beers & buddies (marcus)

Une soirée comme les autres, seul dans ta grande maison. Arthur était chez Romy, entrain de se faire une bonne soirée Marvel surement, et toi tu étais devant ta télé à te morfondre entrain de zapper toutes les chaînes du cable. Saoulé de ne rien trouver de sympa à regarder, tu éteignais la télévision et tu te levais brusquement pour prendre ta veste et sortir. C’était une belle soirée, on sentait qu’il faisait encore chaud alors tu décidais de partir à pieds, on sait jamais dans quel état tu vas finir ce soir. Tu avais pris la route, une cigarette au bec, pour passer le trajet. En une vingtaine de minutes de marche, à observer le soleil descendre petit à petit pour laisser place à la lune, tu arrivais enfin dans le centre de la ville de Bowen. Tu commençais à bien connaître cette partie de la ville, remplie de bar et de boîte en tout genre. Lors de ton divorce avec Romy, tu avais été tellement triste et déprimé que tu avais pris tes quartiers dans ses environs de la ville. Arrivé devant ton bar préféré, tu poussais la porte en cherchant une tête connue. « Mon bon vieux Marcus » dis-tu alors que tu entrais dans le bar, en écartant les bras. Marcus était devenu un très bon ami à force que tu traînes dans son bar, et heureusement pour toi, il était là ce soir, à faire le service. Tu t’installais au comptoir du bar et tu enlevais ta veste pour la poser à côté de toi. « Je vais prendre une pinte de bière, et des nouvelles de mon ami » dis-tu en souriant, avant de sortir un billet de ton portefeuille qui était dans ta poche. C’était une meilleure soirée que tu l’avais prévu à la base, devant la télé à t’énerver parce que t’avais rien d’autre à faire.

@Marcus O'Brian

C'était une soirée comme Marcus les aimait, il enchaînait les verres, quand il client sortait du bar un autre y entrait, ça parlait fort, ça riait, ça chantait même un peu. C'était convivial et animé, exactement l'ambiance qu'il avait toujours aimé ici. Avec Leo ils se croisaient, valsant dans une danse qu'ils connaissaient par cœur tous les deux, ils avaient seulement le temps de se donner les commandes quand l'un était occupé à servir pour ne pas perdre de temps. Marcus s'éclatait, il ne voyait pas les heures passer pourtant le jour commençait à baisser sur Bowen. La porte s'ouvrit sur un homme, le barbu prenait la commande d'une table qui lui faisait face, il releva la tête, prêt à saluer le nouvel arrivant avec un sourire, sourire qui s'élargissait en le reconnaissant. Thomas ! Ma rockstar préférée ! Bon il ne faisait plus de tournage depuis un moment, mais le gars avait quand même une tête connue pour toute personne qui avait Netflix, ce n'était pas rien, il avait connu son heure de gloire. En vrai il s'en foutait pas mal, Marcus, il appréciait Thomas pour tout autre chose que sa carrière d'acteur. Il termina de prendre la commande tout en laissant son ami s'installer au comptoir puis il le rejoignit tout en servant deux pressions pour la table qui attendait. Qu'est ce qui t'amène ce soir ? Il sourit à sa réponse et passa son bras au dessus du bar pour une accolade amicale. A la bonne heure ! J'te prépare ça tout de suite mon bichon, bouge pas. Il avait toujours un compliment, un sobriquet affectueux, pour ses clients habituels, mais encore plus quand ceux-là étaient devenus des amis. Il s'éclipsa pour servir les deux clients qui attendaient puis il revint vers Rankin. Un pinte dans la main, qu'il remplit généreusement, il salua en même temps un couple qui entrait. J'te laisse t'en occuper Leo. Puis il déposa son verre face à Thomas. Si t'étais serveur, mon pote, je t'embaucherais sur le champ, ça ne désempli pas ce soir ! Il pris quand même le temps pour avaler un verre d'eau. Comme tu vas Thomas ? Fut un temps où le brun venait s'accouder à ce bar pour y déverser sa peine, mais c'était une époque révolue, restait, depuis, une belle amitié entre les deux hommes.

Tu en avais fais des soirées en ville à boire plus que de raison. Ta peine noyée dans l’alcool, sur le comptoir d’un bar à parler de ta vie à l’inconnu qui tenait ce dit bar. Mais au final, ça avait créer une amitié. Le patron du Elm était devenu un ami proche, à qui tu aimais bien rendre visite maintenant que tu avais soignée ta peine. Enfin soignée est un bien grand mot, mais au moins, tu faisais attention à ton foie maintenant. Mais ce soir, ne sachant pas quoi faire de ta peau, tu avais éteint la télévision et tu étais parti à pieds jusqu’au centre ville pour voir ton ami et boire une bière. Alors que tu poussais la porte du bar, ton ami était entrain de servir des gens mais il te saluais quand même. Tu allais t’assoir au comptoir pour l’attendre et il arrivait quelques secondes plus tard après avoir servis sa table. Vous vous preniez dans les bras pour vous saluer et tu lui demandais un verre. « T’es le meilleure ! » dis-tu en lui faisant un clin d’oeil. Il te servait ta pinte et tu lui glissais un billet à côté pour payer ta consommation. Il discutait quelques instants avec sa barmaid pour lui demander de s’occuper du couple qui venait d’entrer et retournait vers toi. « Je pense pas être l’homme de la situation » dis-tu en riant légèrement. Mais c’est vrai que le bar était bien rempli ce soir, et ça faisait plaisir à voir. Marcus méritait que le bar soit un succès. Plus que ça, c’était devenu une institution à Bowen maintenant. Tout bon citoyen de la ville connaissait ce bar et y avait déjà trainer plusieurs fois. Tu pris une gorgée de ta bière avant de reporter ton attention sur le brun. « Mon fils est chez sa mère, et comme d’habitude, j’m’ennuie quand il est pas là » avouas-tu en haussant les épaules. T’avais une relation très fustanelle avec ton fils, et vous faisiez beaucoup de choses ensemble alors lorsqu’il était chez sa maman, tu te sentais beaucoup trop seul. « Et toi alors ? » demandas-tu à ton tour.

Thomas n'avait pas été le premier ni le dernier à se confier au barman du Elm, depuis son ouverture, ce bar en avait connu des larmes, de tristesse, de colère, des larmes de joies aussi, heureusement. Et Marcus en était le témoin silencieux, depuis des années déjà il offrait une oreille attentive, il tendait un mouchoir, resservait un verre quand c'était nécessaire. Lui-même avait versé ses propres larmes quand Elle était partie. C'était de cette façon qu'il avait sympathisé avec le jeune homme, il avait compris sa peine, il l'avait soutenu et passé des heures à discuter avec lui quand il ne voulait pas décoller de son comptoir. Ils avaient souvent bu plus que de raison et terminé en éclats de rire en se voyant l'un l'autre si ridicules. Malgré son contexte, cette époque restait un bon souvenir pour Marcus et elle avait fondé les bases d'une amitié solide. Aujourd'hui quand Thomas venait s'accouder au bar, c'était avec le sourire et pour passer un bon moment. Une fois installé face à Rankin, le barman savait que ça ne durerait pas longtemps, il serait bien vite occupé par de nouveaux clients, mais ça faisait partie du job, il n'était pas là que pour discuter. Non, si c'est pour que tu ne casses plus de verres que tu en serviras, ça ne sera pas rentable. Il sourit amusé. T'es dépendant de ton gamin ! Il ne pouvait pas comprendre, il n'avait pas d'enfant. Mais ça fait mon affaire, ça faisait un moment que je ne t'avais pas vu ! Il attrapa un torchon pour entreprendre d'essuyer quelques verres qui sortaient du lave vaisselle. Oh moi, tu sais, toujours la même routine. Il n' avait pas grand chose dans sa vie mis à part son vieux bouiboui. Ah si , tiens ! Elle est revenue. Il aurait très bien pu annoncer que le voisin s'était cassé la jambe ça aurait sonné tout aussi détaché. Alors qu'au fond cette nouvelle l'ébranlait totalement.

Les gens qui venaient dans les bars pour se plaindre de leur vie, misérable ou non, ça affluait. Et c’était international, tout le monde faisait ça. Mais en noyant ta peine, tu t’étais fais un ami. C’était il y a 5 ans, alors que tu venais d’arriver sur Bowen, fraichement divorcé de Romy. Il t’avait écouté, et plus d’une fois, le Marcus. Vous vous compreniez un peu tous les deux, déçu par l’amour ou meurtri par ce dernier. Ce soir, il y avait du monde au Elm, tu le voyais lorsque Marcus t’embrassait. « Alors on va éviter » dis-tu en riant à ton ami. Serveur c’était pas vraiment ton domaine de prédilection. Même si dans tes jeunes années, lorsque ton fils est né tu avais fais un bon paquet de boulot, tu n’avais pas été très doué en restauration. Mais tu avais tenu ce job assez longtemps. Maintenant, c’était oublié. « Beaucoup trop dépendant de mon fils, je dirais même » ajoutas-tu avec un léger rire. Il avait raison, sans Arthur tu t’ennuyais. Il te faisait sortir, faire des balades, faire dus surf et même des fois il venait faire des balades à cheval avec toi. « C’est pour ça que j’suis venu ! Ça faisait une paye que j’étais pas venu » dis-tu à ton ami. Tu pris quelques gorgées de ta bière avant de la reposer sur le comptoir en demandant des nouvelles à ton ami. Et lorsqu’il te dit qu’Elle était revenu, tu avalais une de tes gorgées de travers. Après avoir toussoté quelques instants, tu regardais le patron du bar. « Attends, t’es entrain de me dire que ta femme est revenu là ? J’ai plus l’impression d’apprendre que ton employé du bois s’est foulé le bras » dis-tu en riant légèrement. Il y avait longtemps qu’Elle était partie sans rien dire à Marcus, ça avait été un de vos sujets de conversations principaux, d’ailleurs.

Thomas avait raconté ses nombreux petits boulots à Marcus quand ils s'étaient rencontrés, à l'époque il était clairement en galère d'argent mais même s'ils étaient vite devenus amis le barbu n'était pas certain d'avoir confiance en un ancien acteur pour tenir son bar. Quoi que l'habit ne faisait pas le moine, la preuve, lui c'était un rat de laboratoire, plus à l'aise avec les formules chimiques qu'avec la cuisine, clairement. Mais bon, du coup il n'avait jamais accepté de servir à manger dans son bar hormis quelques cacahuètes, chacun son domaine ! C'était un peu comme les enfants, Marcus ne se voyait pas avec un gamin dans les pattes ou bien un ado, comme Arthur, avec qui il aurait une complicité père/fils. C'était un bon gamins, le fils Rankin, il était gentil et plutôt cool malgré ce qu'il avait vécu avec ses parents, il l'appréciait et il lui offrait un fond de bière avec du sirop et de la limonade de temps en temps quand il passait au bar, ses parents ne le savaient pas, évidemment. Mais lui, père, ça ne le branchait pas, peut-être, sûrement, parce qu'il n'avait jamais eu l'occasion de se poser la question, il n'y avait pas de mère potentielle. Même avec Elle, à l'époque, ils étaient encore jeunes pour songer à fonder une famille et puis de toute façon elle était partie. Allez, on dit que c'est sûrement l'une des meilleures dépendances ! Puis tant qu'il te laisse un peu de temps pour venir voir ton vieil ami, moi ça me va. Et Thomas était d'accord, ça faisait un moment qu'il n'avait pas posé ses fesses sur les fauteuils de ce bar. Ouais, tu ne sors plus, tu t'encroûtes ! C'était facile, pour Marcus, de se moquer de son pote, lui, quelque part il sortait tous les soirs, oui, mais finalement quand il quittait son bar il rentrait vite chez lui, les soirées où il s'amusait juste pour lui étaient assez rares. Sa nouvelle fit son petit effet auprès de Thomas et Marcus haussa un sourcil en le regardant s'étouffer. T'es bien le seul qui ne soit pas au courant on dirait ! On m'a rapporté la rumeur durant une semaine avant qu'elle ne se pointe ici face à moi y a trois jours. Il haussa les épaules, son ami avait raison, il ne sautait pas au plafond, il restait neutre. Comment tu veux que j'le dise autrement ? Je ne sais pas trop quoi en faire, de cette nouvelle, moi-même. Quand elle était partie voilà neuf ans, Marcus s'était persuadé qu'Elle avait tourné la page définitivement, qu'il ne la reverrait jamais à Bowen. Alors il était sonné, au fond il ne réalisait pas qu'elle soit de retour.

C’est sur que tu n’étais pas le meilleur choix pour aider Marcus ce soir, à faire le service. Tu étais simplement là pour l’aider à passer le temps et le faire souffler l’instant de quelques minutes. Tu avais commandé une bière à ton ami qui ne tardait pas à arriver. Il se moquait un peu de toi, et de ton addiction à ton fils. Sans Arthur, tu étais perdu. La preuve, lorsque lui et sa mère avaient déménagés à Bowen alors que tu étais toujours à Los Angeles, tu avais broyé du noir pendant des jours et des jours, pleuré au téléphone avec ta soeur avant de prendre la décision de venir, toi aussi, sur ce petit bout de paradis. « Des fois, il a même envie de venir avec moi. Mais bon, il est encore trop jeune pour ça » dis-tu en riant légèrement. Tu savais très bien qu’Arthur passait par ici parfois, lorsqu’il sortait du lycée, pour boire un coca lorsqu’il faisait bien chaud. Tu te doutes qu’il n’a pas bu que des cocas ici, mais tant qu’il ne rentre pas chez toi en boitillant, tu ne dis rien. Et puis tu n’en sais rien surtout ! « J’suis vieux, ma parole ! C’est bien pour ça » dis-tu en riant légèrement, lorsque ton ami te dit que tu t’encroute. Non, tu n’avais juste pas eu le temps avec le haras qui te prenait la plupart de ton temps, vu que tu manquais de personnel ces jours-ci. Puis, tu avalais de travers lorsque ton ami t’avoua que sa femme était revenu à Bowen. « Tu l’as dis toi-même, j’m’encroute et je reste qu’avec mon fils. Alors non, j’étais pas au courant » dis-tu en lâchant un petit rire. Il était neutre par rapport à sa nouvelle, sans aucune expression. « Vous… vous avez parlé ? » demandas-tu curieusement à ton ami. « Enfin, tu n’es pas obligé de m’en parler, je comprendrai » avouas-tu avant de porter ta bière à ta bouche. Tu étais curieux, certes, mais tu n’allais pas lui forcer la main.

Marcus manqua de s'étouffer avec sa gorgée à la réponse de son ami. Effectivement il ne savait pas tout ce que son rejeton faisait de ses journées. En même temps Arthur était un ado de quinze ans, il n'avait rien d'un délinquant mais il n'était pas un petit angelot non plus. Il lui arrivait de venir rendre visite au barman et, traitez Marcus d'inconscient, il ne lui refusait pas de s'assoir au comptoir, de lui raconter sa journée ou ses mésaventures avec ses copains ou des filles, une vie de jeune homme en soi. Parfois il lui autorisait un fond de bière, rien de méchant, il lui avait aussi fait sentir quelques arômes de bons rhums, sans jamais lui faire gouter, mais le gamin avait l'air d'apprécier qu'on lui fasse découvrir des nouveautés. Quelque part ça lui faisait penser à son adolescence à lui, quand il commençait à s'intéresser au Elm à l'époque. Il fronça les sourcils pour avoir l'air sérieux. T'as raison, il est trop jeune oui. Mais ça sonnait faux. T'es vieux. C'est dans la tête tout ça ! T'as encore de belles années devant toi avant d'être vieux. Mais tout ça c'était de la conversation de comptoir, rien de sérieux. Le vrai sujet arriva après, O'Brian appris à son ami que Elle était revenue, il pensait que toute la ville était au courant, visiblement non. Il sourit à la réflexion de Thomas, il ne l'avait pas volée. On a parlé. Elle ne m'en a pas trop laissé le choix. Il était sympa, Thomas, il ne savait que trop bien que le sujet était délicat, que les ex-femmes, c'était très épineux, douloureux. Non, j'ai rien à cacher, je ne te l'aurais pas dit sinon. Mais y a pas grand chose à dire finalement. Elle est revenue. Elle m'aime encore, je l'aime encore, mais y a cette trahison qui ne passe pas, le mensonge, l'absence. Enfin tu vois... Quelque part cette histoire devait faire écho à Rankin. Comment va Romy d'ailleurs ?

Tu savais qu’Arthur passait de temps en temps ici, au Elm, parce qu’il connaissait ton ami et qu’ils s’appréciaient bien tous les deux. Malheureusement, tu n’étais pas là pour vérifier ce qu’il faisait à chaque fois. Mais tu comptais bien sur ton ami pour l’empêcher de faire des bêtises en ton absence. Ton fils était de nature curieuse, alors ça ne t’étonnerait pas qu’il ait déjà voulu gouter ou sentir quelques alcools. Mais bien sûr, tu n’en disais pas mot à Romy quand il rentrait chez toi et qu’il te disait Papa, j’suis allé voir Marcus aujourd’hui, c’est pour ça que j’suis en retard. La phrase de ton ami te faisait sourire, il était beaucoup trop jeune pour toi mais il le resterait toute sa vie, parce que c’est ton fils, ton bébé. « J’espère que t’as raison » dis-tu en riant légèrement, levant ton verre à tes lèvres. Tu n’étais pas non plus si vieux que ça, mais l’approche de la quarantaine te faisait peur. T’avais l’impression d’avoir pâté ta vie comme ton mariage, sur la fin. Puis Marcus te parlait de l’arrivée d’Elle, à Bowen. Elle était revenu, après 9 ans d’absence. Et il t’avait annoncé ça comme ça, ça t’avait même surpris mais apparemment, tu étais le dernier au courant de cette histoire, de son retour. Pourtant vous en aviez beaucoup parlé tous les deux, de son histoire avec la blonde. « Je comprends… elle nous font tourner la tête ces blondes » dis-tu en essayant de détendre l’atmosphère. C’est jusqu’au moment où le patron du bar te demanda comment allait ton ex-femme. Tu haussais les épaules. « Elle a l’air d’aller bien. On s’est vu y’a pas longtemps pour l’association des animaux dans laquelle on est ensemble » dis-tu en laissant ta phrase en suspens. A vrai dire, tu étais toujours fou amoureux d’elle mais tu ne sais pas si elle l’était aussi.

Il était évident que jamais Marcus ne pousserait Arthur à la consommation d'alcool pour se mettre la tête à l'envers, mais s'il restait raisonnable, ça ne lui posait pas de problèmes. Dans la façon que Thomas avait de le regarder et de lui sourire, il comprit qu'il savait, mais aucun des deux ne dit rien et ça resta comme un accord tacite, ils se faisaient confiance, visiblement Rankin préférait garder l'illusion que son fils était encore un enfant et le barman n'avait pas à la lui briser. O'Brian ne se souvenait pas de l'âge de son ami, ils devaient être proches tous les deux, un bon trente-cinq ans, effectivement la quarantaine approchait, leurs cheveux blanchissaient et leur résistance à l'alcool et aux nuits folles était moins importante qu'avant. Mais ça ne lui faisait pas peur de vieillir, du moins il n'y pensait pas, peut-être qu'il se voyait encore comme un éternel gamin. J'ai toujours raison ! Qu'il affirma avec un grand sourire entendu, c'était bien connu, les paroles de bar étaient hautement philosophiques et toujours très sérieuses ! Bien qu'il était du genre à casser ce clicher, adorant parler physique cantique dès qu'il en avait l'occasion, avec les bonnes personnes. Le retour de Elle était tout frais, il était vrai que Marcus n'en avait pas informé son ami, mais il se voyait mal le faire par sms et appeler les gens au téléphone ce n'était pas tellement son truc, il préférait les voir et leur dire les choses de vive voix, surtout quand il s'agissait de ce genre de chose. La blonde était de retour à Bowen, dans sa vie aussi et c'était tout un cataclysme. Il roula des yeux pour mieux appuyer les propos du garçon. Elle nous rendent fous, oui ! Et il savait de quoi il parlait, la nuit de leurs retrouvailles il était passé par toutes les émotions possibles et imaginables. Vous vous voyez, c'est déjà ça. Tu sais, j'peux toujours organiser une rencontre si t'as besoin… Il savait que son ami était encore amoureux de son ex et il avait déjà proposé plusieurs fois de jouer l'entremetteur, l'air de rien, ici.

Vous aviez compris tous les deux, dans vos regards, que vous étiez au courant mais que vous ne mettriez pas de mots là dessus. Arthur était un adolescent, et tu étais le premier à son âge à avoir goûté aux méfaits de l’alcool voir même plus que ça. Tu espérais au fond que ton fils était un enfant de choeur et qu’il ne ferait jamais un pas de travers mais c’était faux. Il était comme toi, il avait ton tempérament, ce qui agaçait toujours ton ex-femme. Un vrai casse-cou près à faire n’importe quelle bêtise. « Je tâcherai de m’en souvenir » répondis-tu en int à ton ami. Il avait raison, tu n’étais pas si vieux que ça mais tu te sentais vieux. Ton fils fêtait ses 15 ans, c’était un gros coup de vieux même si tu n’avais que 35 ans de ton côté. C’est ça d’avoir un enfant très jeune. Mais heureusement que tu avais de bons amis comme Marcus pour te rappeler que tu avais encore toute la vie devant toi. Tu buvais quelques gorgées de ton verre avant de le reposer sur le comptoir. Tu faisais un état des lieux de vos relations, en affirmant à ton ami que les blondes vous faisaient tourner les têtes à tous les deux. Mais à vrai dire, tu ne sais pas ce que tu ferai sans Romy. Sans forcément être avec elle, mais ne pas l’avoir dans les parages, ça te ferait tout drôle. C’est un peu pour ça que tu étais venu ici, à Bowen, d’ailleurs. Parce que tu n’imaginais pas ta vie loin d’elle, c’était inconcevable. « On se voit sans s’engueuler maintenant, c’est un grand pas » dis-tu avec un léger rire. Le patron du bar te proposa de jouer les entremetteurs entre vous. « Pas sur qu’elle apprécie, tu sais. Et puis, si elle a tourné la page, je lui en voudrai pas » avouas-tu en haussant les épaules. Juste, tu serai triste qu’elle refasse sa vie avec un autre homme.

Il était des choses qui ne se disaient pas, qui se savaient mais restaient muettes. Tout parent savait que ses enfants feraient leurs propres expériences, leurs erreurs, mais préférait ne pas le savoir. Marcus n'avait pas connu ses parents alors il ne leur avait pas créé ce souci là, mais il voulait bien croire que ce n'était évident pour personne et son ami Thomas n'y coupait pas. Ils n'en parleraient pas plus, du moins pas pour ce soir, si un jour il lui en demanderait plus, O'Brian ne lui mentirait pas, mais il ne s'étalerait pas non plus sur les activités de son fils, parce qu'après tout chacun avait droit à ses petit secrets. La conversation allait bon train, le barman surveillait les entrées et sorties dans son bar, la soirée était animée et il aimait voir le Elm vivre de cette façon, c'était exactement pour ce genre d'ambiance qu'il avait voulu en devenir propriétaire. Leo s'affairait sans le déranger, elle savait qu'il avait besoin, parfois, de passer du temps à discuter avec ses amis et dans ces moments là, elle savait parfaitement se débrouiller seule. Marcus ne quittait que rarement son comptoir alors si ses amis voulaient le voir, il savaient qu'ils le trouveraient ici. Il lâcha un sourire amusé à la réflexion de Rankin. C'est sûr que c'est toujours plus sympa de ne pas vous étriper ! Il se souvenait de ses retrouvailles avec Elle, ils avaient failli se sauter à la gorge plusieurs fois en l'espace d'une seule soirée. Il appréhendait un peu de pouvoir la croiser tous les jours. Je sais, oui, elle a déjà failli me tuer la première fois que je lui en ai parlé ! Moi je suis pour la paix des ménages. Il pinça les lèvres en fixant Thomas avec curiosité. Tu ne dirais rien si elle rencontrait quelqu'un ? Tu peux peut-être tourner la page toi aussi tu sais. C'était bien à lui de parler tiens, lui qui n'avait voulu refaire sa vie avec personne depuis près de neuf ans.

Le regard complice avec ton vieil ami, vous compreniez exactement de quoi l’un et l’autre parlait avant de clore le sujet. Tu n’étais pas dupe, et tu savais que ton fils reproduisait un peu les mêmes bêtises que tu avais fais subir à ta grand-mère des années auparavant. Le bar était quand même vachement animé ce soir, et tu t’en voulais un peu d’accaparer l’attention de ton copain. « Marcus, si t’as besoin de bosser dis le moi, hein ! J’veux pas t’emmerder » dis-tu avec un léger sourire coupable. Tu te sentais pas mal à l’aise mais tu voyais que les gens allaient et venaient ce soir. Il avait l’air de s’intéresser à ta relation nouvelle avec Romy. Plus calme, plus détendu. C’est pas du tout ce que tu voulais mais c’était un bon début pour ça. Tu riais légèrement lorsqu’il mentionna qu’elle avait failli le tuer en organisant un rendez-vous entre vous deux. « Ca ne m’étonne même pas » dis-tu, toujours avec un petit rire. Mais c’était un rire amer, parce que de ton côté, tu aimerai bien que les choses se tassent et que tu puisses la revoir comme avant. L’emmener au restaurant, venir avec elle au Elm pour boire un verre. Mais c’était peine perdue, tu le savais et tu te rongeais à cause de ça. « Ça m’emmerderai grave, je vais pas te mentir. Mais bon, si c’est avec un autre homme qu’elle a envie d’être heureuse, je le comprendrai » dis-tu en soupirant. Tu haussais les épaules, avant de boire une gorgée de ton verre. « J’arrive pas à le faire, et j’ai pas envie… » dis-tu en reprenant une gorgée de ta boisson immédiatement comme si l’alcool te changerait les idées. Mais t’avait beau essayer, tout te rappelait ton ex-femme.

C’était probablement un peu gênant pour ses amis de voir que Marcus ne travaillait pas, pour se consacrer à eux, alors que le bar tournait à plein régime. Mais Thomas, avec le temps, savait comment il fonctionnait. Et puis en vérité il travaillait, à sa façon, il surveillait que tout était en place, parfois, avec juste un échange de regard, il envoyait le chiffon posé devant lui à Leo ou bien lui donnait le verre vide dont elle avait besoin. Ce n’était pas parce qu’il restait à discuter qu’il ne faisait rien, il restait attentif, vigilent, toujours conscient qu’à partir d’une certaine heure les choses pouvaient déraper, l’alcool pouvait tourner des têtes, un peu trop fort, et là il devait intervenir, demander gentiment aux gens de partir, en gardant les clés, ou bien d’une manière un peu plus forte, si la personne n’était pas encline à la discussion. Il avait fait preuve de vraie force seulement deux ou trois fois, ce n’était pas vraiment sa méthode de prédilection, il n’était pas du tout réputé pour être violent. Par politesse, malgré tout, Thomas demandait, c’était attentionné de sa part. O’Brian allait répondre, quand Leo l’interrompit pour lui demander trois bières pression, comme il était juste à côté de la tireuse. Et, sans se faire prier, il s’exécuta. Tu vois, je bosse ! Et ils continuaient alors à parler tandis qu'il tendait les bières à son employée, de Romy surtout, Marcus savait que le sujet était toujours aussi sensible pour son ami. Il rit franchement à sa réflexion, lui se souvenait encore de la réaction virulente qu’elle avait eu quand il lui avait parlé d’un nouvel ami à lui qui venait de débarquer en ville, un mec sympa qui s’appelait Thomas et qui pourrait lui plaire, si la blonde avait pu lui arracher les yeux elle l’aurait sûrement fait. En même temps il ne pouvait pas savoir, lui, que Thomas c’était son ex-mari. Il ne connaissait Romy que depuis peu de temps aussi et puis il ne lisait pas la presse à scandales et il n’avait pas le temps de regarder Netflix ! Bref, aujourd’hui ils en riaient, mais à ce moment là il s’était dit qu’il aurait bien mieux fait de se taire. Y’a pas meilleur homme que toi mon chou ! Enfin y’a moi, mais t’as de la chance, Romy n’est pas mon genre ! Il essayait de le dérider un peu, mais il voyait bien que ça le minait et le fait d’en parler n’aidait pas les choses. Et t’as pas essayé de lui dire ce que tu ressens, au lieu de te morfondre ? Ca fait combien de temps maintenant que vous êtes séparés ? Elle n’a personne, toi non plus, y a peut-être une raison… Il n’y connaissait vraiment pas grand-chose en affaire de sentiments, lui non plus n’avait pas tellement eu de chance sur ce point de vue, mais il connaissait les deux parties et clairement ils feraient mieux d’être malheureux ensemble que séparément. Bon, on change de sujet, tu ne vas pas me faire une déprime ce soir. Je t’offre quoi d’autre, ton verre est vide ? Et Eclair va bien ? J’ai pas le temps de passer à l’écurie en ce moment, ça me manque. Eclair c’était un cheval avec lequel Marc avait un bon feeling et quand il était libre il aimait le prendre pour faire une balade sur la plage, c’était le seul moment, quand il montait à cheval, qu’il aimait la sensation de fouler le sable.

Tu avais demandé à Marcus si tu le dérangeais pendant son travail. Tu savais qu’en général il était toujours à l’affût même en pleine conversation mais tu préférais demander avant. Leo lui demandait des verres de temps à autre, comme maintenant avec les deux pressions. « T’es impressionnant » dis-tu en riant légèrement. Il arrivait à faire deux choses en même temps et c’était pas à la portée de tout le monde de faire ça. Surtout pas à un homme. Mais l’australien avait toujours réussi à tenir son bar d’une main de maitre et pour ça tu l’admirais. Vous repreniez votre discussion en parlant de Romy et de votre relation que tu ne pouvais toujours pas décrire. Les compliments de ton ami à ton égard te faisait sourire. « T’es trop adorable » dis-tu en levant les yeux vers Marcus. Tu ris quand il te dit qu’il était surement un meilleur homme mais que ton ex-femme ne l’intéressait pas. « Comment on peut ne pas être intéressé par cette femme ? » demandas-tu en tapant ta main sur ton front avant de rire doucement. Pour toi, il n’y avait pas plus belle femme que Romy, pas plus gentille femme que Romy, pas plus intelligente femme que Romy. Et pourtant, tu l’avais trompé et elle avait mis fin à votre mariage. Tu soupirais à la questions de ton ami. « A quoi bon ? Elle va me rembarrer pour encore cette histoire de tromperie » dis-tu en soufflant. « Et puis j’arrive pas à passer à autre chose, et surtout j’espère qu’elle passera pas à autre chose » dis-tu à ton ami en haussant les épaules. De plus, tu ne voulais pas te relancer dans une histoire, draguer des femmes et reconstruire une histoire. « Ça pour avoir personne, j’ai personne » dis-tu en riant à ton ami avant de reprendre. « Mais bon, j’suis content de pas être comme un de ces chattemites là bas » dis-tu en indiquant la direction du fond du bar de la tête. Tu reprenais ton attention vers Marcus qui te demander comment se comportait le cheval que tu avais à l’écurie avec lequel il s’entendait bien. « Eclair n’attend que toi O’Brian ! » dis-tu avec un sourire. « C’est vrai que ça fait un bail que t’es pas venu » dis-tu en te creusant la tête.