keep me in the open (manny) (+18)

Je terminai d’ajuster la visse et vérifiai la solidité du pied une dernière fois avant de me redresser.
— Bon, je crois qu’on est bon, ton canap’ est enfin stable ! fis-je avec un sourire de victoire accroché aux lèvres.
Manny jouait de la musique un peu plus loin, c’était comme si la guitare qu’il tenait contre était une extension de ses propres membres. Ses doigts grattaient sur les cordes comme si ça leur était complètement naturel. Pendant que je m’étais occupé du canapé, Manny m’avait accompagné par de douces mélodies ce qui était très appréciable. Je rangeai mes outils dans ma boite, puis me relevai complètement.
— On sort ou tu veux qu’on mange un bout ici ?  

@manny garcia

Même si tu avais apprécié votre soirée de la dernière fois, tu ne pensais pas qu'Elias te renverrait un message. Il a été certes gentil avec toi mais à côté de ses autres amants, tu ne fais clairement pas le poids. Pourtant il était là à réparer ton canapé bancal pendant que tu jouais pour lui. Ça te détendait toujours de jouer même si cette fois la présence d'Elias te stressait moins. « Merci. » Réponds-tu en t'arrêtant de jouer. « On peut manger ici...on verra si le canapé tient bien comme ça. » Dis-tu sans te rendre compte du sous-entendu que pouvait laisser ta réponse. Mais tu préférais rester chez toi, tu te sentais mieux là que dans un espace public avec du monde autour de vous.

Manny n’avait probablement aucune idée du coup de coeur que j’avais eu pour lui. Il avait quelque chose que je ne savais expliqué. Il était canon, certes, et son caractère timide me séduisait mais il y avait autre chose. Après avoir réparer son canapé, je propose à Manny de manger un morceau, je lui laisse le choix de rester chez lui, tranquillement, ou bien de sortir et il choisi la première option, ce qui ne m’étonnes pas vraiment. D’un autre côté, cela me plait aussi, c’est plus intime et on pourra, ainsi, mieux apprendre à se connaitre. Je souris face au double-sens de sa phrase et ne resiste pas à le taquiner un peu.
— Je serai ravie de tester la résistance de ce canapé avec toi, fis-je avec un brin de malice.
Je m’approche nonchalamment, les mains dans les poches.
— Ca fait longtemps que tu joues de la guitare ? J’ai l’impression que t’es né avec, c’est ouf…

Tu souris, gêné, lorsqu’il te dit qu’il aimerait bien tester avec toi la résistance de ton canapé. Tu te sens un peu stupide de ce sous-entendu maladroit et qu’il l’ait relevé. Même si quand tu le vois, tu as du mal à te concentrer et à penser à autre chose que vos ébats de la dernière fois, tu te dis que pour lui tu es juste un gars avec qui il a passé la soirée et avec qui il pourra devenir ami. Quand on te met pas dans la friendzone explicitement, tu t’y mets tout seul, au moins ça t’évite de te faire de faux espoirs. Il te demande ensuite si ça fait longtemps que tu joues la guitare. Tu as souvent le droit à cette question quand tu joues parce que t’es plutôt doué, même si tu ne lui as pas joué les morceaux les plus impressionnants de ton répertoire. « Presque, j’ai commencé quand j’étais tout petit, et j’ai jamais arrêté depuis. » expliques-tu avec un sourire. « T’as jamais voulu essayer ? » Sachant qu’Elias est pas mal touche à tout et assez doué de ses mains, au lit et ailleurs, tu te dis que la musique pourrait tout à fait lui correspondre.

La friendzone n’était clairement pas un lieu que je reservai à Manny, cela ne signifiait pas que je n’envisageais aucune amitié avec lui, au contraire, cela signifie simplement que j’aurais dû mal à m’en contenter tant l’attirance physique était là. Pendant que je réparais son canapé, je n’avais pu m’empêcher de jeter quelques regards en direction de Manny, qui lui, était resté complètement absorbé par sa chanson. Je le trouvais séduisant quand il jouait, au point même d’éprouvé une légère pointe de jalousie à l’égard du manche de sa guitare. Je lui demandais depuis quand il jouait, fasciné par cette facilité qu’il avait avec l’instrument.
— Woaw, impressionnant ! fis-je quand il me répondit qu’il avait commencé tout petit.
J’imaginais que la musique était pour Manny un genre d’échapatoire, comme la natation l’était pour moi. Lorsque j’évoluais dans l’eau, je ne pensais à rien d’autre, je me vidais la tête, c’était une sensation des plus agréable. La musique, en revanche, je n’avais jamais testé. Je secouai la tête en réponse à la question de Manny.
— Je crois que je ne suis pas assez délicat pour ça, plaisantai-je en m’asseyant sur le canapé que je venais de réparer, mais si t’es patient, peut-être que tu pourrais me montrer deux-trois trucs…

Si tu as toujours du mal à accepter les compliments sur ta personnalité ou ton physique parce que tu as l’impression qu’ils ne sont pas légitimes, tu as moins de mal avec ceux sur ta musique. Tu sais que tu joues bien et que tu chantes pas trop mal, le groupe dans lequel tu joues à d’ailleurs pas mal de succès lors de vos concerts dans des bars. Tu composes aussi et pour cet aspect de ta musique, tu es moins sûr de toi. La preuve en est, tu n’en as pas parlé avec le groupe, c’est seulement quand tes textes se sont étalés par terre pendant une répet’ que tu as bien été obligé de leur révéler tes compositions. Si pour toi la musique est quelque chose de naturel, qui a toujours fait parti de ta vie, ce n’est pas le cas d’Elias qui juge qu’il n’est pas assez délicat pour ça. « Je suis sûr que si. » Le rassures-tu. Après tout, il a été très doux avec toi quand il a compris que tu stresses facilement. « Mais oui, je pourrais t’apprendre à jouer un peu, ça me dérange pas. » dis-tu avec un sourire en t’asseyant à côté de lui sur ton canapé fraîchement réparé. « Au fait, tu veux manger quoi ? »

Je savais être minutieux quand je le voulais, quand je me concentrai sur une tâche, en mécanique ou en bricolage, je n’avais pas le choix, mais la musique, cela me semblait un tout autre monde. C’était naturel pour Manny et peut-être serait-il un bon professeur. La perspective de passer du temps avec lui me plaisait.
— Il va falloir que tu sois indulgent avec moi, je prévins-je. Je vais sans doute faire saigner tes oreilles.
Je ris en imaginant les mauvaises notes que je pourrais faire sortir de sa guitare qui, la pauvre, ne méritait pas d’être maltraitée ainsi. Manny me rejoignit sur le canapé et me demanda ce que je voulais manger. Je ne pus résister à la perche qu’il me tendait.
— En amuse-bouche, j’ai bien une idée, dis-je en promenant lentement mon regard sur lui, pour le reste…je te laisse décider.  

Tu voulais bien donner quelques leçons de guitare à Elias. Tu as donné des cours par le passé, avant de devenir étudiant et de bosser à la boîte de nuit. Ça te permettait de te faire un peu d’argent de poche. Tu ne sais pas si tu es très bon professeur mais tu n’es pas le genre de personne s’énerver alors au moins tu ne criais pas sur tes élèves, aussi mauvais soient-ils. « Je suis prêt à prendre le risque. » réponds-tu avec un sourire avant de te concentrer sur le repas. Tu commences à avoir faim alors forcément cette question te vient à l’esprit. A la réponse du jeune homme, tu te sens rougir et tu souris gêné en voyant son regard te déshabiller. Bon, tu n’es peut-être pas tant dans la friendzone que ça finalement. « Attend. » dis-tu en te levant pour aller récupérer un tas de papiers sur le meuble situé à côté de ta porte. Tu revins ensuite t’asseoir sur le canapé « Voilà les trucs qu’il y a dans le coin. » Aller sur ton téléphone aurait pu aussi fonctionner mais tu as tendance à garder les prospectus qu’on te met dans ta boîte aux lettres pour au final ne jamais les regarder. Même si Elias te laisse décider, tu veux un truc qui lui plaise, parce que tu es incapable de prendre une décision, préférant toujours ta rallier à la majorité.

Malgré la foi que Manny semblait vouloir placer en moi - et qui me touchait par ailleurs - je n’étais pas bien certain d’être un bon élève pour apprendre la musique. Si j’apprenais vite, j’étais un élève dissipé et facilement distrait, encore davantage avec un prof si mignon que l’était Manny. L’appel du ventre se fit entendre et Manny proposa de choisir à manger, et en optant pour une attitude enjôleuse, déshabillant le musicien du regard, sous-entendant que j’avais envie de faire de lui mon quart-heure, je ne m’étais pas imaginé que Manny me mette un vent monumental. Il partit chercher des prospectus, et je ravalai ma frustration. Je savais Manny timide, mais je ne pouvais pas m’empêcher de ressentir une forme de rejet. Je serrai les dents lorsqu’il revint et je jetai à peine un oeil aux prospectus qu’il me tendit.
— Prends ce que tu veux, j’m’en fous, dis-je en croisant mes bras sur ma poitrine.
J’essayai de chasser la colère qui m’envahissait soudain, j’essayai vraiment de ne pas en vouloir à Manny qui me rejetait sans doute sans y faire attention. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il n’avait pas envie de me voir.
— Je peux m’en aller si tu préfères…

Quand tu proposais les différentes options à Elias, tu ne t’attendais pas à ce qu’il réagisse de la sorte. Il était énervé et tu n’avais aucune idée de pourquoi. Qu’est-ce que tu avais fait de mal ? Tu t’en voulais de ne pas être à la hauteur, de ne pas répondre aux attendes qu’il avait de toi. Tu te sentais mal de toujours tout faire foirer. Tu ne voulais pas l’énerver, tu ne voulais pas qu’il t’en veuille et pourtant par tes silences, par tes airs gênés et ton manque de confiance en toi, tu ne lui faisais pas passer un bon moment. Tu restais statique, n’ayant aucune idée de comment réagir à son comportement, si ce n’est être triste. « Non, non. » Tu ne voulais pas qu’il s’en aille. Tu ne voulais pas le retenir non plus s’il voulait partir, tu voulais juste faire ce qu’il a envie, lui faire plaisir, mais tu ne t’y es pas bien pris visiblement. « Pourquoi tu dis ça ? » demandes-tu, la mine triste et perdue. Tu as peur qu’il continue à t’en vouloir. Il a été très sympa avec toi la première fois mais peut-être qu’au final il est saoulé par ta timidité qui gâche toujours tout.

J’étais un colérique et cela me jouait souvent des tours, cela me valait souvent des engueulades et des embrouilles, souvent avec mon frère Woody qui ne supportait pas mes humeurs, mais je m’en voulais, ici, de réagir comme ça avec Manny. Dès que les mots avaient franchi ma bouche, la culpabilité avait commencé à me ronger. Merde. Manny se sentait mal, je pouvais même lire de la tristesse sur son regard. Parfois, je méritais des claques. Je soupirai bruyamment avant de me tourner vers lui.
— Pardon Manny, j’ai cru que t’avais pas forcément envie que je reste, ou..je sais pas….ça m’a donné l’impression de m’imposer et que t’avais pas envie, sauf que…tu me plais. Beaucoup. Pardon, j’ai réagi comme un con bouffé par son égo mal placé.

La colère d’Elias redescendait aussi vite qu’elle était montée. Ce devait être ça le sale caractère dont il t’avait parlé la fois précédente. Toi tu étais du genre calme, le genre à ne jamais faire de vagues et à tout accepter même si au fond tu n’étais pas d’accord, seulement pour rentrer dans le moule et ne pas te faire remarquer. « Non j’aime bien que tu sois là. » dis-tu avec un sourire timide. Même si tu n’étais pas totalement à l’aise avec lui parce qu’il te faut du temps pour ça, surtout quand quelqu’un te plaît, tu es content qu’il soit là, avec toi. « Mais je veux pas que tu t’obliges à rester, surtout que tu dois avoir des trucs plus intéressants à faire. » avoues-tu. S’il partait tu ne lui en voudrais pas, tu comprendrais. Les gens n’aiment pas forcément ta compagnie. Surtout un type aussi survolté qu’Elias, il doit avoir besoin d’avoir quelqu’un d’un peu plus réceptif et entreprenant que toi pour passer une bonne soirée.

Putain, ce que j’étais con ! Manny était mal à l’aise, je le voyais bien et c’était complètement de ma faute. Il avait fallu que je laisse parlé mon égo, que je fragilise ses barrières. Si j’avais eu l’impression que Manny ignorait mes avances, de son côté, c’était de la simple timidité et je n’avais pas été foutu de faire autrement que de le prendre pour moi.
— J’suis un imbécile, soufflai-je. Pardon…j’ai envie de rester, bien sûr que j’ai envie de rester. Je pense qu’à toi depuis deux jours.
Je soupirai.
— J’ai pensé que tu me rejetais…

Tu rougis quand il te dit qu’il pensait à toi depuis que vous vous étiez vu. Mais tu te demandes aussi pourquoi il s’intéresse à toi. Il doit connaître un million de types carrément mieux que toi, avec qui il passe des soirées de folie. Tu te dis qu’il doit sûrement avoir pitié d’un type comme toi qui a du mal à aligner deux mots sans paniquer et qui a bientôt vingt-cinq ans n’a jamais couché avec un seul mec et à peine avec une femme. Ouais ça doit être ça, il doit se dire qu’il fait une bonne action en passant du temps avec toi. « Désolé, non. » Tu ne le rejettes pas, tu n’arrives juste pas à transmettre ce que tu ressens, tu n’oses pas. « T’es beaucoup trop bien pour que je te rejettes. » Déjà il est chez toi, pour la deuxième fois, c’est suffisant pour que tu ne le rejettes pas.

Je ressens le conflit à l’intérieur de Manny et un énorme manque de confiance en lui, dans ses gestes, dans ses non-dits et même dans ses paroles, et ma culpabilité redouble. Sa dernière phrase me fait mal, elle me fait mal parce qu’elle laisse transparaitre beaucoup de chose et notamment l’image qu’il a de lui-même. J’ai soudain envie de prendre tout ça pour moi, de souffler sur ses plais profondes et de les apaiser. Je me rapproche de lui et caresse son visage avec le plus de tendresse possible.
— Je te l’ai dis, j’arrête pas de penser à toi, t’es un type fascinant, Manny. J’te connais pas et pourtant…pourtant, je sais que t’es un mec bienveillant, doux, talentueux. Et t’es canon…putain, Manny…sérieux, j’arrête pas de penser à ta bouche, à tes yeux presque noirs magnifiques qui m’obsèdent, à tes joues que j’adore voir rougir…