That was too freaking hilarious (Valentina)

Je ne saurais dire pourquoi mais depuis mon exil forcé, et ce changement d’identité subit qui en avait découlé, je ressentais cette folle impression de me retrouver plongé, bien malgré moi en plein milieu d’une réalité dystopique. Je ne me reconnaissais plus dans ce surréalisme et, dans mon for intérieur, je semblais entretenir une certaine forme de déni; comme si j’étais animé par un désir insensé de me réveiller un de ces matin et de réaliser que tout ce qui m’était arrivé n’était rien de plus qu’un cauchemar mais la vie n’était pas aussi simple et la réalité, aussi implacable puisse-t-elle être, se voulait tout autre. Ce qui m’arrivait était bel et bien réel, je me devais donc de m’en accommoder et d’assumer les fâcheuses conséquences découlant de mes choix de vie.

Le fait d’être libre de mon temps me permettait de me retrouver livré aux méandres de ma conscience et cette torture de tous les instants ne pouvaient que me faire comprendre l’ampleur de cette bêtise dans laquelle je m’étais enlisée toutes ces années durant. J’avais l’estomac noué lorsque je pensais à tout ce que j’avais fait, ces vies que j’avais foutu en l’air, et je dois avouer que mon existence ponctuée de remords, de regrets et de craintes de représailles ne représentait que bien peu comparé à la souffrance que je pouvais avoir causé à ces victimes innocentes. Bien que je sois repenti, et que je m’efforce de m’amender, rien ne pourra effacer ce que j’ai fait. D’ailleurs jamais je ne me permettrai de demander aux gens victimes de mes actions de m’accorder leur pardon puisque pour ma part j’ai la profonde conviction que je suis loin de mériter une telle clémence.

A force de me retrouver seul avec moi-même, torturé par mes pensées, je finis par m’extirper de cette torture mentale que je m’infligeais et je finis par quitter mon modeste appartement afin de prendre l’air et de me changer les idées. Mes pas m’ayant conduit jusqu’au Eastern district je finis par me rendre au bar de la plage, bien que je ne comptais pas consommer d’alcool, et je finis par prendre une place au bar alors que je me commandai une limonade.

Léger sourire aux lèvres, un sourire se voulant tout autant amusé que narquois, je remarquai ce type qui passait de fille en fille leur servant avec insistance un numéro de séduction empreint d’une profonde maladresse. Je me sentais mal pour lui, le voir s’acharner sur ces demoiselles qui de toute évidence n’en avait que faire de lui se voulait à tout le moins malaisant.

Installé au bar, tenant entre mes doigts mon verre de limonade, je vis à l’autre extrémité du bar cette demoiselle qui semblait entre avoir plein les bras avec ce quidam qui obstinément semblait afficher une détermination hors du commun alors qu’il semblait n’accorder aucune importance aux refus que lui servaient ces demoiselles. D’ailleurs son interlocutrice du moment semblait être sur le point d’exploser tellement la colère semblait vouloir se lire sur son visage. J’étais amusé certes, il faut dire que la scène était divertissante, n’empêche que je ne pouvais que compatir avec la demoiselle.

@Valentina Flores

Surréaliste et pathétique, tels étaient les deux premiers mots qui m’étaient venus à l’esprit lorsque j’assistai à cette scène à tout le moins mémorable. Au plus profond de mon être je n’avais pas été sans ressentir une infime pointe de honte d’avoir affiché une mine amusée au vu de ce que la demoiselle pouvait avoir enduré parce que, il convient de l’admettre, il n’avait de toute évidence pas trouvé le tout aussi amusant et divertissant que moi. Il suffisait d’apercevoir ce léger sourire, empreint d’un sentiment de gêne manifeste, pour en venir à cette conclusion. La retenue et l’empathie était donc de mise.

La demoiselle, qui avait quitté son perchoir afin de venir prendre place sur un siège près du miens, laissa son regard croiser le mien une nouvelle fois et, sans trop comprendre pour quelle raison je m’étais permis d’agir de la sorte, je finis par lui adresser la parole.

« Quel abruti celui-là! » Dis-je alors que je faisais allusion à ce Casanova d’une maladresse plus que déconcertante. Je n’étais pas forcément un grand séducteur, encore moins un dragueur accompli, mais je savais pertinemment qu’il y avait une infime démarcation entre les jeux de séductions et le harcèlement; une ligne invisible que cet énergumène avait franchi sans la moindre hésitation.

La brune, de toute évidence d’origine latine, semblait attirer plus d’un regard et, bien entendu, j’aurais pu tenter de pousser la discussion et me présentant mais je me disais que, compte tenu de ce qu’elle venait d’expérimenter, qu’elle n’avait peut-être pas envie d’avoir à composer avec un autre pauvre type trop insistant et j’étais loin d’être désireux qu’elle m’appose ce genre d’étiquette.

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Évidemment je ne m’étais pas trompé, il faut avouer que le langage non-verbal de la jolie inconnue s’était avéré plus que révélateur. Du coup lorsque je m’étais permis de lui glisser un commentaire sur son soupirant du moment elle n’hésita pas à m’adresser quelques mots qui ne pouvaient qu’exprimer ses états d’âmes à ce sujet. « Votre sentiment d’agacement, votre malaise, était évident. Fallait être un idiot, un imbécile aveuglé par un sentiment de désir à un sens unique, pour ne pas s’en apercevoir. » C’était en ces quelques mots que je m’étais permis de lui répondre et c’est alors que la jeune femme se présenta à moi. Valentina était un nom qui lui allait à ravir. « Enchanté Valentina, je m’appelle Warren. C’est un réel plaisir de te rencontrer. »

La charmante demoiselle éveillait ma curiosité, je dois admettre que j’étais intrigué et que j’étais plus que curieux de voir ou notre discussion allait bien nous mener. Portant mon verre à mes lèvres, le posant de nouveau sur le comptoir je laissai mon regard croiser celui de mon interlocutrice comme si j’étais désireux d’y détecter une parcelle d’information. Après tout ne dit-on pas des yeux d’une personne qu’ils sont le miroir de son âme ?