Duet or duel ? (Thomas)

Lancée dans la conception d'un grand arbre en carton et en papier, qu'elle disposera dans sa classe, Romy ne releva le regard qu'en entendant le vibreur de son téléphone. En ne voyant pas le prénom d'Arthur s'afficher, elle retourna sur son travail. Mais la curiosité bien trop forte, elle finit par prendre son téléphone afin de lire le texto envoyé. C'était Emily, la responsable du refuge animalier où Romy passait quelques heures de son temps libre. Un sauvetage de chatons était à organiser près de Bowen. Aussi, la responsable demandait si quelqu'un voulait l'accompagner. Délaissant son arbre, qu'elle pourrait retravailler dans la soirée - Arthur étant chez son père, cette semaine - elle appela la responsable pour lui dire qu'elle était en route. Clé en main, elle grimpa dans son véhicule pour rejoindre le refuge, où le rendez-vous était donné. Une fois arrivée sur place, Romy trouva porte close. Elle patienta cinq minutes. Puis dix minutes.... jusqu'à recevoir un appel d'Emily. Malheureusement, cette dernière avait une autre situation d'urgence, aussi demandait-elle à Romy de se charger des chatons. La jeune Lloyd accepta, même si elle se disait déjà qu'elle allait mettre beaucoup plus de temps si elle devait chercher les chatons toute seule. Comme si la responsable avait lu dans ses pensées, cette dernière lui annonça qu'elle serait accompagnée. Romy fronça toutefois les sourcils en sentant l'hésitation dans la voix d'Emily, alors qu'elle ne dévoila pas l'identité de son binôme du jour... D'accord. Romy lui demanda de lui envoyer l'adresse du sauvetage et finit par raccrocher. Elle sortit de la voiture, ses yeux verts observant autour d'elle, attendant l'arrivée d'un véhicule et donc, de son duo. Elle attendit encore cinq minutes quand, enfin, une voiture arriva. Une voiture dont elle reconnaissait la marque, la couleur, puis, le conducteur. Thomas. "Ok..." souffla-t-elle, en levant les yeux au ciel. Il y avait du monde à Bowen. Il y avait bon nombre de bénévoles, mais il fallait évidemment qu'elle fasse équipe avec son ex-mari, avec qui la relation s'apparentait à des montagnes russes. Des fois, ça allait. Des fois,ça n'allait pas. Et là, actuellement, ça n'allait pas, ces derniers n'étant pas forcément d'accord sur quelques principes d'éducation pour leur fils. Quand le brun sortit de la voiture, elle resta plantée près de la sienne, bras croisés contre la poitrine : "Tiens, comme on se retrouve..."  Même si sa phrase était pleine d'ironie, elle ne put dissimuler le petit sourire en coin qui s'affichait sur ses lèvres. "C'est toi qui viens pour le sauvetage des chatons ?"

On t’avais téléphoné, aujourd’hui, pour un sauvetage de chaton. C’était l’association pour laquelle tu travaillais. Depuis que tu étais à Bowen, tu avais eu envie de t’investir encore plus dans quelque chose qui te passionnait : les animaux. Tu avais un haras mais ça ne te suffisait pas, il faut croire. Alors tu avais été voir dans cette association pour donner ton aide. La patronne, Emily, avait dit que tu ne serai pas seul à ce sauvetage. A vrai dire, tu ne connaissais pas grand monde dans les bénévoles mais tu les avais vu quelques fois pendant des réunions. Elle ne te disait pas qui était là pour t’aider mais tu n’avais pas demandé aussi faut dire. Arthur t’avait demandé de passer la journée chez un copain à lui, alors tu l’avais emmené là bas avant d’aller au point de rendez-vous qu’Emily t’avait donné lors de votre précédent appel. « Sois sage, je t’aime » dis-tu à ton fils en le déposant chez son ami. « A tout à l’heure, papa ! » avait-il simplement rétorqué en te faisant un sourire et en sortant de la voiture. Tu avais alors pris la route pour voir ces pauvres chatons abandonnés et les ramener à l’association pour qu’ils s’en occupent. Une fois là bas, tu voyais qu’une personne était déjà présente et qu’elle était garée. Quelle fut ta surprise quand tu voyais la voiture qui était là. Tu la connaissais bien, maintenant. Un rire vint soudainement, nerveusement surement. Tu comprenais pourquoi la patronne de l’asso ne t’avait pas dis avec qui tu étais en binôme aujourd’hui. En sortant de ta voiture, tu claquais la porte et tu souris à la jeune femme qui était là devant toi. « Qu’ai-je fais pour mériter la plus belle femme de Bowen en tant que binôme ? » demandas-tu à la blonde en t’avançant vers elle. Romy. C’était elle avec qui tu serais aujourd’hui. Votre relation n’était plus au beau fixe, il y avait des hauts comme des bas. En ce moment, c’était plus des bas. Mais tu te battais pour elle, et tu n’arrêterai pas de le faire. « Je peux lire à ton visage que tu es à la fois contente et à la fois dégoûtée que ce soit moi, en effet, pour le sauvetage des chatons » dis-tu en enlevant tes lunettes de soleil pour les mettre dans ta poche arrière de jean. Toi, tu étais heureux de la voir, de passer un moment avec elle.

Tout ça, c'était l'histoire de Thomas et Romy. Quoiqu'il advienne, l'un finissait toujours par être remis sur le chemin de l'autre. Et aujourd'hui, cela ne dérogeait pas à la règle. Il y avait pourtant un bon nombre de bénévoles à l'association, mais il fallait aujourd'hui que les deux ex-époux forment le duo du jour. C'était presque amusant, surtout quand on savait qu'ils s'étaient récemment pris la tête. En le voyant sortir de la voiture, lunettes sur le bout du nez, son sourire sur les lèvres qui faisait ressortir ses fossettes, Romy sut qu'elle n'allait pas rester de marbre bien longtemps. Leur relation avait beau être conflictuelle, ils avaient beau se disputer souvent, très souvent, elle ne parvenait pas à être rancunière bien longtemps. N'allez pas croire qu'elle passait au-dessus de tout, il y avait cette rancoeur bien tenace, cette douleur qui empêchait de fermer la plaie, de tourner la page. Mais pour les disputes lambda, elle n'arrivait pas à tenir face au côté solaire du jeune homme. Arthur avait d'ailleurs hérité de cette partie de son père. C'était impossible de lui en vouloir bien longtemps. Et c'était énervant, tellement énervant... Toutefois, en entendant les mots de son ex-mari, la jeune femme secoua la tête, riant légèrement : "Quel beau parleur ! Ou alors, ça fait longtemps que tu n'as pas vu de femmes à Bowen, mon cher." Elle le provoquait un peu, gentiment, de façon à montrer que ses flatteries ne l'atteignaient pas vraiment, en apparence, du moins. Alors qu'il reprit la parole, elle fit une petite moue perplexe : "Dégoûtée, le mot est quand même fort. Tu m'as juste bien énervée hier, et disons qu'il y a encore quelques restes." Mais ils n'étaient pas là pour ça. "Arthur est chez son ami ?" finit-elle par demander. Et elle était là, la source de problèmes. Romy n'aimait pas l'ami d'Arthur, se disant qu'il était une mauvaise fréquentation alors que Thomas avait plus de recul et davantage confiance en l'ami d'Arthur. Qui se trompait ? Seul l'avenir le leur dira... "On prend ma voiture ? Emily vient de m'envoyer l'adresse."

Cette électricité qu’il y avait dans l’air lorsque Romy était dans les parages, on ne savait pas vraiment comment la définir. Était-ce une attirance toujours présente ? Ou bien une rancoeur ? Pour la rancoeur, c’était sur. Tu savais très bien que l’australienne n’avait pas aimé ta tromperie. Et malgré toutes les excuses du monde, malgré que tu lui ai fais comprendre qu’elle était la femme de ta vie, elle a quand même décider de mettre fin à votre mariage. De ton côté, tes sentiments pour la blonde n’avaient pas changés, ils étaient toujours les mêmes. Mais tu ne savais pas ce qu’il en était de son côté. Tu ne voulais pas la brusquer, pas lui faire peur. Et si elle voulait refaire sa vie avec un autre homme, tu serais spectateur de son bonheur. Jamais tu ne te mettras en travers de son bonheur, jamais. La voir avec toi pour ce sauvetage, c’était un coup du destin, et ça te faisait rire. Après t’être garé et être sorti de la voiture, tu lui fis une petite remarque. Peut-être un peu trop charmeuse, mais vraie selon toi. « T’as toujours été la plus belle femme de cette ville à mes yeux » dis-tu en lui faisant un clin d’oeil. C’était plus fort que toi, t’étais obligé de lui balancer des belles paroles, alors que tu faisais ça aussi lorsque vous étiez mariés. Et puis c’était un jeu entre vous, qui ne se terminait jamais. « Je suis désolé de t’avoir énervé. On va pas se battre toute la journée, hein ? » demandas-tu à la jeune femme avec un sourire. En effet, le sujet de la dispute était à propos de votre fils et de ses amis, celui chez qui tu l’as déposé précédemment, même. « Je l’ai déposé avant de venir. J’te promet que c’est un bon gars, et ses parents sont très sympa » dis-tu à la blonde pour la rassurer. Tu étais convaincu que ce garçon était un bon petit gars et que ce n’était pas une mauvaise fréquentation pour votre fils. Et tu avais essayé de convaincre Romy de ça, mais elle était toujours persuadée du contraire. « Après vous, mademoiselle Lloyd-Rankin » dis-tu en souriant, de ce sourire charmeur qu’on te connait bien, insistant bien sur ton nom de famille. Tu montais alors sur le siège passager de la voiture de ton ex-femme et vous étiez tous les deux partis pour sauver ces pauvres chatons.

Quand elle l'avait vu arriver en voiture, Romy s'était dit qu'elle ferait mieux de faire le sauvetage toute seule. Oui, à plusieurs reprises, la blonde s'était mise en tête qu'elle devait s'éloigner de Thomas, n'échanger que vis-à-vis d'Arthur. Ce serait plus sain pour lui, plus sain pour elle. Cela aiderait à tourner complètement la page. Mais elle n'y était jamais parvenue. Comme si la page ne pouvait être complètement tournée. Alors, certes, ils se disputaient souvent, mais c'était une manière pour elle de marquer sa présence, d'être là sans trop montrer qu'elle voulait être là. C'était de l'amour-vache, tout simplement. Et même si Thomas avait la manie de la faire sortir de ses gonds, il avait aussi cette aura spéciale qui faisait qu'elle oubliait vite leurs conflits. Il suffisait de voir son sourire, son regard malicieux, d'entendre ses phrases charmeuses, comme celle qu'il lâcha et qu'il répéta : "N'en rajoute pas, s'il te plaît." Elle faisait l'inaccessible, mais son sourire la trahissait. C'était leur jeu. Suis-moi, je te fuis. Fuis-moi, je te suis. C'était donc évident qu'elle n'était pas dégoûtée qu'il soit là, mais il était bon de rappeler qu'elle était encore un peu énervée. Mais pas au point de se battre toute la journée. "C'est quand même tentant." dit-elle, avec une pointe de taquinerie. Pourtant, le sujet sur lequel ils se disputaient pouvait les faire tenir toute une journée, et bien plus. Arthur. Arthur et ses fréquentations. Elle soupira légèrement quand Thomas affirma que son ami était un bon gars. Même les parents étaient cools, selon lui. "Ok... je te fais confiance." abdiqua-t-elle. Il était bon de relever qu'elle lui faisait confiance, mot qui n'avait pas franchi ses lèvres depuis un moment. De toute façon, ils n'allaient pas tergiverser pendant des heures. Des petits chatons les attendaient impatiemment. L'invitant à monter dans la voiture, elle lui lança un regard faussement réprobateur en l'entendant insister sur son nom de famille. Ah celui-là... Elle monta dans le véhicule, mit le contact et tendit son téléphone à Thomas, après avoir activé le GPS avec l'adresse du sauvetage. "Je te laisse être mon guide."

Le trajet ne fut pas long et peu semé d'embûches. Toutefois, quand ils arrivèrent à l'endroit indiqué, Romy constata l'ampleur du sauvetage. "Mais c'est un bois ! Comment on va les retrouver ?!"  Une ou deux maisons se trouvaient à proximité. Elle descendit du véhicule et avança, regardant autour d'elle dans l'espoir d'apercevoir un voisin. Mais personne. "Je crois qu'on va chercher une aiguille dans une botte de foin !" Elle posa son regard sur son ex-mari : "On se sépare ou on reste ensemble ?" Décidément, cette question revenait souvent dans leur histoire...

Le destin vous mettait toujours sur le chemin de l’un ou de l’autre. Toi, tu voyais comme une évidence. Romy était la femme de ta vie, tu le savais très bien. Mais t’avais fais le con, t’avais perdu sa confiance et son amour. C’était ta faute, et pour ça, tu ferais tout et n’importe quoi pour la retrouver. Et quand tu la voyais, c’était plus fort que toi. Tu lui sortais toujours tes belles phrases de charmeur, tes sourires de dragueur. C’était naturel de faire ça, pour toi. Alors tu lui en avais sorti une, encore une fois. Et tu voyais que ça lui faisait quand même un petit quelque chose de t’entendre dire ça. « Je ne te dis que la vérité » dis-tu avec ce sourire collé sur tes lèvres. A tes yeux, il n’y avait pas d’autre femme qui pouvait l’égaler. Impossible. Elle avait été ta première fois, ta première relation sérieuse, ton premier coup de coeur. Et ça ne peut pas s’effacer du jour au lendemain ce genre de relation. « Tu sais qui de nous deux va gagner si on continue » dis-tu en riant légèrement. C’est elle qui gagnerai dans tous les cas, parce que tu ne voulais pas t’opposer à elle, comme lors de votre divorce. Tu lui laissais gagner toutes les batailles, parce que tu refusais de la voir perdre. Mais tu avais quand même réussi à lui faire entendre que l’ami d’Arthur est un bon garçon et qu’il n’est pas une mauvaise influence pour lui. « Ça faisait longtemps » dis-tu en riant légèrement, à voix basse. Tu comprenais pourquoi la confiance entre Romy et toi c’était pas trop ça. En même temps, c’est de ta faute si la confiance ne régnait plus entre vous deux. Tu montais dans la voiture de ton ex-femme pour aller sauver les petits chatons qui vous attendait. « Alors allons-y » dis-tu en entrant l’adresse le GPS de la voiture.

Le trajet fut assez court, vous n’étiez vraiment pas très loin du lieu du sauvetage. Mais ce n’était pas vraiment l’endroit rêvé pour trouver des animaux abandonnés. « On va devoir bien chercher » dis-tu en haussant les épaules. Un bois c’est pas vraiment la meilleure des idées, mais vous alliez les trouver. « Dis pas ça, on va bien regarder et on va les trouver » dis-tu en posant une main sur l’épaule de ton ex-femme. Vous commenciez à marcher ensemble et tu laissais échapper un rire à sa question. C’était pas forcément drôle mais vu la situation, c’était cocasse. « Ah non, on se sépare pas. On l’a fait une fois ça me suffit, hein » dis-tu en essayant de rester sérieux une seconde. Et puis même, tu n’avais pas envie de la laisser parcourir le bois seule.

Oui, il était vrai, Romy et Thomas étaient souvent mis sur le même chemin. Certes, Arthur y était pour beaucoup. Mais il arrivait aussi que les ex-tourtereaux partagent quelques moments, autre que leur parentalité. Si cela n'aboutissait pas à une dispute, leur complicité ressurgissait et c'était quelque chose qui effrayait Romy. Cela lui donnait l'impression que c'était comme avant. Et cela faisait mal, car ça lui rappelait ce qu'ils avaient perdu. Et ils avaient beaucoup perdu dans cette histoire. Certains habitudes avaient la dent dure, aussi. Comme ces phrases charmeuses que Thomas lui lançait et qu'elle rejetait, taquine. "Arrête, donc..." dit-elle avec un sourire en coin. Pourtant, elle ne pouvait nier ces quelques papillons dans le ventre, qui lui rappelaient qu'elle n'était pas insensible à tout cela. Aussi, et souvent, préférait-elle se lancer dans des débats houleux, des provocations qui menaient à des chamailleries futiles. "Je suppose que c'est moi ?" répondit-elle à ses mots. Elle savait qu'elle gagnait souvent lors de ces disputes. Parce que Thomas abdiquait. Et elle, elle continuait pour qu'il s'oppose à elle. C'était sans fin. Mais aujourd'hui, ils n'en étaient pas là. Ils avaient une mission à accomplir ensemble. Après avoir demandé où était Arthur, posant brièvement son regard sur Thomas quand il murmura que ça faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé de confiance entre eux, les deux ex prirent le chemin vers l'endroit où se trouvaient ces pauvres petits chats. Ce fut court, mais le travail s'annonçait fastidieux, au vu de l'endroit où ils avaient atterri. Alors que Romy se disait que cela allait être compliqué, Thomas prenait la chose avec plus de nonchalance. Quand elle sentit sa main sur son épaule, elle redressa la tête vers lui, lui adressant un sourire. "J'espère. On n'a pas énormément de temps devant nous." L'après-midi était déjà bien entamée et la journée n'allait pas tarder à décliner. Sans doute fallait-il se séparer pour couvrir davantage de terrain. Proposition pour laquelle Thomas n'était pas d'accord, son rire en témoignant. Elle leva les yeux  au ciel, amusée par son sous-entendu, et répondit aussitôt : "Pour des personnes séparées, on est quand même bien souvent ensemble. Autant continuer sur la lancée..." Cela ne la dérangeait pas de déambuler seule dans un bois. Mais à choisir, elle préférait quand même la compagnie de Thomas. D'un signe de la tête, elle l'intima à avancer, s'engageant ensemble dans l'espace boisé. "Si on entend le moindre bruit, on se le dit !" Le trajet se fit, du coup, dans le silence, à l'affût du moindre bruit, autre que le craquement des feuilles mortes et branchages sous leurs pieds.  Mais à un moment, alors que Thomas était devant elle, Romy ne vit pas cette branche au sol. Elle tapa le pied dedans et faillit trébucher. Elle se rattrapa juste à temps à Thomas, s'agrippant à lui de toutes ses forces. Très vite, un rire vint franchir ses lèvres alors qu'elle posa son front  sur l'épaule de son ex-mari, se remettant de ses émotions. "ça serait bien que l'on revienne entier aussi... On..." Mais elle s'arrêta subitement, tenant toujours le bras de Thomas et regardant à sa gauche : "Tu as entendu ?"

Ce n’est pas que grâce à Arthur que tu te retrouvais souvent sur le chemin de la blonde. Des fois tu te demandais si ce n’était pas le destin qui vous envoyiez un message, et que vous étiez fait pour être ensemble jusqu’à la fin de votre vie. Mais malheureusement, tu avais fais en sorte que cela se passe autrement. Tu avais commencé un chemin semé d’embuche et de déception. Mais la retrouver ici, être prêts d’elle c’était ce qui comptait le plus. Tes mots doux et tes belles paroles c’était là pour faire le beau, mais tu les pensais vraiment. Romy était la femme de ta vie, tu le savais, c’était indéniable. « Bien sur que c’est toi, tu sais que j’peux pas te contredire » dis-tu en haussant les épaules. Autant tu l’aimais, autant elle était ta faiblesse. Tu ne vivais pas à travers elle mais tu la laissais toujours gagner quoi que ce soit, par peur de la froisser ou de la contrarier. Depuis vos premiers rendez-vous galants, où tu lui avais laissé choisir le film à aller voir au cinéma ou même l’exposé à faire en histoire en terminale. La dernière chose que tu voulais c’était lui faire de la peine, mais t’avais fais pire que ça, tu lui avais brisé le coeur en mille morceaux. T’aurais pu nier, t’aurais pu dire que les médias racontaient n’importe quoi. Mais tu ne pouvais pas lui mentir, il fallait que tu sois honnête. Et honnête, tu l’étais toujours avec elle. Le trajet n’avait pas été long et rapidement vous vous retrouviez sur le lieu du sauvetage des chatons. Enfin, sur le lieu mais pas avec les chatons; En effet, vous aviez atterris tous les deux dans un bois. « Tant qu’il fait jour, ça devrait aller » dis-tu en observant le ciel bleu et dégagé. Il ne manquerait plus qu’il pleuve à torrent mais c’était la canicule à Bowen, alors il n’était pas prêt de pleuvoir ici. La blonde te demanda si tu voulais que vous vous sépariez ou si vous continuez vos recherches ensemble, et tu n’avais pas hésité une seconde. Non seulement tu ne voulais pas la laisser trainer dans le bois toute seule, et puis pour une fois, tu en profiterai pour être près d’elle. « J’en connais un qui serait content qu’on continue comme ça » dis-tu en riant légèrement. De nombreuses fois, Arthur t’avait demandé si tu comptais te remettre avec sa mère, si tu étais encore amoureux d’elle. Et en tout transparent avec ton fils, tu lui avais dis que sa mère était la seule femme qui comptait dans ton coeur et que ça ne changerait jamais. Il avait toujours cet espoir de vous rapprocher, pour des futilités. J’ai oublié mon livre de math chez maman, viens on va le chercher était la première des ruses qu'il avait utilisé. « On fait comme ça » répondis-tu à la jeune femme alors que vous commenciez à marcher. C’était le plus grand des silences qui régnait sur la forêt, alors tu avais tes oreilles grandes ouvertes, à l’affût de tout bruit de chatons en détresse. Tu menais la marche, en faisant attention à pas te prendre les pieds dans les branches. Mais Romy trébuchait sur une de ses branches et vint s’accrocher à toi de toutes ses forces. Tu sentais ses mains contre toi, et tu posais une main sur la sienne qui était sur tes hanches. Tu ris de bon coeur avec elle. « J’ai pas prévu de t’emmener à l’hôpital » dis-tu en riant. L’australienne commençait une phrase et s’arrêtait directement. Un petit miaulement se faisait entendre. « J’ai entendu, et ça vient de là. Tu t’es pas fais mal ? » demandas-tu en te retournant vers elle, légèrement inquiet qu’elle se soit foulé la cheville.

Même s'ils n'étaient plus liés par les liens du mariage, Thomas et Romy n'arrivaient pourtant pas à se séparer complètement. Ce n'était sûrement pas la meilleure solution - s'empêchant ainsi de tourner dignement la page - mais c'était propre à leur histoire. Ils avaient toujours été l'un avec l'autre, revenant sans cesse même quand ils se déchiraient, se confrontaient. Et Romy ne savait pas comment expliquer cela. Ce n'était pas par habitude qu'ils restaient ensemble, c'était plus fort que cela. Et cela lui faisait peur, bien peur.  "Pourtant, tu sais que tu peux me contredire, hein ?!" dit-elle en posant son regard sur lui. Déjà avant, Thomas la laissait gagner. Mais depuis sa tromperie, ceci était exacerbé. Il ne se battait pas, ne l'affrontait pas tant que cela. Et pourtant, c'était ce qu'elle voulait. Elle voulait le titiller. Elle voulait qu'il la recadre quand elle exagérait. Parce qu'elle exagérait souvent avec lui. Bien trop souvent. Mais là, il était plutôt temps de se serrer les coudes. Ce sauvetage s'avérait plus compliqué que prévu, puisqu'ils étaient à la lisière d'un bois. Ils pouvaient mettre des heures et des heures avant de trouver les chatons. Aux mots de Thomas, elle se tourna vers lui et rit : "S'il commence à faire nuit, je te préviens, je fuis comme une lâche. On sait comment ça se termine dans les films d'horreur. La blonde est toujours la première à mourir." Pas téméraire, Romy. Et pourtant, il savait, tout comme elle, qu'elle en avait sous le pied. S'il fallait chercher ces chatons de nuit, à la lueur de leur téléphone, elle le ferait. En tout cas, ils étaient d'accord pour ne pas se séparer. La jeune femme esquissa un sourire en coin quand son ex-mari évoqua Arthur. Arthur qui serait ravi de voir ça. Arthur qui usait de stratagèmes pour les rapprocher. "C'est vrai." Elle regarda un instant Thomas : "La dernière fois, il voulait que je l'amène chez toi pour te demander si tu avais de la farine. Tu sais ce qu'il m'a sorti comme excuse ? Il voulait faire un gâteau... à 21h." Il n'était pas très fin, Arthur. Elle savait ce qu'il avait en tête. Il voulait revoir ses parents ensemble, et pour ça, elle ne pouvait pas lui en vouloir. Commençant leur marche, ils s'engagèrent dans le bois, Thomas prenant les devants. Mais Romy fit du grand Romy en manquant de trébucher. Elle était connue pour sa maladresse légendaire. Elle se rattrapa du mieux qu'elle le put, en s'agrippant à Thomas. Redressant la tête, dans un fou rire, elle croisa ses yeux bleus qu'elle avait tant aimé regarder et répondit : "La dernière que tu m'as amené là-bas, c'était pour accoucher d'Arthur. Il vaut mieux rester sur ça." Elle lui adressa un sourire et se détacha de lui, se surprenant à apprécier sa proximité, à sentir la chaleur de sa paume sur sa main, à sentir son parfum enivrant. Heureusement, un miaulement se fit entendre. Thomas l'avait entendu, lui aussi, montrant l'endroit d'où ça venait. Romy bougea son pied et hocha la tête : "ça va, je ne me suis pas fait mal. Allons-y." Ils reprirent leur route et quelques mètres plus tard, ils virent un petit chaton qui s'enfuit dans un tuyau d'évacuation d'eau, heureusement asséché. Ils se précipitèrent jusqu'à ce tuyau, où ils entendirent divers miaulements. "Ils ont trouvé refuge là !" Elle sortit son téléphone pour utiliser la lampe : "Va falloir se glisser dedans, je crois."

Tu ne pouvais pas lui dire non, même si elle avait tord. Tout simplement parce que tu lui avais fais assez de mal comme ça et qu’il était hors de question qu’elle te déteste encore plus. Donc, tu disais amen à tout ce que la blonde te disait. « Oui, je sais » dis-tu en levant les yeux aux ciel. Certes, tu avais le droit mais tu ne voulais pas. Même si le conflit régnait souvent entre vous, il faut avouer. Il y avait certes des petites querelles mais très vite tu baissais les bras pour lui entendre raison. Sauf lorsqu’il s’agissait d’Arthur, votre fils. C’était bien le seul sujet sur lequel tu osais lui tenir tête, comme avec ses fréquentations d’ailleurs. « T’aura pas à t’enfuir, je suis là pour te protéger » dis-tu en faisant ton plus beau sourire charmeur à ton ex-femme. C’était vrai en plus, tu ferai tout ce qui est en ton possible pour la sauver et la protéger, dans n’importe quelle situation. Mais tu doutes qu’il vous arrive quelque chose de terrible dans ses bois ce soir, à part ne pas trouver les chatons. Vous continuiez votre marche pour les trouver et vous parliez d’Arthur. A vrai dire, votre fils faisait toujours tout pour que vous vous voyez tout le temps. Les excuses bidons, tu les connaissais par coeur. En général ça concernait l’école, comme ça il était sur que ça marcherait. « Oh bah oui, du grand Arthur Rankin » dis-tu en riant en écho avec le rire de la blonde. Il était toujours très inventif pour ses excuses. Un jour, il te demandera d’allé récupérer son cerveau dans sa chambre chez sa mère. En continuant votre épopée dans la forêt, l’australienne trébucha sur une branche et se rattrapait à toi. Sentir ses mains contre toi, ça te faisait tout drôle. Vos relations étaient certes « Oh oui, ça m’a suffit cette fois là » répondis-tu en riant. Tu posais ta main contre la sienne, pour qu’elle s’agrippe à toi encore plus pour se relever. Une fois sur ses deux pieds, vous entendiez les petits miaulements des chatons. Romy inspecta sa cheville et te dit qu’elle n’avait pas de douleurs alors vous continuez à marcher vers le bruit des chatons. Quelques secondes plus tard, vous vous retrouviez devant un gros tuyau d’évacuation où se trouvaient les petits chats. Tu sortais ton téléphone en même temps que ton ex-femme pour pouvoir éclairer le tuyau. « Eh bien c’est parti pour se salir les chaussures » dis-tu en commençant à t’aventurer dans le tuyau. Tu menais la marche avec ton téléphone en mode lampe torche jusqu’à ce que tu entendes des miaulements plus clairement. « Oh, ils sont là, regarde ! » dis-tu en pointant du doigt un regroupement de 5 chatons visiblement apeuré par la lumière de vos téléphones et votre présence.

Alors que Thomas leva les yeux au ciel, Romy fit de même. Il ne comprenait décidément rien à la psychologie féminine. Elle ne voulait pas qu'il abandonne au moindre 'caprice' de la blonde. Ce qu'il ne savait pas, c'était à quel point elle le trouvait attirant quand il revendiquait son avis, même quand ça allait à l'encontre du sien. Souvent, c'était pour Arthur que Thomas sortait les crocs. Et heureusement. Le jeune homme arrivait à apaiser les petits conflits qu'il pouvait, parfois, y avoir entre Romy et Arthur. Ne préférant pas insister - préférant ainsi mettre son énergie dans la recherche des chatons - Romy ne put s'empêcher de blaguer sur la place des blondes dans les films d'horreur. Les premières victimes. Et évidemment, Thomas rebondit sur le sujet en lui rétorquant, sourire charmeur sur le bout des lèvres, qu'il serait là pour la protéger. "Ah c'est pour ça, tous les muscles !" dit-elle, taquine, avant de rire joyeusement. Il avait toujours eu un corps de rêve, Thomas, et c'était bon de le dire parfois. Commençant leur marche, ils ne purent s'empêcher d'avoir une pensée pour Arthur qui jubilerait en voyant ses parents ainsi. L'adolescent regorgeait d'idées pour les rapprocher. Mais maintenant qu'ils l'avaient grillé, c'était plus simple de contrecarrer les plans d'Arthur. C'était un jeu sans fin. Marchant encore quelques mètres, Romy manqua de s'étaler de tout son long. Elle se rattrapa juste à temps à son ex-mari, partant dans un grand éclat de rire. Elle ne comptait même plus le nombre de fois où il l'avait rattrapé à temps, dans ses maladresses. Et étrangement, ce goût de déjà-vu était agréable. C'était agréable de sentir sa poigne sur elle, d'échanger ces regards complices. "Tes doigts s'en souviennent aussi." dit-elle en réponse à leur seule visite à l'hôpital. C'était pour l'accouchement. La péridurale n'ayant pas très bien fonctionné, Romy avait dû écrabouiller les doigts de Thomas, qui n'avait pas bronché. Ah les souvenirs, rien de tel pour se faire du mal comme du bien. Une fois assurée de la bonne tenue de sa cheville, ils reprirent leur route vers l'endroit où ils avaient entendu un miaulement. Les chatons semblaient avoir trouvé refuge dans cet énorme tuyau d'évacuation. Sans la moindre hésitation, Thomas s'engouffra dans le tuyau, suivi de très près par Romy. On l'entendit juste râler quand elle fonça tête la première dans une toile d'araignée, se débattant un instant pour enlever la toile. Mais elle s'arrêta quand son ex mari annonça qu'il avait trouvé les chatons. Elle dirigea aussi sa lampe vers les petites bêtes. "Oh non, ils sont trop mignons !" s'exclama-t-elle. Elle avança doucement pour ne pas les effrayer et tendit doucement la main pour en attraper un qu'elle plaqua tout contre elle pour le rassurer. Ses yeux verts regardant autour d'eux, elle dit : "Regarde, il y a un carton juste là... Ils ont été lâchement abandonnés ici. Je n'en reviens pas !" Quand elle voyait cela, elle se rappelait à quel point elle était dégoûtée des humains. "On va les mettre dedans, ça sera plus simple, non ?"

« Parce que tu doutes encore de mes muscles ? Tu vas voir, j’en fais qu’une bouchée si y’a un fou dangereux dans cette forêt » dis-tu en lui montrant tes biceps. C’était bien sûr de la rigolade, certes tu étais baraqué mais tu fuirais aussi à n’importe quel personne tu rencontrerai dans ce bois. Sauf pour Romy, mais c’est une autre histoire. Pour elle, tu donnerai ta vie entière, ton corps, ton âme, tout ! Et ça, y’en avait un qui l’avait bien compris, c’était votre fils. Tout ce qu’il voulait, c’était revoir papa et maman sous le même toit, s’aimer comme lorsqu’il était enfant. Cet amour que vous vous portiez, vous l’aviez remise sur lui. Mais il voyait très bien que tu n’étais pas indifférent lorsque sa mère était dans les parages. Entre les livres de maths, les devoirs d’histoire ou bien son maillot de bain pour aller à la plage, Arthur en oubliait des choses chez Romy ! Mais ça te faisait sourire. T’avais l’impression qu’il était dans ta team pour reconquérir le coeur de l’enseignante. Là par exemple, rien que de la sentir tomber sur toi et s’accrocher à toi, ça te faisait quelque chose. Tu avais posé ta main sur la sienne, pour qu’elle se relève. « Mes oreilles aussi » dis-tu en riant légèrement, parlant de son accouchement. Ce jour là, tu avais été le petit mari exemplaire qui ne dit rien et qui subit tout ce que lui dit sa femme. Et surtout, tu ne t’es jamais plaint qu’elle t’es broyé la main. Mais c’était le plus beau jour de ta vie celui là, le jour de la naissance d’Arthur. Rien ne pourra jamais égaler ce moment. Même s’il n’avait que 20 ans et qu’il était encore un gamin, ce jour là, il avait été le plus heureux des hommes. Balayant ces pensées d’un coup de tête, vous vous enfonciez dans un tuyau d’évacuation avec la blonde pour chercher ces pauvres chatons abandonnés. Vous entendiez des miaulements de plus en plus distincts. « Tu en veux un ? » proposas-tu à la jeune femme avec un sourire. Mais elle avait raison, ils étaient adorables. Toi aussi t’en aurai bien pris un mais tu ne savais pas trop si ton chien, Kenobi, s’entendrait bien avec une petit boule de poil comme ça. Et c’était pareil pour Romy avec ses chiens. Tu suivais le regard de la jeune femme lorsqu’elle te montra le carton dans lequel ils avaient été abandonné. « Ça me choquera toujours » dis-tu en soufflant. Abandonner des animaux, c’était un crime contre l’humanité pour toi. « Ca va être plus facile, oui » dis-tu en t’avançant vers le carton. Les pauvres bébés chats étaient tout paniqués à l’idée de vous voir vous approcher mais ils ne fuyaient pas. Tu attrapais le carton où il y avait déjà deux chats à l’intérieur et tu faisais un signe de la tête à l’australienne. « Il y en a un qui a un peu trop peur je pense » dis-tu en regardant le chaton qui ne voulait pas se faire attraper.

  « Non non, s'il y a un fou dangereux dans cette forêt, muscles ou pas muscles, tu cours ! Et vite ! » dit-elle en riant, secouant la tête quand il lui montra son biceps bien formé. C'était plaisant de voir autant de légèreté entre eux, comme quoi il restait un semblant de complicité Arthur serait probablement ravi de voir cela. Le jeune Rankin n'était pas très discret concernant son objectif. Il voulait revoir ses parents ensemble et plus le temps avançait, moins ses excuses étaient valables. Mais c'était mignon. Gênant, mais mignon. Romy essayait de se convaincre que tout était clair, qu'Arthur dépensait de l'énergie pour rien, qu'elle n'éprouvait plus rien pour Thomas. Mais elle se trompait sur toute la ligne. Et il y avait des moments comme ceux-là qui remettaient tout en doute. Le contact de sa main sur la sienne, les sourires échangés, les regards pétillants, amusés, ça cassait tout ! Ce n'était pas étonnant que, cinq ans plus tard, ni l'un ni l'autre n'arrivaient à tourner la page. Se redressant correctement, elle prit une fausse moue outrée quand il évoqua ses pauvres petites oreilles traumatisées par l'accouchement : « Tu veux que je te rappelle que j'ai expulsé un bébé de 3kg500 ? Tu m'as aidé à concevoir ce bébé, tu ne crois quand même pas que tu allais t'en sortir sans rien du tout ?! » Elle se mit à rire. Mais oui, l'accouchement avait été folklorique, après sept heures de travail et une péridurale qui n'avait pas correctement fonctionné. « C'est peut-être pour ça qu'on a jamais eu de deuxième enfant. Le traumatisme était trop ancré. » Ils avaient essayé, mais la nature n'avait pas voulu qu'ils en aient un deuxième. Un grand regret de Romy, d'ailleurs, qui avait espéré offrir un petit frère ou une petite sœur à Arthur. Il aurait au moins eu un soutien quelques années plus tard, face au divorce de ses parents. Mais l'heure n'était pas aux regrets. S'engageant dans un énorme tuyau d'évacuation, ils trouvèrent rapidement les petits chatons pour lesquels Romy craqua totalement. « Ne me tente pas. » répondit-elle à Thomas qui lui demandait si elle en voulait un. « Je pense que Thor n'apprécierait pas. » Autant elle avait confiance en Drax, autant Thor, son berger australien, était du genre territorial. Apercevant le carton dans lequel ils avaient dû être lâchement abandonné, Romy évoqua son dégoût pour les individus du genre. Comment pouvait-on faire ça ?! Alors qu'il prit le carton en main, Romy, quant à elle, déposa deux autres chatons. Il en restait un, un qui semblait plus sauvage. « Le pauvre. » dit-elle avec douceur. Avec tout autant de douceur, elle avança lentement, approchant sa main délicatement, jusqu'à prendre le chaton qui feulait, toutes griffes dehors. « Il a du caractère celui-là ! » Elle revint vers Thomas, déposant le dernier chaton auprès de ses frères et sœurs. « Je crois qu'on les a tous. On peut les ramener au refuge. » Ils firent marche arrière, quittant ce tuyau si glauque, la carton en sécurité dans les bras de Thomas. Le chemin jusqu'à la voiture se fit assez rapidement. Une fois installés à l'intérieur et alors qu'elle alluma le contact, elle se tourna vers le brun et dit : « On fait une bonne équipe, je trouve. » Tout sourire, elle posa le pied sur l'accélérateur. Le sourire s'effaça vite au profit d'un gémissement de douleur. « Je crois que tu vas devoir prendre le volant... »

Elle s’inquiétait pour toi, et ça te faisait sourire. Et rapidement, ton rire se joignait au sien. « Promis ! » dis-tu avec le même rire. Voir que cette complicité entre vous n’avez pas disparu, c’était un réel bonheur. Toi qui faisait tout pour récupérer le coeur de ton ex-femme depuis des années, tu voyais que l’étincelle était encore là. Si seulement Arthur avait réussi ses petites combines pour vous remettre ensemble. Du haut de ses 15 ans, il n’est pas dupe et il sait comment il faut faire. Des appels au beau milieu de la soirée, des oublis par ci par là et surtout depuis quelques temps il te piquait ton téléphone pour fouiller dans tes souvenirs avec sa mère. Il t’avait fait la confidence une fois, de vouloir vous voir heureux tous les deux sous le même toit. Comment dire à un adolescent que l’amour c’est pas si simple que ça ? Mais il y croyait dur comme fer. « Non, mais j’pensais que ça serait plus douloureux pour toi que pour moi. Et au final… j’ai aussi beaucoup souffert » répondis-tu en riant face aux souvenirs de l’accouchement de Romy. Ça avait été un dur labeur pour elle, pour toi aussi, mais beaucoup moins. Tu disais ça juste pour la faire réagir, et tu savais que ça marcherait. « Ça doit surement être pour ça » répondis-tu simplement. Tu aurais beaucoup aimé avoir un deuxième enfant avec la blonde, et surtout pour que ton fils ne vive pas seul. Tu étais le grand frère dans la famille, tu savais à quel point c’était génial d’avoir une petit soeur, et tu voulais que ton fils partage cet avis. Mais le destin en avait décidé autrement. C’est pas faute d’avoir essayé, mais vous n’aviez pas eu d’autres enfants. Vous aviez enfin trouvé les chatons dans un tuyau d’évacuation. Sans attendre, vous vous étiez précipité pour aller les chercher. « C’est bien ce que je me disais » dis-tu en riant légèrement. Ton chien non plus n’allait pas apprécier si tu ramenais un copain à la maison. Tu avais récupéré le carton dans lequel ils avaient été abandonnés afin de les transporter là dedans. Il y en a un qui s’était fait la malle et qui semblait être terrorisé, encore plus que ses frères et soeurs. Ils étaient tous là, dans le carton après que la blonde ait récupéré le chat fuyard. « On peut y aller alors » répondis-tu en reprenant le chemin inverse. Vous sortiez rapidement de la forêt et vous arriviez à la voiture de Romy. Une fois à l’intérieur, la phrase de l’australienne te faisait sourire. « Personnellement, j’en ai jamais douté » dis-tu avec ce sourire au coin de tes lèvres. Même si tu avais fauté une fois, tu avais toujours aimé l’enseignante et jamais tu n’avais eu envie de la quitter. C’était une sombre erreur que tu regrettais amèrement. Puis, alors que le moteur grondait, la jeune femme enleva son pieds de l’accélérateur. « Oh, non, Romy » dis-tu en riant légèrement. Elle s’était vraiment faite mal en tombant tout à l’heure dans les bois. « Bon, on dépose les chatons et on va à l’hôpital, on fait comme ça ? » dis-tu en détachant ta ceinture pour passer du côté du conducteur.

Depuis qu'ils se connaissaient, Thomas et Romy se taquinaient. Ils se cherchaient, se provoquaient, abusaient de plaisanteries l'un envers l'autre. Il y avait toujours eu cette légèreté qui leur avaient permis de garder une âme d'enfant, même s'ils étaient devenus parents très jeunes, alors qu'ils sortaient de l'adolescence. C'était ce qu'elle avait tant aimé chez lui, son sourire en coin, son regard pétillant de malice, son humour de pitre. Et aujourd'hui, retrouver cela lui faisait énormément de bien. Elle rentrait dans son jeu, évidemment, jouant celle qui prenait du recul, celle qui était outrée par ses plaisanteries, comme à cet instant avec la souffrance qu'il avait soi-disant vécu pendant son accouchement. « Pauvre petite chose ! Tu as beaucoup souffert...» répondit-elle avec un ton qui dévoilait une pitié ironique. « Désolée de t'avoir fait vivre tant de douleurs, tant de peines, tant de calvaire. » continua-t-elle, mélodramatique, avant d'éclater de rire. Si Arthur les entendait, il viendrait sûrement à croire que le jour de sa naissance avait été un carnage. Mais ce n'était pas le cas, loin de là. Malgré la douleur, c'était le plus beau jour de sa vie, le jour où sa vie avait pris un sens, où elle vivait totalement pour un bout d'eux, où elle avait senti tant d'alchimie avec Thomas. Ce jour-là, ils étaient trois êtres à part entière qui n'avaient fait qu'un. Ils avaient voulu renouveler l'expérience, mais malheureusement, la nature ne leur avait donné le droit d'être à nouveau parents. Esquissant simplement un sourire, Romy n'insista pas sur le sujet, encore bien sensible pour elle. Il valait mieux mettre son énergie dans la recherche de ces chatons. Recherche fructueuse puisqu'ils trouvèrent les petites bêtes. Petites bêtes pour lesquelles Romy craqua totalement – évidemment! - mais elle savait que ses bêtes féroces l'empêcheraient d'avoir un chaton tout mignon à la maison. « Et puis attends, deux chiens, un ado, puis un chaton, ça ferait beaucoup ! » Oui oui, elle osait mettre leur ado dans la liste. Mais il fallait avouer qu'Arthur, aussi adorable était-il, avait un caractère bien trempé quand il le voulait ! Quand ils arrivèrent à récupérer tous les chatons, ils firent le chemin en sens inverse, avec les miaulements des petits chatons en fond sonore. Une fois tout ce petit monde installé, Romy avoua à quel point ils avaient fait une bonne équipe. La réponse de Thomas la poussa à poser son regard sur lui, sourire sur le bout des lèvres. « Je te rappelle la note que l'on avait eu à notre exposé d'Histoire ? » Là, non, ils n'avaient pas fait bonne équipe. Ils s'étaient bien ramassés, ayant passé plus de temps à discuter, à apprendre à se connaître, plutôt qu'à travailler sur la seconde guerre mondiale. Mais cela avait été le début d'une belle équipe. Alors qu'ils s'apprêtaient à rentrer à l'association, Romy sentit une vive douleur quand elle tenta d'appuyer sur l'accélérateur. Visiblement, elle avait dû se fouler la cheville. « Ne rigole pas !  Ça tire un peu quand même ! » s'exclama-t-elle, en riant à son tour. Certes, il ne l'avait pas amené souvent à l'hôpital mais il connaissait la maladresse de son ex-femme. Elle secoua la tête face à ses mots : « Tu crois ? Peut-être qu'avec de la glace, ça passera. » Elle détacha sa ceinture et descendit du véhicule pour faire l'échange. Quand elle se plaça sur le côté passager, elle tenta un trait d'humour : « Qu'est-ce que je ne ferai pas pour passer encore un peu de temps avec toi ! » Son sourire toujours sur les lèvres : « Allons déjà amener les chatons et on avisera après. Emily m'a dit qu'elle était rentrée au refuge. »