La brise fraîche (PV Esras)

Rien de tel qu'une petite balade au bord de la plage. Le soleil qui rayonnait de plus bel et le sable chaud sous les pieds n'était que très agréable. Le ténébreux avait aujourd'hui envie de se relaxer, donc d'une manière très décontracté il se rendit à une plage non-loin de chez lui. Il voulait aller boire un verre tranquillement tout en n'ayant aucune pensée qui nuirait à cette journée si chaleureuse. La commande passée, il sirota son verre avec plaisir et laissa s'échapper un grand sourire laissant alors apparaître quelques plis sous ses yeux bridés, il pouvait paraître fatigué mais ce n'était pas le cas. Le sommeil était parfois capricieux mais en ce moment il arrivait à faire abstraction de pas mal de choses.

Il était posé sur un transat et espérait pouvoir y rester encore des heures sans être dérangé par des gens qui auraient voulu sa place. Il clôtura ses yeux, appréciant les bruits de la mer, l'eau qui claquait contre les rochers et les vagues furieuses qui déambulaient presque sur lui, le vent qui venait doucement à son visage, faisant virevolter ses cheveux mi-longs pas coiffés du tout. Les bras croisés sur son torse, il était désormais quelqu'un de tranquille à ce moment-là. Cependant, quelques gouttes d'eau et une masse immense vint s'agripper à lui, des poils qui volaient sur lui et une langue qui vint à son visage le lécher avec fougue, Shin ouvrit les yeux et il s'agissait de ce fameux chien de l'autre fois qui venait faire faire coucou. Il avait dû encore embêté son maître à aller dans l'eau et s'était sûrement enfuit pour se faire d'autres amis. Shin se contenta de lui rendre quelques douces caresses tout en pouffant de rire.

- Toujours fidèle, mignon toutou.
Il leva les yeux en direction du chien et il aperçut également son maître, une rencontre qui ne le déplaisait guère et était même heureux de voir cet homme aussi rapidement depuis leur dernière rencontre.

Il faisait chaud aujourd’hui, enfin un peu comme tous les autres jours. Esras avait envie de piquer une tête dans l’océan. Comme il était venu avec Henry il s’était un peu éloigné de la zone de baignade, évitant ainsi les remarques des personnes qui ne supportaient pas les chiens. Ils jouaient un peu dans l’eau et l’irlandais était vigilant sur la baignade de son chien, bien que de taille moyenne, il n’avait pas envie que le courant l’emporte. Ils s’étaient amusés ainsi pendant une vingtaine minute et l’irlandais espérait secrètement que ça avait un peu épuisé sa boule de poil hyperactive. Il l’aimait ce chien, c’était son bébé. Il sortait de l’eau et Esras voulait en profiter pour se poser un peu sur sa serviette et profiter des rayons du soleil. Mais voilà, à peine assis, Henry commençait déjà à partir courant dans une direction inconnu. L’Irlandais se levait, râlant. L’avantage avec ce chien c’était qu’il était obligé de faire du sport, vu qu’il passait son temps à courir après lui. Il pourrait l’attacher, mais il ne voulait pas. Il n’était pas dangereux juste un joueur. « Henry reviens ici. » Il voyait son chie s’approcher du bar de la plage et Esras comprit. Son meilleur compagnon avait dû sentir de la nourriture. Sauf qu’au loin, il vit Henry s’arrêter et sauter sur une personne. Il fronçait les sourcils Esras. Il ne faisait jamais ça son chien, sauf quand il connaissait la personne. Alors il s’approchait en courant. « Je suis désolé. » Disait-il gêné avant de reconnaître la personne. Il s’agissait du jeune homme de la rivière, celui qu’Henry avait déjà trempé. « Je crois qu’il vous aime bien. » Disait-il en riant avant de récupérer son chien pour qu’il arrête d’embêter ce jeune homme qui n’avait rien demandé.

Shin releva la tête en direction du jeune homme qui avait l'air gêné par le comportement de sa boule de poil qui semblait être très sociable, ce qui n'était pas plus mal et il appréciait vraiment, puisqu'il adorait les animaux.
Il se contenta de sourire.

- Venez vous asseoir ici, et savourer un de ces petits cocktails
Il pointa sa main en direction de la chaise qui n'était pas occupée juste en face de lui.


Shin reprit une petite gorgée de son verre qu'il trouvait succulent, il n'était pas du genre à laisser quelqu'un comme ça, surtout pour une deuxième rencontre, ce qu'il trouva plutôt privilégié et appréciable ! Shin était content de pouvoir revoir un potentiel ami qui restait à ses yeux très mystérieux mais pas quelqu'un de méchant, même si Shin pouvait avoir l'air naïf, ce n'était pas souvent le cas concernant ses amitiés et il ouvrait facilement les yeux depuis sa dernière histoire de cœur, qu'il l'a énormément brisé de l'intérieur. Malgré cela, il gardait le sourire et gardait également espoir, il ne pensait aucunement que toutes les personnes étaient si mauvaises que cela. Donc quand il pouvait profiter d'une nouvelle rencontre, il pouvait paraître comme quelqu'un d'un peu trop avenant mais ce n'était pas une mauvaise image de lui qu'il voulait renvoyer. Donc il se contentait simplement d'attendre une réponse, tandis que la boule de poil continuait de gesticuler dans tous les sens et de réclamer des câlins et des papouilles, celui-ci étant impatient vint mettre ses deux pattes sur les jambes du jeune asiatique pour venir lui coller sa langue sur sa joue, comme s'il avait besoin de plus attention, un petit caprice de chien qui voulait simplement jouer et profiter de ce jour.
Shin se contentait de rire parce que cela ne le dérangeait  pas.

Esras se souvenait de sa rencontre avec Henry. En fait, le chien l’avait clairement choisi. Il était en train de marcher dans le centre, et Henry, gentil comme tout ne l’avait plus lâché d’une semelle. Il était encore petit, mais il montrait ses dents à chaque chien qui s’approchait trop du brun. Alors l’irlandais avait craqué et il avait adopté ce chien. Et parfois il se demandait pourquoi, puisqu’il était son opposé. Lui social, il obligeait son maître à s’ouvrir au monde. Une fois encore, il avait forcé Esras à lui courir après. Il n’était pas surpris Esras de se retrouver devant cet homme. Il l’avait rencontré il y a quelques semaines. Henry l’avait bien aimé. Alors c’était assez logique que le chien vienne le retrouver. Il trempait une nouvelle fois le jeune homme et Esras était plus que désespéré. « Ok. De toute façon il n’est pas prêt de partir. » Disait-il en riant. Il avisait une serveuse pour commander une eau gazeuse. L’irlandais venait de courir et l’alcool était une mauvaise idée. Il avait avant tout besoin de se désaltérer. Une fois le verre devant lui, le brun prit une grande gorgée qui lui fit du bien. Puis il le posait sur la petit table avant de se retourner vers Shin-Yun. « Alors, vous avez pu visiter un peu la ville ? » Il se souvenait de leur dernière conversation et des quelques conseils qui lui avait donné. Henry de son côté, profitait des caresses. Il était bien posé et Esras se rendait compte qu’il n’était pas prêt de partir. Ce chien avait tant de pouvoir, c’était lui qui décidait de tout.

Les animaux avaient donc le dont de pouvoir se faire rencontrer de bonnes personnes afin qu'il puisse tisser des liens. Ou du moins, c'est ce que pensait Shin à ce moment-là, une deuxième fois cette rencontre et une deuxième fois tout aussi agréable et en si peu de temps, il espérait donc pouvoir faire de cette personne un ami ! De plus, c'était toujours aussi agréable entre deux, comme s'ils s'étaient connus depuis tout petits... Mais si cela avait été réellement le cas, est-ce que leur relation utopique aurait durée... Shin ne pouvait penser une seule seconde que cette rencontre n'était qu'une coïncidence ou un simple hasard, donc il profitait comme il pouvait, comme il pensait faire quelque chose de bien, en étant parfois gêné par ses gestes qui pouvaient parfois contredire ses pensées ou bien portées à confusions.

Shin se contentait de papouiller le chien tandis que son regard vacillait de droite à gauche, ne cherchant rien en particulier, seulement un sujet de conversation intéressant et qui sait, peut-être une deuxième rencontre, une fille ce coup-ci, cela ne lui aurait fait aucunement de mal.

Shin était content que le brun accepte son invitation un peu à la va vite, il souriait et se contenter de répondre à Esras.

- J'ai en effet, pu faire quelques petites randonnées, me balader dans les bars, jouer du bowling et tenter de faire des rencontres. Mais, il y a certaines choses que l'on ne doit pas forcer. Donc j'attends que quelque chose de palpitant arrive, et je continue d'apprécier cette ville, tout comme au début.
Disait-il d'une manière plus compréhensive que leur première rencontre. En effet, Shin avait eu, entre-temps, la chance d'avoir un moment pour apprendre plus la langue et de pouvoir prendre un accent plus concret, par conséquent, il était plus audible de l'écouter lorsqu'il faisait de longue phrase. Sa voix quelque peu rauque ne laissait parfois pas indifférent avec cet accent charmant. Ce qu'il appréciait dorénavant, comparer à  avant où il était dégoûté et  gêné de ne pas pouvoir faire comme les autres.

Il n’arrivait pas à en vouloir à Henry. Il lui apportait de l’amour et de la joie. Un jour, lassée de cette solitude, Esras avait décidé d’adopter un animal. Pas un chat, il n’appréciait pas leur indépendance et leur caractère conquérant et têtu. Le chien semblait être le meilleur choix parce qu’il l’obligeait à sortir et à voir du monde. Henry était un membre de cette petit famille. Puis il appréciait tout le monde et notamment ce jeune homme à ses côtés. Il le voyait bien. Son chien remuait la queue et profitait des caresses. Il ne serait même pas étonné Esras d’entendre son chien ronronner. Cette pensée fit sourire l’irlandais. Si seulement son père connaissait Henry, il l’aurait critiqué et expliqué à son fils qu’un chien ne se comportait pas comme ça. Comme s’il pouvait contrôler le comportement du monde entier. Un élan de haine contre son paternel naissant dans le cœur d’Esras et l’irlandais décidait de mettre ce sentiment de côté. Il lui donnait trop d’importance alors qu’il se trouvait à des milliers kilomètres de là. Alors il conversa avec Shin, un moyen d’oublier son père et une opportunité de connaître plus cet homme qu’Henry appréciait fortement. La dernière fois ils avaient parlé de quelqu’un coin. Curieux de nature Esras voulait savoir où il en était de sa découverte de la ville. Il hochait la tête en souriait quand il se rendit compte que le brun n’avait pas perdu son temps. Il avait fait plus qu’Esras en quelques semaines. « Parfois il faut forcer un peu le destin pour avoir des choses palpitantes. » Raison pour laquelle Esras restait souvent chez lui. Il ne voulait rien de palpitant. Pourtant quand il lui arrivait des choses chouettes, l’estime qu’il avait en lui et la joie remontait. C’était le cas en décembre dans ce train, un doux souvenir. « Et qu’est-ce que tu as préféré ? » Il s’en foutait de demander son accord pour le tutoyer, son chien était dans le salir et lécher, ils pouvaient bien arrêter les conventions.

Esras, un homme chaleureux qui appréciait son chien plus que quiconque, ce dernier le forçant, apparemment à faire des rencontres contre son grès, cependant, les animaux avaient le dont de percevoir les bonnes personnes et ce chien si affectueux et câlin devait être avec un très bonne personne, bien que ce dernier semblait au début, peu réceptif, se démontrer désormais comme quelqu'un de plus sociable.
Cependant, le brun semblait refouler un sentiment qui le tracassait, Shin était doué pour ce genre de chose et notamment très empathique. Néanmoins, il se contenta de laisser ça de côté et de ne rien faire, il ne voulait pas brusquer le jeune homme, ils se connaissaient à peine, il ne pouvait donc guère lui demander plus de choses personnelles. Même si Shin trouverai bien un moyen de creuser un peu plus cette carapace forgée depuis quelques temps. Le doux chien qui venait apaiser le cœur de Shin continuer ses caresses et ses léchouilles, qui faisait rire Shin à pleine dents, cela dit, il n'était pas dérangé celui-ci. - Je dirai, me balader en pleine nature. J'aime beaucoup être seul et.. me balader, ressentir les choses et en apprendre plus sur cette ville si envoûtante. Lança-t-il avec un sourire charmeur et une douce voix qui se voulait tantôt séduisante, tantôt grave. Son accent jouait beaucoup sur certains mots qui pouvaient porter à confusion, mais Shin porta son regard sur le jeune homme, il encra d'un air assez joyeux ses pupilles dans les siennes. - Et vous ? Parlez-moi un peu de vous, je suis très curieux.
Enchaina-t-il assez spontanément, toujours avec ce sourire sur ce visage pratiquement innocent.

Esras ne croyait pas trop au destin. Pourtant il aurait pu en recroisant ce jeune homme par hasard une nouvelle fois. Mais pour Esras il n’avait pas de hasard puisqu’Henry rentrait dans l’algorithme. Les personnes qui connaissaient Henry savait qu’il était social et retenait bien les gens et les odeurs. Si Henry estimait qu’une personne était sans danger, il devenait son meilleur ami. Esras pourrait le prendre mal mais au final il revenait toujours vers son maître. Bien qu’il embêtait le brun, Esras savait que dès qu’il se lèvera, Henry reviendra vers Esras. Ils étaient au final fusionnel. Mais heureusement pour Henry, Esras n’avait pas forcément envie de partir. Il voulait savoir ce que cet homme avait fait depuis leur dernière rencontre. Il avait un peu visité la ville. Bien. Bowen n’était pas la ville rêvée pour Esras, mais elle avait son charme. Ce côté intime donnait un sacré charme à la ville. Il le voyait le sourire charmeur et forcément l’égo d’Esras était satisfait. « Oh je vois. Et qu’est-ce qu’il y a de si envoûtant dans cette ville ? » Disait-il en riant. Mais dans le fond il aimerait bien savoir l’irlandais puisqu’il n’avait pas encore eu le coup de cœur. Son sourire en revanche disparaissait à la mention de sa vie. L’irlandais détestait parler de lui, tenant à garde ce côté mystérieux, mais surtout parce qu’il avait honte de son passé et tant de rancœur tenace. « Oh y’a rien à dire. » Il prit son verre avant de boire une gorgée. « J’ai une vie tout à faire banale, avec un chien banal. » Au même moment Henry releva sa petite truffe et Esras pouffait de rire. Ce chien avait clairement un sixième sens.

Ce gros chien était si mignon que cela pouvait presque donner envie à Shin d'adopter un chien de ce type et s'en occuper, s'il pouvait faire des rencontres comme celle de Esras, cela lui plairait totalement. Shin est en réalité quelqu'un de très aimable et sociable malgré son apparence quelque peu étrange à certains moments. Et son caractère un peu changeant, mais un homme se devait toutefois d'être crédible, ne voulant alors, pas se faire passer pour une personne se négligeant, il avait une grand fierté au fond de lui, même s'il ne l'a montré pas, ou que rarement. Il tentait de rester humble, selon lui, c'était là la clef d'un charme inestimable et afin de pouvoir garder à ses côtés, des gens qu'il appréciait.
L'homme en face de lui semblait apprécier la présence de Shin bien que très réservé, il voulait savoir ce qu'avait cette ville, qui lui paraissait un peu trop « fade » à son goût, peut-être le fait d'avoir toujours vécu dans cette si petite ville et magnifique, on ne se rendait pas compte de la beauté et du bien-être que cela procurait, mais Shin voulait essayer de communiquer cela avec son interlocuteur. «  Envoûtant ? Je dirai, les gens qui s'y trouvent, les paysages, la sociabilité, les randonnées, enfin, pleins de choses, dirais-je, il faut savoir apprécier l'instant présent et se dire qu'on a de la chance de pouvoir admirer un tel horizon » Disait-il en écarquillant les yeux, se rendant compte qu'il parlait soudainement un peu trop. Alors, il décida de laisser la parole au jeune homme après une énième question qui semblait l'avoir braqué de peu, Shin avait bien vu qu'il y avait quelque chose. Mais il resta impassible en face de lui, Esras n'avait sûrement pas envie de parler de sa vie passée « J’ai une vie tout à faire banale, avec un chien banal. »  résonnant comme une douleur aux yeux de Shin, ce qu'il constata à la suite de la surprise de son chien qui releva la tête au même moment, tel un mensonge. Ces mots sonnèrent alors comme hypocrisie et mensonges, cependant, tout le monde a son jardin secrets. Alors Shin, savait pertinemment ce qu'était une souffrance, même s'il ne pouvait guère la comprendre car ces souffrances on des degrés différents. Peu importante de quoi il s'agissait. Shin se trouvait quelque peu décontenancé face à cela, mais ce n'était pas pour autant qu'il voulait perdre la main « Ah oui ? Ces mots résonnent comme être le contraire d'eux-mêmes. Mais je suppose qu'il faut laisser certaines choses de côté » Disait-il en détournant le regard, laissant un petit sourire en coin de ses lèvres, il ne comptait pas en démordre en si bon chemin. Et il voulait que cette nouvelle « connaissance » devienne son « ami » et que cet « ami » parle un peu de lui. Sinon, cela aurait été trop facile. Pis, il voyait bien que ce Esras était une personne spéciale dans le bon sens du terme et qu'il avait lui aussi eût un passé dur à encaisser.

Il avait pu visiter la ville Esras avec les longues promenades qu’il faisait avec Henry. Il ne niait pas que Bowen avait son charme, mais le paysage était trop sec. Peut-être que plus au nord vers Cairns, il y avait des forêts plus tropicales. Mais la météo était sèche. Il manquait de verdure pour Esras, il manquait de pluie longue et déprimante. Il avait eu du mal l’irlandais à s’habituer à cette chaleur. Il se souvenait des premiers mois en Australie. Il faisait chaud, beaucoup trop chaud et il avait été heureux de voir la pluie. Mais très vite il s’était rendu compte qu’après la pluie la chaleur revenait en pire. En ce moment, ce n’était pas la fraîcheur non plus. Il y avait la canicule en ce moment, et tout le monde le ressentait. Esras avait de la peine pour Henry, avec ses poils noirs il devait mourir de chaud. Il sortait souvent son chien dans les périodes fraîches quand le soleil disparaissait. Il aimait toujours autant courir et il le faisait le soir ou le matin. Heureusement au final qu’il s’était arrêté pour boire un peu d’eau. Retrouvant le jeune homme, Esras était curieux d’entendre ses aventures dans la ville. Il était plutôt surpris d’entendre le mot envoûtant. Alors il demandait des explications. Il était passionné quand il parlait Shin-Yun, expliquant tout ce qu’il trouvait de si intéressant. « Oh ok … C’est bien de voir tout ça dans une si petite ville. » Disait-il en souriant. Il prit une gorgée de sa boisson rafraîchissante. Il devait s’y attendre que Shin-Yun lui pose des questions sur lui. Pourtant il détestait ça Esras. Il n’y avait rien à dire et surtout qu’il n’en avait pas envie. L’irlandais n’était pas le genre d’homme à se perdre dans ses souvenirs, surtout que ceux-ci le rendaient tristes. Il aimait parler, étaler sa science le professeur mais parler de ses erreurs non. Puis il ne mentait pas, sa vie était banale depuis sept ans. Henry relevait son museau, conscient qu’on parlait de son maître. Les gens pouvaient interpréter ça comme une chien qui savait déceler le vrai du faux. Mais ce n’était pas le cas. Henry quittait son nouvel ami pour rejoindre son maitre. Il était lourd Henry même si son poil commençait à sécher. Il lui faisait des léchouilles comme pour lui apporter du soutien. « Mais oui mon beau, t’es le meilleur. » Disait-il en souriant, oubliant presque qu’il n’était pas seul. Il avait été plutôt froid dans sa réponse, pour lui signifier qu’il ne voulait pas se lancer dans cette conversation. Ce n’était pas une raison pour partir, Tobias l’avait un peu calmé sur ses réactions. Tant qu’il ne continuait pas, c’était la principal. Sauf qu’il voulait en savoir plus, l’irlandais soupira las de devoir toujours s’expliquer. Pourquoi les gens ne pouvaient pas se contenter de cette réponse ? Après tout, s’il avait envie de parler il le fera, pas besoin de continuer. « Non ce n’est pas le contraire. J’ai une vie banale, rien de plus rien de moins. » Ce n’était pas un mensonge. Si la question avait été posée quelques années plus tôt, la réponse aurait été différente. Mais à ce jour, il n’y avait pas d’autre description à faire.

Il y avait des choses que voulaient oublier Shin, sa vie en Corée ne l'avait pas forcément aidé non plus, il avait pourtant vécu une partie de sa vie là-bas et puis, comme dans tout, il y avait ses avantages et ses inconvénients. Shin aimait voyager, respirer, voir d'autres horizons. Il avait donc décidé de déserter la Corée, ne plus avoir à faire à ce qui lui avait brisé le cœur. Il aimait l'Australie, peut-être qu'un jour il aurait eut envie de voyager dans son pays natal mais pour le moment ce n'était pas dans ses projets. Il voulait fonder quelque chose ici, trouver quelqu'un avec qui il n'y aurait pas de barrière et qui sait, pouvoir fonder une famille.
Shin semblait errer dans ses pensées, pourtant, il était toujours au même endroit que tout à l'heure, mais il ne pouvait s'empêcher de flâner un peu.
Il reprit avec un sourire enchanteur « Oui, j'aime beaucoup. C'est petit, il y a tout ce qu'il faut et j'aime ça, parce qu'on peut tout de même faire pas mal de choses. » Oui, Shin habitait dans un quartier assez sympathique, loin de la ville, mais suffisant pour se retrouver tous les soirs et souffler par tout le stress accumulé.
Le chien revint vers son maître aussitôt certaines paroles prononcées, ce dernier venait faire des léchouilles. Ce qui faisait sourire Shin de plus belle « Ah, je voudrais le même ! » reprit-il assez spontanément et avec sincérité. Le jeune asiatique avait l'air d'avoir parlé de quelque chose dont Esras voulait oublier, comme une frasque qui venait soudainement fouetter leur visage. Shin abandonna sur le tas et s'excusa auprès de cette nouvelle connaissance « Oh, pardonnez-moi si j'ai été un peu trop loin dans mon jugement. » il vint gratter l'arrière de sa tête avec gêne. Puis il plissa de peu les yeux, gardant toujours un léger sourire sur le coin des lèvres, camouflant alors cette « gêne » en prenant de nouveau une gorgée de son fameux cocktail puis encrant de nouveau son regard dans les iris du jeune irlandais.

Il commençait enfin à apprécier un peu cet endroit Esras. Il lui faudrait par contre encore beaucoup de temps avant qu’il ne l’aime autant que l’Irlande. En fait, cela n’allait jamais arriver. Il était heureux de retrouver ce jeune homme. Henry avait l’air de vraiment l’apprécier. C’était suffisant pour que l’irlandais lui accorde un peu d’attention. Il changeait le brun, mais les mauvaises habitudes avaient parfois la vie dure. Mais il voulait savoir ce qu’il aimait tant dans cette ville. Evidemment, Esras trouvait des endroits sympathiques, même atypiques. Il pourrait même admettre qu’il se sentait bien dans son appartement ou près de cette petite rivière fraiche. « Ouai sûrement. Mais c’est tellement petit que tout le monde se connaît. » Il le pensais Esras, parce que parfois il lui suffisait de prendre quelques minutes pour se rendre compte qu’untel connaissait untel. Il l’avait remarqué avec le nombre de pompier qu’il avait rencontré. Juste après la conversation tournait, et le chemin qu’elle prenait ne plaisait pas à l’irlandais. Il n’était pas le genre de personne à parler de sa vie, loin de là. Henry le sentait. Son maître n’allait pas bien et très vite il revenait vers lui. Il n’était pas normal ce chien, mais Esras l’aimait de tout son cœur. « Oui, il est adorable. » Disait Esras, même si parfois il l’insupportait à faire sa propre vie sans se soucier de l’irlandais. Quand on posait des questions indiscrètes sur sa vie, Esras se refermait. Il n’avait pas envie de parler de sa vie de merde, il n’avait pas envie d’expliquer qu’il s’ennuyait dans cette ville. Il avait été peut-être un poil trop froid. « Oui. » Répondait-il bougon, avant de prendre son verre. Il le savait qu’il avait été trop froid. « Bon et vous faites quoi dans la vie ? » Demandait-il plus gentiment.

Esras avait l'air d'être une bonne personne qui ne prenait guère en compte les dires du coréen qui pouvaient paraître tantôt un peu indiscrets. Shin n'était pas du genre à être intrusif dans la vie des autres, c'était plus quelqu'un qui aimait aider. Il se pouvait donc que parfois qu'il se trompe sur les réactions des personnes en face de lui. Shin était quelqu'un qui aimait également parler avec les autres, échanger des mots, de simples phrases, parler de quelque chose qu'il n'avait pas l'habitude de parler et ce, sans tabou. Il regarda Esras en joignant ses mains sur ses jambes, il était décontracté et il voyait que le jeune irlandais était quelqu'un d'assez à l'écoute. « Aha j'imagine bien, il suffit de sortir pour faire plusieurs rencontres, c'est assez agréable. » Shin avait moins de mal à entrer en contact avec les autres depuis quelques temps, peut-être que le fait de prendre son courage à deux mains et d'aller vers les habitants de la ville et puis s'entraîner à parler cette langue l'aidait énormément. C'était une personne assez motivée pour ça, il voulait s'intégrer correctement. « Vous êtes bien entouré en tout cas » Lâcha Shin un peu perplexe, serrant un petit peu les poings sans montrer une quelconque émotion, sentant alors qu'il avait posé des questions en trop précédemment, il ne voulait pas qu'Esras pense qu'il lui veut du mal ou qu'il veut entrer un peu trop dans sa vie, malheureusement l'un des défauts de Shin était de trop vouloir en faire, d'être un peu trop altruiste et de vouloir un peu trop aider les gens sans prendre en compte le sentiment de la personne. Donc Shin ne savait pas trop quoi faire à ce moment-là, il avait eu le pressentiment que cela n'était pas forcément la vérité mais il ne voulait pas être plus dérisoire. « Eh bien, je suis mannequin à mes heures perdues, et vous ? » Lança-t'il en se mordillant de peu la lèvre, ayant pris conscience qu'il en avait trop dit, sentant alors un timbre de voix de peu glacial, Shin fit mine qu'il n'avait rien vu et il souriait assez mielleusement à son interlocuteur, tout en faisant vaciller son regard de droite à gauche, observant alors ce magnifique paysage.

Esras essayait d’être un peu plus agréable, mais il détestait qu’on puisse avoir une avis sur lui. Il n’aimait pas qu’on lui mette devant le nez ses erreurs et le fait qu’il n’allait pas bien. Bowen n’était pas la plus belle ville du monde. Bowen n’était pas l’Irlande, mais ça allait il aimait quand même l’endroit. Il avait tout de même rencontré de chouette personne. Il pensait à April évidement, mais elle était aussi l’élément qui l’avait motiver à se refermer sur lui-même. Tant qu’il ne gérait pas son deuil de l’Irlande il ne pouvait s’attacher à Bowen. « Oui c’est sûr. Les habitants sont agréables. » Y’a des endroits comme Paris où les habitants étaient désagréables. Bowen ne faisait pas partie de ce genre de ville. Après il se demandait comment était l’ambiance quand on avait toujours connu que Bowen. Ça ne devait pas être fun d’être reconnu dès que l’on faisait ses courses. Il n’avait pas envie de parler de lui Esras. Il avait une vie banale, avec un chien banal. Henry était un amour, et il était la seul raison pour lesquels il sortait. Il ignorait un peu les émotions de son voisin, se renfermant sur lui-même. Il ne fallait pas lui dire qu’on ne le croyait pas. S’il voulait parler de sa vie, il irait voir un psy. « Ouai on peut dire ça. » Il ne comptait pas être désagréable avec lui alors il ignorait les dernières remarques. Après tout ça partait d’une bonne intention. Il changeait alors la conversation. Henry l’aimait bien et Esras essayait d’être plus social. « Oh j’ai un super pote qui est mannequin aussi. » Il pensait évidemment à Jim. « Sale métier je trouve, les photographes sont parfois chiants. » Disait-il en riant. Puis il se souvenait de ce que Jim lui disait sur l’hygiène de vie. « J’suis prof de math à l’université. » C’était bien un métier banal comme il l’avait dit plus tôt.

Shin sentait un léger malaise dans les dires du jeune homme, peut-être avait-il été trop indiscret. alors il ne tenta pas dans savoir plus, gardant alors un sourire étiré en coin. Esras lui expliquer que les habitants étaient vraiment agréables, c'est bien ce qu'avait constater le jeune asiatique, différentes personnalité où l'entraide était commune par ici, il appréciait vraiment l'ambiance qu'il y avait ici. 

« Etre mannequin ce n'est en effet pas de tout repos, ce n'est pas quelque chose de super facile, malgré ce que l'on pourrait croire, il y a pas mal de faces cachées. Mais ça on ne le dira jamais. » Lança-t-il un brun lassé par son métier. Mais il appréciait quand même ce qu'il faisait bien que parfois il y avait trop de restrictions. « Oh mais c'est vraiment génial ça; En plus à l'université, c'est assez posé, les élèves ne doivent pas trop t'embêter. Ouais, je trouve ça vraiment classe. » C'était vraiment sincère et Shin était admiratif, être prof ce n'était pas de tout repos non plus. Il enviait toutes ces personnes qui arrivaient en rentrant  bosser des heures sans fermer l'œil une seule seconde. Esras était donc cette personne talentueuse, quelle classe, encore plus que d'être mannequin. Pensa-t-il assez innocemment.