keep me in the open (manny) (+18)

Tu es têtu, surtout lorsque quelqu’un essaie de te faire un compliment. Elias ne fait pas exception. Il a beau te dire tout un tas de choses pour te faire comprendre que tu lui plais, tu te dis juste qu’il essaie d’être sympas avec toi. « C’est gentil. » dis-tu alors que ton cœur bat à toute vitesse, dû à ses paroles gentilles et à son rapprochement. Vous avez été plus proche que ça la dernière fois mais il faut presque tout reconstruire. Rien que cette main sur ton visage t’enflamme. Tu te poses toujours beaucoup trop de questions, tu te perds entre elles et au final tu ne dis rien. Tu aimerais lui répondre des paroles aussi gentilles ou bien l’embrasser, mais tu ne fais rien parce que tu n’es pas un homme qui agit. Non toi tu attends, paralysé par la timidité et la peur d’avoir mal interprété et qu’il te rejette.

Quand Manny me répond, je comprends que son mal-être est bien plus profond que je ne le pensais et ça me fait plus mal encore. Quelque chose me connecte à lui sans que je ne sache expliquer pour quoi. J’ai envie de panser ses blessures, de le couver jusqu’à ce qu’il se sente en sécurité, jusqu’à ce qu’il déploie ces ailes. Si seulement Manny pouvait se voir à travers mes yeux…
— Manny, regarde-moi, je lui demande doucement.
Du pouce, je continue de caresser sa joue, tandis que mon regard s’ancre dans le sien. J’ai envie qu’il puisse ressentir, à travers mes yeux, ce que je pense de lui.
— Ce n’est pas gentil, c’est sincère…et tu n’imagines pas à quel point ce que tu dégages est beau…j’ai envie d’apprendre à te connaitre, j’ai envie de t’écouter jouer de la musique…de t’embrasser, de t’faire l’amour…

Il essaie de te convaincre, ses mots te touchent mais tu sais que tu ne prendras pas confiance en toi du jour au lendemain. Cela fait plus de vingt ans que tu essaies de prendre confiance sans y arriver. A chaque fois tu espères qu’une nouvelle étape, une nouvelle découverte dans ta vie te fera perdre ta timidité. Et puis au final rien ne change, tu es déçu. Tu essaies de travailler sur toi, tu t’améliores, lentement, trop lentement à ton goût. Tu te mords la lèvre parce que même si tu n’arrives pas à réellement croire tout ce que te dit Elias, ça te touche vraiment. Tu penses la même chose pour lui mais tu n’arrives pas à exprimer tout ça aussi bien que lui, tu n’arrives pas à l’exprimer du tout en fait. « Moi aussi je veux faire ça avec toi. » dis-tu, gêné. Tu parles de le connaître, de l’embrasser et du reste.

Je suis loin d’avoir réussi à balayer toutes les incertitudes et les fragilités de Manny, au fond, je ne suis pas grand chose pour ça, mais je sens que mon message a été perçu, en tout cas qu’il n’a pas été rejeté et c’est un premier pas. Je lui souris, coulant sur lui un regard tendre.
— J’ai hâte que tu t’ouvres un peu plus à moi.
Et je m’en sens honoré, qu’il me laisse une brèche entrouverte, ce soir. J’ai tellement hâte qu’il découvre en même temps que moi, la personne géniale, bourrée de talent et magnifique qu’il est à l’intérieur.

Elias était beaucoup trop gentil avec toi à ton goût. Tu ne méritais pas tout ça, toute cette bienveillance, tous ces compliments. Mais tu te dis que certains de tes amis ont déjà essayé de ta rassurer, de t’encourager mais comme ils ont vu que rien e changeait vraiment, ils ont fini par abandonner. Tu te dis que le jeune homme laissera tomber lui aussi à un moment, voyant que les choses ne vont pas aussi vite qu’il l’avait espéré. « Il faudra un peu de patience. » le préviens-tu. Tu reviens ensuite aux papiers que tu as entre les mains « Du coup on sait toujours pas ce qu’on mange. » Parce qu’il était question de ça à la base, avant qu’Elias ne s’agace de ton manque de réaction. « Le resto indien fait de supers plats végé. » tentes-tu. Tu essaies de prendre une décision, enfin de faire une proposition, grand pas en avant pour toi.

Malgré mon tempérament impulsif, je savais faire preuve de patiente. Dans les activités manuelles par exemple, le bricolage ou la mécanique, je savais trouvé une certain paix, un bien-être, un lâcher prise. Et même s’il m’arrivait de partir au quart de tour pour des conneries, si j’avais régulièrement de coup de chaud, j’estimai être capable patiente, du moins quand ça en valait la peine, et Manny en valait la peine.
— On a tous les deux des choses a apprendre alors, dis-je avec un clin d’oeil.
Manny ramena le sujet de la conversation à la nourriture et proposa de l’indien. J’acquiesçai. Je n’en avais pas mangé depuis quelque temps, et cela me tentai assez.
— Ca me va ! Tu es végétarien du coup ? demandai-je, voyant là une opportunité d’en savoir plus sur lui.
Nous passâmes commande, et on nous donna un délai de trente minutes pour la livraison, ce qui nous laissait clairement le temps de faire plus ample connaissance.

Tu voulais en apprendre davantage sur Elias mais tu n’osais pas poser toutes les questions qui te passaient en tête, alors tu ne lui en posais aucune. Tu ramenais le sujet sur votre repas, parce que tu commençais à avoir pas mal faim. Le stress ça a tendance à te couper la faim ou à la dupliquer, tout dépend les moments. Et là, ça a plutôt tendance à l’augmenter. Comme tu évoques les plats végé du restaurant indien du coin, le jeune homme te demande si tu l’es. « J’essaie. Pas tout le temps mais si je peux, oui. » réponds-tu alors. Aux repas de famille tu manges ce que l’on te sert et ton plat préféré reste les acras de morue mais en dehors de ça, au quotidien, tu tentes de prendre moins de viande, si tu peux. En l’occurrence le restaurant que tu proposes à pas mal d’options végé alors tu aimes bien commander là-bas. C’est ce que vous faites ensuite. Tu as déjà faim mais tu pourras bien attendre trente minutes. « Je suis pas le plus doué pour faire la conversation. » dis-tu, désolé, sentant que c’est bien le moment où vous êtes censé faire connaissance.

Je ne fais que peu attention à ce que je mange, même si j’ai conscience que je devrais. Souvent, je choisi la simplicité en rentrant le soir, chez moi, après une journée de boulot éreintante sur les chantiers. Je commande un truc, ou je me fais cuire des pâtes, j’aime bien cuisiner pourtant, mais je ne prends pas le temps.
— C’est cool, t’as raison, ma petite soeur est végé aussi. C’est plus sain, c’est sûr !
Nous passâmes commande, et le livreur nous annonça un délai de 30 minutes. Manny du se sentir mal à l’aise à cette idée et précisa de suite qu’il n’était pas doué pour la conversation. Je lui souris.
— Quand tu es à l’aise avec ton interlocuteur, c’est plus facile, confiai-je.
C’était donc à moi de faire en sorte qu’il le soit.
— Tu peux me poser une question si tu veux, sur n’importe quoi, un sujet qui te passe par la tête.

Tu ne manges pas forcément végé pour le côté légumes, plus pour l’aspect écologique, protection des animaux, etc. Mais comme tu fais aussi attention à ta alimentation pour que tes séances de musculation ne servent pas à rien, ça joue aussi. Visiblement Elias n’est pas végé mais il te dit que sa petite sœur l’est. Vous commandez et en attendant, vous pouvez discuter. Sauf que toi tu n’es pas le plus doué lorsqu’il s’agit de faire la conversation, ce que tu lui dis même s’il doit bien s’en rendre compte maintenant. « C’est parce que tu es impressionnant. » réponds-tu en riant. Mais c’est vrai qu’il t’impressionne un peu, il est en partie ce que tu aimerais être, à l’aise et bienveillant. « Ta famille vit ici ? » lui demandes-tu alors, parce qu’il a parlé de sa sœur alors forcément tu te poses des questions sur sa famille. Si ça se trouve il n’a absolument pas envie d’en parler et tu fous les pieds dans le plat.

En général, j’étais davantage un homme d’action qu’un type qui s’entendait en discours interminable, mais j’étais curieux de nature, et j’aimais comprendre qui était mon interlocuteur, apprendre à le connaitre. Avec Manny, cette curiosité était décuplé. Il m’intriguait, et me fascinait à bien des égards, quand bien même je ne le connaissais que très peu au final. Manny avoua ne pas être doué pour la conversation et je lui assurer que le fait de se sentir confiance était une des clefs. Nous rîmes de concert à sa blague.
— Je sais, fis-je avec un air faussement prétentieux.
Il fallait que je trouve un moyen de détendre Manny, j’avais envie qu’il se sente bien en ma présence. Je lui proposai alors de me poser une question, n’importe laquelle.
— Oui, ma famille vit ici. Je suis né ici, comme mon frère et mes deux soeurs. La famille de mon père est polonaise et je comprends le polonais, mais le parle très mal…
Je lâchai un rire, si je parlais mal la langue de mon père, c’était surtout par paresse. Je savais que j’en étais capable, si j’y mettais un peu du miens.
— Je suis bélier ascendant…balance, je crois. Je mesure 1m86, chausse du 45, ma couleur préférée, c’est le vert…foncé, genre comme une forêt tu vois ? Et euh…je pleure toujours devant Braveheart, j’ai vu The Patriot au moins 50 fois, mais il faut dire que j’avais un léger crush pour Heath Ledger quand j’étais plus jeune…
Je ris.
— Bon ok…j’avais un énorme crush pour Heath Ledger ! pouffai-je avant de me tourner vers Manny, et toi, c’est quoi ton histoire ?

Tu te sentais un peu mieux, un peu plus détendu à présent que les choses sont un peu plus claires entre vous. Tu n’as pas envie qu’il parte, il n’a pas envie de partir et votre nourriture est commandée. Tu lui poses une question sur sa famille. Tu écoutes la réponse d’Elias avec attention même si tu sais que tu ne vas pas en retenir la moitié. Tu as toujours du mal à te concentrer lorsque quelqu’un te parle et en plus si tu es attiré par cette personne, ton attention baisse encore, trop concentré à le regarder. Mais tu fais de ton mieux pour pas tout oublier non plus, tu te dis qu’il le prendrait sûrement mal, même si tu ne fais pas exprès. Comme toi il est né ici mais à des origines européennes. Il ajoute ensuite d’autres informations à son sujet, notamment le fait qu’il avait un crush sur Heath Ledger lorsqu’il était plus jeune. « Ça fait beaucoup d’informations ! » dis-tu en souriant. « Alors, je viens aussi de Bowen mais mon père est portugais et je comprends et parle le portugais ! Sinon j’ai aucune idée de mon signe astrologique, je mesure un mètre quatre-vingt-huit, donc je suis plus grand que toi ! Et après je me souviens plus du reste. Ah si ma couleur préféré, j’en ai pas vraiment. J’aime bien le bleu foncé. Je pleure devant tous les films que je vois je pense et j’ai dû avoir un crush sur environ toutes les personnes que j’ai vu durant mon adolescence. » Tu passes ta vie à avoir des crush, quand tu étais plus jeune ce n’était pas différent. Un beau mec qui débarque torse nu dans une série ? Tu y penses la nuit suivante, une femme en maillot de bain dans un film ? Pareil.

Evoquer des sujets léger comme le signe astro, la couleur préféré ou un crush d’ado, c’était ce que j’avais trouvé de mieux pour détendre l’atmosphère. J’espérai mettre Manny plus à l’aise et j’avais le sentiment que cela fonctionnait, au moins un peu. Il m’apprit que son père était portugais, et que, contrairement à moi, il parlait parfaitement la langue de son paternel.
— Je suis sûr que c’est grave sexy quand tu parles portugais…
Il était plus grand que moi, de deux petits centimètres, ce que j’avais déjà remarqué. Au moment où il évoqua les crushs de son adolescence, je ne pus m’empêcher de rire.
— Pourquoi choisir en même temps…et pour ton signe astro, j’pourrais demander à ma soeur de regarder, c’est elle qui m’a donné mon ascendant. On avait bien regardé en regardant les descriptions. T’es né quand ? Je crois même qu’on pourrait regarder sur internet, genre…
Je dégainai mon téléphone portable aussitôt.

En général tu ne parles que portugais lorsque tu vas au Portugal voir la famille de ton père, sinon chez toi tu as toujours parlé anglais. Tu n’es pas 100 % bilingue mais tu maîtrises plutôt bien la langue, surtout pour tout ce qui est insulte puisque c’est ce que tu as souvent entendu de la part de ton père qui a tendance à parler dans sa langue maternelle lorsqu’il s’énerve. Tu rougis un peu lorsqu’Elias te dit que tu dois être sexy lorsque tu parles portugais. Tu l’imagines un instant parler polonais mais tu n’as pas franchement idée d’à quoi ressemble cette langue. Tu évoques le fait de ne pas connaître ton signe astrologique, parce que ça ne t’a jamais intéressé mais le jeune homme te propose de regarder. « Le 28 juin, il faut l’année aussi ? » Tu n’y connais rien alors tu préfères demander. Tu te demandes ce que pourra t’apprendre cette information mais au moins ça fait un sujet de discussion. « Ah aussi, j’ai une tortue mais elle est plutôt calme et aime bien rester dans mon placard. » En général elle passe relativement inaperçu, tu oublies parfois son existence, jusqu’à ce qu’elle vienne te rappeler qu’il faut tout de même la nourrir.

J’y connais pas grand chose non plus, à l’astrologie, mais, aujourd’hui, avec un portable, la 4G ou une connexion internet, tout le monde peut s’inventer astrologue.
— Ouais, enfin…Avie avait cherché avec l’heure et le lieu de naissance aussi.
Je commençai à chercher un site, en navigant sur mon portable quand Manny parla de sa tortue qui, visiblement avait élu domicile dans son placard. J’adorais les animaux.
— Sérieux ? C’est trop cool ! J’aimerais avoir un chien moi, mais je bosse trop et le week-end, je sors pas mal, alors…c’est pas la peine. Mais genre, t’as une vraie tortue chez toi ? J’peux la voir ?
L’astrologie vite abandonné, je redressai le buste, un sourire enjoué aux lèvres.

Visiblement ta date de naissance n’était pas suffisante pour obtenir toutes les informations sur ton signe astrologique. « Je sais pas l’heure...mais le lieu c’est Proserpine. » C’est la maternité la plus proche de Bowen, tu n’as d’ailleurs jamais remis les pieds dans cette ville après ta naissance. Mais le sujet est bien vite oublié lorsque tu parles de ta tortue. « Une tortue ça demande moins d’attention qu’un chien. » C’est aussi moins affectueux mais on ne peut pas tout avoir. Tu te lèves pour aller la chercher. Elle peut se trouver un peu partout dans ton appartement mais en général elle aime bien le placard que tu laisses toujours entre ouvert. Tu regardes donc là-bas en premier, tu ne mets pas longtemps à la retrouver. Comme toutes les tortues elle aime bien être laissée tranquille alors tu fais attention en l’attrapant pour ne pas qu’elle te morde. Tu la ramènes ensuite dans le salon où tu la poses. Elle a rentré tous ses membres alors tu lui apportes un peu de légumes pour la motiver à ressortir un peu. Au final elle est un peu comme toi. « C’est pas l’animal le affectueux du monde. » dis-tu en souriant. Mais toi tu l’aimes bien.