| | Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l' Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite. |
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| of dust we rise and dust we part (tommy) | |
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Auteur | Message |
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Invité | Sujet: of dust we rise and dust we part (tommy) Lun 08 Aoû 2022, 16:19 | |
| Si à un moment les murs de sa mobile-home et l’espace en-dedans lui semblaient rassurants, réconfortants, sécuritaires, Leónel en était à un point où restait à l’intérieur toute la journée l’angoissait plus qu’autre chose. Il étouffait, il avait le sentiment de se vider de lui-même, il devenait claustrophobe. Il n’aurait su expliquer ce changement, pas encore. Dans tous les cas, le chilien s’efforçait de sortir le plus souvent possible, même s’il ne savait pas davantage quoi faire de sa peau une fois dehors. Le plus souvent, il errait. On disait que l’exercice physique était parfait pour ramener un peu de bonheur chez une personne. Lui-même l’avait appris sur les bancs d’école. Il comprenait tout le concept derrière ça. C’était plus difficile à appliquer quand on a la tête dans une boîte noire, si noire qu’il est impossible d’en trouver la sortie. Il n’allait peut-être pas courir à tous les jours comme il le faisait autrefois, mais il sortait au moins marcher. D’abord dans les coins moins passants de la ville : la forêt, les falaises, les quartiers tranquilles. Puis, peu à peu, il se testait en allant sur des rues plus achalandées. Aujourd’hui, Leónel jouait peut-être avec le feu en allant se promener dans un des quartiers les plus fréquentés de la ville. Ou peut-être était-ce le jeu de la vie, de l’avoir mené jusqu’ici pour qu’il tombe sur Tommy, un ancien pompier qu’il avait souvent croisé à l’hôpital, lorsque lui-même était neurologue. Les temps avaient changé. « Hey, Tommy. Ça fait longtemps. » S’était surpris à dire Leónel, lui qui n’avait plus tendance à aborder les anciennes connaissances, plutôt à les fuir. Peut-être que pour Isidora, sa fille, et un peu pour Selma, il faisait des efforts. Pour lui-même, aussi. « Je ne sais pas si t’étais bien pressé, mais … t’aurais pas … t’aurais pas envie d’aller boire un café ? » Il y avait le Starbucks juste à côté d’eux, on aurait pu croire qu’il proposait cet établissement, d’ailleurs leurs regards se posèrent sur l’enseigne, mais Leónel n’avait aucunement les moyens de se payer un café bien trop cher pour ce que c’était en réalité. Ce n’était plus un endroit qu’il fréquentait et ce, depuis quelques années maintenant. Avec l’argent reçu du gouvernement, sous le programme de rentes d’invalidité, Leónel constatait maintenant plus clairement les inégalités même lorsqu’il s’agissait de produits de base, de subsistance. Entre se payer un café aujourd’hui pour discuter avec un vieil ami, ou bien s’acheter son lait qui lui durerait pour la semaine pour sa fille et lui, le choix était vite fait. « Il y a le Imogen à trois rues d’ici, plutôt. Je connais la propriétaire, j’aime bien l’encourager. » Il est vrai que Leónel connaissait Charlize, il avait recherché le cas de son mari avant que ce dernier décède. Depuis, ils se croisaient de temps en temps dans des groupes de soutien. Mais de là à dire que Leónel la soutenait dans sa business, non, pas vraiment. C’est juste que là-bas, c’était les pâtisseries qui étaient dispendieuses, pas le café filtre. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Ven 12 Aoû 2022, 01:00 | |
| Le regard perdu sur l’immensité de l’océan, Tommy aurait pu rester là des heures. Peut-être était-ce déjà le cas. Assis sur le sable, le temps avait tendance à défiler tout seul. Chaque jour, il faisait plus ou moins la même marche sur le sable avant de s’asseoir, laissant son chien partir sans laisse. Ensuite, les deux occupaient le temps chacun à leur manière. Lui, perdu dans ses pensées, le chien en chassant les mouettes. Une fois bien dépensés, ils rentraient tranquillement par le centre-ville. Tommy était rarement pressé de rentrer. Le vide de l’appartement le pesait toujours autant. Toutes les minutes passées en plus à l’extérieur étaient bonnes à prendre. De ce fait, il n’était plus vraiment étonné d’entendre son prénom. À force de passer ses journées dehors, il rencontrait régulièrement du monde. Alors que l’Australien levait le regard vers l’homme qui venait de le saluer, un sourire fit son apparition. “Hey León ! Trop longtemps même !” Tous les deux avaient eu leur lot de mésaventures depuis les années où ils se croisaient dans les couloirs de l'hôpital. Garder contact était devenu plus compliqué. Tommy avait toujours eu beaucoup de respect pour Leónel donc le revoir était toujours un plaisir. Quand il lui proposa d’aller boire un café, sa première réaction fut un mouvement de tête approbateur. “Avec plaisir, j’embauche seulement en fin de journée”. Un petit coup d'œil furtif sur sa montre, juste au cas où. Le temps pour Leónel de lui proposer un autre café. L’espace d’un instant, son regard se posa sur le Starbucks. À vrai dire, il n’avait jamais bu un seul café à l’intérieur. Durant ses années à la caserne, il en a souvent consommé, mais toujours à emporter. “Très bien, j’ai une pote qui travaille là-bas en plus. Je raffole de leurs pâtisseries." Il en aurait presque l’eau à la bouche rien qu’en y pensant. Rare étaient les fois où il disait non aux madeleines de Charlie. Et puis son penchant pour la cuisine ne venait pas de nulle part. Si la gourmandise est un défaut, ce n’est pas à lui qu’il faudrait demander d’être vertueux. “Alors… Comment ça va toi ?” Dit-il en prenant la direction du café. Tourner autour du pot n'avait jamais été son fort à Tommy. Cette question qui pouvait paraître anodine pour tout le monde, lui, il en comprenait le poids. Il comprenait aussi, la retenue qu’on pouvait avoir avec certaines personnes, pour ne pas s’étaler ou ne pas casser l’ambiance. Il n’avait pas envie de braquer Leónel, qu’il venait tout juste recroiser, mais d’un autre côté, il avait sincèrement envie de savoir. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Jeu 18 Aoû 2022, 22:18 | |
| Le sourire de Tommy réconforta Leónel, le conforta, surtout, dans sa décision. Dans sa décision de l’aborder, de ne plus fuir dès qu’il croisait un regard connu dans la rue. Un regard de son ancienne vie. Parce que Leónel faisait effectivement une distinction entre le lui d’avant et le lui d’aujourd’hui. Comment faire autrement ? Il n’était plus le même homme. Les autres s’attendaient peut-être à retrouver tous les traits de sa personnalité tels qu’ils les avaient connus. C’est ce qui effrayait le chilien, qui se savait incapable d’une telle mascarade, incapable de porter un masque même pour seulement dix minutes. Il n’était plus le même. Il avait espoir de se retrouver un jour. Mais ce n’était pas encore possible. Peut-être que le fait de savoir que Tommy avait lui aussi traversé quelques-unes de ces étapes, à sa manière, pour ses propres raisons, aidait un peu Leónel à ne pas avoir peur de l’autre, de lui, de Tommy. Lui non plus ne ferait pas semblant. Ils ne faisaient pas semblant, ensemble, non. Et c’était un tel soulagement. « Ouais. Je me suis un peu fait … discret. Ça explique sûrement un peu qu’on se soit moins croisés. » Il ignorait si Tommy s’était également isolé, de son côté, cherchant refuge dans le silence, dans l’absence. C’était la manière qu’avait trouvé le quadragénaire de ne pas avoir l’impression d’être un poids pour les autres : disparaître entre les murs d’une maison-mobile. Mais à chacun sa façon de se protéger. Tommy accepta sans hésiter sa proposition d’aller boire un café, lui qui ne bossait qu’en soirée. « Tu bosses où, maintenant, déjà ? » Demanda Leónel dont les souvenirs des dernières années, parfois, s’étiolaient. Il perdait des morceaux de sa mémoire qui s’envolaient au vent sans un murmure. Le chilien proposa de se rendre au Imogen, même si c’était un peu plus de marche que de juste traverser le trottoir jusqu’au Starbucks. Il préférait économiser de l’argent plutôt que des pas. Heureusement que Tommy accepta sans trop s’obstiner. « Ah oui ? Le monde est petit … » Avait simplement soufflé l’homme, puisque chacun connaissait quelqu’un au Imogen. En même temps, Charlize avait beaucoup de boutiques à travers la ville. Beaucoup d’employés, donc. Ce n’était peut-être pas si surprenant que ça, finalement. Il oubliait parfois à quel point Bowen n’était pas une si grande ville que ça. Cette pensée le rendit inconfortable, un moment. La question de Tommy le sortit de sa tête. « Erhm … C’est … ça dépend des jours, on va dire. J’ai des hauts et des bas. Pas mal de bas encore. » Admit-il. « Parfois j’me sens juste coincé, tu vois, comme si j’avais tout essayé mais que … » Il haussa les épaules. « Que rien ne fonctionne pour moi. » Le temps viendrait où il poserait les mêmes questions à Tommy, et peut-être de trouver espoir dans ses réponses, ou peut-être de trouver un allié dans son sentiment d’impuissance. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Dim 21 Aoû 2022, 18:56 | |
| Ces dernières années, il a eu peu de gens capable de vraiment comprendre ce qu’il pouvait ressentir. Son entourage était compréhensif, ils essayaient de faire au mieux. Et Tommy en était reconnaissant, sincèrement, la situation n’est simple pour personne. Seulement, aucun d’eux ne pouvait vraiment s’identifier à cette fêlure. Avec Leónel, c’était différent. Ils n’avaient pas vraiment à faire semblant. Tous deux avaient des histoires différentes. Leur propre façon de gérer la situation. Deux opposés, d’un extrême à l’autre, encore loin de tomber sur cet équilibre tant recherché. Pourtant, Tommy, il le comprenait. Lui aussi, il était passé par cette phase d’isolement. Il avait commencé comme ça, incapable de supporter le regard des autres, leur pitié, leurs conversations qui ne faisaient plus sens. Puis le silence est devenu lourd. Bien trop lourd. Un poids tel qu’il ne supporte plus de rester dans sa propre maison sauf pour dormir. “Je comprends…”. Il ne voulait pas trop en dire, à la place, il se contentait d'un petit sourire compatissant et d’une petite tape sur l’épaule de León. Ils auraient tout le temps d’en dire plus une fois devant leurs cafés. “Je suis cuisinier au Wojna's ça me change bien” Après l’accident, il n’a jamais réussi à se remettre complètement. C’était devenu impossible de mettre un pied dans la caserne sans appréhender chaque intervention. Il lui suffisait de mettre un pied dans le camion pour avoir des flashs de cette nuit-là et des jours qui ont suivis. Sans être sûr qu’un jour cette vision partirait, Tommy était devenu un poids pour ses collègues et pour lui-même. Alors il avait préféré changer de voie. La cuisine était devenue son refuge, partir là-dedans faisait sens.
Rien qu’évoquer l’Imogen lui donnait l’eau à la bouche. Il n’avait pas vraiment prévu de s’arrêter pour ça, mais Leónel avait eu une bonne idée sur ce coup. En route pour le café, Tommy n’avait pas pu se retenir de demander de but en blanc comment il allait. Une question de prime abord anodine, mais qui prenait tout son sens dans la réponse de l’homme à ses côtés. Il l’écoutait d’une oreille attentive, ses mots résonnent dans tout son être.“On entend toujours que le temps fait les choses. J'étais le premier à le dire aux autres… Mais bon…” Tommy haussa, à son tour, les épaules. “C’est plus facile à dire qu’à faire. J’imagine qu’on ne peut pas se lever un matin et que tout soit comme avant. Pas quand on en est toujours au stade de l’hémorragie”. Pour cicatriser, il fallait d’abord être capable de soigner la blessure. Sur ces mots, Tommy poussa la porte du café. Bien content de ne pas le voir rempli de monde. Contrairement au Starbucks, ils y seraient plus tranquilles. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Ven 26 Aoû 2022, 19:50 | |
| C’était ce que Leónel aimait de cette relation, même aussi naissante et fragile, qu’il entretenait avec Tommy. Ils n’avaient pas besoin d’investiguer davantage certains comportements, ils les comprenaient chez l’un et chez l’autre. Ils savaient cependant poser les vraies questions, sans détour, sans s’attendre à ce que l’autre enfile un masque juste pour ne pas créer de malaise. La main de Tommy se posa sur l’épaule du chilien pour quelques secondes, quelques secondes d’un soutien moral qu’il ne recevait pas souvent, Leónel. Rien que ça, ça lui fit du bien. Il n’était pas forcément de ceux à vouloir à tout prix se mettre les autres à dos pour être laissé tranquille dans son chagrin, c’était simplement arrivé comme ça, de soi-même. Rares sont les personnes à pouvoir endurer la tristesse des autres lorsqu’elle se fait trop lourde et trop longue. Leónel l’avait appris à la dure, en perdant tout. « C’est bien, cet endroit. Ça fait longtemps que je ne suis pas allé. Selma et moi on y adorait les tapas. » Il esquissa un faible sourire. « Et le rhum, évidemment. » Les deux époux avaient commencé à y aller dès l’ouverture de la place, c’était probablement l’un de leurs restaurants favoris. Depuis qu’ils étaient séparés, et même depuis un peu plus longtemps que ça, ils n’y étaient jamais retournés. Enfin, Leónel du moins, n’y avait pas remis les pieds. Il ne savait pas ce qu’il en était pour Selma. Il ne connaissait plus grand-chose de son quotidien, de ses sorties, de ses fréquentations, de ses petites habitudes qui avaient peut-être bien changées depuis qu’il n’était plus là. Les deux hommes se mirent en route vers Imogen, où il savait que Charlize risquait de traîner, espérant cependant ne pas la croiser d’autant plus qu’il venait de laisser croire à Tommy qu’il la connaissait bien. À part lui avoir fait perdre tout espoir pour son mari en lui confirmant que c’est la mort qui l’attendait, ce qui avait été le cas d’ailleurs, Leónel et elle n’avaient pas grand-chose en commun. En attendant, l’ancien pompier lui demanda comment il allait, sincèrement. « Pourtant j’ai l’impression que c’est ce que certaines personnes attendent de nous. » Lâcha le chilien, qui pensait évidemment à Selma. Il rattrapa la porte derrière Tommy et pénétra dans le café. Ils allèrent au comptoir pour se choisir leurs cafés et autres consommations. Leónel se contenta de son café filtre, petit format, faute d’argent. Il avait d’autres choses à payer ce mois-ci. Ils allèrent ensuite s’asseoir à une table, pas grand monde autour. « Mais alors, pour reprendre tes paroles, t’y crois toi que tout peut redevenir comme avant ? » Demanda Leónel, qui aurait tout donné pour retrouver l’homme qu’il était il y avait quatre ans de cela. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Mer 31 Aoû 2022, 15:47 | |
| Sans expérience, Tommy avait eu de la chance d’avoir ce travail au Wojna. C’était son second souffle. Il avait toujours cuisiné, mais n’avait jamais réellement pensé que ça pourrait un jour devenir son métier. D’abord client régulier à l’instar de Leónel, il s’estimait heureux d’avoir pu être embauché là-bas. “Si tu passes par là un jour et que tu veux quelque chose à emporter, t'hésites pas” dit-il en adressant un petit clin d'œil à l’ancien chirurgien. Il ne savait que trop bien la foule qu’il pouvait y avoir certains soirs. Si Tommy avait besoin de ce bruit constant pour taire ses pensées, il savait que tout le monde n’était pas dans ce cas-là. En-tout-cas, contrairement au bar à rhum, Imogen café était un bon choix pour discuter calmement. Beaucoup moins de sons parasites et d'effervescence, simplement des gens venus chercher un coin de tranquillité pour déguster leurs pâtisseries. Là-bas, il savait qu'ils seraient bien pour discuter sincèrement. Ils avaient déjà commencé sur la route d’ailleurs. “Je pense que c’est plus une envie qu’une attente.” Encore une fois, Tommy haussa les épaules en faisant une petite moue. Les attentes des autres pouvaient parfois se montrer pesantes. Chacun avance à son rythme, mais pour les spectateurs de la situation, c’est tout aussi compliqué. Au fond, c’est aussi un signe d’amour de vouloir le mieux pour quelqu'un d’autre même si ce mieux semble impossible à atteindre par moment.
En entrant dans le café, Tommy ne put résister à l’appel des muffins. L’ancien pompier aurait pu se contenter d’un simple café comme son compère, mais sa gourmandise dépassait sa volonté. Il se rassurait dans sa capacité à faire du sport tous les jours. Une des seules habitudes qu’il avait gardée de ses années en tant que pompier. En s'asseyant face à León, ce dernier le remit dans la conversation qu’ils avaient commencée. Tommy grimaça légèrement avant de répondre. “J’sais pas trop… J’pense pas. On peut peut-être le faire sur une courte période de temps.” Son regard s'était assombri en l’espace de quelques secondes. Le regard de l’ancien pompier venait se perdre sur la fenêtre à côté de lui. “Peut-être que si on y croit assez, l'illusion pourrait devenir réelle” dit-il en haussant les épaules, peu convaincu par ses propres mots. Après tout, c’est bien ce qu’il essayait de faire depuis des mois. Reprenant un rythme de sortie du mec qu’il était en début de vingtaine. C’est d’abord son métier qui avait réussi à le calmer et ensuite sa vie de famille. L’homme de famille qu’il était lui semblait si loin maintenant. “Est-ce qu’on n'est pas un peu biaisé dans la vision qu’on a de notre ancien nous ?” L'image idéalisée d'une époque qu'on ne revivra pas. Peut-on vraiment avoir un avis objectif sur la personne qu'on était quand une partie de cette personne a été arrachée ? Au final, c’était une question sans vraiment en être une. Une de ces interrogations qui pouvait le garder éveillé la nuit, quand l’alcool n’est pas là pour les étouffer. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Ven 02 Sep 2022, 21:43 | |
| Sans même que Leónel n’ait besoin de le dire, Tommy savait. Il savait que la foule, que l’ambiance bruyante, que les tables rapprochées et toutes occupées, ça aurait tôt fait de le déstabiliser. Il n’avait plus l’habitude d’être autant entouré, le chilien, lui qui avait vécu son traumatisme au beau milieu d’un bain de foule, d’un bain de sang, aussi. Se retrouver au centre d’autant de bruit, ça risquait de le faire replonger, lui qui n’avait même pas encore sorti la tête de l’eau. La proposition du cuisinier était donc très avenante. Le seul hic, maintenant, c’était que les plats du Wojna’s n’étaient pas donnés. C’était de la bonne cuisine alors évidemment, il fallait sortir quelques billets pour se l’offrir. Si Leónel n’avait jamais eu de problème de ce côté-là avant, maintenant qu’il vivait principalement sur des rentes du gouvernement, il devait se priver de presque tout. « Merci, c’est gentil. J’en prends bonne note. » Lâcha-t-il même s’il savait fort bien qu’il ne risquait pas d’y remettre les pieds avant longtemps. Déjà, ce café chez Imogen était une exception, parce que Leónel avait envie de retrouver un peu de normalité et de partager un moment tranquille avec Tommy. « Peut-être. » Avait juste lâché le chilien à propos des envies et des attentes. Pourtant il avait bien l’impression que Selma attendait. Qu’elle attendrait toujours. Et que lui ne se sentirait plus jamais à la hauteur. Qu’il ne la rattraperait jamais. Après avoir commandé son petit café, Leónel trouva une table où il prit place avec Tommy, face à face, et il reprit la conversation comme si elle n’avait pas été interrompue. Le regard de l’ancien pompier s’assombrit, se perdant de l’autre côté de la fenêtre. Sans ajouter quoi que ce soit, sans briser ce moment d’égarement, de réflexion, le quadragénaire porta son café à ses lèvres. « Je n’ai jamais trop cru à la magie. » Les illusions devenant réalité, demeuraient, pour lui, des illusions qui s’estomperaient un jour, pour laisser place au vide. « Je ne sais pas. J’aimais l’homme que j’étais avant. Ma vie n’était pas parfaite, aucune vie ne l’est, mais elle n’en était pas loin en tout cas … Maintenant, je n’ose même plus me regarder dans un miroir, je déteste ce que je suis devenu, je déteste ce que j’ai fait vivre à ceux que j’aime. » Il détestait le fait de ne pas être capable de passer par-dessus le trauma, de passer par-dessus les cauchemars. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Jeu 29 Sep 2022, 21:17 | |
| Le small talk n’avait pas duré longtemps. À peine avaient-ils été lancés vers leur destination que les deux hommes étaient rentrés dans le vif du sujet. D’une certaine manière, ça rassurait Tommy. Pourtant devenu maître dans l’art d’esquiver les conversations compliquées, pouvoir discuter sincèrement avec quelqu’un avait quelque chose de rafraîchissant. À peine s'étaient-ils assis avec leurs cafés en mains que la discussion avait repris son fil, le plus naturellement du monde. Tommy finit par soupirer légèrement. Conscient de la dure vérité que Leon prononçait face à lui. Pourtant, l’ancien pompier avait envie d’y croire. Il avait besoin de se raccrocher à quelque chose. Et même si cette illusion qu’il laissait paraître aux autres n’était en réalité que le fantôme de son lui d’avant, il aimerait pouvoir le voir lui aussi. Que l’illusion qu’il prend tant de mal à construire pour les autres réussisse à le convaincre à son tour. “Ce sont les expériences qui nous façonnent. Au fond, y a encore une partie de toi qui reste cet homme-là. Le même avec une expérience de plus… Le truc, c’est peut-être de trouver comment faire cohabiter cette nouvelle partie de toi avec l’ancienne.”souffla-t-il en reposant son regard sur Léon. La théorie était là, le plus compliqué restait encore la pratique. La recette miracle n’existera jamais malheureusement et ce qui est bon pour Tommy ne le sera pas forcément pour Leónel. “Mais bon… Si je devais vraiment être honnête… Je ne suis pas vraiment sûr de croire à tout ce bullshit. Parce qu’au fond, le mélange est déjà présent” et il n’est pas beau à voir. Tommy régurgitait tout en grattant nerveusement sa barbe de trois jours. “J’aurais deux, trois mots à dire au con qui a instauré un jour qu’il fallait transformer le trauma en force” lança-t-il en rigolant de nouveau. Le rire comme échappatoire d’une tirade qui devenait trop longue pour lui. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Sam 01 Oct 2022, 17:36 | |
| Leónel, quant à lui, ne savait plus comment faire du small talk. Il se sentait toujours tellement lourd, même avec les autres, mais comme Kundera, c'était la légèreté de l'être qui était maintenant insoutenable. Parler de la pluie et du beau temps, pour Leónel, c'était impossible, parce que ses pensées sombres revenaient à la charge dès qu'il en détournait le regard. Léger, Leónel ne l'était plus, pas depuis quatre ans. C'est pour cette raison qu'il avait décidé de rapidement retourner dans le vif du sujet avec Tommy. Il était l'une des seules personnes à pouvoir potentiellement le comprendre, comprendre le noir chaos en lui, alors il en profitait. Ce n'était sans doute pas la meilleure manière d'entretenir leur relation, mais c'était la seule façon qu'il avait de communiquer, désormais. À propos de la cohabitation dont parlait Tommy, la cohabitation du nouveau et du passé, Leónel fronça légèrement les sourcils, concentré, réfléchissant, hochant doucement la tête. Ces paroles-là avaient du sens, dans sa tête, mais encore fallait-il savoir appliquer la notion. Tommy reprit, lâchant qu'il ne croyait peut-être même pas à la théorie qu'il avançait lui-même. « Ça doit être le même con qui a inventé le concept de résilience. » Le chilien secoua la tête en soupirant. Lui ne rigolait pas vraiment, lui ne rigolait plus. Lorsqu'on lui soutirait un sourire, c'était déjà un miracle, hormis Isidora, sa fille, rares étaient les personnes à pouvoir le faire perdre son air sérieux et triste. Mais quand même, après ce court échange, Leónel eut un petit rehaussement au coin des lèvres. « Cette bullshit est pas totalement fausse, j'imagine. Le mélange est peut-être là mais les deux éléments ne cohabitent pas. Pour moi, comment j'me sens en tout cas, c'est que le trauma écrase tout le reste. Peut-être que si j'arrivais à laisser de la place à ce que j'aimais avant, à ce qui me faisait rire, à ce qui me rendait heureux ... peut-être que l'équilibre viendrait un jour. » Plus facile à dire qu'à faire, Tommy et Leónel ne savaient. En quatre ans de suivis en psychologie, le chilien l'avait entendue, la théorie. Mais se relever, accepter, aller de l'avant, ça ne se faisait pas au même rythme que les autres. Leónel avait toujours une longueur de retard, une longueur de retard qui le pesait. « Tu me le dis si je suis chiant, hein ... Y'a tellement longtemps que je me suis pas sorti la tête de là-dedans, que ... j'sais plus de quoi parler d'autre, je t'avoue. » |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Dim 16 Oct 2022, 14:12 | |
| Quand on repense aux conseils généraux que l’on ressort à toutes les sauces, certaines phrases font sens. Du moins, la logique était bien présente. On peut y croire quand on n'est pas impliqué. À l’inverse, quand il s’agit vraiment d’appliquer tous ces conseils, c’est là que les choses se gâtent. Tout devient gris, on sombre dans un flou constant, espérant revoir les choses toute noir ou blanche un de ces jours. Alors quand León évoqua la résilience, Tommy ne put s'empêcher un soupir résigné, le laissant enchaîner dans la réflexion qu’ils avaient lancé.“On est tous différent à cet égard, mais il n’y a pas de mal à essayer, j’imagine… Du moins, essayer de le faire pour les bonnes raisons. Parfois j’essaye si fort de convaincre les autres que je vais bien en continuant de faire les choses que j’aime que je n’arrive plus à savoir l’effet que ça a vraiment sur moi.”Dit-il en baissant les yeux légèrement honteux. Car au final, derrière un sourire qu’il se forçait à arborer se cachait un homme brisé, incapable d’apprécier ces moments de bonheur. Plus dans le contrôle de son image, essayant éperdument de se convaincre par la même occasion qu’il va bien. Ces mots, Tommy ne les avait jamais prononcés à voix haute alors quand León s’inquiéta du sujet de la conversation, l’Australien releva le regard vers lui avec un petit sourire bienveillant. “Non ne t'inquiète pas, ça fait du bien de pouvoir parler de ça. Je n'ai pas l’habitude.”Annonça Tommy qui s’était toujours obstiné dans le silence.“À vrai dire, ça me braque assez vite quand d’autres en parlent" dit-il en affichant une petite moue. Bien évidemment, c’est aux membres de sa famille qu’il pensait en premier. Depuis deux ans, seul son cousin avait réussi à lui décrocher quelques mots. Avec les autres, le brun se fermait presque instantanément. Un braquage qu’il n'essaye même pas de combattre. Obstiné à enfouir toute peine au plus profond de son être, espérant secrètement qu’elle partirait d'elle-même.
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| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Jeu 17 Nov 2022, 00:05 | |
| C'est que ces conseils-là, ces pensées-là, semblaient si simples. Le genre de phrase qu'on lit et qu'on se dit bien sûr, ça fait sens. Une évidence. Mais pas tant que ça. Pas quand on s'enfonce dans la boue, s'enfonce dans le noir, sable mouvant aux grains invisibles pour les autres. Et puis, comme le mentionnait Tommy, chaque personne était différente dans le processus. C'était là toute la complexité de la psychologie. Rien à voir avec le corps humain, l'anatomie, les os, qu'on répare chez l'un comme on le répare chez l'autre, la plupart du temps. « Tu le fais pour les autres et pas pour toi. C'est ce que tu veux dire par essayer de le faire pour les bonnes raisons ? Que pour toi pour le moment c'est que pour maintenir les apparences mais que t'es pas dans la bonne approche, celle qui fonctionnerait pour toi ? » Mais comment trouver la bonne approche pour soi ? Parmi ce lot de conseils, ce lot de possibilités, la méditation, les affirmations positives, les groupes de soutien, l'écriture, la visualisation, autant de façons de retirer l'étau, de s'entourer un peu plus la corde au cou, en voyant que tout cela ne menait à rien. Leónel avait juste l'impression de sombrer toujours un peu plus à chaque fois qu'il constatait qu'une méthode n'était pas faite pour lui. Et s'il n'y en avait aucune, pour lui ? S'il était un cas désespéré ? Ces pensées étaient si lourdes, l'ancien neurologue s'inquiéta tout d'un coup qu'il n'ennuie Tommy avec sa conversation. La bienveillance dans le regard et dans le sourire de l'homme le rassura. « C'est tabou pour pas mal de gens. Ou alors ils ne savent juste pas quoi dire. » Raisonna le chilien, se retenant d'ajouter que pour certaines personnes, ils savaient quoi dire et leurs mots faisaient mal. Comme ceux de Selma. Qui ne comprenait pas. « C'est quand ma femme m'en parle que je me braque. Je me sens toujours ... coupable. » Il planta un regard curieux dans celui de Tommy. « Qu'est-ce qui est différent avec moi ? Pourquoi tu ne te braques pas ? » Ils avaient beau se comprendre un peu plus, un peu mieux, ils ne vivaient pas les mêmes choses, pas de la même façon non plus. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Mer 04 Jan 2023, 16:47 | |
| Tout le monde avance à son rythme. Une phrase qui fait sens sur le papier, mais qui met toujours des attentes sur le dos de la personne concernée. Parce qu’on attend toujours des gens qu’ils soient forts, qu’ils se battent pour aller mieux, pour aller de l’avant. Mais parfois, l’envie n’est pas là. Parfois, on a juste envie de lâcher prise et de se laisser aller. Parce que parfois, cette résilience, on ne sait pas où la trouver. Tommy, ça lui paraissait important de trouver une méthode cohérente avec ses envies, mais encore faudrait il en avoir. “Exactement. Comme un besoin de maintenir les apparences pour les autres. Soit pour ne pas qu’ils s’inquiètent, ou pour ne pas qu’ils essayent de trop creuser. Dans les deux cas, ce n’est pas franchement productif.”Compléta-t-il en hochant les épaules. Une approche qui finalement n'aiderait personne. Ni lui, ni ses proches. C’était une sorte de déni qui ne le ferait pas avancer et qui devait inquiéter les autres plus qu’autre chose. Mais comment trouver la bonne approche pour aller de l’avant ? Comment trouver un équilibre entre ce qu’on a besoin et les attentes des autres ? Au final, faire semblant s’avérait être la solution de facilité avant de trouver la réponse à toutes ces questions. En attendant, même si Leónel avait l’impression d’ennuyer l’ancien pompier avec cette discussion, c’était tout l’inverse. Pouvoir parler de tout ça sans se préoccuper du regard de l’autre lui faisait du bien. Malgré leur peine différente, les mots de l’homme résonnaient en lui. L’exemple qui suivit lui décrocha un regard curieux. “Coupable parce que tu n’arrives pas à lui en parler ou parce que t’aimerais pouvoir aller mieux pour elle ?”Ou peut-être autre chose. Cette situation, Tommy, il n’y avait pas vraiment été confronté. S’étant éloigné de sa femme sans faire d’effort pour sauver leur couple. Étrangement, il avait plus échangé en l’espace de quelques minutes avec León qu’en deux ans et demi avec celle qui partageait exactement le même traumatisme que lui. Sa question suivante décrocha d’ailleurs un léger sourire à Tommy.“Disons qu’avec toi, il n’y a pas de pression. Je sais que tu vas comprendre sans essayer de me forcer à quoi que soit. Et surtout, tu ne vas pas me servir ce putain de regard… ” Ce regard de pitié qu’il avait à chaque fois qu’une nouvelle personne avait ouïe dire de son histoire. Un regard qu’il avait en horreur et qui avait le don de l’énerver plus que tout.
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| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Dim 08 Jan 2023, 21:00 | |
| Tommy avait raison, Leónel l’admit d’un haussement de sourcil et d’un hochement de tête, baissant le regard. Il n’y avait rien de productif à faire semblant pour les autres. On rentrait tout simplement plus vide, le soir, chez soi. Drainé de toute énergie, l’ayant concentrée à porter un masque qui semble sourire ou rire sur commande. Il avait essayé cette méthode, l’ancien neurologue, mais l’échec avait été si cuisant qu’il avait décidé de ne se forcer pour personne, sauf pour lui le temps venu. Et ce temps ne venait pas. Il n’avait pas envie de se forcer. C’est comme si ce quotidien morose était devenu le sien. Que ce qu’il avait connu avant ne lui appartenait plus. « Il faut choisir ce que tu préfères. J’ai fait le contraire, au lieu de faire semblant j’ai bien affiché que ça n’allait pas. Et je te dirais que c’est rapidement devenu trop lourd pour plusieurs. Au moins quand t’es seul, t’as plus besoin de le faire ce choix, de faire semblant ou d’être toi. » Ce n’était pas davantage productif, cela dit. En se sentant si seul, Leónel ne faisait qu’entretenir la noirceur. Il repoussait le moment de la guérison. Pour ses proches, c’était aussi très difficile de le voir s’isoler, se refermer. De le voir glisser plus bas - c’était leur avis à eux. L’ancien neurologue, lui, savait qu’il n’était qu’en sur-place. Ni en chute libre ni en train de monter l’escalier. Pour lui c’était déjà une réussite, de stagner, aussi con cela puisse-t-il avoir l’air. « Les deux ? » Répondit Leónel, peu certain de sa propre réponse. « C’est aussi sa façon de m’en parler. On dirait que … qu’elle me le reproche. De ne pas aller mieux assez vite. De ne pas être un assez bon père pour ma fille. Le truc c’est que je me le reproche déjà assez à moi-même, tout ça. Je n’ai pas besoin qu’elle en rajoute. » Il aurait eu besoin de soutien, mais Selma avait beaucoup donné de ce côté-là, il le savait. Durant les deux premières années de sa dépression, elle avait tout essayé. Rien n’avait changé. Elle s’était essoufflée et lui aussi. Ça lui semblait tellement maussade, cette discussion, il s’inquiéta d’ennuyer Tommy. Heureusement ce n’était pas le cas. Le Chilien eut un léger rire quand l’ancien pompier parla du fameux putain de regard. Il hocha la tête, gardant momentanément son sourire. « Ouais, celui-là. » Dit-il simplement, avant de laisser s’évanouir ce sourire. Il fronça légèrement les sourcils, un questionnement lui venant en tête, après ses propres confidences. « Comment ça s’est passé, entre ta femme et toi ? À quel moment vous avez su que vous ne pourriez pas vous sauver, tous les deux ? » Osa demander Leónel. |
| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Mar 17 Jan 2023, 11:41 | |
| Ne pas se forcer, là était toute la difficulté. Entre ce qu’on pense devoir faire et ce qui nous fait vraiment du bien. Les deux hommes avaient eu des approches à l’opposé. S’il avait conscience que Leónel avait sûrement raison, en prenant le parti d’être lui, Tommy avait encore du mal avec ça. D’où son petit rictus après la phrase de son interlocuteur. L’ancien pompier redoutait qu’en faisant ce choix, il perdrait complètement les quelques bouts de lui le raccrochant encore à cette personne qu’il a été. Un bref instant, le brun se dit qu’il serait peut-être plus simple d’arrêter, de couler complètement comme il le présageait. C’est peut-être en touchant le fond qu’il arriverait à trouver la force de remonter plutôt que de rester à flots en apparence. Pourtant, le regard de ses proches l’importait trop pour s’y résoudre. “C’est vraiment ce qu’elle pense ? Ou tu te projettes avec tes propres insécurités à ces sujets ?” Demanda-t-il, concentré sur le ‘on dirait que’ de Leónel. Parfois, quand on se sent coupable, on peut voir des sous-entendus dans les phrases les plus banales. Prenant ces mots anodins pour une attaque personnelle, sans qu’il n’y ait de vrais fondements. Tout comme le regard, des autres pouvait être interprété de toutes les façons. Seul ce regard entre la pitié et la compassion était simple à déceler. Aussi visible qu’énervant et Tommy ne manquant pas de le souligner, se doutant que Leónel y avait eut le droit lui aussi. L’ancien neurologue afficha même un sourire l’espace d’un instant avant de questionner le cuistot sur sa propre relation. “À vrai dire, on n’a même pas fait d’effort. On a eu des façons totalement différentes de gérer le deuil et… on s’est juste éloignés.” Petit à petit, sans vraiment s’en rendre compte. Ou du moins, en ne voulant pas le faire. Tommy soupira légèrement avant de reprendre. “On a toujours eu ce genre de relation un peu électrique. À se lancer des pics pour le fun. Seulement, après l’accident, les mots sont devenus plus durs." Dit-il en baissant le regard. Légèrement gêné de l’admettre à voix haute. Il le savait, Tommy, qu’il avait été con et complètement injuste. Et malheureusement, il savait qu’il pourrait l’être encore aujourd’hui, avec quelques verres de trop.
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| | | Invité | Sujet: Re: of dust we rise and dust we part (tommy) Dim 29 Jan 2023, 19:48 | |
| À la question de Tommy par rapport à son ressenti vis-à-vis de Selma, Leónel soupira discrètement à travers ses narines. C’aurait pu n’être que des projections, il avait raison de poser la question, son ancien collègue. Mais ce n’était pas le cas. « Elle m’a dit que quand Isidora passait du temps avec moi, elle rentrait à la maison - enfin, chez Selma - … déprimée. Elle m’a aussi dit que ma psy servait à rien, qu’en quatre ans y’a rien qui a changé, pire, qu’elle a l’impression que ça empire. » Leónel n’aimait pas revisiter cette scène mais ça lui permettait de démontrer que ce n’était pas qu’une projection de ses propres insécurités. Selma pensait tout ça de lui, elle aussi. Et pire encore : « Elle m’a dit que j’étais lâche et que j’attendais que tout arrive par magie. » Il eut un léger rictus, le Chilien, nullement amusé mais plutôt encore étonné et blessé de ces paroles de son épouse. La douleur avait été si vive lorsqu’il en avait entendu ces mots. La plaie semblait se rouvrir aujourd’hui, dans ce café. « Alors, oui. Elle me le reproche, de ne pas aller mieux assez vite. » Conclut-il, n’utilisant plus de verbe comme je pense que parce qu’en fait, il en avait la certitude, que Selma lui en voulait pour ça. Après tout, il avait gâché leur vie, il avait gâché leur famille. Il était normal qu’elle en souffre. Ça faisait juste mal de l’entendre sortir de sa bouche, lui qui entendait déjà bien assez les échos de sa propre voix dans sa tête, lui marteler ces reproches. Leónel se demanda alors comment ça s’était passé, entre Tommy et son épouse, de laquelle il était désormais divorcé. Est-ce que c’était ce qui l’attendait avec Selma ? Peut-être. « Vous vous reparlez, parfois, depuis ? T’es encore en contact avec elle ? » Demanda l’ancien neurologue. Le portrait que son ami dressait semblait en être un duquel on ne revient jamais, mais qui sait, peut-être que le temps et la distance leur avait permis d’adoucir les mots. |
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