You're my favorite person (Charlie)

Casquette sur la tête, short et débardeur, l’irlandais était prêt pour rejoindre la belle Charlie pour le goûter. Depuis leur rencontre, il n’y avait pas une journée où ils ne parlaient pas. Ils prenaient des nouvelles de l’autre. Mais jamais ils n’avaient franchi la limite qu’ils avaient failli faire sur la plage. Sauf que maintenant il voyait Charlie comme sa sœur, son amie. Ce fameux soir, il lui avait tout balancé, toute sa vie. Il s’était déchargé sur elle et ce moment avait scellé leur amitié. Il arrivait sur le lieu de rendez-vous et au loin il vit la jolie brune avec son panier rempli de pâtisserie. Il s’approchait d’elle avec un large sourire avant de tendre un bouquet de jonquille. « Salut toi ! » Disait-il en l’embrassant sur la joue. Il était comme ça Esras, charmant mais il ne draguait pas Charlie. Il voulait juste lui faire plaisir.

La canicule frappait Bowen, ce qui n'empêchait pas Charlie d'être dans les fourneaux. Elle avait prévu de passer un moment avec son ami Esras, et pour l'occasion elle voulait lui faire plaisir en patissant un gâteau aux saveurs de ses origines. Bien qu'elle ne connaissait rien de l'Irlande, Charlie avait trouvé une recette plutôt simple d'un gâteau au chocolat et à la bière Guinness.

Arrivés à la plage, les deux amis se retrouvèrent. L'air était légèrement plus frais et respirable. C'est avec surprise que Charlie aperçut Esras avec un bouquet de fleurs.  Oh! Merci... On a l'air dun vieux couple! se plaignit-elle avant de rire nerveusement et de lui montrer son panier.  Elle le prit dans les bras pour le saluer et le remercier. À ce qu'il parait rien de mieux que quelques douceurs pour s'apitoyer sur son sort...  Et j'ai pris quelques boissons. Mary Poppins n'a qu'à bien se tenir. se moqua t-elle, réprimant un sourire.

Il faisait chaud et l’irlandais serait bien resté chez lui. Mais il avec rendez-vous avec Charlie, alors pour elle il pouvait bien braver la canicule. Pour la remercier, il lui avait apporté des fleurs. Il savait qu’elle aurait préparé une petite douceur comme à chaque fois. Avoir Charlie comme amie posait des problèmes pour la ligne.
Il explosait de rire à sa remarque. « La prochaine fois je t’emmène danser la valse, ça fera encore plus vieux couple. » Et il pouvait très bien le faire Esras. Il imaginait bien la scène quelques minutes, surtout qu’il réussirait à entraîner Charlie pour embêter les quelques vieux présents. « Mary Poppins est surfaite de toute façon. » Il lui souriait, mais il avait l’impression que quelque chose n’allait pas. Il s’asseyait. « Pourquoi tu veux t’apitoyer sur ton sort ? » Demandait-il curieux et un peu inquiet.

Les fleurs ça sonnait tellement romantique que Charlie ne put s'empêcher de lui faire la remarque sur le ton de l'humour. Car évidement elle était touchée par le geste et ça même si ils avaient l'air vieux couple. Je marche. J'aimerais bien te voir danser comme une marquise. se moqua Charlie. Il pourrait l'emmener dans un bal de séniors, ils s'y amuseraient bien. Toujours prête à faire des conneries, elle suivrait très aisément Esras.

Ils finirent par s'assoir au bord de la plage. Charlie avait ramené un panier avec un gâteau et d'autres petits nécessaires pour ce moment de gourmandise. Elle prit son panier et sortit deux bières. L'heure des confessions sonna. Parce que je me sens merdique. commença t-elle par avouer exaspérée. Mon ex de Sydney a emménagé à Bowen et il m'en veut toujours... Après c'est normal j'ai vraiment merdé. Je ne veux pas me remettre avec lui je suis très bien avec Woody. C'est juste que j'aimerais juste qu'on ne se fasse pas la guerre, tu vois? Pas forcément qu'on devienne les meilleurs amis du monde mais je sais pas... finit-elle par lâcher, la main sur le cœur. Elle savait qu'Esras vivait une situation similaire avec son ex c'est pourquoi elle avait plus de facilité à se se confesser à lui.

Esras n’avait pas beaucoup d’ami, alors il gâtait le peu qu’il avait. Et surtout Charlie. Elle avait été la révélation de ces derniers mois, douces et drôles, il pouvait parler de coup de foudre amical. Il avait essayé de la draguer au début mais au final, elle était plus comme une sœur. « Tu serais étonnée de voir ma grâce. » Disait-il en pouffant un peu de rire. Il commençait doucement à changer l’irlandais, devenant plus chaleureux et moins pompeux.

Comme à son habitude, la pâtissière avait ramené de quoi grignoter. Il ferait plein de sport pour compenser les calories qu’il prendrait avec ses gâteaux. Elle avait même pensé aux bières. « Tu es parfaite. » Disait-il en prenant les deux bouteilles pour les ouvrir. Sauf que la belle brune ne souriait pas et elle voulait s’apitoyer sur son sort. Légèrement inquiet il a questionnait, il ne s’attendait pas à la voir déballer autant de mot. « Tu n’es pas merdique, ok. » Il avait l’impression de se voir lui quelques années plus tôt, et avec April les choses ne s’étaient toujours pas arrangés. Mais il ne pouvait pas lui dire ça à Charlie, elle avait besoin d’être rassurée. « Ça lui passera ! C’est juste le choc parce qu’il t’a revu mais ça lui passera et il n’y aura pas de guerre. » Disait-il en la regardant.

L'image d'un Esras au pas de danse gracieux fit pouffer de rire Charlie. Il en eut fallu des bières pour que le professeur dévoile sa carapace. Et dire qu'ils ont bien failli tout gâcher! Heureusement que ce jour-là, à leur première rencontre, leur baiser les a mené à de simples mais profondes confidences. Depuis il en a toujours été ainsi et depuis elle éprouvait facilité de se confier à son ami. Aujourd'hui c'était surtout la réaction de son ex qui pesait sur sa conscience. Elle lui raconta ce qui la tracassait et Esras parvint à lui arracher un sourire attendri par ses mots rassurants. Sans doute en faisait-elle toute une montagne et qu'Owen a effectivement réagi sous le coup du choc. Un avis masculin était toujours la bienvenue. Tu crois que je devrais laisser tomber? Sourcils froncés, elle prit sa bouteille et but une gorgée.

Il l’avait dragué Charlie, mais au final la soirée s’était terminée d’une façon spectaculaire, ils avaient parlé. Il s’était confié Esras, chose qu’il avait pas fait depuis tant d’année. C’était facile de parler avec la pâtissière. Depuis il était accro à son amitié. Elle comprenait que parfois l’irlandais n’avait pas envie de parler, alors elle lui faisait des pâtisseries. Comme aujourd’hui, mais en plus elle avait amené des bières. Il les décapsulait et écoutait son amie parler. Son ex était de retour et ça l’embêtait. Il grimaçait un peu Esras et pourtant il essayait de trouver les bons mots pour la rassurer. « Je pense oui … tu sais ça ne sert à rien d’essayer de toujours arranger les choses. » Il savait de quoi il parlait avec April. Il espérait quand même au fond qu’il lui reparlerait. Charlie n’était plus amoureuse d’Owen mais Esras lui était encore.

La mine déconfite, Charlie se confia sur son ex Owen et elle entendit raison aux propos d'Esras. Elle devait lâcher prise. Owen ne comptait pas la pardonner et il semblait bel et bien déterminé à ne plus lui adresser la parole. Ça craint. commenta t-elle avant de boire une gorgée de bière. Tandis qu'elle regardait le sable, ses idées vagabondèrent. Elle pensa soudainement à une idée qui la fit sourire, elle voulut en faire part à Esras. T'sais j'ai vu une vidéo de jeunes qui jetaient des pierres dans la mer en lançant des coups de gueule. Du genre elle haussa la voix d'un air faussement contrarié.Quand y'a pu de PQ dans les toilettes publiques! Les exs qui reviennent à Bowen! Elle rit malicieusement. Les élèves qui veulent te parler à la fin des cours! Pris d'un fou rire, elle faisait référence au quotidien d'Esras qui est professeur. Il lui avait avoué que son métier ne le passionnait pas autant que Charlie pouvait aimer la pâtisserie.

Sa Charlie avait l’air si perdue. Le retour de son ex avait l’air de la toucher et ça énervait Esras. Il n’aimait pas la voir dans cet état. Charlie elle était toujours de bonne humeur et là il avait l’impression qu’i avait déteint sur elle. « Ouai. » Répondait-il les yeux dans le vide. Elle lui expliquait une vidéo qu’elle avait vu et très vite l’irlandais savait où elle voulait en venir. Il riait à ses exemples. « Ce sont les pires. » Disait-il en faisait référence à ses élèves. Il se leva et il fit quelques pas. Il récupéra six pierres taille moyenne. Il en posait trois près de Charlie. « Un père con et une mère débile qui ont été incapable de me donner un peu d’amour. » Disait-il avant de lancer la pierre. Ils en avaient trois chacune, à eux de trouver les bonnes choses à jeter à la mer.

L'idée des coups de gueule en lançant des cailloux lui était venue spontanément. Elle se disait que cela pouvait être drôle de balancer deux, trois conneries. Cependant Esras lâcha des propos qui attrisa Charlie. Il faisait référence à ses parents qui n'ont pas été capables de leur donner un peu d'amour. Immobile, elle le regarda d'un air triste. Charlie eu l'envie imperceptible de le prendre dans ses bras. Elle avait sa pierre entre les mains mais elle la reposa sur le sable et prit Esras par l'épaule. Même assis il était bien plus grand qu'elle alors elle dû faire un gros effort pour se redresser et atteindre sa joue. Dans un mouvement très bref elle y déposa un baiser et le serra de sa toute petite force près d'elle. On s'en fiche, t'as pas besoin d'eux. Tu m'as moi. Je suis sûre que je peux te faire de belles tartes irlandaises. rajouta t-elle avec un mince sourire, cherchant à lui arracher à son tour un sourire.

Il avait pris ce caillou pour encourager Charlie à le faire. Il savait que ça devait faire du bien de balancer toute sa rage dans l’eau. Il ne pensait pas qu’elle voulait juste rire. S’il l’avait su, il aurait sorti une connerie plutôt que quelque chose qui lui faisait mal. Il la sentait arriver près d’elle. L’irlandais se disait pas tactile parce qu’il ne connaissait pas vraiment la tendresse. A sept ans, il n’avait déjà plus des câlin de ses parents depuis longtemps. L’étreinte de la brune lui fit du bien. « C’est sûr que tu sais en faire, t’es trop douée. » Disait-il en souriant. Il prit le caillou de Charlie et lui tendait ; « A toi ! Tu verras ça fait du bien. » Il l’encourageait parce que la pâtissière avait vraiment besoin de ça.

Sensible à la révélation d'Esras, Charlie l'avait enlacé. Contrairement à l'irlandais, elle était tactile, encore plus avec les personnes dont elle se sentait proche. Elle se leva en attrapant une pierre dans sa main. Une fois debout elle prit un moment de réflexion. Récemment elle avait vécut beaucoup de bas entre le décès de sa mère et sa relation instable avec Liam. Cependant c'est à lui qu'elle songea, comme toujours. La blessure cicatrisait trop lentement, à croire croire qu'elle ne se refermerait jamais. Quand il m'a fait croire qu'il m'aimait mais qu'il n'est jamais revenu vers moi. D'un geste brusque elle balança la pierre avec toute sa haine par dessus de son épaule. Elle ressentit un poids s'alléger en elle. T'as raison ça fait du bien. lui dit-elle en se redressant fièrement, le sourire aux lèvres.

Charlie avait cette facilité d’apaiser le brun. Son idée au départ était plutôt une anecdote mais ça faisait du bien. Toute la haine et la colère se retrouvait dans ce lancer. Ils avaient chacun leur peine et leur histoire. Il s’attendait à ce qu’elle parle de Liam, celui qui lui avait brisé le cœur. Esras ne l’aimait pas alors qu’il ne le connaissait pas. Mais il ne comprenait pas qu’on puisse blesser une femme comme elle. « T’as vu ! » Disait-il en souriant. Il se levait à son tour et repris une pierre. « A mon incapacité de lui dire que je l’aime encore ! » Et il lançait la pierre. Ça n’allait pas l’aider à lui avouer à April qu’il l’aimait, mais ça faisait du bien à son moral. Il prit une pierre qu’il donnait à Charlie. « A toi ! » Il voulait lui remonter le moral mais ça lui faisait aussi du bien à lui.

C'était inévitable, il fallait forcément qu'elle parle de lui. Liam. Charlie l'avait aimé, une part d'elle l'aimait encore et bien souvent elle se demandait si un jour il cesserait de lui manquer. Au fond elle lui en voulait qu'il ne s'est jamais battu pour elle. Il disait l'aimer et les mois se sont écoulés sans jamais qu'il ne revienne vers elle. Libérée d'un poids elle se sentait soulagée d'avoir clamé sa peine. Un sourire léger se dessina sur son visage avant de laisser place à Esras. Son prochain coup de pierre concernait cette fois son ex. Il n'arrivait pas à lui dire qu'il l'aimait encore. Charlie voulut une deuxième fois le prendre dans ses bras mais ne sachant pas si il serait à l'aise elle renonça son mouvement. Ça va s'arranger. lui souffla t'elle d'un air assuré. Ce fut à son tour de jeter la dernière pierre. Réfléchissant, elle la manipula d'une main à une autre. Les yeux brillants elle pensa à sa mère.  Puis à Devon, son frère. Son jumeau. Sa moitié d'elle. La peur de toujours perdre mon frère.  Elle jeta la pierre au dessus de son épaule et resta immobile. Pendant un court instant elle ferma les yeux. Tu peux me prendre dans tes bras? lui demanda Charlie, pleine d'émotions. Elle se disait qu'elle arriverait mieux à dissimuler sa peine. Cette dernière pierre jetée nul part était de loin la plus douloureuse de toutes.

Ce petit exercice qui de base n’était qu’une blague de Charlie s’avérait être un bon défouloir. Parler de choses qui font mal permettait d’évacuer la peine cachée. L’Irlande lui manquait continuellement à Esras, surtout qu’il n’arrivait pas à être pleinement heureux à Bowen. Il trouvait qu’il ne le méritait pas ce bonheur. C’était une des raisons qui l’avait pousser à se séparer d’April. Il avait été stupide et aujourd’hui il espérait trouver le courage pour lui parler. Il l’aimait encore mais elle méritait surtout la vérité. Charlie à ses côtés était une oreille attentive et elle l’encourageait sans pour autant se montrer tactile car elle savait l’aversion d’Esras pour ce genre de geste. C’était à son tour de lancer une pierre et ça attristait Esras. Elle vivait des choses difficiles en ce moment la pâtissière. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui demande du réconfort. Il n’était peut-être pas très expressif Esras, mais il ne voulait pas la laisser tomber. Alors il la prit dans ses bras sans aucune hésitation. « Tout va aller pour le mieux tu vas voir. » Disait-il en caressant ses cheveux. « Je crois qu’on a assez déprimé pour la journée. » Il la gardait dans ses bras quelques minutes pour qu’elle puisse pleurer en tout intimité et se remettre de ses émotions. Une fois terminée, il prit les deux bières et en tendait une à son amie. « Bon goûtons ton gâteau ! » Disait-il avec le sourire.