You're my favorite person (Charlie)

Déversant sa colère & sa peine, Charlie lança la dernière pierre avec faiblesse. Elle pensa à son frère, malade, destiné à quitter ce monde avant elle. Le temps était leur pire ennemi car tous deux savaient que Devon avait une espérance de vie beaucoup plus basse que la moyenne. C’était une terrible épreuve, surtout pour des jumeaux, pourtant destinés à vieillir ensemble. Elle redoutait cette épée Damoclès qui planait au-dessus de sa tête. La chute sera terrible, et parfois elle se demandait si jamais elle arriverait à s’en relever. Perdre sa mère a été difficile, elle ne le nierait pas, mais perdre son frère serait bien pire. Rien que de penser à cette perspective, les larmes lui montaient aux yeux. Elle ferma un long moment les yeux, réclamant les bras d’Esras. Lui qui n’avait peut-être pas l’habitude de la proximité, Charlie le mettait peut-être au pied du mur. Pourtant il n’hésita pas, entourant ses bras autour de la blonde. Elle ne pleura pas, elle inspira profondément, respirant au passage le parfum boisé de l’irlandais. Le bruit des vagues ne lui avait jamais paru aussi réconfortant. Après quelques minutes elle se redressa, un triste sourire, cherchant sa bière pour claquer contre celle d’Esras. Santé ! A nous dit-elle inopinément en haussant les épaules. Il lui proposa ensuite de goûter son gâteau, reprenant un air plus joyeux. Charlie se détendit, le sentiment d’être libérée. Elle coupa deux belles parts dans une serviette en papier et lui tendit un morceau. Soit indulgent, c'est mon premier essai implora-t-elle sous le ton de la plaisanterie.

Il l’aimait bien Charlie, même si elle lui demandait des câlins. Depuis quelques semaines maintenant, Esras redevenait un peu l’ancien lui, celui qu’il était quand il avait dix-sept, dix-huit ans. Il avait toujours été attentif un peu à ce que les autres ressentaient. Et il savait que Charlie avait vécu des choses difficiles. Alors il l’accueillait dans ses bras, caressant doucement ces cheveux blonds, le temps qu’elle aille mieux. Puis une fois qu’il sentait que la pâtissière s’était calmée, ils retournaient s’asseoir dans le sable. « Santé belle Charlie. » Disait-il avec un sourire un peu charmeur. Ils n’en étaient plus à se draguer, mais elle était belle Charlie et il n’allait pas ne pas lui dire la vérité. Ce qu’il attendait était son gâteau, une spécialité irlandaise qu’elle avait rien que pour lui. « Je suis sûr qu’il est délicieux ton gâteau. » Il décidait d’abord de sentir le mets avant de prendre une grosse bouchée. Les saveurs lui rappelaient son enfance. « Mffh il est délichieux ton gâteau. » Disait-il la bouche pleine mais les yeux scintillant de bonheur.

Elle avait craqué au creux de ses bras, oubliant qu’Esras n’avait pas la même aisance tactile qu’elle. Charlie, elle, avait cette facilité de prendre les gens qu’elle aime dans ses bras. En revanche elle éprouvait plus de difficulté à poser des mots sur ses sentiments mais c’était un travail qu’elle faisait sur elle-même. Physiquement et mentalement réconfortée, elle se redressa et les deux amis s’installèrent sur le sable chaud pour prendre leur collation. Elle trinqua avec la bière irlandaise, qu’elle avait achetée plus tôt la veille dans une épicerie particulière.  Santé, beau gosse gloussa Charlie qui s’amusait de voir apparaitre son sourire charmeur. Même si les choses avaient bien failli déraper, il n’y avait désormais plus d’ambiguïté  entre eux. Bien sûr qu’elle le trouvait beau Esras, mais depuis un million de choses dans leur vie respective s’était passé et une belle amitié s’était installée. Par ailleurs aujourd’hui elle voulut lui faire plaisir en cuisinant une recette de gâteau au chocolat, venant tout droit de son pays natal. Elle afficha un grand et large sourire en voyant le jeune homme apprécier dès la première bouchée. C’est vrai ? Tu ne dis pas ça pour me faire plaisir ? insista-t-elle en se pinçant les lèvres, sans ne pouvoir s’empêcher de se montrer flattée. J’ai aucune expérience des spécialités irlandaises. La prochaine fois je te ferais goûter un gâteau bien français et je te tiens le pari que ça te donnera envie de voyager ! rajouta-t-elle sur un air de défi.  Ce changement brusque d'atmosphère lui faisait un bien fou.

Il n’était pas tactile Esras, enfin il ne l’était plus. Mais Charlie avait besoin de réconfort, alors il n’hésitait pas à l’enserrer quand elle eut besoin de tendresse. Ce n’était pas trop lui, mais pour ses amis il était capable du meilleur. Heureusement qu’il n’en avait pas beaucoup. Ils se posaient enfin sur le sable, profitant de cet air marin. Charlie avait tout prévu. Elle avait acheté des bières et en plus elle avait fait un gâteau. « Je ne te mérite pas comme amie. Je n’ai rien apporté. » Il trinquèrent et Esras lui fit des yeux de biches pour lesquels elle était totalement insensible. Au départ elle l’était mais plus maintenant. Et dire qu’il avait failli l’embrasser et juste avant qu’il pose les lèvres sur les siennes elle s’était mise à pleurer. Il goûtait le gâteau et c’était un délice. Il avait l’impression d’être retourné en Irlande. « Non je ne dis pas ça pour te faire plaisir ! C’est un délice. » Disait-il avant de recroquer un morceau pour le savourer. « Je connais bien la France et c’est vrai qu’ils font trop de bonnes choses. » Il réfléchissait aux gâteaux qu’il aimait bien. « Comment il s’appelle la gâteau rond là avec plein de crème à l’intérieur et un trou au milieu ? » Il cherchait mais il ne trouvait pas.

Après avoir fait ce challenge / jeu abracadabrant mais plutôt libérateur, les deux amis firent place à de l'affection. Ils se serrèrent les bras l'un de l'autre, se réconfortant d'avoir pu jeter leurs dilemmes dans le néant. Maintenant que les esprits étaient apaisés, Charlie et Esras s'installèrent pour déguster leur en-cas. Charlie avait, bien évidement, pâtissé un gâteau, c'était devenu systématique chez elle : il fallait qu'elle ramène une douceur. Mais si tu m'as apporté des fleurs. lui fit-elle remarquer alors que le bouquet était délicatement posé sur le naperon. Elle fut enchantée qu'il complimente la saveur de son gâteau, elle espérait que cela soit sincère car elle considérait contre-productif toute sorte de flatterie trop exagérée.

Ils trinquèrent à la vie, à l'avenir qui leur reservera, à cette bonne philosophie YOLO. Puis Esras aborda deux sujets qu'elle affectionnait, la France et la pâtisserie.Le Paris-Brest? C'est mon gâteau préféré! T'aimes bien? Car à la minute où il dira oui, elle se se precipitera aux fourneaux pour le lui préparer dès la prochaine occasion.

C’était simple avec Charlie. Ce moment hors du temps il n’aurait pu le faire qu’avec elle. Après ce câlin réconfortant les deux amis se posaient. Esras n’était pas une personne tactile, mais il aimait quand même la douceur. Il ne l’avouerait pas mais ces quelques secondes lui fit du bien. Charlie avait tout prévu, les bières et la pâtisserie. Cette jeune femme était parfaite et Esras s’en voulait presque de n’avoir rien apporté avec lui. Elle lui rappelait les fleurs, mais il grimaçait quand même. « Oh mais ce n’est rien ça. » Après tout, ça lui avait prit dix minutes et quelques froncement de sourcil contre le fleuriste. Elle avait fait une spécialité irlandaise. Croquer dedans fit un immense bien à Esras. Il retrouvait les goûts de son enfance. Charlie lui expliquait que la prochaine fois elle ferait des spécialités de chez elle. « Evidemment que j’aime bien ! Si on parle bien de la même chose. » Esras avait oublié le nom. Peut-être que c’en était un autre. « Tu sais j’aime toutes la pâtisserie française. » Disait-il en riant. Evidemment qu’il ne dirait pas non si Charlie se décidait d’en faire.

Cela lui faisait du bien de retrouver Esras. Malgré le cadre romantique, il n'y avait qu'une belle amitié désormais entre eux. Charlie ne le regrettait pas, bien au contraire. Elle avait pris la bonne décision de ne pas l'embrasser, ils ne seraient sans doute jamais reparler et ils n'auraient été que l'amant(e) d'un soir. Ils pouvaient désormais profiter de construire une belle amitié. Charlie découvrait d'ailleurs un Esras attentionné sous ses airs d'homme dur. Tout de même il lui avait ramené des fleurs! Ce qu'elle ne manqua pas de lui rappeler. Eh non! C'est pas tous les jours qu'on m'offre des fleurs. Alors, vraiment, merci. insista-t-elle alors qu'elle coupait un morceau de gâteau. Inévitablement ils parlèrent pâtisserie et elle se montra enthousiasmée dès qu'on abordait sa passion. D'autant plus que Esras lui parlait de sa pâtisserie préférée. Le Paris Brest. Une pâte à chou avec un trou et de la crème pralinée? décrivit Charlie grossièrement. Il semblait connaitre les pâtisseries françaises étant donné qu'il les aimait toutes selon lui. T'es déjà partie en France? lui demanda-t-elle, intriguée.

Il l’avait dragué tellement lourdement Charlie qu’il n’est pas étonné qu’elle n’ait pas voulu de son baiser. Dommage pour elle, il embrassait très bien Esras. Finalement, il aimait cet amitié avec la pâtissière. Elle qui à chaque fois lui remplissait l’estomac, il estimait que c’était important de lui offrir quelque chose. « Je peux le faire à chaque fois qu’on se voit, tant que je ne me prenne pas un coup par ton mec. » Il n’était pas violent l’irlandais et si les fleurs plaisaient à Charlie, il lui en ferait cadeau à chaque fois. Il ne voulait juste pas que Woody le frappe. Elle parlait de pâtisserie française et quand elle décrivait le Paris-brest, ça donnait faim à Esras quand bien même il mangeait encore sa spécialité irlandaise. « Oui on parle de la même chose mmmmh ! » Il donnerait tout pour retourner en France et se goinfrer de gâteaux. « Evidemment ! J’ai des cousins là-bas, puis on voyageait beaucoup avec ma famille. » C’était avant qu’il ne soit la personne non grata des McCoy.

Charlie fit les gros yeux, frôlant la crise cardiaque. "Ton mec". Elle ne savait pas bien si elle pouvait le considérer en tant que tel à l'heure actuelle. Avec Woody ils n'avaient jamais rien officialiser, préférant se laisser porter aux bons et intimes moments.  J'sais pas comment il réagirait avoua Charlie en réfléchissant. Woody n'était pas du genre à se montrer jaloux, mais elle se souvient qu'il avait été touché par ces histoires des writers entre Liam et son ex Owen. Il lui avait demandé si il avait de quoi s'inquiéter. Cette pensée la fit sourire. Peut-être que ça l'embêterait un peu finit-elle par dire, toujours pensive. Et cette perspective la flattait, au fond. Les sentiments qu'elle éprouvait pour Woody devenaient inévitablement plus forts. Il était bien le seul qui pouvait l'aider à fermer le livre Liamien. D'ailleurs elle avait même essayé de le faire avec Esras, mais Charlie avait reculer ses lèvres à la dernière seconde. Ce n'était pas plus mal, car ce fut à partir de cet instant qu'elle put réaliser plein de choses. Sans cela, les deux amis ne seraient pas en train de déguster ce délicieux gâteau au chocolat à parler pâtisseries françaises. Ah oui et t'es parti où en France? lui demanda-t-elle en posant sa bière pour s'installer et se poser plus confortablement, le ventre bien rempli.

Il n’y avait rien entre Charlie et Esras à part un profond respect. Depuis ce jour où ils avaient failli s’embrasser, il s’était lié d’amitié avec la blonde. Déjà elle le nourrissait de délicieuses pâtisseries puis surtout elle était une oreille attentive. « Tu lui demanderas. » Disait-il en riant. Après tout il pourrait continuer à lui offrir des fleurs si ça lui faisait plaisir. Mais pas sûr que Woody accepte vraiment ces présents. « Ah ? Il s’est déjà montré jaloux ? » Il savait que c’était quelque chose qu’on ne pouvait pas conrôler. Esras en avait déjà fait l’expérience, mais s’il fallait prouver à Woody qu’il n’y avait rien entre lui et sa belle il le ferait sans hésiter. Pendant qu’ils dégustaient le gâteau au chocolat, ils parlaient de la pâtisserie française. Une des meilleures qu’Esras avait pu goûter dans sa vie. A chaque qu’il allait en France il se gavait de sa gastronomie. Charlie était française et il le savait. C’était un pays qu’il adorait. « Paris évidemment. Je suis allée en Provence et en Bretagne. Et j’ai fais du ski dans les Alpes. » C’était une destination phare des britanniques et irlandais la France.

Pendant un court instant Charlie imagina Woody, interloqué qu’un autre homme puisse lui offrir des fleurs.  J’préfère pas lui demander, non ! désapprouva-t-elle aussitôt en hochant la tête. Avec toutes les histoires qui circulaient sur elle, ce n’était pas le moment de rajouter de l’huile sur le feu. Cela lui rappelait d’ailleurs ses derniers messages au téléphone où il lui faisait remarquer qu’il espérait ne pas avoir à « compétitionner » avec toute la ville. Normal… Le dernier article des writers n’a pas été très élogieux à mon sujet lui dit-elle en soupirant. Il avait donc de quoi se montrer jaloux, même si il n’avait aucune inquiétude à avoir. Son ex Owen faisait bel et bien partie du passé. Quant à Liam : pas de son / pas d’image depuis des mois et Charlie tournait la page dans les bras du physiothérapeute. Il y a un an, en arrivant à Bowen, jamais elle n’aurait cru que sa vie sentimentale prenne un tel tournant.  

Détendue, avec vue de la plage, Charlie posa sa bière et regarda avec étonnement Esras. L’irlandais avait pas mal voyagé dans son pays natal, plus qu’elle à vrai dire !  Sérieux ? s’étonna Charlie. Je n’ai jamais skié de ma vie admit-elle, tout sourire. Hormis la capitale et la chaleur du sud de la France, elle n’avait pas vu autre chose de sa France adorée.

Peut-être qu’il ne devrait plus lui acheter des fleurs. Esras sortait pas un peu des idées de genre. Il avait dragué Charlie une fois mais ça s’était vite arrêtée. Depuis Charlie était son amie. Mais si lui offrir des fleurs compliquaient sa relation alors il arrêterait, même s’il trouvait stupide. « J’arrête si tu veux. » C’était surtout pour elle. Un peu comme toutes les personnes qui vivaient à Bowen, Esras lisait The Writers, ne croyant que la moitié des faits. Charlie était souvent citée ces derniers mois. « Ce sont des conneries ces articles. Il devrait te faire confiance parce qu’il n’y a pas mieux. » Il n’y avait pas mieux que la sincérité, la douceur et la gentillesse de Charlie. Toujours au petit soin pour ses amis, elle lui avait fait un gâteau irlandais pour lui rappeler ses racines. Charlie était française et il parlait du pays. Esras y était déjà allé plusieurs fois, ayant déjà de la famille et de l’argent pour y aller au moins deux fois par an minimum. « Tu sais, c’est un peu la destination préférée des anglais et des irlandais en hiver. » Les montagnes étaient spectaculaires et la vie à la française agréable. « Jamais ? » Demandait-il presque outré.

Offrir des fleurs était-il source de jalousie? Elle n'en savait trop rien.  « Non ce sera notre secret ! » rigola Charlie, qui ne se doutait pas le moindre du monde qu’un secret bien plus gros allait bientôt éclater dans sa vie. Elle ne voyait pas cela comme une trahison, elle n’avait rien à cacher à Woody. Elle ne le trompait pas, elle commençait même doucement à tourner la page ‘‘Liam-ienne’’. D’autant plus que la relation qu’elle entretenait avec Esras n’avait rien d’ambigu à présent.  Il était bien gentil de penser qu’elle était quelqu’un de bien, malgré ses affreux articles la concernant publiés par les Writers. « Il y a carrément mieux » assura Charlie qui pensait immédiatement à Freja. La pâtissière était persuadée qu’il la quittera un jour pour elle. Plus ses sentiments pour Woody devenaient forts, plus elle se sentait insécure, avec la peur grandissante de le perdre. Mais elle préférait ne pas en parler, gardant pour soit toutes ses craintes. Parler de son pays natal était bien plus joyeux. Elle assura n’avoir jamais skié de sa vie, engendrant une totale surprise d’Esras. « Je préfère le paysage des plages… Regarde comme elle est belle cette journée. » lui dit-elle, rêveuse. Après les riches émotions qu’ils eurent à leur lancée de pierre, ils profitaient désormais d’un paisible moment à discuter de tout et de rien.

FIN