drifted to survive (aelya) -hot.

Aelya lui avait pourtant dit de faire attention, de ne pas trop s’éloigner pendant sa séance de footing, lui rappelant que la côte était ravagée par les incendies et qu’il ne valait mieux pas prendre de risque inutile. Et pourtant, sans même s’en rendre compte, Niels s’était enfoncé plus loin qu’il ne l’aurait cru, sentant la chaleur écrasante devenir peu à peu étouffante. Comprenant que la situation pouvait vite devenir dangereuse, il décida de rappeler Hank, criant son nom plusieurs fois sans que l’animal ne daigne bouger. « Hank, allez, on rentre là ! » S’impatienta-t-il, remarquant que leur chien en avait décidé autrement, Niels finissant par s’approcher de l’animal qui prit alors la fuite, imaginant que c’était un jeu. « Putain… » Lâcha-t-il en regardant Hank s’éloigner, ne pouvant faire autrement que de se lancer à sa poursuite, la peur de le perdre dans la nature le prenant aux tripes. Il ne pensait pas à son propre sort, incapable de se raisonner, n’ayant en tête que l’objectif de ramener Hank chez eux, pensant à Aelya, à la peine qui viendrait l’assommer en apprenant que leur chien s’était enfui. « Hank, pas par là ! » S’époumona-t-il en voyant Hank s’aventurer dans un bois où les flammes s’étaient déjà propagées, le feu crépitant sous ses pieds alors que Hank était déjà hors de portée. Son regard était venu se perdre autour de lui, cherchant une échappatoire qu’il ne trouvait plus, effaré par le feu qui l’encerclait déjà, Niels comprenant qu’il était pris au piège au milieu de ce champ de ruines. La fumée toxique envahissait déjà ses poumons, le brûlant intérieurement, sa main venant chercher son portable dans sa proche dans la précipitation, composant le numéro d’Aelya. « Bébé… » Lâcha-t-il en entendant sa voix à l’autre bout du fil, toussant entre deux respirations. « Je… Je sais pas où est Hank… Je l’ai pas vu partir… Il a pas voulu revenir bébé, j'suis désolé… » Paniqua-t-il, l’esprit déjà embrumé par les vapeurs toxiques qui se propageaient autour de lui, sa voix se chargeant d’émotions alors qu’il se savait condamné. « Y-Y’a des flammes partout, je peux pas sortir d’ici mon amour, j’suis coincé… S’il-te-plaît mon ange, dis-moi que tu m’aimes… » Lâcha-t-il dans un souffle désespéré, son coeur s'effritant sous ces adieux qu'il n'aurait jamais voulu expier dans ces conditions.

Elle avait appris de loin que des incendies ravagaient l'Australie, près de la zone où ils résidaient. Elle n'avait pas été rassurée à l'idée de laisser Niels s'aventurer dehors pour faire son footing, mais il semblait que Hank s'impatientait, lui qui avait régulièrement besoin de se dépenser. Elle s'était permis de lui dire de faire attention, de ne pas s'éloigner, vainement rassurée par l'idée que les incendies n'avaient pas rejoint la côte où ils vivaient, usant de ce prétexte pour se donner des permissions qu'ils n'auraient jamais du se permettre d'avoir. Mais à force d'errer entre les quatres murs de leur maison en l'absence de travail, ils avaient tous les deux besoin de sortir, de déployer cette énergie qui menaçait en tout temps d'exploser entre eux. Elle s'était posée devant la télévision qui diffusait des informations sur l'incendie quand son portable vibra, indiquant que l'amour de sa vie cherchait à la joindre. Son cœur s'était mis à battre plus rapidement, comme si inconsciemment, elle sentait que cet appel ne présageait rien de bon.

- Bébé ? Décrocha-t-elle, les sourcils froncés, la voix déjà baignée d'inquiétude qui s'envolait alors qu'elle l'entendait tousser. Bébé, attends, quoi ? Hank est plus avec toi ? Lança-t-elle, peinant à réfléchir comprenant sans ajout de sa part que cela avait un lien avec l'incendie.

Elle fit un bond du canapé à l'entente de ses paroles qui lui confirmèrent ce qu'elle n'aurait jamais voulu entendre, le cœur pris d'assaut par le stress, sa main venant nerveusement se glisser dans ses cheveux. Elle passa un regard à travers la fenêtre avant de voir au loin, de la fumée s'évader vers le ciel.

- Mon amour, mon cœur, essaye de te calmer. Dis-moi où tu es ? Je vais pas te laisser bébé tu m'entends ? S'il te plaît dis moi où t'es amour, demanda-t-elle, son ton calme se faisant trahir par le tremblement de sa voix, elle qui se forçait à la patience pour ne pas le voir paniquer davantage. Fais-moi pas ça amour. Pas aujourd'hui. Pas comme ça. Bébé, j'vais chercher de l'aide ! Tiens le coup mon amour, je t'aime, jamais je t'abandonnerai, je te le promets. Couvre toi le visage au maximum mon ange, ajouta-t-elle, sortant précipitamment de la maison pour voir d'où partait les flammes, courant dans ce sens avant de reconnaître Hank qui se dirigeait vers elle, Aelya le caressant vivement avant de le conduire à l'intérieur de chez eux, revenant sur ses pas pour courir dans la direction de son amour, comme si elle était persuadée sans même le savoir qu'il se trouvait là où son cœur lui dictait d'aller. Allo ? S'il vous plaît, j'ai besoin d'aide, mon mari est coincé dans les flammes ! Lâcha-t-elle au téléphone, elle qui avait composé le numéro des pompiers en même temps qu'elle se dirigeait vers les flammes. Faites vite... J'veux pas le perdre... J'peux pas le perdre...  Ajouta-t-elle, les larmes aux yeux, ses émotions restant coincées dans le creux de sa gorge étranglée par l'angoisse, alors que ses jambes la tiraient vers l'incendie dont elle pouvait en sentir la senteur acide de la fumée.

Il aurait dû se douter que la période n’était pas propice à ce genre d’activité, conscient que les incendies qui ravageaient le pays étaient plus que traîtres et bien plus dangereux que ce qu’on avait tendance à imaginer. Malheureusement, il s’en était rendu compte trop tard, son corps déjà pris au piège au milieu de ces bois asséchés qui n’attendaient plus que d’être définitivement abattus par l’intensité des flammes qui viendraient tout réduire en cendres. La perte de Hank l’avait fait paniquer, et sans même penser à sa propre sécurité, Niels s’était lancé à sa poursuite, espérant pouvoir rattraper l’animal qui le devançait déjà de plusieurs mètres. Il avait immédiatement su que son sort était scellé, lui qui avait regardé autour de lui pour trouver un moyen de s’échapper, comprenant qu’il était encerclé par le feu, le mal étant déjà fait. Posant une main sur sa poitrine, sa respiration déjà limitée par la fumée qui l’entourait, Niels se décida à joindre son amour, sans réellement savoir ce qu’il faisait, lui qui était terrifié à l’idée de lui faire ses adieux. Son coeur avait loupé un battement lorsqu’il entendit sa voix au bout du fil, Niels cherchant ses mots pour lui signifier la situation, cherchant désespérément à se raccrocher à elle, à cette vie qu’il ne voulait pas quitter aussi abruptement. « Il s’est enfui bébé… Pardon mon coeur… J’ai pas fait assez attention à lui… » Lâcha-t-il, ne pouvant plus retenir sa toux qui s’intensifiait, le crépitement du feu se rapprochant dangereusement de lui. « Bébé… Je sais pas où je suis, j’ai suivi Hank… Tout part en fumée amour, c’est tout ce que je sais là… » Souffla-t-il, tant bien que mal, Niels s’accroupissant, cherchant désespérément de l’air viable pour ses poumons déjà en agonie. « Mon amour… Je t’aime, je veux que tu le saches… Même si je disparais bébé, je t’aimerais encore. Je… Je peux plus respirer mon amour, j’vais pas tenir longtemps… » Ajouta-t-il, toussant une nouvelle fois, alors qu’il se laissait envahir d’émotions, se faisant à l’idée qu’il côtoierait la mort dans quelques instants. « T’es la meilleure chose qui me soit arrivée bébé… » Murmura-t-il, divaguant alors que les fumées toxiques embrumaient son esprit, le faisant perdre peu à peu conscience. « Aelya… Bébé… » Lâcha-t-il une dernière fois, faisant tomber son portable alors qu’il s’écroula sur le sol, son corps privé d’oxygène s’étendant parterre, subissant les premières brûlures du feu qui était parvenu jusqu’à sa peau, au niveau de ses jambes. L’appel d’Aelya avait mobilisé une horde de pompiers, eux qui avaient été débordés par les récents évènements, prenant au sérieux cet appel à l’aide en comprenant que la vie d’un homme était en jeu. « Il est là ! Vite les gars, il est inconscient ! » Cria l’un des pompiers en découvrant Niels au sol, se précipitant vers lui alors que ses collègues se chargeaient de dompter l’incendie autour de lui.

L'absence de Niels entre les murs de la maison résonnait de manière beaucoup trop forte dans ses tympans. Elle avait su dès le départ que jamais elle n'aurait dû le laisser partir, comme une évidence qui s'affirmait à mesure que les minutes ne passaient, déterminant cette impression vertigineuse qui la paralysait. Bien loin de s'imaginer que ses soupçons étaient avérés, elle fixait distraitement la télévision avant de recevoir l'appel qui vint rendre son cœur arythmique, à la merci d'une tension ingérable où l'impuissance était maître.

- Bébé, on va le retrouver t'inquiètes pas, je t'en veux pas amour, tenta-t-elle de le rassurer, l'esprit plongé dans un tumulte angoissant et vaporeux qui bloquait sa réflexion. J'vais te sortir de là bébé, je crois voir où t'es situé depuis la fenêtre, accroche-toi mon cœur, l'encouragea-t-elle, dévastée par cette situation qu'elle peinait à maîtriser, sa patience s'écorchant à mesure qu'elle entendait sa toux. Bébé... Dis pas ça s'il te plaît... Parle pas comme si c'était fini... S'il te plaît bébé, je suis rien sans toi moi, tu peux pas me laisser, je peux pas l'imaginer. T'es l'homme de ma vie, j'vais tout faire pour t'aider, lâcha-t-elle, s'habillant dans la précipitation sans lâcher le portable qui était la seule chose qui les maintenait lier dans le désespoir. Mon amour... Mon cœur... Je t'aime... S'il te plaît me lâche pas... Je m'en sortirai jamais sans toi amour... Répondit-elle, la voix baignée par les sanglots qui s'écoulaient sur ses joues alors qu'elle se pressait à sortir de la maison. Amour ? Niels ? Bébé ! Réponds mon cœur ! Paniqua-t-elle alors qu'il ne répondait plus à l'autre bout, la poussant à courir jusqu'aux flammes, se dépêchant d'appeler les pompiers pour le sortir de cette situation qui requérait une urgence inouïe.

Elle arriva sur le lieu qui tombait en ruine sous l'effet du feu, croisant de son regard les camions de pompiers qui se mobilisaient devant les flammes, l'un d'eux la faisant reculer aux vues du danger.

- Mais vous comprenez pas ! Mon mari est dedans, faut que j'aille l'aider ! Cria-t-elle, en poussant le pompier, incapable de réfléchir à la propension de ses actes. Madame, calmez-vous, vous n'arriverez à rien si ce n'est de mourir en y allant ! Nos équipes sont déjà à l'intérieur du feu ! Lança le pompier avant que d'autres ne jaillissent de la fumée environnante avec Niels qu'ils portaient. Bébé, amour ! Courut-elle vers lui, s'apercevant de la brûlure qu'il portait à la jambe alors qu'il semblait inconscient. Sous oxygène, vite ! Ordonna un pompier avant de le placer au sol sur une civière, décalant Aelya pour qu'ils puissent travailler. Madame... Partez, on s'occupe de lui, c'est dangereux ici ! Ajouta le pompier en la regardant. Je veux rester avec lui, je peux pas le lâcher. Je préfère mourir ici que d'être sans lui ailleurs, répondit-elle, les yeux envahis par les larmes.

Il avait tenté de ne pas paniquer, de réfléchir à une manière de se sortir des flammes, mais en réalité, sa raison avait déjà misé sur la défaite, comme si elle lui faisait comprendre qu’il était en train de vivre ses derniers instants. Son coeur l’avait guidé vers la seule personne à qui il avait envie de confier ses derniers moments de vie, lui qui espérait au moins que la voix de son amour lui permettrait de s’en aller plus paisiblement. Parce-qu’il était mort de peur à l’idée d’être séparé d’elle, ne pouvant lui cacher sa détresse alors que sa voix résonna dans son portable, Niels tentant de lui exposer la situation. « J’ai essayé bébé… J’te jure que j’ai essayé de le rattraper, il était déjà loin devant moi… » Lâcha-t-il, incapable d’écouter les mots d’Aelya tant la panique tourmentait son esprit, Niels qui était persuadé que tout était de sa faute. « Amour… Sors pas, c’est trop dangereux bébé… » Souffla-t-il, son coeur se brisant à l’entente de la panique qui la gagnait, lui qui savait qu’elle était en train de vivre un cauchemar éveillé à cause de son manque de prudence. « Mon amour… J’veux juste que tu te souviennes de ça si jamais je… » Murmura-t-il, ne parvenant pas à prononcer ces mots qui lui arrachaient le coeur. « T’es l’amour de ma vie, t’es la femme de mes rêves, j’aurais jamais pu devenir ce que je suis devenu sans toi bébé… J’te dois tout, et je continuerai de t’aimer même si j’suis plus là pour te le dire. J’veux juste que tu sois heureuse toute ta vie mon amour… » Souffla-t-il alors qu’une larme était venue rouler le long de sa joue pour s’échapper dans le néant, la fumée gagnant ses poumons, lui qui savait pertinemment qu’il perdrait connaissance dans quelques instants, l’air n’étant plus respirable depuis de longues minutes. « Aelya… Je t’aime, j’suis désolé mon amour, j’aurais voulu que ça se finisse autrement… » Murmura-t-il, toussant de nouveau avant de tomber au sol, lâchant son portable au même moment, laissant son amour seule au bout du fil alors que son corps subissait le sort de l’incendie qui continuait de tout emporter sur son passage. Il n’aurait su dire combien de temps s’était écoulé entre sa perte de connaissance et l’arrivée des pompiers qui se dépêchèrent de le protéger des flammes, se rendant compte que sa jambe avait été brûlée. Le plus soigneusement du monde, les hommes s’occupèrent de tirer Niels loin de l’incendie, sa peau déjà noircie par les cendres et la fumée qui se propageait dans tout le bois. Les pompiers s’affairèrent autour de son corps inanimé, le plaçant sur un brancard pour lui administrer les premiers soins, se dépêchant de lui mettre un masque d’oxygène pour soulager ses poumons. « Il a besoin de soins madame, vous pouvez suivre les pompiers, il va être transféré à l’hôpital de Bowen. » Expliqua l’un des hommes à Aelya, cherchant à l’éloigner du brancard et de la zone de danger, embarquant Niels dans le camion. « Il y a de la place pour elle, laissez-la monter. » Déclara un autre homme, hochant la tête vers Aelya pour lui donner son accord de rejoindre le camion où l’attendait Niels.

Son sang n'avait fait qu'un tour à l'entente de sa voix arrachée par le gaz carbonique qui se frayait un chemin entre ses poumons, Aelya, c'était comme si elle pouvait entendre sa vie se décimer entre les pans de ses mains qui ne pouvaient rien faire pour le ramener contre son coeur mortifère. L'esprit embrumé par la tétanie, elle peinait elle aussi à reprendre son souffle, comme si c'était son âme qui se mourait à ses côtés.

- C'est pas grave bébé, tu connais Hank, il court vite, j'suis sure qu'il va bien. C'est pas ta faute mon amour, tu pouvais pas savoir... Ajouta-t-elle pour le rassurer, sans réellement savoir ce qu'il était advenu de leur chien, toute son attention étant portée sur Niels qui suffoquait de la toxicité de l'air. Y'a rien que j'ferai pas pour toi bébé. J'peux pas rester là sans rien faire, c'est au-dessus de mes forces, avoua-t-elle, la voix tourmentée par la panique qui la rongeait de l'intérieur alors qu'elle se préparait à partir, son coeur loupant un battement à ses mots qui signaient leurs adieux. Y'a pas de "si" bébé, tu vas pas mourir, pas tant que j'serais là à me battre pour toi mon ange, répondit-elle, incapable d'accepter sa mort qu'elle vivrait comme sa propre fin. Bébé... Je peux pas être heureuse sans toi... C'est trop dur, j'peux pas... Amour, accroche-toi... Y'a pas de moi sans toi... Lui rappela-t-elle, ses sanglots lui déchirant la voix, consciente qu'il ne pouvait rien faire de plus et cette impasse la tuait en même temps que la fumée le faisait pour Niels. J'aurais du t'empêcher de partir mon bébé, j'aurais du te retenir, j'peux pas accepter d'avoir tout perdu... Putain bébé... T'es ma vie, je t'aime tellement... Me laisse pas, je t'en supplie... Pleura-t-elle, comprenant à son silence qu'il avait déjà sombré dans le noir.

Elle s'activa à appeler de l'aide, refusant de laisser son âme-soeur à la mort qui les pourchassait depuis déjà trop longtemps. Elle se battrait jusqu'à la dernière seconde pour qu'il lui revienne, quitte à en laisser sa propre vie, parce qu'elle ne valait rien si elle n'était plus mêlée à celle de son mari. Elle arriva peu après les pompiers sur les lieux ravagés par les flammes, Aelya perdant patience en ne voyant pas Niels revenir jusqu'à ce que les minutes insoutenables ne viennent les réunir. Elle perçut sa jambe brûlée, ne s'arrêtant pour le moment qu'à son visage encore éteint de toute vie, elle qui attendait avec urgence que son regard ne vienne plonger dans le sien. Elle les regardèrent lui administrer les premiers soins, acquiesçant à la proposition du pompier avant de monter directement à l'intérieur du camion, sa main venant instinctivement serrer la sienne alors qu'il roulait en direction de l'hôpital.

- Mon amour... Je suis tellement désolée si tu savais... Murmura-t-elle en embrassant doucement sa main, les larmes roulant davantage sur ses joues maintenant qu'ils étaient hors du danger. Ses constantes sont fébriles mais il y a encore un espoir, ajouta le pompier assis en face d'elle, Aelya lui accordant un léger sourire triste avant qu'ils n'arrivent aux urgences pour être pris en charge rapidement.

Il aurait voulu lui promettre qu’il s’en sortirait, qu’il se battrait pour elle, pour qu’ils puissent continuer de s’aimer jusqu’à la fin des temps, comme ils se l’étaient promis. Mais Niels savait plus que jamais que leurs projets valsaient désormais au bord du vide, lui qui n’était plus sûr de rien, de son propre sort qui s’annonçait compromis alors que ses poumons peinaient à fonctionner normalement au milieu de cet enfer de feu. « J’aurais pas dû le laisser faire ce qu’il voulait bébé… On en serait pas là… Mon amour, tu m’en veux vraiment pas…? » Murmura-t-il, le coeur brisé, lui qui insistait, s’accrochant à elle, aux souvenirs qu’il voulait ancrer dans sa mémoire si c’était la dernière fois qu’il avait l’occasion de lui traduire son amour. « J’veux pas bébé… T’as pas à risquer ta vie pour moi… C’est… c’est déjà trop tard amour. » Souffla-t-il, ses mots lui écorchant le coeur alors qu’il s’entendait admettre l’impensable, lui qui n’aurait jamais imaginé lui faire ses adieux lorsqu’il s’était levé à ses côtés ce matin, lorsqu’il l’avait embrassé avant de partir, n’imaginant pas qu’il serait coincé dans cette prison de flammes quelques heures plus tard. « Mon ange… J’ai peur… » Admit-il, sa voix tremblant alors qu’il voyait les flammes tout dévaster sur leur passage, lui qui peinait de plus en plus à reprendre sa respiration, l’air étant devenu irrespirable. « Bébé… Sois forte pour moi, pour nous… Promets-le moi mon amour… S’il-te-plaît… » Lâcha-t-il, incapable de maîtriser l’émotion qui envahissait son corps, sa voix devenant de plus en plus faible alors qu’il se sentait partir, l’oxygène ne pouvant plus alimenter son corps qui suffoquait, Niels s’écroulant au sol quelques instants plus tard, après avoir soufflé un dernier mot d’amour à celle pour qui il aurait voué chaque seconde de son existence. Il aurait aimé lui dire qu’elle représentait toute sa vie, son univers entier, le temps venant malheureusement le couper dans son élan, Niels dont la vie était désormais confiée aux mains du destin, conscient que son amour se démènerait toujours pour le sortir des eaux troubles. Les pompiers le retrouvèrent au sol, inanimé dans ce carnage causé par l’incendie, se dépêchant de le sortir de cet environnement toxique, prenant conscience que ses poumons avaient déjà bien trop subi avant leur arrivée. Ils firent face aux larmes d’Aelya qui avait finalement trouvé son chemin jusqu’à lui, Niels qui dans son inconscience, avait toujours su qu’elle se battrait pour lui, elle qui ne baissait jamais les bras lorsqu’il s’agissait d’eux. L’un des pompiers monta à l’arrière du camion pour veiller sur Niels, invitant Aelya à prendre place à côté de lui, ressentant sa peine à travers ses mots, Niels qui aurait tant aimé essuyer les larmes qui étaient venues rouler le long de ses joues. « Soyez forte, je suis sûr qu’il l’est pour vous. » Ajouta l’homme avec un léger sourire, tentant de lui faire garder espoir alors qu’elle s’accrochait à sa main jusqu’à leur arrivée aux urgences. « Brûlure au troisième degré sur sa jambe droite, il a perdu conscience avant notre arrivée, il faut surveiller sa saturation et continuer de l’oxygéner. » Lança l’un des pompiers alors que l’équipe médicale vint prendre la relève, Niels se voyant transporter rapidement dans les couloirs de l’hôpital. « Madame, vous êtes sa compagne ? Je vais vous demander de bien vouloir patienter ici le temps que nous nous occupons de lui. Nous reviendrons dés que possible vers vous. » S’exclama calmement l’un des médecins, tentant d’intercepter le regard d’Aelya, cherchant à poser ses mots pour la rassurer. « Si jamais vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas. »

Elle voyait sa propre vie défiler devant ses yeux, celle qui lui filerait entre les doigts si le coeur de Niels venait à s'éteindre. Elle peinait à concevoir ce qui leur arrivait tant tout s'était passé vite, trop vite pour que son cerveau ne puisse réellement accepter l'impossible. Parce qu'il n'y aurait jamais rien de viable sans lui, et elle n'aurait sans doute même plus l'envie de continuer à respirer sans sa présence à ses côtés.

- J't'en veux pas mon bébé, je sais qu'on va le retrouver, comme toi, je sais que tu vas me revenir, j'vais tout faire pour. C'est pas grave amour, j'suis sure qu'il va bien, concentre toi sur toi amour, protège toi au maximum le temps que j'arrive, tenta-t-elle de le rassurer, inquiète pour Hank même si elle ne laissait rien paraître pour ne pas l'amener à paniquer davantage, la culpabilité qu'il ressentait déjà n'ayant aucun besoin d'être attisée. C'est pas trop tard bébé, j'suis en route là, tu te débarrasseras jamais de moi aussi facilement, ajouta-t-elle, se donnant du courage pour que lui aussi s'en imprègne, incapable de se dire qu'elle ne le verrait plus, que c'était leur dernière conversation. Mon amour... Pense à moi, à nous, j'suis jamais loin... Souffla-t-elle, la respiration coupée par sa peur qui était palpable même s'il n'était pas là, Aelya qui avait de plus en plus de mal à contenir son calme qui n'était qu'un leurre. Je... J'peux pas te le promettre bébé... J'peux pas sans toi... J'y arriverai pas... J'suis forte qu'avec toi... Bébé... Je t'aime... M'abandonne pas, j'suis rien sans toi... J'ai peur sans toi... Avoua-t-elle, en proie à ses sanglots qui roulaient le long de ses joues, jusqu'à ce que son coeur ne vienne s'arrêter, son visage devenant en blême sous l'effet de son silence.

Elle courut jusqu'à s'en écorcher les poumons, elle qui ne semblait jamais faiblir lorsque l'adrénaline se débattait dans ses veines pour l'amener à retrouver la prunelle de ses yeux. Sonnée par le choc émotionnel qui la condamnait à s'épuiser dans le tumulte de son angoisse, elle arriva peu après les pompiers qui vinrent secourir son mari inconscient, entrant dans le camion suite à leur autorisation. Elle vint directement prendre sa main qui était paradoxalement froide en ce jour de canicule, ses larmes continuant de tracer des sillons le long de son âme qui ne désirait que de se fondre dans la sienne.

- Merci... J'veux juste qu'il s'en sorte... Je peux pas m'imaginer l'inverse... Admit-elle tristement, son regard rougi valsant entre le pompier et son amour qui se battait pour sa vie.

Arrivés à l'hôpital, il fût rapidement pris en charge par les urgentistes, ses yeux suivant le trajet du brancard autour duquel le personnel hospitalier s'activait, Aelya peinant à soutenir le regard du médecin tant son attention se portait sur son amour.

- Sauvez-le s'il vous plait. Vous sauverez deux personnes en faisant ça, ajouta-t-elle en regardant finalement le médecin, désirant lui faire comprendre à quel point ils étaient liés, et qu'il n'était pas impossible qu'elle ne vienne le suivre jusque dans l'au-delà s'il n'y avait que là qu'ils pourraient se retrouver.

Elle vint s'asseoir dans la salle d'attente où la tension était à son comble entre les malades et la famille qui, comme elle, attendait de bonnes nouvelles. Peu apte à tenir en place, elle se mit à faire les cents pas, dévastée par cette attente qui étirait son visage dans la fatigue.

- Madame Björk, l'appela un médecin qui surgit dans son dos, Aelya se retournant. Le pire est passé. On est arrivés à stabiliser son oxygénation. On s'occupe actuellement de sa brûlure qui nécessitera une greffe. Pour l'instant, on l'a plongé dans un coma artificiel pour qu'il se remette au mieux. Vous devriez rentrer, parce que vous ne pourrez pas le voir tout de suite à cause du risque d'infection.

Elle acquiesça doucement, peinant à se résoudre à écouter le médecin même si cette fois, elle savait qu'elle n'avait pas le droit de lui faire subir un plus gros risque que celui qu'il avait déjà confronté. Alors, après avoir remercié le médecin, elle prit la décision de rentrer chez elle où leur chien l'attendait.

Il s’en voulait de lui faire subir toute cette angoisse, lui qui même dans le néant total, désirait la préserver de l’orage qui menaçait leur ciel. Il détestait savoir qu’il était la raison de sa peine, de sa peur, mourant de l’intérieur alors qu’il lui faisait comprendre que sont destin n’était déjà plus entre ses mains et que leur avenir était désormais incertain. « Prends soin de lui quand il reviendra bébé, il doit être complètement terrifié… J’vais essayer de me protéger mon amour, mais ça se propage tellement vite… » Murmura-t-il, s’inquiétant davantage pour Hank alors qu’il n’avait aucune garantie de pouvoir ressortir lui-même vivant de cette prison de feu donne il était captif. « Mon amour… S’il-te-plaît, fais attention… » Souffla-t-il, comprenant que rien n’arrêterait l’amour de sa vie dans sa volonté de le sauver des flammes, conscient qu’il en aurait fait de même pour elle, quitte à y laisser sa vie, parce-qu’ils n’étaient tout simplement rien l’un sans l’autre. « J’fais que ça bébé… J’pense qu’à toi. J’voudrais tellement être dans tes bras, pouvoir te serrer contre moi mon ange. » Lâcha-t-il, entre deux quintes de toux qu’il ne parvenait plus à contrôler, Niels finissant par s’avouer vaincu alors qu’il sentait son corps s’affaiblir, sa respiration devenant plus lourde, plus difficile, comme s’il avait l’impression de s’arracher les poumons à chaque inspiration. « J’serai toujours là bébé pour veiller sur toi… Quelque part dans ton coeur… Souviens-toi de ça jusqu’à la fin mon amour… Je t’aime Aelya, que toi, ça a toujours été toi mon coeur… » Souffla-t-il, le coeur en lambeaux à l’entente de ses sanglots, sa tristesse se mêlant à la sienne alors qu’il sentait son esprit divaguer, finissant par côtoyer le noir complet lorsqu’il s’écroula au sol, perdant connaissance alors que les flammes continuaient de ravager le terrain asséché. Il fut instantanément pris en charge par les pompiers qui retrouvèrent son corps au milieu des braises, le transportant jusqu’au camion pour le transférer le plus vite possible vers l’hôpital. Leurs visages fermés faisaient état de la gravité de la situation, eux qui ne pouvaient toujours pas se prononcer sur le pronostic vital de Niels, peu rassurés par ses constantes fébriles. Inconsciemment, il savait qu’Aelya continuerait de lui donner toute sa force, qu’elle serait avec lui à chaque minute qui s’écroulerait pour tenter de le ramener vers lui. Et dans les tréfonds de la mort, c’était ce à quoi il se raccrochait pour ne pas sombrer définitivement, pour pouvoir espérer la rejoindre, retrouver sa véritable place dans le creux de ses bras. Il n’avait aucun moyen de lui montrer qu’il se battait pour eux, comme elle le lui avait demandé, mais pourtant Niels, il s’accrochait de toutes ses forces à la chaleur de sa main qui était venue réchauffer la sienne, n’ayant aucune envie d’abandonner la femme de sa vie. Il fut rapidement pris en charge par l’équipe médicale qui s’affaira à le stabiliser, s’inquiétant de l’état de ses poumons qu’ils décidèrent de soulager en le plongeant dans un coma artificiel. L’un des médecins se présenta dans la salle d’attente où se trouvait Aelya, lui expliquant la situation avant de l’inciter à rentrer puisqu’elle n’avait aucun moyen de le voir. « Madame Björk ? Niels s’est réveillé ce matin, il est encore faible mais nous pouvons vous autoriser une visite si vous le désirez. » Quelques jours s’étaient écoulés depuis l’admission de Niels à l’hôpital, son état nécessitant une surveillance rapprochée bien que les médecins étaient rassurés par son état. « Aelya… » Murmura-t-il, de manière à peine audible, la douleur se réveillant en flèche, Niels peinant à ne pas s’agiter alors qu’il reprenait peu à peu conscience. « Où je suis… Bébé…? » Souffla-t-il, ouvrant les yeux lentement pour s’apercevoir qu’il était sur un lit médicalisé, baissant les yeux vers sa jambe complètement recouverte de bandages sous lesquels la douleur de la brûlure devenait insoutenable, réveillant Niels qui commençait à gémir de douleur, criant jusqu’à ce que les infirmières ne viennent à son chevet pour tenter de le calmer.

Elle aurait voulu crier sur les toits du monde sa peine, sa rage, cette injustice devant laquelle elle écrasait son espoir qui s’amenuisait à mesure que la mort entrait dans les poumons de son mari.  Elle suffoquait, en écho avec tous ces projets qui partaient en fumée, qu'elle ne pourrait jamais concrétiser sans son âme-soeur qui lui insufflait la vie.

- Bébé... Ca peut pas se finir comme ça entre nous... Je refuse... Hank va revenir, mais ce que j'veux là c'est te prendre dans mes bras... Admit-elle, impuissante face à ses déclarations qui la tétanisaient, Aelya qui n'en pouvait plus de cette situation angoissante, car à chaque souffle qu'elle expiait pour lui répondre, c'était une inspiration qu'elle volait à son amour pour le tenir en vie. Je ferai attention mais pour l'instant y'a que toi qui m'importes, avoua-t-elle, déterminée à le sortir des flammes, peu consciente des risques tant sa volonté de l'avoir contre elle représentait tout à ses yeux. Pense à tous nos projets mon amour, accroche-toi à ça, parce que j'te promets qu'on va les accomplir ensemble. Je veux pas d'une vie sans toi, ça m'intéresse pas, répondit-elle entre deux sanglots, repassant en boucle tous leurs sourires échangés, tout cet amour qui les avait consumés, toutes ses larmes qu'il avait lui-même essuyé pour la voir renaître dans le bonheur qu'il avait su installé. Mon amour... C'est toi l'homme de ma vie, reste avec moi mon bébé... Y'aura personne après toi... Y'aura plus rien après toi, j'veux juste toi... Avança-t-elle, la voix bouleversée d'amour, de cette urgence qui s'enlisait dans leur conversation à mesure qu'elle entendait Niels tousser jusqu'à ce qu'il ne réponde plus du tout, la laissant en proie au vide qui venait la dévorer de l'intérieur.

Elle avait mal comme jamais, et cette douleur indescriptible prenait son essence dans cette perte qu'elle ne pouvait admettre. Parce qu'elle ne pourrait jamais se faire à sa disparition, et encore moins de cette manière si brutale. Elle tenta le tout pour le tout pour sauver son amour, appelant les pompiers pour qu'ils viennent le tirer des flammes, Niels dont la jambe droite avait été grignoté par l'incendie. Il était pâle, l'amour de sa vie, comme si finalement, la mort avait déjà acquis son diamant le plus précieux, l'équipe médicale venant le plonger dans un coma artificiel pour lui donner toutes ses chances de se battre contre la noirceur invisible qui l'arracherait à Aelya. Elle rentra chez elle, le coeur lourd, plongeant dans les draps qu'elle humidifia de ses larmes acides, là où tanguait son espoir de le revoir dans ce lit qu'ils avaient à maintes reprises enseveli de vie. Elle tua le temps en s'occupant de leur chien qui semblait lui aussi nerveux de ne pas voir son maître revenir, tous deux se rapprochant dans cette attente insupportable jusqu'au jour où elle reçut un appel de l'hôpital lui autorisant à rendre visite à son mari qui avait enfin ouvert les yeux. Elle avait soufflé de soulagement en souriant, les yeux brillant de joie et de fierté pour son amour qui s'était vraiment battu pour rester avec elle. Sans attendre, elle avait pris sa voiture pour se garer sur le parking de l'hôpital, marchant rapidement au travers des couloirs pour se présenter devant sa chambre, voyant directement son amour s'agiter dans son lit, les infirmières autour de lui tentant de lui administrer par intraveineuse de la morphine.

- Hey mon bébé... Respire amour... Murmura-t-elle en se présentant à lui, son regard ému plongeant dans le sien. Je suis là mon amour de ma vie... Souffla-t-elle, sa main venant doucement caresser ses cheveux pour l'apaiser.

« Mon amour… J’voudrais tellement être avec toi, j’aurais dû t’écouter bébé, j’aurais dû rester à la maison… J’suis tellement désolé… » Lâcha-t-il, dans un souffle qui révélait toute son impuissance, toute sa résignation alors qu’il restait convaincu que la mort ne leur laisserait pas s’échapper cette fois-ci, conscient qu’il avait eu sa chance à plusieurs reprises. Ses mots lui brisaient le coeur, lui coupant son souffle déjà complètement irrégulier, parce-qu’il ressentait de plein fouet tout l’amour qu’elle lui portait, celui qu’il éprouvait à son égard depuis le premier jour, n’ayant jamais arrêté de l’aimer depuis leur rencontre. « Mon bébé… Mon amour à moi… Je t’aime à la folie… J’ai jamais voulu d’une vie sans toi non plus… » Souffla-t-il, désorienté à cause du manque d’oxygène qui le faisait désormais vaciller dangereusement, lui qui savait qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps avant de frôler l’inconscience, son coeur loupant un battement aux dernière paroles de son amour qui réitéra son amour infini pour lui. « Sois forte bébé… Je t’en prie… Fais-le pour moi mon amour… » Murmura-t-il, juste avant de sombrer dans un sommeil sans rêves, tanguant entre la vie et la mort alors qu’Aelya se démenait pour lui venir en aide, appelant les pompiers qui vinrent le trouver sur place, le sortant de justesse de l’incendie qui avait déjà altéré sa jambe. Les minutes qui allaient suivre seraient déterminantes pour son état déjà préoccupant, les pompiers transférant Niels jusqu’à l’hôpital, Aelya se tenant à ses côtés jusqu’à leur arrivée et les soins qu’il reçut. Il n’aurait jamais imaginé atterrir de nouveau ici, dans une de ces chambres d’hôpital qu’il connaissait plus que bien, lui qui s’était pourtant promis de ne plus risquer sa vie bien que cette fois-ci, il avait été pris de court par les incendies ravageurs. Le coma artificiel dans lequel il avait été plongé à son arrivée avait au moins permis à son corps de se régénérer, ses poumons reprenant finalement leur fonction tandis que sa jambe brûlée restait surveillée de près par les médecins qui s’assuraient qu’elle ne s’infecte pas. Il avait ouvert les yeux sans comprendre réellement où il était, ne se souvenant plus de ce qu’il lui était arrivé avant qu’il ne plonge dans le néant, sa douleur le percutant vivement dés lors qu’il reprit conscience. Fidèle à lui-même, Niels se fit entendre dans les couloirs de l’hôpital, s’agitant en tirant sur ses perfusions, son corps refusant cette douleur qui lui donnait des sueurs froides, sa peau déjà blême ruisselant quand les infirmières vinrent le maîtriser pour faire passer de la morphine dans son corps. « Putain, vite ! Faites quelque chose… » Lâcha-t-il, fermant les poings, sa cage thoracique se soulevant à un rythme soutenu pour tenter d’évacuer cette douleur qui le faisait souffrir, une voix qu’il connaissait parfaitement bien le ramenant lentement à la réalité. « Bébé… Mon amour… Qu’est-ce que j’ai…? » Murmura-t-il, ne lâchant pas son regard de peur qu’elle ne s’envole, comme si elle pouvait être le fruit de son imagination, d’une hallucination due à cette douleur lancinante. « Bébé, pars pas… S’il-te-plaît, reste avec moi… » Ajouta-t-il, tentant de se calmer alors qu’il la regardait, s’accrochant à elle, à la douceur de ses caresses, Niels faisant un effort pour ne plus s’agiter, la morphine finissant par agir, détendant peu à peu ses muscles qui s’étaient crispés. « Aelya, bébé, j-je me souviens de rien amour… »

- C'est pas grave mon cœur, c'est moi qui aurais dû te retenir... Surtout que je pourrais faire ça toute ma vie, te garder avec moi, contre moi... Avoua-t-elle, le cœur déchiré par cette séparation qui sonnait comme si c'était la dernière, elle qui n'aurait sans doute jamais imaginé qu'ils finiraient par se quitter comme ça. T'es le premier et le dernier mon ange... J'ai trop d'amour pour toi, et j'peux pas en avoir pour d'autres... Ajouta-t-elle, le ton bouleversé par ses sanglots incessants, elle qui ne pourrait jamais assouvir cette demande de sa part tant sa force se délitait sans sa lumière.

Elle n'était pas capable de rester là sans rien faire, d'admettre sa défaite. C'était son instinct de survie qui primait sur la raison, parce qu'elle ne pouvait pas l'abandonner, errer sans sa main dans la sienne. Si elle le sauvait lui, c'était elle également qu'elle tirait d'affaire, sa vie ne tenant qu'au fil qui la reliait à son amour alors qu'elle s'était empressée de chercher de l'aide. Tout s'était enchaîné dans une vitesse inouïe, à l'image de cette vie qui s'était rapidement échappée de son corps, lui qui maintenant laissait son sort entre les mains du personnel hospitalier qui faisait tout pour le soulager afin qu'il puisse se remettre de ses blessures. Elle se sentait atrocement seule entre les murs de leur maison, la compagnie de Hank ne changeant rien face à la peine qui la bouffait de l'intérieur, assommant au fur et à mesure son espoir qui battait de l'aile. Elle s'en voulait énormément, et la culpabilité traçait ses contours acides sur ses joues, ses yeux sombres se teintèrent de rouge alors qu'elle cherchait à s'accrocher à leurs souvenirs heureux. L'appel de l'hôpital fût une délivrance à ces trop longs jours de silence, elle qui ne perdit pas une seule minute avant de s'infiltrer dans sa voiture pour rejoindre son amour qui s'était réveillé. Elle arriva devant la chambre, entendant les cris de douleurs de son mari qui lui brisèrent le cœur une énième fois. Contenant ses larmes, elle avança doucement vers lui, au milieu des infirmières qui tentaient de le maîtriser pour lui donner dans le même temps de la morphine, sachant que sa présence permettrait de canaliser sa panique.

- Ça va aller amour, je suis là, respire mon ange... Murmura-t-elle, sa main venant doucement caresser son visage et ses cheveux. Je reste mon bébé, promis, je te lâche pas, ajouta-t-elle, les yeux brillants de tristesse, peinant à refouler tout ce trop plein d'émotions à la vue de sa souffrance qui résonnait trop fort en elle, voyant qu'il se calmait peu à peu. T'as été dans un coma artificiel pendant quelques jours mon bébé. T'as été pris dans les flammes. Et t'as sûrement mal à cause de la brûlure que tu as sur la jambe, expliqua-t-elle doucement lorsque les infirmières s'éclipsèrent. Tu m'as appelé mon amour quand t'étais dans le feu... T'avais perdu Hank... Mais il est revenu, il va bien, le rassura-t-elle. Maintenant faut que tu penses à toi et à ta convalescence bébé. Tu sais pas comme j'ai eu la peur de ma vie... Avoua-t-elle, une larme s'échappant pour rouler sur son visage. J'ai cru que j'allais plus jamais te revoir...

Il n’y avait rien certainement rien de pire que d’imaginer errer dans un monde sans elle, Niels qui se rendait compte combien tout pouvait basculer d’une minute à l’autre, sa vie ne tenant maintenant plus qu’à un fil. La douleur physique qu’il ressentait n’était que poussières comparée à cette sensation de vide qui l’éprenait en imaginant que c’était la dernière fois qu’il parlerait à l’amour de sa vie, que ce moment était le dernier qu’ils vivraient ensemble, la mort s’approchant dans un vent menaçant vers lui. « T’as été toute ma vie mon amour… J’ai vécu que pour toi… » Ajouta-t-il, sur ce même ton déchiré, lui qui parlait au passé sans savoir ce qu’il adviendrait de son avenir, ayant besoin de lui rappeler qu’elle avait été la raison de son existence, que grâce à elle, il avait vécu les trois années les plus heureuses de sa vie et qu’elle en était la seule raison. Il avait vu leurs souvenirs défiler peu de temps avant de perdre conscience, plongé dans le noir le plus complet, là où il luttait pour ne pas sombrer définitivement. Même dans cet univers parallèle, il continuait de penser à la femme de sa vie, à celle qu’il voulait rejoindre à tout prix, parce-qu’être sans elle n’avait aucun sens, que ce soit dans la vie comme dans la mort. Tandis que Niels s’accrochait à son existence, les médecins s’empressèrent de lui prodiguer les soins nécessaires, se rendant compte que son état était plus que critique et que les conséquences de cet incendie seraient lourdes. Pour l’aider et mettre toutes les chances de son côté, Niels fut plongé dans un coma artificiel, une machine prenant le relai pour permettre à ses poumons de se reposer, à son corps de se régénérer. Les jours défilèrent, Niels ayant continué le combat, refusant d’abandonner Aelya alors qu’il savait au fond qu’elle l’attendrait toute sa vie, les médecins baissant les doses pour permettre son réveil progressif, débranchant les machines pour que son corps puisse de nouveau fonctionner de manière indépendante. Désorienté, il finit par ouvrir les yeux, peinant à comprendre son environnement, sa situation, ressentant simplement cette douleur intense qui l’empêchait de réfléchir, Niels se mettant à paniquer en s’agitant, ses cris de désespoir interpelant l’équipe médicale qui s’empressa de le soulager. « J’ai trop mal bébé… » Avoua-t-il, Aelya parvenant jusqu’à son chevet, son regard accrochant le sien comme un naufragé s’accrocherait à une bouée de sauvetage. Il tenta de se calmer, cherchant à contrôler sa respiration agitée sans lâcher son amour des yeux, ne pouvant imaginer de la voir disparaître alors qu’il venait de la retrouver. « Oui… Promets-le moi encore… J’peux pas sans toi, je sais pas ce qu’ils me font bébé… » S’inquiéta-t-il, Niels regardant autour de lui, demandant à sa femme des explications alors qu’il ne pouvait pas compter sur ses souvenirs évaporés. « Quoi…? J’ai failli mourir encore…? » Souffla-t-il, son regard s’arrêtant sur sa jambe aux paroles de son amour, son sang de faisant qu’un tour dans son organisme. « Ma jambe ?! Elle a quoi…?! Putain bébé, me dis pas qu’ils vont me l’enlever ! » Paniqua-t-il, s’imaginant déjà perdre son membre, Niels se concentrant sur Aelya qui lui expliqua l’accident. « Putain… Bébé… J’suis désolé de t’avoir fait vivre ça… Tu sais que je t’aurais jamais abandonné mon amour, hein ? » Murmura-t-il, sa main venant doucement chercher la sienne qui caressait son visage, ses lèvres venant y déposer de doux baisers. « Je sais que t’as eu peur mon ange, je voulais pas que tu vives ça… Je t’aime tellement… » Ajouta-t-il, soulagé que Hank était sain et sauf, son coeur tombant en lambeaux en voyant la peine rougir ses yeux, Niels qui comprenait qu’elle avait vécu un véritable enfer. « Pleure pas bébé… J’suis désolé… J’suis là mon amour, je partirai pas. On est tous les deux. » La rassura-t-il, venant vite essuyer la larme qui avait roulé sur sa joue, Niels s’aidant de ses bras pour tenter de se redresser, peinant à trouver la force nécessaire pour le faire. « Bébé, j’peux rentrer avec toi…? J’veux pas rester ici… »

Chaque respiration qui s'évadait de ses poumons, chaque battement cardiaque qui vibrait dans sa cage thoracique répondait au seul son de sa voix qui l'avait guidé jusqu'à la lumière depuis trois ans. Elle avait mal, comme si on était directement venu compresser froidement son cœur pour finalement le lui arracher, volant en même temps tout cet espoir qui se dissipait à mesure qu'elle entendait son souffle qui se mourrait. Déterminée à se raccrocher à son étoile, la seule qui pouvait la voir briller encore dans le ciel qui s'assombrissait, elle s'envola jusqu'aux flammes pour recueillir le trésor de sa vie qui avait sombré dans l'inconscience, non loin de la mort qui caressait dangereusement son âme. Elle pleurait, repensant ces longs jours à tous leurs mots échangés, à ces adieux qu'elle n'avait jamais été prête d'admettre et auxquels elles songeaient davantage maintenant qu'il avait été plongé dans le coma. Elle espérait du plus profond de son être que ça n'avait pas été la dernière fois qu'ils se parlaient, parce qu'elle aurait évidemment apprécié avoir plus de temps juste pour l'aimer, elle qui ne savait faire que ça. Alors elle avait erré entre les murs de leur maison, dans l'attente insoutenable de nouvelles provenant de son mari, jusqu'à finalement en avoir quelques jours plus tard. Arrivée devant la chambre, elle s'empressa de rentrer, incapable de contenir tout le soulagement qu'elle ressentait à la seule idée de voir ses beaux yeux ouverts. Sa douleur s'imprègna dans ses tympans, dans les recoins de son âme, détestant atrocement de le voir aussi affaibli par son état. Elle tenta de le ramener tendrement vers elle, essayant de le distraire de sa douleur par le biais de sa douceur.

- Ça va aller bébé, t'es un battant mon cœur, t'as fait pire... L'encouragea-t-elle, laissant ses doigts dessiner les contours de son visage, son regard amoureux le détaillant avec toute l'admiration qu'elle avait pour lui. J'te le promets amour, j't'abandonnerai jamais tu le sais mon amour. Ils essayent de soulager ta douleur mon cœur, ajouta-t-elle, laissant les infirmières partir après lui avoir donné une dose de morphine, Aelya hochant silencieusement la tête à sa question, son regard attristé parlant à la place de ses lèvres. Non bébé, c'est juste que t'as été brûlé au troisième degré et tu feras bientôt une greffe de peau parce que tu risques l'infection. Les médecins te l'expliqueront mieux que moi amour, dit-elle, cherchant son regard pour l'apaiser. Bébé... T'avais abandonné toi... Mais c'est normal amour, t'étais tout seul, c'est normal que t'étais résigné... Soupira-t-elle, peinant à refouler ses larmes alors qu'il avait pris sa main pour l'embrasser, sa peau se réchauffant à son doux contact qui la revigorait. Je sais mon cœur, c'est pas de ta faute, tu pouvais pas savoir. Le principal c'est que tu sois en vie, le reste on s'en fiche bébé, sourit-elle tristement, ses larmes roulant finalement sur son visage. Oui me lâche plus bébé. Je peux pas sans toi, c'est au-dessus de mes forces, avoua-t-elle, fermant les yeux en sentant sa main caresser sa joue pour retirer sa peine, comprenant en le voyant qu'il avait du mal à se redresser. Non bébé, tu peux pas. Ça me fait vraiment pas plaisir de te voir encore là mais t'as vraiment besoin de soin, répondit-elle, peinée de devoir lui refuser ça, mais c'était pour son bien. Je viendrai te voir tous les jours mon ange, tu seras jamais seul, je vais passer mon temps à venir t'embêter t'inquiètes pas, sourit-elle légèrement. On s'appellera aussi quand je devrai rentrer mais tes soins passent avant tout, expliqua-t-elle, venant doucement tendre ses lèvres vers les siennes pour l'embrasser.

Il aurait aimé lui éviter toute cette souffrance, toute cette peine qui venait lui arracher le coeur, parce-que-Niels, il connaissait très bien cette impression de sentir son monde s’écrouler sous ses pieds sans pouvoir l’arrêter. Il l’avait déjà vécu à de nombreuses reprises, lorsque la vie de son amour avait été mise en danger, lorsqu’il était passé à deux doigts de la perdre pour toujours. Et il savait parfaitement combien la douleur était insupportable, comme si on venait directement leur arracher une partie d’eux, de leur âme, de leur coeur, celle qui les maintenait en vie. Alors, dans son inconscient, Niels savait qu’il n’avait pas le droit d’abandonner, qu’Aelya l’attendait de pied ferme pour continuer là où ils s’étaient arrêtés, là où la mort avait tenté de les séparer, sans savoir qu’ils étaient prêts à tout pour se retrouver. Les médecins continuaient de surveiller son état, vérifiant ses constantes alors que les machines avaient pris le relai de ses fonctions vitales, pour le soulager le temps que son corps ne se régénère. Les jours lui avaient permis de se reposer, Niels sortant de son état critique, ouvrant les yeux lorsqu’il entendit le bruit des machines autour de lui. La peur au ventre, il ne put retenir ce vent de panique qui l’incita à s’agiter, amplifiant sa douleur déjà bien trop présente au niveau de sa jambe, lui qui ne savait toujours pas la raison pour laquelle il était cloué à un lit d’hôpital. La présence de son amour lui permit au moins de respirer, Niels ne regardant plus qu’elle alors qu’elle s’était approchée de son lit pour caresser son visage. « C’est dur bébé… Ça fait mal putain… » Souffla-t-il, se concentrant sur elle, sur ses mots encourageants, sur ses traits si parfaits qu’il avait besoin de contempler encore et encore pour oublier la douleur. « Dire leur de se dépêcher alors bébé… » Lâcha-t-il, se tortillant de douleur alors que l’équipe cherchait toujours à maîtriser ses gestes pour lui administrer la morphine, Niels soufflant de soulagement en la sentant faire effet petit à petit. « Bébé… T’es sûre ? J’risque pas de la perdre mon amour ?! J’pourrais pas le supporter, tu le sais bébé… » Murmura-t-il, craignant soudainement pour sa jambe, s’imaginant le pire alors qu’Aelya lui avait expliqué la raison de sa présence à l’hôpital, Niels comprenant qu’il avait été prisonnier des flammes. « Mon coeur… Pardon… J’voulais pas que tu vives tout ça. Je t’aime mon bébé, j’voulais au moins revenir pour te le dire encore. » Ajouta-t-il, cherchant à l’apaiser, à lui faire comprendre qu’il serait là pour toujours, qu’il continuerait de se battre même lorsque leur vie se transformait en champ de guerre. Dans un élan de tendresse, il s’empara de sa main pour l’embrasser, ayant besoin qu’elle ressente l’amour qui pulsait en lui pour elle. « On sera tous les deux toute notre vie. Je me battrai toujours pour toi mon amour, personne sait combien on est forts toi et moi. » Lui rappela-t-il avec amour et tendresse, Niels se chargeant d’essuyer ses larmes, ne supportant pas de voir la peine la submerger. « Mais bébé… J’vais pas rester ici, tu peux pas me laisser comme ça… J’vais être malheureux si t’es pas là, si j’suis pas à la maison avec toi et Hank. » Se justifia-t-il, Niels tentant de se redresser non sans le moindre mal. « J’ai besoin de t’avoir tout le temps bébé… Tu peux pas me dire qu’on va pas dormir ensemble… » Lâcha-t-il, dans un souffle de déception, relevant les yeux vers elle au moment où leurs lèvres se retrouvèrent, Niels fermant ses paupières pour profiter de ce baiser qu’il prolongea amoureusement. « Tu m’as tellement manqué… J’ai trop besoin de toi. » Murmura-t-il, sa main venant chercher la sienne pour lier leurs doigts. « Embrasse-moi encore bébé… J’veux plus être seul… »