I’ll carry the weight until the moment I break (milo)

Cette atmosphère joyeuse et festive était bien plus sympa que lorsque tu avais voulu éclater ton poing dans la figure d’Elmo. De l’eau avait coulé sous les ponts, et maintenant tu savais que cette relation que les deux avaient entretenus n’était pas contre toi. Tu étais heureux pour eux, tout simplement. « Mec, tu sais que c’est en partie grâce à toi que je vais mieux, et à ce qu’il s’est passé ce soir là. Ne t’en fais pas, ça n’arrivera plus » dis-tu en souriant en retour à ton ami. C’est vrai que c’était grâce à l’italien que tu te sentais mieux. Il avait été là, quand tu avais été hospitalisé après ton malaise au bonfire, et surtout il t’avait aidé à remplir tous les papiers pour rentrer en cure de désintox. Et c’est bien ce dont tu avais besoin à cette époque là. Sans lui, tu aurai surement sombré. Puis vint le sujet fâcheux. Effy. Il t’avait demandé si toi aussi tu avais quelqu’un dans ta vie et tu lui confirmais qu’oui, mais que c’était compliqué. Enfin, tu n’étais pas vraiment avec elle, vous étiez encore sur la ligne fragile des disputes fortes et des éclats de voix. « Elle est au courant, puisqu’elle est venue avec moi à l’hôpital quand j’ai fais mon malaise » dis-tu en te grattant la tête. Tu savais qu’il la reconnaitrait, parce qu’il avait été là lui aussi, ce soir là, près de toi. C’est la britannique qui était venue avec toi à l’hôpital, tu te souviens l’avoir vu à ton réveil. « J’essaye de la faire entrer dans le même programme que moi mais… mais elle est têtue et comme je l’étais à l’époque, elle est fermée à cette idée » ajoutas-tu en soufflant. Tu pris une gorgée de ta boisson avant de poser ton verre sur le comptoir. Les inquiétudes d’Elmo te faisait sourire. « Ne t’en fais pas, Mo. Je ne compte pas retomber là dedans » dis-tu en mimant un léger sourire. Tu voyais que ton ami s’inquiétait pour ta santé, et tu voulais le rassurer comme tu pouvais.

Les paroles de Milo touchèrent le musicien, qui ne s’attendait pas à se voir reconnaître une part importante dans le rétablissement de l’homme. Certes, Elmo s’était montré à l’écoute et disponible pour le guitariste après leur dispute, mais il ne pensait pas avoir changé quoi que ce soit pour son pote. Si cette soirée dont il ne gardait que des mauvais souvenirs avait pu, d’une manière ou d’une autre, être un wake up call pour Milo, alors c’était un baume sur son cœur. Une brèche de lumière dans un événement bien sombre. Le jeune homme se contenta de hocher la tête avec un sourire, touché par ses mots. Vint finalement le sujet du cœur de son ami et de la nouvelle flamme qui semblait s’y être installée. Sans nommer de nom, Milo lui parlait de cette nouvelle relation un peu complexe, qui éveilla d’ailleurs quelques inquiétudes chez Elmo. Même sans avoir son prénom cependant, le batteur comprit de qui il parlait puisqu’il avait souvenir de cette fille qui était montée dans l’ambulance avec lui, complètement paniquée à l’idée de perdre Milo. Tout comme lui avait été paralysé par la peur, incapable de faire quoi que ce soit pour l’aider, au moment de son malaise. Il n’avait que des bribes de souvenirs de ce moment-là, une sorte de traumatisme sans doute, mais il se souvenait bien de cette fille au regard si bleu, si profond, si … triste. « Ah, ouais, ouais, je vois qui c’est. » Et de l’apprendre ne le rassurait guère, parce qu’il avait vu dans son regard une telle détresse … Il ne pouvait que se conforter en se disant que ce soir-là, ils avaient tous ce regard-là. Elmo soupira en entendant que la fille en question était fermée à l’idée de rentrer dans un programme. « C’est pas trop dur, pour toi ? De jouer ce rôle-là auprès de quelqu’un ? C’est tellement récent de ton côté aussi … » Il haussa les épaules. Milo avait l’air de jouer aux sponsors avec elle alors qu’il avait lui-même encore besoin d’un guide, peut-être. Lisant encore une fois l’inquiétude dans les yeux de son ami, Milo le rassura. « J’espère pas. » Le nargua-t-il avec un sourire. « Mais si jamais ça devient too much, par rapport à elle ou n’importe qui, viens frapper à ma porte avant d’faire quelque chose que tu pourrais regretter, ok ? » Il lui parlerait toute une nuit pour lui changer les idées’ s’il le fallait. Il lui ferait de la bouffe, lui ferait jouer à Cyberpunk, n’importe quoi loin de la tentation. À ce moment, les lumières de la scène s’éteignirent pour ne laisser que quelques éclairages d’urgence dans la salle et pour éclairer les tables et le bar. « Ça va commencer. On va s’prendre une meilleure place en avant ? » Ils n’étaient pas connus pour regarder un show de loin, tous les deux.

Elmo avait été en partie responsable de ton rétablissement, et tu voulais qu’il le sache enfin qu’il le comprenne. Cette soirée étrange, sous stupéfiant, t’avait fait comprendre qu’il fallait que tu te calmes. Même si quelques jours plus tard, tu avais consommé à foison et que tu t’étais écroulé sur scène. T’avais plus de souvenirs de cette soirée, tu te souvenais juste du lendemain, où l’italien était venu te voir à l’hôpital et qu’il t’avait aidé à rentrer dans le programme de désintoxication. Et pour ça, tu lui en serais toujours reconnaissant. Tu lui parlais ensuite de ta relation conflictuelle avec Effy. Elle te posait problème cette relation, parce que tu avais tout aussi peur que lui de retomber dans la drogue ou l’alcool. Ton seul vice, c’était la cigarette. C’est la seule chose que tu avais reprise depuis. Il se souvenait d’elle, tu le savais, puisque c’est elle qui t’avait accompagné à la soirée et puis dans l’ambulance. Et dans le regard de ton ami, tu voyais que ça l’inquiétait. Il te demandait ensuite si ce n’était pas trop dur pour toi, de rester auprès d’elle après ta désintox. Tu souris timidement. Bien sûr que c’était dur, c’était affreux même. Tu avais été tétanisé en trouvant un pochon de cocaïne dans ton salon, t’avais failli snifer tout sur le coup. Mais tu avais pris sur toi, plus tard, pour aider l’anglais à entrer à son tour dans ce même programme. « T’en fais pas pour moi, Mo » dis-tu en posant une main sur son épaule. Ca n’avait rien de rassurant, mais bon, c’était la bonne chose à dire. Tu voyais toujours des groupes de sponsors, pour t’aider quand ça allait pas. Et c’était hyper bénéfique pour toi. Et tu étais merveilleusement bien entouré. « Qu’ai-je fais pour mériter un ami aussi fantastique toi ? » demandas-tu en riant légèrement. Puis tu reprenais ton sérieux. « Mais je le sais, merci d’être là alors que j’t’en ai fais bien bavé, mon gars » dis-tu avec un sourire amical. Vous entendiez la musique qui commençait à s’émaner de la salle, et les lumières s’éteignaient au fur et à mesure. Tu finis ton verre d’une traite. « Yes, let’s goooo » dis-tu en posant ton verre sur le comptoir et en suivant ton ami dans la foule.

C’était facile, pour Milo, de demander à Elmo de ne pas s’en faire. L’appliquer, c’était une toute autre paire de manche. Même dans plusieurs années, quand son pote serait au top et sobre depuis tout ce temps, l’italien continuerait à s’inquiéter. De le voir s’écrouler sur scène, ça l’avait pas mal secoué, et ces images-là resteraient pour toujours dans sa mémoire. Il ne voulait plus jamais assister à une telle détresse chez Milo. De savoir qu’il s’engageait auprès d’une fille qui était peut-être à deux doigts de le tirer à nouveau vers le bas, ça le faisait flipper, c’était certain. « Ouais, ouais. » Avait-il juste répondu avec un sourire en faisant mine de s’échapper quand Milo posa une main sur son épaule. Il sourit, tentant de convaincre son ami qu’il ne s’inquiétait pas outre-mesure. Il ne voulait pas non plus plomber l’ambiance de la soirée. C’est juste que cette révélation-là sur la potentielle relation de Milo mettait une ombre au tableau, un doute sur la guérison de son pote. En même temps, il jugeait pas mal sans connaître, aussi. C’était à Milo de travailler sur lui, de résister malgré les tentations, il le lui avait bien fait comprendre tout à l’heure quand Elmo avait hésité à prendre une bière. Si rechute il y avait, l’italien ne pourrait pas mettre tout le blâme sur Effy. Bref, la situation était complexe, mais il savait que Milo ne se jetait pas sans réflexion dans cette histoire. « Ça va, j’t’en fait autant baver, tout le temps. On est quittes. » Les lumières se tamisèrent et une musique d’ouverture se fit entendre. Les deux amis terminèrent rapidement leurs verres et se frayèrent un chemin jusqu’au-devant de la scène, là où toute l’action avait lieu. Le spectacle débuta et, fidèles à eux-mêmes, Elmo et Milo se déchaînèrent au rythme du rock’n’roll pendant les deux heures du concert.

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