(-18) tell them all i hoped would be impossible (charlie)

Charlie l'intriguait. Liam avait envie d'en découvrir plus sur elle, de la connaître encore mieux, mais, aussi, qu'elle ne cesse de le voir comme l'homme beau parleur. Liam était séducteur, certes, mais il partageait toujours ses intentions pour éviter, justement, d'être dans ce genre de situation. Et concernant l'amour, sa vision ne plaisait que rarement aux femmes. Il ne croyait pas à ce qu'on appelle la monogamie, aux couples fermés, peut-être parce qu'il n'était jamais tombé amoureux d'une femme au point de n'avoir besoin que d'elle. Mais toutes ces choses, il en parlait, il ne laissait pas les filles espérer, se faire des idées. Au fond, il n'était pas un profond salaud, seulement à demi. Et tout ça, il avait envie d'en discuter en face, de voir les yeux bleus de Charlie en personne et non au travers de ses photos sur l'application de rencontre qu'il avait épiée plusieurs fois, voulant incruster son visage dans sa mémoire. Et ces envies firent réalités quand ils se donnèrent finalement un point de rendez-vous. À dans une heure, avaient été ses derniers mots, le temps de se faire présentable et de se mettre en route pour le lieu de rencontre. Il s'était légèrement parfumé, avait enfilé une chemise, attrapé ses clés dans l'entrée de l'appartement avant de fermer la porte derrière lui. Porte verrouillée, près à quitter en direction du bar, il remarqua passer devant lui une silhouette féminine, des longs cheveux bruns qui lui rappelaient ceux de celle qu'il avait tant envie de voir. Mais à force de la regarder, il réalisa que si elle lui rappelait Charlie, cette chevelure, c'est parce que c'était elle. Amusé, intrigué, Liam l'accosta. « Tu ne pouvais pas attendre pour me voir, tu m'as traqué jusqu'à chez moi ? », demanda-t-il amusé. « Ou, alors, l'homme que tu voyais avant moi habite le même immeuble, peut-être ? » Parce que comme un con, il n'avait pas fait le rapprochement entre Keynes, le nom de son voisin et ami, et Keynes, le nom de la belle Charlie.

Tous les nuages du passé me suivent. Depuis mon arrivée à Bowen, j'ai rencontré quelques mecs. J'étais devenue acco à ce site de rencontres, défilant des centaines de visage. D'ailleurs j'ai passé du bon temps avec certains d'eux. Mais il y en a qu'un qui m'a transpercé. Dès le début on s'est mis d'accord sur un point essentiel. Pas de relation à long terme, pas d'engagement. C'est peut-être pour cette raison que je le désire autant. Il ne sera jamais rien qu'à moi. Tes vieux démons resurgissent, Charlie! Dans un coin de ma tête je me rappelle que, je ne fais que saboter toutes mes relations.

Il y a bien longtemps que je ne m'étais pas aussi bien apprêtée. J'ai osé porté cette petite robe bleu pervenche, bustier, qui m'arrivait juste en dessous des genoux. Je dois vous avouer futilement que c'est ma robe porte-bonheur. Je la porte surtout pour des rendez-vous comme celui-ci. Pour un garçon qui me plaît vraiment. Que j'ai envie d'impressionner. Que j'ai envie d'avoir dans mon... Hein? Je m'apprêtais à sortir de l'immeuble mais je tombe nez à nez avec Liam. Il essaie de faire de l'humour. Je reste impassible. Dis plutôt que je suis ton deuxième rendez-vous! Il va quand même pas me faire croire qu'il habite ici. Alors que si, c'est possible, j'ai emménagé depuis peu chez mon frère. J'aimerais lui lancer un regard condescendant mais je n'y parviens pas. Ses yeux sont de la même couleur que les miens. Il est... parfait.

Elle était belle. Resplendissante, même. Ses yeux d'un bleu foudroyant étaient mis en valeur dans cette robe, bleue aussi, mais dont le contraste lui donnait des allures d'une déesse. Elle était magnifique avec sa longue chevelure qui tombait en cascade sur ses épaules dont quelques mèches avaient été blondies par le soleil et ses lèvres subtilement rehaussées par un rouge aux lèvres qui les rendaient plus pulpeuses. Elle était belle, ça en était indéniable. Et Liam aurait pu craquer là, dans le couloir de son immeuble. Il aurait pu foncer sur elle, l'embrasser jusqu'à en perdre la tête, lui demander d'envoyer balader ce verre et cette soirée, de l'emmené directement chez lui. C'était à ce point, qu'elle était belle. Mais il ne le fit pas. D'abord, parce qu'il tentait de se détacher de cette image du mauvais garçon qu'elle tentait de lui coller. Ensuite, parce que la curiosité s'installa. Mais que faisait-elle là, dans son immeuble, alors qu'ils s'étaient donné rendez-vous en ville pour un verre ? Liam avait choisi l'humour comme approche, Charlie, elle, n'affichait pas même un sourire sur son visage. Elle supposait, avec beaucoup plus de sérieux que lui, qu'il enchainait les rendez-vous, ce qui aurait pu être tout à fait plausible venant de la part de Liam. Seulement, lui, il aurait été du genre à l'avouer. Il sourit à la belle brune, un rire franc qui s'échappa d'entre ses lèvres, l'écho du couloir de l'immeuble qui feutrait la scène. « Tu obtiens souvent les clés de tes rendez-vous ? », ria-t-il en lui montrant ses clés. « Tu as vraiment une sacrée opinion de moi », ajouta-t-il à la blague, sourire taquin aux lèvres. « J'habite ici », avoua-t-il finalement en pointant du doigt la porte de son appartement. « Tu te lances à me confier ce que tu fais ici, alors ? » Il s'avança d'elle, joueur, moqueur, le regard séducteur. « Tu peux avouer que tu m'as espionné jusqu'à trouver mon domicile, Charlie, ça ne me ferait pas peur. » Il se doutait bien que ce n'était pas la vérité. C'était bien pour ça qu'il s'en jouait.

Une chance sur mille, et c'est sur lui que je tombe. Je reste sans voix. Liam me domine nettement de sa taille. Il a des faussettes qui se creusent lorsqu'il sourit. Il me faut puiser d'une forte capacité mentale pour ne pas sourire à mon tour. Il a du charisme, de la prestrance. Le genre d'homme avec qui on tombe facilement amoureuse. Pas moi. Je me l'interdis.

Il me montre ses clés. Je dois bien avouer qu'il m'a bien cloué le bec. Ce serait stupide et surtout de mauvaise foi de ne pas le croire. Il a gagné, je lui lance mon regard condescendant. J'habite là, moi aussi. Enfin chez mon frère, comme je t'ai dis. Ariel doit sûrement le connaître. J'espère qu'ils ne sont pas potes. Je n'ai pas envie d'être amenée à dire à mon frère hey, j'ai envie de me taper le voisin super beau gosse! Et encore il s'agirait d'un demi-mensonge. Je me mens à moi-même en prétendant que je ne suis qu'attirée physiquement par lui.

C'est charmant comme rendez-vous, ici dis-je en scrutant faussement les murs du couloir. À la base je m'attendais à ce qu'on boit un verre ou deux. Qu'on discute. Qu'on se séduise. Puis qu'il m'invite chez lui. Du coup là, ça va se passer comment? On passe directement à la case " viens chez moi? " C'est trop facile. Fais-le bon choix, Liam.

Elle coulait sur lui un regard condescendant, illuminant son regard. Liam se moquait ouvertement de la situation cocasse, son sourire au bord de ses lèvres qui prenait toute la place dans leur échange. Il s'approchait pas à pas d'elle, réduisait la distance entre eux. Près, Charlie aurait pu sentir les effluves de sa Cologne. Et lui, il pouvait admirer son grain de peau si fin que l'on aurait dit de la porcelaine. Il pouvait également se perdre dans l'océan de ses yeux, à l'infini, mais elle renchérit à la moquerie de l'homme. Il s'avérait qu'elle aussi, elle habitait l'immeuble. Surpris, Liam haussa les sourcils, mais un sourire plus franc se posa cette fois sur son visage. Ce n'était pas si mal, d'avoir la belle Charlie comme voisine. D'autant plus qu'il ne résistait que très mal à l'envie de la voir, ils n'auraient donc aucune excuse pour éviter de remettre ça. À moins qu'elle, elle ne le veuille pas. « Intéressant », commenta-t-il en transformant son regard, le rendant plus mystérieux. « Ça ne te fera pas très loin pour ces nuits où tu auras envie de venir te glisser dans mes draps. » Il usait des mots, prétendait qu'elle ne serait que la seule des deux à avoir envie de succomber à l'autre, alors qu'en réalité elle avait tout, Charlie, pour le rendre accro à son corps. Et elle était divinement plus jolie que sur ses photos. À ce moment, Liam ne tiltait pas aux détails concernant son frère qu'il connaissait sans doute. Pour le moment, il n'était qu'envouté par elle. « Tu es sublime », finit-il par avouer. C'est sans doute ce qu'il lui aurait dit en la découvrant à leur lieu de rendez-vous, mais comme il l'avait vu avant coup, il ne pouvait pas se retenir encore plus longtemps de lui dire qu'il l'a trouvait magnifique. Charlie regardait autour d'eux, désignant l'endroit charmant pour leur rendez-vous, décrochant un rire de la part de l'Espagnol. « Tu veux entrer ? » Ce n'était sans doute pas ce qu'elle voulait entendre, belle Charlie. Et c'était sans doute suffisant pour lui faire croire davantage au stéréotype du beau parleur séducteur.

Ça va les chevilles! Le mec s'attend déjà que je sois son plan cul. D'un autre côté on ne peut pas dire que ce serait un mauvais plan. Je n'aurais qu'à toquer à sa porte pour aller le voir. L'inconvénient, c'est que, on risque de se croiser très souvent. Donc pas terrible si je suis confrontée à un défilé de nanas qui rentrent et sortent de chez lui. J'ai envie de lui en faire la remarque mais je tiens à ce qu'il ne prenne pas ça pour de la jalousie. Ma fierté me freine. Je ne réponds pas, entretenant à mon tour cette atmosphère mystérieuse. Est-ce que je vais céder à la tentation?

Impossible pour moi de ne pas apprécier un compliment de sa part. Ma déesse intérieure se sent flattée. Merci. Merci surtout à ma robe porte-bonheur. Je pourrais lui retourner le compliment d'une centaine de manières. Ce mec est mon parfait idéal. J'aime beaucoup tes.. je lui touche les parenthèses qui forment son sourire Ça... Quand tu souris J'ai lâché prise. Mon regard est plus doux, je deviens tacticle. Je lui dévoile la vraie moi.

Il brise cet instant. Je m'attendais bien à ce qu'il me propose tout de suite de venir chez lui. Cependant j'aurais préféré qu'il ne le fasse pas. Soyons clair. J'suis pas du genre à coucher au premier rendez-vous. C'est faux. Plus de trois fois. Crois pas que c'est acquis. Encore faux. Je pourrais succomber dès l'instant qu'il aura fermé la porte derrière nous. Mais... Oui il y a forcément un mais. Je le dis ou pas? De toute façon, on devait se voir, ici ou ailleurs... Je me suis dégonflée. Le j'ai très envie d'être avec toi est resté coincé au fond de ma gorge.

Ça le faisait rire, c'est son humour. Il savait qu'il plaisait et sans vouloir s'en jouer, il lui arrivait d'utiliser sa séduction comme punch line. Mais il lui avait dit, à maintes et maintes reprises, il n'était pas du tout le genre d'homme qu'elle croyait. Liam croyait avec fermeté à l'honnêteté, bien que sa franchise ne plaisait pas à toutes les femmes, sans doute la raison pour laquelle aucune ne se voyait faire une vie à ses côtés. Ça lui était égal, jusqu'à présent il n'avait pas aimé au point de souffrir d'un départ, aimer point, même. L'amour, c'était un concept qu'il ne connaissait pas. Mais sa franchise lui avait aussi accordé quelques échecs intimes, faisant fuir des femmes qui n'acceptaient pas de partager leur place. Liam était pourtant clair avec ses conquêtes, surtout celles qu'il voyait plus d'une nuit. Pas d'attache, pas de relation exclusive, il avait besoin de sa liberté. Et il ne s'en cachait pas. Ça lui était effectivement arrivé de sortir de son appartement, où il habitait avant, et de croiser une conquête arrivée pour lui faire surprise alors qu'il en était accompagné d'une autre. Et ce n'était pas pour leur faire du mal, jamais il n'en avait l'intention. Mais ça arrivait, parfois, quand l'autre s'attendait à plus que lui, quand l'autre espérait le faire changer d'avis. Charlie ne répondit pas à sa blague, Liam lui accorda un sourire devant son silence, sourire qui témoignait bien de la moquerie qu'il venait de lui jouer, profitant de ce moment de répit avant la suite de la conversation pour la complimenter. Ce n'était pas pour la séduire, ou peut-être juste un peu, il le pensait, vraiment, qu'elle était sublime. Il aurait eu envie de replacer une mèche de ses cheveux, prétexte pour toucher sa peau de poupée, mais il s'en empêcha, ne sachant pas encore très bien si Charlie était vexée. Et il ne voulait surtout pas la froisser davantage. Cependant, ce fut elle qui initia le premier rapprochement, venant loger ses doigts sur les fossettes du brun, ce qui le fait sourire encore plus, juste pour lui permettre de les admirer. Il attrapa rapidement la main de Charlie, avant qu'elle ne la laisse retomber dans le vide, pour prolonger le moment, juste encore un peu, pas trop longtemps, le temps de caresser ses doigts et de la remercier. « Merci », répétait-il en écho avant de lui proposer d'entrer, plutôt que de parcourir toute la ville jusqu'à son centre, de prendre quelques verres et de revenir sur leurs pas. C'était sans arrières pensées, ou presque, difficile pour lui de cacher qu'il n'avait pas envie de se retrouver en intimité avec elle, la belle brune, mais évidemment, elle ne vit que ce que les apparences laissaient croire. Il aurait dû le deviner. « Tu as vraiment une sale opinion de moi. » Liam sourit faiblement, sourire qui se transforma quand malgré ses mises en garde presque violentes, elle accepta son invitation. Il lui plaisait, sans quoi, elle serait restée sur ses gardes. Et ça ne lui déplaisait pas. Il secoua tout de même al tête, attrapant sa main. « Viens, on va marcher. » Elle avait été claire, sa première réaction avait été de mettre les points sur les i, de clarifier le genre de fille qu'elle était. Et il n'irait pas à l'encontre de tout ça. « On a tout le temps du monde de te faire visiter mon appartement. Surtout si tu es l'une de mes voisines. Si ce n'est pas ce soir, ce sera demain. Tu as raison, ce n'est pas acquis. »

J'ai la sensation qu'on se plaît mutuellement. Les compliments mettent en place la séduction. Je le dévore des yeux. J'aime absolument tout chez lui. Les moindres traits de son visage me semblent parfaits. Sa chemise laisse entrevoir qu'il a un corps sculpté. Si je m'écoutais, je prendrais les devants.

Je préfère lui faire comprendre que je n'étais pas acquise. Si il me veut, qu'il me prouve qu'il n'est pas un beau-parleur. Le test fonctionne plutôt bien. Même si il sourit (mon coeur fond encore), je crois comprendre qu'il en a marre d'être une fois de plus être catalogué. Il y a une théorie qui dit que : plus le garçon est beau, moins il est fiable. En conséquence, ton taux de fiabilité est de 0 Je forme un rond avec ma main, qui tombe pour frôler la sienne. Il n'insiste pas, je suis agréablement surprise. Il prend ma main, pour m'attirer je ne sais où mais peu importe, si j'écoutais mon impulsion je le suivrais. Je l'attire contre moi. Non, c'est bon. On a mis les choses au clair. Sois pas ridicule, on est juste devant ta porte! Fais-moi rentrer.

Il souriait parce que c'était plus facile de le prendre avec positivisme que de se laisser atteindre par cette étiquette qui ne cessait de le suivre. C'était facile de le caser parmi tous ces autres hommes. Et il n'en voulait pas, au fond, à celles qui le faisaient. Elles ne le connaissaient pas, tout simplement, se laissant berner par son physique. N'était-ce pas l'essence de la société actuelle, au fond ? Les blondes sont sans doute toutes stupides, les personnes noires toutes des criminels et les femmes voilées toutes soumises. Et les hommes qui paraissent bien ? Relayés au stéréotype du grand parleur, ceux à qui il est impossible de faire confiance. C'était lourd à la longue, oui, mais Liam tâchait de ne pas se laisser accabler par cette réputation qui le suivait alors qu'il ne la méritait pas. Évidemment, il aimait séduire. Évidemment, il aimait les femmes. Évidemment, il profitait de son physique pour les charmer. Évidemment, il en passait plusieurs dans son lit. Mais toutes étaient consentantes. Et toutes étaient mises au courant, à l'avance, qu'il n'attendait rien de plus en retour. Il ne leur faisait pas boire de belles paroles, il ne leur faisait pas croire de fausses promesses qu'il serait incapable de tenir. Et quand c'était terminé, il ne se gênait pas pour le dire, aussi gentiment qu'il puisse le faire. Alors, s'il aimait les femmes, était-il automatiquement l'un de ces hommes peu fréquentables ? Et s'il était beau, cela faisait-l de lui un homme indigne de confiance ? Selon certaines, oui. Il tâchait de sourire à Charlie, lui montrant son humour plutôt que de l'accabler de ses opinions. Au fond, il se doute qu'elle ne fait que protéger ses arrières, rien ne sert de l'agresser parce qu'elle le fait encore une fois passer pour le stéréotype masculin par excellence. Plus le garçon est beau, moins il est fiable, dénotait-elle avec un semi-sérieux, ajoutant que dans le cas de Reyes, son ton de fiabilité frôle le zéro. C'était un compliment caché, au fond, elle le trouvait beau, même s'il était entouré de cette image qu'il n'aimait pas qu'elle ait de lui. « Je le prends comme un compliment », lâcha-t-il avec un nouveau sourire. Ça aurait pu sonner comme de l'arrogance, mais son ton est posé. Il utilisa d'ailleurs la même bienveillance pour proposer à Charlie d'aller marcher plutôt que de la forcer à entrer chez lui. Elle résistait, s'opposait, même, l'attirant un peu plus vers elle. « Attention, tu joues à un jeu dangereux », la mit-il en garde, dangereusement près d'elle. Ses lèvres l'appelaient, mais elle n'était pas une fille comme ça, elle le lui avait si bien rappelé. « Vos désirs sont des ordres », gloussait-il en se décalant, sans lâcher sa main, la guidant vers la porte de son appartement, cherchant ses clés pour le lui faire visiter. À l'intérieur, il la guida vers le salon. « À défaut de ne pas être sorti pour un verre, je peux t'en offrir un ici. Qu'est-ce que tu veux boire ? » Il avait pratiquement tout, elle avait l'embarra du choix. Alors qu'il s'exécutait, taquin, sourire au coin des lèvres, Liam osa poser une nouvelle question. « Alors, voisine, c'est lequel, ton frère ? » Non pas que c'était important, mais il était curieux, maintenant, comme elle habitait avec lui.

Mon poul se met à accélérer. Pendant une fraction de seconde je suis si près de lui que je peux sentir son parfum sur son cou. Je l'ai bien cherché, je l'avais attiré contre moi. Il n'avait qu'à se pencher pour m'embrasser mais il ne l'a pas fait. Mon cœur retrouve un rythme cardiaque normal quand il s'éloigne de moi pour m'ouvrir la porte. Je rentre, observant les alentours. Avant qu'il ne s'avance pour emboîter le pas vers le salon, j'enlève mes escarpins. Du haut de mon 1m60, je me sens davantage toute petite à côté de Liam. De plus, je viens de rentrer dans son intimité. Son chez lui. Je ne suis donc pas à ma plus grande aise. Il me propose poliment à boire. J'hésite à lui demander un verre d'alcool. Ça m'aiderait à me détendre un peu. Humm. Je fais mine de réfléchir. Tu as du jus de pomme ou du jus d'orange? Un choix plus sage, selon moi.

J'observe autour de moi, pour déceler un petit détail qui pourrait peut-être m'en apprendre plus sur lui. Il entame la conversation sur l'identité de mon frère. Je ne sais pas si il s'en souvient mais je lui avais dis qu'il était le meilleur grand frère de l'univers. Il s'appelle Ariel. Un brun... Petite barbe... Regard froid... je tente de le décrire mais je me rend compte que ce n'est pas aussi facile. Il pourrait ressembler à n'importe quel autre voisin. Par contre si Liam connaissait son prénom, il n'y aurait aucun doute. De toute ma vie je n'ai jamais entendu quelqu'un porter son prénom, surtout un homme. Mes parents sont barges, dès sa naissance, ils ne lui ont pas fait de cadeau.

Charlie pouvait regarder autour d'elle aussi longtemps qu'elle le veut, il n'y avait pas grand-chose qui décrivait Liam dans son appartement. C'était une garçonnière avec très peu de meubles, le strict minimum, même. Et pour la plupart neufs, il n'avait pas emporté avec lui ce genre d'affaires entre l'Espagne et l'Australie. Il y a peu d'items qui correspondent à son passé, quelques livres dans une bibliothèque et une photo de lui, petit, assis dans une vieille bagnole. Sur le mur du fond règne son skate, meilleur ami qu'il a ici, à Bowen et surtout meilleur allié pour se déplacer. Ce n'est pas froid, mais ce n'est pas l'endroit le plus chaleureux sur lequel elle aurait pu tomber. Et si Charlie avait envie de l'aider à pimper son appartement, il l'inviterait certainement à le faire. Mais pour l'instant, il lui proposait un verre, chose qu'ils étaient supposés prendre en ville. Et de tout ce qu'il a dans son coin-bar, Charlie avait choisi un jus. Liam lui sourit, se permettant une remarque taquine. « Tu as peur de perdre tes moyens ? » Ça ne lui faisait rien, au fond, qu'elle lui demande un jus. C'était seulement surprenant. Mais il lui servit un verre de jus d'orange, tel que demandé. « Jus d'orange. Sans pulpe, c'est l'invention du démon », gloussa-t-il en lui tendant le verre, la questionnant ensuite sur son frère, celui dont il était visiblement le voisin. Liam aurait voulu cacher sa surprise, mais son visage parla pour lui, incapable de rester de marbre à l'entente du prénom de son frère. « Keynes ? » Qui d'autre ? Des Ariel au masculin, il n'y en avait pas des tonnes. Le brun attrapa le parka sur le canapé, le posa sur les jambes de Charlie qui s'y était assise, l'air climatisé de l'appartement rafraichissait la pièce, ou était-ce le fait qu'elle était tout à coup plutôt inatteignable selon le code d'honneur des amis. Et avant de la rejoindre, il se versa un verre de rhum épicé, Dieu qu'il en avait besoin. « Avant que tu le demandes, ouais, je le connais. C'est mon pote. » Et qu'est-ce qu'il était con de ne pas avoir fait le rapprochement. « À ma défense, tu es beaucoup plus jolie que Keynes. Beaucoup plus. »

Je remarque, comme il me l'avait signifié lors de nos premiers échanges, qu'il est installé depuis peu. Ses meubles étaient neufs. Il y avait peu de décoration. Au fond de la pièce je vois son skate. Ça me fait sourire. Il m'avait dit qu'il apprendrait à m'en faire. J'ai échangé avec pas mal de garçons sur ce site de rencontres. Mais avec lui, j'ai tout de suite matché. Il avait le don de m'arracher virtuellement des tas de sourires.

Il y parvient aussi, face à face. Il a raison, je risque de perdre mes moyens. Mais pas besoin d'un verre d'alcool pour ça. C'est ce que tu aimerais, hein! dis-je en rentrant dans son jeu, adossée au canapé. Il sait qu'il est irrésistible. Je prends son verre de jus d'orange et le remercie.

Il prononce alors mon nom de famille, il connait donc mon frère. Ah... Ils sont potes. Oh... Je ne cache pas ma déception. Il dépose son parka sur mes genoux, que j'aggripe car c'est vrai qu'il fait un petit peu froid. Ça m'apprendra à m'entêter avec ma robe bustier / porte-bonheur.

Je n'ai pas tellement envie que mon frère connaisse les détails de notre relation. Puis je me demande si ça ne va pas le freiner. Il n'y a pas un code où on doit pas toucher la soeur d'un pote chez les mecs? Apparemment, non. Liam me complimente. Je fuis son regard. Merci. Je ne me suis jamais reconnue en Ariel. Il avait les traits de notre père, moi j'avais hérité de ceux de ma mère.

La question n'est pas là. Est-ce que le fait que tu connaisses mon frère te pose un problème? Car pour moi, clairement, non. Ariel et moi n'aimons pas nous étaler sur nos relations. Je ne veux pas savoir qui il se tape et lui ne me demande pas de détail non plus.

Son sourire était paralysant. Et quand elle le faisait, apparaissaient aux coins de ses yeux de petites ridules fines qui lui faisaient respirer la joie. Il aurait eu envie d'embrasser ces coins de yeux, de migrer ses baisers jusqu'à son oreille pour lui murmurer combien il la trouvait belle, encore plus quand elle tentait de lui résister, quand elle se donnait un genre pas trop intéressée alors que tout son non verbal criait autre chose. Il avait envie de poursuivre sa course contre sa nuque, de plonger dans le décolleté du bustier de sa robe, sans pour autant aller trop loin, juste assez pour lui faire comprendre qu'il la désirait, mais qu'il savait attendre. Mais il se contentait de la regarder de loin, souriant par moment, alors qu'ils entraient dans le jeu de la séduction, lui qui supposait qu'elle pourrait perdre ses moyens, elle qui résistait aussi bien que mal à son charme. « J'aimerais bien que tu arrêtes de me résister, oui », avoua-t-il, un sourire mutin aux lèvres. C'était vrai, il avait envie qu'elle se laisse aller avec lui, qu'elle cesse de le voir comme le grand méchant-loup alors que tout était clair entre eux, pas d'attaches, que du plaisir, rien d'exclusif. Et comme ils étaient deux adultes consentants, où était le mal ? Mais au-dessus de tout, il ne voulait pas la brusquer, belle Charlie. D'autant plus qu'à présent qu'elle lui avait annoncé qui était son frère, c'était plutôt lui qui était refroidi. Charlie agrippa la couverture, Liam lui souriait en posant une main sur sa cuisse maintenant recouverte du tissu la réchauffant, et elle posa la question fatidique. « Ça ne serait pas très respectueux envers Ariel », avouait-il à contre-coeur. « Si j'avais une soeur, je ne voudrais surement pas la savoir avec un mec comme moi », cracha-t-il ensuite. « J'aurais sans doute envie de défoncer la gueule du connard qui oserait la toucher. J'sais pas si c'est le genre d'Ariel, mais.., il souriait, l'air moqueur, j'ai un peu besoin de ma tronche pour travailler. » C'était évidemment une blague, mais la partie sur le respect, elle, était vraie.

Un mec comme toi? Je lève les yeux au ciel. Nous sommes deux adultes consentants. J'ai beau le taquiner sur son étiquette beau-parleur collé à son front, je ne fais que le taquiner. J'ai conscience que nous n'allons pas entretenir une relation sérieuse.

Le fait que je sois la sœur d'Ariel lui pose problème. Inévitablement je pense à cette histoire avec Léo. Quand Ariel a appris qu'il y avait quelque chose entre nous, il l'a super mal pris. Cependant on était jeune et aujourd'hui il en rigole beaucoup. Il est redevenu ami avec Léo, sans aucune rancune. Ce souvenir remonte à longtemps, je ne préfère pas lui mentionner. Je sens qu'il est réticent. À moi de le rassurer. Écoute... Moi je ne veux pas savoir avec qui il couche. Je pense que lui c'est pareil. Peut-être qu'il y a des frères et sœurs qui partagent leurs aventures avec les moindres détails, nous non. Nous éprouvons une certaine pudeur à ce sujet.

Une solution me vient à l'esprit. On peut garder ça entre nous? Étant voisins, nous avons de grosses chances de nous faire prendre mais, moi, j'adore le goût du risque. Et puis, c'est ma vie, je fais ce que je veux, quand je veux. À moins que tu préfères lui en parler?. Mon ton est incrédule. Est-ce qu'il le ferait vraiment? Ce serait un peu étrange mais si il tient à le faire, je ne l'en empêcherais pas.

Il est temps pour moi de baisser ma garde. Tu me plais vraiment beaucoup. J'attrape sa main qui est sur ma cuisse et la serre contre moi. Mes yeux cherchent son regard. Je suis à deux doigts de prendre les devants.

Elle répétait ses mots sur un ton presque surpris, les yeux qui se retournaient vers le ciel. Liam sourit faiblement. Oui, un mec comme lui. Au-delà des étiquettes que Charlie lui apposait depuis le premier instant où ils avaient discuté sur cette application de rencontre, il ne demeurait sans doute pas moins qu'un homme avec qui on ne voulait pas voir sa soeur. Pas sérieux en amour, selon bien d'autres, alors que sa vision de l'amour était plutôt différente de la majeure partie de la population. Et son métier, fallait-il vraiment expliquer en quoi cela faisait de lui un mec peu fréquentable ? « Tu sais ce que je veux dire », clarifia-t-il en cherchant son regard. Mais elle ne semblait pas comprendre les risques, renchérissant qu'Ariel ne voudrait sans doute pas savoir avec qui elle couchait, peu importe le mec dont il s'agissait. Liam laissa un rire s'échapper, ses fossettes qu'elle aimait tant se marquaient sur son visage, creusaient ses joues alors qu'il relâchait la tête vers le sol en arquant un sourcil. Ne comprenait-elle pas l'enjeu ? Ce n'était pas seulement une question de le partager avec lui. Ce n'était pas seulement son voisin, ils étaient potes. Et des potes, ici, à Bowen, Liam n'en avait pas des tonnes. C'était délicat de risquer une amitié dans sa situation. D'une part, garder le secret pourrait effectivement mettre un pansement temporaire sur le problème, mais ils finiraient par se faire prendre. Non pas que se faire prendre dérangeait Liam, il s'était fait pendre la main dans le sac plusieurs fois, et le goût du danger il adorait ça, mais les conséquences, alors qu'Ariel découvrirait que son ami et sa soeur lui ont caché la vérité, seraient importantes. « Non, j'tiens pas spécialement à lui raconter que j'ai envie d'embrasser sa soeur », laissait-il planer. Il aurait pu dire qu'il avait envie de se la taper, mais ça sonnait trop vulgaire pour Charlie, et ce n'était pas que ça, il ne pensait pas qu'à ça. Il en avait envie, mais pas que. Elle le faisait rire, leurs discussions étaient agréables, et ça, ça comptait bien plus qu'une baise rapide avec n'importe quelle autre fille. La main de Liam reposait encore contre la cuisse de la belle brune, entre le tissu et sa peau, sagement, sans s'aventurer trop loin. Il avait seulement eu besoin de ce contact comme une consolation au triste sort qui leur était réservé. Elle attrapa cettedite main dans la sienne, osa un aveu qui fit sourire davantage l'homme. Et dans un autre contexte, Liam aurait brisé la distance entre eux pour venir l'embrasser. Mais pas cette fois. Il était assis face à elle, avait pris la table basse comme siège, pour mieux la regarder, et son corps se recula pour créer une distance raisonnable. Il lui plaisait, vraiment beaucoup. Et elle lui plaisait aussi, vraiment beaucoup. Là n'était pas la question. Mais maintenant, quand Ariel lui parlerait de sa soeur qui a fait tel ou tel truc, comment réagirait-il en se l'imaginant nue, le corps dansant dans son séjour au rythme du sien ? Et quand il finirait par lui briser le coeur, parce qu'avec les femmes qui l'intéressaient, s'était une question de temps, une certitude que cette fin arriverait, parce qu'elles disaient toutes accepter son genre de relation, mais revenaient sur leur décision une fois que les sentiments s'installaient, comment pourrait-il regarder Ariel dans les yeux ? « C'est pas la question, Charlie », soupirait-il en cherchant les réponses dans l'ambiance de la pièce. « Tu me plais, vraiment beaucoup. Tes yeux m'ensorcèlent, j'ai envie de me perdre dans ta chute de reins. J'ai envie de caresser la chaire de ta poitrine, de goûter à tes lèvres. J'ai envie d'envoyer balader ta petite culotte, de laisser courir mes doigts contre ton intimité, jusqu'à ce que tu me souffles mon nom à l'oreille. Crois-moi, j'ai envie de tout ça. Et bien plus encore. J'ai envie de nos discussions, d'apprendre à percer qui tu es au fond, derrière cette carapace que tu sembles toujours vouloir porter comme si inévitablement tu sais que je vais te faire du mal. Mais ce n'est pas qu'une question de ce dont j'ai envie, de ce que tu as envie, c'est aussi une question d'être raisonnable. » Il ne l'était pas toujours, raisonnable, en effet, mais cette fois, ça semblait être la seule solution possible. « On est pas obligé de le dire, mais imagine la réaction d'Ariel s'il finit par découvrir que tu files en douce chez le voisin. » Il gloussa, étira sa main pour venir caresser la joue de Charlie, tout de même incapable d'être complètement froid avec elle, son attraction beaucoup trop forte. « Inverse les rôles, imagine que ton amie se tape en douce ton frère et que tu venais à le découvrir. »