empty, I feel so goddamn empty I may go rogue (alba & léo)

Un ultime des ces deux hommes qu’Alba avait fait souffrir. Leur regard en disait long, un mélange d’encouragement, de tristesse et de détresse. Elle rentrait seule dans cette salle, le médecin l’attendait. Elle savait ce qu’il fallait faire. Elle avait une pilule à avaler, elle resterait à la clinique une vingtaine de minute. Après, elle pourrait rentrer chez elle, mais il faudrait reprendre une pilule plus tard. C’était le pire jour de la vie de la blonde. Cet enfant aurait été aimé peu importe qui était le père. Il aurait grandi entouré d’amour de deux parents. Il aurait eu une fratrie avec qui faire des sales coups. Elle avait imaginé toute une vie pour cet enfant à naître. Sauf qu’il aurait été l’image d’une culpabilité trop grande. Alba se rendait compte que ça n’aurait pas été un cadeau pour lui. Elle avait imaginé les milles scénarios. Un Léo méprisant avec cet enfant qu’il aurait rencontré même s’il n’avait pas été le sien. Le regard triste de Concho à chaque fois qu’il aurait croisé Alba et cet enfant si ça n’avait pas été le sien. Il aurait grandi dans un triangle amoureux qu’il n’aurait pas choisi et c’était injuste. Les larmes coulaient sur les joues de la photographe sans qu’elle ne s’en rende compte. Le médecin s’inquiétait, redemandant si elle était certaine. « Oui. » Cet enfant, il aurait pu être heureux mais aurait eu à porter un drame bien trop grand pour ses frêles épaules. Elle fixait pendant plusieurs minutes cette pilule. Ce tout petit truc avait un grand pouvoir. C’était plus petit qu’un médicament pour le mal de tête mais il était bien plus grand en symbole. Elle ignorait ce qui se passait à l’extérieur, elle n’entendait pas les coups et la haine. Pour le moment, Alba disait au revoir à cet enfant qu’elle aimait mais qu’elle ne voulait pas. Elle avait pensé à un deuxième enfant, elle en aimerait un autre mais pas de cette manière. Si Léo et Concho affirmait qu’il était de lui, Alba elle ne voulait même pas savoir. Ces deux hommes comptaient pour elle, ils avaient une importance. C’était pour ça qu’il était si difficile d’avorter parce qu’ils auraient fait des sacrés parents. Et sans une hésitation, elle prit la pilule et le verre d’eau qu’elle avalait le cœur en miette. Et maintenant il fallait attendre. En sortant de la chambre, Alba ne s’attendait pas à cette scène. Concho était au-dessus de Léo, demandant de l’aide. Le danseur saignait du nez et Léo également. Il était un peu sonné. Plusieurs médecins s’occupèrent d’eux et ne leur décrocha pas un mot, s’asseyant sur une chaise attendant que les vingt minutes passent. Ils revenaient chacun leur tour vers Alba une fois qu’il fut soigné par les médecins.

HJ:

Est-ce que finalement Léo ne l’avait pas cherché, que Concho le mette K.O ? Un bon moyen pour que tout s’arrête, au moins l’espace d’un instant, quelques minutes dans les vapes, dans les limbes, pour que tout stop, les questions sans réponses, la souffrance qui lui nouait la gorge et le bide, les images de la femme qu’il aimait dans les bras de cet homme qu’il détestait et leur famille qui volait en éclats. Il voulait en finir de tout ce bordel dans sa tête, de ce brouhaha incessant, c’était épuisant. Fut une époque où il aurait pris le premier vol pour n’importe quelle destination histoire de fuir sans se retourner. Mais il y avait Jonah, son fils avait besoin de lui et lui avait besoin de son fils. A présent il avait des responsabilités. Et puis il n’aurait pas pu laisser Alba se présenter seule à son rendez-vous, il avait beau tout faire pour la détester, le fait étant qu’il l’aimait. Alors autant laisser Concho lui casser la gueule, se défouler sur son visage pour qu’il finisse par repousser le monde, qu’il ressemble enfin à l’intérieur pourri et noir du photographe, enfin il y aurait une logique dans cette histoire. Enfin le méchant allait perdre et tout finirait bien. Il n’esquiva pas et le coup lui fit mal, mais ça ne dura pas, pour une fois Rosenbach avait fait les choses correctement, il l’avait frappé comme il fallait et Léo heurta le sol. La suite il ne la vit pas, il n’entendit pas son adversaire au bord de la panique, il ne le sentit pas le secouer pour tenter de le faire revenir à lui, il ne sentait plus rien, le but était atteint. Rapidement une infirmière arriva, constatant les dégâts, puis un médecin qui râlait contre Concho, ce n'était pas un lieu pour se battre, n’avaient-ils donc aucun savoir vivre ? Non, ils étaient deux hommes amoureux, deux hommes blessés, il n’y avait pas de savoir vivre qui tienne, juste la fierté. On fit respirer à Léo un peu d’alcool et il revient peu à peu à lui. Toujours sonné, il ne réagit pas tout de suite. On lui posa des questions tout en examinant ses yeux, une lumière vive scrutait ses pupilles. Petit à petit Emerson sortit de sa torpeur, la douleur se fit sentir, la mémoire revint, la colère, le chagrin. Puis la honte, lorsqu’il remarqua Alba qui le scrutait de loin, du coin de l’œil, alors que Concho était déjà revenu s’assoir. Il était tombé bien bas et ça ne faisait que commencer. On lui ordonna de tenir une poche de glace sur sa tempe pour éviter que ça s’aggrave, il s’en foutait bien d’avoir l’air amoché, il voulait juste rentrer chez lui. Mais il avait gagné quelques minutes d’observation, alors on l’aida à se relever et à s’installer à côté d’Alba. Retour à la case départ, il se sentait affreusement mal, affreusement con. Il aurait voulu la ramener chez elle, s’assurer que tout irait bien, faire les choses bien jusqu’au bout. Mais tout allait de travers et il n’était même pas sûr d’être seulement capable de ramener sa voiture. Il souffla et soupira en s’affalant sur sa chaise, n’osant croiser le regard de personne.

Spoiler:

J'aurais dû en ressortir victorieux, j'aurais dû me sentir vainqueur, et pourtant j'avais juste l'impression d'être le fautif d'être le coupable. Maintenant que Léo était k.o. sous moi, je ne me sentais pas fier du tout. Je me surpris même à avoir peur. J'avais pourtant si souvent souhaité que le photographe disparaisse de ma vie, d'ici. J'avais toujours secrètement espéré qu'il quitte pour un voyage et n'en revienne jamais, peu importe les raisons. Je n'avais jamais voulu en être la cause, cependant. Je n'avais jamais voulu m'abaisser à son niveau. Voilà que je prenais sa place, voilà que je devenais le bourreau. Même s'il était certain que Léo reviendrait à lui, que mon coup n'avait sûrement pas été assez fort pour faire des dommages plus que temporaires, j'avais ce sentiment étrange en-dedans de moi. Encore plus lorsque l'infirmière et le médecin accoururent vers nous deux les immatures, et qu'on me gronda, moi le seul conscient. « We weren't thinking straight. » Avais-je lâché, parce que c'était vrai. Nous avions laissé la haine et la tristesse déborder, se déverser sur nous les ennemis de toujours. Nous n'avions pas pensé au lieu. Nous n'avions pas pensé aux conséquences. Nous n'avions pas pensé à Alba. Alba. Pendant que je me relevais, laissant la place aux deux employés de la clinique qui s'affairaient sur Léo, je l'aperçus, au bout du couloir, à la sortie de la porte derrière laquelle elle avait disparue un peu plus tôt. On faisait pitié, Léo et moi. Lui par terre, reprenant lentement conscience. Moi debout et dérouté, la gueule en sang. Elle passa le couloir sans un mot, allant s'asseoir à sa chaise initiale, où j'allai la rejoindre en silence, avant que Léo ne soit lui aussi assis à côté, de l'autre côté, tenant une poche de glace sur sa tempe. Non, pas une seconde fois. Je ne revivrais pas ce malaise une seconde fois. « Je suis désolé pour ça. Et plus jamais je viendrai me mettre entre vous deux. » Sur ce, je me levai, et sans même avoir le courage de croiser le regard de l'un ou de l'autre, je quittai la clinique.

Elle aurait dû se douter Alba que les deux hommes seraient présents. Ils avaient des défauts, il y avait eu des problèmes de communication entre eux, mais ils étaient deux personnes intègres et empathiques. La jolie blonde n’avait pas la force, aujourd’hui, de ménager leur sentiment. Aujourd’hui, il s’agissait surtout d’elle et si elle avait su le dénouement de cette journée, elle les aurait dissuader de venir. Cette situation était dévastatrice, et c’était en partie de sa faute. Mais aujourd’hui, elle avait besoin de calme, de tendresse et surtout d’une trêve. Dans ce cabinet, elle retenait ses larmes. L’avortement n’était pas un acte simple, même si la décision avait été facile à prendre ! Il ne lui fallait attendre plus que vingt minutes pour repartir. Le reste de la journée allait être compliquée, les crampes se feront sentir. Elle survivrait. Jonah était chez Léo pour la semaine. Pour une fois, elle était presque heureuse que son petit garçon ne soit pas là, elle ne se sentait pas en forme pour s’occuper de lui. Elle peinait à sourire. Elle avait refusé toute aide, comme si elle se punissait de ces derniers mois. La scène à l’extérieur du cabinet était tellement grotesque qu’on aurai pu la voir dans un film. Concho se trouvait au-dessus de Léo à moitié inconscient. Peut-être qu’il lui avait vraiment fait mal, mais sur le coup Alba eu mal au cœur de voir ces deux hommes se déchirer encore plus à cause d’elle. Elle patientait assise, rejointe d’abord par Concho et ensuite par le photographe dans le plus grand silence. Elle voulait leur dire à quel point elle était désolée mais elle était surtout en colère et déçue. Il avait fallu que tout explose aujourd’hui. Et même si elle a vu Concho sur Léo, la photographe se doutait bien que Léo avait dû le provoquer. Le temps que les deux hommes se remettent de cette bataille de coq, elle avait envoyé un message à Jean, sa mère spirituelle de Bowen. Elle ne s’attendait pas au départ précipité du danseur. Il se levait et quittait le clinique sur le champ. Alba retenait les larmes de couler. Elle lui avait fait de la peine, et elle s’en voudrait jusqu’à la fin de sa vie. Les minutes passèrent et une infirmière l’informait qu’elle pouvait partir. « Rentre chez toi Léo. Jean va me ramener. » Elle commençait à s’avancer vers la sortie. « Merci d’être venu et je suis encore mille fois désolée. » Il y avait des erreurs impardonnables et là Alba avait vraiment atteint le haut du sommet.

 Ça devait arriver, ils se détestaient depuis toujours, Concho et Léo, alors ce combat grotesque devait arriver, un jour ou l’autre. A force de se faire taper dessus, à force d’encaisser les brimades de son ennemi, Concho devait se rebiffer. Mais ils auraient pu s’abstenir de se battre ici, aujourd’hui précisément. Alba n’était pas la réelle cause de leur désamour, elle n’était que la goutte d’eau qui avait tout fait déborder, avant ça il y avait eu l’adolescence, un peu Freja et tellement d’autres bêtises. Il fallait avouer que le photographe ne l’avait pas vu venir, il n’aurait pas cru que son némésis soit capable de le mettre K.O, qu’il en aurait les couilles, mais visiblement il n’était plus le gamin qui se laissait marcher sur les pieds. Peut-être aussi qu’il en était amoureux, de la blonde, pas autant que lui, mais peut-être que se sentiments avaient parlé pour lui. Et au fond, même s’il le haïssait de tout son être, il avait peut-être un peu de respect pour lui, à présent. Ils pouvaient enfin clore ce chapitre, de la plus triste et pitoyable des manières, parce que quand Léo revint à lui, alors qu’Alba et Rosenbach étaient à nouveau assis à leurs même places qu’à l’arrivée, il sentit cette chappe de plomb qui alourdissait l’ambiance et il eut honte, honte qu’Alba l’ait vu à terre, qu’elle ait remarqué le nez en sang du danseur et comprit qu’alors qu’elle traversait la pire épreuve, ils avaient juste trouvé le moyen de se taper dessus comme deux gamins puériles pour savoir lequel avait la plus grosse. Mâchoire serrée, sang qui battait fort dans ses tempes, il ne releva pas la tête lorsque Concho quitta la pièce, il l’envia un peu, d’avoir la possibilité de s’échapper. Puis une fois la porte refermée derrière lui, le silence se fit à nouveau, trop pesant, entre les deux anciens amants. Une infirmière arriva finalement, indiquant à Alba qu’elle pouvait partir, elle examina rapidement le brun, il était libre de s’en aller également. La blonde était déjà debout, il releva la tête vers elle et le regard qu’elle lui lança, ses mots, lui firent perdre tout son courage alors qu’il voulait la ramener chez elle, pour lui montrer qu’il pouvait prendre ses responsabilités jusqu’au bout cette fois, là où la première fois il lui avait juste claqué la porte au nez. Mais visiblement il était tout aussi nulle que huit ans plus tôt. Il soupira, attendit quelques courtes minutes pour se lever à son tour et sortir de ce maudit hôpital. Il allait regagner sa voiture lorsqu’il remarqua Alba qui attendait sur le trottoir, il fit alors un détour pour se planter face à elle. Il la prit doucement dans ses bras, conscient que ce serait la dernière fois, puis embrassa ses cheveux. Si tu savais comme je m’en veux. Fais attention à toi. Puis il s’éloigna, sans se retourner.

Fin, merci les chatons  @Alba Jensen et  @Conchobáhr Rosenbach  pour ce rp épique