he saw all my dark sides and said that black was his favorite color. (levi)

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Il n’y avait jamais rien eu de prémédité avec Effy, eux qui avaient simplement laissé leurs âmes et leurs cœurs en faire à leur guise, s’agitant dans tous les sens, prenant vie dans un tourbillon bien trop puissant pour être arrêté. Il n’y avait pas de semblants, ni d’émotions jouées, aucun artifice ajouté, comme si les notions de pureté et d’authenticité avaient pris vie pour créer l’entièreté de leur histoire. C’était tout ce à quoi il pensait quand il se souvenait de ces chapitres écrits avec elle, ces morceaux de vie qui avaient marqué son existence à tout jamais. Ce soir plus que jamais, Levi comprenait qu’il ne lui serait jamais indifférent, que la brune avait gardé et garderait à tout jamais cette place particulière qui avait été conçue par et pour elle. Et il en était bouleversé Levi, de ressentir les mêmes frissons, les mêmes vibrations, que lorsqu’ils s’étaient touchés pour la toute première fois, il y a des années lumières de cela. C’était insensé mais ça n’en restait pas moins la plus belle preuve de la puissance de cet amour qui ne s’était jamais éteint, au-delà des années, au-delà des continents. Désormais, son seul et unique but n’était plus seulement de leur donner un moment pour se le remémorer, mais bien de les entraîner tous les deux vers cet univers qu’ils n’avaient connu qu’ensemble, l’un avec l’autre, l’un dans l’autre. Sa peau semblait prendre feu à chaque passage de ses doigts, Levi peinant à quitter les lèvres de la brune, ne le faisant que pour pouvoir se perdre dans le bleu de ses yeux, encore et toujours. Il aurait accepté d’y plonger pour le restant de ses jours, sans la moindre hésitation, parce-qu’aucun autre regard ne l’avait fait se sentir aussi vivant. Leurs souffles se confondaient, se cherchaient, haletaient alors que leurs corps s’étaient unis d’un commun accord, dans une symbiose à la beauté surréaliste. Il aurait pu en crever, Levi, de toutes ces émotions qui le traversaient en comprenant qu’ils étaient réunis, pour le meilleur et sans doute pour le pire, que sa peau glissait contre celle de la femme qu’il avait le plus aimé sur cette planète. Ses lèvres entrouvertes laissèrent quelques gémissements s’envoler dans l’air suffoquant de la chambre, accompagnés par les craquements réguliers du lit qui subissait les a-coups d’une passion dévorante, où le corps de Levi allait et venait dans celui d’Effy, entre sensualité et désir féroce. Il en était fébrile, de percevoir toutes ces sensations, ses lèvres lui volant des baisers dés qu’il en avait la possibilité, dés que ses yeux ne restaient pas accrochés aux siens. Et la pulpe de ses doigts continuait d’effleurer la moindre parcelle qu’il pouvait atteindre, pour imprimer la douceur de son épiderme dans ses souvenirs, dans l'espoir de ne plus jamais avoir à l’oublier.

Elle voulait lui faire sentir, à Levi, à quel point il avait marqué de façon indélébile son âme et son corps en passant dans sa vie. Elle voulait qu’il ressente chaque soubresaut de son cœur, qui se diffusait dans toutes les fibres de son être. Le frémissement de leurs atomes, réunis au plus proche, vibrant à l’unisson. La seule personne avec qui elle avait été intime depuis la rupture, c'était Jules, dans un pur moment de perdition. Peut-être brièvement bénéfique, ça aurait été ridicule de supposer qu'elle s'était sentie mieux. Et si elle avait pu se permettre cet écart avec son collègue, franchir cette ligne avec Levi revêtait une tout autre signification, et aurait pour conclusion un impact ravageur. Peu importe qui elle voyait, dans quel puits sans fond elle s'enfonçait, pour quels yeux elle pleurait. Levi, il était à part, spécifique à une partie hypersensible d’elle-même. Il avait le pouvoir de faire vaciller tout son monde, de renverser tous les principes. C’était dans l’apocalypse de ces sentiments qu’Effy se trouvait, ivre de son corps, plonger dans ses yeux perçants étant synonyme de vertige. Et pourtant ils maintenaient le cap dans la danse que leur navire avait entamé sur des flots plus qu’incertains. Qui allaient sûrement les engloutir sans pitié. L’Anglaise pouvait percevoir ses terminaisons nerveuses s’électriser à chaque mouvement de leurs corps, à chaque cambrure, alors que ses doigts descendaient sans ménagement le long du dos de son partenaire, ses ongles se plantant parfois à la limite de la douleur dans son épiderme, comme pour évacuer les bouts d’extase que son esprit ne parvenait même plus à accuser. Entre deux halètements, les lèvres de la belle retrouvaient délicieusement celles de celui qu’elle ne pourrait jamais oublier. Elle les cherchait, souhaitant les rejoindre encore et encore, humant leur arôme désirable. Pendant ce temps, leurs mains ne cessaient de virevolter pour couvrir chaque parcelle de l’autre, incapables de s’en empêcher, de se détacher. Effy enroula ses jambes autour des hanches du brun, comme pour se fondre un peu plus contre lui, comme si c’était possible d’être encore plus proches. Elle bascula sur le côté, sa poitrine venant se coller à son torse, leurs intimités s’accordant sans mal malgré la nervosité de leurs mouvements. Les yeux ancrés dans les siens, lui soufflant toutes les déclarations qu’elle avait à lui faire, dans le silence entrecoupé de leurs respirations pantelantes.

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Peut-être que la finalité n’en serait que plus destructrice, après cet égarement qui n’en était pas un aux yeux de Levi. Pourtant, si c’était le chemin à parcourir pour prouver à Effy que leur lien continuait de le tourmenter, alors il acceptait sans broncher de partir à la dérive et de confronter les vagues d’un passé qui revenait au galop. Il n’avait pourtant aucune idée de ce qui les attendait, des dégâts que causerait cette virée en mer déchaînée qu’ils n’avaient ni l’un ni l’autre prémédité. Ils s’étaient simplement laissés porter par le courant d’une envie commune de renouer l’un avec l’autre, de revivre cette nuit ce qu’ils avaient connu ensemble, à l’époque où ils n’avaient vécu que pour l’un et l’autre, sans se soucier du reste de l’univers. C’était tout ce que Levi pouvait percevoir alors que leurs corps goûtaient à l’extase d’une fusion qu’ils n’auraient jamais pensé rejouer ensemble, leurs lèvres se cherchant, dansant avec fougue, à l’instar des ondulations qu’ils se renvoyaient dans la passion de leur ébat. L’anglais était tout simplement incapable de réduire au silence le plaisir que lui procurait Effy, incapable d’arrêter la cadence soutenue de ses coups de rein qu’elle recevait et semblait redemander. A cet instant précis, Levi avait décidé de lui appartenir, déposant dans le creux de ses mains son corps et son âme, prêt à la regarder faire ce qu’elle désirait de son être. Le souffle bruyant, il se sentit perdre pieds en percevant l’étreinte d’Effy se resserrer autour de son bassin, l’incitant à se rapprocher davantage, à ne laisser aucun centimètre ne les séparer, comme s’ils refusaient l’idée d’un quelconque éloignement maintenant que leurs corps s’étaient pleinement retrouvés. Et même lorsqu’ils basculèrent ensemble sur le côté, Levi ne laissa pas une chance au froid de les happer, ses doigts venant parcourir l’entièreté de son corps, effleurant ses lèvres, son cou, sa poitrine dressée jusqu’à son nombril avant de trouver place sur sa cuisse qu’il ramena contre ses hanches, pour faciliter davantage les mouvements de leurs bassins. Il aurait eu envie d’arrêter le temps, afin de pouvoir la regarder de cette manière jusqu’à son dernier souffle, de l’emmener loin des terreurs du quotidien pour qu’ils puissent exposer leurs sensibilités sans avoir peur des retombées, sans craindre de les voir piétinées. Il aurait aimé lui dire qu’elle restait la plus belle personne qu’il lui avait été donnée de rencontrer, que son âme était la plus pure qu’il avait aimée, et au fond, il restait persuadé qu’elle pouvait lire chacune de ces vérités en lui, juste en ancrant le bleu de ses yeux dans les siens.

Les règles semblaient si faciles, quand ils prétendaient n’être qu’à deux à exister dans cet univers. La réalité était loin de refléter ce sentiment. Mais en attendant, Effy se plongeait volontiers dans les sensations les plus exquises que pouvait lui procurer l’amant qui l’enveloppait de sa chaleur charnelle, le temps d’un choix en suspension. Elle n’était pas prête à relâcher son étreinte, pas préparée à le laisser s’éloigner encore une fois, rester en retrait alors qu’il s’effaçait au loin, quand bien même c’était la seule issue qui les attendait. Mais d’ici là, la belle pouvait encore se leurrer, se laisser vagabonder dans l’éclat azuré de ses yeux, et oublier tout le reste du monde extérieur à cette chambre, à ce lit. Les sensations les plus infimes se répercutaient par minuscules tremblements de terre à travers sa peau, alors que son souffle se mêlait à celui de Levi, peau contre peau, lèvres se défiant de quelques centimètres, pour mieux se posséder l’instant d’après. C’était presque comme remonter le temps, que de ressentir sa peau nue et vulnérable contre la sienne. Offrande qu’elle n’avait pas peur de faire, la laissant tomber entre ses mains, se laissant caresser par des regards qu’elle connaissait si bien, et qu’elle rendait de la même façon. Ses doigts diffusaient cette douce chaleur à travers la peau du brun, de par chaque endroit qu’elle parcourait, suivait, exaltait. De son épaule à son torse, de ses côtes à sa cuisse, de son ventre tracé à la lisière de son intimité, pour se raccrocher à son dos, à ses fesses, ses hanches. Et alors qu’il se mouvait délicieusement en elle, Effy ne pouvait qu’accompagner ces mouvements de son corps mais aussi d’un certain témoignage sonore, fait de souffle saccadé et de gémissements étouffés, qu’elle cachait dans son cou et sur ses lèvres. Elle ne parvenait même pas à savoir ce qu’elle ressentait exactement, trop emportée par chaque sensation décortiquée dans son épiderme, chaque soubresaut de plaisir qui agitait son bas-ventre. Ce qu’elle sentait vibrer à travers son corps, c’était mieux que l’apogée de l’extase, mieux que tout ce qu’elle pouvait exprimer, c’était exténuant et incroyablement bon, au point qu’elle ne pouvait s’arrêter, ni monter ni redescendre, juste ressentir, jusqu’au point le plus insoutenable, tout ce que Levi lui faisait.

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Ils avaient au moins cette possibilité-là, celle de pouvoir plonger dans l’illusion d’une nuit qui n’en finirait pas, d’un monde qui s’offrait à eux et effaçait les êtres autour. C’était utopique de croire que c’était aussi facile, et ils en avaient tous les deux conscience. Pour autant, ce soir et pour la nuit à venir, ils avaient fait le choix d’y croire aussi fort que possible, pour ne jamais avoir à regretter cet instant où leurs astres s’étaient alignés. Levi, il le ressentait jusque dans la couche la plus profonde de son épiderme, que la flamme ne s’était pas éteinte, qu’elle avait certes vacillé au gré du temps et des kilomètres, mais qu’elle restait encore vivante. Leurs corps se renvoyaient ces ondes de bien-être, comme des doses de dopamine injectées directement dans leurs veines, les laissant dans un état de transe. Pour l’anglais, il s’agissait bien plus qu’une simple fusion de leurs enveloppes charnelles, eux qui avaient eu l’occasion d’apprendre à connaître leurs chairs, à en déceler les points faibles pour stimuler l’éclosion d’un plaisir profond. Mais Effy et Levi, c’était plus que ça. C’était une valse constante de deux âmes en perdition qui parvenaient à se rattacher l’une à l’autre quand le gouffre semblait vouloir les aspirer. Et ce soir, Effy l’avait encore sauvé d’une chute libre dans les ténèbres, sans même le savoir. Si le plaisir devenait insoutenable, Levi se forçait à imprimer chaque caresse qu’elle pouvait lui offrir, suivant avec attention le parcours de ses doigts, celui de ses lèvres qui parvenaient à peine à s’échapper sans se faire rattraper par les siennes. Et son bassin lui, continuait sa danse endiablée à l’intérieur de ses cuisses, y pénétrant toujours plus profondément, entre les échos de leurs soupirs qui se mouraient en gémissements. Sa paume glissa finalement le long de sa peau pour venir épouser la cambrure de son dos, la presser contre lui, le temps pour Levi d’accrocher une nouvelle fois le regard de la brune, le temps pour lui de lui faire comprendre qu’il était à un pas de l’extase et qu’il désirait les voir s’envoler ensemble. Sa bouche à quelques millimètres de la sienne, il souffla les notes de son prénom, ses doigts revenant courir sur sa cuisse pour s’enfouir finalement entre leurs intimités, y trouvant celle de sa partenaire dans le seul désir de les propulser jusqu’au nirvana.

Quitte à être damnés, autant profiter de tout ce qu'ils avaient encore à s'offrir, ce soir, après tant d'années. Effy n'aurait jamais cru qu'ils se retrouveraient de cette façon. Qu'ils se retrouveraient tout court, dans cette vie-ci. Et demain elle ne saurait sans doute toujours pas qu'en penser. Elle serait sans doute toujours aussi déchirée par le flot de sentiments en conflit qui l'inondait la plupart des jours. Mais maintenant, dans un corps-à-corps qui laissait un goût d'euphorie sur sa langue, tout ça n'entrait pas en ligne de compte. Elle pouvait être juste avec lui. C'était sans doute défier l'univers et se moquer des convenances, mais ils avaient toujours eu un certain talent pour ça. L'impertinence. Dans la profondeur de leurs ébats, les limites ne semblaient plus exister. Ils liaient les corps aux âmes et les êtres aux émotions, les sensations aux regards. Ça avait une certaine puissance, ce qu'ils vivaient, sûrement cette force destructrice qu'ils étaient capables d'enclencher quand ils étaient réunis, sans même le faire exprès. Sans même pouvoir s'en empêcher. Effleurant toujours ces lèvres, dont elle se remémorait enfin le goût, des siennes, la brunette ne savait pas combien de temps elle allait pouvoir tenir l'intensité de ces retrouvailles charnelles. Ce n'était pas tellement physiquement, que c'était éprouvant, c'était tout le reste. Cette chorégraphie sauvage les liait à chaque seconde un peu plus, les épuisait autant que les vivifiait. Les rapprochait à l'extrême tout en leur donnant l'impression de vivre une nuit dans un univers parallèle, un monde qui n'existait pas vraiment, juste à la lisière de leurs sentiments. Effy suivait les mouvements de bassin de son partenaire, incapable de se détacher, comme si sa peau requérait d'être en contact constant avec l'autre, avec ce qui réveillait toute une autre vie en elle. Levi, il avait ce don de ressusciter des parts d'elle dont elle ne soupçonnait même plus l'existence, comme si elle les avait laissées derrière avec les restes de leur passé romantique. Mais là, avec lui, elle se sentait subitement complète. Illusion éphémère sûrement, bien sûr, mais ça n'empêchait pas ce sentiment de l'accaparer et de la submerger en cet instant. Effy cambra les reins un peu plus quand elle sentit la main dans son dos, douce mais péremptoire, la ramener un peu plus dans cette étreinte brûlante. Sentir son souffle balayer l'humidité de ses lèvres, la rendait un peu plus dingue. Son nom prononcé par sa voix rauque, et elle était prête à regarder son esprit chavirer, totalement. Capturant les lèvres de l'Anglais entre deux affirmations de plaisir sonores, effleurant la peau délicate de sa joue, elle retrouva l'intensité de ses iris, fondues dans les siennes, alors qu'ils couplaient leur plaisir aucunement contenu. C'était presque comme un accord tacite, qu'ils pouvaient lâcher prise, totalement, tous les deux. Juste cette fois.

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Peut-être qu’il était bien plus simple d’imaginer que l’après serait indulgent avec eux, qu’ils n’auraient pas à se protéger d’une quelconque façon du lever du soleil qui viendrait les replacer dans cet univers où ils suffoquaient. C’était ce que Levi tentait d’imaginer, bercé par ce qu’il savait être des illusions, parce-qu’en aucun cas il ne voulait tâcher leur instant de noirceur, ni de doutes. Ce qui importait, à ce moment bien précis, c’était elle et eux. Ils auraient bien le temps de retomber dans leur réalité après cette nuit où leurs âmes s’étaient finalement retrouvées, caressées, sans la moindre peur, sans la moindre hésitation. Levi, il avait l’impression de retrouver celle qu’il avait aimé dans cette étreinte libératrice, eux qui suivaient les mouvements d’une danse qu’ils semblaient connaître par coeur tant ils l’avaient exécuté, leurs mains retrouvant instinctivement le grain de leurs peaux respectives. Il aimait la façon dont elle le touchait, dont elle s’appropriait son corps et ses lèvres, comme si ça avait du sens de la retrouver de cette manière là. Et il le comprenait Levi, qu’ils n’étaient finalement tous les deux que deux aimants conçus pour s’attirer indéfiniment. Il n’y avait même pas eu besoin de cette nuit pour que l’anglais le ressente à travers chaque vibration de son coeur, chaque frissonnement de sa chair. C’était simplement elle. La peau recouverte d’une fine pellicule humide, Levi continuait de se mouvoir en elle, son regard accrochant le sien quand leurs lèvres n’étaient pas liées, faisant résonner les gémissements de leur plaisir commun. Sans même qu’elle n’ait à l’exprimer, le brun savait combien Effy s’était laissée consumer par ses démons, et il espérait que ses bras aient réussi à les éloigner au moins le temps d’une nuit. Le cœur et l’âme au bord des lèvres, il attrapa les lèvres d’Effy, juste après que leurs regards se soient une énième fois accrochés, les faisant valser dans un baiser qui avait presque le goût d’adieu, d’une fin imminente, au rythme des derniers coups de rein qu’il lui offrait, avec puissance mais douceur, jusqu’à ce qu’ils atteignent le point de non retour. Son corps entier vibra de cette jouissance sans nom, sa main venant chercher celle d’Effy pour lier leurs doigts, lier tout ce qu’ils avaient, alors qu’il peinait encore à retrouver une respiration stable. Il avait fermé les yeux, le front calé contre celui de l’anglaise, redoutant le moment où la réalité les rattraperait, les rappellerait à l’ordre. Pour le moment, il voulait encore profiter d’elle, de ces quelques secondes volées à l’univers, pour se remémorer ce qu’ils avaient été l’un pour l’autre, et ce qu’ils étaient sans doute encore.

Elle avait l’impression que cette étreinte libérée s’était gravée dans sa chair, histoire d’y brasiller encore même quand ils prendraient chacun, la prochaine bifurcation. Ça brûlait, ça grésillait, ça illuminait. Elle aurait pu croire qu’ils s’étaient enflammés comme des étoiles, et qu’ils allaient un jour ou l’autre exploser en une sublime supernova. C’était ce qu’elle pouvait s’autoriser à croire, encore un peu. Juste un peu. Leur temps de trêve s’égrainait petit à petit, les rapprochant inexorablement de la fin de cette suspension. Ses doigts entrelacés avec ceux de l’Anglais, la jeune femme écoutait leurs respirations encore haletantes s’apaiser, au fil des minutes. Elle ne disait rien. Il n’y avait rien à dire. C’était totalement inutile et même d’autant plus effrayant de mettre des mots sur cette fenêtre qui se refermait. Alors ils gardaient le silence, comme pour prolonger leur existence dans cette dimension autre, de quelques minutes. Peut-être de quelques heures, tout au plus. La peau encore chaude et exténuée, Effy ferma les yeux elle aussi, son front contre celui de Levi, alors qu’ils laissaient l’univers reprendre tous ses droits, l’ignorant encore un peu tout en sachant qu’ils ne pourraient pas y échapper. Doucement, la jolie brune pivota lentement la tête, pour atteindre de ses lèvres, chaque partie du visage du garçon qu’elle pouvait. Des baisers légers, agiles, qu’elle déposait le long de sa mâchoire, remontant jusqu’à ses joues, son front, passant par ses lèvres. Son pouls en restait instable, secoué par les derniers soubresauts de ce moment, qu’elle ne parvenait pas totalement à lâcher. Ils étaient juste là, nus, exposés l’un à l’autre, sans artifices. L’idée de modifier ce tableau lui était à peine supportable, tant elle pressentait ce qui les attendait. Elle ne bougea donc pas. Sa notion du temps se tordit, pour que finalement, elle ne sache plus s’ils avaient passé des minutes ou des heures dans cette position, presque sans bouger, excepté pour quelques caresses indolentes, mais ils semblèrent tous deux sombrer dans le sommeil, à un certain stade. Peut-être une dernière protection offerte par l’existence, avant de laisser la réalité compliquer leurs sentiments. Effy se vautra dans les bras bienvenus de Morphée, même si c’était dans ceux de Levi qu’elle se laissait confortablement envelopper. Ça faisait un long moment qu’elle n’avait pas pu s’endormir de façon aussi apaisée, comme si aucun réveil brutal ne l’attendait au lever du jour. Mais le lever du jour ne vint pas l’étreindre. À la place, ce fut toujours les limbes de la nuit qui la recrachèrent, pour qu’elle ouvre des yeux un peu perdus. Par la fenêtre, on voyait le tout début de l’aube pointer le bout de son nez, de par cette teinte à peine plus claire du ciel. Ce moment où les premiers oiseaux s’éveillaient seulement, et où tout le reste dormait encore, parce qu’il était bien trop tôt pour interrompre les rêves des mortels. L’Anglaise, en revanche, n’avait pas eu droit à ce répit complet. Durant la nuit, Levi s’était tourné, la laissant se coller chaleureusement à son dos, le visage enfoui dans sa nuque, un bras l’emprisonnant négligemment. C’était terminé. Leur temps était écoulé. Cette réalité, à cinq heures du matin, frappa la brune de plein fouet. Après la nuit, avant le jour, le monde existait toujours autour d’eux. La douleur aussi. La peur aussi. Pendant de longues minutes, Effy ne bougea pas, s’imprégnant de ces draps, du corps de son amant contre le sien, de la vulnérabilité de leurs êtres en cet instant. Elle aurait voulu lui souffler tant de mots. Elle aurait voulu pouvoir vivre uniquement de ce moment, le temps de toute une existence. Mais c’était impossible. Son cœur était bien plus tourmenté et étiré en sens opposés, et encore esquinté par tout ce qu’on lui avait déjà demandé d’endurer. Elle pouvait le sentir dans sa poitrine, se serrer, se débattre, se tordre. Elle posa délicatement ses lèvres dans le cou de son amour passé, puis sa nuque, son épaule. Imperceptible, comme le battement d’ailes d’un papillon. Et de cette exacte même façon, elle quitta les draps, plus fantôme que mortelle. Ses pas sur le sol nu ne faisaient pas plus de bruit que ceux d’un chat, alors qu’elle récupérait ses vêtements, murmurant dans un souffle inaudible ce que son cœur avait besoin de dire à Levi, dans un dernier regard, avant de quitter l’appartement.

End.