, perturbé, le cerveau n'arrivant pas à faire le point. Dans sa poche, il sent le briquet qu'il vient de récupérer, du coin de l’œil, il s'attarde sur le visage de Noa et sur son sweat-shirt à côté d'elle, qu'elle ne lui a pas rendu. Au fond, il voudrait qu'elle le garde, que ça lui fasse une excuse si elle se fait emmerder par qui que ce soit, même s'il sait qu'elle se débrouille très bien toute seule. « J'vais pas pouvoir rester. » Parce que chaque seconde de plus passée en ta compagnie, c'est une seconde de plus pour me faire tomber sous ton charme, pour avoir envie de te promettre monts et merveilles alors que j'ai jamais su tenir mes promesses, parce que tout se mélange dans ma tête, et j'veux pas que tu vois toute la cacophonie qui m'habite quand j'plonge mes yeux dans les tiens. « J'ai pas non plus envie de partir. » Il hausse les épaules, la regarde à nouveau, la boule au ventre. Il se dit qu'il aurait dû rester assis, qu'il aurait dû laisser les choses se dérouler même si elles n'étaient que toxiques, ça lui aurait donné une bonne raison de rester, parce que là, il a envie qu'elle le retienne encore. Et il se sent con.
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Mer 18 Sep 2019 - 13:29
J'assume mes conneries. Des mots qui semblent si naturels lorsqu'ils franchissent les lèvres de Judas et pourtant, qui te font mal en ton fort intérieur. Tu ne le montres pas parce que tu as appris à masquer tes sentiments, à cacher ta vulnérabilité depuis toute petite. Mais est-ce que c'est comme ça qu'il te voie, comme une connerie ? Comme une erreur dans sa vie de famille ? Tu sais qu'il n'a certainement pas voulu dire ça mais tu ne peux t'empêcher de voir les choses de cette façon et ça te blesse. Parce qu'à tes yeux, Judas n'a jamais été une erreur de parcours. Tu as beaucoup souffert de son départ mais tu ne regrettes pas une seule seconde ce que vous avez vécu tous les deux. Vous aviez un lien si fort que même neuf ans plus tard, tu es bien incapable d'imaginer un quotidien où il n'est pas. Son retour est encore tout frais mais Judas a déjà repris presqu'intégralement sa place. « C'est ça que je suis, pour toi, une connerie ? » Demandes-tu avec un léger rire pour rendre tes mots moins dramatiques, moins lourds de sens. Mais dans le fond, on peut clairement lire l'inquiétude dans ton regard. Tu as peur d'être encore une fois blessée en t'accrochant à l'australien, peur qu'il s'en aille à nouveau sans jamais revenir, cette fois-ci. Et tes doutes s'intensifient encore un peu quand il souligne que vous avez besoin de temps. « Je pense que c'est surtout toi, qui dois faire le point. Réfléchir à ce que tu veux, ou non, dans ta vie. » Réponds-tu doucement. Bien que tu ne saches pas exactement ce que tu ressens pour Judas, à l'heure actuelle, tu n'es pas pieds et poings liés dans une fausse relation, contrairement à lui. Si tu t'accroches à votre relation, tu ne risques pas autant que lui et elle est là, toute la différence entre vous. Tout ce que tu risques, toi, c'est de finir le coeur brisé pour la seconde fois. Et tu en as un petit avant-goût quand Judas t'avoue ne pas pouvoir rester. Bien sûr qu'il doit aller retrouver sa famille et cette vie dans laquelle tu n'as - et n'auras - sûrement jamais ta place. Bien sûr que cette vie-là passe avant toi, avant votre relation. Tu ne peux pas le lui reprocher, dans le fond, mais à cet instant précis, tu as juste envie de le retenir, de lui demander de rester pour toi. Est-ce qu'il accepterait ? T'en as aucune idée. « Alors ne pars pas... » Dis-tu quand l'australien ajoute qu'il n'a pas envie de partir. Tu ne détaches pas tes yeux noisette des siens, tentant de lire en lui comme dans un livre ouvert, comme tu le faisais si bien par le passé. Mais neuf années se sont écoulées et vous avez changé, tous les deux, alors ce n'est plus si simple qu'auparavant. Tout ce que tu lis dans son regard, c'est le doute et peut-être une once de désir mais c'est certainement ta naïveté qui te pousse à voir ce détail dans ses yeux. « J'veux pas que tu sois tiraillé entre ta vie de famille et moi mais... j'ai vraiment envie que tu restes. » Ne me laisse pas une deuxième fois, je ne le supporterais pas... mais ces mots ne franchissent jamais tes lèvres parce que ce serait trop dur d'encaisser un refus après un tel aveu.
Invité
Sujet: Re: and in this world of loneliness i see your face (judas) Lun 23 Sep 2019 - 10:50
and in this world of loneliness i see your face
Malgré le rire de Noa, il se sent coupable d'avoir formulé sa phrase de cette manière. Il ne s'imaginait pas une seule seconde regretter sa rencontre, qui avait pour lui été libératrice. Sauf qu'il ne pouvait pas le dire, il ne pouvait pas laisser aller tous ces sentiments qui le hantaient à chaque moment de la journée, le regard souvent dans le vague quand Olivia lui posait une question. « Non, t'es tout sauf une connerie. » soupire-t-il, ne parvenant pas à se rattraper. Quel connard tu es devenu, Judas, se surprend-t-il à penser dès qu'il se remémore comment il était, quand il n'était encore qu'un gosse en plein deuil. Silencieux, il l'observe, il sait qu'elle a raison. Sauf que du temps, il sait qu'il en a eu assez pour réfléchir à tout ce qu'il souhaitait profondément. A l'instant, c'est elle qu'il veut, et personne d'autre. Et chez lui, il voudrait peut-être passer encore quelques années à regarder Laël grandir. Judas aurait voulu pouvoir conjuguer les deux et pourtant, il savait qu'il aurait du mal à parvenir, parce qu'Olivia lui avait déjà fait comprendre qu'il lui faudrait faire un choix, qu'il ne pourrait pas avoir de vie de famille et de vie amoureuse en même temps. Être ainsi mis au pied du mur lui donnait surtout envie de s'enfuir et de ne jamais être retrouvé, car fuir était toujours plus simple pour tout le monde. D'ailleurs, n'est-ce pas ce qu'il fait, dans l'immédiat ? D'argumenter sur son obligation de rentrer chez lui alors qu'il n'en a pas envie ? Alors qu'il sait qu'à peine aura-t-il franchi la porte de la maison que sa famille lui posera des questions sur son légère haleine de bière et de cigarette, et qu'il ira se laver les dents, mensonges au bord des lèvres tandis que dans tous les esprits des questions, tournent, partent et reviennent sans arrêt. Pieds ancrés dans le sol, le regard ne pouvant pas la quitter, il en oublierait presque le lieu dans lequel ils se trouvent, si ce dernier n'était pas si lourd de sens. Non seulement il y avait eu ce baiser sur ce banc, mais il avait dormi ici dans des états pas possibles, parfois, ivre et malade comme un chien, entre la douleur physique et mental du manque de son frère. Un frère qu'il pensait pouvoir remplacer, en vain. Les souvenirs restaient toujours douloureux, et au fond de lui, il sentait qu'il ne pourrait jamais guérir de cette perte. Parfois, laisser Jonas vivre à sa place aurait été plus facile. Il n'aurait certainement jamais eu les mêmes problèmes que lui, trop sage, trop gentil pour finir le délinquant que Bartosz avait été. Pinçant les lèvres, il jeta un coup d'oeil autour d'eux, sachant pertinemment qu'il ne pouvait pas rester, malgré cette envie à tous les deux de poursuivre leur conversation. « On se revoit bientôt, et en attendant, on continue à s'envoyer des messages, d'accord ? » Sa voix a beau être douce, il a l'impression de déchirer son cœur en deux. Son regard se posa également sur ce sweat qu'elle avait gardé près d'elle, qu'il ne voulait pas récupérer immédiatement. « Garde-le, je t'en fais cadeau. » Pour ne pas qu'elle l'oublie, et parce qu'il n'avait jamais vraiment compté le récupérer depuis qu'il le lui prêté l'autre nuit. S'approchant doucement, main tremblante, qu'il posa sur la joue de la jeune femme, il vint lui embrasser le front avant de se redresser. « Je te préviens quand je suis rentré. Prends soin de toi jusqu'à ce qu'on se recroise, d'accord ? » Clin d'oeil complice, il s'écarte, refuse de laisser son cœur le guider ce soir. Il regarde une dernière fois son doux visage, et quand enfin il pense que ses traits sont ancrés dans sa mémoire, il se décide à lui tourner le dos après un petit signe de la main, s'en allant dans les méandres de la ville, le cœur lourd et l'envie de revenir sur ses pas. Il reviendrait, mais comme elle le lui avait dit, il fallait qu'il prenne du recul et qu'il réfléchisse à ce qu'il voulait vraiment.